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La durée d'emploi et l'assurance-chômage emplois saisonniers et non saisonniers

David Green et Timothy Sargent

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Objet

Une des préoccupations qui revient constamment au moment d'établir un régime d'assurance-chômage est la suivante : il doit réduire au minimum la possibilité de distorsion du marché du travail lorsqu'il répond à ses objectifs établis. Le présent document étudie la mesure dans laquelle le régime d'assurance-chômage entraîne des distorsions importantes de la durée des périodes d'emploi. Dans l'étude de cette question, il importe de tenir compte des différents objectifs de l'assurance-chômage et des divers groupes d'utilisateurs. Aux fins de notre étude, nous établirons une distinction importante entre les emplois saisonniers et les emplois non saisonniers.

Les travailleurs saisonniers peuvent recourir régulièrement aux prestations d'assurance-chômage et, de ce fait, le rôle des paiements qui leur sont faits doit être considéré comme une forme de redistribution plutôt qu'une forme d'assurance pure. Quant aux travailleurs non saisonniers, on peut retrouver dans leur cas une certaine forme de redistribution des revenus (du fait que certains peuvent recevoir régulièrement des prestations d'assurance-chômage), mais la plus importante fonction de l'assurance-chômage consistera à leur fournir une assurance contre toute période de chômage imprévue. Les travailleurs qui craignent les risques accorderont une valeur différente aux prestations d'assurance-chômage si elles leur permettent d'obtenir un revenu durant une période de chômage qui était parfaitement prévisible par rapport à une autre qui était imprévue. Enfin, on pourrait s'attendre à ce que les entreprises et les travailleurs saisonniers soient en mesure d'adapter davantage leurs comportements au régime d'assurance-chômage. Toutes ces raisons expliquent pourquoi, l'assurance-chômage ayant des effets importants sur la durée de l'emploi, il devrait y avoir des politiques différentes pour les emplois, saisonniers et les emplois non saisonniers, et c'est selon ce thème que nous avons réparti les aspects de notre étude.

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Théorie

La théorie nous porte encore davantage à répartir notre recherche selon que l'emploi est saisonnier ou non. Un modèle direct de décisions quant à l'offre de main-d'oeuvre nous porte à croire que les périodes d'emploi, si elles sont courtes, seront prolongées pour que le travailleur puisse satisfaire aux normes d'admissibilité à l'assurance-chômage. On peut même avancer que ces périodes d'emploi ne seraient prolongées que du nombre de jours nécessaires pour satisfaire à cette norme. En même temps, des périodes d'emploi qui pourraient être supérieures à la norme d'admissibilité si l'assurance-chômage n'existait pas pourraient être raccourcies du fait que le travailleur pourrait toucher un revenu lorsqu'il est en chômage; cependant, elles ne le seraient jamais si le travailleur ne satisfaisait pas à la norme d'admissibilité puisqu'il ne pourrait pas recevoir de prestations. Pour ces deux raisons, on peut prédire que, dans un nombre anormalement élevé de cas, la période d'emploi se terminera dès que la norme d'admissibilité est satisfaite et que la probabilité qu'une période d'emploi se termine une semaine donnée sera plus élevée pour les semaines qui suivent la norme d'admissibilité que pour les semaines qui la précèdent.

On peut également prédire que des fins d'emploi se produiront également en grand nombre au moment où le travailleur se qualifie pour le nombre maximal de semaines où il peut recevoir des prestations d'assurance-chômage. Au-delà de ce point, les semaines de travail supplémentaires ont l'avantage d'ouvrir droit à des semaines supplémentaires de prestations d'assurance-chômage même si, au-delà de ce point, l'attrait de cette prolongation du travail disparaît.

En ce qui concerne les travailleurs qui prennent leurs décisions en fonction d'une période donnée de un an, on peut prédire une autre concentration de fins d'emploi au moment où la personne devient admissible au nombre de semaines d'assurance-chômage juste suffisant pour couvrir la fin de l'année, ce que nous appelons le point maximal pour une année. Au-delà de ce point, l'individu reconnaît que toute semaine de travail supplémentaire constitue une semaine qui sera retranchée à la période où il peut retirer des prestations d'assurance-chômage avant la fin du délai de un an. Même s'il peut ne pas être raisonnable de présumer que la plupart des travailleurs fondent leur décision sur un tel délai fixe, cette hypothèse semble raisonnable dans le cas des travailleurs saisonniers. En effet, ces travailleurs pourraient bien considérer comme une pénalité le fait de devoir renoncer à des prestations d'assurance-chômage avant que la prochaine saison ne commence. C'est pourquoi nous examinons les périodes d'emploi non saisonnier afin de déterminer s'il existe des concentrations de durées au moment où la norme d'admissibilité est atteinte et au moment où la personne se qualifie pour obtenir le montant maximal des prestations, et aussi pour déterminer l'éventualité d'une hausse de la probabilité d'une cessation d'emploi pour toutes les semaines consécutives à celle où la norme d'admissibilité est atteinte.

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Approche d'évaluation et données

En résumé, nous avons examiné des périodes d'emploi saisonnier afin d'établir si leur durée coïncidait avec le moment où la norme d'admissibilité est atteinte et avec le moment où le montant maximal de prestations pour une année était atteint, et nous avons aussi recherché des données nous permettant d'établir que la probabilité de cessation d'emploi augmente au-delà du moment où la norme d'admissibilité est satisfaite. Il convient de remarquer que, même si ces prédictions sont établies d'après un modèle fondé sur la disponibilité de la main-d'oeuvre, on pourrait établir les mêmes prédictions pour un modèle fondé sur les décisions des entreprises.

Pour nous attaquer à ce problème, nous pouvons étudier les différences entre le programme d'assurance-chômage des diverses régions économiques de l'assurance-chômage en 1989 pour déterminer les effets du programme sur la durée des emplois. La norme d'admissibilité, le moment où le prestataire se qualifie pour le nombre maximal de prestations et le moment où il peut obtenir le maximum de prestations pour une année donnée variaient tous de l'une à l'autre des 48 régions de l'assurance-chômage qui existaient en 1989 en fonction du taux de chômage dans chacune. La norme d'admissibilité en 1989 variait de 10 à 14 semaines en fonction du taux de chômage régional tandis que les moments où la personne atteint son admissibilité maximale ou le maximum de prestations qu'elle peut retirer pour une année donnée variaient selon la durée des périodes de prolongation des prestations dans la région, période qui variait elle-même en fonction du taux de chômage régional.

Nous avons utilisé un large échantillon d'emplois qui ont débuté en 1989 et que nous avons tiré de l'Enquête sur l'activité, gros échantillon représentatif des travailleurs canadiens. Nous avons eu la chance d'obtenir une version de l'Enquête sur l'activité dans laquelle le lieu de résidence du travailleur était codé selon la région d'assurance-chômage plutôt que selon la province puisque la variation régionale de l'assurance-chômage est au centre de notre approche.

À l'aide d'un cadre de détermination du risque, nous avons évalué les effets des éléments du régime d'assurance-chômage mentionnés ci-dessus ainsi que les effets d'autres covariables.

Le taux de chômage mesuré selon la région économique était l'une des autres covariables les plus cruciales. Comme les différences des paramètres d'assurance-chômage que nous étudiions découlaient des différences du taux de chômage d'une région à l'autre, nous risquions de mesurer les effets des différences du marché du travail d'une région à une autre plutôt que les effets du régime d'assurance-chômage. En 1989, on comptait 70 régions économiques au Canada. Cela signifie que notre mesure du taux de chômage comprend des variations qui n'auront pas un effet direct sur les paramètres de l'assurance-chômage puisqu'elle se produit à un niveau inférieur à la région d'assurance-chômage. Par conséquent, nous sommes en mesure d'obtenir des différences constantes pour le marché du travail tout en effectuant des recherches sur le régime d'assurance-chômage.

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Principaux résultats

Nos principaux résultats sont les suivants :

  1. Rien ne permet de croire que la norme d'admissibilité a un effet sur la durée des emplois des travailleurs saisonniers, mais on observe un effet au moment où les travailleurs deviennent admissibles à un nombre suffisant de semaines de prestations pour combler le reste d'une période de 52 semaines. Selon nous, au moins un emploi saisonnier sur 20 se termine à ce point «maximal pour une année», précisément parce qu'il s'agit du point de prestations maximales pour une année. Ce résultat est significatif sur le plan tant statistique qu'économique. De plus, même si la probabilité de fin d'emploi augmente une fois que la norme d'admissibilité est atteinte, le point où la probabilité est le plus forte est atteint une fois que l'emploi a dépassé le point de prestations maximales pour une année. Cela peut dénoter une adaptation importante de la durée des emplois saisonniers au régime d'assurance-chômage.
  2. Des résultats significatifs sur le plan statistique nous permettent de croire que la durée de la période d'emploi s'achève au moment où la norme d'admissibilité est satisfaite ou au moment où une personne donnée devient admissible au nombre maximal de semaines pour lesquelles elle peut recevoir de l'assurance-chômage pour un emploi non saisonnier. Cependant, même si ces effets sont significatifs sur le plan statistique, le nombre absolu de cas semble faible puisqu'on peut établir que la probabilité de fin d'emploi n'a augmenté que de beaucoup moins de 1 %.

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Notes biographiques

David A. Green est professeur adjoint en économique à l'université de la Colombie-Britannique. Il a terminé son doctorat à l'université Stanford en 1990. Ses principaux domaines de recherche concernent les effets de l'assurance-chômage sur le marché du travail, les répercussions de la politique d'immigration et l'adaptation des immigrants à l'économie canadienne. Plus récemment, il a aussi travaillé dans le domaine de la distribution des gains et des revenus.

Timothy C. Sargent a récemment obtenu un doctorat de l'université de la Colombie-Britannique. Il travaille actuellement comme économiste pour le ministère des Finances, à Ottawa.

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