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Le supplément familial de l'AE et le revenu relatif des familles à deux revenus ayant des enfants

par David Cheal et Karen Kampen

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Objet

Le supplément familial (SF) est accessible aux prestataires qui ont un faible revenu familial, qu’ils soient hommes ou femmes. L'admissibilité au SF est déterminée à partir du revenu net de la famille. Étant donné que les hommes ont généralement des revenus plus élevés que les femmes, les femmes en chômage qui vivent en couple peuvent avoir un mari qui a un revenu élevé, ce qui les rend inadmissibles aux prestations supplémentaires. Ainsi, il se peut qu'elles dépendent davantage financièrement de leur mari. En outre, si les femmes/mères ont moins de contrôle sur les dépenses de la famille, les dépenses servant à subvenir aux besoins des enfants, à savoir la nourriture et l'habillement, peuvent aussi être touchées.

Les principaux objectifs de cette étude sont les suivants :

  • comparer la situation financière des femmes et des hommes qui vivent en couple, avec et sans enfants, et qui connaissent différentes situations d'emploi;
  • déterminer les répercussions du SF sur les femmes et les enfants, grâce à des questions de recherche au sujet de la non-admissibilité/l'admissibilité au SF selon le sexe, leurs répercussions sur le revenu relatif des membres de la famille, et les dépenses de la famille au titre de l'habillement et du logement, particulièrement pour les familles à deux revenus ayant des enfants.

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Contexte

L'assurance-emploi (AE) est conçue pour assurer un soutien temporaire du revenu aux personnes qui avaient un emploi relativement stable avant de cesser de travailler. Le SF est destiné aux prestataires qui ont un faible revenu familial, afin de suppléer à leurs prestations d'AE. Le SF s'adresse à la fois aux hommes et aux femmes. En effet, tant les femmes que les hommes peuvent recevoir des prestations de SF dans le cadre de leurs prestations d'AE. Il n'existe pas de règle d'admissibilité en fonction du sexe et, par conséquent, aucune discrimination fondée sur le sexe. Toutefois, cela n'élimine pas la possibilité d'effets non prévus.

Par ailleurs, le SF est fondé sur le revenu familial combiné du couple, ce qui fait qu'il ne peut être demandé que par l’un des conjoints, même si les deux conjoints touchent des prestations d'AE en même temps. Si tous les membres de la famille combinent leur revenu et que les deux conjoints profitent également de ce revenu, le SF répond bien à son objectif et ne comporte pas de répercussions sur les politiques. Toutefois, une famille ne se limite pas à un soutien ou à une unité de consommation. Elle est composée de membres qui effectuent diverses transactions dans leur environnement social. Par ailleurs, les transactions à l'intérieur de la famille n'ont pas toujours un but coopératif. Il se peut que les revenus des conjoints ne soient pas partagés équitablement à l'intérieur du ménage et que le SF ajoute simplement au déséquilibre financier de la famille. Des groupes de femmes ont exprimé des préoccupations du fait que, même si le montant du supplément est petit, le SF peut accroître indirectement la dépendance des femmes à l'égard du revenu de leur mari. Étant donné que les femmes ont généralement tendance à avoir plus de responsabilités que les hommes en ce qui a trait aux soins quotidiens des enfants, un moins grand contrôle à l'égard du revenu disponible peut avoir des répercussions sur les dépenses au titre des besoins essentiels des enfants.

Il convient de souligner que ni l'AE ni le SF ne vise à modifier la dynamique du revenu à l'intérieur de la famille ou à atténuer la pauvreté. Il est peu probable qu'un programme unique permette de résoudre tous les problèmes sociaux en même temps et joue un rôle durable sans avoir d'autres répercussions.

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Méthode et sources de données

Les données de cette étude ont été tirées de l'Enquête canadienne par panel sur l'interruption d'emploi (ECPIE) et des profils vectoriels de DRHC pour juin 1998. On a constitué un échantillon de 12 773 personnes qui ont cessé de travailler et qui vivaient avec un conjoint dans un ménage, sans autres adultes ou avec des enfants âgés de moins de 18 ans, au moment de l'entrevue (3 sur 5). Des analyses statistiques et multivariables ont par la suite été effectuées à l'égard de ces données, afin de déterminer les répercussions, selon le sexe, du SF à l'intérieur d'une famille constituée d'un couple marié.

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Principales constatations

Dans le sous-échantillon, 89 p. 100 des femmes en chômage qui avaient des enfants avaient un conjoint qui travaillait. Parallèlement, seulement 61 p. 100 des maris en chômage qui avaient des enfants avaient une conjointe qui travaillait. Voici les grandes lignes de l'enquête.

Revenu familial

Les femmes en chômage avaient des revenus personnels relativement faibles au sein des ménages avec enfants, comparativement aux maris en chômage. Dans les quatre semaines ayant précédé l'entrevue, même si le revenu médian du ménage pour les femmes en chômage ayant des enfants était de 500 $ supérieur à celui des maris en chômage avec enfants (2 500 $ par rapport à 2 000 $), le revenu personnel de ces femmes était beaucoup plus faible que celui des maris en chômage ayant des enfants (320 $ par rapport à 1 300 $). En fait, 45,9 p. 100 des femmes en chômage dans les familles à deux revenus ayant des enfants faisaient partie du quintile de revenu inférieur, et n'avaient eu aucun revenu personnel au cours des quatre semaines précédentes.

Revenu relatif

Les femmes en chômage avec enfants recevaient une proportion comparativement plus faible du revenu du ménage après avoir cessé de travailler, 87,8 p. 100 gagnant moins de la moitié du revenu du ménage. Par contre, seulement 31 p. 100 des maris en chômage avec enfants gagnaient moins de la moitié du revenu du ménage.

Dépendance financière

La dépendance financière se produit lorsqu'une personne ne dispose pas d'un revenu suffisant pour compenser sa part des dépenses du ménage. Après une cessation d'emploi, un nombre proportionnellement plus élevé de femmes dépendaient financièrement de leur mari que l'inverse. Tandis que 19 p. 100 des femmes au travail dépendaient de leur mari, 58 p. 100 des femmes en chômage étaient dépendantes financièrement. Le SF réduisait cette dépendance dans une certaine mesure.

Stress économique

Les conjoints dépendants financièrement affirmaient que leurs finances étaient une source de stress dans une plus grande proportion que ceux qui étaient indépendants financièrement. Que le SF soit versé à l'homme ou à la femme, cela ne semble pas faire de différence quant aux sommes consacrées à l'habillement et à la nourriture. Les dépenses moyennes au titre de l'habillement et de la nourriture étaient plus élevées dans les familles qui touchaient des prestations d'AE que dans les autres.

Accès aux prestations d'AE

L'accès aux prestations d'AE était plus restreint pour les femmes en chômage que pour les maris en chômage, ce qui avait tendance à compliquer l'accès au SF pour les femmes en chômage. Les femmes avec enfants qui étaient en chômage pendant quatre semaines ou plus étaient plus susceptibles d'être inadmissibles aux prestations d'AE que les maris dans la même situation (21,4 p. 100 par rapport à 8,4 p. 100). Parallèlement, les femmes qui avaient cessé de travailler étaient plus susceptibles d'avoir des enfants âgés de moins de 18 ans vivant avec elles dans le ménage (61,8 p. 100 par rapport à 57,2 p. 100).

Accès au SF

Lorsqu'elles sont admissibles à l'AE, les femmes en chômage ont un plus grand accès au SF que les maris dans la même situation. Parmi les conjoints des familles à deux revenus qui touchaient des prestations d'AE, les femmes étaient exclues moins souvent du SF que les maris. Ainsi, le SF atteint son objectif de répondre aux besoins des familles les plus nécessiteuses.

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Conclusions

La possibilité d'une dépendance financière accrue des femmes, en raison du critère du revenu familial compris dans le programme de SF, soulève certaines préoccupations. Toutefois, l'ampleur des répercussions du programme de SF ne semble pas être suffisante pour justifier la modification de cette composante de l'AE.

Le SF aide à soutenir les familles qui connaissent des contraintes financières après une perte d'emploi. Toutefois, il n'aide pas les familles qui ont le plus de contraintes après une perte d'emploi, étant donné que bon nombre d'entre elles n’ont pas droit aux prestations d'AE. Les femmes dans les familles à deux revenus ayant des enfants, qui se situent dans le quintile de revenu inférieur, ont un faible statut économique. Cette situation s’explique par le fait que près de la moitié d’entre elles ont affirmé ne pas avoir de revenu personnel au moment de l’entrevue.

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Notes biographiques

David Cheal est professeur de sociologie à l'Université de Winnipeg. Il s'intéresse à l'économie et à la dynamique sociale des ménages et des familles. Il a publié des travaux, dont « Family and the State of Theory and New Poverty ». Le professeur Cheal rédige actuellement une étude pour le projet Trends, intitulée « Finding a Niche: Age-Related Differentiations within the Working-Age Population ».

Karen Kampen a travaillé comme chercheuse et est co-auteure de divers ouvrages d'intérêt, portant notamment sur la santé, le vieillissement de la population et le revenu des familles. Elle poursuit actuellement ses études en doctorat au département de sociologie de l'Université du Manitoba.


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