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Les programmes d’adaptation pour les travailleurs âgés

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Introduction

Cette étude fait partie de la série des Études bilan produites par Développement des ressources humaines Canada (DRHC). Le rapport résume les conclusions d'une étude menée afin de dégager les leçons apprises dans le passé, dans le cadre de programmes d'assistance aux travailleurs âgés déplacés, c'est-à-dire des gens âgés de 45 à 64 ans et qui ont perdu leur emploi pour différentes raisons. En se penchant sur la situation des travailleurs âgés déplacés, le rapport tente également de faire le point sur la question des travailleurs âgés en général, sans oublier leur rôle dans un système économique éventuel, quel qu'il soit. Ce rapport est basé sur des évaluations, des analyses et/ou des examens se rapportant aux programmes d'adaptation des travailleurs âgés au Canada, aux États-Unis et dans certains pays de l'OCDE (Australie, France, Allemagne, Japon, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni).

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Contexte

Dans bon nombre de pays industrialisés, le nombre de personnes âgées par rapport à la population dans son ensemble n'a pas cessé d'augmenter au cours des vingt dernières années. Une restructuration économique et industrielle de grande envergure a coïncidé avec cette tendance au vieillissement. Si ces ajustements économiques sont souvent vus comme nécessaires et avantageux à long terme, ils entraînent fréquemment la fermeture d'entreprises et le déplacement de travailleurs à court et à moyen terme.

Ces circonstances ont généré de nombreux problèmes sur le marché du travail pour la population active en général et particulièrement pour les travailleurs plus âgés. Des études montrent que les travailleurs âgés font face à un grand nombre d'obstacles structurels pour obtenir à nouveau un emploi et de la formation (compétences qui ne sont plus en demande, moins de scolarité, manque de mobilité, manque d'expérience dans la recherche d'un emploi et stéréotypes négatifs de la part des employeurs), ce qui n'est pas nécessairement le cas chez les travailleurs plus jeunes.

Dans le passé, très peu de programmes gouvernementaux ont été mis en place pour assister les travailleurs âgés déplacés parce que leur situation professionnelle était plus stable, qu'ils étaient mieux rémunérés que les travailleurs plus jeunes et que leur taux de chômage était plus bas. Toutefois, selon les tendances du marché du travail, les avantages traditionnels dont les travailleurs âgés ont joui, commencent à diminuer. De plus, le taux de participation des travailleurs âgés au marché du travail n'a pas progressé au même rythme que leur taux de représentation dans l'ensemble de la population. Chez les travailleurs âgés, et pour l'économie dans son ensemble, il est impératif de se pencher sur ces problèmes.

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Leçons générales

Les grandes leçons énumérées dans ce rapport reconnaissent que les programmes créés pour assister à court terme les travailleurs âgés déplacés, doivent être assez flexibles pour s'adapter à l'évolution démographique du Canada. Sans perspectives à long terme, des solutions à court terme viables ne serviront peut-être qu'à limiter les possibilités d'action futures.

1. La productivité des travailleurs âgés demeure relativement constante.

Dans l'ensemble, les études montrent qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre le rendement au travail des travailleurs âgés et des travailleurs plus jeunes. Si une mauvaise santé peut nuire à la productivité et constitue un risque plus élevé chez les travailleurs âgés, les tendances à la longévité en réduisent les effets. Il est plus probable que la formation soit un facteur, et bien que les travailleurs âgés possèdent en général un niveau d'études moins élevé, un milieu de travail qui favorise l'apprentissage peut grandement en atténuer l'incidence.

2. L’âge «prévu» de la retraite influence le recrutement, la formation et la rémunération tout au long de la carrière.

Plus les travailleurs s'approchent de la retraite, plus les possibilités qui s'offrent à eux, en matière de formation, semblent diminuer. Les travailleurs tout comme les employeurs doivent être bien informés, assez à l'avance, des tendances démographiques et des orientations de la politique concernant la retraite, afin de prendre des décisions réfléchies sur les avantages éventuels des investissements dans la formation.

3. En général, la transition entre le travail et la retraite est encore une expérience assez abrupte.

Le passage du travail à la retraite peut constituer une expérience soudaine et déconcertante. Selon une étude internationale, dans la majorité des cas ce passage est relativement brusque, particulièrement pour les hommes, étant donné que les possibilités d'une étape intermédiaire (allégement des responsabilités ou travail à temps partiel) sont limitées.

4. L’admissibilité à un régime de pension joue un rôle important dans le choix du moment de la retraite.

Les pensions publiques et privées incitent souvent les travailleurs à prendre leur retraite dès qu'ils atteignent l'âge d'admissibilité aux prestations en raison des taux élevés d'imposition sur le revenu. Dans certains pays, les prestations de chômage et d'invalidité peuvent également "encourager" les départs volontaires anticipés.

5. La plupart des travailleurs âgés déplacés désirent recommencer à travailler à temps plein.

La littérature nous informe que la plupart des travailleurs âgés veulent travailler et, s'ils perdent leur emploi, veulent en obtenir un autre. Pour la majorité d'entre eux, seulement un emploi à temps plein pourrait satisfaire à leurs besoins économiques, sociaux et psychologiques.

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Les travailleurs âgés déplacés  : leçons particulières

L'efficacité des programmes d'adaptation au marché du travail dépend énormément de leur environnement économique et du marché du travail. Pour notre étude, les programmes d'adaptation sont classés en trois catégories.

I. Services actifs d’emploi et d’adaptation

On entend par services d'emploi actif et d'adaptation les initiatives qui ont été mises en place pour prolonger la vie active des travailleurs âgés jusqu'à l'âge normal de retraite.

6. Les services généraux d’adaptation faisant appel à des approches traditionnelles, comme le perfectionnement des compétences et le counselling, n’ont pas été efficaces auprès des travailleurs âgés.

La recherche effectuée dans tous les pays dont il est question dans cette étude montre que même si les services actifs d’emploi et d'adaptation peuvent aider au réemploi des travailleurs âgés, les programmes conçus pour les travailleurs en général et qui mettent l'accent sur les méthodes traditionnelles de formation et d'orientation ne sont ni attrayants ni avantageux pour bon nombre de travailleurs âgés.

7. Les programmes efficaces pour faciliter le réemploi ou la préservation de l’emploi des travailleurs âgés semblent présenter certaines caractéristiques particulières.

Certains éléments spécifiques des programmes d'adaptation au marché du travail semblent contribuer au réemploi de travailleurs âgés déplacés. Même s'il est impossible d'intégrer tous ces éléments à chaque programme, ils fournissent un ensemble solide de grandes lignes directrices pour la conception de programmes visant les travailleurs âgés. Parmi ces éléments: des objectifs clairement définis en consultation avec les travailleurs âgés; des partenariats entre fournisseurs de service; des régimes de travail de rechange; les services de placement, le counselling par les pairs, et une approche axée sur la communauté. Le succès de ces approches a été attribué au niveau élevé de soutien et aux conseils fournis aux participants, ainsi qu'à l'accent mis sur l'estime de soi et la motivation des personnes plus âgés.

II. Programmes de soutien du revenu

Les programmes de soutien du revenu offrent une aide financière aux travailleurs âgés afin de les aider à faire le pont entre la perte d'un emploi et le réemploi ou pour leur assurer un revenu suffisant jusqu'à ce qu'ils deviennent admissibles aux prestations de retraite.

8. Les mécanismes de soutien du revenu destinés aux travailleurs âgés semblent un moyen efficace d’assurer la sécurité financière de ceux qui ont perdu leur emploi, mais ils constituent un désincitatif au réemploi.

Si les mesures de soutien du revenu se sont révélées très efficaces pour réduire les difficultés financières associées à la perte d'un emploi, on a constaté qu'elles perpétuent, chez les travailleurs âgés, l'inactivité sur le marché du travail.

9. Les mesures de soutien du revenu conçues pour faciliter la retraite anticipée des travailleurs âgés ou leur retrait anticipé de la population active ne sont pas nécessairement utiles lorsqu’il s’agit d’améliorer le processus global d’adaptation du marché du travail.

Au niveau de l’entreprise, il semble que certaines politiques du gouvernement et du secteur privé, axées sur la rémunération, aient amélioré les mesures d'adaptation au marché du travail, tout en réduisant les difficultés excessives rencontrées par les travailleurs âgés. Toutefois, selon un rapport de 1995 de l'Organisation internationale du travail (OIT), la retraite anticipée des travailleurs âgés ne garantit aucun avantage aux travailleurs plus jeunes: les nouveau arrivés sur le marché du travail n'ont souvent pas l'expérience et le savoir-faire requis pour occuper les postes que les travailleurs âgés ont quittés. La plupart du temps, les postes sont tout simplement abolis.

III. Stratégies visant à faciliter la transition entre le travail et la retraite

Les initiatives conçues pour faciliter la transition du travail à la retraite incluent des mesures telles que le travail partagé, les emplois à temps partiel et la retraite progressive. Elles permettent aux personnes âgées de garder un lien avec le marché du travail et de toucher un revenu d'emploi. Elles visent à atténuer les chocs financiers et émotifs qui sont souvent associés à la retraite complète.

10. Les programmes autres que les programmes de soutien du revenu qui sont conçus pour faciliter la transition entre le travail et la retraite peuvent profiter aux travailleurs âgés et contribuer à l’ajustement global du marché du travail.

Les initiatives visant à faciliter la transition entre le travail et la retraite ont connu un certain succès. Un bon exemple serait celui du programme de retraite partielle de la Suède, selon lequel les travailleurs ont accès à des prestations de retraite partielle tout en demeurant actif dans le marché du travail, mais à un rythme réduit. Les participants ont mentionné qu'ils profitent de leur temps libre et un grand nombre d'entre eux se sentent plus reposés et plus en santé que lorsqu'ils étaient au travail à temps plein. Les entreprises ont pu réorganiser leurs ressources humaines de façon à augmenter leur productivité, tout en continuant de bénéficier de l'expérience et du savoir-faire des travailleurs âgés.

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Conclusion

Dans l'ensemble, il semble que les programmes d'adaptation des travailleurs âgés ont connu un certain succès tout dépendant des objectifs économiques et politiques poursuivis. Certains pays ont mis l'accent sur des mesures actives afin de garder les travailleurs âgés dans la population active, tandis que d'autres ont opté pour des mesures de soutien du revenu passives pour les travailleurs âgés licenciés ou qui anticipent prendre leur retraite sous peu. Le Canada a utilisé une approche mixte qui comporte des mesures actives et passives. En dernière analyse, il semble que le véritable succès d'un programme dépende de sa capacité de tenir compte de la situation particulière des travailleurs âgés; de reconnaître leurs besoins et d'y répondre.

Les décideurs doivent reconnaître que le vieillissement de notre population signifie que les travailleurs âgés joueront un rôle de plus en plus important dans l’économie de l’avenir. Il faut tenir compte des leçons tirées de l’analyse des programmes en place non pas seulement pour mieux répondre aux besoins des travailleurs âgés d'aujourd'hui, mais également pour planifier le marché du travail de demain. Il est à espérer que les leçons présentées ici inspireront et stimuleront les débats à venir sur les politiques et les programmes axés sur cette partie en pleine expansion de la population active.


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