Gouvernement du Canada | Government of Canada Gouvernement du Canada
    EnglishContactez-nousAideRechercheSite de DRHC
  Page d'accueilQuoi de neufFormulaires de DRHCRégions de DRHCLiens rapides

·
·
·
·
 
·
·
·
·
·
·
·
 

Travail saisonnier et recours fréquent à l'assurance-chômage

Lesle Wesa

Voir le rapport

But

De plus en plus, les décideurs reconnaissent que les chômeurs ne constituent pas un groupe homogène. Pour bon nombre d'entre eux, la situation de chômage n'est que temporaire et ne survient qu'à une ou deux reprises au cours du cycle économique. D'autres se retrouvent en chômage de façon assez régulière. Pour ceux là, le chômage est souvent lié à des problèmes d'adaptation ou à une participation insuffisamment soutenue au marché du travail, à un travail saisonnier, ou à un emploi intermittent qui entraîne le recours à l'a.-c. entre les contrats de travail.

Les problèmes que connaissent les chômeurs occasionnels diffèrent beaucoup de ceux qu'éprouvent les chômeurs fréquents, et toutes les politiques adoptées devront tenir compte de ces différences. Il est donc important de bien définir ces deux types de chômeurs. On peut notamment pour ce faire examiner leur fréquence de recours à l'a.-c.

Le présent document expose les constatations d'une étude qui compare les répercussions de deux définitions de «prestataire fréquent». La première définition correspond à peu près à celle utilisée actuellement par DRHC (3 demandes de prestations ou plus en 5 ans) alors que l'autre est un résultat du travail accompli dans le cadre d'une récente évaluation du programme de prestations ordinaires d'a.-c. (11demandes de prestations ou plus en 21 ans). Ces définitions ont été appliquées à divers segments de la population de prestataires du Canada et les proportions résultantes d'utilisateurs très fréquents ont été comparées.

Le critère de 3 demandes ou plus en cinq ans a été retenu par DRHC en vue de cibler les personnes pour lesquelles le recours à l'a.-c. est presque devenu une routine annuelle. Avec le critère de 11 demandes ou plus en 21 ans, on fait porter l'étude sur une période beaucoup plus longue au cours de laquelle certaines personnes touchent des prestations pendant plus de la moitié des années visées. Ce critère permettrait également de cerner les prestataires «chroniques» qui ont eu recours à l'a.-c. année après année. La base de données comportait des détails sur les industries qui ont permis de déterminer dans lesquelles on retrouvait les prestataires fréquents suivant les deux définitions. On a ainsi pu distinguer les secteurs qui offrent généralement des emplois intermittents, et notamment du travail saisonnier.

[ Table des matières ]

Contexte

Une des études réalisées dans le cadre de l'évaluation du programme de prestations ordinaires analysait la propension des hommes canadiens à recourir à l'a.-c. pendant la période s'étendant de 1972 à 1992. Dans leur étude, L'effet d'apprentissage et l'assurance chômage T. Lemieux et B. MacLeod se sont penchés sur le modèle d'utilisation de l'a.-c. d'une année à l'autre et ont relevé deux genres de prestataires - ceux pour qui le recours à l'a.-c. est sporadique et ceux pour lesquels il est constant et périodique.

Leur domaine d'analyse se limitait au comportement des hommes canadiens dans un contexte national, mais leur étude a produit comme résultat connexe une base de données détaillée sur le recours à l'a.-c. par les femmes, selon les régions et dans les différentes industries. La présente étude expose les résultats de l'analyse de cette base de données élargie.

[ Table des matières ]

Sources de données et méthodologie

Une des études réalisées dans le cadre de l'évaluation du programme de prestations ordinaires analysait la propension des hommes canadiens à recourir à l'a.-c. pendant la période s'étendant de 1972 à 1992. Dans leur étude, L'effet d'apprentissage et l'assurance chômage T. Lemieux et B. MacLeod se sont penchés sur le modèle d'utilisation de l'a.-c. d'une année à l'autre et ont relevé deux genres de prestataires - ceux pour qui le recours à l'a.-c. est sporadique et ceux pour lesquels il est constant et périodique.

Leur domaine d'analyse se limitait au comportement des hommes canadiens dans un contexte national, mais leur étude a produit comme résultat connexe une base de données détaillée sur le recours à l'a.-c. par les femmes, selon les régions et dans les différentes industries. La présente étude expose les résultats de l'analyse de cette base de données élargie.

[ Table des matières ]

Résultats empiriques

Différences entre les sexes

Selon la recherche de Lemieux et MacLeod, les prestataires réitérants (11 périodes de chômage et plus) avaient accumulé 28 p. 100 de toutes les périodes de prestations établies pour des hommes pendant la période de 1976 à 1992. Les données récentes dont nous disposons au sujet des femmes indiquent qu'une plus faible proportion d'entre elles sont réitérantes (15 p. 100).

Suivant la définition de DRHC, la proportion des réitérants est beaucoup plus élevée - 48 p. 100 pour les hommes et 35 p. 100 pour les femmes. On peut expliquer la différence entre les deux définitions en rappelant que celle de Lemieux et MacLeod vise les réitérants «chroniques» - c'est- à dire les personnes qui conservent un profil d'utilisateur fréquent pendant une très longue période. Dans le contexte de la définition de DRHC, il s'agirait de «prestataires qui étaient de fréquents utilisateurs et le sont demeurés». Pendant la période de 1987 à 1992, DRHC a constaté que 28 p. 100 des prestataires passaient d'une catégorie à l'autre. Parmi les 72 p. 100 qui ont maintenu leur profil d'utilisation, 47 p. 100 étaient des prestataires occasionnels et 25 p. 100 étaient des utilisateurs fréquents. La définition de Lemieux et MacLeod confirme ce 25 p. 100. (Pour les deux sexes combinés, les prestataires ayant présenté 11 demandes ou plus avaient accumulé 24 p. 100 des périodes de prestations entre 1976 et 1992).

Quelle que soit la définition utilisée, on constate une plus faible proportion de réitérantes chez les femmes. Les résultats obtenus par Lemieux et MacLeod sont les plus impressionnants; ils indiquent que les femmes sont moins susceptibles d'être réitérantes, et même moins susceptibles de devenir réitérantes «à vie». Répartition des périodes de prestations selon le sexe du prestataire (deux définitions), 1976- 1992

Différences entre les régions

Suivant les deux définitions, c'est dans les provinces de l'Atlantique d'abord, et au Québec ensuite, qu'on trouve une plus forte proportion de prestataires fréquents. Il y a toutefois divergence entre les classements attribués aux trois autres régions. Selon l'interprétation de DRHC, la C.-B. compte une proportion plus élevée de prestataires fréquents pour la période de 1976 à 1992 comparativement à l'Ontario, alors que l'analyse de Lemieux et MacLeod suggère le contraire.

Les périodes de cinq ans se terminant en 1990, 1991 et 1992 pourraient expliquer en partie cette divergence. La récente récession a eu des répercussions très fortes en Ontario. Le nombre de périodes de chômage des prestataires occasionnels a augmenté considérablement par rapport à celui des prestataires fréquents (tels que définis par le critère des 3 demandes en 5 ans). La part des périodes de prestations établies au nom de prestataires occasionnels s'est donc accrue, alors que la part correspondante des prestataires fréquents diminuait dans la même proportion. Cette évolution est prise en compte lorsqu'on utilise la définition de DRHC, mais ne peut être considérée avec la définition à long terme de Lemieux et MacLeod. Ces derniers indiquent une plus faible proportion de prestataires fréquents en moyenne pour la période de 1976 à 1992 en Ontario, comparativement aux calculs faits par DRHC.

Différences entre les secteurs

Ce sont les secteurs de la fabrication, de la construction et du commerce qui ont enregistré le plus grand nombre de demandes de prestations. Entre 1976 et 1992, les secteurs suivants comptaient la plus forte concentration de prestataires fréquents : industries primaires, construction, transports, services gouvernementaux et éducation. Ce résultat est le même que l'on utilise le critère des «11 demandes ou plus» ou celui des «3 demandes ou plus».

Les industries du secteur primaire où l'emploi est souvent lié aux conditions météorologiques, accusent la plus forte proportion de réitérants (43 p. 100 selon la définition de Lemieux et MacLeod). Il y a toutefois beaucoup de variations à l'intérieur même du secteur. En 1992, par exemple, les réitérants chroniques étaient à l'origine de 67 p. 100 des demandes présentées par des hommes dans l'exploitation forestière, de 59 p. 100 dans les services de foresterie, de 54 p. 100 dans les carrières et les sablières, et de 51 p. 100 dans les pêches et le trappage. La définition de DRHC donne également de fortes proportions de réitérants dans ces secteurs.

Une analyse approfondie de l'échantillon utilisé par Lemieux et MacLeod indique que, bien que la définition de «réitérant chronique» inclut les prestataires accumulant 11 périodes de chômage ou plus, ce nombre ne constitue qu'un minimum dans cette catégorie. Dans le secteur de l'exploitation forestière, les utilisateurs très fréquents avaient accumulé plus souvent autour de 16 périodes de prestations pendant la période visée; dans les services de foresterie, ce nombre était de 17. Il est donc évident que certains travailleurs doivent avoir recours à l'assurance chômage année après année.

Le secteur de la construction était l'un de ceux où les résultats étaient parmi les plus élevés lorsque l'on compare les différentes industries à un niveau déssarégé. Les personnes travaillant dans les secteurs de la construction industrielle et des grands travaux de génie étaient davantage susceptibles de devenir prestataires fréquents - les réitérants chroniques comptaient pour 55 p. 100 des périodes de prestations accumulées dans ce secteur, comparativement à 43 p. 100 dans les secteurs du bâtiment, de la promotion immobilière et de l'entrepreneuriat général, et à 39 p. 100 dans celui de la sous-traitance.

L'analyse détaillée permet de noter les résultats enregistrés dans certaines industries de fabrication que pourraient camoufler les statistiques globales. Ainsi, les secteurs de la transformation du tabac, des produits minéraux non métalliques, des produits du bois et des aliments comptent une proportion de réitérants supérieure à la moyenne.

Certaines industries sont particulièrement propices au recours répété à l'a.-c. par les femmes, et contribuent en même temps à l'accroissement du nombre de période de prestations. De toutes les périodes établies au nom de travailleuses des usines de transformation des aliments, 45 p. 100 l'ont été pour des réitérantes. Encore là, ce résultat serait attribuable au caractère saisonnier des secteurs en amont - agriculture et pêches. Dans les services d'éducation, 18 p. 100 des travailleuses comptaient plus de 11 périodes de prestations. Il s'agit principalement des suppléantes, des enseignantes contractuelles et des employées de soutien dont les services ne sont pas requis pendant les mois d'été. On a également noté une forte proportion de réitérantes dans les services de transport (22 p. 100), les divertissements et les loisirs (17 p. 100), les services gouvernementaux provinciaux (19 p. 100), et les services d'hébergement (15 p. 100). Ce recours répété à l'a.-c. est le résultat de la fluctuation de la demande à l'intérieur d'une même année, comme dans l'industrie du tourisme par exemple.

En appliquant la définition de DRHC à l'échantillon établi, on constate que les femmes prestataires travaillant dans les usines de vêtements étaient plus susceptibles que la moyenne de devenir des prestataires fréquentes. Au contraire, la définition de Lemieux et MacLeod a donné une proportion de réitérantes inférieure à la moyenne.

Différences longitudinales

En plus de comparer les résultats des deux définitions de façon transversale, nous avons comparé les tendances dans la proportion des réitérants dans une perspective chronologique. Avec les données regroupées, les deux définitions ont indiqué des tendances fort semblables quant à la proportion d'utilisateurs très fréquents. Règle générale, la proportion de prestataires très fréquents semblait, quelle que soit la définition utilisée, connaître une légère tendance à la hausse.

Proportions de prestataires très fréquents, ensemble des secteurs (deux définitions)

Dans de nombreuses industries, les données une fois dissociées continuent d'indiquer un cheminement presque parallèle quant à la proportion d'utilisateurs fréquents, quelle que soit la définition choisie. Il arrive assez souvent que la définition de DRHC indique une augmentation de la proportion des périodes de prestations dans les années 1980, mais, en général, les profils obtenus sont semblables. Des exceptions significatives ont été notées dans certaines industries primaires et dans les services d'éducation. Une forte augmentation du nombre de périodes de prestations dans les années 1980 a produit un nombre élevé de prestataires fréquents selon la définition de DRHC. Ces prestataires n'ont pas été assez longtemps dans l'échantillon pour accumuler un dossier d'a. c. suffisamment long pour faire d'eux des réitérants chroniques. En conséquence, ils ne figurent pas dans les résultats de Lemieux et MacLeod.

[ Table des matières ]

Conclusion

En définissant les prestataires fréquents selon le critère de 3 demandes en 5 ans, DRHC veut relever les prestataires qui ont souvent recours à l'a. c.. Selon la définition de Lemieux et MacLeod, les réitérants sont ceux qui ont accumulé 11 demandes ou plus en 21 ans. Cette définition vise également à cibler les personnes qui ont constamment et régulièrement recours au programme d'a.-c.. En appliquant ces deux définitions à l'échantillon utilisé par Lemieux et MacLeod, nous avons pu comparer les répercussions de chacune quant à la proportion de réitérants dans le nombre total de périodes de prestations.

Les résultats obtenus avec la définition de Lemieux et MacLeod confirment ceux qui sont fondés sur la définition de DRHC. On trouve une plus forte proportion de réitérants chez les hommes que chez les femmes, les provinces de l'Atlantique et le Québec comptent davantage de réitérants, et les prestataires très fréquents sont proportionnellement plus nombreux dans les industries primaires, la construction, les transports, les services gouvernementaux et l'éducation. Une analyse détaillée des divers secteurs indique des différences considérables à l'intérieur de chacun d'eux quant à la proportion de réitérants.

[ Table des matières ]

Notes biographiques

Lesle Wesa est agente d'évaluation au sein de la Direction des programmes d'assurance de la Direction générale de l'évaluation de DRHC à Ottawa. Elle a travaillé pendant plusieurs années comme économiste au Conseil économique du Canada.

[ Table des matières ]