Gouvernement du Canada | Government of Canada Gouvernement du Canada
    EnglishContactez-nousAideRechercheSite de DRHC
  Page d'accueilQuoi de neufFormulaires de DRHCRégions de DRHCLiens rapides

·
·
·
·
 
·
·
·
·
·
·
·
 

[ Principal ] [ Rapport ] [ Document de référence ]

Le travail autonome à son compte au Canada

Développement des ressources humaines Canada

Voir le rapport

Introduction

La présente étude s’inscrit dans la série des Études bilan réalisée par Développement des ressources humaines Canada. Elle intègre des évaluations et des résultats de recherches antérieures et vise à déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans l’élaboration de politiques et de programmes publics.

Cette étude résume et met à jour les connaissances accumulées sur le travail autonome à son compte.

[ Table des matières ]

Tendances, fréquence et profil

En 1997, il y avait près de 1,5 million de travailleurs autonomes à leur compte au Canada. Cela représentait presque 10 % de l'ensemble de la population active. Entre 1976 et 1995, le nombre de travailleurs autonomes a presque doublé alors que l’emploi total s’accroissait de moins de 40 %.

La fréquence accrue du travail autonome à son compte a été observée tant chez les hommes que chez les femmes, dans tous les groupes d’âge et dans tous les groupes industriels et professionnels à l’exception de l’agriculture. Dans les années 1990, le phénomène s'est produit dans toutes les régions et a transcendé les groupes de scolarité.

Le profil du travailleur autonome typique est différent de celui des employés salariés. Les travailleurs autonomes à leur compte sont plus susceptibles d’être des hommes, d’être plus âgés, d’être mariés, et dans certains cas, de ne pas avoir plus qu’un diplôme d’études secondaires. La comparaison de divers sous-groupes démographiques indique que la fréquence du travail autonome augmente avec l’âge et est plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Ce profil est toutefois en train de se transformer. Durant les années1990, la croissance du travail autonome a été plus importante chez les femmes et les jeunes que chez les hommes et les travailleurs plus âgés. Fait intéressant, si les jeunes demeurent moins susceptibles que les personnes âgées de travailler à leur propre compte, ils sont plus susceptibles qu'elles de se déclarer intéressés à ce type de travail.

Certains observateurs ont remarqué un changement qualitatif dans les caractéristiques des travailleurs autonomes. On compte dorénavant parmi eux un plus grand nombre de gestionnaires et de professionnels plus qualifiés. Beaucoup de personnes interrogées dans le cadre de cette étude ont décrit les gestionnaires et les professionnels qui optaient pour le travail autonome comme étant plus motivés et mieux préparés pour réussir que bon nombre des cols bleus qui dominaient autrefois les rangs des travailleurs autonomes. Les personnes interviewées sont convaincues que, dans le marché du travail des années 1990, les cols bleus sont moins nombreux à avoir les compétences nécessaires pour survivre à titre de travailleurs autonomes.

[ Table des matières ]

Les raisons de la croissance du travail autonome

Le consensus est que les pratiques des employeurs, notamment la rationalisation des effectifs et la sous-traitance, sont les facteurs qui expliquent l’augmentation du travail autonome. On a suggéré que l’approvisionnement à l’extérieur a atteint un palier et que les chômeurs sont ainsi forcés à créer leur propre travail, contribuant ainsi à la croissance du travail autonome.

La croissance du travail autonome au cours des deux dernières décennies peut aussi être liée à la croissance continue du secteur des services dans l’économie canadienne, où les possibilités de travail autonome sont plus nombreuses. Cependant, le travail autonome est à la hausse dans tous les secteurs de l’économie et la plupart des observateurs conviennent que le travail autonome continuera d’augmenter.

Les facteurs mentionnés ci-dessus accentuent l’effet d’attraction qu'exerce le travail autonome et poussent davantage les travailleurs vers celui-ci. Cependant, il existe des opinions divergentes sur les motivations de ces travailleurs. Certaines personnes choisissent le travail autonome plutôt que des emplois traditionnels. Elles en apprécient notamment l’indépendance, la flexibilité et la variété des tâches. Des observateurs citent également la technologie, les variables démographiques et la croissance des marchés à créneaux comme facteurs susceptibles d'encourager les gens à choisir le travail autonome. Par ailleurs, plusieurs répondants ont affirmé que, même s’ils n’avaient pas eu d’autres choix que de se tourner vers le travail autonome en raison de circonstances comme la perte d’un emploi découlant d’un réaménagement des effectifs, ils ont appris à apprécier certains aspects de leur expérience comme travailleur autonome.

[ Table des matières ]

Qualité des emplois

Il ne fait aucun doute que le travail autonome a contribué de façon importante au nombre de nouveaux emplois, mais il y a lieu de formuler certains commentaires quant à la qualité de ces emplois? À première vue, les données laissent penser que la qualité des emplois autonomes est inférieure à celle des emplois salariés. Il semble que les travailleurs autonomes passent de plus longues heures à travailler que les salariés, qu’ils ne gagnent qu’environ les deux tiers de leur rémunération sur une base annuelle moyenne (l’écart s’est réduit depuis le milieu des années 80) et qu’ils aient moins d’avantages sociaux qu’eux. Ces conclusions sont cependant discutables étant donné des préoccupations méthodologiques et conceptuelles ayant trait aux données.

L’irrégularité du revenu et la sécurité d’emploi sont d’autres aspects importants de la qualité de l’emploi des travailleurs autonomes. Certains éprouvent beaucoup d’angoisse face à l’irrégularité de leurs revenus (« abondance ou disette »). D’autres apprécient le fait que le revenu soit directement lié à leurs efforts, en dépit de son manque de régularité. Une bonne proportion de travailleurs autonomes considèrent que l’absence de prestations d’emploi et de régime de retraite est également un grave inconvénient.

Les autres inconvénients peuvent inclure l’isolement par rapport aux collègues, l’absence de possibilités de formation, les attitudes négatives de la famille et des amis, et le fait d'avoir à accomplir toutes les tâches nécessaires au sein d'une entreprise, notamment la tenue de livres, les achats, la perception des comptes, la recherche et le marketing. Les contradictions relevées au sujet des avantages du travail autonome peuvent également s'expliquer du fait qu'un grand nombre des avantages découlant de « l'indépendance » et du « contrôle » sont plus souvent apparents que réels. Il arrive souvent que le client du travailleur autonome devienne son patron, la définition de patron n'étant pas ici la même que dans les contextes de travail non autonome.

[ Table des matières ]

Les déterminants de la réussite et de l'échec

Le succès ou l'échec de toute initiative de travail autonome résulte de nombreux facteurs, dont certains sont plus concrets que d'autres. Certains de ces facteurs sont liés aux aspects fondamentaux de l'exploitation de toute entreprise, comme le processus de démarrage, le financement global et les répercussions de la technologie. Ces derniers s'inscrivent dans le contexte plus vaste des circonstances extérieures qui influencent aussi les entreprises, comme la conjoncture économique et particulièrement les marchés.

a) Le démarrage d'une nouvelle entreprise représente un défi pour beaucoup de travailleurs autonomes. Cela se manifeste de différentes façons.

  • Le marketing et la promotion sont habituellement difficiles pendant la première année.
  • Un plan d'entreprise qui présente une vision concrète et bien documentée de ce que l'entreprise sera et de comment elle réussira est un outil précieux mais pas toujours utilisé ou ne se présente pas toujours sous une forme qui soit utilisable.
  • Le manque de capital et l'obtention de financement adéquat constituent également des défis pour de nombreux travailleurs autonomes.

b) La technologie est de plus en plus importante pour toute entreprise, y compris les entreprises des travailleurs autonomes. Les spécialistes du travail autonome croient que l'Internet peut consti-tuer une source de renseignements et offrir des occasions d'affaires, surmontant ainsi le problème de l'isolement et compensant pour l'absence de formation normalement assurée par l'employeur. Il s'avère néanmoins que les travailleurs autonomes ne sont pas au courant des possibilités offertes par l'Internet ou, s'ils le sont, qu'ils n'ont pas la persévérance, le savoir-faire, l'intérêt voulus, le temps ou l'argent nécessaires pour l'utiliser dans le but de trouver des occasions d'affaires.

c) Les travailleurs autonomes recourent de plus en plus aux réseaux informels qui présentent à la fois des avantages économiques et sociaux. Au sein de ces réseaux, les travailleurs autonomes peuvent trouver des camarades, des contacts et le soutien de collègues travailleurs autonomes. Ils peuvent également réaliser des économies d'échelle en se regroupant pour profiter de régimes d'avantages sociaux ou de régimes de pension, et peut-être partager les frais généraux ou profiter, à cet égard, de réductions de groupe.

La plupart des recherches effectuées et des données qualitatives recueillies dans le cadre de cette étude montrent qu'il y a un lien important entre, d'une part, les traits psychologiques, la personnalité et les actions des travailleurs autonomes et, d'autres part, la réussite. Parmi les autres déterminants du succès de l'expérience du travail autonome: les attentes, la nature du travail, les compétences en affaires et la formation.

[ Table des matières ]

Répercussions

Sur le plan personnel, les répercussions du travail autonome varient selon les individus. Elles dépendent en grande partie des traits de personnalité de ceux-ci. On peut s'attendre à ce que les travailleurs plus âgés qui ont fait leurs études dans le cadre d'un système scolaire traditionnel et qui ont de longs antécédents d'emploi stable éprouvent beaucoup plus de difficulté à s'adapter au travail autonome que les personnes plus jeunes. Ces dernières sont le produit d'un système d'éducation et d'un marché du travail qui les ont préparées psychologiquement et les ont exposées à des relations d'emploi « flexibles » plutôt qu'à une « longue carrière ». Peu importe l'âge et les antécédents de travail, les répercussions du travail autonome sur les cols blancs plus qualifiés qui ont davantage de capitaux et de contacts seront vraisemblablement plus positives que pour les cols bleus moins qualifiés qui n'ont pas ces mêmes caractéristiques.

Au niveau de la collectivité, les observateurs pensent que la croissance du travail autonome se traduit par divers changements dans les tendances en matière de peuplement urbain et dans les structures économiques. Ces changements inclent : un nombre plus élevé de personnes qui travaillent à domicile; moins de déplacements, la réduction de la pollution automobile et des besoins en matière de transport public; la construction de maisons dotées de bureau à domicile et la rénovation de maisons existantes pour y ajouter un bureau; une plus grande diversification industrielle des collectivités et une moins grande dépendance face à un seul grand employeur.

De nombreuses conséquences économiques et sociales négatives de l'accroissement du travail autonome sont également suggérées. Ce sont, entre autres, le risque d'une réduction de la cohésion sociale ou du moins de la diminution du rôle du lieu de travail comme centre de rassemblement social; le nombre accru de personnes qui n'ont pas d'assurance-incapacité, de régime de pension et de programmes de formation, dont le lieu de travail est normalement le principal fournisseur; la croissance possible de l'emploi « caché » et l'érosion de l'assiette fiscale, quand le revenu n'est pas tout simplement caché. Enfin, les travailleurs autonomes ont également la possibilité de déduire à titre de frais professionnels une plus grande proportion de leur revenu.

[ Table des matières ]

Leçons apprises

Six leçons découlent des résultats des recherches et des commentaires des travailleurs autonomes ainsi que des spécialistes. Premièrement, ils font état d’occasions pour le gouvernement d’appuyer le travail autonome. Cependant, les opinions sur ce qui devrait être fait varient.

Deuxièmement, certains travailleurs autonomes sont d’avis que le gouvernement devrait jouer un rôle minimal et se contenter d’offrir un environnement propice aux entreprises autonomes, par exemple, en allégeant la paperasserie.

Troisièmement, pour ce qui est de formes d’aide bien précises, plusieurs personnes ont profité de programmes et de services gouvernementaux à l’intention des travailleurs autonomes. Les études révèlent que ces programmes et services jouent un grand rôle lorsqu’il s’agit d’aider au lancement d’une entreprise, d’appuyer la formation ou d’offrir un accès à des prestations et à des conseils. Il faut cependant mieux faire connaître ces programmes et services, et les rendre plus accessibles.

Quatrièmement, peu importe le rôle que le gouvernement choisit de jouer, il devra reconnaître que la population cible est fort diversifiée.

Certaines personnes sont poussées au travail autonome parce qu’elles ne voient pas d’autres avenues. D’autres le choisissent en raison du style de vie que cela leur assure et pour bénéficier d’un tremplin offrant plus de possibilités d’affaires.

Cinquièmement, les jeunes personnes ont des attentes et des besoins différents de ceux des personnes plus âgées. Certains travailleurs âgés ne possèdent pas les diverses compétences en gestion d’entreprise et l’expérience nécessaires pour exercer un travail autonome. Les personnes ayant déjà exercé un travail spécialisé ou occupé un poste de professionnel ou de gestion peuvent être plus en mesure que les cols bleus d’exercer un travail autonome. De plus, le revenu de ces personnes qualifiés correspond vraisemblablement davantage à celui des employés salariés qu'à celui des cols bleus qui exercent un travail autonome.

Nos connaissances sur le travail autonome au Canada présentent encore des lacunes importantes; c'est là notre sixième leçon. Nous devons étudier davantage l'information relative au revenu, aux avantages sociaux et aux besoins des travailleurs autonomes. D'autres facteurs doivent également être analysés plus à fond, notamment ceux qui incitent et amènent les gens à travailler à leur compte; les facteurs qui conduisent au succès ou à l'échec; la qualité de la vie professionnelle des travailleurs autonomes et les répercussions des politiques publiques sur ces personnes. L'amélioration de nos connaissances nous permettra de prendre des décisions plus éclairées dans l’intérêt des travailleurs autonomes, de notre marché du travail et de notre économie.

Ce sommaire est produit par Développement des ressources humaines Canada. On peut en obtenir des exemplaires de même que le rapport final complet des Études bilan en communiquant avec :

Évaluation et développement des données,
Politiques Stratégiques
Développement des ressources humaines Canada
Hull (Québec) K1A 0J9
Tél. : 1-888-440-4080
Télécopieur : 613-953-7887
courrier électronique : edd@hrdc-drhc.gc.ca
Ce rapport est également disponible sur les sites Internet et intranet de DRHC à l'adresse suivante : http://www.hrdc-drhc.gc.ca/edd

(also available in English)

[ Table des matières ]