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Bill Carman

ID : 30558
Ajouté le : 2003-05-28 10:19
Mis à jour le : 2004-10-29 23:50
Refreshed: 2006-01-26 15:20

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LES SEMENCES DU MONDE / Chapitre 5 : Recommandations
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Ronnie Vernooy

Chapitre 5

Recommandations

La phytosélection participative exige une manière différente, novatrice, de considérer les besoins de l'humanité qui va bien au-delà de l'accroissement de la productivité. Cette approche a pour objectif d'accroître la productivité, bien sûr, mais aussi d'améliorer la diversité et de donner aux agriculteurs les moyens d'agir.

Comme nous l'avons vu, les approches collaboratives font intervenir de nombreux acteurs et ont recours à de rigoureuses méthodes participatives. Elles contribuent véritablement à la sécurité alimentaire et à l'amélioration des moyens de subsistance. Toutefois, les interventions sur le terrain -- à la ferme et dans les collectivités -- ne peuvent à elles seules soutenir ces solutions éprouvées. Pour assurer à long terme le succès de ces démarches, il faut les appuyer par des politiques, par des mesures qui en garantissent la mise en œuvre et, le cas échéant, par une législation connexe.

Combler le fossé qui existe entre la recherche sur le terrain et l'application généralisée des méthodes voulues pour soutenir le processus axé sur la conservation à long terme de la diversité constitue un défi politique de taille. La réalisation de cet objectif passe nécessairement par des mesures de redressement dans six domaines décisionnels de l'État et/ou du milieu de la recherche. Les politiques requises touchent le développement agricole, la conservation des ressources naturelles, la mise en circulation des nouvelles variétés, les droits de propriété intellectuelle, les droits des agriculteurs et des phytogénéticiens, la mise en marché et l'homologation des produits.

1. Les utilisateurs de la diversité des cultures au centre de l'action

La phytosélection participative prend toute sa pertinence dans une des situations suivantes:

THERE IS SUPPOSED TO BE A TEXT TABLE HERE.

Tenter de relever ces défis en tout ou en partie suppose la volonté de travailler à partir d'un nouveau modèle de recherche et de développement: une approche qui contribue à accroître à la fois l'efficacité et l'efficience en plaçant les utilisateurs de la diversité des cultures au centre de l'action.

2. Les agriculteurs, les chercheurs et les autres intervenants sur un pied d'égalité

Une nouvelle division du travail, de nouveaux partenariats, de nouvelles formes de collaboration, voilà les principes de la phytosélection participative. Les agriculteurs doivent prendre part à la recherche dans une mesure et par des moyens qui leur conviennent: autrement dit, il faut améliorer la qualité de leur participation. Les agriculteurs ne doivent plus être considérés comme des bénéficiaires passifs des technologies, des semences et de l'information. Il faut les inciter à jouer un rôle actif et à orienter les travaux. C'est aux agricultrices, en particulier, qu'il faut accorder la priorité. Non pas par «rectitude politique», mais bien en raison de la connaissance intime qu'ont les femmes de la production végétale et de la multiplication des semences, de leurs besoins et de leurs intérêts en matière de sécurité alimentaire, et de leur rôle de premier plan dans les ménages, les familles élargies et les réseaux sociaux.

Les sélectionneurs devraient travailler davantage in situ -- à la ferme et dans les collectivités -- et considérer les agriculteurs comme des collègues dont les connaissances, les compétences et l'expérience complètent les leurs.

Le grand principe organisationnel sur lequel s'appuyer pour agir conformément aux réalités locales ne devrait plus être la centralisation mais bien la décentralisation.

Les sélectionneurs devraient aussi collaborer avec des spécialistes des sciences sociales et adopter une méthode de recherche interdisciplinaire qui tienne compte de l'aspect biophysique et de la dimension sociale du processus dynamique sous-jacent à la conservation de la diversité.

3. Le partage des coûts et des avantages entre les agriculteurs et les chercheurs

Sans doute faudra-t-il recueillir d'autres preuves dans diverses régions et différents contextes, mais il en existe déjà assez pour confirmer l'efficacité et la rentabilité de l'approche participative. Elle suppose une nouvelle organisation du temps, du travail et de la recherche qui accorde une plus grande place à l'interaction directe, en particulier sur le terrain.

En règle générale, les périodes de démarrage exigent une forte concentration de main-d'œuvre, outre beaucoup de temps et d'efforts pour établir des rapports de confiance et de bonnes relations de travail. L'engagement à long terme revêt une importance particulière si l'on veut instaurer une collaboration fructueuse et être en mesure de faire face aux inévitables revers comme une mauvaise récolte due à la sécheresse, par exemple.

La facilitation et le rassemblement sont des rôles nouveaux et importants que les chercheurs sont désormais appelés à jouer. Offrir une formation particulière à ceux qui ne possèdent pas ces compétences est un judicieux investissement. La collaboration entre des gens ayant des bagages différents -- les chercheurs spécialisés dans divers domaines, les agriculteurs et agricultrices, les agents de vulgarisation -- nécessite un équilibre entre une multitude d'idées, d'intérêts, de compétences et de personnalités. D'autre part, la gestion de la planification participative ainsi que la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation des projets exigent que l'on veille à l'établissement d'un climat propice à des interactions et à des communications ouvertes et loyales. L'établissement et la consolidation de l'approche participative doivent être au cœur de ces priorités.

La participation à la sélection végétale est aussi synonyme de changements: dans la façon dont se fait la sélection du germoplasme; dans la conception des parcelles d'essai; dans les lieux d'application des expériences; dans le processus d'évaluation des résultats.

Cette manière d'organiser le temps et le travail est ce qu'il est convenu d'appeler la gestion des processus. Ce mode de gestion prévoit que les efforts prometteurs ou probants seront récompensés par des primes d'encouragement et des rétributions supplémentaires. Les agriculteurs devraient être officiellement reconnus comme «co-auteurs» de nouvelles variétés ou de publications qui attestent les processus et les résultats définitifs. Les phytogénéticiens, pour leur part, devraient être reconnus et récompensés non seulement pour la mise en circulation de nouvelles variétés, mais aussi pour leur contribution au processus donnant lieu à ces nouveaux produits. Les subventions à la recherche devraient être destinées aux propositions qui traitent adéquatement des questions liées à la gestion des processus.

4. Cinq principes à retenir

La phytosélection participative a trois objectifs principaux: accroître la productivité, augmenter la diversité et renforcer l'autonomie des agriculteurs et des autres intervenants. Pour contribuer à la réalisation de ces objectifs, nous devons surveiller comment et dans quelle mesure les méthodes et autres outils de recherche influent sur l'efficacité des travaux et sur la liberté d'action des gestionnaires des ressources locales. Les bonnes pratiques doivent produire des résultats valables et pertinents, susceptibles d'améliorer les conditions locales. La pertinence suppose que ces résultats peuvent être généralisés et qu'on peut en tirer des enseignements applicables ailleurs que sur le site de la recherche.

Les principes sont les suivants:

  • La recherche correspond à un ordre de priorité ou à un programme cohérent, précis et commun aux divers intervenants, et elle contribue à la formation de partenariats.
  • La recherche traite de la dynamique complexe des changements qui s'opèrent dans les processus et systèmes humains
    et des ressources naturelles, et elle tente de mieux faire comprendre ces éléments, en particulier à l'échelle locale.
  • La recherche repose sur plusieurs méthodes et sources d'informations à la fois.
  • La recherche contribue à une planification concertée axée sur le changement social.
  • La recherche est fondée sur l'apprentissage itératif et des boucles de rétroaction, de sorte que l'échange de l'information est constant et bidirectionnel.

5. Déterminer les résultats grâce au suivi et à l'évaluation participative

Tenir compte des besoins et des intérêts des utilisateurs suppose une façon différente de proposer des résultats. Nous ne pouvons plus nous fonder uniquement sur des critères prédéfinis pour des endroits éloignés des champs et de la réalité des agriculteurs. Nous ne pouvons plus accepter uniquement les points de vue et les jugements des chercheurs et des gestionnaires. Il faut mettre au point de nouveaux outils, indicateurs et mécanismes de suivi qui tiennent compte du caractère dynamique, coopératif et plurilatéral de la phytosélection participative.

L'évaluation et la surveillance participative est une approche qui envisage les méthodes de recherche sous un angle nouveau. Elle regroupe les chercheurs et d'autres intervenants -- agriculteurs, représentants du gouvernement et agents de vulgarisation --pour surveiller et évaluer les activités de recherche ou de développement. Cette approche, lorsqu'elle est intégrée au cycle d'un projet, consolide les volets apprentissage et reddition des comptes et accroît l'efficacité du projet, surtout parce que les intervenants se rendent compte que ce n'est pas seulement l'objet de l'évaluation qui importe, mais aussi qui s'en charge. L'évaluation et la surveillance participative permet de mieux comprendre comment sont représentés et négociés les divers intérêts et préoccupations.

En outre, cette approche donne aux chercheurs et au personnel des administrations locales l'occasion de mieux saisir en quoi consistent les besoins et les intérêts des agriculteurs et des agricultrices. En participant plus activement à l'évaluation et à l'analyse des changements, les divers intervenants sont mieux à même de comprendre ce qui se passe effectivement sur le terrain et de tenir compte du point de vue des femmes et des hommes selon les différents groupes d'âge, classes ou origines ethniques. Cette approche incite les gens à exposer leurs succès et à apprendre les uns des autres.

L'évaluation et la surveillance participative fait appel à divers outils, dont des diagrammes de toutes sortes; l'analyse FFPM (forces, faiblesses, possibilités et menaces); des matrices et courbes d'incidences; des groupes de discussions et des formulaires d'autoévaluation.

Les critères et les indicateurs utilisés mesurent les résultats en fonction de leurs effets sur les éléments suivants:

  • amélioration de la production à la ferme (rendement supérieur, augmentation de la valeur culinaire des grains);
  • augmentation de la diversité in situ (augmentation du nombre de variétés par cycle, introduction de variétés résistant à la sécheresse);
  • renforcement des organisations locales de gestion des cultures et de production de semences (les agricultrices se chargent de la production et de la mise en marché des semences, et les agriculteurs organisent les groupes de recherche locaux);
  • sélection plus dynamique et participative (les sélectionneurs professionnels comprennent mieux les critères importants pour les agriculteurs);
  • toujours dans le secteur formel, organisation plus dynamique et intégrée de la sélection végétale et de la production de semences (décentralisation des essais, inclusion de cultivars traditionnels dans les programmes de sélection);
  • renforcement de l'autonomie (les agriculteurs demandent aux phytogénéticiens d'étendre la phytosélection participative à d'autres cultures, des agriculteurs forment d'autres agriculteurs).

6. Créer une nouvelle génération de spécialistes

L'apprentissage par l'action est un bon moyen de créer un vivier de spécialistes chevronnés au sein des organismes publics et privés. Il faut toutefois concevoir, mettre en œuvre et évaluer de nouvelles méthodes d'enseignement et de formation pour élargir ce cercle de spécialistes et accélérer l'adoption de l'approche participative. Les spécialistes des sciences naturelles (phytogénéticiens et agronomes), des sciences sociales (économistes, sociologues et anthropologues) et les avocats doivent étendre le champ de leurs connaissances et parfaire leurs compétences dans plus d'un domaine. Ils doivent apprendre à travailler ensemble et à mieux se compléter. Ils doivent être en mesure d'utiliser les méthodes participatives appropriées. Ils doivent, en outre, pouvoir rassembler divers intervenants et favoriser la collaboration et des communications fluides et suivies.

De brefs cours de formation ou stages peuvent conduire à l'acquisition de nouvelles connaissances et compétences, mais il faudra des changements plus fondamentaux dans les programmes de deuxième et troisième cycles pour former les futurs directeurs de recherche et gestionnaires de politiques.

Le défi

Il faut aussi, dès maintenant, élaborer des mesures de redressement dans ces six domaines afin de mettre à profit ce qui a déjà été accompli, non seulement par le CRDI mais aussi par les organismes ayant les mêmes centres d'intérêt ailleurs dans le monde. Il est cependant déplorable que l'élaboration des politiques soit un processus aussi lent et complexe, dont la nature même le soumet à l'influence des instances locales, nationales ou internationales. Si nous voulons préserver la biodiversité de la planète, nous devons nous donner les moyens de vaincre cette inertie structurelle.

Pour reprendre les termes du Groupe Crucible:

Les décideurs doivent trouver le moyen de stimuler l'innovation aux niveaux communautaire, national et international -- dans les secteurs public et privé, formel et informel. Le défi [...] consiste à trouver des mécanismes équitables permettant à ces diverses formes d'innovation de collaborer pour le bienfait de l'humanité.

-- Un brevet pour la vie, CRDI 1994, p. 47





Éditeur : CRDI

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