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Aida Sullivan

ID : 25775
Ajouté le : 2003-02-03 11:19
Mis à jour le : 2005-03-03 12:24
Refreshed: 2006-01-27 01:22

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Lieux de vie
Lois Sweet








La ville a pris d'abord forme pour héberger un dieu : c'était un endroit où les valeurs éternelles étaient représentées et les possibilités divines révélées. Même si les symboles ont changé, les réalités qui les sous-tendent demeurent.
 Lewis Mumford, la cité à travers l'histoire





À Mexico, lorsqu'ils peignent leur monde, les enfants dessinent un ciel noir. Ce n'est pas une prise de position politique : ils peignent tout simplement ce qu'ils voient. Et ce qu'ils voient, c'est un environnement où règne la pollution atmosphérique. Située dans une cuvette close à plus de 2 000 mètres d'altitude et entourée de montagnes, leur ville est forcée de respirer ses propres émanations. En dépit de variations géographiques, Mexico n'est pas la seule dans cette situation. Entre 1994 et 1996, la Chine a signalé au moins trois millions de morts causées par la pollution atmosphérique en milieu urbain. Avec Mexico, Beijing, Shanghai, Téhéran et Calcutta sont les villes où les enfants sont les plus exposés à la pollution atmosphérique.

En fait, 20 % de la population du monde vit dans des villes où l'air est irrespirable. Si l'on conjugue la pollution atmosphérique aux pénuries d'eau, aux déchets toxiques, au traitement incomplet des eaux usées, à la congestion, à la prolifération des bidonvilles, à la criminalité et à l'aliénation sociale, le pronostic est vraiment sombre étant donné particulièrement que l'urbanisation massive est une des caractéristiques distinctives du nouveau millénaire.

Avec l'arrivée du XXIe siècle, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la moitié de la population du monde, qui compte plus de six milliards d'habitants, se concentrera dans les villes. La façon de satisfaire les besoins urbains en aliments, eau, logement et organisations sociales déterminera non seulement l'évolution de la civilisation humaine, mais l'avenir même de la planète.

Les villes ont toujours été des centres d'énergie, d'idées et de possibilités énormes. Ce n'est pas par accident que le mot latin qui veut dire ville, civitas constitue la racine du mot « civilisation » : les villes ont toujours été les centres culturels qui ont fait progresser la civilisation.

Les types de pressions environnementales et sociales auxquelles font face les villes d'aujourd'hui mettent toutefois leur viabilité même à l'épreuve. Pour survivre, il faut modifier la façon de fournir aliments et eau, d'utiliser les terres, de transporter les personnes et les marchandises et d'éliminer les déchets.

L'ironie, c'est que ça change. Le problème, c'est qu'il s'agit du mauvais type de changement : les villes s'étendent de façon exponentielle. De plus en plus incapables de vivre de la terre et attirés par les emplois urbains et de nouvelles possibilités, des millions de personnes migrent vers les villes.

Cette migration est omniprésente mais particulièrement dans les pays en développement. Selon le Worldwatch Institute, entre 1990 et 1995, 263 millions de personnes sont venues grossir les villes. C'est l'équivalent d'une autre ville comme Los Angeles ou Shanghai qui ferait son apparition tous les trois mois. En 2050, les villes surtout dans les pays les plus pauvres auront absorbé entre deux et quatre milliards d'habitants de plus.

« Il n'existe pas de précédent sur la façon de nourrir, de loger, d'employer et de transporter autant de gens dans une région aussi densément peuplée, dans un contexte de contraintes financières et environnementales aussi rigoureuses, affirme Janice Perlman, présidente du Mega-Cities Project, réseau transnational sans but lucratif d'organismes voués à la solution des problèmes des mégalopoles. Les villes atteignent les limites de leur capacité de soutenir la vie humaine. »

Les problèmes sociaux et environnementaux posés par l'urbanisation massive constituent un défi mondial. L'époque où les problèmes étaient localisés est révolue. Les ressources que les villes utilisent et la pollution qu'elles produisent dépassent de loin leurs propres frontières. Tout le monde est atteint par le fait que les villes minent les systèmes vitaux de la Terre.
Ou, comme le signale Mme Maureen O'Neil, présidente du Centre de recherches pour le développement international du Canada : « Notre village global nous relie de façon tellement intime qu'il n'y a pas seulement les problèmes d'une région qui ont une incidence dans des régions très distinctes et disparates, les solutions aussi. »

Les villes sont capables d'harmoniser leur consommation à des besoins réalistes, de produire un volume plus important de leurs aliments et de leur énergie, et de recycler une grande partie de leurs déchets. Il y a toutefois d'énormes obstacles à surmonter d'abord dont le moindre n'est pas la propagation de la pauvreté urbaine.

Klaus Toepfer, directeur exécutif suppléant du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat) confirme qu'il existe « au moins 600 millions de personnes dans les pays en développement qui vivent dans des logements tellement médiocres et dont les services d'eau, d'égout et de drainage sont tellement inadéquats que leur vie et leur santé sont constamment menacées. »

Les pauvres en milieu urbain sont souvent forcés de vivre dans un environnement toxique. L'eau est mauvaise, les aliments à forte teneur en gras vendus dans la rue sont mauvais pour la santé. Ils vivent entourés de déchets chimiques toxiques. Dans un tel contexte, la maladie et la violence se répandent.

La Banque mondiale estime à environ 25 % les taux de pauvreté en milieu urbain. Or, dans plusieurs des pays les plus pauvres d'Asie et d'Afrique, ces taux dépassent 50 %. Au tournant du siècle, 90 % des pauvres d'Amérique latine vivront dans des villes.

Même si les riches et les pauvres respirent le même air, les pauvres urbains souffrent davantage de la dégradation de l'environnement et du manque d'appui. Les riches, eux, bénéficient le plus des services urbains : eau, égout et protection policière, sans oublier les espaces verts. Ces inégalités aussi flagrantes ne constituent pas seulement une crise morale : elles sont aussi à l'origine de troubles civils et de catastrophes économiques.

Il est évident que même les meilleures politiques d'amélioration de  l'environnement ne donneront pas de résultats si elles ne sont pas reliées à des politiques d'atténuation de la pauvreté.

Comme le dit si bien Alejandro Encinas, du Secrétariat à l'Environnement de Mexico, sous l'administration Cardenas : « L'équité et la solidarité sociales, l'identité culturelle, l'éducation, la création de capacités institutionnelles et la participation de la population sont les facteurs déterminants qui permettent d'instaurer une gestion durable et équitable de l'environnement urbain. » 

Les villes sont de plus en plus définies par le fait qu'elles contiennent deux villes une pour les riches et une autre pour les pauvres ; c'est aussi le cas de la collectivité mondiale. Les citadins des pays industrialisés consomment dix fois plus que leurs voisins du Sud. Ils produisent aussi jusqu'à 100 fois plus de déchets par personne que leurs homologues des pays en développement.

Il est intéressant de noter que d'importants écarts subsistent, même dans le Nord. Le citadin hollandais moyen d'une ville densément peuplée, par exemple, produit dix tonnes de dioxyde de carbone polluant par année. Le Canadien moyen d'une ville peu peuplée en produit deux fois plus.

William Rees, écologiste canadien, aide à établir le contexte. Il présente le concept d'une « empreinte écologique », c'est-à-dire de la surface nécessaire pour nourrir les villes, leur fournir des produits forestiers et réabsorber leurs déchets. Rees calcule que l'Européen moyen occupe un espace écologique d'environ trois hectares. Pour le Nord-américain, la moyenne est de quatre à cinq hectares. Le monde entier ne dispose toutefois que d'un hectare et demi par personne.

« Quel héritage laisserons-nous à nos enfants? » demande Ricardo Villalba, du Mouvement écologique mexicain.

Bonne question qui ne connaît aucune frontière. Dans le Nord plus particulièrement, il existe un mouvement populaire qui vise à créer des villes plus saines, mouvement qui exerce des pressions afin de contrôler plus rigoureusement la pollution, réduire la consommation et favoriser les activités durables comme l'agriculture urbaine.

Dans certaines régions du Sud, on reconnaît de plus en plus la nécessité de nouer des liens de collaboration entre les villes. À l'automne de 1998, par exemple, au cours d'une conférence sur la participation de la population et la gestion de l'environnement, des représentants de dix pays d'Amérique latine et du Canada se sont réunis à Mexico. Les maires, urbanistes, membres d'ONG et politiciens présents ont reconnu que la meilleure façon de régler les problèmes environnementaux consiste à échanger expériences et stratégies.

Dans une déclaration intitulée Participation de la société à la gestion des environnements urbains, ils se sont engagés à faire disparaître la marginalité et la pauvreté « qui font toutes deux partie intégrante du programme écologique ». Ils se sont aussi engagés à sensibiliser la population aux habitudes et aux méthodes respectueuses de l'environnement.

En fin de compte, une fois que l'on a tout dit, il reste que la durabilité urbaine est tributaire de la démocratie urbaine. Si tous les secteurs de la société ne peuvent participer à la définition de la vie et à l'orientation de leur collectivité, la durabilité urbaine demeurera inatteignable.

Et le rêve qui consiste à créer un endroit où « les valeurs éternelles sont représentées et les possibilités divines révélées » disparaîtra à jamais.
 


L'urbanisation et la violence

À l'échelle mondiale, la violence en milieu urbain a augmenté de 4 % par année au cours des deux dernières décennies sans égard à l'âge ou au sexe. La cause de ces phénomènes suscite énormément de recherches et préoccupe beaucoup.

Mitchell J. Rycus, professeur d'urbanisme à l'Université du Michigan, est d'avis qu'un éventail complexe de facteurs a contribué à la montée de la criminalité en milieu urbain. Ces facteurs sont de nature sociale, politique et économique.

« Si les membres d'une minorité ethnique ou raciale sont d'avis qu'ils sont privés de leurs droits et que le crime constitue leur seul espoir de réussite économique, les taux de criminalité seront élevés, affirme-t-il. Si, en outre, ces personnes qui se sentent privées de leurs droits ont accès à des armes, elles commettent des crimes avec violence. La tendance est manifeste à de nombreux endroits du globe. »

Un dirigeant de la Banque mondiale déclarait récemment que dans les pays où le chômage est élevé, « il y a une foule de gens dés_uvrés et des tas d'armes à feu en circulation. Tout ce qu'il faut, c'est un peu d'idéologie pour constituer sa propre armée. »

Thomas Homer-Dixon, directeur du Programme d'études sur la paix et les conflits à l'Université de Toronto, décrit trois types de violence urbaine : la violence politique (dirigée à la fois contre l'État et par l'État contre les protestataires), la violence communale et ethnique et la violence criminelle/anomique. Dans ce dernier cas, il affirme que la montée des taux de criminalité a suivi rapidement l'augmentation du nombre de bidonvilles en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.

« Au début des années 90, par exemple, Rio de Janeiro était au premier rang au Brésil pour les indicateurs urbains négatifs : la plus importante concentration de bidonvilliens (un million de personnes), le taux le plus élevé d'assassinats (un pour 700 habitants par année) et le taux le plus élevé d'enl§vements (quatre par semaine)... Presque le quart des homicides ont été commis chez les jeunes de 10 à 19 ans.

« Dans une telle conjoncture, affirme Homer-Dixon, le crime organisé s'implante facilement. Les trafiquants de drogue établissent des centres de distribution au détail dans les bidonvilles, tandis que les enfants montent la garde et distribuent le produit illicite. Les adolescents et les jeunes adultes de sexe masculin sont recrutés dans des escouades de la mort qui font la guerre à des bandes rivales et aux autorités. »

Autrement dit, dans les sociétés marquées par l'inégalité, la privation, l'itinérance et l'exclusion sociale, un cycle de violence et de criminalité s'installe. Des politiques et des programmes urbains de promotion de l'alphabétisation, de l'emploi et de la justice sociale pourraient non seulement améliorer la vie de l'individu mais aussi protéger peut-être la collectivité contre le crime et la violence.
 


Le CRDI et l'urbanisation

Depuis les années 1970, le CRDI collabore avec des chercheurs d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et des Caraïbes à la solution d'enjeux comme la gestion des déchets, le logement, l'alimentation et la nutrition des population urbaines, la gestion des zones côtières, la prévention des catastrophes, la gestion des eaux souterraines et la gouvernance urbaine.
 

Les projets liés à la santé comportaient notamment :

  • Des recherches réalisées à Sao Paulo (Brésil) sur les causes des affections respiratoires infantiles liées à l'environnement urbain et sur l'élaboration de stratégies de prévention et de traitement de ces maladies;

  • Des études sur la gouvernance des systèmes de gestion des ordures dans plusieurs villes d'Afrique;

  • Dans le cadre d'un projet au Chili, des recherches sur les effets de la pollution atmosphérique sur la santé des enfants;

  • Katmandu, une stratégie écosystémique face à l'échinococcose, maladie causée par un ver plat parasite des chiens et des herbivores, auparavant confinée dans les régions rurales;

  • De nouvelles techniques de prévention des glissements de terrain avec la mise au point, par une équipe d'ingénieurs canadiens et brésiliens, de murs de soutènement construits avec des pneus usagés.


Le CRDI appuie maintenant les recherches sur les problèmes urbains de diverses façons. Un secrétariat sur la gestion de l'environnement facilite le transfert d'information sur la gestion de l'environnement urbain entre les administrations locales, les institutions de recherche et la société civile, pour la région Amérique latine et Caraïbes. Les projets comprennent :

  • le renforcement des capacités des municipalités à concevoir des politiques de gestion des problèmes environnementaux grâce à des partenariats entre municipalités, centres de recherche et acteurs locaux;

  • le soutien d'un réseau rassemblant des villes côtières du Cône Sud soucieuses de revitaliser les zones urbaines dégradées et appauvries;

  • la diffusion auprès des municipalités d'informations sur les enjeux environnementaux et sur les bailleurs de fonds intéressés à l'environnement dans des pays d'Amérique latine.

Une grande importance est accordée au rôle joué par les stratégies écosystémiques dans l'intégration des besoins des êtres humains à la protection de l'environnement. Les projets comprennent des recherches sur :
  • le rôle des décideurs dans la gestion urbaine;

  • la mise en oeuvre d'une stratégie de prévention des maladies d'origine hydrique dans la collectivité urbaine de Santiago de Cuba;

  • l'échange de spécialistes de l'eau entre pays d'Amérique latine.


Un programme en agriculture urbaine appuie :

  • la formation et la recherche sur la gestion de l'agriculture urbaine;

  • la recherche sur les obstacles auxquels font face les agriculteurs urbains ainsi que des activités d'amélioration de la sécurité alimentaire urbaine, des revenus, de la santé publique et de la gestion de l'eau et des déchets; 

  • la recherche en foresterie urbaine, sur le recyclage des déchets solides et liquides, la culture sur les toits, l'élevage, l'horticulture en hauteur, l'agriculture hydroponique et la micro-aquaculture;


D'autres projets financés par le CRDI dans le domaine urbain comprennent :
 

  • la recherche sur des politiques et des stratégies pour les millions d'enfants et d'adultes qui n'ont pas pu bénéficier du système d'éducation et qui se livrent à la prostitution ou mendient pour survivre;

  • l'amélioration des capacités de pays en développement d'entreprendre des réformes efficaces des politiques sociales. Ceci s'effectue à travers l'examen de la nature, des causes et des conséquences des réformes des politiques sociales qui portent sur les risques de violence chez les adolescents dans les grandes agglomérations urbaines;

  • la conception et la mise en oeuvre d'un modèle d'organisation et de financement des soins de santé communautaires dans des régions urbaines de la Chine.



L'agriculture urbaine

Des poulets qui picorent sur le toit de maisons, de la bette à cardes qui pousse dans de vieux pneus placés sur le toit d'immeubles en hauteur, des vignes qui tombent en cascade des balcons, des tiges de maïs qui occupent complètement un minuscule terrain vacant. Voilà qui décrit bien l'agriculture urbaine. On estime que 800 millions de personnes produisent 15 % de l'approvisionnement mondial en denrées alimentaires grâce à l'horticulture et à l'élevage pratiqués en milieu urbain. Ces personnes poursuivent ainsi une tradition probablement aussi ancienne que les villes elles-mêmes.

L'agriculture intensive caractérisait les premières civilisations de Java et de la vallée de l'Indus. Les Aztèques ont créé des terres agricoles artificielles dans ce qui est devenu Mexico en draguant de la boue du fond du lac Texcoco et en l'accumulant le long des rives. Ces champs artificiels, appelés chinampas, ou « jardins flottants », produisaient 45 000 tonnes de maïs par année.

Au XIXe siècle, le sixième de la superficie de Paris était consacré aux jardins urbains engraissés au fumier de cheval produit en ville.

« Le divorce entre l'agriculture, la production alimentaire et nos économies urbaines est un phénomène très récent, affirme Luc Mougeot, spécialiste de programme principal et chef du programme Agriculture urbaine du CRDI. Cette pratique remonte à la Renaissance et s'est propagée aux anciennes colonies d'Europe. Elle n'est en aucune façon universelle. »

L'agriculture urbaine moderne est vitale. Au niveau micro-économique, elle procure aux populations urbaines une meilleure alimentation et un revenu plus élevé, tout en leur permettant d'améliorer l'environnement urbain. _ l'échelle macro-économique, elle valorise des ressources sous-utilisées qu'il s'agisse de main-d'_uvre, d'espace et de terrains, ou de déchets.

L'agriculture urbaine s'attaque en outre aux problèmes des grandes villes. Elle réduit le chômage et la pauvreté et, à cause de la participation des femmes, elle améliore la santé humaine.

De plus, l'agriculture urbaine réduit le coût de la collecte, du traitement et de l'élimination des déchets. Elle a aussi une importance énorme pour l'environnement parce qu'il est possible de transformer des déchets humains en compost, irriguer sans danger de nombreuses cultures avec les eaux usées domestiques et stabiliser le fumier animal par l'aquaculture.

En dépit des avantages, les « urbanoculteurs » ont toutes sortes d'obstacles à surmonter. L'agriculture urbaine ne reçoit aucune aide si elle n'est pas en fait interdite. Les services d'urbanisme se montrent souvent soupçonneux à l'égard de ses techniques, les voisins s'opposent à l'odeur du fumier et il faut soumettre les terrains vacants à des tests de toxicité.

Les femmes ont plus d'obstacles à surmonter. Beaucoup ne peuvent utiliser des terrains disponibles à cause des coûts de transport et du risque que représente leur absence du foyer ou des champs. Sans compter que souvent, le droit coutumier restreint leur accès aux terres.

L'agriculture est quand même plus facile à pratiquer dans les villes situées en dehors de l'Amérique du Nord. Hong Kong, une des villes le plus densément peuplées au monde, produit les deux tiers de la volaille et presque la moitié des légumes qu'elle consomme. Singapour, qui accorde un permis à quelque 10 000 agriculteurs, produit toute sa viande et le quart de ses légumes. Jusqu'à 70 % de la volaille consommée à Kampala est produite dans la ville même.

Quel que soit, toutefois, l'endroit où elle prend place, des précautions sanitaires s'imposent. 
« Les risques pour la santé humaine et l'environnement proviennent de toutes sortes de sources, affirme M. Mougeot. De la manipulation indue des produits agrochimiques jusqu'à l'utilisation, sur des cultures vulnérables, de déchets organiques solides et liquides non triés ou insuffisamment traités, en passant par un choix de cultures et de sites cultivés qui ne tient pas compte de la pollution de l'air, du sol ou de l'eau. »

Ces dangers ne sont toutefois pas insurmontables. M. Mougeot affirme qu'il existe des méthodes de traitement simples et peu coûteuses qui permettent de satisfaire aux normes épidémiologiques et microbiologiques lorsqu'on veut utiliser des eaux usées en agriculture. Une meilleure éducation peut permettre de traiter d'autres risques pour la santé.

L' « urbanoculture » n'est pas seulement florissante. Il y a aussi des expériences très intéressantes en cours :

  • L'Argentine a mis au point un système de jardins communautaires sur les terres publiques;

  • À Tacna (Pérou), les agriculteurs utilisent des eaux usées traitées à condition d'entretenir des zones vertes pour le public;

  • À Saint-Domingue, un centre pour personnes handicapées utilise l'agriculture urbaine comme moyen d'intégrer ses clients à la société.

  • À Fortaleza (Brésil), les enfants prennent eux-mêmes en charge l'entretien d'un orphelinat en cultivant les aliments qu'ils mangent et en vendant leur surplus. Ils créent aussi une pharmacie « vivante » où l'on cultive des plantes médicinales.


L'agriculture urbaine moderne est vitale. Au niveau micro-économique, elle procure aux populations urbaines une meilleure alimentation et un revenu plus élevé, tout en leur permettant d'améliorer l'environnement urbain.
 


Action 21

C'est au cours de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, tenue à Stockholm en 1972, que les problèmes environnementaux mondiaux ont fait irruption sur la scèane internationale. Malgré le caractère général des discussions, le ton était manifestement donné puisque, peu après, les experts du Club de Rome alertaient le monde sur les « limites de la croissance ».

Selon ce cadre théorique, l'explosion de la croissance et de la consommation impose à la nature un fardeau impossible à supporter et rend indispensable l'application du principe de « durabilité » à toute l'activité humaine. Dans cette perspective, des questions comme la protection des espèces, la destruction de la couche d'ozone et le réchauffement de la planète s'imposent à l'attention.

En 1992, Rio de Janeiro accueillait la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement. Là encore, le concept du développement durable a été mis en évidence, notamment avec l'adoption d'Action 21. Ce plan stratégique indique ce que les gouvernements peuvent faire sur le plan national et international pour instaurer le développement durable ainsi que les modes d'intervention préconisés en milieu urbain.

La participation de la population à l'élaboration des politiques locales sur l'environnement revêt une importance capitale. Parmi les projets couronnés de succès dont il est fait état, citons les suivants : 

  • Le « budget participatif » à Porto Alegre (Brésil). Dans une série de réunions publiques, la population examine les dépenses antérieures, s'entend sur les priorités courantes et affecte des fonds à de nouveaux projets avant de transmettre le budget au Conseil exécutif, (c'est sur ce modèle que sont affectées de 15 % à 25 % des sommes inscrites au budget annuel de la ville);

  • Le Conseil populaire de Naga City aux Philippines (qui fait contrepoids au conseil municipal) collabore de près avec l'administration locale pour concevoir, mettre en oeuvre et évaluer le programme d'aménagement urbain. Grâce à ces efforts, la dépollution de la rivière Naga est en cours, des politiques de gestion des déchets solides sont mises en oeuvre et l'hôpital de la ville a trouvé un souffle nouveau.


Interventions préconisées par Action 21 en faveur du développement urbain durable  

  • Un logement adéquat pour tous;

  • Une meilleure gestion des établissements humains;

  • Une planification et une gestion durables des ressources financières;

  • Une infrastructure environnementale intégrée : eau, assainissement, drainage et gestion des déchets dangereux et solides;

  • Une politique viable de l'énergie et des transports au service des établissements humains;

  • La promotion de la planification et de la gestion des établissements humains dans les zones sujettes à des catastrophes;

  • La promotion d'une production durable de l'industrie de la construction;

  • La promotion de la valorisation des ressources humaines et de la mise en place de moyens de développement des établissements humains;

  • Un « Dialogue » entre les autorités, la population, les organisations citoyennes et l'entreprises privée, et l'adoption d'un programme Action 21 sur la scène locale.


Faits saillants
 

  • En 1900, 160 millions de personnes (le dixième de la population mondiale) vivaient dans des villes. En 2006, la moitié de la population du monde (3,2 milliards de personnes) sera concentrée dans des villes;

  • En Asie, le tiers de la population vit dans des villes;

  • En 2015, 27 mégapoles compteront plus de 10 millions d'habitants dont 22 se trouveront dans des pays en développement;

  • Les villes surtout dans les pays les plus pauvres devront absorber de deux à quatre milliards de personnes de plus d'ici 2050;

  • Les villes consomment 75 % des ressources et produisent la majeure partie des déchets du monde;

  • Entre la moitié et le tiers des ordures urbaines n'est pas ramassé dans les régions en développement;

  • Vingt-cinq pour cent de la population des villes vit dans la pauvreté;

  • En Asie, en Afrique et en Amérique latine, les taux de pauvreté en milieu urbain dépassent 50 %;

  • En Amérique latine, 90 % des pauvres vivront bientôt dans des agglomérations urbaines;

  • En 2025, six enfants sur dix dans les pays en développement vivront dans des villes et plus de la moitié d'entre eux seront pauvres;

  • Dans les villes du monde en développement, 220 millions de personnes n'ont pas d'eau potable, 420 millions n'ont pas accès à des installations sanitaires de base, 600 millions ont un logement insalubre (dont 100 millions sont absolument sans abri) et 1,1 milliard sont victimes de taux de pollution atmosphérique nocifs pour la santé;

  • Le cinquième de la population mondiale vit dans des villes où l'air est dangereux pour la santé;

  • 800 millions d'agriculteurs urbains produisent 15 % de l'approvisionnement mondial en aliments;

  • Les agriculteurs urbains des 18 villes les plus importantes de la Chine répondent à plus de 90 % de la demande en légumes dans leur ville et à plus de la moitié de la demande en viande et en volaille;

  • La violence urbaine a augmenté de 4 % par année au cours des deux dernières décennies;

  • Les crimes avec violence représentent de 25 % à 30 % des délits commis dans les villes des pays en développement;

  • La population du Nord consomme 10 fois plus par habitant que celle du Sud;

  • Les habitants des villes des pays industrialisés produisent jusqu'à 100 fois plus de déchets par personne que ceux des pays en développement;

  • Si l'on répondait aux besoins de toute la population du monde de la même façon qu'à ceux de la population de Londres, il faudrait trois Terres de plus.



Ressources

Général

Centre de recherches pour le développement international
network.idrc.ca

Programmes des Nations Unies
Centre des Nations Unies pour les 
établissements humains (Habitat)
http://habitat.unchs.org/

Projet pour la viabilité des villes
http://www.unchs.org/scp/

Les Meilleures Pratiques pour l'amélioration
du cadre de vie
http://www.sustainabledevelopment.org/blp/awards/french.html

Urbanisation et recherche urbaine dans le monde arabe
http://www.unesco.org/most/kharoufi.htm

INRS-Urbanisation
http://www.inrs-urb.uquebec.ca/

ENDA - Programme d'Economie Environnementale Urbaine et Populaire
http://www.globenet.org/preceup/fr/index.html

Worldwatch Institute
http://www.worldwatch.org/

Mega-cities Project
http://www.megacities.org

Conseil international pour les Initiatives
Écologiques Communales
http://www.iclei.org

Programme d'appui aux initiatives locales de développement en milieu urbain LIFE/ILMU
http://www.enda.sn/ecopop/

Programme Villes-santé/
Centre pour la santé urbaine de l'OMS
http://www.who.dk/healthy-cities

Food First
http://www.foodfirst.org/

Action globale
http://www.globalaction.org/

City Farmer
http://www.cityfarmer.org

Centre des établissements humains
http://www.interchange.ubc.ca/chs/

Table ronde nationale sur l'environnement 
et l'économie
http://www.nrtee-trnee.ca/

Réseau de l'agriculture urbaine
courriel : urbanag@compuserve.com
 

Ouvrages, rapports et publications

Habitat et environnement urbain au Viet Nam : Hanoi et Hô Chi Minh-Ville 
Parenteau, R. (dir.), CRDI et Éditions Karthala, 1997

Women and Survival in Mexican Cities
Sylvia Chant, Manchester University Press (Manchester and New York) 1991

The Gaia Atlas of Cities: New Directions for Sustainable Urban Living
Herbert Girardet, Gaia Books (London) 1996

Environment, Scarcity, and Violence
Thomas F. Homer-Dixon, Princeton University Press (Princeton) 1999

Faire campagne en ville : L'agriculture urbaine en Afrique de l'Est
Egziabher, A.G.; Lee-Smith, D.; Maxwell, D.G.; Memon, P.A.; Mougeot, L.; Sawio, C.J., CRDI, 1994

Agriculture urbaine en Afrique de l'Ouest : Une contribution à la sécurité alimentaire et à l'assainissement des villes
Ola B. Smith (éditeur), CRDI et Centre technique de coopération agricole et rurale, 1999

For hunger-proof cities: Sustainable urban food systems 
Koc, M.; MacRae, R.; Mougeot, L.J.A.; Welsh, J., CRDI, 1999

Villes assoiffées : L'approvisionnement en eau dans les villes d'Amérique latine 
Danilo Anton, CRDI, 1995

Managing the monster: Urban waste and governance in Africa 
Onibokun, A.G., CRDI, 1999

Reinventing Cities for People and the Planet
Molly O'Meara, Worldwatch Paper 147, juin 1999

Endangered Mexico: An Environment on the Edge
Joel Simon, Sierra Club Books (San Francisco) 1997

Basic Facts on Urbanization
Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), (Nairobi), mai 1999

Cultivating Peace Conflict and Collaboration in Natural Resource Management
edited by Daniel Buckles, IDRC/World Bank 1999  Version française en production.

Qui sommes-nous ?

Qu'est-ce que le CRDI

Le CRDI collabore avec des chercheurs des pays en développement pour les aider à trouver des solutions pratiques et durables aux problèmes sociaux, économiques et environnementaux auxquels ils font face. L'objectif du CRDI est d'aider à la création d'une capacité de recherche nationale, indispensable pour la conception des politiques et des techniques qui permettront de construire des sociétés plus équitables, plus prospères et en meilleure santé. 

Le CRDI a été créé en 1970 par une Loi du Parlement du Canada.

Les Flashs du CRDI 

Ce Flash du CRDI fait partie d'une série de documents d'information sur des sujets d'intérêt mondial et portant plus particulièrement sur l'interdépendance entre le Nord et le Sud. Les Flashs du CRDI démontrent aussi le lien qui existe entre le CRDI et ses partenaires dans le cadre de thèmes de portée générale importants.


Pour plus d'information : 
Diane Hardy, 
Responsable des relations avec les médias 
CRDI, Ottawa 
tél. : 613-236-6163, poste 2570 
courriel : dhardy@idrc.ca

Comité de rédaction : 
Jean-Marc Fleury et Lois Sweet 
Contact pour les médias : Diane Hardy
 

Le contenu des Flashs du CRDI ne reflète pas nécessairement les politiques ou les positions du Centre de recherches pour le développement international. 
 
 





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