Les revendications globales (traités modernes) au canada
Mars 1996
Historique des revendications globales
La Cour suprême du
Canada a reconnu pour la première fois en 1973 les droits fonciers découlant
des droits ancestraux. Ces derniers sont fondés sur l'utilisation et l'occupation
traditionnelles d'une terre par un groupe autochtone. On négocie des revendications
globales pour les territoires où on n'a pas réglé la question des droits
ancestraux par un traité ou par d'autres moyens légaux.
Dans l'affaire
Calder en 1973, les Nisga'a de la Colombie-Britannique soutenaient
qu'ils possédaient toujours des droits ancestraux sur leur territoire
traditionnel. Bien que la cause ait été rejetée sur un point de droit,
elle a amené le gouvernement fédéral à annoncer qu'il était prêt à négocier
les revendications territoriales en suspens, à condition qu'elles soient
fondées sur des droits ancestraux.
Au milieu des années
1970, les Cris de la baie James ont eu recours aux tribunaux pour empêcher
la réalisation d'un projet d'hydro-électricité à la baie James. Les Cris
prétendaient avoir des droits sur la terre qu'on prévoyait inonder dans
le cadre du projet et ils faisaient valoir que le projet menaçait leur
mode de vie traditionnel, parce que sa réalisation causerait des dommages
à l'environnement. Après que la Cour supérieure du Québec ait rendu sa
décision en faveur des Cris, les gouvernements du Canada et du Québec
ont entrepris de négocier une revendication globale avec les Cris et les
Inuit.
En 1986, le gouvernement
fédéral a annoncé sa nouvelle politique des revendications globales en
réponse aux préoccupations exprimées par les groupes autochtones. L'un
des obstacles ayant depuis toujours entravé le processus de conclusion
de traités a été que le gouvernement fédéral n'était disposé à négocier
des traités que si les Autochtones acceptaient l'extinction de leurs droits
et titres ancestraux. La nouvelle politique des revendications avait l'avantage
de prévoir des solutions autres que l'extinction globale des droits. Elle
élargissait également la portée des négociations sur les revendications
globales en incluant l'exploitation de la faune marine, le partage des
recettes de l'exploitation des ressources, la participation des Autochtones
aux décisions touchant l'environnement et la promesse de négocier l'autonomie
gouvernementale.
Qu'est-ce qu'une
revendication globale?
On négocie des ententes
de règlement de revendications globales afin de définir les droits des
groupes autochtones sur les terres et les ressources, de manière à stimuler
la croissance économique et l'autosuffisance de ces groupes. Les ententes
de règlement visent à reconnaître les droits des groupes autochtones en
matière de gestion des ressources et de protection de l'environnement
et à faire en sorte que les requérants récoltent une part des bénéfices
liés au développement.
À cette fin, les
ententes de règlement définissent un large éventail de droits et d'avantages
accordés aux groupes requérants, qui comprennent habituellement l'entière
propriété de certaines terres dans le territoire visé par l'entente, des
droits garantis de récolte de la faune, le droit garanti de participer
à la gestion des terres, des eaux, de la faune et de l'environnement dans
le territoire visé par l'entente, une indemnité en argent, une part des
recettes de l'exploitation des ressources, des mesures bien précises pour
stimuler le développement économique et un rôle dans la gestion des richesses
du patrimoine et des parcs situés dans le territoire visé par l'entente.
Les étapes du processus
de règlement des revendications globales
Le processus débute
lorsqu'un groupe autochtone présente sa déclaration avec pièces justificatives
à l'appui, et que le gouvernement fédéral accepte la revendication. Le
Canada reçoit la revendication lorsqu'il est confirmé que le groupe requérant:
est, ou a été un
groupe organisé;
occupe le territoire
sur lequel des droits sont revendiqués depuis des temps immémoriaux;
l'utilisation et l'occupation du territoire à des fins traditionnelles
doivent avoir été vues comme un fait établi au moment de la déclaration
de souveraineté faite par les Européens;
a été pratiquement
le seul groupe organisé à occuper le territoire;
est en mesure de
prouver l'utilisation et l'occupation ininterrompues du territoire à
des fins traditionnelles;
n'a jamais conclu
de traité touchant ses droits ancestraux sur les ressources;
n'a jamais perdu
ses droits ancestraux en vertu d'un autre moyen légal.
Une fois que toutes
les parties ont approuvé les conditions de l'entente définitive, une loi
fédérale de mise en oeuvre fait entrer cette entente en vigueur. Les droits
accordés au groupe autochtone par les gouvernements fédéral et provincial
ou territorial reçoivent la protection de la Constitution et le groupe
autochtone doit donner son consentement pour qu'ils soient modifiés.
Les sujets sont si
complexes et si vastes que les négociations peuvent durer de nombreuses
années. Les groupes autochtones peuvent obtenir des prêts auprès du gouvernement,
afin de retenir les services d'employés des catégories professionnelle
ou technique, qui les aideront à préparer et à négocier leurs revendications.
Ces prêts sont sans intérêt avant la conclusion de l'entente de principe
et ils sont remboursables une fois l'entente définitive conclue.
Les participants
aux négociations
Trois parties négocient
les revendications globales : le gouvernement fédéral, le gouvernement
provincial ou territorial et le groupe autochtone. Le gouvernement provincial
doit participer parce que la plupart des terres et des ressources visées
dans le règlement relèvent de sa compétence. Bien que les terres et les
ressources relèvent du gouvernement fédéral au Yukon et dans les Territoires
du Nord-Ouest, les gouvernements territoriaux participent pleinement aux
négociations et à l'application de la politique des revendications territoriales.
Les ententes sur
l'autonomie gouvernementale peuvent être négociées en même temps que les
revendications territoriales, conformément à la politique fédérale sur
la mise en oeuvre du droit inhérent.
Les intérêts du public
et des tierces parties sont respectés dans les négociations et, dans les
cas où ils sont touchés, ils sont traités équitablement. Les négociateurs
fédéraux doivent demeurer en liaison avec les tiers dont les intérêts
sont directement touchés par les sujets des négociations.
Les revendications
en Colombie-Britannique
Comme la plupart
des Premières nations en Colombie-Britannique n'ont jamais signé de traités,
la majeure partie de la province demeure visée par des revendications
territoriales en suspens. À partir de la fin du XIXe siècle, le gouvernement
de la Colombie-Britannique a nié la validité des revendications en prétendant
que les droits ou titres ancestraux avaient été éteints bien avant que
la province ne soit intégrée au Canada. Il estimait en outre que dans
l'éventualité où une revendication serait reconnue fondée, son règlement
incomberait exclusivement au gouvernement fédéral. Le gouvernement de
la Colombie-Britannique s'est toutefois ravisé en 1990.
En 1993, le Canada,
la Colombie-Britannique et les Premières nations de cette province ont
formé la Commission des traités de la Colombie-Britannique (CTCB) pour
faciliter la négociation des traités. La Commission a pour principales
fonctions d'évaluer la mesure dans laquelle les parties (le Canada, la
Colombie-Britannique et les Premières nations) sont prêtes à entreprendre
les négociations, d'attribuer des fonds pour les négociations aux groupes
autochtones, d'aider à obtenir les services nécessaires pour régler les
différends, sur demande, et de surveiller les négociations et de préparer
un rapport à leur sujet.
La Commission a jusqu'à
maintenant accepté 48 déclarations d'intention de négocier de la part
de 70 p. 100 des Premières nations de la Colombie-Britannique. La Commission
en est à déterminer dans quelle mesure toutes les parties sont prêtes
à négocier. Elle a jusqu'à maintenant déclaré les parties prêtes à négocier
pour 30 revendications. Les négociateurs chargés des revendications des
Premières nations de Gitanyow, de Champagne et d'Aishihik, de Sechelt,
des Gitxsan, des Wet'suwet'en, des Ditidaht, des Tlingit de Teslin
et des Kaska Dena ont signé des ententes-cadres.
La description des
revendications globales
Dix ententes de règlement
de revendications globales ont été conclues depuis l'annonce de la politique
des revendications par le gouvernement fédéral en 1973.
La Convention
de la baie James et du Nord québécois (CBJNQ), signée en 1975, est
la première entente sur une revendication globale qui ait été conclue;
sa signature a été suivie de celle de la Convention du Nord-Est québécois
(CNEQ) en 1978. Au total, ces conventions ont accordé aux 19 000 Cris,
Inuit et Naskapis du Nord québécois plus de 230 millions de dollars
en indemnités, les droits de propriété sur 14 000 kilomètres carrés
de territoire et des droits exclusifs de chasse et de piégeage sur un
autre territoire de 150 000 kilomètres carrés.
La Convention
définitive des Inuvialuit, qui vise 2 500 Inuvialuit dans l'Arctique
de l'Ouest, a été signée en 1984. La Convention leur attribue 91 000
kilomètres carrés de terres, 45 millions de dollars qui auront été versés
au cours d'une période de 13 ans, des droits garantis de chasse et de
piégeage, le droit de participer de façon égale à la gestion de la faune,
de la préservation et de l'environnement, un fonds de développement
économique de 10 millions de dollars et un fonds de développement social
de 7,5 millions de dollars.
L'Entente sur
la revendication territoriale globale des Gwich'in, signée en 1992,
attribue aux Gwich'in environ 24 000 kilomètres carrés de terres dans
la partie nord-ouest des Territoires du Nord-Ouest et 1 554 kilomètres
carrés de terres au Yukon. Les Gwich'in recevront, en outre, un montant
non imposable de 75 millions de dollars dont le versement sera réparti
sur une période de 15 ans, une part des redevances sur les ressources
dans la vallée du Mackenzie, des droits sur l'exploitation du sous-sol,
des droits de chasse et le droit de participer davantage à la gestion
de la faune, des terres et de l'environnement.
L'Accord sur
les revendications territoriales du Nunavut, conclu en 1993 avec
la Fédération Tungavik du Nunavut, porte sur la revendication territoriale
visant le territoire le plus vaste au Canada. Cet accord attribue à
quelque 17 500 Inuit de l'Arctique de l'Est 350 000 kilomètres carrés
de terres, une indemnité en argent de 1,17 milliard de dollars à verser
sur une période de 14 ans, une part des redevances sur les ressources,
des droits de chasse et le droit de participer davantage à la gestion
des terres et de l'environnement. L'Accord définitif engage le gouvernement
fédéral à diviser les Territoires du Nord-Ouest et à créer le nouveau
territoire du Nunavut d'ici 1999.
L'accord-cadre
définitif avec le Conseil des Indiens du Yukon, qui représente
14 Premières nations du Yukon, a été signé avec le gouvernement du Canada
et le gouvernement territorial du Yukon en 1993. Cet accord-cadre prescrit
les conditions pour le règlement définitif des revendications territoriales
au Yukon. On a également conclu des ententes définitives avec quatre
Premières nations, soit celle des Gwitch'in Vuntut, celle de Champagne
et d'Aishihik, celle des Tlingit de Teslin et celle des Na-cho Ny'a'k
Dun. Ces ententes attribuent aux quatre Premières nations du Yukon la
somme de 79 895 515 $, des terres d'une superficie de 17 235 kilomètres
carrés, et le droit de faire partie des comités et des conseils chargés
de gérer la faune ainsi que des autres organismes du même genre. Outre
les ententes sur leurs revendications globales, les quatre Premières
nations ont aussi négocié des ententes sur l'autonomie gouvernementale,
qui leur confèrent davantage de pouvoirs sur l'utilisation des terres
dans le territoire visé par l'entente de règlement et des pouvoirs plus
grands dans des domaines comme la langue, les soins de santé, les services
sociaux et l'éducation.
L'Entente sur
la revendication territoriale globale des Dénés et Métis du Sahtu
est entrée en vigueur en 1994. Elle a attribué aux Dénés et Métis du
Sahtu 41 437 kilomètres carrés de terres (dont 1 813 kilomètres carrés
comprenant les droits miniers), une part des redevances sur les ressources
dans la vallée du Mackenzie, des droits garantis d'exploitation de la
faune, le droit de faire partie des organismes chargés de prendre les
décisions concernant les ressources renouvelables, l'aménagement du
territoire, les évaluations et l'examen des répercussions environnementales
et la réglementation des terres et des eaux, de même qu'une indemnité
de 75 millions de dollars qui seront versés sur une période de 15 ans.
L'Entente de
principe des Nisga'a, paraphée le 15 février 1996, prévoit une indemnité
en argent de 190 millions de dollars et la constitution d'un gouvernement
central nisga'a qui exercera des droits de propriété et assurera l'autonomie
gouvernementale sur un territoire couvrant plus de 1 900 kilomètres
carrés dans la vallée de la rivière Nass. Elle accorde également aux
Nisga'a la propriété des ressources en surface et dans le sous-sol des
terres qui leur sont attribuées, de même que des droits sur les stocks
de poisson de la rivière Nass et sur la faune.
Cette publication
fait partie d'une série de feuillets d'information produits par la Direction
générale des communications du ministère des Affaires indiennes et du
Nord canadien. Pour obtenir des feuillets d'information sur d'autres sujets,
veuillez vous adresser au :
Ministère des Affaires
indiennes
et du Nord canadien
Kiosque de renseignements
Ottawa (Ontario)
K1A 0H4
Téléphone : (819) 997-0380
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