TRAITÉ N° 10
ET
RAPPORTS DES COMMISSAIRES
Extraits des Documents de la Session de 1909 et documents
connexes
©Ministre des Approvisionnements et Services Canada 1981
N° de cat. R33-10/1981F
ISBN 0-662-91357-4
DÉCRET DU CONSEIL ÉTABLISSANT LA
COMMISSION CHARGÉE DE CONCLURE
LE TRAITÉ N° 10
C.P. No 1459
(Traduction)
Dans un rapport du
surintendant général des Affaires indiennes en date du 12 juillet 1906
signalant que les droits des autochtones n'ont pas encore été abolis dans
la plus grande partie du territoire de la province de la Saskatchewan
s'étendant au nord du 54e parallèle et dans une zone adjacente peu étendue
située en Alberta; que les Indiens et les Métis de ce territoire se trouvent
dans la même situation que ceux dont le territoire est situé immédiatement
au sud et à l'ouest et dont les droits ont déjà été abolis, dans le cas
des Indiens, par l'octroi d'une indemnité définitive et de versements
annuels et la mise de côté de terres de réserve et, dans le cas des Métis,
par l'octroi de titres, et que, de temps à autre, les autochtones susmentionnés
ont fait des pressions pour obtenir un règlement analogue; qu'il est dans
l'intérêt public de libérer de toute revendication autochtone l'ensemble
du territoire compris dans les limites des provinces de la Saskatchewan
et de l'Alberta; et qu'on a estimé à $12 000 la somme nécessaire pour
conclure un traité avec les Indiens, régler les revendications des Métis
et verser aux Indiens les indemnités habituelles.
Le Ministre fait
donc les recommandations suivantes:
- Qu'un traité soit
conclu avec les Indiens de la région, susmentionnée située à la fois
dans les provinces de la Saskatchewan et de l'Alberta, à l'est du territoire
visé par le traité n° 8 et au nord des territoires visés par les traités
nos 5 et 6 et du secteur ajouté au territoire visé par le traité n°
6, région qui renferme approximativement 85 000 milles carrés, ledit
traité devant comporter les mesures suivantes:
- mettre de côté
des terres de réserve en prévoyant une superficie d'un mille carré
pour chacune des familles de cinq personnes qui choisiront d'habiter
dans une réserve, ou dans les mêmes proportions pour les familles
dont l'importance est supérieure ou inférieure à ce nombre, ainsi
que d'autres terres d'une superficie de cent soixante acres chacune
pour les familles ou les particuliers indiens qui préfèrent s'établir
ailleurs que dans des réserves, à la condition que ces terres ne
puissent être aliénées sans le consentement du gouverneur en conseil;
- verser en espèces,
au moment de la signature du traité, $32 à chaque chef, $22 à chaque
dirigeant et $12 à tout autre Indien, sans considération d'âge,
et par la suite, un montant annuel de $25 à chaque chef, de $15
à chaque dirigeant et de $5 à tout autre Indien, quel que soit son
âge;
- prendre, chaque
fois qu'il le faudra, les mesures nécessaires pour assurer l'éducation
des enfants indiens; et
- fournir aux
Indiens l'assistance nécessaire ou souhaitable pour les aider à
s'adonner à l'agriculture, à l'élevage ou à d'autres travaux.
- Qu'on accorde aux
Métis habitant le territoire susmentionné un titre remboursable de $240
pour l'achat d'une terre du Dominion ou un titre à une terre particulière
de ce même Dominion, d'une superficie de 240 acres, selon les modalités
et les règles régissant l'octroi de titre aux Métis sur le territoire
visé par le traité n° 8, qui sont les suivantes:
- Qu'on accorde
à chaque Métis qui habite le territoire visé par le traité proposé
au moment de sa signature, et dont les droits n'ont pas été abolis
par l'octroi d'un titre à ce dernier ou à ses parents ou par quelque
autre moyen, un titre à une terre ou un titre en argent, tel qu'il
est décrit plus haut selon ce que lui-même ou un de ses parents
ou son tuteur, s'il a moins de 18 ans, en aura décidé;
- Que l'abolition
du droit d'un parent n'empêche pas un Métis qui réside sur le territoire
au moment de la signature du traité d'obtenir un titre;
- Que lorsque
les droits de Métis habitant ledit territoire ont déjà été abolis,
on considère ceux de leurs enfants nés sur ce territoire ou dans
toute partie de la région cédée du Nord-Ouest située à l'extérieur
des anciennes limites du Manitoba entre le 15 juillet 1870 et la
fin de 1885 comme ayant droit à un titre, s'ils n'ent ont pas déjà
obtenu un, vu que ce droit leur aurait été reconnu s'ils avaient
présenté une revendication en ce sens à la commission établie à
cette fin;
- Que les certificats
de titre destinés aux Métis de moins de 18 ans soient délivrés au
père s'il est vivant ou, dans le cas contraire, à la mère ou au
tuteur de l'intéressé.
Le Ministre recommande
en outre que James Andrew Joseph McKenna, de la ville de Winnipeg, dans
la province du Manitoba, soit nommé commissaire et chargé de conclure
le traité proposé avec les Indiens du territoire décrit ci-dessus et d'entendre
les revendications des Métis qui y sont établis, de se prononcer sur ces
dernières et d'accorder un titre, de la manière indiquée plus haut, à
ceux d'entre eux qu'il considère y avoir droit; M. McKenna recevra en
sus de son traitement habituel un supplément de rémunération de $5 par
jour.
Le Comité soumet
donc les recommandations ci-dessus aux fins d'approbation.
WILFRID
LAURIER
RATIFICATION DU TRAITÉ N°
10
C.P. N° 2490
(Traduction)
Dans un mémoire du
surintendant général des Affaires indiennes en date du 7 novembre 1907
soumettant à l'examen de Votre Excellence le traité n° 10 conclu en 1906
par Monsieur le commissaire James Andrew Joseph McKenna, nommé pour négocier
ledit traité avec les Chipewyans, les Cris et les autres habitants de
la région située à la fois dans la province de la Saskatchewan et dans
la province de l'Alberta, à l'est du territoire visé par le traité n°
8 et au nord des territoires visés par les traités nos 5 et 6 et du secteur
ajouté au territoire visé par le traité n° 6, région décrite dans ledit
traité.
Le Ministre soumet
en outre les adhésions audit traité obtenues par Monsieur Thomas Alexander
Borthwick, nommé commissaire à cette fin pendant l'été de 1907, qui ont
été signées par les Indiens des tribus susmentionnés n'ayant pas pu rencontrer
auparavant le commissaire McKenna.
Le Ministre recommande
que ledit traité et les adhésions à ce dernier soient approuvés par Votre
Excellence en conseil, qu'on retourne l'original du traité et des adhésions
au département des Affaires indiennes et qu'on conserve une copie de ces
documents aux archives du Bureau du Conseil privé.
Le Comité soumet
donc les recommandations ci-dessus aux fins d'approbation.
WILFRID
LAURIER
RAPPORT DU
PREMIER COMMISSAIRE POUR LE TRAITÉ No. 10
Ottawa,
18 janvier 1907.
A l'honorable Frank
Oliver,
Surintendant
général des Affaires des sauvages,
Ottawa.
MONSIEUR LE MINISTRE
--- J'ai l'honneur de vous adresser ci-inclus le traité que, en vertu
de la commission qui m'a été adressée le 20 juillet 1906, j'ai conclu
avec les sauvages Chippewas de la rivière aux Anglais et du Lac-Clair
ainsi qu'avec les Cris du Lac-au-Canot dans la partie nord de la Saskatchewan.
Les mesures que j'ai
prises pour rencontrer les sauvages, ce dont ils étaient avisés, ont arrangé
que la première réunion devait être au Portage-la-Loche le 3 septembre,
mais un temps défavorable et l'acte des sauvages eux-mêmes ont rendu impossible
l'accomplissement de mon programme.
En atteignant l'Île-à-la-Crosse
le 26 août en route pour le Portage-la-Loche, j'ai trouvé que tous les
Chippewas de la rivière aux Anglais, et environ dix familles du Lac-Clair
y étaient réunis, attendant la commission, que l'on annonçait comme devant
être à cet endroit le 13 septembre. Ces sauvages insistaient fortement
pour que l'on traitât avec eux sans retard, pour le motif qu'ils étaient
réunis à cet endroit depuis plusieurs jours, que leurs provisions diminuaient,
qu'il était nécessaire pour eux de retourner à leurs champs de chasse
sans plus de délai, qu'ils étaient venus de loin, et qu'ils auraient à
faire un long voyage avant d'atteindre leurs quartiers d'hiver.
J'ai résolu d'acquiescer
à leur demande, et je les ai rencontrés le 28 août.
Il a semblé pendant
quelque temps qu'il y aurait beaucoup de difficultés à effectuer un règlement
sur les lignes du traité, car il était évident d'après le sens de la conversation
des chefs des sauvages qu'il y avait eu à l'oeuvre une influence qui tendait
à leur faire considérer le traité comme un moyen de les réduire en esclavage.
J'ai pu désabuser leurs esprits de cette pensée absurde, et leur démontrer
clairement que le but du gouvernement était tout simplement de faire pour
eux ce qu'il avait fait pour les sauvages avoisinants quant à l'avancement
du commerce ou de la civilisation eut commencé à gêner le libre exercice
de leurs droits et privilèges aborigènes de chasseurs.
A la fin du jour
le traité était signé et les sommes déterminées pour annuités ou gratifications
avaient été versées.
Le chef de la bande
du Lac-Clair, qui était autorisé à parler pour ses gens, a demandé que
le reste de la bande fût payé à Buffalo-Narrows où il se réunirait pour
me rencontrer à mon retour du Portage-la-Loche.
Après avoir traité
avec ces sauvages, j'ai quitté l'Île à la Crosse le 30 août pour le Portage-la-Loche,
où j'étais attendu le 3 septembre; mais, pour les raisons données plus
haut, je n'ai pu y arriver que le 5.
Les gens qui se trouvaient
à cet endroit étaient tous des métis, et ont été traités comme tels.
Le 8 du même mois,
je suis parti pour la mission de la Loche, de l'autre côté du lac de ce
nom, à une distance de neuf milles, où il a fallu rencontrer d'autres
métis avec lesquels on a dû traiter. Il y avait à cet endroit trois vieilles
femmes Chippewas qui désiraient être attachées à la bande du Lac-Clair,
et je les ai enregistrées comme membres et leur ai payé l'indemnité du
traité.
Après avoir terminé
mon travail à la mission de la Loche le 11, je suis parti pour m'en revenir
à l'Île à la Crosse, et je suis arrivé à Buffalo-Narrows le soir du 16.
Le Chef de la bande du Lac-Clair et ceux de ses gens qui n'avaient pas
encore été payés d'indemnité s'y trouvaient réunis. Je les ai rencontrés
le lendemain; je les ai trouvés satisfaits de ce que leur chef avait fait
en devenant partie au traité, et je leur ai payé la gratification et l'annuité.
Le nombre des sauvages
payés à cet endroit, y compris trois membres de la bande à Bull's-House,
a été 110 sauvages, à $12, $1,320.
A la demande du chef,
la nomination des sous-chefs a été remise jusqu'au prochain versement
en vertu du traité, attendu que les sauvages n'étaient pas alors prêts
à faire leur choix.
Après avoir terminé
le travail à Buffalo-Narrows, j'ai continué à l'Île à la Crosse à une
distance de cinquante-cinq milles, et j'y suis arrivé. J'ai rencontré
les sauvages Cris du Lac-au-Canot le lendemain et je leur ai expliqué
toutes les stipulations contenues dans le traité. J'ai obtenu leur adhésion
le 19 septembre.
Le nombre de cette
bande est de quatre-vingt-deux, composée d'un chef, de deux sous-chefs
et de soixante-dix-neuf autres sauvages; la somme versée a été de $1,024.
L'endroit suivant
à visiter était Stanley où j'étais annoncé comme devant rencontrer les
sauvages le 8 octobre; mais entre mon départ de l'Île-la-Crosse et mon
retour à cet endroit, il est venu un rapport de la Compagnie de la Baie-d'Hudson,
disant que l'eau était très basse dans les cours d'eau, et que le voyage
serait, en conséquence, tellement difficile et tellement lent que suivant
toutes les probalités notre équipe serait prise par les glaces et devrait
rester à Stanley jusqu'à ce qu'on pût se procurer des traînes à chiens.
Ce rapport a été bien confirmé par les renseignements reçus par MM. Revillon
et frères, de cette partie du pays, et dont leur gérant M. Bénard m'a
gracieusement informé. D'après le rapport il paraissait aussi que, même
si nous eussions fait le voyage, il eut été impossible aux sauvages de
la portion nord-est du pays de se réunir là, et qu'il n'y avait à Stanley
et dans le voisinage immédiat que quelques familles de métis dont les
réclamations avaient été réglées avant leur migration en cette région.
J'ai donc résolu de renoncer à ma visite, et j'ai envoyé avis du fait
aux gens, les assurant en même temps, qu'il leur serait fait une visite
à une date ultérieure, dont ils recevraient dûment avis.
Attendu que les discussions
soutenues avec les bandes traitaient beaucoup des mêmes sujets, je vais
me borner à un relevé général de leur portée.
Il y avait absence
notable de l'ancien style oratoire des sauvages, ceux-ci se bornaient
à poser des questions et à proposer de brefs arguments. Ils demandaient
tous des termes plus larges que ceux accordés aux sauvages avec lesquels
on avait traité les années passées, le chef de la bande de la Rivière-aux-Anglais
a même été assez loin pour demander le paiement des «arrérages» depuis
l'année où le premier traité avait été conclu; quelques-uns s'attendaient
à être entièrement nourris par le gouvernement, après la conclusion du
traité; tous demandaient de l'aide pour les saisons de dénûment; et l'on
insistait fortement que pour les vieillards et les indigents qui n'étaient
plus capables de faire la chasse et de courir la trappe et se trouvaient
en conséquence souvent dans des circonstances de dénûment, fussent soignés
par le gouvernement.
Il y avait une expresion
générale de crainte que la conclusoin du traité ne fut suivie d'une restriction
de leurs privilèges de chasse et de pêche, et l'on a insisté pour qu'on
ne permit pas de monopoliser et de ruiner les lacs et les rivières par
la pêche du commerce.
Il a été fait preuve
de désirs notables d'obtenir les privilèges de l'instruction pour les
enfants. Sous ce rapport et parlant des sauvages en général, le chef de
la bande de la Rivière-aux-Anglais a demandé avec instance que, dans la
mise à exécution de la ligne de conduite du gouvernement quant à l'instruction
des sauvages, il n'y fût pas d'ingérance dans le système des écoles religieuses
actuellement dirigées par la mission, mais que l'assistance publique fût
donnée pour des améliorations et des agrandissements suivant les lignes
déjà suivies.
Le chef de la bande
du Lac-au-Canot a déclaré qu'il y avait dans sa bande vingt-cinq enfants
d'âge à aller à l'école, et il a demandé qu'un externat fut établi pour
leur avantage au Lac-au-Canot, et qu'elle fût mise sous la direction d'une
institutrice.
Il a aussi été fait
une demande pour quelques têtes de bétail à être données à ceux des sauvages
qui désiraient se livrer à l'industrie de l'élevage.
Les sauvages ont
tous convenu de n'avoir qu'un endroit à l'avenir pour le paiement de leurs
indemnités; mais ils en ont fait une condition que leurs paiements fussent
détenus jusque vers le milieu de juin de chaque années, vu que c'est le
seul temps où la perception des versements d'annuités ne gênerait pas
leurs occupations dans une mesure qui ne saurait complètement compenser
le versement des indemnités. Ils ont choisi l'Île à la Crosse pour être
l'endroit où ils recevraient leurs versements.
Ils ont de plus demandé
que des médicaments leur fussent fournis, et ils ont fait une demande
sérieuse pour avoir un médecin résident.
Dans ma réponse,
je les ai convaincus que l'on n'avait encore jamais entendu parler de
la demande qu'ils mettaient de l'avant pour ce qu'ils appelaient leurs
«arrérages», et que je ne pouvais pas, pour un seul instant reconnaître
que le gouvernement y fut obligé en quoi que ce soit, sauf l'obligation
qui y serait mise en vertu de l'exécution du traité. Je leur ai indiqué
que le gouvernement ne pouvait pas se charger d'entretenir les sauvages
dans l'inaction; que seraient continués après le traité les mêmes moyens
de gagner sa vie que ceux qui existaient auparavant; et que l'on comptait
que les sauvages y auraient aussi bien recours à l'avenir que par le passé.
J'ai déclaré que le gouvernement était toujours prêt à aider les sauvages
qui se trouveraient dans le vrai dénûment; que, aux moments de gêne, sans
qu'il y eut eu de stipulation spéciale dans les traités, ils recevraient
l'assistance que l'on avait l'habitude de donner, afin d'empêcher le besoin
de devenir maître d'eux et que l'attention du gouvernement serait attirée
sur la nécessité de pourvoir spécialement à assiter les vieillards et
les indigents devenus incapables de travailler et qui dépendent de la
charité pour vivre.
Je leur ai garanti
que le traité n'entraînerait pas d'ingérence forcée dans leur mode de
vivre. Je leur ai expliqué, soit que le traité fût conclu ou non, ils
étaient soumis à la loi, tenus d'y obéir et passibles de punition pour
toute les contraventions à cette loi qu'elle était faite pour la protection
de tout le monde, et devait être respectée par tous les habitants du pays
quel que fût leur couleur ou leur origine; et que, en étant priés de s'y
conformer, ils n'étaient priés que de remplir le devoir qui est imposé
à tout le monde par tout le Dominion du Canada. J'ai appuyé sur l'importance
qu'il y a dans leur propre intérêt, à observer les lois concernant la
protection du poisson et du gibier.
Quant à l'instruction
publique, les sauvages ont reçu l'assurance qu'il n'y avait pas besoin
de stipulation spéciale au-dessus ou en outre des dispositions générales
du traité, et que c'était la ligne de conduite qu'entendait suivre le
gouvernement que de pourvoir dans toutes les parties du pays, autant que
les circonstances le permettraient à l'instruction des enfants sauvages,
et que la loi pourvoyait à ce que des écoles pour les enfants sauvages
entretenues et assistées par le gouvernement, fussent dirigées quant aux
principe religieux d'accord avec les désirs des sauvages.
Il leur a été expliqué
que l'aide pour la culture et l'élevage mentionnée au traité, n'est donnée
que lorsque les sauvages sont réellement prêts à se livrer à ces industries.
Il est probable que pour plusieurs années à venir il n'y aura de demande
que pour une faible dépense de ce chef. Il n'est pas probable que les
sauvages, si les circonstances actuelles se continuent, se livrent à la
culture plus largement que pour la production de racines en petit. Quant
au bétail, j'ai déclaré que l'agent qui serait envoyé pour effectuer les
prochains versements d'indemnités en vertu des traités, serait prié d'en
conférer avec eux, mais que ceux-là seuls qui serait jugés capables et
désireux de prendre bon soin du bétail recevront de l'aide sous cette
forme.
Je leur ai promis
que des médicaments seraient déposés à divers endroits sous les soins
de personnes choisies par le gouvernement, et seraient à ceux des sauvages
qui pourraient en avoir besoin. Je leur ai démontré qu'il serait pratiquement
impossible pour le gouvernement de pourvoir à ce qu'il y eût un médecin
résident pour le motif que les sauvages sont si largement disséminés sur
un aussi vaste territoire; mais je leur ai assuré que le gouvernement
serait toujours prêt à profiter de toute occasion qui pourrait se présenter
de rendre les services médicaux de même qu'il s'engageait à ce que le
médecin attaché à la commission devrait donner gratis ses soins à tous
les sauvages qui pourraient en avoir besoin.
En somme, la demande
va survenir pour des munitions de chasse et pour de la ficelle, attendu
que la majorité des sauvages va continuer à avoir recours à la chasse
et à la pêche pour assurer sa vie. Il ne paraît pas probable que les conditions
de la partie de la Saskatchewan qui est couverte par le traité changent
assez d'ici à plusieurs années pour porter atteinte à la chasse et à la
traite des fourrures, et l'on compte en conséquence, que la grande majorité
des sauvages va continuer à avoir recours à ces moyens pour faire sa vie.
On a donné aux sauvages
le choix de prendre des réserves ou des terres à part, quand ils sentiraient
le besoin d'avoir des terres mises à part pour eux. Je leur ai fait voir
clairement que le gouvernement ne désirait pas s'ingérer dans leur mode
de vie, non plus que les restreindre aux réserves, et qu'il se chargeait
de leur faire mettre à part des terres dans les proportions indiquées
dans le traité, quand les circonstances gêneraient leur mode de vie, et
quand il deviendrait nécessaire de leur assurer la possession de terres.
Les sauvages avec
lesquels il a traité, sont de caractère, d'habitudes, de mode de s'habiller
et de manière de vivre, semblables aux Chippewas et aux Cris de la région
de l'Athabaska. Il est difficile de tracer une ligne de démarcation entre
ceux qui se sont classés comme sauvages et ceux qui ont fait le choix
d'être traités comme des métis. Les deux s'habillent de semblable façon
et suivent le mème mode de vie. J'ai été frappé de voir que l'un des groupes
était en somme, tout aussi capable de pourvoir à sa propre subsistance
que l'autre.
Après que nous eûmes
quitté le lac Vert, notre route a été par la voie des rivières et des
lacs et ne nous a pas fourni beaucoup d'occasions de nous former une opinion
du pays concédé et de ses ressources. A notre point de vue, le pays nous
a paru plat. Il y avait de grandes étendues de terres à foin le long des
rivières, et des prés boisés près des lacs. Les eaux abondent en poisson,
qui constitue l'article principal de l'alimentation.
La mission de l'Île
à la Crosse fut fondée il y a environ soixante-deux ans par le père Laflèche
qui devint ensuite une figure marquante dans le clergé de la province
de Québec, et par le frère Taché qui ensuite remplit le siège épiscopal
de Saint-Boniface. L'église construite par eux a été détruite par le feu
et remplacée par une autre. La construction qui a ensuite le plus d'importance
est l'école que dirigent les soeurs. Elle donne extérieurement des preuves
évidentes de son grand âge, mais à l'intérieur elle est confortable, et
les enfants que j'ai eu le plaisir d'y rencontrer ont donné des preuves
de bons soins et de la formation attentive que leur donnent les femmes
dévouées qui ont quitté les conforts de la civilisation pour venir ici
travailler à l'amélioration des naturels du nord. Le presbytère est petit.
La seule porte qu'il a s'ouvre sur une vaste pièce qui occupe la plus
grande partie de la construction et qui sert de lieu de réunion pour les
sauvages et les métis, qui s'y assiéent et qui y fument avec une aisance
qui semble née d'une longue habitude de rapports libres avec ceux qui
ont entrepris le soin de leurs âmes.
La mission est presque
vis-à-vis le poste de la compagnie. Elle est près de la rive. Elle est
un peu plate, et pour des milles de distance des trois côtés s'étend une
prairie nue; bien qu'on nous ait dit que la mission, à sa fondation, était
sur la lisière d'un bois. Quoi qu'il en soit, ce n'est plus un emplacement
désirable pour un pensionnat, et il en a été érigé un nouveau à la Rivière-la-Plonge,
à environ trente milles au sud de la mission. La construction a cent pieds
sur soixante-deux pieds et a deux étages et demi de hauteur. Elle était
terminée quand je l'ai visitée. L'emplacement en est délicieux, sur un
terrain qui s'élève de la rivière, qui à cet endroit se brise en une cataracte
que les frères Oblats ont utilisée pour des fins de force motrice. Ils
ont scié les billots, et grâce à la rivière ainsi subjuguée ils les ont
convertis en bois de service, avec lequel ils ont construit l'école, monument
merveilleux de leur habileté mécanique, de leur industrie et de leur dévouement.
Quand j'ai quitté l'Île à la Crosse le déménagement des enfants de l'ancienne
institution à la nouvelle avait commencé.
Notre voyage a été
passablement ardu. Notre transport a dû être organisé à un court avis.
L'eau dans les rivières était passablement basse, et nous avons rencontré
des tempêtes sur les lacs; mais il n'y a pas eu lieu de faire rapport
de sinistres ou de pertes qui malheureusement étaient devenues choses
courantes.
J'ai eu le plaisir
d'avoir, pour presque tout le voyage de retour, la compagnie de Sa Grandeur
Monseigneur l'évêque Pascal; et je désire réitérer ici la constatation
que j'ai exprimée à Sa Grandeur en personne pour l'aide de son influence
lors de ma première rencontre des naturels du pays, qui est tout plein
du respect de son nom à cause de ses travaux de dévouement.
Je désire aussi exprimer
ma reconnaissance pour l'aide que m'ont toujours gracieusement prodiguée
le major Bégin, de la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest, qui commandait
l'escorte, le docteur J.J.A. Labrecque, officier de santé M. Charles Fisher,
du Lac-au-Canard, et M. Charles Mair, d'Ottawa, secrétaire de la commission,
le facteur en chef de la compagnie de la Baie-d'Hudson, et M. Angus McKay,
l'officier de la compagnie qui était spécialement chargé de l'exécution
du contrat de transport. Aux hommes du pays sur le travail desquels nous
avons dû tellement compter, je me reconnais obligé. Ils ont travaillé
de longues heures à pagayer, à ramer et à manoeuvrer à la perche, et ils
ont souffert bien des peines à faire passer et à partager nos canots et
nos bacs pardessus les battures et les rapides, afin que je puisse tenir
mes engagements. Le camp se jetait tard le soir et se levait de bonne
heure le lendemain. Cependant il n'y a jamais eu une plainte, mais il
a toujours régné parmi eux un intérêt savoureux et une gaieté aussi plaisante
que les feux de campement qui illuminent la nuit.
Suit un relevé détaillé
des sauvages avec lesquels nous avons traité et de l'argent qui a été
versé.
J'ai
l'honneur d'être, monsieur,
Votre obéissant serviteur,
J.A.J. McKENNA,
Commissaire.
Certifié exact,
J.A.J. MCKENNA,
Commissaire, traité n° 10.
Articles d'un
traité fait et conclu aux diverses dates y mentionnées en l'année de Notre-Seigneur
mil neuf cent six, ente Sa Très Gracieuse Majesté le Roi de la Grande-Bretagne
et de l'Irlande par l'entremise de son commissaire James Andrew Joseph
McKenna, de la ville de Winnipeg, dans la province du Manitoba, écuyer,
d'une part, et les sauvages Chippeyans, Cris et autres habitants du territoire
circonscrit dans les limites ci-après définies et décrites par l'entremise
de leurs chefs et sous-chefs soussignés d'autre part.
Attendu que les sauvages
qui habitent le territoire ci-après défini ont, en exécution d'un avis
donné par le dit commissaire de Sa Majesté, en l'année 1906, été convoqués
à rencontrer le dit commissaire de Sa Majesté, représentant le gouvernement
de Sa Majesté pour le Dominion du Canada, à certains endroits du dit territoire
en la présente année 1906, pour délibérer sur certaines affaires qui intéressent
Sa Très Gracieuse Majesté d'une part et les dits sauvages d'autre part.
Et attendu que les
dits sauvages ont été notifiés et informés par le dit commissaire de Sa
Majesté qu'il est du désir de Sa Majesté d'ouvrir à la colonisation, à
l'immigration, au trafic, aux voyages, à l'industrie minière, à l'industrie
du bois et pour les autres fins qu'il pourra sembler bon à Sa Majesté,
une étendue de pays bornée et décrite ainsi qu'il est ci-après mentionné
et d'en obtenir le consentement de ses sujets sauvages qui habitent la
dite étendue, et de faire avec eux un traité et des arrangements, afin
qu'il puisse y avoir paix et bon vouloir entre eux et les autres sujets
de Sa Majesté, et que son peuple sauvage puisse savoir sur quelles allocations
il peut compter et quelle somme de bien il en peut recevoir de la magnificence
et de la bienveillance de Sa Majesté.
Et attendu que les
sauvages de la région dûment réunis en conseil aux endroits respectifs
ci-après désignés, et étant requis par le dit commissaire de Sa Majesté
de nommer certains chefs et sous-chefs autorisés et en leur nom de conduire
ces négociations et de signer un traité fondé sur icelles et de devenir
responsables envers Sa Majesté du fidèle accomplissement par leurs bandes
respectives des obligations qu'ils auront assumées, les dits sauvages
ont en conséquence reconnu pour cette fin les divers chefs et sous-chefs
qui ont souscrit aux présentes.
Et attendu que le
dit commissaire a procédé à conclure un traité avec les Chippeyans, les
Cris et autres sauvages qui habitent le dit territoire ci-après défini
et décrit, et qu'il a été convenu de ce traité qui a été conclu par les
bandes respectives aux dates ci-après mentionnées.
En conséquence les
dits sauvages par les présentes cèdent, quittent, rétrocèdent et transportent
au gouvernement du Dominion du Canada, pour Sa Majesté le Roi et ses successeurs,
a toujours, leurs droits, titres et privilèges quels qu'ils soient aux
et dans les terres comprises dans les limites qui suivent, savoir:
Tout le territoire
situé partie en la province de la Saskatchewan et partie en la province
d'Alberta et situé à l'est du traité no 8, et au nord des traités nos
5 et 6 et de l'addition faite au traité no 6, contenant approximativement
une superficie de quatre-vingt-cinq mille huit cents milles (85,800) carrés
et qui peut être décrit ainsi qu'il suit:
Commençant à l'endroit
où la frontière nord du traité no 5 croise la frontière orientale de la
province de la Saskatchewan; de là allant vers le nord le long de la dite
frontière orientale une distance de quatre cent dix milles, plus ou moins,
jusqu'à la soixantième parallèle de latitude et à la frontière nord de
la dite province de la Saskatchewan, de là vers l'ouest, le long de la
dite parallèle sur une distance de cent trente milles, plus ou moins,
jusqu'à la frontière orientale du traité no 8; de là vers le sud et vers
l'ouest en suivant la dite frontière orientale du traité no 8 jusqu'à
l'endroit où il se croise avec la frontière nord du traité no 6; de là
vers l'est le long de la dite frontière où elle se croise avec la frontière
occidentale du prolongement du traité no 6; de là vers le nord le long
de la dite frontière occidentale à la frontière nord du dit prolongement;
de là vers l'est le long de la dite frontière nord, jusqu'à la frontière
orientale du dit prolongement; de là vers le sud, le long de la dite frontière
orientale jusqu'à l'endroit où elle croise la frontière nord du traité
no 6; de là vers l'est le long de la dite frontière nord et de la frontière
nord du traité no 5, jusqu'au point initial.
Et aussi tous les
droits, titres et privilèges qu'ils possèdent à titre de sauvages à toutes
les dites terres ou à l'une quelconque d'entre elles en quelque endroit
qu'elles soient situées dans les provinces de la Saskatchewan et d'Alberta,
ou dans les Territoires du Nord-Ouest ou dans toute autre partie du Dominion
du Canada.
Pour, Sa Majesté
et ses successeurs avoir et posséder les dits droits, titres et privilèges
à toujours.
Et Sa Majesté le
roi par les présentes convient avec les dits sauvages qu'ils auront le
droit de continuer leurs goûts pour la chasse, la course à la trappe et
la pêche par tout le territoire rétrocédé ainsi qu'il est ci-dessus décrit,
sauf les règlements qui pourront de temps à autre être faits par le gouvernement
du pays agissant sous l'autorité de Sa Majesté, et sauf et excepté les
étendues qui peuvent être requises ou qui pourront être prises de temps
à autre pour la colonisation, les mines, l'industrie du bois, le commerce
ou d'autres fins.
Et Sa Majesté le
roi par les présentes [convient] de mettre à part pour ces bandes les
réserves de terres qu'elles pourront désirer et elle s'y engage, ces réserves
ne devant pas dépasser un mille carré par famille de cinq personnes pour
le nombre de familles qui pourra faire le choix d'habiter sur des réserves,
ou dans cette proportion pour les familles plus grandes ou plus petites;
et pour les familles sauvages ou pour les individus qui préféreront vivre
à part de la réserve de la bande Sa Majesté se charge de les pourvoir
de terres à part jusqu'à concurrence de cent soixante (160) acres pour
chaque sauvage, la terre ne devant pas être aliénable par le sauvage pour
lequel elle est mise à part sans l'assentiment du Gouverneur général en
conseil du Canada, le choix de ces terres à part devant être fait de la
manière qui suit, savoir: le surintendant général des Affaires des sauvages
députera et enverra une personne apte pour déterminer et mettre de côté
ces réserves et ces terres, après s'être consulté avec les sauvages intéressés
quant à la localité qui pourra se trouver complète et ouverte pour ce
choix.
Sauf toutefois que
Sa Majesté se réserve le droit de traiter avec tous colons dans la circonscription
des terres réservées pour toute bande ou pour toutes bandes, de la manière
qu'il peut juger à propos de le faire, et aussi que les susdites réserves
de terre ou tout intérêt à ces terres, peuvent être vendus ou autrement
aliénés par le gouvernement de Sa Majesté pour l'usage et le bénéfice
des sauvages y ayant droit, une fois leur consentement préalablement obtenu.
Il est de plus convenu
entre Sa Majesté et ses sujets sauvages que les parties des réserves et
des terres ci-dessus mentionnées qui pourront en tout temps être requises
pour travaux publics, constructions, chemins de fer ou chemins de quelque
nature qu'ils soient, pourront être prises pour ces fins par le gouvernement
de Sa Majesté pour le Canada moyennant juste indemnité à être versée aux
sauvages pour la valeur des améliorations qu'ils pourront y avoir faites
et moyennant un équivalent de terre, d'argent ou d'autre valeur pour la
superficie ainsi prise.
Et dans le but de
démontrer la satisfaction qu'éprouve Sa Majesté du comportement et de
la bonne conduite de ses sauvages, et en extinction de toutes leurs créances
passées, il convient par les présentes par l'entremise de son commissaire
de faire à chaque chef une gratification de trente-deux (32) dollars en
argent, à chaque sous-chef, une de vingt-deux (22) dollars et à chaque
autre sauvage, quel que soit sont âge, des familles représentée[,] au
lieu et au temps du paiement, une gratification de douze (12) dollars.
Sa Majesté convient
aussi que l'année prochaine et chaque année subséquente à l'avenir et
à toujours elle fera payer aux sauvages en argent, à des endroits et à
des dates convenables, dont les dits sauvages seront dûment notifiés,
à chaque chef vingt-cinq (25) dollars, à chaque sous-chef, quinze (15)
dollars et à chaque autre sauvage quel que soit son âge, cinq (5) dollars.
De plus Sa Majesté
convient que chaque chef, après avoir signé le traité, recevra une médaille
d'argent et un drapeau convenable, et l'année prochaine et à chaque troisième
année à l'avenir chaque chef recevra un habillement complet convenable,
et que après la signature du traité chaque sous-chef recevra une médaille
de bronze et l'année prochaine et à chaque troisième année subséquente
un habillement complet convenable.
De plus Sa Majesté
convient de pourvoir ainsi qu'il peut être de temps en temps jugé à propos
à l'instruction des enfants sauvages.
De plus Sa Majesté
convient de fournir l'assistance qui peut être jugée nécessaire ou à propos
pour aider ou assister les sauvages à l'agriculture ou à l'élevage des
bestiaux ou à d'autres travaux et de leur faire chaque année la distribution
de ficelle et de munitions qui est usuellement faite aux sauvages situés
dans une position analogue.
Et les soussignés,
les chefs, sous-chefs et sauvages Chippeyans, Cris et autres, tant en
leur nom qu'au nom de tous les sauvages qu'ils représentent, promettent
solennellement par les présentes d'observer strictement le présent traité
et ils s'y engagent en tous points et de se comporter et conduire en qualité
de bons et loyaux sujets de Sa Majesté le Roi, et ils s'y engagent.
Ils promettent que
sous tous rapports ils obéiront à la loi et s'y conformeront, et ils s'y
engagent; qu'ils maintiendront la paix entre eux et entre leurs tribus
et les autres tribus de sauvages, et entre eux-mêmes et les autres sujets
de Sa Majesté, qu'ils soient blancs, sauvages, métis ou autres qui habitent
actuellement ou qui pourront ci-après habiter une partie quelconque du
territoire présentement cédé et décrit aux présentes, et qu'ils ne molesteront
pas sur la propriété, et ne s'immisceront pas injustement dans les droits
d'un habitant de ce territoire cédé, ou d'un autre district ou d'une autre
région, et qu'ils ne s'ingéreront pas aux affaires de qui que ce puisse
être passant ou voyageant par le dit territoire ou par une partie quelconque
d'icelui, et ne lui causeront aucun ennui, et qu'ils aideront les officiers
de Sa Majesté à amener à justice et au châtiment tout sauvage qui contreviendra
aux stipulations du présent traité ou à la loi en vigueur dans le territoire
ainsi cédé.
En foi de quoi le
dit commissaire de Sa Majesté et les chefs et sous-chefs ont apposé aux
présentes leur signature à l'Île à la Crosse ce vingt-huitième jour d'août
en l'année ci-dessus en premier lieu écrite.
Articles d'un traité
fait et conclu aux diverses dates y mentionnées, en l'année de Notre-Seigneur
mil neuf cent sept, entre Sa Très Gracieuse Majesté le Roi de la Grande-Bretagne
et de l'Irlande, agissant par son commissaire Thomas Alexander Borthwik,
de Mistawasis, dans la province de la Saskatchewan, écuyer, d'une part
et les Chippeyans, et les Cris et autres sauvages habitants du territoire
circonscrit dans les limites ci-après définies et décrites, par leurs
chefs et sous-chefs soussignés, d'autre part.
En foi de quoi le
dit commissaire de Sa Majesté et les chefs et sous-chefs ont apposé aux
présentes leur signature au lac du Brochet ce dix-neuvième jour d'août
de l'année ci-dessus en premier lieu écrite.
En foi de quoi le
dit commissaire de Sa Majesté, et le chef et les sous-chefs ont apposé
aux présentes leurs signatures au lac du Brochet, le 22ième jour d'août
de l'année ci-dessus en premier lieu écrite.
RAPPORT DU SECOND COMMISSAIRE
POUR LE TRAITÉ N° 10.
Mistawasis,
Agence de Carlton, 14 octobre 1907.
M. Frank Pedley,
Sous-surintendant
général des Affaires des sauvages,
Ottawa.
MONSIEUR, --- J'ai
l'honneur de vous soumettre mon rapport sur les paiements des annuités
effectuées à ceux des sauvages du traité N° 10 avec lesquels on a traité
l'an dernier, et de vous adresser sous ce pli le traité, que, sous l'autorité
qui m'est dévolue en vertu de la commission qui m'a été attribuée le 6
avril 1907, j'ai conclu avec les sauvages Chippeyans qui vivent dans la
région du Lac-du-Brochet et du Lac-La-Hache et dans la partie du district
de Kéwatin qui avoisine le coin nord-est de la province de la Saskatchewan.
Afin de tenir les
engagements pris avec les sauvages pour le versement de leurs indemnités
avec lesquels on avait traité l'an dernier à l'Île à la Crosse, je suis
parti d'ici le 11 juin, et après avoir voyagé par de très mauvais chemins,
je suis arrivé au lac Vert l'après-midi du 15 et je suis parvenu à l'Île
à la Crosse à midi le samedi, 22 juin, une journée en retard de la date
qui avait été fixée pour mon arrivée à cet endroit. Le très mauvais temps
a été la cause du retard. Il n'y avait que la bande des sauvages du Lac-au-Canot
qui s'y était encore réunie pour me rencontrer, et j'ai sans retard eu
une entrevue avec le chef et les sous-chefs de cette bande, et comme c'était
le samedi, ils m'ont demandé que le versement de leurs annuités fût remis
au lundi le 24. A cette demande j'ai acquiescé et en conséquence, ils
ont reçu leur versement, ce jour là et le suivant. Les sauvages des bandes
de la Rivière-aux-Anglais et du Lac-Clair n'étant pas encore arrivés,
j'ai commencé à recevoir de la preuve relativement aux demandes d'inscriptions
de terres que portaient un certain nombre de métis de la rivière Souris
qui n'avaient pas eu la bonne fortune de rencontrer le commissaire de
l'année dernière à l'Île à la Crosse. La preuve produite par ces requérants
d'inscriptions s'est continuée jusqu'au 29, date à laquelle les bandes
des sauvages de la Rivière-aux-Anglais et du Lac-Clair étant toutes associées,
ont reçu le versement de leurs annuités. Le premier juillet étant l'anniversaire
de la confédération, a été, à la demande des métis et des sauvages, observé
comme jour de fête, et ils l'on célébré avec grand enthousiasme; les membres
de la commission et les autres personnages présents, se sont de grand
coeur joints à eux et leur ont rendu leurs amusements tout particulièrement
intéressants.
D'autres affaires
avec les sauvages et les métis ont occupé le temps de la commission jusqu'au
3 juillet, date à laquelle, ayant appris qu'un grand nombre de sauvages
et de métis étaient réunis à la mission catholique, près du Portage-la-Loche,
et m'y attendaient, je me suis rendu à cet endroit, et, après un voyage
très ardu par la pluie et l'orage, j'y suis arrivé tard le soir du 9 juillet,
et à cause du nombre des métis avec lesquels j'avais à y traiter, et le
très mauvais temps qui sévissait, il m'a fallu jusqu'au 14 pour parachever
ce travail. A part les métis qui étaient réunis, j'ai trouvé quantité
de familles de sauvages du Lac-au-Poisson-Blanc, qui m'ont prié avec instance
de leur effectuer le versement de leurs annuités. Je leur ai expliqué
que je ne pouvais le faire, attendu qu'il est incompatible avec les règles
du département de faire faire des versements d'annuités à des sauvages
d'un certain traité par l'agent d'un autre traité. Ils m'ont exposé qu'il
y avait pour eux un sort bien rigoureux à l'oligation à laquelle ils étaient
astreints de voyager plus de cent milles dans une partie difficile du
pays pour aller au Fort-McMurray pour lequel il leur fallait pour l'atteindre
cinq, ou six jours de voyage, et le même nombre de jours de voyage pour
revenir chez eux. Avant de quitter la mission, ils m'ont présenté une
requête demandant que l'an prochain leurs versements leur fussent effectués
à la Rivière-du-Bison sur le Lac-au-Bison, endroit où ils peuvent venir
en moins de deux jours du Lac-au-Poisson-Blanc.
Le lundi matin, 15
juillet, j'ai quitté la mission pour revenir à l'Île à la Crosse; et,
après un voyage d'une excellence inusitée j'y suis arrivé le 17. Ici j'ai
été retenu cinq jours pour me procurer des voyageurs pour me rendre à
Stanley, pour où je suis parti le 23 juillet au matin et où je suis arrivé
le soir du 1er août. Ici j'ai rencontré environ cinquante chefs de famille
des sauvages du Lac-la-Ronge, précédés de leur chef Amos Charles et de
deux de leurs sous-chefs, qui m'ont demandé d'être payés de leurs annuités
à cet endroit, vu que plusieurs d'entre eux avaient passé l'été et l'automne
sur la rivière Churchill, et, conformément, à leur demande, ils ont reçu
leurs versements le 2 et le 3. Le 5 et 6 ont été employés à recueillir
la preuve des requérants d'inscriptions pour terres, et à me procurer
des voyageurs pour le voyage du Lac-au-Brochet. Le matin du 7 août, j'ai
quitté Stanley pour le poste de la compagnie de la Baie-d'Hudson, à l'extrémité
nord du Lac-au-Brochet, et, après un voyage heureux, j'y suis arrivé le
17 du même mois.
Par suite de la somme
de travail inattendu qui est échue à la commission, il me fut impossible
de me rendre à cet endroit qui était le point de rendez-vous avec les
sauvages, le jour qu'ils avaient été notifiés que je devais y être pour
les rencontrer; et, en conséquence, ils avaient été retenus dix jours
à attendre mon arrivée, et ils en étaient venus à court de provisions;
ils étaient tous réunis avec leurs familles, et, en les voyant réduits
à cet état j'ai trouvé qu'il était à propos que je les soulageasse de
leurs besoins immédiats et, en conséquence, je leur ai fourni une quantité
restreinte de provisions, pour lesquelles ils ont paru très reconnaissants.
Je considère qu'il est juste que je dise ici que des secours importants
ont été fournis à ces sauvages en attendant mon arrivée par M.A. McDermot,
l'agent à cet endroit de la Compagnie de la Baie-d'Hudson, qui leur a
donné à faire du petit travail qu'il a rémunéré en provisions, et de même
par l'agent de Révillon Frères.
Le matin du 19 août,
j'ai tenu conseil avec les sauvages réunis de la Terre-Stérile et ceux
de Lac-la-Hache, le révérend Père Turquetil faisait office d'interprète,
ce qu'il a fait dans toutes les circonstances subséquentes au cours de
mes opérations avec les sauvages d'ici, la langue Chippeyane y étant parlée.
Je leur ai expliqué
pourquoi j'étais venu les rencontrer, et après diverses questions sensées
posées par les sauvages touchant le traité et auxquelles j'ai répondu
de façon à les satisfaire, ils ont demandé, afin de discuter plus à fond
entre eux les termes du traité, un petit répit que je leur ai accordé.
A deux heures de l'après-midi, ils se sont réunis de nouveau, et la bande
de la Terre-Stérile a annoncé qu'elle avait élu son chef et deux sous-chefs,
et qu'elle était prête à accepter les termes du traité. La bande du Lac-la-Hache
a déclaré qu'un certain nombre de ses gens était absent, mais qu'ils reviendraient
sous un jour ou deux, et qu'elle aimerait à avoir leur concours pour le
choix de son chef et de ses conseillers; j'ai consenti à ce qu'ils attendissent
un jour ou deux, s'il le fallait, afin d'obtenir le plein consentement
de leur bande à leurs opérations. Le chef et le sous-chef de la bande
de la Terre-Stérile ont alors formellement signé le traité, et, sans plus
de retard inutile le versement de leurs gratifications et leurs annuités
leur fut commencé, et l'on avait terminé la besogne le 21, à midi. Le
nombre des sauvages de cette bande avec lesquels on a traité a été de
232, comprenant:
La bande du Lac-la-Hache
s'est réunie le 22 et après que les conditions du traité leur eurent été
lues une seconde fois et bien expliquées dans sa propre langue, elle a
présenté son chef élu et ses deux sous-chefs qui dès lors ont régulièrement
signé le traité et les membres de la bande ont reçu leur versement aux
termes du traité. Le nombre des sauvages payés dans cette bande s'est
élevé à 97, comprenant:
Ceci a virtuellement
mis fin au travail avec les sauvages à cet endroit, et après qu'eurent
été reçues des demandes des métis pour inscriptions de terres, j'ai quitté
cet endroit le 24 août, pour le Lac-La-Ronge par voie de Stanley, et le
3 septembre, après un voyage d'une expédition inusitée, je suis arrivé
au local du paiement au Lac-La-Ronge; et les 4 et 5 j'ai fait des versements
au reste de la bande James Roberts quelque 60 chefs de famille qui n'avaient
pas été payés à Stanley.
Après avoir recueilli
la preuve d'un certain nombre de requérants métis pour inscriptions pour
terres à cet endroit, et après avoir tenu des réunions de conseil avec
les sauvages relativement à la rétrocession de leur réserve, n° 106A,
etc., je suis parti le 11 pour le Lac-Montréal, et j'y suis arrivé le
jour suivant. J'ai effectué le versement des annuités aux sauvages de
cet endroit, la bande de William Charles.
Le 18, je tenus des
réunions avec le chef et les sous-chefs de la bande de James Roberts,
qui m'avaient accompagné à cet endroit, et avec ceux de la bande de William
Charles réunis, concernant la rétrocession de leur réserve n° 106A, où,
après délibération sérieuse, ils ont unanimement convenu de rétrocéder
leur réserve au gouvernement aux termes énoncés dans une convention signée
par eux le dix-huitième jour de septembre 1907; laquelle a été transmise
le huit courant au sous-ministre des Affaires des Sauvages.
L'après-midi du 18
septembre la commission est partie en canot du Lac-Montréal pour l'atterrissement
par le lac Daim-Rouge où elle est arrivé le 21, après avoir été retardée
une journée en route par le mauvais temps. A l'atterrissement on a pris
des voitures pour cet endroit-ci (Mistawasis) où nous sommes arrivés le
soir du 24 septembre dernier; ceci complétait un voyage ardu de plus de
2,000 milles par eau, en canot, plus 300 milles par terre, lequel, j'ai
le plaisir de le dire, a été accompli avec succès et sans accident.
Relativement à mon
personnel, j'ai le plaisir de dire que j'étais excellemment monté, et
que généralement il existait une grande finesse d'esprit parmi les membres
du personnel; je ne puis parler en termes trop chaleureux de quelques-uns
d'entre eux. Le docteur H.A. Stewart, s'est démontré outillé d'une façon
idéale pour son emploi. Plein de tendre sympathie pour les malades, il
a été infatigable dans les travaux qu'il a entrepris pour eux; médecin
habile, il a rencontré du succès dans ses efforts pour alléger leurs souffrances,
et s'est gagné des opinions d'or de ceux qui ont eu besoins de ses services.
W.J. McLean, le secrétaire aîné, a fait preuve d'aptitudes spéciales pour
l'exécution des onéreuses fonctions de son emploi; son expérience antérieure
en matière de paiements d'annuités dans les traités l'établissant en bonne
position; tandis que sa connaissance du français, son long séjour en qualité
de facteur chef de la compagnie de la Baie-d'Hudson, dans la partie du
pays que nous avons parcourue, et sa connaissance personnelle d'un grand
nombre de requérants ont puissamment contribué au succès de ma commission.
Des autres il est
superflu de faire une mention spéciale, qu'il suffise de dire que chacun
d'eux a rempli son devoir avec énergie et avec intelligence, qu'ils ont
sacrifié leur repos et leur confort, et qu'ils ont affronté des dangers
en s'efforçant de parcourir les distances avec le moins de perte de temps
possible.
J'ai
l'honneur d'être, monsieur,
Votre obéissant serviteur,
THOS. A. BORTHWICK,
Commissaire, Traité N° 10.
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