Foire aux questions
L'autonomie gouvernementale autochtone
Quelle est l'origine de l'autonomie gouvernementale autochtone?
Pendant des milliers d'années avant l'arrivée des Européens
au Canada, les Premières nations et les Inuit exerçaient leurs
propres formes de gouvernement. Ces gouvernements représentaient
bien la diversité économique, sociale et géographique
des peuples autochtones ainsi que leurs cultures et leurs croyances spirituelles.
L'arrivée des Européens a modifié tout cela. Un
certain nombre de traités ont été signés entre
les Européens et les Premières nations, et on a commencé
à adopter des lois et des règlements en vue d'intégrer
les peuples autochtones à la société non autochtone.
Au fil du temps, les fonctions et les pouvoirs de ces gouvernements autochtones
se sont érodés.
C'est pourquoi, aujourd'hui, les peuples autochtones figurent parmi les
groupes les plus défavorisés au Canada. Les conditions de
vie de nombreux Autochtones sont en-deçà des normes canadiennes.
Rétablir l'autonomie gouvernementale autochtone fait partie intégrante
des efforts du gouvernement fédéral visant à renouveler
la relation du Canada avec les peuples autochtones. Le gouvernement a
pour but de réinstaller, dans les collectivités, des gouvernements
autochtones légitimes et responsables, ainsi que de redonner aux
peuples autochtones le sens de la propriété et de la responsabilité
en ce qui a trait à tous les aspects de la vie communautaire. L'autonomie
gouvernementale est une étape clé pour l'amélioration
des conditions de vie des Autochtones d'un bout à l'autre du pays.
Qu'est-ce que l'autonomie gouvernementale autochtone?
Dans le contexte de l'économie gouvernementale, un gouvernement
autochtone a le pouvoir d'adopter des lois et de prendre des décisions
concernant :
- les affaires internes de la collectivité;
- les questions liées à leur culture, à leurs
traditions et à leurs langues distinctes;
- les questions liées à la relation spéciale qu'ils
entretiennent avec la terre et les ressources.
Une entente sur l'autonomie gouvernementale pourrait inclure, par exemple,
des questions ayant trait aux soins de santé, au bien-être
des enfants et de la famille, à l'éducation, au service
de police, à l'administration de la justice ou au logement.
L'autonomie gouvernementale permet aux peuples autochtones d'exercer
une plus grande maîtrise sur leur collectivité et leur accorde
les outils dont ils ont besoin pour apporter des changements concrets
et positifs dans leur vie. L'autonomie gouvernementale favorise le même
type de participation des citoyens, de prestation des services et d'autosuffisance
dont jouissent les autres collectivités canadiennes.
Une bonne gouvernance devrait également procurer aux Canadiens
autochtones un solide fondement sur lequel bâtir leur développement
économique et l'autosuffisance. L'autonomie gouvernementale constitue
la base d'une relation renouvelée et l'assurance d'une meilleure
qualité de vie pour les peuples autochtones.
Pourquoi le Canada négocie-t-il l'autonomie gouvernementale?
Le gouvernement du Canada estime que les peuples autochtones ont le droit
de se gouverner eux-mêmes, de prendre des décisions qui touchent
leurs collectivités et d'assumer les responsabilités liées
à l'autonomie gouvernementale. Le gouvernement du Canada reconnaît
que les peuples autochtones possèdent un « droit inhérent
» à l'autonomie gouvernementale, droit qui est garanti par
la Constitution canadienne.
Comment les Premières nations sont-elles gouvernées
à l'heure actuelle?
À moins qu'elles n'aient négocié une entente d'autonomie
gouvernementale distincte, la plupart des Premières nations sont
actuellement assujetties à la Loi sur les Indiens. Elles
procèdent à l'élection de chefs et de conseils de
bande qui prennent des décisions au nom de leurs membres et adoptent
des règlements dans un nombre limité de domaines. Cependant,
les Premières nations ne sont pas autorisées à adopter
des lois dans des domaines fondamentaux, tels que la santé et le
bien-être de leur collectivité (éducation ou aide
sociale). La Loi sur les Indiens établit une forme limitée
et dépendante d'administration locale qui ne tient pas compte des
circonstances particulières des collectivités. En outre,
en vertu de la Loi sur les Indiens, les Premières nations
doivent rendre des comptes au ministre des Affaires indiennes et du Nord
canadien plutôt qu'aux membres de leur propre collectivité.
Est-ce que l'autonomie gouvernementale et les revendications territoriales
sont une seule et même chose?
Les négociations relatives à l'autonomie gouvernementale
et celles relatives aux revendications territoriales ne sont pas les mêmes,
mais elles sont reliées. Lorsque le gouvernement du Canada a commencé
à négocier les traités modernes dans les années
1970, il négociait séparément la question des terres
et celle de l'autonomie gouvernementale. Dans le cas des régions
où des négociations sur les revendications territoriales
sont en cours, la politique actuelle du gouvernement est de négocier
conjointement les revendications territoriales et l'autonomie gouvernementale.
Lorsque toutes les parties aux négociations sont d'accord, les
droits accordés en vertu des ententes sur l'autonomie gouvernementale
peuvent être protégés par de nouveaux traités.
Ces droits peuvent également être protégés
par des ajouts aux traités existants ou faire partie d'une entente
relative à une revendication territoriale globale.
Est-ce que toutes les ententes sur l'autonomie gouvernementale sont
les mêmes?
Non. Les négociations relatives à l'autonomie gouvernementale
sont adaptées pour répondre aux besoins, aux circonstances
et aux désirs particuliers des collectivités autochtones.
De concert avec les parties, on met en place des processus de négociation
souples; ainsi, chaque négociation relative à l'autonomie
gouvernementale est unique.
Il n'existe pas d'approche « uniformisée » de l'autonomie
gouvernementale. L'autonomie gouvernementale peut être négociée
pour elle-même ou dans le contexte d'une revendication territoriale
globale (comme dans le cas des Nisga'a). Les négociations qui concernent
seulement l'autonomie gouvernementale peuvent couvrir toute une gamme
de compétences (comme dans le cas du Conseil tribal de Meadow Lake)
ou une compétence unique (comme la Loi sur l'éducation
des Mi'kmaq).
Est-ce que les provinces et les territoires sont concernés?
Il y a généralement trois parties aux négociations
: le ou les groupes autochtones, le gouvernement fédéral
ainsi que le gouvernement provincial ou territorial. Il s'agit là
du moyen le plus pratique et le plus efficace de négocier des ententes
intergouvernementales harmonieuses et profitables. Dans certains cas,
la province ou le territoire choisit de ne pas participer aux négociations.
Dans ces cas-là, les négociations se déroulent entre
le groupe autochtone et le gouvernement fédéral, et n'abordent
que les questions qui relèvent du gouvernement fédéral.
Quel est le déroulement du processus de négociation?
Le processus de négociation de l'autonomie gouvernementale comporte,
en général, les cinq étapes suivantes :
- l'acceptation
- l'entente cadre
- l'entente de principe
- l'entente définitive
- la mise en œuvre
Quel est le rôle du public dans les négociations?
Le gouvernement du Canada reconnaît l'importance de mener des négociations
dans un esprit d'ouverture et de coopération. Le gouvernement est
déterminé à offrir aux membres du grand public l'occasion
de fournir des commentaires dans le cadre de négociations qui pourraient
avoir une incidence sur les intérêts de ces derniers. À
cette fin, il élaborera, de concert avec les provinces, les territoires
et les groupes autochtones, des mécanismes de consultations appropriés
à l'intention des parties qui pourraient être directement
touchées par les négociations et les ententes sur l'autonomie
gouvernementale.
À qui s'adresse l'autonomie gouvernementale?
Les ententes sur l'autonomie gouvernementale indiquent clairement les
domaines où les lois autochtones seront appliquées et les
personnes qui y seront assujetties. La majorité des lois autochtones
ne s'appliquent que sur des terres qui appartiennent à des Autochtones
ou sur des terres de réserve. Dans certains cas, un gouvernement
autochtone pourrait exercer diverses compétences sur ses membres
hors réserve, s'il détient l'approbation de la province
ou du territoire concerné.
Dans les cas où des non-Autochtones résideraient sur des
terres autochtones ou posséderaient des intérêts sur
ces terres, on leur offrira la possibilité de soumettre des commentaires
avant de prendre des décisions qui les touchent, de même
que l'accès à des mécanismes d'appel et de recours.
Il s'agit là d'une amélioration significative par rapport
à la situation actuelle qui est régie par la Loi sur
les Indiens, laquelle ne prévoit aucun mécanisme permettant
aux non-Autochtones d'apporter des commentaires. Tous les résidants
des terres autochtones jouiront des droits et des libertés stipulés
par la Charte canadienne des droits et libertés.
Que se passe-t-il si un conflit survient entre les lois?
Les ententes sur l'autonomie gouvernementale identifient clairement les
sujets sur lesquels les groupes autochtones peuvent exercer leur autorité.
De façon générale, cette autorité ne s'applique
qu'à des questions qui touchent directement le groupe autochtone
concerné et, plus particulièrement, sa culture distincte
et ses activités en tant que gouvernement ou institution.
Les ententes sur l'autonomie gouvernementale énoncent clairement
les critères de priorité sur une base individuelle pour
ce qui est des lois fédérales, provinciales ou autochtones
afin de pouvoir régler tout conflit qui surviendrait entre ces
lois. Dans tous les cas, en ce qui a trait aux questions liées
à la paix, à l'ordre et au bon gouvernement, ainsi qu'à
la Charte canadienne des droits et libertés, les lois fédérales
l'emportent sur toute loi autochtone adoptée en vertu d'une entente
sur l'autonomie gouvernementale. Les lois fédérales et provinciales
d'application générale et les lois fédérales
concernant la souveraineté canadienne, la défense et les
relations extérieures continuent de s'appliquer à toutes
les personnes qui résident sur des terres autochtones.
Qu'en est-il de l'obligation de rendre des comptes?
Les ententes sur l'autonomie gouvernementale visent à créer
des gouvernements et des institutions autochtones démocratiques
et légitimes, entièrement responsables envers leurs membres.
À cette fin, ces ententes comportent un élément essentiel,
c'est-à-dire qu'on y exige que les groupes autochtones élaborent
des constitutions communautaires qui prévoient : des élections
et des gouvernements démocratiques et légitimes; la gestion
financière interne et l'obligation de rendre des comptes envers
les membres; des règlements sur les conflits d'intérêts;
des procédures pour l'adoption de lois autochtones et leur modification;
des mécanismes d'appel; et la divulgation des lois au public.
Les ententes sur l'autonomie gouvernementale comprennent des dispositions
qui exigent que les groupes autochtones concernés établissent
des normes au chapitre des responsabilités financières qui
soient au moins comparables à celles des autres gouvernements publics
qui offrent des services publics semblables. Les dossiers et les états
financiers doivent être conformes aux principes comptables généralement
reconnus. De plus, ces ententes doivent inclure des dispositions permettant
aux ministres fédéraux de satisfaire aux exigences en matière
d'obligation de rendre des comptes au Parlement, pour ce qui est des transferts
fédéraux d'argent.
Combien de temps faut-il pour négocier une entente sur l'autonomie
gouvernementale?
L'atteinte de l'autonomie gouvernementale ou la reconstruction des systèmes
de gouvernance représente tout un défi. Il faut beaucoup
de temps pour créer de nouvelles institutions ou de nouveaux systèmes
qui sont plus responsables et plus efficaces. Il faudra peut-être
plusieurs années pour négocier une entente de principe et
en arriver par la suite à la conclusion d'une entente définitive.
La nouvelle relation entre les gouvernements autochtones et les gouvernements
fédéral, provinciaux et territoriaux doit être négociée.
Étant donné l'importance des enjeux, il est bien normal
de prendre le temps nécessaire pour élaborer des approches
et des ententes qui fonctionneront, qui résisteront au temps et
qui pourront être adaptées selon l'évolution des circonstances,
d'une manière stable et facile à gérer.
Qu'est-ce qui est entrepris pour assurer une transition fluide vers
l'autonomie gouvernementale?
Les ententes sur l'autonomie gouvernementale prévoient aussi des
plans de mise en œuvre et des accords de transferts financiers, lesquels
sont liés aux accords eux-mêmes, sans toutefois en faire
partie. Les plans de mise en œuvre favorisent une transition fluide
des gouvernements des Premières nations assujettis à la
Loi sur les Indiens vers de nouveaux gouvernements fondés
sur les dispositions et les modalités des ententes sur l'autonomie
gouvernementale. Les accords de transferts financiers traduisent les principes
de financement énoncés dans les ententes principales, y
compris le principe selon lequel l'autonomie gouvernementale est une responsabilité
à frais partagés.
Le gouvernement du Canada soutient également la négociation
d'accords pratiques et novateurs, qui conduisent progressivement à
l'autonomie gouvernementale. Le choix d'une approche pas à pas
et flexible pour la mise en place de l'autonomie gouvernementale permet
aux collectivités autochtones d'acquérir de l'expérience
et d'augmenter leurs capacités en ressources humaines, tout en
contribuant à la gouvernance et au développement économique.
Cela a une incidence immédiate sur le terrain, tout en maintenant
l'élan.
Quels sont les bénéfices?
S'inscrivant dans le contexte de la Constitution canadienne ainsi que
des lois fédérales, provinciales et territoriales, l'autonomie
gouvernementale autochtone permettra aux collectivités autochtones
:
- d'assumer de plus grandes responsabilités et la maîtrise
des questions touchant leurs propres vies et leur avenir;
- d'élaborer leurs propres lois dans certains domaines;
- de faire des choix sur la meilleure façon de dépenser
l'argent et d'assurer la prestation des programmes et des services à
leur collectivité;
- de mieux protéger leur culture;
- d'établir des relations plus étroites afin de promouvoir
le développement social et économique.
Qui sont les bénéficiaires?
Ce sont tous les Canadiens qui profiteront de la nouvelle relation créée
par l'autonomie gouvernementale.
En faisant en sorte que les gouvernements autochtones soient directement
responsables envers leurs citoyens, l'autonomie gouvernementale contribue
à la promotion d'une bonne gouvernance. L'autonomie gouvernementale
permettra aux peuples autochtones de rétablir leur sens de la propriété
et de la responsabilité à l'égard des affaires communautaires.
Une bonne gouvernance devrait également procurer aux Canadiens
autochtones un solide fondement sur lequel bâtir leur développement
économique et l'autosuffisance. Remettre entre les mains des Autochtones
la maîtrise sur les décisions qui touchent leurs collectivités
fournit une occasion de rompre le cycle de la pauvreté et de la
dépendance.
Des collectivités autochtones plus fortes et autonomes font du
Canada un pays encore plus fort, ce qui, en retour, profite à tous
les Canadiens.
Faits en bref : les principes directeurs de l'autonomie gouvernementale
Plusieurs principes guident le gouvernement du Canada dans la négociation
de tous les accords sur l'autonomie gouvernementale :
- Le gouvernement du Canada reconnaît le droit inhérent
à l'autonomie gouvernementale en tant que droit existant à
l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982.
- L'autonomie gouvernementale s'exercera dans le cadre de la Constitution
canadienne actuelle.
-
L'autonomie gouvernementale n'a pas la signification de « souveraineté
» au sens de la loi internationale et n'aboutira pas à
des états-nations autochtones souverains. Les peuples autochtones
continueront d'être des citoyens du Canada et de la province ou
du territoire où ils vivent.
- La Charte canadienne des droits et libertés s'applique
aux gouvernements autochtones de la même manière qu'elle
s'applique à tous les gouvernements au Canada.
- Lorsque toutes les parties en conviennent, les droits prévus
par les ententes sur l'autonomie gouvernementale peuvent être
protégés par de nouveaux traités. Ils peuvent également
être protégés par des ajouts aux traités
existants ou faire partie des ententes sur les revendications territoriales
globales.
- Les lois fédérales, provinciales, territoriales et
autochtones doivent coexister en harmonie.
- On tiendra compte des intérêts de tous les Canadiens
dans la négociation des ententes.
Décembre 2004
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