Les caractéristiques des organismes de
recherche bien gérés
22.6
Les activités fédérales au chapitre des sciences et de la
technologie (S-T) jouent un rôle important dans l'exécution des
responsabilités de l'État dans des domaines tels que la santé, la sécurité, la
protection de l'environnement, les communications et le développement
social et économique. En 1998-1999, le gouvernement fédéral a dépensé
un montant évalué à 5,5 milliards de dollars pour des activités en matière de
S-T. La répartition de ces dépenses par secteur de réalisation est présentée
à la
pièce 22.1.
22.7
Sur ces 5,5 milliards de dollars, l'État a dépensé 3,2 milliards ou
59 p. 100 pour des activités internes - c'est-à-dire des activités menées
avant tout par des ministères, organismes et sociétés d'État du
gouvernement fédéral. De ce montant, 1,59 milliard de dollars (29 p. 100 de
l'ensemble des activités) ont été consacrés à la recherche et au
développement - c'est-à-dire un travail créatif entrepris de façon
systématique dans le but d'accroître le bassin de connaissances
scientifiques et techniques, et d'utiliser ces connaissances dans de
nouvelles applications; et 1,64 milliard (30 p. 100 de l'ensemble des
activités) ont été dépensés pour des activités en rapport avec la recherche
- c'est-à-dire des activités qui viennent compléter ou élargir la recherche et
le développement en générant, en diffusant et en appliquant de nouvelles
connaissances scientifiques et technologiques. La saine gestion de ces
activités en matière de S-T est essentielle pour que le gouvernement fédéral
atteigne les résultats escomptés.
Nos
travaux antérieurs concernant les sciences et la technologie
22.8
En 1994, nous avons procédé à la vérification des activités d'un
certain nombre de ministères et d'organismes dans le domaine des S-T.
Nous avons mis le doigt sur une série de problèmes relatifs à la gestion de
la recherche, tant dans l'ensemble des ministères et organismes qu'à
l'intérieur de ceux-ci.
22.9
En ce qui touche l'administration fédérale dans son ensemble,
nous avons fait ressortir la nécessité non seulement d'avoir des priorités et
une orientation claires, des attentes précises en matière de rendement et
des plans d'action explicites, une coordination et une surveillance efficaces,
et un leadership qui transcende les mandats des ministères, mais aussi de
mieux informer le Parlement et le public au sujet des activités et du
rendement dans le domaine des S-T. Au niveau des ministères, nous avons
reconnu qu'il était nécessaire de fixer des objectifs qui soient davantage
axés sur les résultats; d'établir des priorités basées sur une évaluation des
besoins des clients et des débouchés sectoriels; de renforcer la planification
des ressources humaines et le développement d'une capacité de gestion de
la recherche; d'élaborer un cadre redditionnel précis à l'égard des résultats
et d'en promouvoir l'utilisation; et d'améliorer la sélection des projets et les
processus d'examen ainsi que les méthodes de gestion des projets.
22.10
En 1996, le gouvernement a publié une stratégie fédérale intitulée
Les sciences et la technologie à l'aube du XXIe siècle : la stratégie fédérale
(ci-après « la Stratégie en matière de S-T »), en partie pour donner suite à
nos vérifications. La Stratégie en matière de S-T expose les grandes lignes
des trois objectifs que devraient viser les investissements fédéraux en ce
domaine : la création d'emplois durables et la croissance économique, une
meilleure qualité de vie et l'avancement des connaissances. Elle décrit
aussi les principes directeurs de portée fédérale qui doivent guider les
ministères et les organismes dans la gestion de leurs activités en ce qui a
trait aux sciences et aux technologies. Au même moment, pour appuyer la
mise en oeuvre de ces principes, le gouvernement a aussi publié le
Cadre
de gestion des ressources humaines de la communauté scientifique et
technologique fédérale
(ci-après « le Cadre de gestion des ressources
humaines »). Celui-ci a été conçu de manière à aider le gouvernement à
élaborer et à appliquer des politiques et des outils dont les gestionnaires
des sciences pourraient se servir pour aider leurs organismes et le
personnel scientifique et technologique à s'aligner sur l'orientation et
l'activité scientifiques des ministères.
22.11
En 1998, nous avons examiné les progrès accomplis par
l'administration fédérale sur le plan de la mise en oeuvre des engagements
pris dans la Stratégie en matière de S-T. Le chapitre de 1998 signale que
les progrès dans l'établissement des éléments nécessaires à l'amélioration
de la gestion des efforts du gouvernement fédéral dans le domaine
scientifique et technologique ont été lents. Le régime de gestion mis en
place pour superviser les efforts déployés par le gouvernement fédéral en la
matière ne fonctionnait pas encore comme prévu. Les ministères que nous
avons vérifiés avaient progressé à un rythme variable dans l'application des
principes directeurs énoncés dans la Stratégie en matière de S-T. Nous
avons signalé trois domaines exigeant une attention particulière : la
planification, l'établissement de priorités et l'information communiquée sur le
rendement concernant la recherche en fonction du mandat et axée sur les
résultats; le recours à l'examen par des pairs pour assurer l'excellence
scientifique; enfin, l'élaboration de stratégies en vue du recours aux
partenariats, tant entre les ministères qu'avec des organismes ne relevant
pas de l'administration fédérale.
22.12
En avril 1999, nous avons présenté un rapport de suivi de la
gestion du personnel scientifique et technologique dans l'administration
fédérale. Nous avons conclu que la communauté des scientifiques et des
technologues faisait preuve de leadership et de persévérance pour régler
les enjeux liés à la gestion des ressources humaines que nous avions
recensés en 1994. Mais il restait, selon nous, des défis de taille à relever, en
particulier pour réagir aux effets du profil démographique actuel en attirant
et en recrutant de nouveaux talents et en retenant le personnel
expérimenté.
22.13
Nos travaux jusqu'à présent attirent l'attention sur la nécessité de
décrire ce à quoi ressemble un organisme de recherche bien géré. La
présente étude utilise les lignes directrices énoncées dans la Stratégie en
matière de S-T, le Cadre de gestion des ressources humaines et d'autres
sources pour créer une série de résultats idéaux sur le plan de la gestion de
la recherche. Ces résultats idéaux, nous les appelons
caractéristiques. La
mesure dans laquelle un organisme démontre une caractéristique est une
indication de la qualité de sa gestion.
Défis
à relever sur le plan de la gestion dans le milieu de la recherche
22.14
Nous nous sommes penchés sur quelques-uns des défis à relever
dans la gestion de la recherche selon deux perspectives : les défis d'ordre
général, communs aux gestionnaires de recherche tant dans le secteur
privé que dans le secteur public, et ceux qui sont plus particuliers à la
recherche effectuée par l'État.
22.15
Défis d'ordre général.
Par leur nature même, les activités de
recherche constituent un défi pour les gestionnaires. Que ce soit dans le
secteur privé ou dans le secteur public, il est difficile de fixer des priorités et
d'énoncer clairement les répercussions visées ou les résultats finaux. Il y a
plusieurs raisons à cela.
-
On ne sait pas exactement où se trouvent les découvertes les plus importantes.
-
Il y a un risque associé à l'incertitude scientifique.
-
Étant donné la nature de la recherche, les découvertes heureuses se font par hasard et
les résultats sont imprévisibles, puisque les chercheurs sont en quête de l'inconnu (il
n'est pas rare que l'on obtienne des résultats utiles en soi mais qui ne sont pas au
nombre des résultats escomptés).
-
Il faut souvent beaucoup de temps avant que les résultats ou les répercussions de la
recherche ne deviennent évidents.
22.16
Ces caractéristiques signifient également que les gestionnaires de
recherche ont un important défi à relever pour faire connaître la valeur réelle
de la recherche, surtout quand les décideurs ne sont pas des scientifiques,
et les avantages qu'il y a à y investir. La nécessité de justifier sans cesse
l'importance des investissements dans la recherche reste un problème
permanent, tant dans le secteur public que dans le secteur privé.
22.17
Les organismes de recherche axés sur une mission effectuent
leurs travaux pour remplir leur mandat. Ils font de la recherche à la fois pour
répondre à la demande et pour explorer des champs connexes. Le gros des
efforts déployés est axé sur des objectifs cibles ou des résultats finaux.
Toutefois, une partie des efforts est investie dans la recherche exploratoire
dans le but de découvrir de nouveaux besoins et de nouvelles possibilités
ainsi que des approches novatrices plus aptes à satisfaire aux besoins qui
ont été définis. Parmi les problèmes qu'ont à résoudre les gestionnaires
dans les organismes de recherche axés sur une mission, mentionnons la
détermination des clientèles cibles et de leurs attentes et la mise au point de
programmes de recherche concrets pour répondre à ces attentes; l'équilibre
à établir entre la nécessité d'accorder aux chercheurs une certaine liberté
pour explorer (pour alimenter la créativité et l'innovation), d'une part, et la
nécessité de livrer les résultats escomptés, d'autre part; enfin, l'utilisation de
méthodes adéquates pour surveiller la qualité et la pertinence de la
recherche.
22.18
Le recours croissant à des mécanismes de collaboration et à des
partenariats mettant à contribution des chercheurs provenant de divers
organismes, de divers secteurs, voire de pays différents, constitue une
difficulté nouvelle. Au nombre des facteurs à l'origine de cette tendance
figurent la nécessité de réunir des spécialistes de disciplines diverses pour
s'attaquer à des problèmes complexes sur le plan de la recherche, et celle
de partager les coûts de la recherche. Aussi les gestionnaires doivent-ils
adopter de nouvelles façons de gérer la recherche, de protéger les droits de
propriété intellectuelle et de communiquer les résultats sous une forme utile.
22.19
Défis liés à la gestion de la recherche effectuée par l'État.
La
Stratégie fédérale en matière de S-T a défini les tâches suivantes que
doivent accomplir les gestionnaires de recherche de l'administration
fédérale :
-
ils recourent à des méthodes de prévision (être capable de prévoir les défis de l'avenir
et de faire des ajustements, tout en demeurant axé sur les buts à long terme),
d'évaluation des risques et de prévention pour aborder les enjeux avant qu'ils ne
deviennent des problèmes;
-
ils mettent en place des mécanismes efficaces pour coordonner les activités de
recherche sur le plan horizontal entre les ministères et d'autres secteurs (le changement
climatique, les sciences polaires et la biotechnologie sont des exemples d'enjeux qui
nécessitent une gestion horizontale);
-
ils font preuve de transparence et de franchise accrues en recourant régulièrement à
l'examen indépendant par des pairs, pour valider la qualité de la recherche, et à
l'examen par des clients ou des intervenants, qui sont des spécialistes, pour valider la
pertinence des travaux.
22.20
La Stratégie fédérale en matière de S-T fait état de l'intention du
gouvernement d'adopter des mesures visant à renforcer la gestion des
activités de recherche de l'État, comme l'établissement de cibles et
d'objectifs scientifiques et technologiques précis, d'indicateurs de mesure
du rendement et de cadres d'évaluation. Les ministères et leurs organismes
de recherche travaillent actuellement à la mise en oeuvre de ces mesures.
Leur tâche est rendue plus délicate en raison de la nature de plus en plus
complexe de bon nombre de questions de recherche importantes qui
recouvrent les mandats de nombreux ministères (la science du changement
climatique, par exemple). Il faut de nouvelles approches et de nouvelles
structures pour établir un lien entre les auteurs de la recherche et les
utilisateurs et pour ainsi mieux gérer ces activités de recherche et surveiller
le niveau de satisfaction de la clientèle.
22.21
Les mesures visant à renforcer la gestion des activités de
recherche de l'État amènent les gestionnaires et les chercheurs à faire face
à un autre problème : la préservation du caractère biculturel (scientifique et
administratif) de l'organisme. La culture de la recherche repose sur des
valeurs scientifiques profondément enracinées, bon nombre d'entre elles
provenant de la grande communauté scientifique. Parmi celles-ci figure le
désir profond d'apprendre et d'acquérir des connaissances parce que cela
est gratifiant. Le défi des gestionnaires de recherche dans le secteur public
est de faire accepter par les chercheurs, d'une part, que les travaux
effectués par l'État sont d'abord et avant tout axés sur une mission et non
pas simplement inspirés par le désir de connaître et, d'autre part, que pour
atteindre les résultats escomptés, la recherche doit être gérée d'une
manière active.
22.22
Malheureusement, en insistant exagérément sur les impératifs et
les processus administratifs, on peut submerger les valeurs scientifiques,
réprimer la curiosité scientifique ou étouffer la créativité même dont on a
besoin pour aborder des questions de recherche complexes. Comme dans
la plupart des choses, il faut un équilibre : les gestionnaires doivent
reconnaître les valeurs scientifiques profondément enracinées de la culture
de la recherche et s'en accommoder; quant aux chercheurs, ils doivent être
conscients des impératifs auxquels sont soumis les gestionnaires et s'y
adapter.
22.23
Tous les secteurs ont des difficultés à surmonter pour recruter,
retenir et rajeunir l'effectif, mais celles-ci sont particulièrement graves à
l'heure actuelle dans le secteur public. Les réductions de dépenses et de
personnel et la multiplication des débouchés dans d'autres secteurs ont
conduit à des profils démographiques qui pourraient compromettre la
capacité de l'État dans le domaine des S-T. Les gestionnaires du secteur
public examinent des mesures de recrutement plus souples, des systèmes
de rémunération adéquats et des moyens d'améliorer l'environnement de
travail.
22.24
L'État s'est découvert un nouveau rôle dans la Stratégie en matière
de S-T comme analyste de l'information, diffuseur de connaissances et
bâtisseur de réseaux. Pour jouer ce rôle efficacement, il doit exister une
gestion stratégique du capital intellectuel dans l'ensemble de
l'administration fédérale. Le capital intellectuel est l'interaction des actifs
d'un organisme sur le plan des connaissances : les structures, processus et
politiques qui alimentent la création, ainsi que la mise en commun et
l'exploitation des connaissances. Il comprend le talent des employés, les
systèmes de gestion et les relations avec la clientèle. Parce que le
savoir-faire réside dans les gens et qu'il est étayé par des processus et des
interactions, un organisme a besoin d'avoir une stratégie pour gérer son
capital intellectuel; cette stratégie devrait s'harmoniser avec sa mission et
avec la stratégie d'ensemble.
Objet
de l'étude
22.25
Notre étude poursuit un double but :
-
informer le Parlement au sujet des caractéristiques des organismes de recherche bien
gérés qui peuvent être utilisées pour évaluer la gestion des activités de recherche dans
les ministères et les organismes fédéraux;
-
fournir une orientation aux gestionnaires de recherche fédéraux en ce qui concerne les
résultats idéaux d'une saine gestion, et leur donner des exemples de méthodes pour
atteindre les idéaux en matière de rendement décrits par ces caractéristiques.
22.26
Un tel objet est en parfaite harmonie avec notre priorité stratégique
qui consiste à contribuer aux changements nécessaires dans la fonction
publique, comme il est énoncé dans le
Rapport sur les plans et les priorités
du Bureau du vérificateur général. Nous prévoyons utiliser les
caractéristiques dans les futures vérifications de l'optimisation des
ressources des activités de recherche de l'administration fédérale. On
trouvera plus de précisions au sujet de la présente étude à la fin du chapitre
dans la section
À propos de l'étude.
22.27
La notion de « caractéristiques » dérive de la question suivante :
« Comment peut-on dire qu'un organisme de recherche est bien géré? ».
Nous étions intéressés à examiner comment procèdent les cadres
supérieurs des organismes de recherche pour savoir s'ils font du bon travail.
Quelles qualités ou quelles caractéristiques ressortent davantage, le cas
échéant?
22.28
Cela dit, les caractéristiques ne constituent pas une recette pour
l'action. Elles ont pour rôle de saisir les idéaux de rendement que les
organismes s'efforcent de poursuivre mais qu'ils n'atteindront jamais
parfaitement. À ce titre, elles se présentent comme des énoncés de
l'orientation que devraient prendre les interventions des gestionnaires plutôt
que comme un plan pour parvenir à la situation idéale.
22.29
Les caractéristiques sont énoncées de façon à ce que les progrès
sur la voie de l'idéal soient observables et même mesurables. Les
caractéristiques sont conçues de manière à pouvoir être utilisées tant par
les gestionnaires de recherche pour élaborer des stratégies d'amélioration
du rendement que par les vérificateurs et les experts en évaluation pour
examiner la gestion d'un organisme de recherche. La mesure dans laquelle
un organisme démontre une caractéristique, modifiée comme il se doit en
fonction de sa situation particulière, est une indication de la qualité de sa
gestion.
22.30
Les caractéristiques sont présentées à la
pièce 22.2. Elles sont
regroupées autour de quatre perspectives clés touchant le succès de
l'organisme : la focalisation sur les personnes, le leadership, la gestion de la
recherche, et le rendement de l'organisme. Ces perspectives lient les
caractéristiques les unes aux autres autour de thèmes que nous avons
recensés dans le cadre de nos travaux. Parce que les trois premières
perspectives engendrent la quatrième - le rendement de l'organisme -,
elles sont essentielles en tant que telles et demandent une égale attention
de la part de la direction. Inversement, le rendement de l'organisme influe
directement sur les trois autres perspectives. Le succès de l'organisme, par
exemple, renvoie à la focalisation sur les personnes, renforce le leadership
et facilite la gestion de la recherche.
22.31
De la même façon, les caractéristiques sont toutes
interdépendantes et se conjuguent pour fournir une image globale d'une
saine gestion de la recherche. Bien qu'elles se recoupent, chacune expose
un résultat idéal pour une dimension différente de la gestion de la
recherche.
22.32
Nous avons utilisé l'adjectif « bon » à plusieurs reprises dans les
caractéristiques. La raison en est la suivante. Lorsque la direction est
confrontée à des choix, certains sont meilleurs que d'autres et l'un d'eux -
le bon choix ou le choix idéal - est le meilleur de tous. Il incombe à la
direction de décider quelle est la bonne option, ce qu'elle fait en se référant
aux normes pertinentes, en particulier sa vision, ses buts et ses valeurs.
Façon
d'élaborer les caractéristiques
22.33
Nous avons mis au point les caractéristiques au moyen d'un
processus itératif. On trouvera à la
pièce 22.3
une représentation graphique
de notre approche.
22.34
Nous avons basé notre ensemble préliminaire de caractéristiques
sur les sources suivantes : les principes directeurs de la Stratégie en
matière de S-T du gouvernement; les éléments constitutifs du Cadre de
gestion des ressources humaines; les critères de gestion de la qualité mis
au point par l'Institut national de la qualité conjointement avec le
gouvernement fédéral; et les caractéristiques de l'efficacité conçues par
CCAF-FCVI Inc., une fondation canadienne vouée à la recherche et à
l'éducation qui se consacre au développement des connaissances en vue
d'une reddition de comptes poussée et d'une régie, d'une gestion et d'une
vérification efficaces.
22.35
Nous avons raffiné les caractéristiques en établissant et en
analysant des faits, puis en exposant les caractéristiques en évolution à des
remises en question internes et externes. Nous avons procédé à un examen
de la documentation spécialisée sur la gestion de la recherche et analysé
plusieurs documents et rapports publiés par le gouvernement fédéral. Les
ressources fédérales suivantes ont exercé une influence non négligeable
sur notre réflexion :
-
le
Rapport du Groupe de travail indépendant chargé de la modernisation de la fonction
de contrôleur dans l'Administration fédérale du Canada, qui met l'accent sur une
administration fédérale ouverte, accessible, inspirée par des valeurs et orientée vers les
résultats;
-
un document que préparent actuellement les ministères fédéraux à vocation scientifique,
qui a pour titre
Code proposé pour la conduite, la gestion et l'utilisation de la science
dans l'administration fédérale du Canada;
-
le
Guide de la saine gestion à RNCan 1998 - Une approche évolutive, une publication
récente de Ressources naturelles Canada;
-
le rapport du Conseil d'experts en sciences et en technologie intitulé
Avis scientifiques
pour l'efficacité gouvernementale, qui a été rendu public récemment;
-
les ébauches de profils de compétences de base dans la gestion des S-T, profils établis
par le Groupe de travail fédéral sur la gestion des S-T et par le
Development Resource
Guide for R&D Management
de l'Institut national de recherche sur les eaux.
22.36
Nous avons pris en compte les lignes directrices sur la gestion
axée sur les résultats et d'autres aspects de la gestion efficace tels qu'ils
sont présentés dans les rapports publiés par le gouvernement fédéral, par
notre propre bureau et par des organismes de l'étranger.
22.37
Notre ensemble de caractéristiques en évolution a été soumis à
divers tests et remis en question de différentes façons. Nous avons recueilli
l'opinion de notre propre comité consultatif, de gestionnaires de recherche à
différents niveaux dans les ministères fédéraux, et d'autres sources fiables
telles que l'American Association for the Advancement of Science, la
National Science Foundation et le General Accounting Office des
États-Unis.
22.38
Nous avons visité, au Canada et aux États-Unis, quelques
organismes de recherche-développement connus et respectés afin
d'analyser les caractéristiques et de recueillir des exemples de pratiques à
l'appui. Voici la liste des organismes que nous avons visités :
-
l'Alberta Research Council, ci-après le Conseil de recherche de l'Alberta;
-
l'Argonne National Laboratory, ci-après le Laboratoire national Argonne (département de
l'Énergie des États-Unis);
-
l'Army Research Laboratory, ci-après le Laboratoire de recherche de l'Armée
(département des Forces terrestres des États-Unis);
-
l'Office of Research and Development, ci-après le Bureau de la recherche et du
développement (Environmental Protection Agency, ci-après l'Agence de protection de
l'environnement des États-Unis);
-
Goddard Space Flight Center, ci-après le Centre des vols spatiaux Goddard (NASA);
-
Merck Frosst Canada & Cie;
-
le National Institute of Standards and Technology, ci-après l'Institut national des normes
et de la technologie (États-Unis);
-
Nortel Networks.
On trouvera des renseignements au sujet de ces organismes à la
pièce 22.4.
22.39
Nous avons supposé que les gestionnaires de recherche de
l'administration fédérale étaient généralement au courant de leurs méthodes
respectives mais qu'ils pourraient trouver utile de se renseigner sur celles
qu'emploient d'autres organismes au Canada et aux États-Unis. C'est
pourquoi nous avons utilisé des pratiques en usage à l'extérieur de
l'administration fédérale canadienne afin d'illustrer les voies et les moyens
pour aller dans la direction indiquée par les caractéristiques. On nous a
présenté ces pratiques non comme la réalité de tous les jours, mais comme
ce à quoi les organismes s'attendent de la part de leurs gestionnaires et de
leurs employés.
22.40
Nos travaux donnent à penser que les caractéristiques sont
applicables tant aux organismes du secteur public qu'à ceux du secteur
privé. L'importance accordée à l'une ou l'autre caractéristique, de même
que les pratiques qui appuient les progrès accomplis dans le sens d'une
caractéristique, varient selon le mandat et la mission de chaque organisme.
La chose est particulièrement vraie dans le cas des organismes du secteur
public dont le mandat, en ce qui touche le bien public, peut couvrir un très
large éventail de responsabilités.
22.41
Dans le reste du présent chapitre, nous décrivons chaque
caractéristique que nous illustrons de pratiques provenant des organismes
visités.
Les
gestionnaires savent de quels talents ils ont besoin sur le plan de
la recherche et sur d'autres plans pour réaliser la mission; aussi
recrutent-ils, forment-ils et retiennent-ils la bonne combinaison de
personnes
22.42
Les organismes de recherche d'aujourd'hui ont besoin de
professionnels hautement qualifiés, aux compétences multiples. Les
chercheurs doivent être des scientifiques de première valeur; ils doivent
également être capables de communiquer avec les utilisateurs et de
travailler en équipe. Leurs compétences techniques doivent être en
harmonie avec les besoins de l'organisme, actuels et prévus. De leur côté,
les gestionnaires de recherche doivent aussi posséder une compétence
technique avérée ainsi que de solides aptitudes sur les plans du leadership
et de la gestion. Tous les organismes que nous avons visités ont signalé
l'importance d'avoir la bonne combinaison de personnes pour parvenir au
succès. Dans plusieurs de ces organismes, les gestionnaires consacrent
beaucoup de temps et d'efforts à définir les compétences de base ainsi qu'à
recruter, gérer, former, motiver et retenir un personnel de grande qualité.
22.43
Les gestionnaires doivent décider des compétences de base dont
ils ont besoin pour s'attaquer aux priorités actuelles d'une recherche en
évolution. Les compétences de base requises ne sont pas seulement celles
qu'il faut pour effectuer une recherche de qualité supérieure; ce sont aussi
celles qu'il faut pour avoir accès au savoir produit par d'autres chercheurs,
en faire la synthèse puis s'en servir de manière efficace pour gérer la
recherche effectuée à l'interne et à l'externe, et pour intégrer les sciences
dans les conseils d'orientation stratégique ainsi que dans l'élaboration de
normes et de règlements.
22.44
La société Merck Frosst considère le recrutement comme un
investissement à long terme dans l'avenir de l'entreprise. C'est pourquoi
l'approche de la société comprend des activités de vulgarisation scientifique
à l'école primaire et à l'école secondaire, un programme d'enseignement
coopératif de niveau universitaire bien établi, et le dépistage d'étudiants très
prometteurs dans les écoles d'études supérieures. La société perçoit le
recrutement comme l'une des fonctions les plus importantes de la gestion.
S'il est bien fait, tout le reste tombe en place.
22.45
Chez Nortel Networks, on nous a dit qu'il était essentiel au
maintien du leadership de l'entreprise, dans un contexte de vive
concurrence, que l'on engage et que l'on retienne les personnes les plus
compétentes. Nortel cherche à établir un juste équilibre entre les
non-conformistes et les travailleurs en équipe.
22.46
Au Centre des vols spatiaux Goddard, on insiste sur l'importance
de constituer un effectif de chercheurs compétents, compte tenu en
particulier du degré élevé de mobilité, de nos jours, chez les chercheurs
talentueux. Cela veut dire à la fois recruter des « supervedettes » pour
susciter la créativité et l'innovation, et favoriser l'excellence de l'intérieur en
misant sur l'enthousiasme et la motivation des employés talentueux et sur
leur bonne volonté pour apprendre.
22.47
Le Conseil de recherche de l'Alberta a mis en place, en 1997, un
programme d'engagement stratégique dans lequel il voyait un
investissement dans l'avenir. Le Conseil a mis de côté un million de dollars
(3,5 p. 100 du budget des salaires et des avantages sociaux) afin
d'accroître ses compétences de base, de se donner de nouvelles capacités
et d'élargir ses connaissances dans le développement des affaires et dans
l'entrepreneuriat. Le Conseil continue de se servir de ce même programme
pour recruter des compétences de base et les retenir au sein de
l'organisme.
22.48
Nortel Networks investit dans le perfectionnement de ses
gestionnaires de recherche. La direction reconnaît que l'éventail de
compétences de tels gestionnaires diffère de celui d'un chercheur. Non
seulement les bons gestionnaires de recherche doivent-ils comprendre la
culture de la recherche et avoir des compétences techniques, mais ils
doivent aussi faire preuve de leadership et avoir des aptitudes en gestion,
en relations humaines et en communication.
22.49
À l'instar de nombreux autres laboratoires du département de la
Défense des États-Unis, le Laboratoire de recherche de l'Armée a adopté
récemment une méthode de rechange pour la gestion du personnel. Le
système est conçu de manière à donner au directeur du Laboratoire une
plus grande souplesse dans la gestion du personnel. Les changements
avaient été demandés depuis des années dans de nombreuses études sur
les laboratoires de la Défense effectuées par des comités de révision de
l'extérieur. Ces études ont toutes attiré l'attention sur le manque de
souplesse du système de gestion du personnel de la fonction publique
américaine, qui empêche ces laboratoires d'atteindre pleinement leur
potentiel comme institutions de recherche de niveau mondial. La nouvelle
façon de procéder comprend les avantages suivants : un système de
rémunération constitué d'échelons élargis qui soutiennent davantage la
concurrence avec le secteur privé au niveau d'entrée, et à l'intérieur duquel
les employés peuvent être déplacés avec une souplesse beaucoup plus
grande; un système de rémunération au rendement qui permet de
récompenser les employés comme il se doit pour leur rendement
exceptionnel; un système simplifié de classification des emplois; de
meilleures possibilités de formation; des mesures disciplinaires et des
formalités simplifiées de cessation d'emploi.
22.50
Pour maintenir l'excellence technique et permettre aux employés
de progresser dans leur carrière en fonction de leurs aptitudes et de leurs
habiletés, le Laboratoire national Argonne a adopté, pour son personnel
scientifique et ses ingénieurs, un système de gestion des carrières fondé
sur les compétences. Le système permet aux employés de mesurer leur
croissance et de faire des plans concernant leur perfectionnement
professionnel; il est également à la base du programme de rémunération.
Les salaires sont basés sur les exigences du poste et sur le marché du
travail à l'extérieur de la fonction publique, lequel détermine l'échelle
salariale compétitive pour des postes semblables dans le domaine de la
recherche-développement. Le Laboratoire de recherche de l'Armée
américaine a adopté la perspective suivante quant à la nécessité de
conserver des compétences à l'interne : « Si l'Armée veut se doter, de façon
rationnelle, des technologies complexes les plus récentes, qui serviront sur
le champ de bataille de demain, elle doit disposer de cadres qui connaissent
à la fois la technologie et ce que le secteur privé est prêt à fournir. L'Armée
pourra alors évaluer ce qui est fourni afin de s'assurer que cela est
fonctionnel. »
22.51
Nous avons constaté que les organismes de recherche faisaient
appel à des solutions de rechange au recrutement (par exemple les
détachements et le recours à des entrepreneurs), qu'ils établissaient des
contacts avec les réserves de talents de l'avenir (par exemple les activités
de sensibilisation dans les écoles, les collèges et les universités) et qu'ils se
dotaient de mécanismes pour réagir aux changements dans les exigences
relatives aux compétences de base (par exemple les affectations de
transition, le recyclage et le placement à l'extérieur).
22.52
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives que nos
recherches et nos visites à des organismes nous ont permis de découvrir :
-
le recours à des cheminements de carrière parallèles (en recherche et en gestion), avec
des possibilités d'aller de l'un à l'autre, ce qui permet de former de nouveaux dirigeants
disposant des compétences requises dans les deux domaines;
-
la possibilité d'un apprentissage continu (échanges, mutations, participation à des
conférences professionnelles et l'occasion de participer à des groupes de travail
internationaux);
-
la reconnaissance par les pairs et les récompenses (publication dans des revues
scientifiques, brevets, participation à des comités prestigieux de l'extérieur et
programme interne de récompenses);
-
des mesures incitatives en faveur de la créativité et de l'innovation (fonds spécial pour
les nouvelles initiatives ou projets spéciaux destinés à encourager les meilleurs à
poursuivre dans de nouvelles avenues prometteuses);
-
les programmes de formation destinés à développer les aptitudes non techniques des
chercheurs, comme la communication et la collaboration;
-
les stratégies pour découvrir, attirer et développer les talents requis, notamment :
-
la commandite de la recherche universitaire qui a pour but de consolider les liens avec
les universités;
-
la participation à des projets de recherche en collaboration avec les universités pour
demeurer à la fine pointe des connaissances;
-
l'encadrement de jeunes chercheurs et le mentorat par des chercheurs plus
expérimentés;
-
la planification de la gestion de carrière pour assurer une progression adéquate;
-
la mise en place de plans de relève et de programmes de perfectionnement pour
permettre aux gestionnaires en puissance d'acquérir les aptitudes dont ils ont besoin
pour être promus à des postes clés.
Les
employés sont passionnés par leur travail, ils ont confiance en la
direction et ils sont fiers de l'organisme pour lequel ils travaillent
22.53
Le moral des employés se situe au coeur de la productivité et du
succès d'un organisme. Les employés satisfaits sont créatifs, novateurs,
efficients et efficaces. En outre,
-
ils font confiance à la direction;
-
ils sont traités avec respect et se sentent estimés et utiles;
-
ils ont l'occasion d'apprendre, de mettre à jour leurs connaissances et leurs habiletés, et
de donner leur plein rendement;
-
ils apprécient le changement et peuvent y faire face; ils sont entre autres capables de
mettre fin à un projet de recherche à la suite d'un changement des priorités ou à cause
de possibilités plus attrayantes;
-
on les encourage à faire part de leurs idées et à s'exprimer librement sur des questions
qui les préoccupent, sans crainte de représailles (confiance et franchise);
-
on réagit à leurs suggestions et à leurs demandes dans des délais raisonnables;
-
on leur témoigne de l'empathie, de manière raisonnable, lorsqu'ils doivent surmonter
des difficultés, au travail comme à l'extérieur;
-
ils estiment que, dans l'ensemble, leur rémunération et les avantages liés à leur travail
sont justes et raisonnables.
22.54
Cette caractéristique présume qu'il existe une culture
organisationnelle positive qui est d'un grand soutien. Elle suppose qu'il y a
adéquation entre les employés et la mission, les valeurs et la vision de
l'organisme, que les employés sont dignes de confiance et compétents,
qu'ils ont un but et sont conscients de leur propre valeur, et qu'ils savent
travailler en équipe. Les employés qui se passionnent pour leur travail ne
font pas simplement « du neuf à cinq »; pourtant, ils établissent un équilibre
entre leur travail et leur vie personnelle.
22.55
Les employés ont tendance à se passionner pour leur travail et à
être fiers de l'organisme pour lequel ils travaillent s'ils sentent qu'ils
apportent une contribution au succès de celui-ci, si leur contribution est
reconnue et si on leur donne les moyens d'atteindre les résultats convenus.
Il faut pour cela un environnement de travail dans lequel les rôles sont
raisonnablement clairs et où le travail d'équipe et la gestion participative
sont axés sur les résultats. Pour assurer de telles conditions, une gestion
proactive s'impose. Le recours à des enquêtes sur le climat au sein de
l'organisme peut aider les gestionnaires à évaluer la santé de
l'environnement de travail. En 1996, par exemple, le Bureau de la recherche
et du développement de l'Agence de protection de l'environnement a lancé
un nouveau plan stratégique qui a amené un certain nombre de
changements importants dans la façon de procéder du Bureau. Dans le
cadre d'une série d'ateliers sur la gestion du changement, les employés ont
classé les problèmes dans cinq domaines où il y avait place à
l'amélioration : la réduction de la paperasserie; les communications; le
perfectionnement et l'avancement professionnel; les ressources et
l'infrastructure; l'intégration des sciences à la mission de l'Agence (donner
la priorité aux sciences). La
pièce 22.5
présente un aperçu des thèmes
abordés dans l'enquête sur le climat au sein de l'organisme.
22.56
Pour conserver la confiance des employés, il est important que les
gestionnaires réagissent promptement aux résultats des enquêtes. Le
Conseil de recherche de l'Alberta mesure la satisfaction et recueille les
opinions des employés au moyen d'enquêtes annuelles. La haute direction
examine les résultats obtenus, y compris l'ensemble des commentaires des
employés, afin d'y donner suite et de discuter du suivi avec les
gestionnaires. Les résultats globaux des enquêtes sont également
communiqués à l'ensemble des employés lors de la réunion annuelle de
tout le personnel et sont affichés dans un site Web interne du Conseil.
Celui-ci s'est donné pour objectif d'accroître le degré de satisfaction des
employés, qui se situait à 67 p. 100 en 1997.
22.57
La confiance des employés envers la direction et la fierté à l'égard
de l'organisme sont alimentées grâce à la transparence et à la franchise. La
société Nortel Networks, par exemple, cherche à y parvenir :
-
elle établit un climat de sécurité : parce que l'échec ou la fin d'un projet ne signifie pas la
fin de la carrière d'un chercheur, celui-ci se sent à l'aise de suggérer que l'on mette fin à
un projet sans craindre pour autant de perdre son emploi;
-
elle encourage la franchise grâce à la communication d'un niveau raisonnable de
renseignements aux employés sur les plans et les stratégies de l'entreprise;
-
elle tient ses promesses ou explique, le cas échéant, pourquoi elle ne le fait pas.
22.58
La franchise et la transparence revêtent une importance
particulière dans les organismes de recherche du secteur public chargés de
donner des conseils scientifiques qui serviront à élaborer des politiques et
des règlements. La franchise stimule une discussion plus approfondie des
fondements scientifiques des politiques et des règlements qui sont
proposés, et elle attire l'attention sur les preuves scientifiques
contradictoires qui ont peut-être été négligées. Parce que les avis
scientifiques comportent souvent un éventail d'opinions, il est important que
le processus menant à une décision soit transparent. La preuve et l'analyse
scientifiques (autres que les renseignements exclusifs) qui sont à la base
des décisions en matière de politique et de réglementation doivent être
largement diffusées; les employés doivent comprendre clairement comment
on a tenu compte des données scientifiques dans la formulation des
politiques ou des règlements.
22.59
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives que nous avons
recensés.
-
Les gestionnaires sont ouverts et francs au sujet des difficultés que l'organisme doit
surmonter et des stratégies à adopter pour y faire face.
-
La direction cherche à recueillir le point de vue des employés et donne suite à leurs
observations en temps opportun.
-
La haute direction est visible et entretient des liens avec les employés (en participant
aux célébrations, aux remises de prix et aux fêtes soulignant les départs à la retraite,
par exemple).
-
La direction reconnaît la participation des employés à des activités qui améliorent la
réputation de l'organisme et suscitent la fierté à l'égard de celui-ci (vulgarisation,
développement de la culture scientifique, comités d'experts et conférences).
Les
besoins actuels et prévus des clientèles dépendantes sont
l'élément moteur de l'organisme et de ses programmes de recherche
22.60
L'expression « clientèles dépendantes » désigne les personnes, les
groupes ou les organismes qui comptent absolument sur les résultats de la
recherche pour s'acquitter de leurs propres responsabilités. L'efficacité de
ces clientèles dépend de l'appui qu'elles reçoivent sur le plan de la
recherche. Pour déterminer les besoins actuels et prévoir les besoins futurs
des clientèles dépendantes, il faut examiner de près - et en empruntant
leur point de vue - les conséquences ou les résultats finaux. Cela exige la
contribution de la direction et du personnel scientifique de l'organisme de
recherche, des clients et d'autres personnes expérimentées. Pour
l'organisme, se laisser guider par les besoins des clientèles dépendantes,
cela veut dire orienter sans cesse ses propres efforts en fonction de leurs
besoins.
22.61
Parce que l'existence même d'un organisme dépend de sa
capacité de répondre efficacement aux besoins de la clientèle, il importe
d'avoir une définition précise des groupes qui constituent une clientèle
dépendante et de leurs besoins. Cela permet de canaliser les efforts et les
ressources vers la réalisation de ce qui est pertinent et important pour ces
groupes. Pour les organismes de recherche du secteur public, l'État
lui-même est un client dépendant. Les résultats de la recherche menée par
l'État prennent de plus en plus la forme de contributions à l'élaboration des
politiques, des règlements et des normes.
22.62
Tant dans le secteur public que dans le secteur privé, les
organismes de recherche concentrent la majeure partie de leurs efforts à
des recherches qui permettent d'atteindre des résultats visés ou des
résultats finaux. Ils font aussi un peu de recherche « exploratoire » afin de
découvrir des besoins et des débouchés encore inconnus (du point de vue
de leur clientèle). Ils recensent également de nouvelles et de meilleures
façons de répondre aux besoins connus.
22.63
La planification de la recherche comprend l'évaluation des
difficultés scientifiques associées à l'atteinte des résultats visés et la
détermination des grands axes de la recherche et des programmes qui
permettront de résoudre ces difficultés. Elle comprend également
l'évaluation du besoin de recherches exploratoires pour mieux définir les
enjeux, pour recenser les approches qui permettront d'aborder les
problèmes scientifiques, et pour harmoniser la recherche actuelle avec les
priorités convenues. Une partie de la recherche exploratoire devrait
constituer l'amorce de programmes de recherches importants.
22.64
Pour prévoir les besoins et les occasions qui se présenteront, les
organismes de recherche disposent de mécanismes qui leur permettent de
déterminer :
-
les questions relatives à l'utilisation finale et les tendances, ainsi que les progrès
scientifiques pertinents;
-
les nouvelles clientèles qui pourraient tirer profit des connaissances spécialisées de
l'organisme de recherche et des résultats de ses travaux.
22.65
En général, les besoins de la recherche dépassent largement les
ressources disponibles. Aussi faut-il fixer des priorités. La meilleure façon
d'établir des priorités consiste à mettre les clientèles dépendantes à
contribution en leur faisant comprendre que la capacité de l'organisme de
recherche a des limites. L'organisme évalue l'importance du besoin ou de
l'occasion (par exemple le risque pour la santé et [ou] l'environnement et les
incidences à cet égard, les possibilités de création de richesse, et
l'importance de la participation à une activité internationale) et l'urgence de
répondre au besoin ou de saisir l'occasion, et les répercussions d'une
éventuelle abstention. Il évalue aussi les chances de succès (compte tenu
des difficultés techniques et autres, du choix du moment et de la
disponibilité de spécialistes et de ressources), le bien-fondé de l'intervention
de l'État, l'éventuel rendement de l'investissement et la possibilité d'obtenir
des fonds publics. La
pièce 22.6
décrit les processus de planification de la
recherche et de détermination des priorités que suit le Bureau de la
recherche et du développement de l'Agence de protection de
l'environnement.
22.66
La participation du personnel de recherche aux activités de
planification renforce sa compréhension des besoins de la clientèle et
favorise l'harmonisation des activités de recherche avec les besoins. Sa
participation attire l'attention de la direction sur les politiques et les façons
de procéder de l'organisme qu'il pourrait être nécessaire d'adapter pour
appuyer les buts de la recherche. Les chercheurs de Merck Frosst
participent activement à la détermination des recherches exploratoires et
des recherches en réponse à la demande qui correspondent le mieux aux
objectifs établis par la direction de l'entreprise.
22.67
Le plan stratégique et le plan de rendement de la NASA constituent
de bons exemples de plans de recherche qui sont axés sur les résultats, qui
contiennent des buts définis et des attentes précises en matière de
rendement, et qui utilisent une langue simple afin que les employés, à tous
les niveaux, comprennent comment la recherche, dans son ensemble et à
l'échelle des projets, répond aux besoins de la clientèle. On trouvera à la
pièce 22.7
des extraits des documents qui illustrent les buts propres du
Centre des vols spatiaux Goddard.
22.68
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives que nous avons
trouvés.
-
Les organismes de recherche engagent des clients dépendants pour examiner les
succès et les échecs du passé et pour proposer des moyens d'améliorer l'opportunité,
l'utilité et l'impact de la contribution des organismes sur le plan de la recherche.
-
Les organismes de recherche engagent des clients dépendants pour planifier des
programmes et des projets de recherche, pour examiner les progrès accomplis et pour
apporter les ajustements nécessaires dans les plans.
Les
employés et les clients dépendants partagent la vision, les valeurs
et les buts de la direction
22.69
Cette caractéristique présuppose que la haute direction de
l'organisme fait preuve de leadership pour établir une vision fondée sur des
valeurs, des buts et des stratégies, et pour les communiquer aux employés
et aux clients dépendants. Si les employés et les clients dépendants n'y
souscrivent pas, la vision, les valeurs et les buts de la direction ne sont
guère plus qu'un rêve.
22.70
Il est plus facile de montrer du doigt des gens qui sont des chefs
que de décrire le leadership. Néanmoins, en décrivant le leadership sous
divers angles, une image plus précise se dessine.
-
Parmi les fonctions associées au leadership, mentionnons : création et promotion des
valeurs et des attentes, établissement des orientations (la vision), projection d'une solide
orientation vers la clientèle (clients et intervenants), harmonisation des systèmes, des
politiques et des ressources avec la vision et la mission, et habilitation des employés
pour qu'ils soient productifs.
-
Le leadership dans le milieu de la recherche reconnaît que les chercheurs sont des
professionnels dotés d'une solide formation, qui sont guidés dans leurs activités par les
normes, les attentes et les structures fournies par les disciplines dans lesquelles ils
travaillent. Le leadership consiste moins à diriger et à contrôler qu'à établir et à
promouvoir une vision et des valeurs communes, à indiquer la voie à suivre, et à mettre
en valeur les talents et les ressources de l'organisme pour concrétiser la vision en
appuyant les professionnels de recherche. L'organisme y parvient grâce à la création et
au maintien d'un climat de recherche positif et à l'établissement de relations avec les
clientèles dépendantes (ces personnes, ces groupes ou ces organisations qui
dépendent du travail de l'organisme).
-
Le leadership fournit les conditions dans lesquelles les chercheurs peuvent faire preuve
de créativité. Les leaders prêchent par l'exemple les valeurs qu'ils épousent, notamment
le respect des individus, la confiance, l'intégrité, l'honnêteté, la franchise, la
transparence et un équilibre raisonnable entre le travail et la vie personnelle. Ils
éliminent les obstacles nuisant au rendement et adoptent des politiques
organisationnelles qui appuient le milieu de la recherche (par exemple des politiques sur
la gestion de la propriété intellectuelle, les publications scientifiques et la participation à
des conférences).
-
Les leaders servent d'exemples et sont des sources d'inspiration. Les gestes d'un
leader sont plus révélateurs de ce à quoi il accorde de l'importance que ne le sont les
slogans et les paroles d'encouragement. L'intégrité et la confiance sont établies lorsque
les gestes d'un leader sont en harmonie avec ses valeurs personnelles et celles de son
organisme. Le comportement et les gestes des cadres supérieurs déterminent
l'environnement au sein de l'organisme et les relations de celui-ci avec les
collaborateurs et les clients dépendants. Leurs gestes, en particulier, influent sur le
comportement des gestionnaires, la collaboration entre les scientifiques et le personnel,
et la mise en commun des connaissances et de l'apprentissage - des conditions qui
sont essentielles à la créativité et à l'innovation dans un organisme de recherche.
22.71
Plusieurs organismes de recherche que nous avons visités
insistent sur la nécessité du leadership et sur l'importance de veiller à ce
que les efforts et les appuis fournis par les employés soient en harmonie
avec la mission, les valeurs et les buts de l'organisme.
-
Chez Merck Frosst, on estime qu'il faut des leaders compétents à tous les niveaux pour
que l'entreprise puisse faire face à la complexité des tâches, avoir un environnement de
travail productif et reconnaître l'importance de l'équilibre entre le travail et la vie
personnelle. Par conséquent, tous les employés - et non seulement les cadres
supérieurs - reçoivent une formation concernant les qualités du leader. La mise en
oeuvre des principes en matière de leadership est renforcée par l'insertion du leadership
dans le système de gestion du rendement.
-
Le Bureau de la recherche et du développement de l'Agence de protection de
l'environnement se livre à un exercice auquel les employés à tous les niveaux apportent
leur contribution, afin de décrire les objectifs et les valeurs et de prévoir l'avenir. Il s'agit
de la première étape dans l'élaboration d'un plan stratégique pour l'an 2000. L'objectif
qui consiste à recueillir les commentaires des employés est une étape en vue d'obtenir
leur adhésion au plan stratégique.
-
Le Laboratoire de recherche de l'Armée américaine utilise le concept de « fil conducteur
de la planification » pour que les activités de ses chercheurs soient mieux harmonisées
avec la mission et la vision de l'organisme. Le plan stratégique du Laboratoire décrit sa
mission et sa vision et expose les exigences et les besoins de l'Armée à court, à moyen
ou à long terme. Pour chaque domaine fondamental de la mission du Laboratoire, le
plan précise l'intention stratégique, qu'il fait suivre de plusieurs objectifs à long terme,
associant chaque objectif à un résultat escompté. À partir de ces objectifs à long terme,
une série d'objectifs techniques à court terme sont présentés dans les plans de
rendement annuels. En suivant le fil conducteur de la planification, un chercheur peut
voir comment son travail se rattache à la mission générale du Laboratoire et à l'Armée.
-
Au Centre des vols spatiaux Goddard de la NASA, les gestionnaires rencontrent les
employés pour discuter de la manière dont leur rendement individuel contribue à la
réalisation des plans de rendement de la NASA et du Centre. On trouvera à la
pièce 22.8
un exemple de l'instrument utilisé pour résumer la discussion lors de ces
rencontres.
22.72
Il est également important que les clientèles dépendantes
partagent la mission, les valeurs et les buts de l'organisme, particulièrement
parce que bon nombre des effets escomptés des travaux des organismes
de recherche mettent des années à se faire sentir. Dans la Stratégie en
matière de S-T de 1996, on reconnaît ce fait et on demande aux ministères
et organismes à vocation scientifique d'avoir des comités consultatifs de
l'extérieur. Les organismes de recherche fédéraux, dont les clientèles
dépendantes partagent la mission, les valeurs et les buts, ont des relations
efficaces avec les gestionnaires et les employés à tous les niveaux au sein
des organismes qui constituent leur clientèle dépendante.
Le
portefeuille de programmes représente la bonne recherche, au bon
moment, et au bon niveau d'investissement
22.73
Cette caractéristique concerne l'optimisation des ressources,
compte tenu du fait que la plupart des organismes de recherche desservent
une hiérarchie de clientèles dépendantes (par exemple le Parlement, le
Cabinet, le ministre responsable, la haute direction du ministère). Le mot
« portefeuille » fait référence à une série de programmes de recherche ou à
des groupes de projets de recherche relativement homogènes ou
intimement liés les uns aux autres. Par « la bonne recherche, au bon niveau
d'investissement » on entend la sélection des recherches en fonction d'une
série de critères.
22.74
Voici des exemples de critères qui peuvent être utilisés pour gérer
des portefeuilles de recherche :
-
l'importance pour les clientèles dépendantes;
-
la concordance avec la mission, les buts et les priorités d'ensemble de l'organisme;
-
la nécessité d'intervenir (parce que personne d'autre ne le fait ou qu'on ne peut pas se
fier à ce que font les autres organismes de recherche, par exemple);
-
les considérations relatives à la rentabilité (l'importance de l'occasion ou du problème,
l'urgence, les répercussions possibles si le projet réussit, le niveau d'investissement
requis);
-
les chances de succès (en fonction de considérations techniques, du choix du moment,
des compétences techniques requises par opposition à celles dont on dispose, et du fait
qu'on peut se le permettre);
-
l'équilibre général à l'intérieur du portefeuille (par exemple : la recherche axée sur la
mission, d'un côté, et la recherche exploratoire pertinente, de l'autre; les répercussions
visées à court terme par opposition aux répercussions à long terme; le niveau de risque;
l'appui des diverses clientèles dépendantes).
22.75
Pour réaliser et maintenir un portefeuille optimal, il faut de multiples
niveaux de commentaires, d'examens et de remises en question,
notamment :
-
l'évaluation des programmes de façon indépendante;
-
la recherche de nouvelles occasions attrayantes;
-
la révision des portefeuilles à la demande de la direction pour évaluer le rendement des
programmes actuels et comparer les programmes existants à de nouveaux programmes
possibles, révision qui se solde par la détermination et la réalisation des changements
qui s'imposent.
22.76
Nortel Networks procède à la révision trimestrielle du portefeuille.
Effectuée à un niveau élevé, cette révision générale a pour objet de vérifier
que les groupes de recherche travaillent sur ce dont l'entreprise a besoin,
d'analyser les risques et les stratégies de gestion des risques, et d'aborder
les problèmes nouveaux qui exigent une intervention de la part de la haute
direction.
22.77
L'Institut national des normes et de la technologie (NIST), par
exemple, a mandaté la Commission d'évaluation du Conseil national de
recherches des États-Unis pour évaluer la qualité technique des
Laboratoires de mesure et de normes. Cette évaluation portait sur :
-
le mérite technique des programmes des Laboratoires par rapport à l'état actuel des
connaissances dans le monde;
-
l'efficacité avec laquelle les Laboratoires effectuent leurs programmes et diffusent les
résultats obtenus;
-
la mesure dans laquelle les programmes des Laboratoires répondent aux besoins pour
lesquels ils ont été conçus;
-
le caractère adéquat des installations, du matériel et des ressources humaines des
Laboratoires, dans la mesure où ces éléments ont des incidences sur la qualité des
programmes techniques.
Les conclusions et recommandations, publiées dans un rapport annuel, ont alimenté la planification
annuelle et la gestion des programmes du NIST. La réponse de l'Institut aux recommandations apparaît
dans des rapports des comités de révision des années subséquentes.
22.78
Certains laboratoires gouvernementaux américains sont exploités
par un entrepreneur. L'entente avec celui-ci exige le recours à un processus
d'examen indépendant. L'université de Chicago, par exemple, gère le
Laboratoire national Argonne du département de l'Énergie. Un conseil
d'administration donne des orientations, surveille les dirigeants du
Laboratoire et les conseille. La surveillance des programmes s'effectue par
l'intermédiaire d'un Comité consultatif en sciences et en technologie qui
contrôle le processus d'examen indépendant. Le comité d'examen évalue la
qualité du personnel et son rendement au cours de l'année, la qualité et
l'opportunité des programmes et, dans la mesure où les membres le jugent
opportun, la pertinence du travail par rapport aux buts à long terme du
Laboratoire et aux missions des organismes commanditaires.
22.79
L'Agence de protection de l'environnement a recours à des
examens annuels des programmes de recherche - organisés
conjointement avec les équipes de coordination de la recherche du Bureau
de la recherche et du développement ainsi que les bureaux de programmes
et les bureaux régionaux de l'Agence - pour présenter à la haute direction
de l'Agence l'ensemble du portefeuille du Bureau dans un domaine donné.
Ces examens effectués en commun portent sur l'état des programmes de
recherche du Bureau et sur leurs réalisations, l'objectif étant de s'assurer
que les recherches qu'il mène continuent d'atteindre les objectifs qu'il s'est
lui-même fixés et ceux de sa clientèle. Les examens présentent également
certaines recherches en cours dans les bureaux de programmes et dans les
régions, de sorte que l'on peut connaître la recherche complémentaire. Ces
examens servent de complément aux contrôles des laboratoires du Bureau
effectués par des pairs de l'extérieur.
22.80
Voici encore d'autres exemples d'initiatives constructives que nous
avons trouvés.
-
On demande aux clientèles dépendantes de formuler collectivement des observations
sur les portefeuilles, existants ou proposés, afin de faire progresser l'acceptation du
niveau d'effort consacré aux diverses clientèles.
-
Les résultats des contrôles scientifiques classiques effectués par les pairs alimentent les
révisions des portefeuilles (pour évaluer, par exemple, les progrès et les chances de
succès technique).
-
Les organismes de recherche entreprennent des examens structurés de leurs
portefeuilles au cours desquels on compare les programmes en fonction de critères qui
reflètent leur vision et leurs buts ainsi que leurs stratégies et leurs priorités d'ensemble.
Gestion
de la recherche
Les
projets de recherche sont excellents sur le plan de la science;
ils font appel aux bonnes personnes, ils ne déraillent pas et le budget
est respecté
22.81
La question consiste à faire les bons projets de recherche et à les
faire comme il faut, ce qui a de l'importance puisque ces projets constituent
l'essence même des organismes de recherche. Une fois que les projets ont
été choisis, tout le travail devrait reposer sur l'excellence scientifique.
22.82
Cette caractéristique comprend les éléments suivants :
-
faire en sorte que le projet soit basé sur l'excellence scientifique et technologique, qu'il
produise d'excellents résultats à cet égard et qu'il résiste à l'examen minutieux que lui
feront subir des spécialistes de niveau international;
-
associer les personnes les plus compétentes, et les meilleures dont on dispose, à la
planification et à la réalisation des projets ainsi qu'au transfert de technologie et à
l'examen des projets (en reconnaissant que diverses personnes peuvent intervenir à
des moments différents au cours d'un projet);
-
réviser les projets périodiquement en se servant de critères d'évaluation de plus en plus
exigeants avec le temps (on parle d'évaluation par étapes); ces examens comportent
normalement des évaluations tant du point de vue technique que du point de vue des
clientèles dépendantes;
-
veiller à ce que le matériel et les installations de recherche conviennent à la nature et
aux exigences des projets;
-
veiller à ce que les résultats de la recherche soient communiqués et (ou) transférés à
toutes les clientèles dépendantes (pour ce faire, les membres de l'équipe doivent
habituellement intervenir une fois la recherche terminée);
-
gérer le projet, y compris l'échéancier et le budget, de façon continue et active, afin de
refléter la dynamique de l'environnement de la recherche.
22.83
Les organismes que nous avons visités font preuve de vigilance
dans les méthodes de planification et de gestion des projets qu'ils utilisent.
-
Nortel Networks utilise un cadre de planification de projets pour surveiller les projets de
recherche fondamentale et de recherche appliquée ainsi que les projets de
développement. Le cadre inclut les éléments suivants : l'envergure du projet, la
description des tâches, les hypothèses principales, les critères de succès, les
ressources, les étapes (où l'on décide d'arrêter ou de poursuivre), les risques et les
imprévus. L'information sur ces éléments fait en sorte que les ressources (humaines,
matérielles et financières) demeurent axées sur les priorités et sont bien coordonnées,
d'une part, et maintient un juste équilibre entre les rapports sur les activités et les
activités elles-mêmes, d'autre part.
-
Le type d'examen mené par des spécialistes et destiné à évaluer les projets de
recherche varie selon la nature de celle-ci. Les projets à court terme et les projets de
développement, dont les résultats sont davantage prévisibles, se prêtent mieux aux
examens donnant lieu à des résultats quantifiables (les étapes axées sur des résultats
et les attentes en matière de rendement découlant du plan d'entreprise). La meilleure
façon d'évaluer les projets à long terme qui relèvent de la recherche fondamentale, et
dont les résultats sont davantage imprévisibles, consiste à faire appel à un examen de
la qualité et du leadership par des pairs. Même les projets comportant des
renseignements exclusifs font l'objet d'une évaluation par des spécialistes. Dans ces
cas-là, on modifie la procédure pour protéger la confidentialité. Merck Frosst, par
exemple, demande à des scientifiques venant d'autres parties du consortium Merck de
procéder à l'examen tout en protégeant la confidentialité commerciale.
-
Le Conseil de recherche de l'Alberta a récemment adopté une méthode d'évaluation par
étapes comportant des critères de décision bien définis, basés sur des considérations
inspirées tant par la technologie que par le marché, afin de mieux gérer les projets de
recherche depuis le stade de l'idéation jusqu'à celui de la commercialisation. Le Conseil
a mis au point une grille officielle pour la prise de décisions, utilisant pour cela un
instrument exclusif, afin de s'assurer de la diligence raisonnable dans ses décisions en
matière d'investissement. Cette grille comprend les facteurs suivants : l'avance
technique, la capacité technique de l'équipe, la gestion de projet, l'adaptation
stratégique, la taille du marché, l'accessibilité du marché, les capacités des partenaires,
la probabilité de succès, la position sur le plan de la propriété intellectuelle, le rendement
de l'investissement pour le Conseil et les répercussions éventuelles pour l'Alberta. Dans
le cas des propositions qui en sont aux premiers stades, l'examen s'effectue
habituellement au sein de l'unité de travail. Toutefois, à mesure que le projet s'achemine
vers le développement et la commercialisation, on fait appel à des examinateurs
externes.
-
Les chercheurs de Merck Frosst se réunissent chaque semaine pour examiner les
progrès des projets importants. Si l'un d'eux ne répond pas aux attentes, les
gestionnaires prennent les mesures qui s'imposent et affectent les employés à des
projets qui revêtent une plus grande priorité. Ils encouragent les chercheurs à
reconnaître eux-mêmes qu'un projet devrait être abandonné plutôt que de se voir
imposer une décision venant d'en haut. En d'autres termes, on reconnaît que les
résultats qui ne répondent pas aux attentes constituent le produit normal d'une activité à
risque, comme la recherche, et ne représentent pas un échec personnel. Les
constatations de ce genre peuvent en fait permettre de comprendre des choses, ce qui
peut être très utile, même si elles ne font pas avancer le projet dans le sens des
résultats escomptés. À cet égard, une certaine activité de faible niveau peut se
poursuivre même si le projet n'est plus une priorité, ce qui permet de le garder en
réserve.
22.84
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives.
-
Des propositions sont sollicitées au sein même de l'organisation afin de recenser les
projets attrayants qui devraient être financés et qui, autrement, pourraient ne pas l'être.
-
Les plans des projets contiennent des plans concernant la diffusion des résultats de
recherche. En outre, le processus de transfert des connaissances commence au stade
de la planification des projets et met à contribution les clientèles dépendantes.
Les
projets de recherche font appel à des ressources de l'extérieur
22.85
Miser sur des ressources de l'extérieur suppose que l'on collabore
avec des chercheurs et des clientèles dépendantes et (ou) que l'on compte
sur les résultats de recherche d'autres groupes ou que l'on en tire profit. Par
« ressources de l'extérieur » on entend simplement qu'elles n'appartiennent
pas à l'unité ou à la division qui effectue la recherche; le personnel des
autres parties de l'organisme avec lequel on entretient des liens fait donc
partie des ressources de l'extérieur. Il est important d'aller chercher des
appuis externes, étant donné qu'aucun organisme de recherche ne dispose
de toutes les compétences techniques ni de toutes les ressources
nécessaires pour recenser les besoins des clientèles dépendantes et y
répondre. En outre, la mise à contribution des clientèles dépendantes est un
moyen d'accélérer le processus d'utilisation des résultats et d'accroître les
chances de succès.
22.86
Les problèmes de recherche deviennent de plus en plus
complexes. Il faut souvent faire appel aux connaissances spécialisées de
plusieurs disciplines et de plusieurs organisations pour aborder les enjeux
de manière efficace. En conséquence, les organismes des secteurs public
et privé se tournent de plus en plus vers la collaboration et les partenariats
pour donner un effet de levier à leurs propres compétences techniques et à
leurs propres ressources. De plus en plus, les enjeux de l'administration
publique concernent plus d'un ministère (le changement climatique par
exemple). Le fait d'aller chercher des appuis à l'extérieur accroît les
chances de parvenir aux objectifs visés tout en optimisant l'impact des
ressources humaines et financières dont on dispose, et en mettant à profit
les meilleurs spécialistes de diverses provenances. Cette façon de procéder
aide aussi l'organisme de recherche à se concentrer sur le résultat final
escompté; elle accélère le processus de transfert de technologie.
22.87
L'initiative
du Laboratoire fédéré, qui relève du Laboratoire de
recherche de l'Armée américaine
(voir la pièce 22.9), illustre un certain
nombre des composantes de cette caractéristique. Parmi celles-ci figurent
un nouveau mode de prestation qui est axé sur les points forts du
Laboratoire de recherche de l'Armée et qui mise sur les compétences
techniques complémentaires des autres partenaires pour atteindre les buts
de l'Armée; l'utilisation de concours pour mettre la dernière main à une suite
de projets hautement novateurs répondant à un besoin déterminé (les
propositions de projets font l'objet d'un processus de sélection par
concours, comportant un examen par des pairs de l'extérieur); et la
participation des partenaires de l'extérieur à la surveillance du projet et au
processus de communication de l'information.
22.88
Les scientifiques et les ingénieurs du Bureau de la recherche et du
développement de l'Agence de protection de l'environnement contribuent à
chaque étape du processus d'évaluation des risques et de gestion de
l'Agence. Cela permet l'établissement et le maintien de relations efficaces
entre les chercheurs et le personnel des programmes et des régions. Non
seulement le personnel de recherche signale-t-il et décrit-il les caractères
des problèmes environnementaux (l'évaluation des risques), mais il aide
aussi les autres sections de l'Agence à trouver des solutions aux problèmes
qui soient efficientes et rentables et à les mettre en oeuvre. Il contribue à la
détermination des options en matière de gestion des risques, à l'évaluation
de leur rendement, de leur coût et de leur efficacité, et à la surveillance des
améliorations apportées.
22.89
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives.
-
Le fait d'aller chercher des appuis à l'extérieur est utilisé comme l'un des critères dans le
choix et la comparaison tant des projets que des programmes.
-
On accorde des fonds à des étudiants universitaires des 2e et 3e cycles pour qu'ils
entreprennent des recherches exploratoires dans des domaines qui revêtent de l'intérêt
pour l'organisme de recherche et pour ses clientèles dépendantes.
On
saisit et conserve les connaissances acquises par l'organisme et
on les transforme systématiquement en outils de travail utiles
22.90
Cette caractéristique entraîne la création proactive du savoir
organisationnel, puis son exploitation; on rend ensuite ce savoir accessible
à l'ensemble du personnel pour alimenter son apprentissage continu; enfin,
on répond de façon pertinente aux besoins des clientèles dépendantes,
actuelles et éventuelles. Les outils de travail tels que les nouvelles
méthodes, les pratiques de gestion ou les technologies qui résultent de
l'acquisition du savoir par l'organisme sont nécessaires à l'exploitation des
connaissances.
22.91
Le savoir est l'atout essentiel d'un organisme de recherche. Le
savoir organisationnel englobe les connaissances personnelles et
collectives (le savoir-faire, les connaissances techniques, l'expérience et la
sagesse). La gestion du savoir organisationnel, que l'on appelle parfois le
capital intellectuel, regroupe les connaissances qui sont dispersées dans
l'ensemble de l'organisme pour les rendre accessibles et utilisables par les
autres au sein de l'organisme lui-même et par les clients dépendants. Elle
suppose le recyclage continu et l'utilisation créatrice des connaissances et
de l'expérience mises en commun. Elle favorise l'acquisition continue des
connaissances à l'échelle de l'organisme en assurant l'utilisation efficace
des connaissances existantes, d'une part, et la mise en commun des
nouvelles connaissances et des leçons tirées de l'expérience, d'autre part.
La gestion du savoir organisationnel fait en sorte que la compétence
demeure au sein de l'organisme même après le départ des employés.
22.92
Il y a deux facettes essentielles au développement et à la gestion
efficace du savoir organisationnel. La première est constituée des
processus par lesquels on saisit et conserve les connaissances, on les
développe, on les met à la disposition des autres et on garde trace des
personnes qui y contribuent et de celles qui les utilisent. La seconde facette
consiste en une culture organisationnelle qui valorise la mise en commun
des connaissances.
22.93
Il existe des obstacles naturels au partage des connaissances. Ils
résultent de la rigidité des structures organisationnelles, de la dispersion en
plusieurs endroits, du roulement de personnel, de la spécialisation à
l'intérieur des disciplines et du syndrome voulant que « cela n'ait pas été
inventé ici ». Le leadership de même que l'harmonisation de la politique,
des incitatifs et de la mesure du rendement avec les valeurs
organisationnelles appropriées peuvent contribuer à l'aplanissement des
obstacles.
22.94
Le fait d'alimenter des « communautés de pratique » - ces
réseaux informels de personnes ayant des intérêts communs, qui se
réunissent spontanément et choisissent de communiquer en faisant
abstraction des structures organisationnelles rigides - favorise l'acquisition
du savoir organisationnel. Pour y parvenir, ces communautés de pratique
recourent à divers moyens : améliorer la compréhension des concepts;
accroître la sensibilisation aux techniques dont on dispose au sein de
l'organisme ou ailleurs; faciliter l'apprentissage et la mise en commun de
l'expérience; fournir une tribune pour l'examen, par les pairs, des idées, des
théories et de l'interprétation des données; et améliorer le transfert de
technologie. La direction de l'organisme peut appuyer ces communautés en
leur fournissant des ressources pour faciliter les activités.
22.95
Nortel Networks reconnaît la valeur du maillage pour l'acquisition
du savoir par l'organisme. Parmi les méthodes utilisées pour favoriser la
mise en commun des connaissances et de l'expérience figurent les activités
sociales, la cohabitation du personnel affecté aux projets, les groupes
informels qui se réunissent autour d'un café, les activités officielles où l'on
discute des enjeux et la diffusion à grande échelle des rapports d'activités
officiels. Aux yeux des gestionnaires de Nortel, le maillage à l'échelle
mondiale est plus difficile. Les rencontres trimestrielles et les
vidéoconférences sont des techniques utilisées pour surmonter cet
obstacle.
22.96
Pour permettre une meilleure acquisition et un meilleur partage des
connaissances entre le personnel scientifique et le personnel technique
dans l'ensemble de l'organisme, le Centre de vols spatiaux Goddard met en
application la norme ISO 9001. Les processus, les procédures et le
savoir-faire mis au point par les individus font l'objet d'une documentation
conforme aux exigences de la norme. Alors que les normes et lignes
directrices ISO 9000 sont généralement associées au secteur
manufacturier, la NASA indique la voie à suivre dans l'application des
normes à un organisme de recherche-développement.
22.97
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives.
-
Il y a harmonisation entre les politiques, les incitatifs et les mesures du rendement afin
de renforcer la collaboration et la mise en commun des connaissances.
-
Les gestionnaires à tous les niveaux insistent sur le développement de la confiance et
de la collaboration entre les unités au sein de l'organisme et ils s'y emploient, en se
concentrant sur les résultats où tout le monde gagne.
Le
rendement de l'organisme
L'organisme
est largement connu et respecté
22.98
Cette caractéristique se rapporte à l'ampleur de la réputation de
l'organisme. Les organismes de recherche bien gérés sont connus et
respectés par les chefs de file à l'intérieur et à l'extérieur de leurs milieux
scientifiques respectifs.
22.99
Un organisme commande le respect lorsque des observateurs bien
informés (des personnes dans le même domaine ou dans un domaine
complémentaire qui ne font pas nécessairement partie de la clientèle de cet
organisme, tels que des chercheurs de l'étranger qui ont acquis une
réputation internationale) considèrent que la production scientifique de
l'organisme est de grande qualité et qu'elle est à l'avant-garde. Le respect
est le fruit de la capacité qu'a l'organisme de conserver sa réputation
d'excellence pendant longtemps, et de voir son personnel de recherche
sollicité pour participer à des activités en collaboration et à des partenariats
et pour faire partie de comités prestigieux. La participation d'une fraction
importante du personnel de recherche d'un organisme à des comités
internationaux chargés d'élaborer des normes et des régimes de
réglementation de niveau international, fournit une indication de la crédibilité
et de la réputation de l'organisme. L'Institut national des normes et de la
technologie (NIST), par exemple, répertorie les employés qui participent à
des comités de normalisation et à des comités internationaux ou qui les
président.
22.100
Un organisme est également respecté lorsque ses clients
dépendants croient qu'il fournit un service essentiel, qu'il est accessible et
attentif à leurs besoins, qu'il est fiable, qu'il fait preuve de souplesse et qu'il
est axé sur le service. Les responsables des politiques gouvernementales et
les organismes de réglementation dépendent des organismes de recherche
du secteur public pour obtenir des conseils scientifiques de qualité
supérieure pour l'élaboration de politiques et de règlements destinés à
protéger le bien public. Pour assurer les responsables des politiques que les
conseils reposent sur des données scientifiques à jour et solides, les
organismes de recherche du secteur public sont en train d'adopter un
certain nombre de principes : recenser le plus tôt possible les enjeux qui
exigent des conseils scientifiques; organiser une vaste consultation au sujet
des enjeux réunissant des spécialistes de nombreuses disciplines et de
nombreux secteurs; utiliser des mécanismes permettant une diligence
raisonnable pour assurer la qualité et la fiabilité des données scientifiques;
reconnaître les limites et les risques qui découlent de l'incertitude
scientifique; assurer la transparence et la franchise grâce à la large diffusion
et à la publication de preuves et d'analyses scientifiques qui sous-tendent la
politique et la réglementation; enfin, réviser périodiquement les décisions à
la lumière des nouveaux progrès de la science.
22.101
Nous avons constaté que les organismes de recherche prenaient
des mesures pour surveiller de près leur réputation.
-
Le Conseil de recherche de l'Alberta vérifie chaque année la satisfaction de sa clientèle
en faisant enquête pour savoir à quel point ses services répondent aux exigences des
clients et déterminer l'importance qu'ils accordent à ses services. L'enquête aide les
gestionnaires à fixer des objectifs concernant les améliorations à apporter.
-
Le Laboratoire de recherche de l'Armée américaine se sert aussi des commentaires de
ses clients pour assurer la qualité, la pertinence et l'à-propos de ses services. Le
Laboratoire envisage de faire plus que de simplement satisfaire sa clientèle : il offre ce
qui a « de la valeur pour les clients ». En d'autres termes, il s'agit d'aller droit au coeur
des clients, au point où non seulement ils seront satisfaits lorsqu'ils recevront le produit
demandé, mais ils feront un détour et même sacrifieront temps, argent et commodité
pour faire une nouvelle requête. Au moyen d'une enquête auprès des clients sur les
valeurs recherchées, le Laboratoire a déterminé que « la communication avec les
clients » était la caractéristique la plus prisée. Communiquer avec les clients, cela veut
dire leur parler, les écouter, leur rendre visite, les tenir au courant et les associer au
processus de planification.
-
Le Laboratoire national Argonne accorde de l'importance à la confiance et à l'appui que
lui manifestent ses clients, ses interlocuteurs, ses voisins et ses employés. Le
Laboratoire se sert de nombreuses activités de communication et de sensibilisation pour
améliorer sa réputation, sa visibilité et son image (publications en sciences et en
technologie, participation à des conférences et à des ateliers techniques, programmes
d'affaires publiques, d'enseignement et de technologie industrielle). Pour améliorer ses
relations avec la collectivité, le Laboratoire a mis sur pied une table ronde des leaders
de la collectivité qui regroupe plus d'une trentaine de dirigeants de municipalités,
d'associations de propriétaires, de gouvernements, d'entreprises et de groupes
d'intérêts. Cette table ronde constitue une tribune qui permet un dialogue constant sur
les activités du Laboratoire, leurs effets escomptés sur le voisinage et les
préoccupations de la collectivité.
22.102
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives que nous avons
trouvés.
-
L'organisme recueille des commentaires au sujet de sa crédibilité et de sa réputation
auprès de spécialistes (des scientifiques de réputation internationale, des analystes de
l'industrie, des environnementalistes et des représentants des groupes de
consommateurs, par exemple).
-
L'organisme fait part à ses employés et à ses comités consultatifs des commentaires
reçus dans le cadre des enquêtes et des examens par des spécialistes, dans l'intention
de trouver des moyens d'améliorer son rendement.
-
Le personnel de recherche est encouragé à accepter toute invitation à devenir membre
de comités d'experts, à participer à des examens par des pairs de l'extérieur et à
entreprendre des recherches concertées.
L'organisme
répond aux besoins de ses clients dépendants
22.103
On parvient à cette caractéristique en fournissant aux clients
dépendants des connaissances techniques et des résultats de recherche
qui arrivent au bon moment et sont pertinents, de grande qualité et
importants, et en veillant à ce que les résultats de recherche soient compris
par les clients de l'organisme. Cette caractéristique représente la raison
d'être de la recherche effectuée par l'organisme et le test ultime de la qualité
de sa gestion. La recherche de toutes les caractéristiques qui précèdent
contribue à la réalisation de cette dernière caractéristique. Il est important
d'être bien respecté, mais c'est la satisfaction des besoins de ceux qui
dépendent de l'organisme qui définit le succès.
22.104
Pour assurer la réalisation de cette caractéristique et en faire la
démonstration, les organismes de recherche prennent des mesures pour
promouvoir auprès de leur clientèle la compréhension des résultats de
recherche et ils évaluent la pertinence, l'opportunité et l'importance de leur
recherche dans le but de découvrir des occasions de s'améliorer.
22.105
Le maillage et les échanges de personnel avec les clients figurent
parmi les meilleurs moyens de favoriser l'efficacité de la communication et
la compréhension des résultats. Donner aux gens l'occasion d'échanger des
idées est plus efficace que de simplement publier les résultats ici et là. Ces
occasions peuvent prendre la forme d'échanges entre les chercheurs, de
relations entre les utilisateurs et les chercheurs, d'interaction entre les
artisans des politiques et des règlements et le personnel de recherche, ou
d'une participation des scientifiques à des comités nationaux et
internationaux de normalisation. La NASA s'est fixée un objectif touchant
l'ensemble de l'organisme : l'amélioration de la connaissance, de la
compréhension et de l'utilisation des résultats et des possibilités associés
aux programmes de la NASA au sein des communautés de l'extérieur qui
sont ses clientes. Le Centre de vols spatiaux Goddard s'est fixé des
objectifs précis sur le plan du rendement afin de contribuer à l'objectif
général de la NASA :
-
accroître le nombre de scientifiques visiteurs, d'associés de recherche en résidence,
d'étudiants diplômés participant aux programmes du Centre dans une proportion de plus
de 10 p. 100 par rapport à ce qu'il était au cours de l'exercice 1998;
-
accroître de 5 p. 100 le nombre d'accords de recherche scientifique menée en
coopération avec les universités, surtout avec les universités destinées aux minorités;
-
améliorer la qualité des connaissances communiquées au public et aux médias en
associant les chercheurs principaux et les gestionnaires de projets à toutes les activités
relatives aux médias qui ont rapport à la mission;
-
établir, en collaboration avec les webmestres du milieu technologique, des lignes
directrices concernant l'amélioration de l'accès du public à l'information disponible dans
Internet.
22.106
Le fait d'associer les éventuels utilisateurs et bénéficiaires au choix
et à la définition des projets de recherche et, si possible, à la réalisation et à
la gestion des projets de recherche améliore aussi la diffusion et l'éventuelle
utilisation des résultats. L'initiative du Laboratoire fédéré, rattaché au
Laboratoire de recherche de l'Armée
(voir le paragraphe 22.87), illustre un
certain nombre de pratiques qui contribuent au succès de la diffusion des
résultats.
-
Les partenaires sont associés à la planification, à la réalisation et à la gestion des
projets de recherche par l'intermédiaire d'un comité de gestion du consortium.
-
L'accord concernant le consortium exige qu'il y ait échange de personnel entre les
partenaires.
-
On organise un symposium technique annuel auquel sont associés tous les participants
afin de présenter les résultats et de discuter avec les bénéficiaires.
22.107
En ce qui a trait à l'évaluation de la pertinence, de l'opportunité et
de la qualité de la recherche, le Committee on Science, Engineering and
Public Policy (U.S. National Academy of Science), la National Academy of
Engineering et l'Institute of Medicine ont récemment déclaré que l'examen
par des spécialistes était le moyen le plus efficace d'évaluer les
programmes de recherche, fondamentale ou appliquée, financés par le
gouvernement fédéral. L'examen par des spécialistes peut inclure un
examen de la qualité ou un examen par des pairs effectué par des
spécialistes indépendants, un examen de la pertinence effectué par des
utilisateurs éventuels et par des experts dans des domaines connexes, et
une analyse comparative pour évaluer le calibre international de la
recherche. Nous avons visité deux organismes qui envisagent les choses
de cette façon.
-
La Grille d'évaluation du rendement du Laboratoire de recherche de l'Armée américaine
reconnaît la complexité de l'évaluation du rendement d'un organisme de recherche qui
se livre à un large éventail d'activités, depuis le travail exploratoire jusqu'à celui qui est
fait en fonction d'exigences. La Grille couvre les trois principaux champs d'intérêt : la
pertinence (le travail répond-il aux exigences du client?); la productivité (sommes-nous
en voie d'atteindre nos objectifs à un rythme satisfaisant?); et la qualité (le travail que
nous faisons est-il de classe mondiale?). Elle repose sur trois piliers : l'examen par les
pairs, les mesures et l'évaluation par les clients
(voir la pièce 22.10). Le Laboratoire de
recherche de l'Armée n'encourage pas le recours à des formules pour quantifier le
rendement, préférant utiliser une approche plus qualitative. Celle-ci est suffisamment
souple pour fournir de l'information à la haute direction, laquelle information peut être
intégrée et utilisée de diverses façons; elle fait entre autres partie des normes de
rendement des cadres supérieurs du Laboratoire de l'Armée, ce qui permet donc
d'associer la récompense au rendement.
22.108
On peut voir à la
pièce 22.11
comment le Bureau de la recherche
et du développement de l'Agence de protection de l'environnement contrôle
ses succès en satisfaisant aux besoins de sa clientèle.
22.109
Voici d'autres exemples d'initiatives constructives que nous avons
découverts.
-
Un cadre d'évaluation est mis au point au moment du lancement d'un programme, ce
qui comprend la détermination des mesures et des cibles qui seront utilisées pour
évaluer le programme à une date ultérieure.
-
Les organismes de recherche comptent de plus en plus sur des examens continus et
périodiques des projets et des programmes pour s'assurer qu'ils sont en voie de fournir
à leurs clients dépendants des connaissances spécialisées et des résultats de
recherche qui arrivent au bon moment et sont pertinents et importants.
22.110
Les organismes avec lesquels nous avons travaillé dans le cadre
de la présente étude ont indiqué que les caractéristiques que nous avons
relevées décrivent les résultats auxquels ils tentent de parvenir au moyen
de bonnes méthodes de gestion. Certaines caractéristiques revêtent plus
d'importance que d'autres pour tel ou tel organisme; cela dépend du rôle
que joue celui-ci, de son environnement et de son stade de développement.
La mesure dans laquelle un organisme adopte avec succès des pratiques
qui conviennent à sa situation influera sur sa capacité de réussir en général.
Nous croyons que les caractéristiques sont des indications révélatrices de la
mesure dans laquelle un organisme de recherche est bien géré.
22.111
Notre intention en effectuant ce travail était d'informer le Parlement
à propos des caractéristiques des organismes de recherche bien gérés et
de fournir des lignes directrices aux gestionnaires de recherche de
l'administration fédérale. Nous nous attendons à ce que les caractéristiques
présentées ici soient raffinées davantage avec le temps, à mesure que les
chercheurs, les gestionnaires de recherche, les spécialistes en évaluation et
les vérificateurs en discuteront et s'en serviront. Nous espérons que notre
travail sera une invitation à améliorer davantage ces caractéristiques. Nous
invitons les autres à s'appuyer sur nos travaux pour concevoir des mesures
de rendement plus précises et pour définir des fourchettes de niveaux de
rendement pour chaque caractéristique afin que les organismes puissent
suivre l'amélioration de leur rendement.
À
propos de l'étude
Objectifs
Notre étude avait pour objectifs :
-
d'informer le Parlement au sujet des caractéristiques des organismes de recherche bien
gérés qui peuvent être utilisées pour évaluer la gestion des activités de recherche dans
les ministères et les organismes fédéraux;
-
de fournir une orientation aux gestionnaires de recherche fédéraux en ce qui concerne
les résultats idéaux d'une saine gestion, et de leur donner des exemples de méthodes
que des organismes de recherche respectés, de l'extérieur de l'administration fédérale,
ont adoptées pour atteindre les idéaux en matière de rendement décrits par ces
caractéristiques.
Étendue
Dans le cadre de l'étude, nous avons élaboré une série de caractéristiques qui rendent compte des
résultats idéaux d'une saine gestion de la recherche. Ces caractéristiques intègrent les principes
directeurs énoncés dans la Stratégie du gouvernement en matière de sciences et de technologie rendue
publique en 1996, les éléments constitutifs du Cadre de gestion des ressources humaines qui vient
étayer la Stratégie, et les lignes directrices opérationnelles que nous avons recueillies dans une analyse
de la documentation sur la gestion de la recherche et dans d'autres publications (on pourra se procurer la
liste des principales références sur demande). Les caractéristiques ont été précisées dans le cadre de
discussions avec des gestionnaires de recherche du Canada et des États-Unis et de visites auprès d'un
certain nombre d'organismes de recherche. Ces visites nous ont aussi permis d'obtenir des exemples de
pratiques à l'appui des caractéristiques.
Les organismes que nous avons visités appartiennent au secteur public et au secteur privé et ils oeuvrent
dans d'importants secteurs de l'économie. Ils représentent l'éventail des activités de recherche de l'État
(création du savoir; création de la richesse; fonctions d'élaboration des politiques, de réglementation et
de sécurité; et fourniture d'une infrastructure de recherche d'envergure).
Équipe de l'étude
Vérificateur général adjoint : Richard Flageole
Directeur principal : Peter Simeoni
Directrice : Marilyn Taylor
Pour obtenir de l'information, veuillez communiquer avec M. Peter Simeoni.