Statistique Canada

La gestion des opérations de change

line


Étendue de la vérification

20.6 Dans le cadre de notre vérification, nous avons surtout cherché à évaluer de quelle façon Statistique Canada a modifié ses pratiques et ses programmes, compte tenu des restrictions budgétaires. Nous avons retenu aux fins d'examen cinq programmes statistiques : l'enquête sur la population active; l'enquête annuelle sur les manufactures et le projet de remaniement des enquêtes-entreprises; le système de comptabilité nationale; les statistiques de la santé; et le recensement de la population de 1986. De plus, nous avons examiné les produits statistiques émis par la Direction du marketing et des services d'information. La vérification portait sur les systèmes, les procédures et les pratiques de gestion.

20.7 Nous n'avons pas évalué la qualité des méthodes statistiques de cet organisme. Nous avons utilisé leurs mesures de la qualité des statistiques pour cerner l'incidence des contraintes budgétaires sur les programmes et les pratiques.

Contexte

20.8 Statistique Canada est un organisme central de statistique qui existe depuis 1918. Aux termes de la Loi sur la statistique , la cueillette, la compilation, l'analyse et la publication de données statistiques font partie de son vaste mandat. Les décisions qui procèdent des renseignements ainsi obtenus affectent les aspects sociaux et économiques de la vie de la majorité des Canadiens. Statistique Canada joue aussi un rôle important dans le développement des compétences statistiques au pays et à l'étranger.

20.9 Cet organisme compte environ 4 200 employés permanents et 1 600 intervieweurs à temps partiel. Le programme de la statistique se répartit en six activités principales, quatre vastes champs d'action et deux domaines fonctionnels qui recoupent les autres (voir la pièce 20.1). Des bureaux régionaux répartis à l'échelle du pays regroupent plus de 300 employés permanents et la plupart des intervieweurs à temps partiel. Les dépenses prévues en 1988-1989 totalisaient 246,5 millions de dollars.

(Cette pièce n'est pas disponible)

20.10 Statistique Canada est un organisme hautement professionnel qui regroupe plus de 900 employés de la catégorie scientifique et professionnelle. Il répond à de vastes besoins en matière de données et, pour en préciser la nature, il cherche à affermir ses compétences en établissant des relations avec les parties intéressées des secteurs public, commercial et syndical, des milieux universitaires et des médias. Sans cesse appelé à fournir des données de meilleure qualité et en plus grand nombre, Statistique Canada reconnaît qu'il est presque impossible de satisfaire tous les utilisateurs.

20.11 Depuis notre dernière vérification complète en 1983, cet organisme a mis sur pied le Conseil national de la statistique et un réseau de comités consultatifs chargés d'activités précises. Le Conseil et les comités jouent un rôle de conseiller sur l'ordre des priorités et la pertinence des programmes. Le statisticien en chef considère prioritaire la gestion des ressources humaines. Statistique Canada a innové en ce domaine par son programme des affectations spéciales, qui vise à permettre aux employés d'élargir leur expérience au sein de l'organisme. D'autres mesures comprennent l'amélioration des stages de formation interne, le programme annuel de primes d'encouragement et l'absence de mises en disponibilité, malgré de fortes réductions au chapitre des années-personnes.

20.12 Mis à part le recensement, les dépenses de Statistique Canada ont été relativement stables ces six dernières années. En dollars de 1988, elles s'élevaient à 226,7 millions de dollars en 1982-1983 et à 228,6 millions en 1988-1989 (voir la pièce 20.2). Durant la même période, les années-personnes ont été réduites de 11 p. 100, passant de 4 740 en 1982-1983 à 4 225 en 1988-1989. Selon les prévisions, elles se chiffreraient à 4 103 en 1989-1990. Ainsi, au cours des six dernières années, cet organisme a dû réduire ses années-personnes et gérer le même budget en termes réels, en comptant sur une proportion accrue des recettes provenant de ses activités rémunératrices.

(Cette pièce n'est pas disponible)

20.13 En même temps, pour répondre aux besoins, Statistique Canada a cherché à produire de nouvelles données ou à améliorer les données disponibles, ainsi qu'à conserver son leadership professionnel et à innover en matière de statistique. Il a fourni beaucoup d'efforts pour augmenter sa productivité, grâce à une plus grande automatisation et intégration des activités de production. Il a aussi fait en sorte que les recettes nettes en vertu d'un crédit passent de 12,7 millions de dollars en 1982-1983 à 24,5 millions en 1988-1989 (en dollars constants de 1988).

(Les 2 photos ne sont pas disponibles)

20.14 Afin de financer le recensement de la population de 1986, Statistique Canada a retranché du montant net de ses dépenses environ 68 millions de dollars. Il y est parvenu par la réduction des dépenses et l'augmentation des recettes sur une période de cinq ans. Au moment de notre vérification, il continuait à relever le défi que pose la gestion des ressources en période de compressions.

Observations

20.15 Au sein du secteur public, on reconnaît que Statistique Canada doit maintenir son indépendance dans le domaine de la statistique pour pouvoir exécuter son mandat avec impartialité. Même s'il est couramment désigné comme un organisme gouvernemental, il s'agit officiellement d'un ministère relevant à l'heure actuelle du ministre de l'Expansion industrielle régionale. Les exigences au chapitre de la présentation de rapports et de la reddition des comptes sont celles d'un ministère, et non d'une société d'État.

20.16 Tous les gestionnaires publics sont appelés à rendre compte des compétences qui leur sont attribuées et à être responsables de leurs actes et de leurs charges. Reconnu comme un organisme indépendant en matière de statistique, cet organisme se voit davantage dans l'obligation de faire rapport au Parlement, par l'intermédiaire du Ministre, des choix exercés au sujet des programmes et de leur incidence sur les produits statistiques visés. Il doit en outre renseigner entièrement les utilisateurs sur la qualité des produits, ainsi que les modifications apportées et les conséquences de tels changements pour les principales utilisations.

20.17 Un rapport de vérification doit par définition accentuer les conclusions négatives, et le présent chapitre ne fait pas exception. Comme le précisent les explications sur l'étendue de la vérification, nous n'avons pas examiné toutes les activités de Statistique Canada. Même s'il est question ici des domaines susceptibles d'amélioration, soulignons toutefois que, dans l'ensemble, de nombreux utilisateurs des données respectent cet organisme en raison du professionnalisme dont il fait preuve. Au moment de notre vérification, nous avons noté que l'organisme s'applique à maintenir de bonnes pratiques statistiques. Nous avons aussi trouvé que la plupart des gestionnaires ont mené à bien leurs activités statistiques, conformément aux lignes directrices sur la qualité émises par Statistique Canada. De par sa nature, notre rapport n'en contient pas d'exemples.

Planification

20.18 Depuis notre vérification de 1983, Statistique Canada a institué un processus de planification. En 1987, il énonçait dans son Aperçu stratégique les priorités et les orientations globales à cet égard. Le processus actuel s'appuie sur les propositions des chargés de programme, regroupées pour étude aux échelons supérieurs de la gestion. Des rencontres sont prévues à chaque échelon, pour discuter des projets à long terme, y compris les mesures proposées pour atteindre les objectifs fixés au chapitre de l'efficacité et les plans susceptibles de parer à l'éventualité d'autres réductions. Dans le cadre de ces rencontres de planification, les gestionnaires apportent une variété de contributions (voir les paragraphes 20.8, 20.10 et 20.11), de même que les résultats de consultations fédérales-provinciales, d'analyses internes sur les questions sociales et économiques et d'évaluations de programmes.

20.19 L'établissement des priorités est un élément clé en gestion de la statistique, puisque les ressources sont assujetties aux besoins concurrentiels et aux restrictions. Pour tirer le meilleur profit de ses ressources décroissantes, Statistique Canada est appelé, en vertu de son mandat, à opérer des choix judicieux parmi de multiples demandes et pressions pour fournir des statistiques toujours plus fiables et en temps opportun.

20.20 Selon l'Aperçu stratégique, le processus de planification repose sur l'hypothèse selon laquelle la variété actuelle des programmes offerts ne peut être modifiée que de façon marginale. Par suite d'une telle approche en matière de planification, plusieurs nouveaux besoins sont considérés moins prioritaires, à court terme, que les programmes en cours.

20.21 Le statisticien en chef a relevé plusieurs lacunes importantes au sujet des données. Des économies ont été réalisées dans le cadre des programmes par l'adoption de mesures visant à réduire le volume et la fréquence des collectes de données ou la taille des échantillons. Statistique Canada a l'intention de financer de nouvelles initiatives considérées hautement prioritaires surtout grâce à ces réductions secondaires et aux économies résultant d'une plus grande efficacité.

20.22 Le processus actuel de planification porte sur de vastes secteurs de programme, sans les relier officiellement aux plans opérationnels d'enquêtes ou de collecte particuliers. Ainsi, en raison de la nature des données d'ensemble qui figurent dans les documents de planification de cet organisme, il est difficile de trouver une référence à l'enquête sur la population active ou à l'enquête annuelle sur les manufactures, sauf lorsqu'on y indique qu'il s'agit de programmes où il est possible de réaliser des économies. Les profils de programmes ayant servi à un examen dans l'ensemble de l'organisme ne fournissaient pas suffisamment de détails pour identifier ces deux enquêtes.

20.23 Dans un organisme chargé d'établir des statistiques, les choix sur les priorités à accorder à certaines séries de données en particulier reposent sur les facteurs suivants : l'évaluation des coûts envisagés, ainsi que la nature et le degré de précision des données requises en vertu de la loi ou pour répondre aux besoins des principaux utilisateurs. Toutefois, nous avons découvert lors de notre examen que, dans le cadre du processus de planification, l'information contenue dans les énoncés sur les objectifs des activités ne fournissait pas toujours des détails sur la nature ou le degré de précision des données requises pour satisfaire les principaux utilisateurs et les dispositions législatives. En conséquence, le processus ne pouvait pas systématiquement rendre compte de quelle façon les objectifs des activités étaient touchés par les modifications marginales résultant des compressions budgétaires.

20.24 En 1983, nous avons signalé que, dans la planification ou la gestion des séries de données, la direction ne semblait pas indiquer explicitement, le cas échéant, le niveau requis de fiabilité des données, compte tenu de leurs principales applications. Statistique Canada a appuyé l'objet de la recommandation visant à apporter des précisions explicites à ce sujet. Toutefois, il préférait une approche moins machinale, faute d'une base objective permettant d'évaluer l'importance relative des diverses applications. Il ajoutait en outre qu'il était techniquement impossible d'évaluer plusieurs facteurs touchant la fiabilité.

20.25 D'autres organismes centraux chargés d'établir des statistiques ont élaboré des processus pour tenter de fournir des détails sur la nature ou le degré de précision des données requises afin de satisfaire les besoins des principaux utilisateurs et les dispositions législatives. Des énoncés explicitant les besoins en données pour des séries de données sont préparés pour fins de planification et de reddition de comptes. Ces énoncés ne font pas toujours l'objet d'une évaluation quantitative, mais tentent d'être aussi précis que possible techniquement.

20.26 Tout au long du développement continu de ses processus de planification, Statistique Canada devrait fournir des renseignements plus précis, dans le cadre de l'énoncé des objectifs des activités, sur les données requises pour répondre aux besoins de ses principaux utilisateurs.

Commentaires de la direction : Outre le processus de planification à long terme, divers moyens sont en place pour assurer l'examen continu de l'ensemble des activités de l'organisme : directives ministérielles; surveillance systématique des mémoires du Cabinet; consultation des membres appelés par le Ministre à siéger au Conseil national de la statistique; comités officiels interministériels; programme dynamique d'analyse interne; diverses mesures fédérales-provinciales; évaluations formelles des programmes, effectuées à contrat par les plus grands experts; quelque 15 comités consultatifs composés de professionnels; relations auprès de la clientèle regroupant des milliers d'utilisateurs; analyse du marché selon les ventes; relations avec les associations professionnelles, les chambres de commerce et les universités; et consultation d'autres pays en vue d'aider les clients à faire des comparaisons avec ces pays.

Une documentation officielle sur les principaux utilisateurs et usages est conservée et mise à jour au niveau des sous-éléments d'activité. S'il fallait procéder ainsi pour quelque 415 activités statistiques, cela augmenterait la paperasserie et ne serait pas productif.

Recensement de la population de 1986

20.27 Tous les cinq ans se tient un recensement de la population au Canada. Le recensement mené tous les dix ans, en début de décennie, est stipulé par la constitution; il permet d'établir la distribution des sièges à la Chambre des communes. Le recensement quinquennal n'est requis par la constitution que pour deux des provinces de l'Ouest, mais il doit se tenir à la grandeur du pays en vertu de la Loi sur la statistique . À partir de 1956, le recensement quinquennal s'est déroulé à l'échelle nationale.

20.28 Statistique Canada prépare des options et des recommandations sur le contenu du recensement. En fonction des avis formulés, le Cabinet décide du contenu ainsi que du montant des dépenses.

20.29 Selon l'usage, le recensement décennal se fait sur une plus vaste échelle que le recensement quinquennal. Dans les deux cas, il s'agit du dénombrement et de renseignements personnels de base sur l'ensemble de la population. Certaines questions permettent d'obtenir d'autres renseignements d'un échantillon de la population, soit 20 p. 100 en 1986. Lors des recensements de 1981 et de 1986, ces questions ont permis d'effectuer des croisements entre des données pour des petites régions géographiques, établissant des données détaillées, notamment entre l'occupation, le secteur d'activité, le revenu et l'éducation. Selon Statistique Canada, ces données sur des petites régions dans les provinces ne sont disponibles d'aucune autre source.

20.30 Le recensement de la population est une vaste entreprise qui vise à rejoindre tous les adultes du pays. Pour celui de 1986, environ 42 000 personnes ont travaillé au dénombrement de la population et à d'autres activités sur place, au coût total de quelque 150 millions de dollars. Le budget prévu pour le recensement de 1991 s'établit à 265 millions, compte tenu du nombre et du genre de questions soumises au Cabinet pour approbation.

(La photo n'est pas disponible)

20.31 Dans le cadre des activités de financement, la publication de données démographiques est essentielle aux termes d'un nombre de lois et de règlements. En vertu de la Loi de 1977 sur les accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces et sur le financement des programmes établis , le statisticien en chef est tenu d'attester les chiffres du dénombrement de la population pour chacune des années de recensement et de fournir des estimations sur la population pour les années comprises dans l'intervalle.

La nécessité de réduire les coûts du recensement
20.32 La planification du recensement commence règle générale dès que la collecte des données du recensement précédent est terminée. Statistique Canada a amorcé en 1982 l'examen des besoins fédéraux en vue du recensement de 1986. Des consultations bilatérales ont été menées avec les utilisateurs de l'administration fédérale et des provinces et avec d'autres utilisateurs des données du recensement, comme les municipalités, les entreprises et les universités. En novembre 1984, le gouvernement a annoncé que le recensement de la population prévu pour 1986 serait annulé pour permettre de réaliser des économies de 100 millions de dollars entre 1985-1986 et 1987-1988.

20.33 Le 21 décembre 1984, le Ministre a annoncé le rétablissement du recensement de 1986, Statistique Canada ayant élaboré d'autres mesures pour réaliser des économies de 100 millions de dollars. Selon la déclaration du Ministre, ces économies seraient possibles grâce aux méthodes suivantes :

Les risques associés à la modification du recensement n'ont pas été identifiés
20.34 Au moment d'annoncer le rétablissement du recensement, le ministre s'est dit confiant de la capacité de Statistique Canada à préserver un haut niveau de qualité statistique. Le statisticien en chef a informé le Conseil du Trésor que les engagements associés au rétablissement posaient des défis de taille, qui seraient toutefois relevés sans nuire à l'infrastructure technique ou aux programmes statistiques de l'organisme. Alors qu'il faut compter habituellement quatre ans pour planifier un recensement, Statistique Canada n'avait plus que cinq mois pour apporter des modifications de dernière heure en raison des compressions. Rien n'indique par suite de notre examen que, pour la planification du recensement « révisé », l'on ait procédé à une analyse des risques associés à certains choix permettant de réaliser des économies.

Les économies provenaient des modifications opérationnelles apportées au recensement
20.35 Outre le recrutement d'étudiants l'été plutôt que le recours habituel aux représentants du recensement, on a supprimé toute la publicité payée et les contrôles postaux. On a aussi réduit de beaucoup les services d'assistance téléphonique offerts aux personnes qui répondent au questionnaire. Un bon nombre des procédures opérationnelles ainsi modifiées visaient à l'origine à dénombrer le plus exactement possible la population.

Faible réduction du nombre de données recueillies par rapport au recensement de 1981
20.36 L'un des moyens proposés par le Ministre pour réaliser les économies de 100 millions de dollars consistait à réduire le nombre de données recueillies et, ce faisant, l'envergure du recensement. Les responsables de Statistique Canada nous ont fait savoir qu'on avait procédé à quelques coupures de la version originale du questionnaire approuvé pour le recensement. Deux questions avaient été supprimées, et une troisième était moins détaillée. En raison de son importance, le recensement quinquennal de 1986 nécessitait toutefois beaucoup plus de réponses que celui de 1976. Compte tenu du nombre de données recueillies, celui de 1986 n'était inférieur que de 4 p. 100 au recensement décennal de 1981.

Les réductions n'ont pas permis de tirer le meilleur parti d'une question du recensement
20.37 L'une des économies consistait, par exemple, à modifier le traitement des réponses à la question 28, qui portait sur l'adresse du lieu de travail. À l'étape de la planification, on estimait en 1983 que le coût marginal pour la collecte de telles données se chiffrerait à 2,2 millions de dollars, dont environ 1,5 millions pour le codage des réponses. Afin de réaliser des économies, on a décidé de fournir les réponses seulement aux municipalités qui en paieraient le codage. En conséquence, les renseignements n'ont été codés que pour la province de l'Ontario, qui avait versé les frais de codage. Les réponses à cette question provenant du reste du pays n'ont pas été codées.

La qualité du dénombrement s'en est ressentie
20.38 Les modifications aux procédures opérationnelles ont beaucoup nui à la qualité du dénombrement. Statistique Canada a mis au point une technique statistique, la contre-vérification des dossiers, pour estimer le taux de sous-dénombrement, à savoir la proportion des personnes non recensées. En 1986, le taux s'établissait à 3,21 p. 100, soit 60 p. 100 de plus qu'en 1981, ce qui signifie qu'environ 839 000 personnes n'ont pas été dénombrées. Depuis qu'il a été calculé pour la première fois en 1966, le taux enregistré en 1986 est le plus élevé. Dans son examen des recensements, Statistique Canada considérait celui de 1981 comme un succès sans précédent, compte tenu notamment de l'exécution, du coût, de l'actualité et de l'intégralité du dénombrement. Lors de ce recensement, environ 2,01 p. 100 de la population n'avait pas été dénombrée.

20.39 Les chiffres de population attestés par le statisticien en chef servent à déterminer les transferts annuels aux provinces et aux territoires dans le cadre de programmes établis de financement (santé et enseignement post-secondaire) et de la péréquation. En 1988-1989, ces transferts se chiffraient à quelque 25 milliards de dollars. Même de légères variations au chapitre du bilan démographique peuvent avoir une forte incidence sur le montant des transferts. Un recensement ne saurait être exact en tous points, mais il existe plusieurs procédures pour limiter les erreurs de dénombrement et les risques de calculs erronés en matière d'évolution démographique.

20.40 Le statisticien en chef est d'avis que rien ne justifie sur le plan professionnel l'attribution d'une valeur financière au sous-dénombrement parce que, selon lui, il n'existe au pays aucune méthode adéquate pour évaluer la possibilité d'un double compte (surdénombrement). Il ajoute que les milieux de la statistique, tant au Canada qu'aux États-Unis, n'arrivent pas à s'entendre sur le degré de fiabilité de ces estimations. Statistique Canada n'a pas évalué l'erreur nette de dénombrement. Les États-Unis effectuent ce genre d'évaluation. Au Canada, les responsables considèrent que la sous-estimation est plus grande que la surestimation.

20.41 Une part d'erreur est inévitable dans le dénombrement de la population, mais il est important de maintenir constamment un haut niveau de qualité afin d'assurer une distribution juste et équitable dans le cadre des principaux programmes de transfert du fédéral. Les données d'un dénombrement de la population influent sur le montant des paiements sur une période de six ans. Ainsi, toute modification des chiffres peut entraîner des changements importants au chapitre des paiements.

20.42 Statistique Canada devrait continuer d'examiner les moyens d'établir une base pour l'évaluation de l'erreur nette de dénombrement.

Commentaires de la direction : Depuis des années, Statistique Canada étudie, élabore et adopte de meilleures méthodes pour évaluer la qualité des données du recensement, y compris les mesures pour établir le champs d'observation de l'enquête. Un programme explicite visant à poursuivre ces recherches dans le cadre du recensement de 1991 est sur pied depuis 1987.

Les utilisateurs ont besoin de plus amples renseignements sur l'incidence des changements résultant du sous-dénombrement
20.43 Le statisticien en chef est chargé de fournir, aux utilisateurs, des statistiques ainsi que des conseils sur leur qualité. En général, Statistique Canada diffuse les résultats des recensements par les moyens habituels. Le statisticien en chef doit aussi attester les chiffres du dénombrement de la population pour les besoins de programmes déterminés, selon les dispositions législatives en cause. Aucune des attestations du recensement de 1986 ne fait mention de la qualité des données.

20.44 En juillet 1988, Statistique Canada a diffusé à l'intention des utilisateurs un bulletin d'information où figuraient, par province, les taux de sous-dénombrement des recensements de 1986 et de 1981. Notre examen des publications répertoriées qui traitaient du dénombrement de la population de 1986 n'a toutefois révélé aucune mention de la hausse du taux de sous-dénombrement depuis 1981. Conformément aux lignes directrices de l'organisme, les utilisateurs des données du recensement doivent être renseignés à ce sujet dans des publications sur le recensement.

20.45 Les utilisateurs des données du recensement devraient être informés de l'importance des changements du taux de sous-dénombrement, à la fois dans les publications et les attestations.

Commentaires de la direction: Conformément à sa politique voulant que les utilisateurs soient informés sur la qualité de ses produits statistiques, Statistique Canada continuera à fournir aux utilisateurs des données du recensement une information sur les erreurs du champ d'observation, y compris les estimations du sous-dénombrement. Les plans de production pour le recensement de 1991 seront examinés pour déterminer s'il serait utile d'ajouter d'autres informations dans les publications et les divers produits. Il faut toutefois souligner que les estimations du sous-dénombrement ne sont disponibles qu'après la publication des principaux résultats du recensement.

Effets non spécifiés sur d'autres programmes de l'organisme
20.46 Dès 1986-1987, Statistique Canada avait réalisé la moitié de son objectif d'économiser 100 millions de dollars, surtout au chapitre des opérations du recensement. Le recouvrement de l'autre moitié était prévu sur les trois années suivantes. Cet engagement a imposé un fardeau financier à Statistique Canada. Les économies prévues ont été réalisées malgré d'autres restrictions financières. Comme en font état les paragraphes 20.51 à 20.59 et 20.80 à 20.82, il est difficile d'établir quelles répercussions ont pu avoir les économies à réaliser dans le cadre du recensement sur d'autres programmes. Nous croyons, cependant, que Statistique Canada se doit d'informer le Parlement chaque fois que les programmes subissent des réductions importantes et d'autres modifications, comme celles qui ont découlé du rétablissement du recensement de 1986.

Une possibilité à envisager : un recensement quinquennal à faible échelle
20.47 La Loi sur la statistique oblige la tenue d'un recensement quinquennal, mais ne prévoit rien au sujet de la quantité d'information à recueillir. Selon les estimations de Statistique Canada, 70 p. 100 des dépenses en 1981 et 78 p. 100 des coûts en 1986 étaient expressément stipulées par la loi. Au fil du temps, les recensements ont servi à recueillir un éventail de données qui allait au-delà de l'exigence de base. De 1976 à 1986, le recensement quinquennal, auparavant un recensement à faible échelle, est devenu une copie presque conforme du recensement décennal et il comportait plus de questions discrétionnaires que les recensements quinquennaux précédents.

20.48 Le recensement est une entreprise complexe et coûteuse. Toutes les réponses aux questions discrétionnaires peuvent aussi être recueillies par d'autres enquêtes-ménages auprès d'un nombre limité de personnes. Selon Statistique Canada, l'importance grandissante du recensement quinquennal tient à sa valeur nique comme source de données régionales détaillées et vise à répondre à une demande de la part des utilisateurs. Statistique Canada a soutenu que ce changement était justifié par l'évolution des besoins en matière d'information et par la nécessité d'avoir accès à l'échelle du pays à des données régionales, et aussi parce que l'information requise n'est disponible d'aucune autre source.

20.49 L'élaboration de nouvelles sources de données ne cesse de progresser, et elle pourrait mener à d'autres solutions pour les éléments discrétionnaires du recensement afin de répondre aux besoins prioritaires. On pourrait, par exemple, utiliser de manière sélective d'autres enquêtes par sondage ou établir des projections fondées sur la mise à jour de la base de sondage du recensement.

20.50 Statistique Canada devrait continuer d'examiner les options permettant de répondre, de la façon la plus rentable possible, aux besoins quinquennaux en matière de données discrétionnaires.

Commentaires de la direction : Statistique Canada essaie continuellement de répondre aux besoins d'information des utilisateurs de la façon la plus rentable possible. Un tel examen a été mené avant le recensement de 1986 et un autre est actuellement en cours pour 1996.

Le système de comptabilité nationale

20.51 Le système de comptabilité nationale est un système intégré de renseignements sur les activités économiques du Canada, tant nationales qu'internationales. Il fournit des mesures économiques et des tableaux bien connus, notamment le produit intérieur brut, le produit national brut, la balance des paiements internationaux, les flux financiers, les tableaux des entrées-sorties, les indices de prix et les mesures de productivité. En 1988-1989, les prévisions au chapitre des comptes nationaux s'établissaient à 12,86 millions de dollars et à 219 années-personnes.

Nécessité de définir les risques associés au retard, en recherche-développement, accusé par le système de comptabilité nationale
20.52 Dans son examen de la méthodologie de Statistique Canada, Sir Claus Moser signalait en 1980 que les activités de recherche-développement sont essentielles au maintien de normes statistiques élevées. Pour un bureau de statistique, celles-ci sont à la base d'une adaptation à l'évolution de la technologie et des institutions. L'économie du pays a connu plusieurs changements de taille, dont l'essor des industries de services et de la technologie. S'il veut donner une idée juste de l'évolution de la réalité économique, le système de comptabilité nationale doit refléter ces changements.

20.53 Les statistiques obtenues de la comptabilité nationale jouent un rôle important dans l'élaboration et l'analyse de la politique économique, d'où la préoccupation constante au sujet de la qualité et de la pertinence des comptes par rapport à la conjoncture économique. Statistique Canada a réalisé plusieurs études en vue d'évaluer le système de comptabilité nationale et de déterminer quelle mise au point s'impose pour en maintenir la crédibilité et la pertinence.

20.54 Statistique Canada reconnaît l'importance de ces travaux de recherche-développement. Toutefois, même si cet organisme a augmenté son personnel afin d'améliorer le système, la majorité de ces employés ont servi à répondre à des besoins opérationnels plus pressants. Par exemple, plus de la moitié d'entre eux ont été affectés à la mise en oeuvre du système harmonisé et au projet de remaniement des enquêtes-entreprises.

20.55 Une évaluation devrait être faite, aux fins de la planification interne, au sujet des risques associés aux retards accusés en recherche-développement dans certains secteurs désignés de la comptabilité nationale.

Commentaires de la direction : L'absence d'une telle évaluation entraîne des conséquences qui ont été envisagées et des mesures ont été prises. Ces dernières années, les travaux de recherche-développement ont porté sur l'ensemble des facteurs touchant la productivité; les comptes satellites des secteurs du tourisme et de la santé; l'économie clandestine; les épargnes des particuliers; les indices des prix des grands magasins à succursales; ainsi que des évaluations plus poussées de la production industrielle par province et la déflation des principaux aspects des dépenses définitives dans les comptes provinciaux. Une attention particulière a été accordée pour traiter à fond les activités dans le secteur tertiaire, tant au Canada que dans le cadre du commerce international. Ces travaux comprenaient un nouvel examen des concepts et des définitions, ainsi que la préparation de nouvelles enquêtes et publications. Au cours de la récente révision historique, de nouveaux indices des prix ont été introduits pour refléter la croissance rapide de la capacité de calcul. Évidemment, d'autres travaux sont en cours.

Nécessité d'améliorer les documents de la comptabilité nationale à l'intention des utilisateurs
20.56 Comme nous l'avons signalé en 1983, il est essentiel de renseigner suffisamment les utilisateurs sur la qualité des comptes nationaux de sorte qu'ils puissent établir l'utilité des données pour leurs fins particulières. Les comptes nationaux proviennent de sources de données complexes et il existe forcément une part d'arbitraire dans certaines des étapes servant à leur établissement, notamment l'imputation et la correction des données.

20.57 Les utilisateurs ont besoin d'une information complète et à jour sur les données et méthodes utilisées dans le cadre du système de comptabilité nationale. De la documentation concernant les sources et les méthodes est souvent reportée à plus tard, à cause d'autres échéances à respecter. Les utilisateurs ont besoin de plus amples informations écrites sur les sources des données et la méthodologie employées pour le système de comptabilité nationale.

20.58 Par ailleurs, le projet de remaniement des enquêtes-entreprises modifiera les méthodes de collecte pour un grand nombre des séries économiques qui forment la comptabilité nationale. En décembre 1988, la nouvelle base du sondage a été utilisée pour l'enquête mensuelle sur le commerce de gros et de détail. Dans notre rapport de 1983, nous avons signalé que les difficultés liées à la base de sondage à cette époque entraînaient une sous-estimation de la valeur du commerce de détail aux fins d'enregistrement dans les comptes nationaux. En guise de compensation, les résultats ont fait l'objet de corrections à la hausse. La nouvelle base est conçue pour améliorer les estimations obtenues de l'enquête. Toutefois, ces modifications toucheront à leur tour l'établissement des comptes, et éventuellement leur application et leur interprétation par les utilisateurs. Le statisticien en chef a signalé que, pendant la transition, les données étaient plus susceptibles d'être volatiles. Les utilisateurs auront besoin d'être renseignés davantage à propos des modifications apportées aux données destinées aux comptes et de leur incidence sur l'établissement des comptes.

20.59 Statistique Canada devrait publier à l'intention des utilisateurs un plus grand nombre de données sur l'établissement des comptes nationaux et la qualité du résultat obtenu.

Commentaires de la direction : Les utilisateurs intéressés peuvent facilement obtenir une grande quantité d'informations. Parmi les nouveaux documents en cours de préparation ou récemment publiés, citons :

Enquête sur la population active

20.60 L'enquête sur la population active fournit mensuellement des estimations du taux de chômage et des caractéristiques de la population active. Elle s'appuie sur un plan de sondage complexe qui porte sur 48 000 ménages. Les données sont habituellement diffusées 13 jours après que les questionnaires ont été remplis ou environ trois semaines après que les questionnaires sont expédiés dans les régions. En 1988-1989, l'enquête a coûté 11,6 millions de dollars et a nécessité 85 années-personnes et 800 intervieweurs à temps partiel. Parmi les principaux utilisateurs des résultats, mentionnons la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada et d'autres ministères fédéraux et provinciaux.

Aucune définition claire des objectifs de l'enquête permettant de préciser les besoins en matière de données
20.61 Dans le cadre des mesures générales pour limiter les dépenses, on a réduit la taille des échantillons de certaines enquêtes, comme celle sur la population active. L'énoncé des objectifs de l'enquête ne donne pas de précisions sur le degré de fiabilité requis par les principaux utilisateurs des données. En conséquence, Statistique Canada ne pouvait affirmer de quelle façon la réduction du nombre de données toucherait les objectifs de cette enquête.

20.62 En 1986, Statistique Canada a supprimé 5 217 ménages de l'enquête en raison des compressions budgétaires. Cette mesure a compromis la précision de certaines estimations statistiques, mais les utilisateurs ont été informés de ces modifications en matière de précision. Le processus de planification a permis d'élaborer des mesures afin de parer à l'éventualité d'autres réductions de la taille des échantillons, limitant la production de données à l'échelle nationale et provinciale. Ces mesures n'ont pas été mises de l'avant.

20.63 Aux termes de la Loi sur l'assurance-chômage , Statistique Canada doit fournir des données statistiques, bien qu'il n'y ait pas de précisions sur la nature des données requises à cet effet. Les résultats obtenus dans le cadre de l'enquête sur la population active servent à estimer le taux de chômage selon les régions économiques définies en fonction de l'assurance-chômage. Ces taux servent ensuite de critères pour déterminer l'admissibilité au régime et la durée de certains bénéfices. Une différence d'un pourcentage sert à déterminer les conditions d'admissibilité et la moitié d'un pourcentage, le nombre de semaines de prestations. En raison de la réduction de la taille des échantillons, les chances que cette différence résulte de la variabilité de l'échantillonnage plutôt que d'un écart réel augmentent.

Enquête annuelle sur les manufactures

20.64 L'enquête annuelle sur les manufactures remonte à 1917. En 1987-1988, elle a coûté plus de 2,8 millions de dollars et a nécessité 76 années-personnes. Ses résultats s'inscrivent dans l'ensemble du programme de statistique économique, qui comprend le système de comptabilité nationale.

20.65 Les données de cette enquête fournissent des renseignements économiques sur le secteur manufacturier, qui compte pour plus du cinquième du produit intérieur réel, soit environ 17 p. 100 de l'emploi total et à peu près 65 p. 100 de l'ensemble des exportations de biens et de services. Elles peuvent aussi servir à l'analyse des répercussions de la libéralisation des échanges, y compris ceux résultant de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Les résultats se répartissent dans deux grandes catégories : les statistiques principales qui renseignent sur les opérations, notamment les chiffres concernant les finances et l'emploi, et les statistiques détaillées sur les produits des industries manufacturières canadiennes.

Aucune définition claire des objectifs de l'enquête permettant de préciser les besoins en matière de données
20.66 Dans le cadre des mesures générales pour limiter les dépenses, on a fait davantage appel aux estimations plutôt qu'à l'enquête directe. Comme pour les autres enquêtes examinées, l'énoncé des objectifs de l'enquête annuelle sur les manufactures ne donne pas de précisions sur les besoins des principaux utilisateurs en matière de données. En conséquence, Statistique Canada ne pouvait affirmer de quelle façon les modifications apportées à l'enquête toucheraient les objectifs de cette enquête.

L'augmentation du nombre d'estimations
20.67 Plusieurs modifications ont été apportées dans le cadre de cette enquête depuis 1983. En 1987, le nom de l'enquête a changé; désigné autrefois comme un recensement, il s'agit plutôt maintenant d'une enquête sur les manufactures, compte tenu d'un plus grand recours aux enquêtes par sondage pour recueillir des données sur les petites entreprises de fabrication. Le niveau des ressources prévues à cette fin a été réduit. Il y a eu réduction dans l'utilisation des questionnaires complets par rapport à la version abrégée, et l'on fait davantage appel aux données fiscales et aux estimations. En 1986, le questionnaire complet visait environ 93 p. 100 des expéditions des entreprises de fabrication. Dans le cas des manufacturiers non visés par le questionnaire complet, les statistiques détaillées sur les marchandises sont moins nombreuses et sont remplacées par des estimations. D'autres modifications doivent résulter de l'utilisation de la base de sondage prévue pour le projet de remaniement des enquêtes-entreprises.

Les publications ne paraissent pas en temps opportun
20.68 Statistique Canada reconnaît que les résultats de cette enquête n'étaient pas publiés en temps opportun; à cet effet, les publications ont fait l'objet d'un examen dès 1984. Quelques améliorations ont été enregistrées dans le cadre de la diffusion des principales statistiques pour 1985, mais d'autres retards ont marqué 1986. Cependant, les principaux problèmes à cet égard relèvent des statistiques sur les marchandises. Pour l'année de référence se terminant en 1985 (y compris à la clôture de l'exercice le 31 mars 1986) les premières statistiques sur les marchandises ont paru en janvier 1988.

20.69 Les statistiques de 1987 sur les marchandises n'ont pas été vérifiées, faute de ressources. La vérification était assurée par 36 personnes en 1986; seulement 15 exécutaient ce travail en 1987. En conséquence, les données de 1987 ne seront pas publiées. La fréquence de parution des statistiques sur les marchandises est à l'étude.

Statistiques de la santé

20.70 Les statistiques de la santé comptent les séries de statistiques sur la démographie, les renseignements sur les établissements de soins de santé et leur utilisation, les registres des maladies et les enquêtes sur l'état de santé, les connaissances et les attitudes. En 1988-1989, les prévisions budgétaires à ce chapitre s'établissaient à 5,8 millions de dollars et à 94 années-personnes.

20.71 Les soins de santé et leur coût soulèvent de plus en plus d'inquiétudes au pays. En 1987, le coût atteignait presque 47,8 milliards de dollars, répartis entre tous les pouvoirs publics et la population.

Nécessité de maintenir la rentabilité des données recueillies par Statistique Canada sur les activités en milieu hospitalier
20.72 Dans son Aperçu stratégique, Statistique Canada précise qu'une meilleure information sur la santé des individus est au nombre des priorités de son programme. Le statisticien en chef a joué un rôle de premier plan dans le cadre de plusieurs initiatives destinées à améliorer sensiblement l'information en matière de santé. La Division de la santé recueille, depuis quelques décennies, plusieurs séries statistiques sur les établissements de soins de santé. À l'examen des données recueillies par la Division, nous avons relevé peu d'éléments pour justifier le maintien de certaines données sur les établissements. Nous présentons ci-dessous des exemples où l'utilité est mise en question.

Données sur le fonctionnement des hôpitaux
20.73 Il s'agit d'un dossier important à la Division de la santé (200 000 $ en frais non liés à la rémunération et 20 années-personnes en 1987-1988). La majeure partie des données opérationnelles sont encore recueillies et publiées de la même façon qu'en 1976-1977. Les deux principales bases de données produisent les renseignements détaillés suivants :

Le programme de renseignements hospitaliers trimestriels sert surtout de base de données permettant d'établir des comparaisons entre les hôpitaux. Il existe environ 435 indicateurs par hôpital, y compris le genre de services fournis, la propriété, les services désignés de diagnostic et de traitement, le nombre de jours-repas, le nombre de kilogrammes de linge au blanchissage, etc. En 1986, le Comité consultatif de la statistique de la santé a recommandé que le programme soit assujetti à des mesures de recouvrement des coûts et qu'il devrait être abandonné si les hôpitaux et les provinces n'achetaient pas les données. La recommandation a été rejetée. À la demande de Statistique Canada, un groupe de travail fédéral-provincial sur les renseignements hospitaliers a cherché à déterminer si Statistique Canada devait recueillir ces données. Les membres de ce groupe ont soulevé des questions à ce sujet, mais ils ont demandé que le programme soit maintenu.

La statistique annuelle des hôpitaux. Les données provenant des ministères provinciaux sont à la base de statistiques hospitalières annuelles, analogues à celles des données trimestrielles, mais plus détaillées. Le Comité consultatif de la statistique de la santé a mis en doute la nécessité de tels détails. Les données sont produites avec beaucoup de retard -- la publication est prévue deux ans après la fin de la période de référence. L'Association des hôpitaux du Canada a élaboré un nouveau système d'information sur la gestion hospitalière, qui doit uniformiser les données provenant de toutes les provinces. L'uniformité du mode de déclaration permettra d'établir directement des comparaisons. Cette démarche soulève d'autres questions sur la nécessité de la participation de Statistique Canada.

Données sur la morbidité
20.74 L'obtention de ces données auprès des archives des établissements représente pour la Division une dépense de 227 000 $ en frais non liés à la rémunération ainsi que huit années-personnes. Les statistiques annuelles sur les admissions hospitalières et les congés ou départs sont fournies par les ministères provinciaux. Le Hospital Medical Records Institute est à élaborer une base de données semblable d'information sur la gestion. Cette base fait actuellement état d'environ 75 p. 100 des admissions et des congés ou départs dans les hôpitaux canadiens. Statistique Canada traite la totalité des données à des fins statistiques, mais ne les produit pas aussi rapidement que l'institut. Cette situation met en question la nécessité pour Statistique Canada de continuer d'affecter à ce domaine des ressources limitées.

20.75 Statistique Canada devrait réévaluer le besoin courant en matière de statistiques hospitalières.

Commentaires de la direction : Pas d'accord, le groupe d'étude fédéral-provincial sur les renseignements hospitaliers ayant conclu que ces données étaient nécessaires. En outre, la recommandation telle qu'elle a été présentée place un fardeau injustifié sur les vastes projets en cours pour améliorer le programme de statistiques de la santé. Statistique Canada a joué un rôle de premier plan pour la réévaluation du programme actuel de statistiques de la santé. Le nouveau Conseil national d'information sur la santé, relevant du statisticien en chef et de la Conférence des sous-ministres de la Santé, favorise les échanges pour revoir les besoins d'information de toute sorte dans le domaine de la santé, qu'ils soient fournis par les hôpitaux ou proviennent de dossiers administratifs, d'enquêtes menées auprès de la population ou d'autres sources.

En collaboration avec l'Institut canadien des recherches avancées, Statistique Canada travaille également à l'élaboration d'un nouvel axe paradigmatique associé à l'information dans le domaine de la santé, pour aider à orienter les travaux statistiques et analytiques.

Le projet de remaniement des enquêtes-entreprises

20.76 Il s'agit de l'un des projets les plus vastes et les plus complexes entrepris par Statistique Canada. Le principal résultat prévu est un registre plus complet et à jour des entreprises, auquel seront liées toutes les enquêtes-entreprises ayant fait l'objet d'un remaniement. Le projet a des répercussions importantes pour un éventail d'activités opérationnelles, y compris l'enquête annuelle sur les manufactures et le système de comptabilité nationale. Il fait suite aussi à quelques-unes des observations formulées dans notre rapport de 1983.

20.77 À son point culminant en 1987-1988, le projet comportait des dépenses directes de 9,2 millions de dollars et 175 années-personnes. De 1984-1985 à la fin d'octobre 1988, les dépenses cumulatives s'établissaient à 27,2 millions de dollars. Le projet n'est pas encore au point; la vérification du nouveau registre venait de commencer au moment de notre examen.

Nécessité d'énoncer les effets de l'affectation de ressources au lancement d'un vaste projet en période de compressions
20.78 Statistique Canada a entrepris le projet de remaniement des enquêtes-entreprises à des frais internes considérables. Il en a justifié la priorité par la nécessité d'améliorer la qualité des enquêtes actuelles dans ce domaine, de réduire le fardeau de déclaration des entreprises et de fournir un aperçu plus complet de l'activité économique. Au printemps 1984, le Conseil du Trésor a approuvé environ 45 années-personnes de plus pour chacune des trois années prévues pour le projet. Même s'il était reconnu à ce moment que les réaffectations internes devraient compter pour la majeure partie du financement nécessaire, leurs effets négatifs sur d'autres activités n'ont pas été consignés sous forme de plans et de propositions.

20.79 Le projet comportait des objectifs trop optimistes. Au moment de notre vérification, il accusait un retard d'un an et demi par rapport aux prévisions. Les délais n'ont pas été respectés non plus en 1988, ce qui a accru les pressions sur les ressources et retardé la documentation d'autres enquêtes, notamment l'enquête annuelle sur les manufactures. Les jalons du projet figuraient dans la Partie III du Budget des dépenses, mais on a omis de rapporter de manière uniforme les cas où les délais fixés n'ont pas été respectés.

Diffusion des données

20.80 La Loi sur la statistique stipule que Statistique Canada doit diffuser au public les renseignements recueillis. Cet organisme dispose de nombreux moyens pour diffuser cette information, notamment les publications, les bases de données et les autres produits transmis électroniquement. Il administre également un service d'information et de renseignements et un programme de communications. De nouvelles politiques sur la diffusion des données, la nécessité d'accroître le recouvrement des coûts ainsi que l'ensemble des compressions budgétaires ont modifié le niveau des services offerts au public.

Nécessité d'exprimer clairement les difficultés de maintenir la qualité du service en raison des modifications de la demande et des compressions budgétaires
20.81 Statistique Canada garantit l'accès du public à ses renseignements généraux. Aux termes de sa récente politique sur le «marketing», il s'est engagé à fournir le libre accès aux renseignements par divers moyens de diffusion, notamment le service de renseignements téléphoniques sans frais, les centres de consultation régionaux et l'envoi de publications gratuites aux administration provinciales et territoriales ainsi qu'aux médias. Ces moyens comprennent aussi le Programme de service aux dépositaires d'Approvisionnements et Services Canada, qui fournit des publications gratuites à des bibliothèques désignées et à des députés fédéraux.

20.82 Statistique Canada examine de façon continue la qualité du service. Il ressort des examens et de notre vérification que les ressources ne progressent pas au même rythme que la hausse marquée de la demande de certains services, d'où la diminution du niveau de service. Ainsi, un plus grand nombre d'utilisateurs n'obtiennent pas de réponses à leurs demandes téléphoniques aux bureaux de Toronto, de Montréal, de Vancouver et d'Ottawa. En outre, la consolidation des services de publication a réduit le nombre de données disponibles gratuitement au moyen du Programme de service aux dépositaires.

Publications

20.83 Dans notre rapport de 1983, nous avons signalé que « la plupart des directeurs choisissent de diffuser l'information par le truchement de publications ». Notre vérification actuelle nous amène à conclure que c'est toujours le cas. Cette année, Statistique Canada publiera plus de 450 titres couvrant un vaste ensemble de renseignements statistiques. Plus de 1,2 million d'exemplaires de publications ont été distribués en 1988-1989. De ce nombre, 21 p. 100 ont été distribués gratuitement au moyen de programmes d'échange entre bibliothèques, aux centres provinciaux de statistique et aux médias; 4 p. 100, à l'interne; et 40 p. 100, au moyen du Programme de service aux dépositaires. Approvisionnements et Services Canada paie à Statistique Canada le faible coût que représente la distribution au moyen du Programme. Le Conseil du Trésor a augmenté à titre provisoire l'estimation des niveaux de référence à titre de mesure compensatoire pour la pénurie de recettes dans le cadre de ce programme. Le reste des publications, 34 p. 100, est mis en vente (voir la pièce 20.3).

(Cette pièce n'est pas disponible)

Absence de pouvoirs de tarification et de vente des publications
20.84 Aux termes de la Loi sur la statistique , Statistique Canada ne compte pas parmi ses attributions le pouvoir d'établir le tarif de ses publications. Avant 1984, le ministère des Approvisionnements et Services en assumait la responsabilité. En 1984, en vertu de la signature d'un protocole d'entente, le partage des responsabilités entre ce ministère et Statistique Canada en matière de publication ont été confirmées et décrites. Statistique Canada s'est vu accorder l'entière responsabilité pour la publication des ouvrages généraux de plein prix et de prix subventionné, la responsabilité de maintenir et de gérer les stocks, de même que le droit de conserver le produit des ventes. Dès la signature du protocole, Statistique Canada a assumé ses nouveaux pouvoirs et a fixé les prix de ses publications.

20.85 Le Conseil du Trésor a approuvé les dispositions prévues par le protocole d'entente pour une période de deux ans, après quoi les deux ministères devaient procéder à une évaluation de l'entente avant d'en arriver à un accord final. Bien que l'évaluation n'ait jamais été entreprise, le protocole a été prorogé par le sous-ministre d'Approvisionnements et Services Canada et son homologue de Statistique Canada. Le Conseil du Trésor n'a pas été officiellement informé de cet arrangement, non plus qu'il l'a approuvé. N'ayant pas reçu l'approbation du Conseil du Trésor au sujet de la prorogation du protocole d'entente, Statistique Canada fixe les prix et vend les publications sans disposer des pouvoirs appropriés que peut lui conférer le Conseil.

20.86 Statistique Canada et Approvisionnements et Services Canada devront évaluer, selon les exigences du Conseil du Trésor, l'accord prévu sur la responsabilité des publications aux termes du protocole d'entente, et le soumettre de nouveau au Conseil.

Commentaires de la direction : Depuis des mois, dans le cadre de discussions avec le Secrétariat du Conseil du Trésor, Statistique Canada vise à déterminer le rôle qu'il sera appelé à jouer dans la gestion de ses publications. Une entente sera conclue à ce sujet.

Absence des approbations requises pour les prix courants
20.87 Le ministère des Approvisionnements et Services doit faire approuver par le Conseil du Trésor son approche pour la tarification de ses publications. À cette fin, il fait approuver un modèle pour le calcul des coûts et une échelle de prix pour toutes ses publications. Le modèle sert à calculer le prix de tous les documents du gouvernement du Canada qui sont publiés et distribués par le Centre d'édition du gouvernement du Canada. Le Centre d'édition fixe normalement les prix selon le coût de revient. Par ailleurs, il existe des dispositions pour ajuster le prix à la valeur marchande, dans l'éventualité où celle-ci serait supérieure au coût de revient.

20.88 Statistique Canada n'a pas obtenu l'approbation voulue pour l'établissement du prix de ses publications; sa politique consiste à recouvrer les coûts du gouvernement. Nous avons examiné les pratiques d'établissement des prix de Statistique Canada pour les publications. Ses prix actuels ne reflètent pas un modèle pour le calcul des coûts ou une échelle des prix semblables à ceux du Centre d'édition. Nous avons constaté que la procédure pour l'établissement du prix comprenait certains facteurs additionnels, qui dépassent l'approche adoptée par le Centre d'édition.

20.89 Statistique Canada devrait obtenir l'approbation voulue pour l'établissement du prix de ses publications.

Commentaires de la direction : Lorsque Statistique Canada a obtenu les pleins pouvoirs délégués pour assurer la publication de ses ouvrages, il s'est adressé au ministère de la Justice, qui lui a fait savoir qu'en vertu de l'entente, il avait le pouvoir d'établir les prix de ses publications.

Le système d'information sur les publications ne renseigne pas suffisamment sur les coûts
20.90 On a tardé à mettre en oeuvre des systèmes d'information de gestion pour répondre aux besoins de la Division des publications. Faute de renseignements, on ne peut évaluer le coût total des publications vendues.