Réagir aux changements climatiques : il est temps de repenser la stratégie d'intervention du Canada

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Introduction

Les fondements des préoccupations mondiales

Reconnaissance internationale des risques
3.26 Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) a été institué en 1988 conjointement par l'Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l'environnement afin de fournir une évaluation bien documentée, internationale et scientifique de l'état des connaissances sur les changements climatiques (voir l' annexe A pour une brève description de ces derniers). Il incombe au GIEC de réaliser des évaluations consensuelles de l'information scientifique et technique disponible, des causes de l'évolution du climat et de ses répercussions environnementales et socioéconomiques. Le Groupe est aussi chargé de la formulation de stratégies possibles d'intervention.

3.27 Le GIEC a publié deux grands rapports d'évaluation. Des centaines de spécialistes du monde entier ont participé à leur rédaction, tandis que des milliers d'experts et que des gouvernements en ont fait une étude critique. Le Canada a pris une part active au processus. Les rapports présentent, en général, un vaste consensus international sur l'enjeu des changements climatiques.

3.28 Voici l'une des principales constatations que le GIEC présente dans son rapport de la deuxième évaluation (1995) : « ...la prépondérance de la preuve indique qu'il existe une influence humaine évidente sur le climat du globe ». Le GIEC a conclu qu'il y a accumulation de gaz à effet de serre (surtout de dioxyde de carbone) dans l'atmosphère. Le Groupe estime que l'accumulation de ce gaz est en partie causée par des activités humaines comme l'utilisation de combustibles fossiles et le déboisement. L'augmentation des émissions de gaz dits à effet de serre a pour effet d'emmagasiner une certaine quantité de chaleur qui, sans cela, s'échapperait de l'atmosphère terrestre. Une telle situation pourrait entraîner des changements climatiques.

3.29 Les experts concluent, dans le rapport de la deuxième évaluation, que la non-réduction des émissions de gaz à effet de serre risque d'engendrer de graves conséquences à long terme. Parmi celles-ci, mentionnons l'augmentation de la température moyenne annuelle en surface, un changement des régimes météorologiques et pluviaux, une modification des rendements agricoles et des écosystèmes, ainsi qu'une élévation du niveau de la mer susceptible de mettre en péril les collectivités côtières. En outre, le rapport signale que les changements climatiques pourraient avoir des répercussions multiples et sérieuses sur la santé humaine. De telles séquelles se répercutent au-delà des frontières locales et provinciales et deviennent des préoccupations nationales et, de plus en plus, internationales. Le gouvernement fédéral s'est dit d'accord avec les constatations présentées dans ce document.

La climatologie présente encore plusieurs inconnues
3.30 On sait beaucoup de choses sur le système climatique, mais le GIEC reconnaît qu'il nous reste des points à éclaircir sur les changements climatiques. Les modèles existants comportent des faiblesses qui rendent plus incertaines leurs projections. Parmi ces faiblesses, mentionnons une connaissance imparfaite, d'une part, du volume futur des émissions anthropiques de gaz à effet de serre et, d'autre part, de la manière dont ces émissions influeront sur le climat mondial. À cela s'ajoute notre connaissance imparfaite de mécanismes climatiques complexes. Notamment, nous ne possédons aucune certitude quant à l'incidence de l'accroissement des émissions de gaz à effet de serre sur les nuages, la vapeur d'eau, la glace et les courants marins. Les discussions scientifiques portent aussi, pour ce qui est des changements climatiques, sur leur étendue, leur ampleur, le moment où ils se produiront, leur rythme et leur répartition régionale.

3.31 Les incertitudes qui suscitent des discussions sur la gravité des changements climatiques sont à double tranchant. Les répercussions pourraient être moindres ou pires que prévu. Quoiqu'il en soit, le problème demeure.

Les changements climatiques constituent un défi de taille pour le Canada

Les effets des changements climatiques pourraient être graves
3.32 Selon des études entreprises au nom des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de l'énergie et de l'environnement, les changements climatiques pourraient avoir de graves conséquences pour le Canada. On prévoit que l'ensemble des régions et des secteurs seront touchés, en particulier l'agriculture, les forêts et les pêches. Voici quelques-uns des principaux effets directs, néfastes et prévisibles : la modification des régimes pluviaux, ce qui pourrait engendrer des étés plus secs dans les Prairies et le Canada central; l'augmentation des feux de forêt et des infestations par les insectes; le changement des comportements migratoires des poissons; l'inondation des côtes provoquée par l'élévation du niveau de la mer; le dégel prononcé du permagel dans le Nord canadien; une fréquence accrue de phénomènes météorologiques violents. On s'attend que nombre des effets des changements climatiques soient négatifs, mais certaines régions du Canada pourraient bénéficier de répercussions positives, comme des hivers plus doux et une saison de production agricole allongée.

Trouver solution aux changements climatiques est un travail de collaboration entre gouvernements ou paliers de gouvernement
3.33 Dans la Loi constitutionnelle de 1867, l'environnement n'est pas mentionné explicitement dans la répartition des pouvoirs entre l'État fédéral et les provinces. Cependant, chaque palier de gouvernement dispose de pouvoirs qui influent sur la gestion de ce secteur. La compétence en matière de questions environnementales est donc partagée, tout comme la responsabilité pour la prise de mesures et l'élaboration de politiques d'État concernant les changements climatiques.

3.34 Le gouvernement fédéral a le pouvoir d'agir pour ce qui est des polluants atmosphériques qui traversent les frontières internationales. Il s'occupe des questions environnementales d'envergure nationale et négocie, signe et ratifie des traités internationaux au nom du Canada. En outre, il dispose d'instruments ou de leviers d'intervention, notamment des outils fiscaux et réglementaires, et il a le pouvoir de promulguer diverses mesures incitatives.

3.35 Les provinces ont compétence sur leurs ressources naturelles, ce qui inclut la production et l'utilisation de l'énergie ainsi que le contrôle des émissions polluantes locales. Elles possèdent divers leviers d'intervention, notamment leurs pouvoirs d'imposition et leur capacité légale d'élaborer des politiques et des règlements sur l'énergie. En outre, elles contrôlent des domaines comme la production d'énergie, les codes du bâtiment provinciaux et les transports à l'intérieur de leur territoire, y compris l'inspection et l'entretien des véhicules automobiles circulant sur les routes provinciales.

3.36 Les gouvernements municipaux disposent d'importants leviers d'intervention associés à leur régie de l'infrastructure locale, notamment aux chapitres de l'urbanisme, des transports et des codes du bâtiment.

3.37 L'État fédéral n'a pas besoin de l'accord d'autres paliers de gouvernement pour ratifier des engagements environnementaux internationaux, comme ceux qui portent sur les changements climatiques. Néanmoins, des fonctionnaires fédéraux nous ont informés que, dans la pratique, le gouvernement canadien ne ratifie un engagement international qu'après s'être assuré que le pays peut respecter ses obligations à cet égard. Au Canada, pour élaborer des solutions rentables aux problèmes environnementaux requérant des interventions à divers niveaux administratifs, tous les paliers de gouvernement doivent se concerter et faire participer l'industrie, les organisations non gouvernementales et les particuliers. Selon des fonctionnaires fédéraux, cette concertation peut être restreinte par des divergences entre les grandes priorités des gouvernements, par la disponibilité des ressources et par les préoccupations au sujet des répercussions économiques régionales de certaines mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La riposte aux changements climatiques constitue un défi de taille sur le plan du développement durable
3.38 Le gouvernement fédéral a déclaré que la question des changements climatiques constitue aujourd'hui l'un des problèmes de développement durable les plus importants et l'un des défis environnementaux majeurs auxquels doivent faire face les générations actuelles et futures.

3.39 Les changements climatiques ne sont pas qu'un problème environnemental. Ils ont aussi des incidences économiques, notamment sur le plan du commerce et de la compétitivité, et des incidences sociales. Ils soulèvent aussi des préoccupations au sujet de l'équité entre les générations, entre les divers paliers de pouvoir et secteurs d'activité au Canada, et entre les divers pays et régions du monde. Il faut tenir compte de ces considérations et des rivalités d'intérêt lorsqu'on décide des modalités d'intervention. Les changements climatiques incarnent donc le défi posé par le développement durable.

3.40 Les interventions liées à la question des changements climatiques s'étaleront sur de longues périodes de temps. Comme on l'a déjà dit, il ne s'agit pas de trouver aujourd'hui la meilleure politique d'intervention contre les changements climatiques au cours du prochain siècle, mais plutôt de choisir une stratégie prudente, de commencer à s'orienter dans la bonne direction et, en cours de route, de rectifier le tir à la lumière des données nouvelles obtenues.

La riposte du Canada au défi des changements climatiques

Le gouvernement fédéral souscrit au principe de prévention
3.41 On prévoit que l'incertitude scientifique au sujet des changements climatiques persistera un certain temps. Les décideurs sont donc confrontés au dilemme d'avoir à prendre des décisions difficiles à ce chapitre sans même pouvoir compter sur des certitudes scientifiques rassurantes.

3.42 Vu cette incertitude, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) et d'autres intervenants ont suggéré que les efforts axés sur les changements climatiques devaient être guidés par le principe de prévention. En général, ils interprètent ce principe ainsi : en cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'incertitude scientifique ne doit pas servir de prétexte pour différer la prise de mesures rentables destinées à empêcher la détérioration de l'environnement.

3.43 Malgré les incertitudes qui demeurent, le gouvernement fédéral a conclu que l'état actuel des connaissances scientifiques sur les changements climatiques permet de justifier la prise de mesures préventives. La menace est réelle et les coûts potentiels sont tout simplement trop élevés sur les plans environnemental, économique et humain pour ne pas intervenir maintenant. À notre avis, l'application du principe de prévention comme stratégie globale pour parer aux changements climatiques est appropriée dans les circonstances.

Le Canada a adopté une approche à trois volets
3.44 Le Canada a adopté une approche à trois volets : l'atténuation ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l'amélioration de la compréhension scientifique du problème et la prise de mesures d'adaptation aux changements climatiques potentiels. Cette approche semble être raisonnable.

3.45 Le gouvernement fédéral a conclu que, pour la prise de décisions éclairées sur les futurs choix politiques à faire, il importe de poursuivre les travaux scientifiques, afin de mieux comprendre le système climatique et d'en détecter les changements, et afin de mieux saisir les répercussions socioéconomiques et environnementales possibles sur le Canada.

3.46 La plupart des gaz à effet de serre demeurent dans l'atmosphère pendant des décennies, voire des siècles. Au début, l'incidence des réductions immédiates d'émissions de ces gaz sera probablement peu perceptible à cause des gaz déjà présents dans l'atmosphère. Selon de nombreux scientifiques, il faudra peut-être attendre des décennies avant que les effets des réductions soient perceptibles, tout comme il a fallu des années pour prendre conscience de l'impact de l'accroissement progressif des émissions de gaz à effet de serre. Même si l'on parvenait à stabiliser immédiatement ces émissions, les concentrations des gaz en cause dans l'atmosphère continueront d'augmenter pendant longtemps. Le Canada estime que les changements climatiques sont en partie inévitables, en dépit de la prise de mesures d'atténuation au pays et à l'étranger. Il reconnaît donc la nécessité d'une stratégie nationale d'adaptation qui soit conçue de manière à réagir aux changements projetés ou réels, comme l'augmentation du nombre de phénomènes météorologiques violents et les variations des niveaux d'eau.

En 1992, le Canada s'est engagé, sur la scène internationale, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre
3.47 Dans l'atmosphère, les frontières nationales ou autres n'ont plus de réalité, et les changements climatiques constituent vraiment un problème mondial qui nécessite, en fin de compte, une intervention internationale. Plus de 150 pays ont signé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCCC) lors du Sommet de la Terre, en juin 1992. En décembre de la même année, le Canada a été l'un des premiers pays à la ratifier.

3.48 Pour atteindre la cible intermédiaire fixée par la CCCC, on demande aux parties à l'annexe I, c'est-à-dire essentiellement les pays développés et ceux d'Europe de l'Est, de viser la réduction, d'ici l'an 2000, de leurs niveaux d'émission de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990. L'objectif ultime, toutefois, est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. La CCCC stipule qu'un tel niveau devrait être atteint dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s'adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d'une manière durable. Les parties à la Convention ont accepté de tenir une série de réunions de suivi, appelées conférences des parties, pour évaluer les progrès accomplis en vue de réaliser les objectifs fixés dans la Convention.

3.49 La CCCC ne fixe pas de cibles ni d'échéanciers légalement exécutoires pour le contrôle des émissions de gaz à effet de serre, mais elle exige des parties à l'annexe I de réaliser, à leur choix, certaines des mesures qui leur sont présentées. Aux termes de la Convention, le Canada et d'autres pays se sont engagés notamment à mettre en oeuvre des politiques et des mesures pour atténuer les changements climatiques, à adopter des politiques et des mesures qui faciliteront l'adaptation à ces changements, à encourager l'échange de renseignements à leur sujet et à y coopérer, à élaborer et à mettre en oeuvre des programmes d'éducation et de sensibilisation du public concernant l'évolution du climat. Ces engagements doivent tenir compte des priorités nationales et régionales spécifiques à chaque pays. Ensemble, ces promesses constituent l'engagement du Canada sur la scène internationale en riposte aux changements climatiques.

Le Canada a aussi, depuis longtemps, pris des engagements s'inscrivant désormais dans sa politique intérieure
3.50 Un élément de la politique intérieure du Canada est l'engagement qu'il a pris de stabiliser, d'ici l'an 2000, les émissions de gaz à effet de serre à leurs niveaux de 1990. Communément appelé objectif canadien de stabilisation, cet engagement a été pris pour la première fois en mai 1990 lors de la conférence des Nations Unies tenue à Bergen, en Norvège. Il a été réaffirmé en novembre de la même année à la Deuxième conférence internationale sur le climat, qui a eu lieu à Genève, en Suisse. Le mois suivant, Le Plan vert du Canada pour un environnement sain en faisait également état. Il s'agit d'un objectif national non assorti de cibles spécifiques pour les régions, les secteurs ou les industries.

3.51 Réponse du Canada à la CCCC, le Programme d'action national concernant les changements climatiques (PANCC) a été approuvé en février 1995 par les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de l'énergie et de l'environnement. Il réaffirme l'appui au principe de prévention et l'engagement envers l'objectif canadien de stabilisation.

3.52 Depuis plus de sept ans, le Canada s'est donc engagé, dans le cadre de sa politique intérieure, à stabiliser, d'ici l'an 2000, les émissions de gaz à effet de serre à leurs niveaux de 1990. Cet engagement est plus rigoureux que la cible intermédiaire de la CCCC, qui ne vise qu'un effort de stabilisation.

En 1997, le Protocole de Kyoto a été adopté
3.53 En décembre 1997, lors de la Troisième conférence des parties à la CCCC, qui s'est déroulée à Kyoto, au Japon, les participants ont adopté le Protocole de Kyoto , qui imposera aux parties à l'annexe I lorsqu'il sera en vigueur, des obligations légalement exécutoires relativement aux réductions des émissions de gaz à effet de serre. Ces obligations comprennent l'engagement pris par le Canada de réduire ses émissions de certains gaz à effet de serre à un niveau de six pour cent inférieur à ceux de 1990 au cours de la période d'engagement s'étalant de 2008 à 2012. Toutefois, le Protocole n'a été prêt à être signé qu'à partir du 16 mars 1998. Lors de notre vérification, le Canada n'avait pas encore signé le document.

Le Canada ne semble pas pouvoir atteindre son objectif de stabilisation

Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter au Canada
3.54 Comptant moins de un pour cent de la population de la planète, le Canada produit environ deux pour cent de l'ensemble mondial des émissions nettes de gaz à effet de serre attribuables à l'activité humaine. Le pays est, par habitant, l'un des plus grands émetteurs de ces gaz. Le gouvernement croit que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, la plupart d'entre eux étant liés à la production et à la consommation d'énergie au pays. En voici quelques-uns : la grande superficie du Canada, les longues distances à parcourir, son climat froid, les industries primaires énergivores et les exportations d'énergie.

3.55 Selon Environnement Canada, si l'on utilise l'unité commune de mesure qu'est l'équivalent de dioxyde de carbone, le pays a émis, en 1990, 567 mégatonnes de gaz à effet de serre. (Une mégatonne d'émissions de dioxyde de carbone équivaut à la quantité de ce gaz qu'émettent annuellement environ 200 000 automobiles.) En 1995, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, on a indiqué que les émissions totales étaient d'environ neuf pour cent supérieures à ce qu'elles étaient cinq ans plus tôt. La pièce 3.1 illustre cette tendance à la hausse.

3.56 Le gouvernement fédéral attribue en grande partie l'augmentation soutenue des émissions à la croissance démographique, à la consommation accrue d'énergie et à une augmentation de l'activité économique, en particulier la production et l'exportation de pétrole et de gaz naturel. Les efforts d'atténuation, y compris l'amélioration de l'efficacité énergétique, ont aidé à réduire le taux d'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, mais n'ont pas réussi à l'endiguer.

3.57 Aux termes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques , toutes les parties nommées à l'annexe I doivent présenter un rapport annuel sur leur inventaire des émissions anthropiques de gaz à effet de serre. En utilisant les plus récents rapports disponibles, nous avons comparé les progrès accomplis par le Canada entre 1990 et 1995 et ceux de sept autres pays industrialisés.

3.58 Les émissions ont augmenté plus lentement au Canada qu'aux Pays-Bas, mais plus rapidement que dans les six autres pays : l'Allemagne, l'Australie, les États-Unis, le Japon, la Norvège et le Royaume-Uni. En Allemagne et au Royaume-Uni, les émissions ont en fait chuté pendant cette période. Cette performance semble, du moins en partie, être le fait de circonstances exceptionnelles, uniques, dont ils ont pu tirer profit et dont ils ont renforcé l'effet dans leurs programmes d'action nationaux et dans leur position lors des négociations internationales sur les changements climatiques. En Allemagne, cette circonstance unique est la restructuration industrielle de l'Allemagne de l'Est. Au Royaume-Uni, la performance s'explique par le remplacement du charbon par le gaz naturel en raison de la libéralisation des marchés de l'énergie.

L'administration fédérale prévoit d'ici l'an 2000 un écart important par rapport aux niveaux de 1990
3.59 Lorsque le Programme d'action national concernant les changements climatiques (PANCC) a été approuvé en 1995, il renfermait une projection selon laquelle les émissions de gaz à effet de serre au Canada pourraient, en l'an 2000, dépasser de 13 p. 100 les niveaux de 1990. Ressources naturelles Canada (RNCan) met périodiquement cette projection à jour dans son rapport Perspectives énergétiques. La différence entre le niveau projeté ou réel des émissions de gaz à effet de serre et celui de 1990 s'appelle « l'écart ».

3.60 Dans son rapport d'avril 1997 intitulé Perspectives énergétiques du Canada : 1996-2020, RNCan prévoit que l'écart serait ramené, d'ici l'an 2000, à huit pour cent au-dessus des niveaux de 1990. Le Ministère indique cependant que l'écart pourrait se situer entre cinq et onze pour cent (pièce 3.1) . Dans le Deuxième rapport national du Canada sur les changements climatiques - Mesures prises en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (mai 1997), on indique que les progrès accomplis en vue de la réduction de l'écart découlent des stratégies d'intervention du PANCC et d'autres prévisions hypothétiques. Le document signale aussi que, comme le Canada, la plupart des autres pays développés prévoient qu'ils ne réussiront pas à stabiliser d'ici l'an 2000 leurs émissions de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990.

3.61 Depuis la publication de la projection d'avril 1997, un fait s'est produit qui pourrait avoir une incidence supplémentaire importante sur la capacité du Canada à atteindre son objectif de stabilisation. En août 1997, Ontario Hydro a annoncé qu'elle remplacerait temporairement une partie de sa production d'énergie nucléaire par la production d'énergie à partir de combustibles fossiles. Si ce projet se réalise, la quantité de gaz à effet de serre émis par Ontario Hydro augmentera par rapport aux projections présentées dans les Perspectives énergétiques du Canada : 1996-2020 . Compte tenu de ce scénario, RNCan estime que les émissions de gaz à effet de serre, au pays, pourraient augmenter, d'ici l'an 2000, d'environ onze pour cent par rapport aux niveaux de 1990. Cependant, Ontario Hydro nous a informés qu'elle s'est engagée à stabiliser ses émissions nettes de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990 d'ici l'an 2000 et qu'elle prévoit honorer son engagement, même pendant la période où elle réduira sa production d'énergie nucléaire.

Objet de la vérification

3.62 Pour résoudre le problème mondial de l'évolution du climat, il faut des initiatives et des ententes d'envergure internationale comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques . Le Canada a reconnu l'importance de la prise de mesures, au pays, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et ce, à titre de contribution aux efforts internationaux.

3.63 La présente vérification a été centrée sur la politique intérieure actuelle, soit l'engagement de stabiliser, d'ici l'an 2000, les émissions de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990, et sur le rôle du gouvernement fédéral dans la réalisation du Programme d'action national concernant les changements climatiques du Canada. Le PANCC expose les orientations stratégiques devant permettre d'atteindre l'objectif canadien de stabilisation et propose des voies pour effectuer d'autres réductions après l'an 2000. Notre vérification a mis l'accent sur les initiatives d'atténuation adoptées en vue de la réalisation de cet objectif.

3.64 La présente vérification avait pour objectif global d'évaluer la pertinence de la gestion, par le gouvernement fédéral, des mesures devant mener au respect de son engagement au chapitre des changements climatiques, en conformité avec la politique intérieure établie. Pour ce faire, nous avons examiné ce que nous considérons être les éléments clés de la gestion du respect des engagements susmentionnés. La pièce incluse dans le Résumé présenté en début de chapitre constitue une liste de contrôle de ces éléments clés et présente notre évaluation des progrès accomplis. Dans la section Observations et recommandations , nous faisons part de nos constatations détaillées dans le même ordre que celui de la liste de contrôle.

3.65 Nous voulions trouver quelques-unes des raisons qui motivent la prédiction du gouvernement fédéral selon laquelle le Canada n'a pas de chance raisonnable d'atteindre son objectif de stabilisation. Nous avions, de ce fait, l'intention de cerner, si possible, les leçons à tirer pour la gestion d'initiatives visant l'atteinte de cibles futures.

3.66 Nous avons examiné le rôle du gouvernement fédéral dans la traduction de l'orientation stratégique du PANCC en mesures explicites et concrètes devant permettre au Canada de réaliser son objectif de stabilisation. Nous nous sommes aussi penchés sur l'information connexe qui est transmise au Parlement. Compte tenu de la portée nationale et fédérale du sujet à l'étude, notre examen a porté surtout sur les ministères fédéraux de l'environnement et de l'énergie, soit Environnement Canada et Ressources naturelles Canada (RNCan), bien que nous soyons conscients que certains aspects des changements climatiques intéressent l'ensemble des ministères, organismes et autres entités de l'État et qu'ils ont, de fait, une nature sectorielle.

3.67 Dans notre vérification, nous avons tenu compte des trois thèmes clés que le premier rapport du commissaire à l'environnement et au développement durable décrit comme étant des points faibles de la gestion, par le gouvernement fédéral, des questions environnementales et des questions de développement durable. Voici ces thèmes :

3.68 On trouvera d'autres renseignements sur l'objectif, l'étendue et la méthodologie de la vérification à la fin du présent chapitre, à la section À propos de la vérification .

Observations et recommandations

Une stratégie globale a été établie

3.69 Comme nous l'avons indiqué précédemment, le Canada est conscient des risques potentiels liés aux changements climatiques et a établi un objectif national, ainsi qu'une orientation stratégique permettant de réaliser celui-ci, par l'entremise du Programme d'action national concernant les changements climatiques (PANCC).


Éléments clés :

1 Reconnaissance des risques liés aux changements climatiques - Fait

2 Établissement de l'objectif national ayant trait aux changements climatiques - Fait

3 Détermination de l'orientation stratégique pour l'atteinte de l'objectif - Fait


La structure de gestion comporte des lacunes sur le plan de la reddition de comptes

3.70 Selon le gouvernement fédéral, trouver le moyen de parer aux changements climatiques est une responsabilité que se partagent les divers paliers de gouvernement, les industries, les organisations non gouvernementales et les particuliers. Au niveau fédéral, la responsabilité est répartie entre des ministères, des organismes et d'autres entités. Nous nous attendions à ce que l'on s'impose, dans les domaines de compétence partagée, de comprendre les rôles et les responsabilités de chacun et de s'entendre à ce sujet, de coordonner les efforts et de disposer d'une structure de reddition de comptes qui soit claire et qui décrive la répartition des pouvoirs et des responsabilités en ce qui a trait aux interventions et aux résultats.

3.71 Depuis longtemps, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux sont conscients de l'importance de s'entendre sur les mécanismes de reddition de comptes à utiliser lorsqu'ils travaillent collectivement à résoudre des questions environnementales. Par exemple, la Stratégie pour une action nationale concernant le réchauffement de la planète , qui a été rendue publique en novembre 1990, propose la mise au point conjointe, par les gouvernements et tous les autres secteurs de l'économie, d'un cadre stratégique d'intervention pour lutter contre la réchauffement de la planète, un aspect du changement climatique. Elle stipule aussi que les principes et les éléments de la stratégie nationale d'action devraient être codifiés dans des ententes fédérales-provinciales.

3.72 Le PANCC énumère certains principes devant faciliter le choix des mesures à appliquer au chapitre des changements climatiques. Pour ce qui est du principe de transparence et de responsabilité, on peut y lire : « Il importe que soient clairement établies les responsabilités relatives à la prise de mesures, à leur choix ainsi qu'à leur incidence éventuelle et à leur succès. »

La répartition des responsabilités et des rôles entre les divers paliers de gouvernement n'est pas claire
3.73 Le gouvernement fédéral soutient que tous les paliers de gouvernement doivent travailler de concert pour trouver solution aux changements climatiques, notamment en recourant à des accords de collaboration en vertu desquels les participants acceptent d'oeuvrer ensemble à l'atteinte d'un objectif précis. Vu l'importance cruciale de prévoir des mécanismes clairs de reddition de comptes dans le cas des programmes mettant à contribution plusieurs paliers de gouvernement, nous nous attendions à trouver des documents précisant les rôles et les responsabilités de tous les paliers de gouvernement collaborant à la réalisation de l'objectif canadien de stabilisation.

3.74 Nous avons constaté que le PANCC précise certes l'orientation stratégique de l'intervention du Canada portant sur les changements climatiques, mais qu'il ne définit pas les rôles et les responsabilités incombant aux divers intervenants, gouvernements ou autres. Des fonctionnaires fédéraux nous ont informés que, à titre de document consensuel national, le PANCC sert de guide à la mise en oeuvre des mesures choisies par les divers paliers de gouvernement en fonction des pouvoirs qui leurs sont propres et des ressources dont ils disposent. Ces fonctionnaires nous ont également indiqué que les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de l'énergie et de l'environnement sont collectivement responsables de l'atteinte de l'objectif de stabilisation par l'entremise du cadre de coordination fédéral-provincial-territorial et du mécanisme national de coordination qui lui est connexe (voir l' annexe B ).

3.75 Nous sommes conscients de l'existence de diverses ententes fédérales-provinciales visant à promouvoir la coopération pour certaines démarches volontaires et certains travaux de recherche-développement effectués en appui à la riposte du Canada aux changements climatiques. Toutefois, il n'existe pas d'ententes ni d'accords clairs et transparents qui lient le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, et qui définissent avec précision les responsabilités et les rôles confiés à chacun pour l'atteinte de l'objectif de stabilisation.

3.76 Nous avons remarqué que les municipalités, même si elles disposent de quelques leviers importants d'intervention, relèvent des gouvernements provinciaux et ne sont donc pas, dans le cadre du présent mécanisme national, des agents actifs de coordination, mais des agents d'intervention.

3.77 En résumé, bien que tous reconnaissent depuis longtemps l'importance de disposer de mécanismes de reddition de comptes pour traiter des questions environnementales, les responsabilités et les rôles à confier aux divers paliers de gouvernement, afin de parer aux changements climatiques, n'ont pas encore été précisés ni soumis à l'approbation des intéressés.


Élément clé :

4 Acceptation de la répartition des rôles et des responsabilités par tous les paliers de gouvernement - Progrès partiel


Les rôles et les responsabilités du gouvernement fédéral n'ont pas été clarifiés
3.78 Dans le PANCC, le gouvernement fédéral a fait part de son engagement à jouer un rôle directeur de premier ordre pour garantir que le Canada demeure sur la bonne voie et respecte ses engagements relatifs aux changements climatiques. Il a aussi indiqué dans d'autres documents qu'il se chargera d'assurer ce rôle à l'échelon national. En plus de vouloir prêcher par l'exemple dans sa propre sphère d'activité, il a choisi d'assumer ce rôle directeur, principalement par la création de conditions propices aux interventions des autres, puis de participer à la coordination des interventions lorsque les circonstances s'y prêtent.

3.79 Deux ministères fédéraux assument la codirection des activités, mais la nature de leur leadership est imprécise. Dans le cadre de leurs mandats respectifs, Environnement Canada et Ressources naturelles Canada (RNCan) réalisent nombre d'activités à l'appui des efforts du Canada visant à contrer l'incidence des changements climatiques au pays et à l'étranger. Ces ministères, entre autres, aident à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, à l'amélioration de la compréhension scientifique du problème et à l'adaptation aux changements climatiques possibles (voir les annexes C et D ). Plusieurs de ces activités montrent la voie à suivre au plan national.

3.80 Les deux ministères susmentionnés ont publiquement déclaré qu'ils assument présentement le leadership des activités liées à la question des changements climatiques sur le plan intérieur. En outre, des fonctionnaires de ces ministères nous ont indiqué que ces derniers étaient conjointement responsables de la conduite des interventions du gouvernement fédéral en vue de la réalisation du PANCC. Parmi ces interventions, mentionnons la mise sur pied de mécanismes fédéraux, provinciaux et territoriaux conjoints, ainsi que l'incitation à la participation des nombreux intéressés et de l'ensemble de la population canadienne. Cependant, les deux ministères disposent de pouvoirs et de moyens limités lorsqu'il s'agit de s'assurer que participent aux activités d'autres entités fédérales, d'autres paliers de gouvernement, ainsi que l'industrie, les organisations non gouvernementales ou les particuliers.

3.81 En général, Environnement Canada est le principal responsable de l'élaboration de la politique environnementale globale sur les changements climatiques, y compris au chapitre de la climatologie et de l'éducation du public. Pour sa part, RNCan participe davantage à l'élaboration et à la coordination de la stratégie d'intervention au pays, notamment sur le plan des relations avec les secteurs industriels. De surcroît, les deux ministères ont la responsabilité commune d'élaborer de nouveaux choix stratégiques et de nouvelles mesures pour contrer les changements climatiques, et de diriger les efforts du gouvernement fédéral visant la réduction de ses propres émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent, à notre avis, il incombe à ces deux ministères fédéraux d'être les maîtres d'oeuvre ou les codirecteurs des activités du Canada au chapitre des changements climatiques.

3.82 Toutefois, lors de l'examen des documents présentés au Parlement par Environnement Canada et RNCan, nous avons constaté leur silence sur la nature exacte de leur rôle de codirection et sur la nature exacte de leurs responsabilités à l'égard de la réalisation du PANCC. Par exemple, les rapports sur les plans et les priorités (anciennement la Partie III du Budget des dépenses), les rapports sur le rendement et les stratégies sur le développement durable présentés par les deux ministères décrivent les rôles et les responsabilités de ceux-ci au chapitre des changements climatiques, mais uniquement en ce qui concerne leur propre mandat ministériel.

3.83 Les rôles et les responsabilités des autres intervenants fédéraux ne sont pas précisés. Nous nous attendrions à ce que le gouvernement fédéral attribue des rôles et des responsabilités aux divers intervenants fédéraux et qu'il puisse indiquer au Parlement qui doit rendre compte des interventions fédérales à l'appui de la réalisation du PANCC. Afin de savoir quels sont ces rôles et ces responsabilités, nous avons examiné les mécanismes et ententes de coordination interministérielle relatifs aux changements climatiques.

3.84 Outre Environnement Canada et RNCan, nombre d'autres ministères et organismes fédéraux ont, dans le cadre de leur mandat respectif, à exercer des rôles et des activités en appui aux efforts que le Canada fait pour parer aux changements climatiques. Parmi eux, se trouvent le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, l'Agence canadienne de développement international (ACDI), Agriculture et Agroalimentaire Canada, le Bureau du Conseil privé, le ministère des Finances, Industrie Canada, le ministère des Pêches et des Océans, Santé Canada, le Secrétariat du Conseil du Trésor, Transports Canada ainsi que Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Par ailleurs, toutes les entités fédérales sont chargées de contribuer à la réalisation du PANCC en réduisant les émissions de gaz à effet de serre produites dans le cadre de leurs propres activités. L'intervention fédérale et nationale destinée à parer aux changements climatiques nécessite donc une coordination à l'échelon fédéral.

3.85 En janvier 1995, les quatre ministères fédéraux du secteur des ressources, soit ceux de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, de l'Environnement, des Pêches et des Océans et des Ressources naturelles, ont signé un protocole d'entente d'une durée de trois ans. Ce document vise à aider les ministères à accroître la coordination entre eux, à collaborer à des projets conjoints et à mettre en oeuvre un cadre de développement durable, fondé sur les sciences et la technologie, dans les secteurs des ressources naturelles. Les changements climatiques sont considérés comme une priorité sur le plan de la collaboration et de la recherche. Le protocole d'entente demande que l'on trouve les meilleurs moyens auxquels pourraient recourir les quatre ministères, individuellement et collectivement, pour résoudre les incertitudes scientifiques et renseigner les Canadiens sur l'importance des changements climatiques. Le volet « changements climatiques et variabilité » de ce document traite de climatologie et, de plus en plus, des répercussions de ces changements et des questions connexes d'adaptation. Ces deux derniers aspects ont été ajoutés, à l'automne de 1997, au mandat prévu au protocole d'entente. Au moment de notre vérification, on était en train de négocier la prolongation du protocole d'entente.

3.86 Par ailleurs, le Programme de recherche et de développement énergétiques (PRDE) permet d'aider 12 ministères à coordonner leurs initiatives en la matière, notamment dans les domaines de l'efficacité énergétique, des énergies renouvelables et des techniques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Depuis avril 1996, le PRDE appuie davantage les efforts déployés pour faire face aux changements climatiques.

3.87 Un comité principal interministériel de sous-ministres adjoints a été mis sur pied en juin 1997 pour agir à titre de maître d'oeuvre de la coordination fédérale en matière de changements climatiques. Il s'est formé au moment où le gouvernement fédéral s'apprêtait à participer à la conférence de Kyoto. Ce comité doit gérer la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto . Actuellement, il réunit des représentants de dix ministères et organismes, soit Affaires étrangères et Commerce international Canada, l'ACDI, Agriculture et Agroalimentaire Canada, le Bureau du Conseil privé, Environnement Canada, le ministère des Finances, Industrie Canada, Ressources naturelles Canada, le Secrétariat du Conseil du Trésor et Transports Canada. Coprésidé par Environnement Canada et RNCan, ce comité principal sert à l'établissement d'un consensus à l'échelon fédéral sur les grandes questions et stratégies concernant les changements climatiques. Il sert aussi à coordonner la gestion des activités fédérales. Cependant, il n'existe aucun mandat écrit.

3.88 En résumé, nous n'avons pu trouver de documents qui décrivent de manière précise la nature du rôle directeur du gouvernement fédéral pour ce qui est de la question des changements climatiques. Ni les textes précisant les mécanismes de coordination interministérielle ni ceux des ententes entre ministères n'ont permis de clarifier les rôles et les responsabilités, au niveau fédéral, relativement à la réalisation du PANCC, ni de clarifier les exigences concernant la présentation de rapports au Parlement sur les activités axées sur les changements climatiques. Les fonctionnaires fédéraux n'ont pu trouver d'autres documents pertinents à nous fournir. À notre avis, le gouvernement fédéral n'a pas réussi à concevoir un moyen acceptable de rendre compte de son leadership au chapitre du problème des changements climatiques et de la participation fédérale à la réalisation du PANCC.


Éléments clés :

5 Définition claire du rôle directeur du gouvernement fédéral - Aucun progrès

6 Précision des rôles et des responsabilités de tous les intervenants fédéraux au chapitre des changements climatiques - Progrès partiel


Il faut améliorer la reddition de comptes
3.89 Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se sont entendus pour faire du PANCC la réponse du Canada aux demandes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques . Ils ont également accepté d'utiliser le cadre national actuel pour coordonner leurs initiatives de « partenariat » relativement à la question de l'évolution du climat. Aux termes du PANCC, la responsabilité à l'égard des mesures et des résultats est répartie entre plusieurs intervenants. Afin qu'un partenariat ou qu'une entente de collaboration réussisse, il doit y avoir une volonté d'accepter, dès le début, des responsabilités et des rôles précis, afin d'éviter les malentendus et d'établir une structure permettant de rendre compte des mesures prises et des résultats obtenus.

3.90 Parce que les responsabilités et les rôles précis des divers intervenants du PANCC n'ont pas été établis, nous n'avons pu déterminer les contributions individuelles à l'atteinte de l'objectif canadien de stabilisation, ni la vraie nature des rapports entre le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires. Selon nous, aucun partenariat véritable n'a été mis sur pied par les divers paliers de gouvernement en vue de la réalisation de l'objectif précité.

3.91 Nous croyons qu'un mécanisme de reddition de comptes non défini et diffus mine l'autorité et la responsabilité des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et de leurs fonctionnaires. De plus, il rend difficile pour quiconque l'évaluation de leur performance respective. Cela signifie également que l'on ne sait trop à qui incombe la responsabilité de rendre compte des progrès accomplis par le Canada en vue de l'atteinte de son objectif de stabilisation. Néanmoins, à notre avis, le gouvernement fédéral demeure comptable au Parlement de la mise sur pied d'une structure de gestion efficace afin de parer aux changements climatiques.


Élément clé :

7 Précision de l'apport (attendu des diverses parties) en vue de l'atteinte de l'objectif global - Aucun progrès


3.92 Pour ce qui est du respect de l'engagement du Canada au chapitre des changements climatiques, le gouvernement fédéral devrait clarifier ses rôles et ses responsabilités, y compris son rôle de maître d'oeuvre ainsi que les rôles et les responsabilités des divers intervenants fédéraux.

3.93 Le gouvernement fédéral, en collaboration avec d'autres paliers de gouvernement et d'autres intervenants principaux, devrait engager une action concertée visant la mise au point d'une structure de gestion efficace pour parer aux changements climatiques.

3.94 Le gouvernement fédéral devrait diriger les démarches visant à obtenir la collaboration des provinces et des territoires en vue de l'établissement d'un partenariat qui soit assorti d'ententes écrites précisant les rôles, les responsabilités et les contributions nécessaires au respect, par le Canada, de ses engagements relatifs aux changements climatiques.

Nécessité d'un programme de sensibilisation et d'éducation du public

3.95 Étant donné l'importance qu'accorde le gouvernement fédéral à la participation de tous les Canadiens pour contrer les effets des changements climatiques, nous nous attendrions que, à titre de chef de file au pays, il coordonne l'élaboration d'un programme national de sensibilisation et d'éducation du public à ce sujet.

On reconnaît depuis longtemps le besoin de sensibiliser et d'éduquer le public
3.96 Depuis plus de sept ans, le gouvernement fédéral est conscient du besoin d'une campagne nationale de sensibilisation et d'éducation du public sur la question des changements climatiques (voir la pièce 3.2 ).

Un programme de sensibilisation et d'éducation du public est nécessaire pour de nombreuses raisons
3.97 Comme le signale le Plan vert de 1990, un public averti est un élément jugé crucial si l'on veut trouver solution aux changements climatiques. Les activités des Canadiens ont contribué au problème, lequel, par contre, ne saurait être résolu sans leur participation. En 1995, le PANCC a fait état de la nécessité d'un programme national de communications, parce qu'il est essentiel de forger l'opinion publique si l'on veut que les Canadiens adoptent des mesures à leur niveau et qu'ils collaborent avec le gouvernement à ce sujet.

3.98 Le Deuxième rapport national du Canada sur les changements climatiques, publié en 1997, signale que les sondages font régulièrement état du manque de sensibilisation des particuliers aux mesures qu'ils peuvent prendre pour aider à réduire la quantité de gaz à effet de serre produite par le Canada. Par ailleurs, nous avons constaté, lors d'entrevues avec un groupe fort divers d'intervenants, que la presque totalité d'entre eux reconnaissent la nécessité de mieux sensibiliser et éduquer le public.

3.99 Nous pouvons affirmer, après avoir parcouru des documents publiés par le gouvernement et après avoir recueilli, en interview, les commentaires de certains intervenants, que plusieurs raisons justifient la mise sur pied d'un programme de sensibilisation et d'éducation du public. Parmi celles-ci, mentionnons les impératifs suivants :

Il n'y a pas eu d'attribution de rôles et de responsabilités dûment délimités
3.100 Le PANCC fait état du besoin d'un programme national de communications, mais il n'en précise pas les composantes. Nous avons constaté que la situation demeure inchangée. En outre, il n'a pas eu d'attribution de rôles et de responsabilités dûment délimités en ce qui a trait à l'élaboration et à la mise en oeuvre du programme, ce qui inclut l'administration et la coordination de ce dernier.

Certaines mesures ont été entreprises ou proposées
3.101 Dans le document traitant de l'examen fédéral-provincial-territorial du PANCC qui a été effectué en 1996 et dans le Deuxième rapport national du Canada sur les changements climatiques, de 1997, on signale que de nombreuses activités, au pays, permettent de transmettre des renseignements à la population ou sensibilisent celle-ci aux changements climatiques. Le second document énumère aussi un certain nombre d'initiatives connexes menées à tous les paliers de gouvernement ou entreprises par certaines organisations non gouvernementales.

3.102 Outre ces initiatives, nous avons pris note d'autres propositions de projets. En voici quelques exemples :

Malgré les promesses faites, il n'y a pas eu lancement d'un programme national de sensibilisation et d'éducation du public
3.103 Il a été signalé, dans le cadre de l'examen de 1996 du PANCC, que les nombreux programmes d'information en place ne constituent pas un substitut adéquat à un programme national de communications. En outre, il y est confirmé qu'il n'y a pas eu lancement d'un tel programme. On ajoute que les programmes d'information actuels visent à appuyer des mesures particulières plutôt que de s'intéresser à la sensibilisation du public en général.

3.104 Le Deuxième rapport national du Canada, paru en 1997, fait état de plusieurs initiatives particulières à ce titre et signale qu'elles cadrent bien avec l'engagement du Canada d'élaborer un programme national de communications sur les changements climatiques. Toutefois, malgré les nombreuses interventions visant à informer et à éduquer le public, nous avons constaté que, jusqu'à présent, leur direction et leur coordination à l'échelon national sont inadéquates. Au cours des sept dernières années, le Canada a, selon nous, perdu l'occasion de mieux sensibiliser la population aux changements climatiques et de mieux l'éduquer à ce sujet. De plus, il n'a pas su profiter de l'opportunité qui lui était offerte de préparer le public à un débat national sur les choix s'offrant aux gouvernements et d'obtenir des Canadiens qu'ils appuient les politiques destinées à relever les défis que pose l'évolution du climat.


Élément clé :

8 Lancement, tel que promis, d'une initiative nationale de communications destinée à sensibiliser et à éduquer la population - Aucun progrès


3.105 En conformité avec l'engagement du Canada d'élaborer un programme national de sensibilisation et d'éducation du public concernant les changements climatiques, le gouvernement fédéral devrait assumer un rôle prépondérant dans sa conception, tout en recherchant la collaboration d'autres paliers de gouvernement et d'autres intervenants principaux.

3.106 Ensuite, le gouvernement fédéral devrait jouer un rôle clé dans la coordination de la réalisation d'un tel programme, conjointement avec d'autres paliers de gouvernement et d'autres intervenants principaux si les circonstances l'exigent.

Une vaste gamme de mesures est requise

L'objectif canadien de stabilisation ne peut être atteint avec l'approche actuelle
3.107 Le gouvernement fédéral utilise un nombre restreint de mesures stratégiques. Le gouvernement fédéral dispose d'un grand éventail d'instruments stratégiques pour atteindre ses objectifs politiques : mesures volontaires, programmes d'information, recherche et développement, règlements, taxes et impôts, droits d'utilisation, subventions et mesures incitatives n'en sont que quelques exemples. Compte tenu de tout cela, les autorités fédérale, provinciales et territoriales ont conclu qu'une vaste gamme de mesures sera essentielle pour faire face aux changements climatiques.

3.108 Pour l'instant toutefois, le gouvernement fédéral n'utilise pas d'outils fiscaux - par exemple, une taxe sur les combustibles fossiles - comme moyens d'incitation à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Jusqu'à présent, il préfère utiliser un nombre restreint de mesures stratégiques et favorise les actions volontaires. Compte tenu des restrictions financières récentes, moins de ressources ont été allouées aux principaux programmes de subventions et de contributions. Ces dernières années, en outre, le gouvernement s'est montré réticent à recourir trop souvent aux règlements comme moyen d'intervention.

3.109 La recherche de nouveaux moyens d'atteindre l'objectif canadien de stabilisation repose en grande partie sur un effort consensuel de tous les paliers de gouvernement. Des mécanismes ont été instaurés entre le gouvernement fédéral et les autorités provinciales et territoriales (voir l' annexe B ), de même qu'au sein du gouvernement fédéral, afin de coordonner les mesures prises au pays pour parer aux changements climatiques et afin de proposer de nouvelles stratégies pour respecter l'engagement actuel. Différents mécanismes de consultation ont également été créés avec le temps dans le but de faire participer les municipalités et d'autres intervenants à la prise de décisions et à la recherche de solutions.

3.110 Le besoin d'élaborer de nouvelles options ne date pas d'hier. Comme en atteste la pièce 3.3 , le gouvernement fédéral sait depuis longtemps déjà qu'il faut trouver de nouvelles façons d'atteindre l'objectif de stabilisation.

3.111 À l'occasion de leur réunion conjointe de 1993, et chaque année depuis, les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de l'énergie et de l'environnement ont maintes fois enjoint leurs représentants officiels de proposer de nouvelles solutions et mesures pour atteindre l'objectif de stabilisation. En novembre 1997, ces ministres ont convenu que la stratégie d'intervention du Canada à l'égard des changements climatiques doit refléter une compréhension claire des conséquences associées à toute mesure proposée - ses coûts, ses avantages et son incidence sur l'environnement et l'économie.

3.112 Au Canada, on a recensé diverses options pour parer aux changements climatiques. Différents modèles économiques ont été utilisés pour préciser les effets du choix de l'une ou l'autre de ces options. Ces modèles ont permis de calculer les coûts probables associés à certaines options, les résultats obtenus variant selon le modèle retenu et l'option examinée. Mais bien qu'ils constituent une source importante d'information, ces modèles ne représentent qu'un des éléments déterminant le choix des options.

3.113 En résumé, mis à part le cadre fédéral-provincial-territorial de coordination et l'examen de différentes options, les intervenants n'ont pas réussi à s'entendre sur un train étendu de mesures nécessaires à la réalisation de l'objectif canadien de stabilisation. Le défi ne consiste pas à trouver aujourd'hui les mesures d'adaptation les plus appropriées aux changements climatiques du prochain siècle. Il s'agit plutôt de choisir un vaste éventail de mesures et une stratégie prudente, de commencer à s'orienter dans la bonne direction et, en cours de route, d'adapter la stratégie et les mesures à la lumière des données nouvelles. Le gouvernement fédéral reconnaît que les mesures stratégiques utilisées actuellement ne permettront pas à elles seules d'atteindre l'objectif canadien de stabilisation; autrement dit, l'approche retenue, qui mise en grande partie sur des mesures volontaires, ne permettra pas de trouver une solution satisfaisante au problème.


Éléments clés :

9 Élaboration d'une vaste gamme de mesures - Progrès partiel

10 Accord des instances à l'égard des mesures menant à la réalisation de l'objectif - Aucun progrès


Il faudrait effectuer des analyses des coûts et des avantages
3.114 Au chapitre des changements climatiques, la prise de décisions passe par la mise en équilibre des intérêts des producteurs et des consommateurs d'énergie ainsi que par l'évaluation des coûts et des avantages associés, respectivement, à l'action préventive et à la non-intervention. Le gouvernement fédéral a conclu que certaines interventions recèlent des possibilités pour le Canada, par exemple celle d'accroître sa compétitivité dans des secteurs comme les technologies écologiques.

3.115 Que le Canada et la communauté mondiale choisissent d'intervenir ou de ne pas intervenir en réponse aux changements climatiques, il est évident pour le gouvernement fédéral que tous les Canadiens devront payer la note. Le PANCC a établi qu'il fallait évaluer les coûts - c'est-à-dire les conséquences environnementales, économiques et sociales - d'une politique de non-intervention face aux changements climatiques. Toutefois, l'examen de 1996 du PANCC révèle que peu ou pas de travaux ont été entrepris au Canada pour évaluer les conséquences économiques de l'inaction.

3.116 À notre avis, les gouvernements ont besoin de plus de renseignements sur les coûts et les avantages comparatifs des volets agir, ou ne pas agir. Ils ont besoin de données qualitatives et, si cela est possible et rentable, de données quantitatives. Les régions, les secteurs et les particuliers ont besoin de cette information pour pouvoir choisir les solutions les plus appropriées et les plus économiques au problème du changement climatique. Mais bien qu'essentielle à l'élaboration des politiques et à la prise de décisions, cette information ne peut être communiquée aux Canadiens faute d'avoir été recueillie et dûment vérifiée.

3.117 L'Étude pancanadienne (1997), préparée par Environnement Canada en collaboration avec des intervenants, constitue la première évaluation nationale des effets possibles des changements climatiques sur l'environnement et la situation socio-économique du Canada. Bien que l'on n'y évalue pas les coûts éventuels de l'inaction, les auteurs de l'étude signalent que bien d'autres questions doivent être réglées avant de penser à estimer les coûts.


Élément clé :

11 Analyse des coûts et des avantages d'agir ou de ne pas agir - Progrès partiel


3.118 Le gouvernement fédéral, conjointement avec d'autres paliers de gouvernement et d'autres intervenants principaux, devrait faire davantage pour mieux cerner et comprendre, d'une part, les coûts et les avantages d'une politique de non-intervention et, d'autre part, les possibilités offertes par la recherche de solutions aux situations créées par les changements climatiques, renseignements qu'il devrait communiquer aux Canadiens.

3.119 Le gouvernement fédéral, conjointement avec d'autres paliers de gouvernement et d'autres intervenants principaux, devrait préciser davantage les coûts et les avantages environnementaux, économiques et sociaux des mesures qui peuvent être prises pour parer aux changements climatiques ainsi que la répartition de ces coûts et de ces avantages entre les régions, les secteurs et les particuliers.

3.120 Le gouvernement fédéral devrait intensifier ses efforts en vue d'élaborer, en consultation avec d'autres paliers de gouvernement et d'autres intervenants principaux, un train de mesures fédérales facilitant la réalisation des engagements du Canada à l'égard des changements climatiques.

3.121 Le gouvernement fédéral, conjointement avec les autres paliers de gouvernement et les autres intervenants principaux, devrait sciemment s'efforcer d'en arriver à une entente sur un train étendu de mesures nationales , axées sur la réalisation des engagements du Canada à l'égard des changements climatiques.

Contrôle de la mise en oeuvre du Programme d'action national concernant les changements climatiques

Un plan doit être élaboré aux fins de la réalisation de l'orientation stratégique du PANCC
3.122 En ce qui a trait au PANCC, nous nous attendions à trouver ce qui suit : un plan national de mise en oeuvre permettant de traduire l'orientation stratégique du Programme en actions concrètes menant à la réalisation, pour le Canada, de son objectif de stabilisation; l'énoncé dans ce plan des principales interventions envisagées et l'indication des autorités responsables, des ressources allouées, des délais d'exécution et des résultats escomptés. Nous nous attendions également à ce que le gouvernement fédéral assume la direction de l'élaboration de ce plan de mise en oeuvre.

3.123 Comme nous l'avons déjà mentionné, le PANCC n'indique pas comment son orientation stratégique sera réalisée. Par ailleurs, ni les autorités gouvernementales, à tous les paliers, ni même les entités fédérales, ne sont encore parvenues à une entente sur la façon d'élaborer le plan de mise en oeuvre ou sur la manière de contrôler les progrès réalisés.

3.124 Bien que tous les Canadiens puissent être appelés à contribuer à la mise en oeuvre du PANCC, nous avons constaté que personne ne s'est vu confier la responsabilité globale de définir un plan réaliste que pourrait utiliser le Canada pour atteindre son objectif de stabilisation.

3.125 L'examen de 1996 du PANCC révèle que la responsabilité de la mise en oeuvre, pour certaines mesures, n'a été confiée à aucun décideur et que certaines instances n'ont encore posé aucun geste. Les travaux effectués dans le cadre de cet examen ont également révélé que les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre appliquées actuellement ne sont pas toutes recensées dans le PANCC.

3.126 D'après notre examen du PANCC, l'orientation stratégique des activités d'atténuation visant quatre secteurs particuliers (transport, industrie, résidentiel et commercial, agriculture et foresterie) indique que le « Canada » doit prendre certaines mesures. À notre avis, un plan identifiant le responsable de chacune des activités doit être élaboré.

3.127 Aucun document ne précise toutefois le plan à suivre pour respecter l'orientation stratégique du PANCC. En outre, comme le Programme ne donne pas de liste exhaustive des mesures à prendre, il est difficile de savoir qui travaille à d'autres activités et quels résultats ces dernières devraient produire.


Élément clé :

12 Élaboration d'un plan national de mise en oeuvre - Aucun progrès


Il n'existe pas, dans l'ensemble, au chapitre de la performance, des attentes claires et concrètes
3.128 Nous nous attendions à trouver, au chapitre de la performance, des attentes claires et concrètes pour chaque mesure devant assurer la réalisation du PANCC. Ces attentes doivent décrire les résultats visés ou prévus. La comparaison des résultats obtenus et des résultats visés ou prévus permet d'évaluer, puis de faire connaître à tous les intéressés, le degré de succès des interventions (la performance réelle).

3.129 L'examen de 1996 du PANCC révèle que les attentes, énoncées sous forme de résultats mesurables à atteindre, ont été établies pour quelques-unes seulement des interventions en cours. Beaucoup de travail reste à faire à ce chapitre, selon nous.


Élément clé :

13 Établissement d'attentes claires au chapitre de la performance pour chaque intervention - Progrès partiel


Il n'existe pas de jalons et de cibles intermédiaires pour la réalisation du PANCC
3.130 Le PANCC n'énonce qu'un seul objectif : la stabilisation d'ici l'an 2000 des émissions de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990. Aucun jalon ni aucune cible intermédiaire n'ont été établis pour évaluer le déroulement du programme. Il est important de savoir, à intervalles réguliers, quels progrès ont été accomplis en regard des cibles intermédiaires afin de pouvoir rectifier le tir et d'adopter de nouvelles approches et mesures, au besoin. Autrement, sans ces jalons et cibles intermédiaires, on peut difficilement prendre des mesures correctives en temps opportun.


Élément clé :

14 Établissement de jalons et de cibles intermédiaires - Aucun progrès


Quel que soit le nombre de mesures prises, seuls les résultats comptent
3.131 Il ressort de notre examen que, même en l'absence d'un plan détaillé de mise en oeuvre, beaucoup de mesures sont prises pour parer aux changements climatiques, notamment celles prévues par le Programme Défi-climat (Mesures volontaires et Registre) (MVR). Le programme MVR, lancé au début de 1995 par les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de l'énergie et de l'environnement, est, parmi les nouveaux programmes créés dans le cadre du PANCC, le programme le plus important. On voulait inciter les entreprises et les organisations canadiennes, de même que tous les paliers de gouvernement, à élaborer des plans d'action volontaire pour limiter ou réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Les engagements, les plans et les progrès sont consignés dans un registre public. En octobre 1997, la gestion du programme a été confiée à une société autonome, sans but lucratif, dotée d'un conseil d'administration où sont représentés le secteur privé, deux ministères fédéraux (Environnement Canada et RNCan) et trois gouvernements provinciaux.

3.132 D'après le rapport d'examen (1996) du PANCC, les différentes instances gouvernementales se partagent au total quelque 475 interventions (précision des orientations et programmes ou mesures). Ce rapport souligne également le fait suivant : bien que les actions prises puissent ne pas permettre des réductions des émissions à court terme, elles peuvent être importantes pour d'autres raisons, notamment l'établissement d'un point de départ pour d'autres actions.

3.133 C'est en novembre 1995 qu'a été lancé le Programme d'action fédéral sur le changement climatique : Dégager de nouveaux horizons. On y énonce le programme et les mesures concrètes par lesquels le Canada entend s'acquitter de son engagement à long terme au chapitre des changements climatiques, engagement formulé dans le cadre du PANCC. Le gouvernement fédéral, notamment, y veut prêcher par l'exemple et mettre de l'ordre dans ses affaires. Le Programme d'action fédéral vise seulement les ministères et organismes fédéraux.

3.134 C'est à cette époque également que le gouvernement fédéral a soumis un plan (Réduction des émissions causées par les activités du secteur public fédéral) à l'équipe du Programme Défi-climat (Mesures volontaires et Registre). La contribution, prévue pour l'ensemble des opérations fédérales seulement et non pour chaque entité, consiste à dépasser l'objectif de stabilisation établi pour l'an 2000 et à réduire d'ici 2005 les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20 p. 100 par rapport aux niveaux de 1990.

3.135 Dans son rapport périodique d'octobre 1997 au bureau du programme MVR, le gouvernement fédéral estimait avoir réussi, par ses diverses mesures, et compte tenu des effets de la compression des effectifs, à réduire ses émissions totales de gaz à effet de serre de près de huit pour cent durant la période de 1990 à 1996. On projetait également les avoir réduites, en l'an 2000, de 18 p. 100 comparativement aux niveaux de 1990, pourcentage devant être porté à 27 p. 100 en 2005. Il est certes important que le gouvernement fédéral donne l'exemple, mais ses activités ne produisent qu'un pour cent des émissions totales de gaz à effet de serre au Canada.

3.136 Le plan que le gouvernement fédéral a soumis au bureau du programme MVR précise que les sociétés d'État sont exclues et qu'elles ont la responsabilité de voir à ce que soient communiqués leurs plans d'action. Des représentants ministériels nous ont appris qu'au 1er janvier 1998, aucune société d'État n'était inscrite au Registre. Le gouvernement fédéral devant, pour tout le pays, prêcher par l'exemple, nous nous attendions à ce que les sociétés d'État participent au Programme Défi-climat. La présente vérification n'avait pas pour mandat de déterminer si les sociétés d'État ont déjà des plans d'action pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

3.137 À notre avis, même si nombre de mesures sont appliquées dans le cadre du PANCC, seuls comptent les résultats de ces interventions et la possibilité que ces résultats offrent d'atteindre l'objectif canadien de stabilisation.


Élément clé :

15 Application de mesures assurant la réalisation de l'objectif - Progrès partiel


L'information sur la performance doit être améliorée
3.138 L'un de nos examens antérieurs s'attachait à l'information sur la performance (évaluation des réalisations en regard des attentes établies) de l'un des principaux volets du PANCC, soit les initiatives d'efficacité énergétique de RNCan. Le chapitre du Rapport du vérificateur général d'avril 1997 qui traite des 16 initiatives d'efficacité énergétique de RNCan non liées à la recherche et au développement révèle que l'information actuelle sur le rendement (sur la performance) de ces initiatives n'est pas suffisante pour nous permettre de juger de leur contribution à la réalisation de l'objectif canadien de stabilisation.

3.139 L'examen de 1996 du PANCC visait à évaluer les données sur la performance d'un autre volet important, le Programme Défi-climat (Mesures volontaires et Registre). Il en est ressorti que ce Programme avait été centré jusqu'alors sur l'accroissement du nombre de participants plutôt que sur les résultats escomptés ou atteints à l'aide des interventions précisées dans les plans présentés. Il est indiqué dans le rapport de cet examen que les résultats obtenus n'avaient été quantifiés, jusqu'à présent, que pour la moitié des plans d'intervention.

3.140 L'examen de 1996 révèle par ailleurs que la nature de l'information fournie pour chaque mesure prise dans le cadre du PANCC ne permet pas, dans la plupart des cas, d'en quantifier les retombées, mais les quelques données qualitatives disponibles semblent indiquer que des progrès sont réalisés. Le deuxième Rapport national du Canada (1997) donne un aperçu de quelques-unes des mesures prises par toutes les instances gouvernementales. Pour la plupart des interventions prévues aux plans, aucune information n'est fournie sur les résultats à obtenir d'ici l'an 2000, ou obtenus jusqu'ici. Toutefois, le rapport contient quelques données globales sur les prévisions et les réalisations sectorielles. À notre avis, s'il est économique et possible de le faire, il conviendrait de recueillir plus de données qualitatives et quantitatives afin d'aider les décideurs à déterminer si les interventions portent fruit et la mesure dans laquelle on peut s'attendre à ce qu'elles concourent à la réalisation de l'objectif canadien de stabilisation.


Élément clé :

16 Communication aux décideurs de données sur la performance axées sur les résultats - Progrès partiel


Absence d'indicateurs généraux de performance qui fassent l'unanimité
3.141 Les indicateurs de rendement (ou de performance) permettent de surveiller l'évolution de la situation, d'évaluer les différences entre les secteurs d'intervention et de dégager les principaux facteurs qui expliquent les tendances observées au chapitre des émissions de gaz à effet de serre. Tel qu'il est mentionné dans le premier Rapport national du Canada sur les changements climatiques (1994), les indicateurs relatifs aux changements climatiques doivent également nous éclairer sur les facteurs environnementaux, socio-économiques et technologiques sous-jacents.

3.142 Dans le texte qui présente le PANCC, l'on souligne que le véritable indicateur de progrès est la réduction totale des émissions de gaz à effet de serre qu'aura permise le Programme, telle qu'elle sera indiquée par les chiffres de l'inventaire national des émissions. On y dit également que le Canada examinera d'autres indicateurs socio-économiques ou environnementaux pour s'assurer qu'il reste fidèle aux orientations stratégiques établies.

3.143 L'examen de 1996 du PANCC a été l'occasion de dégager, à l'aide des données disponibles, des indicateurs possibles des changements climatiques. Ces données précisaient notamment le nombre de ménages, la superficie commerciale, la production brute de l'industrie et les kilomètres-véhicules parcourus. D'autres indicateurs possibles des émissions de gaz à effet de serre et de la consommation d'énergie sont indiqués dans Tendances des émissions de gaz à effet de serre au Canada , un rapport d'Environnement Canada, et dans le rapport Évolution de l'efficacité énergétique au Canada de RNCan.

3.144 À notre avis, retrouver certains indicateurs de performance dans quelques documents épars ne nous permet pas d'affirmer qu'existe un consensus sur un ensemble normalisé d'indicateurs généraux de performance aux plans socio-économique et environnemental que pourrait utiliser le Canada pour évaluer les progrès qu'il a accomplis.


Élément clé :

17 Établissement d'indicateurs généraux de performance pour la mesure des progrès - Progrès partiel


Le contrôle des réalisations du PANCC est peu axé sur les résultats
3.145 Il est important pour le gouvernement fédéral et le Parlement de pouvoir connaître les résultats obtenus à l'aide du PANCC. Aussi, aux fins de la mise en oeuvre de l'orientation stratégique du PANCC, nous nous attendions à trouver un système formel de contrôle axé sur les résultats pour enregistrer, évaluer et communiquer les progrès réalisés en regard des objectifs établis.

3.146 Même s'il est dit dans le PANCC que les plans d'action doivent être vérifiables, on n'y propose aucun mécanisme de mesure et de contrôle des résultats. Le Comité de coordination national sur les problèmes atmosphériques s'est vu confier la responsabilité d'effectuer tous les deux ans, un examen formel du PANCC dans le but d'informer les intervenants et les décideurs des progrès accomplis à l'égard de l'objectif canadien de stabilisation et de cerner d'autres possibilités d'intervention pour l'avenir. Le premier examen du PANCC a été effectué en 1996.

3.147 Quelques indicateurs d'avancement sont présentés dans les deux rapports mentionnés au paragraphe 3.143 et dans le programme MVR. Dans le rapport de l'Examen de 1996 du PANCC, il est souligné toutefois qu'il n'existe aucun mécanisme permettant, à intervalles réguliers et de manière uniforme, de rendre compte, une à une, de toutes les activités mises de l'avant dans le cadre du PANCC. Les travaux réalisés dans le cadre de l'examen montrent qu'un tel instrument est nécessaire pour mesurer les progrès et qu'il constituerait une base solide pour la prise de décisions éclairées et les évaluations futures.

3.148 L'examen conclut que même si les gouvernements misent sur les initiatives antérieures et déterminent de nouvelles possibilités d'intervention, rien n'indique qu'il existe une approche systématique permettant aux instances gouvernementales de se communiquer l'une à l'autre les avantages que présentent les diverses mesures prises. Il ressort en outre que l'efficacité globale du PANCC et l'utilité des efforts consacrés à son examen sont compromises par une coordination inadéquate. Bien que les auteurs de l'examen recommandaient d'améliorer le mécanisme de coordination du programme, nous n'avons trouvé aucune preuve que cela a été fait.

3.149 RNCan a entrepris un examen des rapports d'étape relatifs aux plans d'action soumis au bureau du MVR.

3.150 À notre avis, il revient au gouvernement fédéral, en tant que chef de file national, de montrer que des progrès sont réalisés grâce au PANCC, d'évaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, de promouvoir l'échange des leçons apprises, et d'encourager la prise en temps opportun des mesures correctives appropriées. L'actuel mécanisme de contrôle de la performance axé sur les activités ne le permet pas.


Élément clé :

18 Contrôle périodique de la performance axé sur les résultats - Progrès partiel


3.151 En résumé, il semble n'exister aucun plan pour la mise en oeuvre des orientations stratégiques présentées dans le PANCC et pour la réalisation de l'objectif canadien de stabilisation. Le système de contrôle, dans son état actuel, ne peut fournir l'assurance que seront prises des mesures concrètes axées sur les résultats, que seront évalués les résultats à intervalles réguliers ou que seront apportés les correctifs nécessaires. À notre avis, le Canada n'a pas réussi à respecter l'orientation stratégique précisée dans le PANCC.

3.152 Le gouvernement fédéral devrait diriger une intervention nationale concertée, conjointement avec d'autres paliers de gouvernement et d'autres intervenants principaux, afin que soit élaboré un plan officiel de mise en oeuvre qui serait axé sur les résultats, qui préciserait les attentes à l'égard de la performance, les cibles intermédiaires et le système de contrôle à utiliser, et qui viserait la réalisation des engagements du Canada au chapitre des changements climatiques.

L'information transmise au Parlement doit être améliorée

3.153 L'intérêt que le Parlement porte à la question des changements climatiques ne date pas d'hier (voir l' annexe E ). Il est important que les résultats obtenus grâce au PANCC soient mesurés, examinés et communiqués au Parlement dans un rapport qui contiendra l'information dont ce dernier a besoin pour surveiller les mesures adoptées par le Canada pour faire face aux changements climatiques. Ce rapport devra également satisfaire aux conditions de transparence et de responsabilité. Nous nous attendions à ce que l'information transmise au Parlement soit, notamment, pertinente et complète.

3.154 Dans le Rapport de 1994 du vérificateur général, nous indiquions au chapitre portant sur l'information au Parlement que, pour tout groupe d'activités désigné par le gouvernement fédéral comme étant un groupe sectoriel d'activités, et dont les interventions sont menées par plusieurs ministères ou organismes, il faut confier à l'un des ministères la responsabilité première de soumettre au Parlement un rapport sommaire sur l'avancement des travaux en cours. Nous nous attendions à ce qu'un rapport de ce genre, faisant état des progrès réalisés par le Canada pour faire face aux changements climatiques et comprenant des références à d'autres sources d'information, soit soumis au Parlement.

3.155 Comme nous l'avons mentionné, en ce qui concerne la présentation au Parlement de rapports sur les activités sectorielles visant les changements climatiques, aucune entente écrite ne définit les rôles et responsabilités des intervenants fédéraux, notamment leur rôle prépondérant au chapitre du regroupement de l'information.

Le Parlement reçoit une information fragmentaire livrée par bribes
3.156 Divers ministères et organismes fédéraux ont soumis au Parlement un certain nombre de documents qui fournissent des renseignements sur les mesures nationales prises par le gouvernement fédéral en réponse aux changements climatiques. Comme Environnement Canada et RNCan sont, conjointement, les chefs de file fédéraux à ce chapitre, notre examen a porté principalement sur des documents préparés par eux, par exemple, les Rapports sur les plans et les priorités, les Rapports sur le rendement, la Stratégie de développement durable, et le Rapport annuel de RNCan au Parlement sur l'administration et l'application de la Loi sur l'efficacité énergétique .

3.157 Ces rapports mentionnent, à plusieurs reprises, diverses initiatives menées par le gouvernement fédéral et liées à la question des changements climatiques, et ils fournissent des renseignements généraux sur celles-ci. Ces rapports contiennent aussi des renvois à d'autres documents qui traitent de la question, dont certains ont été déposés au Parlement.

3.158 Il ressort que le volume de l'information communiquée au Parlement sur la question des changements climatiques a certes augmenté ces dernières années, mais qu'elle est dispersée dans plusieurs documents différents. À notre avis, il est difficile pour le Parlement, à cause de cette information fragmentaire et livrée par bribes, d'exercer une surveillance efficace des activités sectorielles portant sur les changements climatiques.

3.159 De nombreux autres documents donnent une information générale sur les changements climatiques et des renseignements sur les initiatives connexes du Canada. Ces documents ne sont pas présentés au Parlement mais sont du domaine public. Plusieurs d'entre eux ont déjà été mentionnés dans le présent chapitre, mais les quatre principaux sont : le Programme d'action national concernant les changements climatiques (PANCC); l'Examen de 1996 du PANCC; et le Rapport national de 1994 et celui de 1997 du Canada sur les changements climatiques - Mesures en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques .

L'information sommaire sur les changements climatiques est incomplète
3.160 Les données sommaires communiquées au Parlement ne semblent pas complètes et pertinentes. Jusqu'à un certain point, le problème provient non pas d'un manque d'information générale sur les changements climatiques au niveau opérationnel, mais plutôt d'un manque d'information plus globale. L'information sommaire devrait pouvoir renseigner le Parlement, par exemple, sur les rôles et les responsabilités du gouvernement fédéral, notamment sur son rôle de chef de file national, sa responsabilité au titre de la mise en oeuvre du PANCC, les résultats obtenus et, dans la mesure du possible, les ressources humaines et financières utilisées pour trouver solution aux changements climatiques. Toutefois, en partie à cause des lacunes déjà signalées (description peu précise des rôles et responsabilités, plan de mise en oeuvre inexistant, et un système inadéquat de contrôle axé sur les résultats), cette information n'a pas été produite.

3.161 À notre avis, cette non-communication de rapports sommaires consolidés au Parlement pourrait limiter sa capacité de surveiller efficacement les mesures adoptées par le Canada pour parer aux changements climatiques.


Élément clé :

19 Dépôt de rapports sommaires au Parlement - Aucun progrès


3.162 Le gouvernement fédéral devrait améliorer l'information qu'il communique au Parlement sur les activités sectorielles menées pour parer aux changements climatiques, notamment en confiant à un ministère le soin de présenter à intervalles réguliers un rapport sommaire consolidé sur ces activités.

Conclusion

Le gouvernement fédéral n'a pas appliqué des principes de saine gestion

3.163 Nous sommes conscients que la réalisation de l'objectif ultime de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques constitue un projet de longue haleine qui comportera plusieurs étapes. Le Programme d'action national concernant les changements climatiques s'inscrit comme la première étape du Canada. Nous reconnaissons également que cette question pose un défi de taille au gouvernement fédéral. Nous nous attendons néanmoins à ce qu'il applique des principes de saine gestion dans ses efforts pour relever ce défi.

3.164 Tout au long de notre chapitre, ainsi que dans la pièce insérée dans le Résumé présenté dans les premières pages, nous avons communiqué les résultats de notre évaluation de la pertinence de la gestion, par le gouvernement fédéral, des mesures devant mener au respect de son engagement au chapitre des changements climatiques, en conformité avec la politique intérieure établie. Nous avons constaté que le gouvernement, dans l'ensemble, n'a pas appliqué des principes de saine gestion. Il en résulte un écart entre les objectifs et la réalité, et le Canada n'arrivera pas, semble-t-il, à respecter l'engagement qu'il a pris il y a quelques années en ce qui a trait à la situation à l'intérieur de ses frontières. Cet écart reflète l'incapacité du Canada à traduire une orientation stratégique en une action efficace. Le rôle directeur du gouvernement fédéral au chapitre des changements climatiques n'a pas été clairement défini et ne semble pas très dominant.

3.165 Pour que le Canada respecte ses engagements au chapitre des changements climatiques, nous croyons que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle directeur de premier ordre, afin de favoriser une démarche qui soit fonction de l'orientation stratégique présentée dans le PANCC. Le gouvernement fédéral doit être l'architecte principal, au pays, de l'élaboration de mesures réalistes, étendues et rentables visant à parer aux changements climatiques. Cela, il doit le faire tout en évitant le plus possible de créer des retombées négatives, mais en cherchant, par contre, à maximiser tout ce qui pourrait avoir un effet positif sur l'économie canadienne et sur la capacité concurrentielle du Canada à l'étranger.

3.166 Nous avons souligné que les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de l'énergie et de l'environnement ont convenu, en novembre 1997, de collaborer à l'établissement d'un plan national de mise en oeuvre après la Conférence de Kyoto de décembre 1997 sur les changements climatiques. Depuis, le gouvernement fédéral a accepté de diriger l'élaboration de ce plan.

3.167 Les recommandations formulées dans le présent chapitre s'appuient sur les résultats de notre examen des efforts déployés par le Canada pour atteindre son objectif de stabilisation. Ces recommandations valent également pour toute démarche visant à assurer le respect de tout nouvel engagement que pourrait prendre le Canada au chapitre des changements climatiques, et sont en quelque sorte des acquis pour l'avenir.

La gestion des questions horizontales doit être améliorée

3.168 Un nombre croissant de questions d'ordre public oblige à tenir compte des mandats confiés aux ministères et entités gouvernementales, et à prendre en compte les pouvoirs confiés à diverses instances politiques. Les pouvoirs, les ressources et les connaissances requises pour la mise en oeuvre des programmes procédant de choix politiques exigent souvent de faire appel à un certain nombre de ministères et d'organismes fédéraux, à d'autres entités, ainsi qu'aux instances d'autres paliers de gouvernement. Ces questions sont dites « horizontales ». Du fait qu'elles sont complexes et interreliées, les questions horizontales, comme les changements climatiques, posent un défi particulier aux gouvernements. Toutefois, les changements climatiques ne sont pas seuls à poser ce genre de défi. Il existe nombre de domaines à l'égard desquels les gouvernements fédéral et provinciaux ont un droit de regard. Le gouvernement fédéral doit donc, dans de tels cas, assumer sa responsabilité collective et servir l'intérêt public général au moyen d'une collaboration entre ministères et instances gouvernementales différentes, et par la consultation des intervenants.

3.169 En 1995, un groupe de travail fédéral a présenté un rapport à la suite de son examen de 16 études de cas de coopération fédérale-provinciale pour l'élaboration de politiques. Il a constaté que le succès dépend de plusieurs facteurs : l'établissement d'un climat de confiance, qui nécessite ouverture d'esprit et prise en compte des intérêts de toutes les parties; le travail au sein des mécanismes de coopération existants, comme les comités permanents de fonctionnaires; et l'instauration d'un sentiment commun de la nécessité de collaborer.

3.170 À notre avis, le gouvernement fédéral doit élargir et mieux définir son rôle de chef de file et sa façon de gérer la question des changements climatiques. Il s'agit là d'une question horizontale exigeant l'intervention de diverses instances politiques et un partage des responsabilités.

3.171 Pour les questions aussi complexes que les changements climatiques, qui nécessitent la conciliation d'une gamme étendue d'intérêts politiques et économiques, il est clair qu'une coordination centrale efficace et soutenue sera essentielle. Il faut mettre en place des mécanismes assurant la participation de décideurs du plus haut niveau à la résolution des problèmes qui surgissent. De tels processus exigent forcément que les organismes centraux de coordination de l'État jouent constamment un rôle de premier ordre.

3.172 Notre bureau continuera dans ses travaux de dégager les facteurs et les principes qui favorisent une gestion responsable et de faire connaître les mécanismes permettant de rendre compte efficacement des responsabilités assumées dans le cadre des ententes fédérales de collaboration pour les questions intéressant plus d'une instance politique et exigeant l'intervention de plusieurs ministères, intervention commandée en fonction des mandats qui leur ont été confiés.


À propos de la vérification

Objectif

Notre vérification avait comme objectif d'évaluer la pertinence de la gestion, par le gouvernement fédéral, des mesures devant mener au respect de son engagement au chapitre des changements climatiques, en conformité avec la politique intérieure établie, soit de stabiliser d'ici l'an 2000 ses émissions de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990 (l'objectif canadien de stabilisation). Ce faisant, nous avons :

Étendue

La vérification portait sur l'engagement actuel du Canada, formulé dans sa politique intérieure, et sur la mise en oeuvre du PANCC, lequel énonce les orientations stratégiques retenues aux fins de l'objectif canadien de stabilisation. Puisque l'étendue de notre vérification se limitait aux aspects nationaux du sujet à l'étude et au rôle du gouvernement fédéral à ce titre, nos travaux ont surtout porté sur les ministères fédéraux de l'environnement et de l'énergie, soit Environnement Canada et Ressources naturelles Canada. Nous reconnaissons toutefois que certains aspects du problème des changements climatiques intéressent tous les ministères, organismes et autres entités du gouvernement fédéral et ont, de fait, une nature sectorielle.

Les données quantitatives fournies dans le présent chapitre ont été tirées des différentes sources gouvernementales indiquées dans le texte. Même si nous nous sommes assurés de la vraisemblance de ces données, une vérification en bonne et due forme n'en a pas été effectuée, sauf indication contraire.

Méthodologie

Dans le cadre de la planification de notre travail de vérification sur la question des changements climatiques, nous avons tenu un symposium afin d'aider le Bureau à comprendre les différents aspects de ce phénomène. Nous avons également interviewé plus de 70 intervenants, un peu partout au Canada, qui représentaient divers secteurs d'intérêt et qui ont formulé plusieurs points de vue différents sur la question. Nous avons pu ainsi connaître leur façon d'envisager la question des changements climatiques et le rôle qu'à leur avis le gouvernement fédéral devait assumer à ce chapitre.

Le travail que nous avons effectué sur ce sujet et d'autres travaux d'examen nous ont permis de dégager un certain nombre de questions, qui n'ont pu toutes être traitées dans cette première vérification. Nous prévoyons poursuivre notre travail sur la question des changements climatiques dans des domaines comme la vérification de la gestion de l'étude scientifique des changements climatiques et l'évaluation de la mesure dans laquelle il existe une certaine équité pour ce qui est de la mise à contribution du secteur des combustibles fossiles et de celui des autres sources d'énergie. La mise en oeuvre de la stratégie d'adaptation du Canada, le leadership fédéral en ce qui a trait à l'utilisation d'autres sources d'énergie et la mesure dans laquelle le gouvernement, au sein de ses propres entités, s'est efforcé de trouver des solutions, à l'interne, au problème des changements climatiques, sont d'autres sujets possibles de vérification.

Équipe de vérification

Directrice principale : Ellen Shillabeer
Directeur : Robert Pelland

Ian Campbell
Stephanie Taylor
Marie Williams

Pour obtenir de l'information, veuillez communiquer avec Mme Ellen Shillabeer ou M. Robert Pelland.