Les subventions et les contributions : certains programmes
d'Industrie Canada et du ministère du Patrimoine canadien
27.5
Le versement de subventions et de contributions aux particuliers,
aux entreprises et aux organismes sans but lucratif compte parmi les
principaux moyens par lesquels le gouvernement du Canada cherche à
atteindre ses objectifs de programme.
27.6
En conséquence, le chapitre présente :
-
un bref aperçu des observations formulées par le Bureau au cours des 21 dernières années au sujet de
l'optimisation des ressources dans le cadre des programmes de subventions et de contributions;
-
un cadre de gestion axée sur le rendement que nous sommes en train d'élaborer pour les programmes de
subventions et de contributions et que nous utiliserons de nouveau lors de vérifications futures;
-
les résultats d'une vérification, pour laquelle ont été utilisés certains éléments de ce cadre, portant sur une
sélection de programmes de subventions et de contributions d'Industrie Canada et de Patrimoine canadien.
Vue
d'ensemble des programmes de subventions et de contributions
du gouvernement fédéral
27.7
Les subventions et les contributions font partie de la catégorie de
dépenses appelée paiements de transfert. Il s'agit là de transferts d'argent
du gouvernement fédéral à des particuliers et à des organismes de divers
types, y compris des entreprises ou d'autres gouvernements.
27.8
Les subventions sont des paiements de transfert qui ne sont
soumis à aucune condition et pour lesquels l'admissibilité du bénéficiaire
peut être vérifiée. Si un particulier ou un organisme a droit à une
subvention, le montant approprié peut lui être versé sans qu'il ait par la suite
à satisfaire à quelque condition que ce soit. Par contre, le paiement d'une
contribution est assujetti à des conditions de rendement qui sont précisées
dans un accord de contribution. Le bénéficiaire doit continuer à montrer qu'il
satisfait à ces conditions pour obtenir le remboursement de certains coûts
pendant la durée de l'accord. L'utilisation faite des contributions peut aussi
être l'objet d'une vérification de la part du gouvernement, alors que ce n'est
habituellement pas une exigence dans le cas d'une subvention.
27.9
Parce que l'obligation de rendre compte est généralement moins
grande dans le cas des subventions, nous soutenons depuis de
nombreuses années qu'elles ne devraient être accordées que dans les cas
où elles ne sont vraiment soumises à aucune condition ou lorsque leur
administration offre un meilleur rapport coût-efficacité que celle des
contributions.
Dépenses
prévues pour 1998-1999
27.10
Le
Budget principal des dépenses
et le
Budget supplémentaire des
dépenses A
pour 1998-1999 prévoient des dépenses de 39,5 milliards de
dollars au titre des subventions et des contributions accordées par les
ministères et les organismes, dont 23,1 milliards de dollars représentent des
subventions octroyées par Développement des ressources humaines
Canada. (Voir les
annexes A
et
B
pour un résumé des dépenses prévues à
l'égard des subventions et des contributions pour tous les ministères et
organismes). Celles-ci englobent les dépenses législatives et les dépenses
votées (ou discrétionnaires). Les dépenses législatives sont celles qui ne
nécessitent aucune nouvelle autorisation du Parlement puisqu'elles ont été
approuvées de façon permanente par des lois d'un Parlement antérieur ou
du Parlement actuel. Les dépenses votées sont celles pour lesquelles
l'approbation du Parlement est demandée chaque année au moyen d'une
loi de crédits.
27.11
Le présent chapitre porte sur des questions entourant la gestion
des subventions et des contributions votées, mais non pas sur celle des
dépenses législatives à l'égard desquelles les gestionnaires ont peu de
latitude.
Certaines
observations tirées de vérifications antérieures
27.12
Nous avons communiqué au Parlement les résultats des
nombreuses vérifications de programmes de subventions et de contributions
que nous avons effectuées au cours des 21 dernières années. Bon nombre
de ces vérifications nous ont amenés à signaler des points similaires. Voici
un bref aperçu des principales conclusions formulées par les vérificateurs.
27.13
L'administration fédérale dans son ensemble.
En 1977, nous
avons présenté un rapport sur les résultats d'un examen qui avait duré deux
ans et avait porté sur des programmes de subventions et de contributions
de 20 ministères et organismes. Nos observations pouvaient être classées
en quatre grandes catégories :
-
application ou interprétation inconstante de la politique gouvernementale au chapitre des subventions et des
contributions;
-
utilisation inefficace des fonds et mesures inadéquates pour obliger les bénéficiaires des programmes à
rendre compte des fonds reçus;
-
lacunes au niveau du contrôle, de la surveillance et de l'évaluation;
-
comptes rendus insuffisants dans le
Budget des dépenses
et les
Comptes publics
et ne pouvant, de ce fait,
faciliter l'examen et les comparaisons annuelles par le Parlement.
27.14
En 1984, nous avons défini, pour guider le personnel chargé de la
vérification, huit procédés essentiels de gestion pour les programmes de
subventions et de contributions :
-
énoncer les objectifs clairement;
-
établir des modalités et des conditions non ambiguës;
-
informer les éventuels requérants des lignes directrices du programme;
-
étudier et approuver les demandes avec soin;
-
faire les paiements selon les règles établies;
-
exercer une surveillance appropriée en ce qui a trait aux diverses subventions et contributions;
-
fournir une information adéquate à la direction;
-
évaluer l'efficacité du programme.
Ces procédés ont servi de fondement aux vérifications de l'optimisation des ressources qui ont été effectuées par
la suite dans les années 80.
27.15
Ministère de l'Expansion industrielle régionale.
En 1985, lors
d'une vérification des programmes d'aide directe du ministère de
l'Expansion industrielle régionale, nous avons fait état d'un certain nombre
de lacunes dans les procédés de contrôle et les pratiques d'exécution des
programmes. Nous avons recommandé la présentation par écrit de lignes
directrices et de contrôles pour l'évaluation afin que la procédure
d'approbation des projets soit uniforme dans l'ensemble du pays et que les
projets financés satisfassent aux exigences d'admissibilité et atteignent les
objectifs liés aux programmes. Nous avons également recommandé que les
lignes directrices du Ministère sur l'évaluation du besoin de financement
soient davantage précises et que les analyses des critères de sélection
soient versées au dossier. En 1987, nous avons fait un suivi de ces
recommandations. Le Ministère avait certes amélioré un grand nombre de
ses procédés, mais certains aspects de l'admissibilité des projets
continuaient à poser un problème et il n'existait toujours pas de lignes
directrices plus précises pour déterminer l'admissibilité.
27.16
Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada.
En
1986, dans le cadre d'une vérification de la Commission de l'emploi et de
l'immigration du Canada, nous avons suggéré de limiter l'utilisation des
subventions puisqu'elles ne nécessitent pas la surveillance du rendement
de leurs bénéficiaires. Nous avons recommandé que les ministères et les
organismes ne soient autorisés à utiliser ce mécanisme de financement que
lorsqu'il peut être clairement démontré qu'il s'agit d'un moyen plus rentable
d'atteindre les objectifs du programme.
27.17
Affaires indiennes et du Nord Canada.
En 1988, dans le cadre
de notre vérification du ministère des Affaires indiennes et du Nord
canadien, nous avons fait état de nos préoccupations depuis longtemps
formulées au sujet de la mise en oeuvre des accords de contribution avec
les bandes et les organisations indiennes. Ces préoccupations de longue
date portaient sur deux points principaux : le versement de fonds avant que
n'aient été produits tous les documents et renseignements requis et une
surveillance inadéquate des opérations des bandes indiennes, surveillance
requise pour s'assurer que les fonds servaient aux fins prévues. Nous
avons entre autres recommandé l'élaboration d'un cadre stratégique
financier incitant à une saine gestion des accords de financement.
27.18
Secrétariat d'État.
Lors de notre vérification des programmes de
promotion du civisme du Secrétariat d'État en 1990, nous avons constaté la
nécessité d'établir des critères pour l'évaluation des demandes et des
résultats en fonction des objectifs des programmes. Cette constatation allait
de pair avec des observations antérieures portant sur la nécessité pour les
ministères de consacrer plus d'efforts à la surveillance et à l'évaluation des
résultats des programmes.
27.19
Industrie, Sciences et Technologie.
En 1990 également, nous
avons fait état de cas où le ministère de l'Industrie, des Sciences et de la
Technologie n'avait pas exercé une diligence raisonnable. Nos travaux ont
révélé que des projets avaient été approuvés en dépit d'une première
analyse ministérielle indiquant qu'ils ne satisfaisaient pas aux critères
d'admissibilité. Nous avons aussi relevé des cas où l'aide financière
accordée à un projet excédait les besoins précisés dans l'analyse du
Ministère. Nous avons trouvé très peu de documents, sinon aucun, pour
expliquer ces décisions.
27.20
Pêches et Océans.
Notre vérification de 1993 du Programme
d'adaptation et de redressement de la pêche de la morue du Nord,
administré par Pêches et Océans, a révélé quelques lacunes graves. Nous
avons signalé l'absence d'une autorisation législative claire pour exécuter le
programme, d'énormes difficultés à orienter les paiements vers ceux qui
étaient touchés de près par le moratoire sur la pêche de la morue du Nord,
le versement de paiements à des personnes qui ne satisfaisaient pas aux
exigences relatives à l'admissibilité, et des faiblesses au niveau de la
gestion et des contrôles financiers. Nous avons recommandé la clarification
de l'autorisation législative régissant le programme et la modification
correspondante des modalités d'admissibilité et de la procédure
administrative.
27.21
Industrie Canada/organismes de développement régional.
En
1994 et 1995, nous avons vérifié un certain nombre de programmes de
contributions exécutés par Industrie Canada et par les organismes fédéraux
de développement régional (Agence de promotion économique du Canada
atlantique, Bureau fédéral de développement régional (Québec) et
Diversification de l'économie de l'Ouest Canada). Nous avons cerné des
lacunes à l'égard de différents aspects de l'exécution des programmes, y
compris l'absence d'une diligence raisonnable dans l'évaluation des projets.
Nos recommandations demandaient, entre autres choses :
-
des évaluations plus convaincantes à l'appui des décisions de financement et une documentation précisant
tous les facteurs importants étayant les décisions autorisant l'octroi d'une aide;
-
la rationalisation des lignes directrices et des critères ayant trait à l'évaluation des demandes, en fonction de
la taille et du degré de risque du projet, et la simplification de la documentation exigée pour les petits projets;
-
une meilleure coordination avec les autres ministères fédéraux et provinciaux afin d'éviter le dédoublement
éventuel des efforts et du financement;
-
une plus grande vigilance dans le recouvrement des contributions.
27.22
En résumé, nos vérifications de la gestion des programmes de
subventions et de contributions au cours des 21 dernières années nous ont
amenés à formuler à de nombreuses reprises les mêmes observations.
Notre vérification de 1977 a fait ressortir des problèmes de conformité aux
autorisations de programme, des lacunes dans la conception des
programmes, des faiblesses au niveau des contrôles de même qu'une
mesure et une communication insuffisantes au chapitre du rendement. Des
vérifications subséquentes nous ont amenés à faire des observations
analogues. Nous avons certes constaté des améliorations dans certains
secteurs lors de nos suivis, mais, dans l'ensemble, nous avons continué à
relever les mêmes problèmes chaque fois que nous avons vérifié des
programmes de subventions et de contributions.
27.23
La question à se poser est évidemment la suivante : Pourquoi ces
problèmes ont-ils persisté ? Il y a, bien sûr, de nombreuses réponses à cette
question dont certaines ont à voir avec le fait que les décideurs n'ont tout
simplement pas respecté les règles qui régissent les dépenses au titre des
subventions et des contributions. Il y a cependant d'autres raisons qui ont à
voir avec de piètres pratiques de gestion. L'établissement d'objectifs clairs
et réalisables, l'exercice d'une diligence raisonnable et la mesure du
rendement, notamment, demeurent des défis pour les gestionnaires de
programme. Par conséquent, notre Bureau a décidé d'élaborer un cadre de
gestion du rendement pour les programmes de subventions et de
contributions, lequel aidera les gestionnaires, du moins nous l'espérons, à
mieux gérer.
Un
cadre de gestion du rendement : aider les gestionnaires à mieux
gérer
27.24
Nous élaborons ce cadre pour plusieurs raisons :
-
Il nous offre l'occasion de résumer nos vues sur la bonne gestion des programmes de subventions et de
contributions en fonction de plus de 20 années d'expérience de la vérification de l'optimisation des ressources
dans ce secteur.
-
Il définit nos attentes au plan de la gestion - autrement dit, ce que nous rechercherons dans les vérifications
futures des programmes de subventions et de contributions.
-
Ce qui est peut-être plus important encore, il est conçu pour aider les gestionnaires des ministères à se
montrer critiques à l'égard de leurs programmes et à s'interroger sur la meilleure façon de les gérer.
27.25
La
pièce 27.1
contient une liste initiale des qualités d'un
programme de subventions et de contributions bien géré. Chaque qualité
est le produit d'un système de gestion bien conçu et de bonnes pratiques.
En fait, ces qualités s'apparentent de près aux contrôles essentiels que
nous recherchions dans les vérifications précédentes. Nous espérons,
grâce à ce cadre, encourager les gestionnaires à aller au-delà du contrôle
comme tel pour adopter une vision plus vaste du rendement. Les qualités
consacrent en outre les principes essentiels de la responsabilisation, les
critères de présentation de l'information sur le rendement et les éléments du
cadre de gestion axée sur les résultats récemment élaboré par notre
bureau.
27.26
Le cadre de gestion du rendement sert de complément aux
politiques existantes du Conseil du Trésor et aux prises de position
antérieures de notre Bureau sur la gestion et le contrôle des subventions et
des contributions. Il n'a pas pour objet de les remplacer ni de les reprendre.
27.27
Nous avons l'intention de continuer à travailler à l'élaboration de ce
cadre que nous présenterons dans un prochain rapport, lequel offrira
également des lignes directrices à l'intention des gestionnaires de
programme sur l'évaluation des risques.
Objet
de la vérification
27.28
L'objet de notre vérification était de déterminer s'il existait des
points importants à améliorer dans la gestion de programmes bien précis
d'Industrie Canada et de Patrimoine canadien. La vérification nous a aussi
offert l'occasion d'appliquer notre cadre de gestion du rendement pour les
programmes de subventions et de contributions.
27.29
Cette vérification nous aura notamment permis d'attirer l'attention
sur ce qui constitue une diligence raisonnable dans l'évaluation des
demandes de subventions ou de contributions. À notre avis, les évaluations
à l'appui des décisions d'octroyer des subventions et des contributions
doivent être aussi poussées que les circonstances l'exigent et elles doivent
être versées aux dossiers afin qu'il soit possible, par la suite, d'effectuer des
examens et des mesures du rendement. L'exercice d'une diligence
raisonnable ne sous-entend pas des analyses exhaustives dans tous les
cas; il vise simplement à fournir la certitude que les décisions de
financement tiennent compte de tous les critères établis par le Conseil du
Trésor et le ministère intéressé et sont fondées sur une information fiable.
27.30
Nous avons choisi aux fins de notre vérification des programmes
qui sont liés à des questions de développement économique et social - le
Programme d'adaptation aux fermetures de bases de l'Ontario et le
Programme du multiculturalisme, respectivement. Ces programmes sont
exécutés directement par les ministères. Nous avons aussi choisi des
exemples d'exécution indirecte - les accords de contribution d'Industrie
Canada avec le Réseau canadien pour l'avancement de la recherche, de
l'industrie et de l'enseignement (CANARIE) et le Réseau de recherche
appliquée préconcurrentielle (PRECARN) étant donné que cette approche
est de plus en plus répandue.
27.31
Le lecteur trouvera à la fin du chapitre, à la section
À propos de la
vérification
, plus de précisions sur la vérification.
EXÉCUTION DIRECTE DES PROGRAMMES DE SUBVENTIONS ET DE
CONTRIBUTIONS
Industrie
Canada : contributions en vertu du Programme d'adaptation aux
fermetures de bases de l'Ontario (PAFBO)
27.32
En 1994, le gouvernement a annoncé la fermeture d'un certain
nombre de bases militaires au Canada. Une stratégie fédérale a été
élaborée et plusieurs ministères se sont vu confier la responsabilité d'aider
les collectivités touchées par les fermetures.
27.33
En Ontario, les bases de North York, d'Ottawa et de London
devaient fermer tandis que la taille de celles de North Bay et de Kingston
devait être réduite. Selon la stratégie du gouvernement, Industrie Canada
est chargé de conseiller les collectivités touchées et de gérer le Programme
d'adaptation aux fermetures de bases de l'Ontario (PAFBO) qui sert à
financer des initiatives de développement et de diversification économiques.
La fermeture de la base de London comprend le transfert de terrains à une
bande autochtone et cette base n'est pas visée par le PAFBO.
27.34
L'objectif du PAFBO est d'aider les collectivités touchées à faire
face aux répercussions économiques des fermetures des bases militaires.
Le programme a pour but de leur permettre d'entreprendre des études des
possibilités de développement économique et de mettre en oeuvre des
mesures de développement économique. Pour être financés par le PAFBO,
les projets proposés doivent pouvoir répondre aux besoins de
développement économique des collectivités touchées et être appuyés en
grande partie par celles-ci. Le Conseil du Trésor exige que les éventuels
projets soient évalués en fonction des critères suivants :
-
degré de soutien communautaire;
-
degré d'innovation présenté par le projet;
-
degré de risque que présente le projet;
-
chances que le projet ne puisse être mis en oeuvre sans une aide du gouvernement fédéral;
-
avantages éventuels à court et à long terme du projet;
-
rentabilité et efficacité.
27.35
Un budget de 11,7 millions de dollars a été alloué au PAFBO pour
la mise en oeuvre de projets sur une période de sept ans. La
pièce 27.2
donne une ventilation des sommes prévues au budget. En septembre 1998,
il restait environ 945 000 $ à dépenser au cours des trois prochaines
années.
27.36
Nous avons vérifié neuf des 19 projets qui avaient été approuvés
entre février 1995 et juin 1998. Ces neufs projets représentent environ
88 p. 100 de la valeur totale des projets approuvés pour tout le programme.
L'évaluation
des projets laisse à désirer
27.37
Nous nous attendions à ce que les dossiers du Ministère
renferment au moins une évaluation faite en fonction des critères établis par
le Conseil du Trésor pour justifier chaque décision de financer un projet.
Toutefois, en ce qui a trait à plusieurs des projets que nous avons
examinés, nous n'avons trouvé que peu d'information dans les dossiers
indiquant que le Ministère avait tenu compte de ces critères dans sa
décision de financer ces projets. Notamment, il ne semblait guère que les
fonctionnaires d'Industrie Canada se soient assurés qu'il y aurait, pour ces
projets, optimisation des ressources. La
pièce 27.3
présente en exemple
deux de ces projets.
Les
contributions dépassent souvent les seuils recommandés
27.38
D'après les modalités du programme, les contributions à des
études ne doivent pas dépasser 90 p. 100 des coûts admissibles, et les
contributions aux projets de développement économique, 50 p. 100. Le
bien-fondé de la proposition et la capacité du requérant de partager les
coûts déterminent le niveau de financement. Le Ministre peut, dans des
circonstances extraordinaires, décider de financer la totalité des coûts
admissibles.
27.39
Dans le cas de cinq des neuf projets sur lesquels notre vérification
a porté, le financement dépassait les niveaux convenus. À notre avis, les
représentants du Ministère auraient dû, pour exercer une diligence
raisonnable, évaluer les circonstances extraordinaires ayant nécessité des
niveaux de financement plus élevés. Pour quatre de ces projets, cependant,
les dossiers ne contenaient aucune justification de la décision de dépasser
le seuil convenu de financement.
Il
y aurait lieu de recueillir de l'information sur le rendement des
projets
27.40
Très peu d'information a été recueillie jusqu'à maintenant sur
les résultats des projets.
L'examen fait par le Ministère des documents à
l'appui des demandes de paiement était adéquat, mais nous n'avons trouvé
dans les dossiers aucun compte rendu de visites sur les lieux des projets
plus importants que nous avons examinés. À ce jour, des rapports finals ont
été préparés pour deux projets. Ces rapports contiennent des
renseignements sur le travail effectué selon les modalités de l'accord
intervenu dans le cadre du PAFBO, mais ne renferment aucune information
quant au respect des objectifs et des critères du programme.
27.41
Remboursement.
Selon les modalités du programme, l'aide est
assujettie à la politique gouvernementale de remboursement. Toutefois,
parce que des programmes analogues d'adaptation à des fermetures de
bases à l'échelle du pays n'obligeaient pas les organismes sans but lucratif
à rembourser la contribution, Industrie Canada a fait la même exception
dans le cas du PAFBO.
27.42
Deux des dossiers que nous avons vérifiés se rapportaient à des
projets grâce auxquels les requérants, des organismes sans but lucratif,
réaliseraient d'importants revenus. À notre avis, il y aurait peut-être
avantage à ce que le Ministère juge au cas par cas s'il doit exempter ou non
un organisme de l'obligation de remboursement après avoir évalué les
avantages éventuels du projet pour le requérant.
27.43
Industrie Canada devrait s'assurer que les projets qu'il finance
dans le cadre de ses programmes de contributions assure une
optimisation des ressources tant pour le bénéficiaire que pour le
programme. Le Ministère devrait notamment, lorsqu'il évalue le
bien-fondé des demandes de financement, utiliser les modalités
approuvées par le Conseil du Trésor pour ses programmes de
subventions et de contributions. Il devrait consigner par écrit ces
évaluations afin de pouvoir mieux justifier sa décision de financer ou
de ne pas financer un projet.
Réponse du Ministère :
Le Ministère abonde dans le sens du vérificateur général au sujet de la nécessité de mieux
documenter les dossiers de projets en vue de prouver la conformité des projets aux modalités approuvées. Nous
sommes d'accord qu'à l'avenir, une meilleure application des processus actuels de documentation assurera le
respect de toutes les modalités de programmes.
Le
ministère du Patrimoine canadien : subventions et contributions
versées en vertu du Programme du multiculturalisme
27.44
Le mandat du Programme du multiculturalisme est de « renforcer le
Canada par la promotion d'une société inclusive dans laquelle les gens de
toutes origines ont un sentiment d'appartenance et d'attachement au pays
parce qu'ils sont respectés comme individus et reconnus comme
composante essentielle d'une identité canadienne en mutation ».
27.45
En 1997, le Ministère a apporté des modifications au Programme
du multiculturalisme; il en a révisé les objectifs et il a décidé d'éliminer le
financement de soutien (le financement d'un programme permanent
d'activités d'une organisation, y compris les dépenses de fonctionnement)
sur une période de trois ans. Ce financement a été remplacé par le
financement de projets précis qui appuient les objectifs et les priorités du
programme.
27.46
En 1997-1998, le Ministère a versé des subventions ou
contributions s'élevant à 19 millions de dollars à 1 000 projets dans le cadre
du programme. Nous avons vérifié un échantillon de 80 subventions et
contributions autorisées entre le 1er avril 1997 et le 31 mars 1998.
Les
attentes quant au rendement sont ambiguës
27.47
Les cinq objectifs du Programme du multiculturalisme sont énoncés
en des termes très généraux (
voir la pièce 27.4
). Cela n'a rien d'inhabituel,
sauf que le Ministère n'a pas accompagné l'énoncé de ces objectifs d'une
description plus claire et mieux ciblée des buts à atteindre et des résultats à
obtenir. S'il l'avait fait, cela aurait aidé à assurer un choix judicieux des
projets aux fins du financement et aurait facilité la mesure des résultats
obtenus.
27.48
Nous avons constaté que le Programme, parce que les décisions
ne peuvent être fondées que sur des objectifs généraux, sert à financer des
projets qui relèvent également du mandat d'autres ministères ou
d'organismes provinciaux. Par exemple, notre échantillon englobait les
projets suivants :
-
un programme de lutte contre la drogue pour les adolescents d'un certain groupe religieux;
-
des services d'intégration pour les nouveaux immigrants;
-
une tournée de promotion pour un romancier;
-
une brochure sur les solutions autres que les punitions corporelles pour les enfants, publiée dans 16 langues,
y compris le français et l'anglais;
-
une conférence pour discuter de la promotion des programmes de sciences et de technologie dans les écoles
pour un groupe racial en particulier;
-
une conférence pour les Autochtones sur les questions touchant les adolescents.
27.49
Chacun de ces projets a du mérite, mais, étant donné les questions
sur lesquelles ils portent, ils semblent plus directement reliés au mandat
d'autres ministères fédéraux ou de services sociaux provinciaux ou locaux.
Nous avons constaté que, dans le cas de certains de ces projets, d'autres
ministères ou des services provinciaux travaillaient directement avec
l'organisme bénéficiaire tandis que Patrimoine canadien fournissait la plus
grande partie ou la totalité des fonds. Nous n'avons trouvé dans les
dossiers aucune explication des raisons pour lesquelles, étant donné la
participation de ces autres organismes, le Programme du multiculturalisme
finançait le projet.
27.50
Nous comprenons que le Programme encourage le partenariat à
l'égard des questions liées au multiculturalisme. Néanmoins, à notre avis, le
Ministère doit s'assurer que les grands objectifs du programme sont étayés
par des buts et des priorités suffisamment clairs en matière de financement
de même que par l'utilisation de bonnes pratiques afin que la collaboration
dans le cadre des projets n'entraîne pas le dédoublement des efforts
déployés par d'autres organismes fédéraux ou provinciaux.
La
justification des décisions de financement suscite certaines
inquiétudes
27.51
L'exercice d'une diligence raisonnable exige du personnel du
programme qu'il évalue les demandes de financement en fonction des
critères d'admissibilité définis par le Conseil du Trésor et des lignes
directrices ministérielles (
voir la pièce 27.5
). Dans notre échantillon de
80 projets, nous avons relevé une gamme variée de pratiques. De
nombreux dossiers ne contenaient que des évaluations partielles tandis que
d'autres renfermaient des évaluations complètes et convaincantes.
Voir la
pièce 27.6
pour deux exemples précis.
27.52
Les lignes directrices du Ministère stipulent que chaque projet pour
lequel est envisagé un financement doit être clairement lié :
-
au mandat du Programme du multiculturalisme;
-
à au moins un des buts de la politique;
-
à au moins un des objectifs, ainsi qu'aux questions prioritaires.
27.53
Nous avons constaté que, pour justifier le financement, était parfois
évoqué uniquement le but de la politique et, qu'en d'autres moments,
n'étaient mentionnés que les objectifs ou le type d'activité; dans d'autres
cas, aucune allusion n'était faite à l'un quelconque de ces éléments du
cadre de gestion. De plus, aucune priorité n'a été établie pour 1997-1998 et
le Ministère n'a pas encore approuvé les priorités pour les exercices
1998-1999 à 2000-2001.
27.54
Dans le cas d'environ 30 p. 100 des dossiers que nous avons
vérifiés, nous n'avons pas pu obtenir la certitude que les représentants du
Ministère avaient exercé une diligence raisonnable dans l'évaluation du
projet, et cela parce qu'il n'existait que peu d'éléments pouvant prouver
qu'avait été effectuée une évaluation relativement complète soit du
bien-fondé des projets, soit des raisons pour lesquelles le Ministère avait
décidé de les financer, ou soit de l'un et l'autre point. Par exemple, nous
avons constaté que les dossiers de nombreux projets renfermaient peu
d'informations précisant :
-
la question particulière de développement social et local sur laquelle le projet était censé porter;
-
ce pourquoi le projet présenté constituait une façon raisonnable de traiter la question;
-
les raisons pour lesquelles l'aide financière offerte par le programme était nécessaire pour assurer la
réalisation du projet.
27.55
En outre, nous avons repéré de nombreux projets pour lesquels les
résultats visés n'étaient pas présentés en termes mesurables ou pour
lesquels était seulement présentée l'activité à réaliser, par exemple « tenir
un atelier » ou « élaborer une stratégie ». Souvent, il n'y avait pas de
description des objectifs que ces activités devaient permettre d'atteindre.
27.56
D'après les lignes directrices du programme, les types suivants
d'activités sont censés être exclus du financement :
-
les assemblées générales annuelles ordinaires d'une organisation ou d'une association ;
-
les projets entrepris avant que ne soit présentée une demande;
-
les activités à but lucratif visant la réalisation d'un bénéfice commercial;
-
la prestation de services de counselling personnel.
Nous avons cependant trouvé un ou plusieurs projets pouvant être cités comme exemples de chacune des activités
susmentionnées.
27.57
Bref, nous avons constaté que la direction n'a pas vu à se donner
la certitude que le processus d'évaluation était rigoureux et que les projets
financés contribuaient manifestement à la réalisation des objectifs du
Programme et au respect de ses modalités. Par ailleurs, la direction doit
assumer ses responsabilités sans exiger des requérants plus d'information
que nécessaire étant donné le montant relativement modeste de certaines
subventions.
Lente
transition vers le financement de projets précis
27.58
Comme nous l'avons déjà fait observer, Patrimoine canadien
entend éliminer les subventions de soutien aux organisations et ne s'en
tenir qu'au financement de projets précis. La transition est censée se faire
graduellement au cours de la période de trois ans qui se terminera le
31 mars 2000. Sachant fort bien que certaines organisations clientes
pourraient trouver difficile la transition vers une nouvelle forme de
financement, le Ministère se proposait de travailler avec chacune d'elles à
l'élaboration de plans de transition avant la fin de novembre 1997.
Cependant, il n'a pas respecté ce délai. Dans un tiers des cas, le plan de
transition n'a pas encore été élaboré.
27.59
D'après l'autorisation pour le nouveau programme, toutes les
subventions et contributions à des organisations autres que celles qui
reçoivent des subventions de soutien devaient respecter les nouvelles
modalités en vigueur le 1er avril 1997. Cependant, bien que les documents
à l'état d'ébauche aient été disponibles à l'avance, la documentation
nécessaire à l'évaluation des demandes dans le cadre du nouveau
programme n'a pas été distribuée à tout le personnel avant juin 1998. Notre
examen des dossiers a révélé que, même si le nouveau Programme a été
instauré, l'influence de l'ancien demeure évidente. Dans la pratique, les
agents évaluent souvent les projets de la même manière qu'auparavant.
Nous avons également observé que bon nombre des projets approuvés ont
tendance à refléter les buts de l'ancien programme plutôt que ceux du
nouveau.
La
surveillance du rendement pourrait être améliorée
27.60
Étant donné le grand nombre de projets et la modeste importance
des sommes octroyées, Patrimoine canadien a choisi d'utiliser les
subventions plus souvent que les contributions. Néanmoins, le Ministère
demande fréquemment aux bénéficiaires de subventions de lui fournir, sur
leur projet, de l'information financière ou de l'information sur le rendement
comme condition préalable aux versements périodiques ou au versement
final. Ces exigences incitent les bénéficiaires à décrire la façon dont les
fonds ont été utilisés et les résultats qui ont été obtenus. Cependant, nous
avons constaté que des versements avaient été faits à des bénéficiaires qui
n'avaient pas satisfait à ces conditions.
27.61
Dans les deux mois suivant le parachèvement du projet, un rapport
descriptif de celui-ci est censé être transmis au Ministère. Toutefois, dans un
tiers des dossiers que nous avons vérifiés, nous avons constaté que ce
rapport n'avait pas été fourni.
27.62
Puisque le programme sert souvent à financer les projets des
mêmes organisations d'année en année, ces rapports constituent un
important moyen pour les agents de programme de se tenir au courant du
rendement d'une organisation.
27.63
Le ministère du Patrimoine canadien devrait :
-
préciser davantage les objectifs du Programme du multiculturalisme en décrivant des buts clairs et
réalistes à atteindre et les résultats annuels escomptés;
-
s'assurer de l'exercice d'une diligence raisonnable dans l'examen et l'approbation des subventions et
des contributions dans le cadre du programme;
-
veiller à ce que les bénéficiaires fournissent l'information requise sur le rendement.
Réponse du Ministère :
La vérification porte sur la première année d'un Programme du multiculturalisme
renouvelé. Au fur et à mesure que nous mettons en oeuvre les nouvelles orientations, nous constatons que la
transition prend plus de temps que prévu. Les organismes bénévoles et les groupes communautaires,
traditionnellement financés par le Ministère pour traiter des questions sociales complexes, font face à des défis de
taille dans l'adaptation de leurs ressources, de leurs activités et de leurs priorités aux nouvelles orientations du
programme.
Le Ministère reconnaît l'importance de préciser davantage les objectifs du programme. À cet égard, il fournit :
une aide et des lignes directrices à tout le personnel du programme concernant l'interprétation des objectifs, des
buts et des priorités approuvés du programme pour 1998-2001; du matériel de référence détaillé; des ateliers de
formation. Afin d'assurer l'exercice d'une diligence raisonnable, le Ministère mettra de nouveau l'accent sur
l'application rigoureuse des critères d'évaluation établis pour l'examen et l'approbation des subventions et des
contributions, et il ciblera les secteurs à améliorer qui ont été relevés au cours de la vérification.
Et afin que les bénéficiaires fournissent l'information requise sur le rendement, conformément à votre
recommandation, nous surveillerons les résultats des subventions et des contributions approuvées afin d'analyser
et d'évaluer leurs incidences et leur efficacité.
EXÉCUTION INDIRECTE DES PROGRAMMES DE CONTRIBUTIONS : INDUSTRIE
CANADA
Obligation
de rendre compte de l'exécution indirecte des programmes
27.64
De plus en plus, les ministères fournissent des fonds à des
organisations oeuvrant à l'extérieur de l'administration fédérale qui décident,
à leur tour, de l'affectation de ces fonds et gèrent les accords de
financement. Ce type d'arrangement s'appelle l'exécution indirecte des
programmes. Cette façon de faire complique les relations entre le Ministère
et les bénéficiaires du programme et exige que l'on redouble d'attention en
ce qui a trait à l'application des principes de la reddition de comptes au
Parlement au sujet de l'utilisation des deniers publics.
27.65
Nous avons indiqué dans notre récente étude sur la modernisation
des normes comptables dans le secteur public que l'obligation de rendre
compte demeure la même, qu'un ministère exécute un programme
directement ou qu'il conclue une entente avec une organisation de
l'extérieur pour atteindre ses objectifs.
27.66
Les accords d'exécution indirecte exigent des mesures spéciales
de reddition de comptes puisque les gestionnaires du Ministère ne peuvent
plus exercer une supervision directe et apporter les corrections qui
s'imposent pour obtenir les résultats escomptés. Selon ce que prévoit notre
cadre de gestion du rendement pour les programmes de subventions et de
contributions, la direction doit quand même s'assurer que toutes les
exigences imposées sont respectées même si elle ne gère pas directement
les opérations. Il lui faut donc, à l'avance, définir avec soin les objectifs et
les critères de rendement. Une fois qu'un accord de financement a été
conclu, une évaluation continue est requise pour s'assurer que le
rendement est conforme aux attentes et que l'organisation externe exerce
une diligence raisonnable dans le choix et la gestion des projets.
Contributions
à CANARIE Inc. et à PRECARN Associates Inc.
27.67
Notre vérification de l'exécution indirecte des programmes
s'étendait aux responsabilités d'Industrie Canada aux termes des accords
de contribution conclus avec le Réseau canadien pour l'avancement de la
recherche, de l'industrie et de l'enseignement (CANARIE) et le Réseau de
recherche appliquée préconcurrentielle (PRECARN). Nous n'avons pas
vérifié les opérations des réseaux CANARIE et PRECARN, et aucune de
nos observations ne devrait être interprétée comme un commentaire sur le
rendement d'une organisation ou de l'autre.
27.68
Le Réseau canadien pour l'avancement de la recherche, de
l'industrie et de l'enseignement (CANARIE) est un consortium sans but
lucratif dirigé par l'industrie qui a été créé en 1993 avec l'aide du
gouvernement fédéral. Son but est d'accélérer le développement de
l'inforoute au Canada et de faciliter l'évolution de volets critiques de
l'infrastructure des communications pour accroître la compétitivité de
l'industrie technologique canadienne sur la scène mondiale et favoriser la
prospérité et la création d'emplois.
27.69
CANARIE est dirigé par un conseil d'administration bénévole et en
sont membres plus de 120 entreprises, universités, organismes de
recherche et organisations gouvernementales qui lui versent des
cotisations. CANARIE appuie les activités suivantes :
-
le fonctionnement et la modernisation de CA*net, le réseau de base de l'Internet du Canada dédié à la
recherche;
-
la création d'un réseau ultra rapide devant permettre aux entreprises et aux chercheurs canadiens de faire
l'essai de technologies de pointe en matière de réseautique;
-
des programmes d'aide à la mise au point et à la diffusion des technologies et d'aide à la mise au point de
produits et de services;
-
le programme de diffusion dont les activités visent à sensibiliser davantage le public aux avantages d'une
économie fondée sur l'information au Canada.
27.70
Les activités de CANARIE se dérouleront en trois phases. La
Phase 1 (1993-1995) a coûté environ 125 millions de dollars, somme à
laquelle le gouvernement fédéral a contribué pour 27 millions de dollars par
l'entremise d'Industrie Canada; la Phase 2 (1995-1999) coûtera plus de
400 millions de dollars, somme à laquelle Industrie Canada contribue pour
80 millions de dollars; la Phase 3 en est à l'étape de la planification pour le
moment. En 1998, CANARIE s'est également vu accorder, pour un réseau
optique national, une subvention ponctuelle de 55 millions de dollars qui
n'entrait pas dans le cadre de la présente vérification.
27.71
CANARIE n'est pas tenu de rembourser les contributions du
gouvernement fédéral. Il a été autorisé à conclure des accords de
recouvrement des coûts avec des entrepreneurs qui reçoivent son aide pour
des projets de mise au point d'applications technologiques et à utiliser par la
suite les remboursements pour réduire le montant de la contribution du
gouvernement fédéral aux activités de la Phase 3 prévue.
L'obligation
de rendre compte du rendement du programme pourrait
être renforcée
27.72
Nous avons examiné l'accord de contribution de la Phase 2 liant
Industrie Canada et CANARIE. L'accord oblige CANARIE à présenter un
plan d'entreprise et un plan d'exploitation. Lorsque nous avons examiné ces
documents, nous nous sommes aperçus que même s'ils renferment des
objectifs de rendement pour la Phase 2, ils ne présentent pas de prévisions
annuelles de rendement à partir desquelles le Ministère pourrait surveiller le
rendement des activités de CANARIE. Nous avons aussi remarqué que les
responsables de CANARIE n'étaient aucunement tenus de produire une
mise à jour annuelle de ces plans, ni aucun rapport annuel de rendement.
27.73
Par conséquent, nous en sommes venus à la conclusion
qu'Industrie Canada ne surveille pas de manière structurée les résultats
obtenus annuellement par CANARIE. Les dossiers ministériels contiennent
des rapports d'étape trimestriels pour les sous-projets, mais il n'y a pas de
rapports sur le rendement pour les principales activités ou pour l'ensemble
des activités de CANARIE. Les gestionnaires d'Industrie Canada nous ont
indiqué qu'ils disposent de certains mécanismes de surveillance pour se
tenir au courant des résultats du programme. Les représentants d'Industrie
Canada ont le statut d'observateurs auprès du conseil d'administration de
CANARIE, ainsi qu'auprès d'autres comités, et ils assistent régulièrement à
leurs réunions et à d'autres rencontres. À notre avis, ces mécanismes sont
un complément utile à des rapports réguliers sur le rendement, mais ils ne
devraient pas s'y substituer.
27.74
L'accord avec CANARIE prévoit des évaluations de programme à
la fin de chaque phase. L'évaluation de programme est un outil de mesure
du rendement utile et nécessaire, mais, à notre avis, elle ne peut remplacer
une surveillance annuelle du rendement.
27.75
Les résultats d'une récente évaluation viennent confirmer notre
observation voulant qu'une surveillance plus suivie du rendement de la part
d'Industrie Canada serait de mise. Les évaluateurs sont arrivés à la
conclusion que CANARIE avait atteint les objectifs fixés pour la Phase 2.
Néanmoins, ils signalaient un certain nombre de points pouvant restreindre
l'efficacité globale du travail produit par le réseau. L'établissement
d'objectifs de rendement et une surveillance régulière de ces derniers
pourraient aider Industrie Canada et CANARIE à s'attaquer à de tels
problèmes dès qu'ils se posent.
Certitude
plus grande requise quand il s'agit de savoir si les pratiques
de CANARIE répondent aux attentes établies
27.76
Nous avons constaté qu'Industrie Canada ne faisait pas assez pour
s'assurer que les pratiques utilisées par CANARIE pour le choix et la
gestion des projets satisfont aux exigences du Ministère. À notre demande,
Industrie Canada a obtenu de CANARIE des renseignements
supplémentaires décrivant les pratiques relatives à l'examen, à
l'approbation et à la sélection des sous-projets et à leur gestion. À notre
avis, Industrie Canada devrait examiner cette information en fonction de ses
attentes et obtenir la certitude que tout se fait dans les règles.
27.77
L'entente conclue avec CANARIE assure au Ministère un droit
d'accès aux documents et aux locaux de CANARIE, mais les représentants
d'Industrie Canada nous ont informés qu'ils n'avaient pas jusqu'à
maintenant jugé nécessaire d'exercer ce droit. Le Ministère aurait peut-être
avantage à inclure dans les prochaines ententes avec CANARIE une
disposition claire exigeant une vérification du rendement de programme.
Cela, pour Industrie Canada, pourrait s'avérer un outil important lorsqu'il
voudra obtenir la certitude que CANARIE fait preuve d'une diligence
raisonnable.
Industrie
Canada a obtenu une certitude satisfaisante que les fonds
sont utilisés aux fins prévues
27.78
Nous avons examiné un échantillon des dossiers de projet
d'Industrie Canada relatifs à CANARIE pour déterminer si, lorsque les
projets ont été approuvés, le Ministère disposait d'une certitude suffisante
que les fonds étaient utilisés aux fins prévues et qu'il y avait en place des
contrôles financiers adéquats.
27.79
Nous avons constaté qu'Industrie Canada reçoit des demandes de
paiement de CANARIE sur une base trimestrielle, accompagnées de la
documentation appropriée. En outre, Industrie Canada reçoit une copie de
toutes les ententes conclues par CANARIE, ainsi que les rapports finals des
projets qui indiquent, entre autres, si les objectifs techniques du projet ont
été atteints, mais qui ne décrivent cependant pas les résultats obtenus. Les
fonctionnaires du Ministère examinent ces rapports.
27.80
PRECARN est un organisme sans but lucratif, dirigé par l'industrie,
qui a été établi en 1987. Géré par un conseil d'administration bénévole,
PRECARN est un consortium national d'entreprises canadiennes qui
encourage et appuie la recherche préconcurrentielle à long terme dans les
domaines de la robotique évoluée et de l'intelligence artificielle. Depuis
1995, PRECARN a élargi son champ d'activité afin d'appuyer la
recherche-développement axée sur le marché et de promouvoir la
compréhension, l'utilisation et l'exploitation par l'industrie canadienne des
systèmes intelligents et de la robotique évoluée.
27.81
PRECARN est financé dans le cadre du Programme des
technologies stratégiques (PTS) d'Industrie Canada. L'objectif du
programme est d'accroître la compétitivité de l'industrie canadienne à
l'échelle internationale grâce au développement, à l'acquisition, à
l'application et à la diffusion de technologies stratégiques au Canada. Le
soutien dont PRECARN bénéficie diffère d'autres types d'alliances pour la
recherche et le développement financées dans le cadre du PTS. PRECARN
ne fait pas lui-même de recherches, mais il gère une série de projets dirigés
par l'industrie et confiés à des réseaux d'équipes de recherche à travers le
Canada.
27.82
PRECARN est financé au moyen de contributions non
remboursables du PTS depuis 1989. Dans le cadre de la Phase 1, le
Conseil du Trésor a approuvé le versement à PRECARN d'une aide
financière pouvant aller jusqu'à 16 millions de dollars sur une période de six
ans. La Phase 2 a été approuvée à la fin de 1994. À l'aide financière
susmentionnée venait s'ajouter une somme supplémentaire de 19,9 millions
de dollars (rajustée à 19,4 millions de dollars) pour la période de cinq ans
allant de 1995-1996 à 1999-2000.
27.83
Le programme de recherche de la Phase 2 comporte des
investissements totaux de plus de 50 millions de dollars de la part de tous
les partenaires pour la période allant de 1995 à l'an 2000. La contribution de
19,4 millions de dollars d'Industrie Canada représente environ 40 p. 100 du
financement total, le reste provenant de l'industrie, de PRECARN, du
gouvernement provincial et d'autres institutions fédérales. Notre vérification
a porté principalement sur la Phase 2.
L'obligation
de rendre compte du rendement pourrait être renforcée
27.84
Nous avons examiné les modalités de l'accord de contribution liant
Industrie Canada et PRECARN. Nous avons constaté qu'elles étaient
conformes aux objectifs et aux critères de financement du Programme des
technologies stratégiques. Certaines des modalités contenaient des
dispositions sur la surveillance à exercer et les rapports à présenter.
27.85
Cependant, nous avons constaté que même si l'accord prévoyait
une surveillance de la part d'Industrie Canada, dans la pratique, certaines
des dispositions n'étaient pas respectées.
27.86
Comme le veut l'accord, PRECARN présente un plan d'entreprise
annuel définissant clairement les attentes relatives au rendement. En sa
capacité d'observateur officiel au conseil d'administration de PRECARN,
Industrie Canada est en mesure de faire des commentaires sur l'élaboration
du plan. Cependant, nous n'avons relevé aucun indice prouvant qu'Industrie
Canada procède à un examen indépendant du plan pour s'assurer qu'il
répond aux attentes ministérielles. Industrie Canada n'approuve pas
officiellement le plan annuel de PRECARN, ce qu'exige cependant l'accord.
27.87
Nous avons en outre constaté que le Ministère ne surveille pas, de
manière indépendante, les résultats obtenus chaque année. Des
représentants d'Industrie Canada nous ont indiqué qu'ils disposent de
certains mécanismes de surveillance du rendement. Il s'agit notamment de
la participation de représentants du Ministère aux réunions du conseil
d'administration de PRECARN et aux réunions d'autres comités à titre
d'observateurs, de leur participation à des conférences et à des ateliers de
PRECARN et à d'autres réunions, ainsi que des évaluations périodiques de
programme à des intervalles de cinq ans à peu près. Nous reconnaissons la
valeur de ces mécanismes, mais nous maintenons qu'une surveillance
indépendante annuelle du rendement, comme le prévoit l'accord, est
essentielle à une reddition de comptes efficace.
Industrie
Canada pourrait obtenir un plus grand degré de certitude en
ce qui a trait à l'utilisation des fonds aux fins prévues
27.88
L'accord liant Industrie Canada et PRECARN stipule que les
demandes de paiement doivent être accompagnées de brefs rapports
d'étape trimestriels pour chaque projet approuvé et qu'elles doivent être
certifiées par un dirigeant de PRECARN. Notre examen des dossiers
d'Industrie Canada a révélé que des rapports trimestriels n'accompagnaient
pas les demandes de paiement dans plus des deux tiers des cas, mais que
les demandes étaient dûment certifiées par un dirigeant de PRECARN.
Nous nous demandons si Industrie Canada est en mesure de s'assurer
pleinement, avant d'agréer une demande de paiement, que les fonds sont
utilisés aux fins prévues. Le Ministère trouverait l'information sur les travaux
exécutés dans les rapports trimestriels, rapports qui cependant
n'accompagnent pas toujours les demandes de paiement. Les
représentants du Ministère nous ont déclaré que la certification des
demandes par un dirigeant de PRECARN fournit, à leur avis, une certitude
satisfaisante en ce qui a trait à l'utilisation des fonds aux fins prévues.
Toutefois, nous maintenons qu'une telle certification ne soustrait pas
Industrie Canada à l'obligation de faire respecter les conditions de l'accord.
Certitude
plus grande requise quand il s'agit de savoir si les pratiques
de PRECARN satisfont aux attentes établies
27.89
Dans le cas des programmes de subventions et de contributions,
l'exercice d'une diligence raisonnable exige que les demandes de
financement soient évaluées en fonction des modalités établies par le
Conseil du Trésor. Dans le cas de l'exécution indirecte des programmes, ce
que l'on retrouve, par exemple, avec PRECARN, nous nous attendrions à
ce qu'Industrie Canada obtienne la certitude que la procédure utilisée pour
le choix des projets à financer respecte ces modalités. Nous reconnaissons
que la participation d'Industrie Canada aux travaux du comité de gestion de
PRECARN et aux réunions de son conseil d'administration à titre
d'observateur fournit certes quelque certitude quant à savoir si les
processus de prise de décision de PRECARN permettent l'exercice d'une
diligence raisonnable. Toutefois, cette certitude serait accrue si Industrie
Canada s'acquittait de l'obligation qui lui revient d'examiner et d'approuver
le plan d'entreprise annuel qui renferme une description des processus
utilisés par PRECARN pour assurer l'exercice d'une diligence raisonnable.
27.90
En outre, l'accord conclu avec PRECARN confère au Ministère un
droit d'accès aux documents et aux locaux de PRECARN pour évaluer les
progrès et les résultats des travaux. Des représentants du Ministère nous
ont indiqué que la nécessité d'exercer ce droit ne s'était pas fait sentir
jusqu'à maintenant. À notre avis, une vérification périodique du rendement
de programme est un autre outil important qu'Industrie Canada pourrait
utiliser pour obtenir la certitude que PRECARN fait preuve d'une diligence
raisonnable.
27.91
Industrie Canada devrait :
-
obtenir la certitude que CANARIE et PRECARN font preuve d'une diligence raisonnable dans le choix
et la gestion des projets;
-
établir, pour ses contributions, des attentes annuelles de rendement claires;
-
évaluer le rendement annuellement.
Réponse du Ministère
: CANARIE et PRECARN représentent des approches innovatrices destinées à forger, de
façon efficiente et efficace, des liens au chapitre de la recherche et du développement entre les secteurs privé et
public. Dans son élaboration de techniques innovatrices en matière de gestion de programmes, Industrie Canada a
eu recours à divers mécanismes (ex. : participation au conseil d'administration, réunions avec la direction de
CANARIE et de PRECARN) et à divers indicateurs de rendement afin d'avoir la certitude que l'exercice d'une
diligence raisonnable assure l'atteinte des objectifs poursuivis. À mesure que les pratiques de gestion en matière
de « prestation à tierce partie » ont continué à se perfectionner au sein du gouvernement, nous avons assisté à
l'émergence de cadres de mesure du rendement qui sont particulièrement sophistiqués et qui mettent l'accent sur
les composants de base de la mesure du rendement (ex. : la portée, les résultats et les ressources). Dans ce
contexte, l'examen du vérificateur général s'est avéré utile et opportun, compte tenu du programme d'action du
ministère. Les commentaires du vérificateur général seront pris en considération, au fur et à mesure que les
techniques de mesure du rendement seront mises en oeuvre dans la gestion future de ces programmes et des autres
programmes similaires.
27.92
L'objet de notre vérification était de déterminer s'il était possible
d'améliorer la gestion de programmes particuliers d'Industrie Canada et de
Patrimoine canadien. Les programmes de subventions et de contributions
sur lesquels notre vérification a porté - le Programme d'adaptation aux
fermetures de bases de l'Ontario et le Programme du multiculturalisme,
respectivement - ont trait à des questions de développement économique
et social. Ces programmes sont de bons exemples de programmes qui
relèvent directement de ministères. Nous avons également vérifié des cas
d'exécution indirecte - les accords de contribution d'Industrie Canada
conclus avec CANARIE et PRECARN - puisque cette approche est de
plus en plus répandue.
27.93
Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il serait possible
d'améliorer la gestion de ces programmes et accords de contribution sur
plusieurs points importants.
-
Industrie Canada se doit de respecter les modalités approuvées par le Conseil du Trésor pour les subventions
et les contributions du ministère. Une bonne documentation est un élément nécessaire du dossier pour justifier la
décision de financer un projet.
-
Patrimoine canadien devrait préciser davantage les objectifs du Programme du multiculturalisme en
décrivant des buts clairs et réalistes à atteindre et des résultats annuels escomptés. Il lui faudrait aussi s'assurer de
l'exercice d'une diligence raisonnable dans l'examen et l'approbation des subventions et des contributions dans le
cadre du programme.
-
Dans le cas de l'exécution indirecte des programmes, il est important qu'Industrie Canada obtienne la
certitude que les organisations avec lesquelles il conclut des accords de contribution font preuve d'une diligence
raisonnable. Il lui faut également établir, pour ces accords, des attentes annuelles de rendement claires et évaluer
le rendement annuellement.
À
propos de la vérification
Objectif
Notre vérification avait pour objet de déterminer s'il y avait de bonnes chances d'améliorer la gestion de
programmes particuliers d'Industrie Canada et du ministère du Patrimoine canadien. Nous ne formulons
pas d'opinion sur tous les aspects de la gestion de ces programmes.
Critères
Nous avons examiné si la direction s'assurait que :
-
les projets représentaient une optimisation des ressources tant pour les requérants que pour le programme;
-
les fonds étaient utilisés aux fins convenues.
Nous avons centré notre attention sur ces deux critères en particulier, mais nous avons aussi, le cas
échéant, examiné d'autres aspects à l'aide de notre cadre de gestion du rendement pour les programmes
de subventions et de contributions.
Étendue
Nous avons examiné les programmes de subventions et de contributions exécutés directement par
Industrie Canada et Patrimoine canadien. Nous avons aussi examiné des accords d'exécution indirecte à
Industrie Canada. L'exécution directe a rapport aux subventions et aux contributions gérées
exclusivement par un ministère. L'exécution indirecte a rapport aux accords en vertu desquels un
ministère fournit des fonds à une organisation de l'extérieur qui, à son tour, les verse aux destinataires
désignés.
Exécution directe
-
Industrie Canada : programme d'adaptation aux fermetures de bases de l'Ontario
-
Patrimoine canadien : subventions et contributions versées dans le cadre du Programme du multiculturalisme
Exécution indirecte
-
Industrie Canada : contributions au Réseau canadien pour l'avancement de la recherche, de l'industrie et de l'enseignement (CANARIE) et au Réseau de recherche appliquée préconcurrentielle (PRECARN)
Équipe de vérification
Vérificateur général adjoint : Richard Flageole
Directeur principal : Peter Simeoni
Louise Bertrand
Bryan DePape
Geneviève Hivon
Julie Pelletier
Marilyn Taylor
Pour obtenir de l'information, veuillez communiquer avec M. Peter Simeoni.