Le ministère des Transports

Les aéroports

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Introduction

30.7 Le Groupe Aéroports, division du ministère des Transports, a pour objectif «d'assurer l'accessibilité à un réseau national d'aéroports civils fiables, sûrs et efficaces». Le Groupe a classé les aéroports en trois catégories : les principaux aéroports fédéraux (PAF), les aéroports financés par l'État (AFE) et les aéroports de développement. Le Groupe Aéroports exploite les huit PAF situés à Halifax, à Montréal (Mirabel et Dorval), à Toronto (Pearson), à Ottawa, à Winnipeg, à Calgary, à Edmonton et à Vancouver. L'objectif en ce qui concerne les PAF est de veiller à l'accessibilité d'un réseau d'aéroports civils financièrement autonomes.

30.8 Les aéroports financés par l'État sont exploités soit par le Groupe Aéroports, soit par d'autres. Dans la première catégorie, on compte 97 aéroports dans tout le Canada, dont ceux de St. John's, de Gander et de Victoria. Nombre de ces aéroports desservent les régions moins peuplées et plus isolées du pays. Le ministère des Transports offre aussi une aide financière aux aéroports régionaux et locaux exploités par d'autres ordres de gouvernement. Les aéroports de développement comprennent de petits aéroports au Labrador, dans le Nord du Québec, au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest.

30.9 La situation du ministère des Transports est unique; responsable de la bonne marche des aéroports, celui-ci est appelé à oeuvrer dans un milieu hautement commercial, qui évolue rapidement, tout en étant assujetti à la bureaucratie. En 1988-1989, le ministère a géré des revenus de l'ordre de 400 millions de dollars provenant de ses activités commerciales : droits d'atterrissage, frais de location dans les aérogares, concessions et autres. En raison de l'importance de ces activités commerciales, l'organisme doit montrer une certaine souplesse en matière de processus décisionnel pour répondre à la demande de même que faire preuve de compétences financières éprouvées.

Étendue de la vérification

30.10 En 1985, nous avons présenté un rapport sur les aéroports dans le cadre de la vérification de l'Administration canadienne des transports aériens (ACTA). Depuis lors, l'ACTA a été restructurée en deux entités distinctes, le Groupe Aéroports et le Groupe Aviation. Au nombre des activités du Groupe Aviation, citons le contrôle de la circulation aérienne, la navigation aérienne, la réglementation aérienne, la sécurité aérienne et les services des aéronefs. Une vérification du Groupe Aviation est envisagée pour plus tard. Pour la vérification du Groupe Aéroports, nous avons surtout cherché à déterminer si le ministère des Transports possédait les moyens de gestion, de financement et de planification lui permettant de réagir de manière efficace dans le contexte hautement concurrentiel des aéroports commerciaux d'aujourd'hui par suite de la déréglementation. L'étendue de notre vérification ainsi que les secteurs que nous avons laissés de côté sont illustrés à la pièce 30.1.

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Observations et recommandations

Pistes urbaines - Vieux problème, avenir incertain

30.11 De nombreux facteurs influent sur la capacité d'accueil des aéroports, notamment les conditions météorologiques, la capacité de contrôle de la circulation aérienne et la capacité côté piste. Depuis plus de 20 ans, les spécialistes de la planification des aéroports, divers ordres de gouvernement, les collectivités et leurs représentants élus s'efforcent de concilier les impératifs du progrès économique, les droits des collectivités touchées par l'augmentation du bruit et les répercussions écologiques de la construction de nouvelles pistes sur certaines terres. La pièce 30.2 illustre ces problèmes et fait état d'autres sources de préoccupation de la population. Les deux études de cas qui suivent, portant sur les plus grands aéroports canadiens, soulignent les difficultés à concilier ces exigences.

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Absence d'une stratégie de gestion précise et d'un plan pour financer les besoins en capital présents et futurs

Manque d'orientation sur la façon de répondre à la demande créée par la déréglementation économique
30.12 Lorsque le ministère a introduit la déréglementation au Canada, les États-Unis avaient déjà 10 ans d'expérience dans ce domaine; il aurait été possible d'en faire l'analyse pour en dégager les principales tendances. Le volume de la circulation aérienne avait augmenté aux États-Unis étant donné la hausse du nombre de vols d'aéronefs plus petits. Les compagnies aériennes avaient adopté le système de réseau en étoile. Les principaux aéroports qui servent de plaques tournantes avaient éprouvé des difficultés de capacité côté piste, ce qui s'était traduit par des retards des vols de transporteurs aériens réguliers.

30.13 Le même scénario s'est reproduit au Canada à la suite de l'annonce par le ministre des Transports du plan de déréglementation de cinq ans, soit de 1983 à 1988. Le trafic aérien a augmenté et les compagnies aériennes ont continué d'adopter le système de réseau en étoile. Les activités gravitaient autour de l'aéroport Pearson et de l'aéroport de Vancouver, deux plaques tournantes. En 1987, 46 p. 100 de tous les embarquements et débarquements de passagers avaient lieu dans ces deux aéroports (32 p. 100 à l'aéroport Pearson). L'aéroport international de Halifax (aéroport de Halifax) et l'aéroport de Québec sont également devenus des plaques tournantes. En outre, d'importants retards ont été signalés à certains aéroports clés, retards dus en partie à l'augmentation du volume du trafic aérien ainsi que du nombre de vols d'aéronefs navette. Ces éléments nouveaux se sont traduits par la nécessité d'augmenter la capacité d'accueil des pistes et des aérogares, et de disposer d'installations d'accueil des passagers d'aéronefs navette, des appareils plus petits.

30.14 Il y a donc eu accroissement des besoins en capital aux grands aéroports servant de plaques tournantes. Le ministère a déclaré qu'il avait à faire face à une diminution des fonds et du nombre d'années-personnes disponibles par suite des mesures gouvernementales de rationalisation et de réduction du déficit et qu'il avait également à financer d'autres modes de transport relevant de ses compétences. Le ministère a affirmé qu'il avait décidé de faire preuve de «souplesse», c'est-à-dire de ne pas faire construire d'installations aéroportuaires avant que le besoin en soit démontré et de chercher d'autres sources de financement. Toutefois, le ministère a omis de donner aux gestionnaires des aéroports les stratégies, les lignes de conduite et les outils financiers leur permettant d'observer ce principe.

30.15 La déréglementation a profondément modifié les règles d'exploitation des compagnies aériennes, mais nous n'avons trouvé aucune politique montrant comment, en période d'austérité, le ministère entendait surmonter les difficultés associées à la déréglementation. Par exemple, nous avons constaté que le ministère avait omis de :

30.16 À notre avis, d'autres questions de longue date ont nui à la capacité d'action du ministère. Pour être plus précis, le rôle du ministère au chapitre de l'exploitation et du financement des aéroports ne repose pas sur des fondements clairs et celui-ci n'a pas défini de plan de financement des immobilisations. Aussi, nous avons constaté différentes façons d'aborder le problème de la capacité des aérogares pour les aéronefs navette à deux aéroports servant de plaques tournantes, diverses approches pour le financement des aérogares à l'aéroport Pearson ainsi qu'un schéma de dépendance financière continue aux aéroports financés par l'État.

Absence de fondements clairs au sujet du rôle du ministère dans l'exploitation et le financement des aéroports
30.17 En vertu de la Loi sur l'aéronautique , le ministre des Transports exerce de vastes pouvoirs en ce qui concerne les aéroports et peut «veiller à la construction, à l'entretien et à l'exploitation des aérogares ainsi que fournir d'autres services et installations relevant de l'aéronautique». Toutefois, aucune disposition de cette loi n'oblige le ministre à construire un aéroport tout comme aucun article de la loi ne stipule qu'il doit continuer à posséder, à exploiter, à entretenir ou à financer des aéroports.

30.18 Le ministère s'efforce de définir les fondements de son rôle dans les aéroports depuis au moins 10 ans. Ainsi, une étude menée en 1981 a permis de conclure que le rôle du gouvernement fédéral était moins bien défini qu'auparavant et qu'en pratique, celui-ci s'éloignait de la politique apparente. La participation du ministère au chapitre des installations aéroportuaires a manqué à bien des égards d'une structure et d'une logique identifiables en raison du manque de clarté de son rôle. Le ministère étant aujourd'hui en grande partie responsable des mêmes aéroports, cette conclusion est toujours pertinente.

30.19 Aussi, les activités actuelles du ministère en ce qui concerne les aéroports sont difficiles à cerner. Le ministère est propriétaire de 135 des 466 aéroports terrestres licenciés et certifiés. De ce nombre, il en possède et exploite à la fois 76 et a conclu un marché de sous-traitance pour l'exploitation de 14 d'entre eux. Il loue 21 aéroports à des tiers qui reçoivent des subventions d'exploitation de même que 21 installations aéroportuaires dont l'exploitation n'est pas subventionnée. Enfin, il possède trois aéroports exploités par les administrations territoriales en vertu d'une entente spéciale. Le ministère subventionne aussi 53 aéroports terrestres qui ne lui appartiennent pas et exploite 10 aéroports dont il n'est pas propriétaire. Le ministère des Transports exploite la plupart des grands aéroports, mais l'exploitation de plusieurs aéroports régionaux relève des municipalités. Le ministère n'a pu nous fournir les critères auxquels doivent se conformer les aéroports pour obtenir des subventions à des fins d'immobilisations et d'exploitation.

30.20 Le ministère devrait réexaminer son rôle en matière de services aéroportuaires au Canada, définir les conditions d'octroi de fonds fédéraux aux aéroports et établir un plan cohérent touchant les biens de l'État et son apport financier aux aéroports existants.

Commentaire du ministère : Le ministère est d'accord avec la recommandation. Il se penche actuellement sur les paramètres d'une étude qui portera sur les aspects soulignés.

Activités d'immobilisations, mais absence d'un plan pour combler un manque à gagner de 1,4 milliard de dollars
30.21 Afin de veiller à la planification des aéroports, le ministère doit avoir pour objectif de répondre à la demande présente et future en matière d'installations, de niveaux de service et de capacité d'accueil et de s'assurer de disposer à cette fin des fonds nécessaires. Lorsque le processus de planification financière et de planification des immobilisations est au point, on dispose des installations nécessaires pour satisfaire la demande actuelle et à venir. Le succès repose sur la capacité de prévoir la demande longtemps d'avance, étant donné le temps requis pour mener à bien les grands projets de construction, de même que sur un plan de financement pour déterminer qui va payer les installations.

30.22 Bien que certains aspects du processus de planification en matière d'immobilisations soient au point, notamment les plans institutionnels régionaux, le ministère n'a pu nous fournir ni plan détaillé ni optique portant sur le financement des activités courantes d'entretien, des réparations et des besoins croissants en capital pour l'agrandissement de l'infrastructure de ses aéroports, dont la valeur totale s'élèverait à 10 milliards de dollars, soit 4,5 milliards se rapportant aux PAF et 5,5 milliards aux AFE. En bref, le ministère ne possède pas les outils financiers nécessaires pour oeuvrer efficacement selon les règles dans le contexte hautement concurrentiel des milieux d'affaires d'aujourd'hui par suite de la déréglementation, ni pour réaliser son objectif d'approche commerciale en matière de gestion.

30.23 La nécessité de disposer de tels outils et les conséquences si tel n'est pas le cas sont illustrées de la façon suivante :

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30.24 Le ministère devrait établir un plan institutionnel pour satisfaire les besoins en capital et les besoins d'exploitation des années 90. Plus précisément, le ministère devrait prévoir une optique de financement ainsi qu'un plan de financement pour répondre aux éventuels besoins en capital des aéroports.

Commentaire du ministère : Le Groupe Aéroports a établi un plan institutionnel qui décrit les besoins en capital et les besoins d'exploitation. Le ministère a élaboré un plan d'investissement en vue de répondre aux besoins globaux du Groupe Aéroports pour les cinq prochaines années. Dans le cadre de ce plan, les projets particuliers du Groupe Aéroports, tout comme ceux des autres groupes, sont réalisés selon un ordre de priorités établi à la suite d'une évaluation en regard de critères précis. Il convient de noter que l'insuffisance de fonds constatée par le vérificateur général est fondée sur une estimation des besoins en capital effectuée par le ministère. Le ministère convient que le Plan d'investissement devrait tenir compte des sources de financement disponibles.

Capacité aux aérogares navette - les mesures prises à deux aéroports servant de plaques tournantes sont dictées par les conditions locales plutôt que par un cadre stratégique
30.25 En raison de la déréglementation, les compagnies aériennes au Canada ont modifié substantiellement leur flotte. Afin de desservir des centres plus petits, les principaux transporteurs aériens sont passés des avions à réaction aux aéronefs à turbopropulseur plus petits. Pour transporter le même nombre de passagers, il fallait un plus grand nombre de vols avec des aéronefs plus petits. Les aéroports servant de plaques tournantes ont donc vu augmenter le trafic d'aéronefs navette (de moins de 35 tonnes). Ainsi, à l'aéroport Pearson, il y a eu 70 000 mouvements d'aéronefs navette en 1988, comparativement à 30 000 en 1985; à l'aéroport de Vancouver, le trafic d'aéronefs navette est passé de 51 000 mouvements en 1985 à 102 000 en 1988 et à l'aéroport de Halifax, ce même trafic est passé de 770 mouvements en 1985 à 30 800 mouvements en 1988.

30.26 Les cas suivants montrent comment deux aéroports servant de plaques tournantes ont fait face à l'augmentation du trafic d'aéronefs navette. Leur réaction relevait beaucoup plus des conditions locales et des contraintes financières que d'un cadre stratégique.

30.27 À notre avis, le ministère ne disposait pas du cadre stratégique requis pour assurer les services aéroportuaires en réponse à la demande et pour l'aider à faire les choix difficiles qu'impose l'augmentation de la demande de services en période d'austérité. Nous avons observé des tendances semblables à l'aéroport Pearson que nous considérons maintenant comme un exemple illustrant la réponse du ministère à la demande créée par la déréglementation.

L'aéroport Pearson - trois aérogares, trois rôles différents et trois optiques de financement différentes
30.28 Au printemps 1991, l'aéroport Pearson comptera trois aérogares, construites à des époques différentes à partir de concepts différents, pour accueillir les passagers (voir la pièce 30.6). Chaque immeuble est exploité selon un mode qui lui est propre. La situation actuelle dans les trois aérogares soulève des questions importantes en matière de stratégie et de planification, questions que le ministère n'a pas encore réglées. De plus, la situation actuelle démontre le rôle que joue actuellement le gouvernement fédéral dans les aéroports canadiens.

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30.29 Dans le plan directeur de 1982 de l'aéroport Pearson, on peut lire que l'aéroport continuera d'être un élément majeur du réseau national, une plaque tournante importante pour le transport aérien intérieur, transfrontalier et international ainsi que le principal terminus pour les gros transporteurs aériens qui desservent la région de Toronto. Cependant, dans le plan institutionnel de 1988 de l'aéroport Pearson, on constate que cet énoncé de rôle proposait une orientation ne permettant pas de répondre à la demande créée par le trafic et qu'il était essentiel de redéfinir ce rôle en tenant compte du contexte actuel au moment d'élaborer les stratégies de l'aéroport.

30.30 Les cas suivants illustrent à quel point l'on a réagi aux circonstances spécifiques plutôt qu'en fonction d'un cadre stratégique.

Le ministère a demandé au secteur privé de soumettre des propositions en vue de la construction d'une nouvelle aérogare à l'aéroport Pearson. Un contrat a été adjugé à la Airport Development Corporation, consortium d'intérêts privés.
Bien qu'un marché initial ait été conclu, il faut continuer de surveiller le déroulement du projet pour s'assurer que les intérêts de l'État sont protégés. Le ministère déclare qu'il a dû se familiariser avec le financement des aérogares par le capital privé. Une analyse a posteriori du projet devrait porter sur les domaines susceptibles de comporter des risques, soit :
30.31 Nous avons conclu que le ministère ne disposait ni d'un énoncé de politique ni d'une optique de financement fondés sur une analyse des conséquences du recours accru au capital privé sur le contrôle des aéroports par le ministère. Nous nous interrogeons surtout sur l'absence de cadre stratégique à l'appui des solutions retenues.

30.32 Le ministère devrait définir clairement le rôle stratégique qu'il se propose de jouer auprès des principaux aéroports fédéraux et mettre au point un cadre stratégique portant sur le financement par le capital privé et fondé sur une analyse détaillée des répercussions touchant les aspects financiers et le contrôle.

Commentaire du ministère : Le ministère s'engage à faire part de son rôle futur, tel qu'il le conçoit, auprès des aéroports. Il a élaboré un modèle de décision quant au financement par le capital privé et à partir duquel sera établi un cadre stratégique.

Les aéroports financés par l'État - aucun plan financier pour remédier à leur situation de dépendance
30.33 L'objectif du ministère en ce qui a trait aux AFE est de fournir un réseau accessible d'aéroports civils pourvu que la demande permette de recouvrer un pourcentage prédéterminé des coûts annuels d'exploitation. Malgré cet objectif énoncé par le ministère, nous avons constaté qu'aucun objectif national annuel de recouvrement n'avait été fixé, bien que des objectifs de rendement financier aient été prévus pour quelques aéroports et régions, notamment pour la région du Pacifique. Le ministère n'a pu nous fournir une évaluation à jour permettant de voir si la demande permettait d'atteindre cet objectif. Notre analyse indique une différence considérable entre les coûts d'exploitation par passager d'un aéroport à l'autre; le montant recouvré varie entre trois p. 100 et 59 p. 100 des dépenses de fonctionnement (d'après l'ensemble des coûts estimatifs). Selon le ministère, ces écarts s'expliquent en partie par la maturité financière plus ou moins grande des aéroports ainsi que par certains objectifs sociaux poursuivis.

30.34 Les AFE continuent de dépendre des deniers publics et de la taxe sur le transport aérien (TTA). Le ministère n'a pas été en mesure de nous fournir un état des résultats fondé sur les coûts des AFE; cependant, selon notre estimation, en utilisant la méthode de la comptabilité de caisse comme point de départ, le déficit global pour 1988-1989 était de 427 millions de dollars (voir la pièce 30.7). Pour le calcul du déficit global, nous avons utilisé la méthode du coût complet, y compris le coût estimatif des activités de contrôle aux aérogares. La méthode de détermination des coûts était identique à la fois pour les PAF et les AFE afin d'en permettre la comparaison. Pour le calcul, nous n'avons pas supposé d'affectation supplémentaire au titre de la TTA.

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30.35 Selon nos estimations, 88 p. 100 des coûts des AFE pour 1988-1989 ont été financés par la TTA et les crédits gouvernementaux. Une analyse des renseignements dont dispose le ministère sur les besoins futurs en capital pour le maintien et le rétablissement de l'actif actuel des AFE, dont la valeur de remplacement est de 5,5 milliards de dollars, a révélé qu'il faudrait environ 200 millions de plus en subventions pour combler ces besoins au cours des cinq prochaines années et ce, même après l'affectation proposée de plus de un milliard provenant de la TTA. Ces prévisions s'appuient sur le barème actuel des taux et des coûts.

30.36 Le ministère devrait élaborer une stratégie claire définissant son rôle dans les aéroports financés par l'État ainsi qu'un plan financier comprenant des objectifs nationaux annuels de recouvrement des coûts.

Commentaire du ministère : Le ministère a l'intention de définir les conditions générales en vertu desquelles des fonds fédéraux seront octroyés aux AFE. Il élaborera un plan financier dans le cadre du processus de planification institutionnelle.

Les aéroports ne sont pas prêts à s'inscrire dans le contexte commercial d'aujourd'hui par suite de la déréglementation

Manque de moyens et de souplesse pour être financièrement autonomes
30.37 Le ministère participe depuis longtemps aux activités commerciales des aéroports. Aussi, il faudrait :

30.38 Après des années d'efforts, le ministère ne dispose toujours pas de bon nombre de ces éléments essentiels à l'autonomie financière.

30.39 Manque de souplesse du procédé d'établissement des taxes et redevances. Six textes de loi contiennent des dispositions sur le pouvoir législatif et réglementaire du ministre des Transports en matière de droits d'utilisation dans les aéroports, soit la Loi sur l'aéronautique , la Loi sur le ministère des Transports , la Loi relative à la circulation sur les terrains du gouvernement , la Loi sur les concessions de terres publiques , la Loi sur la gestion des finances publiques et la Loi sur les transports nationaux . La pièce 30.8 donne des précisions sur les règlements qui en découlent et les revenus touchés en 1988-1989.

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30.40 Le ministère dispose d'un ensemble de règlements distincts et non d'une politique globale d'établissement des prix qui donnerait à la direction des aéroports la souplesse nécessaire pour réagir en temps opportun aux conditions du marché. Certains frais, dont les droits imposés aux concessionnaires dans les aéroports, sont fixés en fonction des taux du marché tandis que d'autres, dont les loyers pour les transporteurs aériens aux aérogares, sont fonction des coûts.

30.41 Nous avons constaté de nombreux cas qui illustraient le peu de souplesse du procédé d'établissement des taxes et redevances pour le parc de stationnement, le transport au sol et l'aménagement des biens-fonds. Dans plusieurs cas, le ministère fait face à des contraintes bureaucratiques qui gênent la bonne marche des affaires. Ainsi, les gestionnaires des aéroports ne sont pas habilités à modifier les redevances de stationnement. Le processus réglementaire pour les redevances de stationnement est à la fois compliqué et long. Il faut compter au moins six mois avant que le ministère ne puisse mettre en application les modifications apportées à un règlement, notamment l'augmentation des frais de stationnement aux aéroports.

30.42 Les gestionnaires des aéroports dans tout le pays soulignent que la réglementation actuelle sur la location du bien-fonds retarde et décourage l'aménagement commercial du bien-fonds, ce qui entraîne des pertes considérables pour les aéroports. Deux facteurs s'opposent à un tel aménagement. En premier lieu, les lignes directrices du Conseil du Trésor précisent que la location de biens-fonds aéroportuaires à des fins commerciales autres que l'aviation doit faire l'objet de soumissions, mais les entrepreneurs hésitent à renoncer à leur avantage concurrentiel en révélant leur intention. En second lieu, des décrets du Conseil sont nécessaires pour les baux qui :

30.43 Le processus d'approbation est trop lent et introduit un élément d'incertitude qui a pour effet de dissuader le secteur privé à investir.

30.44 Ainsi, il faudra compter au moins six mois pour qu'une proposition portant sur l'aménagement d'un poste d'essence à Edmonton remonte la filière hiérarchique. Nous avons été informés qu'à la plupart des aéroports, il faudrait jusqu'à deux ans pour obtenir un décret du Conseil en vue de la construction d'un hôtel. Cette situation entraîne des pertes de revenus en raison des occasions d'affaires ratées et des retards avant de pouvoir tirer des revenus de la location du bien-fonds.

30.45 Nous avons reconnu ces contraintes institutionnelles, mais dans le cas suivant, le problème résidait davantage dans l'inertie du ministère. Ce cas témoigne d'un manque de souplesse dans les droits d'atterrissage.

La structure tarifaire prévoit actuellement un taux plus élevé par tonne pour les gros avions à réaction que pour les aéronefs navette, des appareils plus légers. Ainsi, l'incidence sur les revenus découlant de l'utilisation de gros avions à réaction au lieu d'avions à turbopropulseur pour transporter un nombre équivalent de passagers est illustrée ci-dessous. Le tableau montre le nombre d'atterrissages nécessaires pour débarquer 1 000 passagers selon le type d'aéronef utilisé et les droits d'atterrissage perçus dans chaque cas.
Type d'aeronef

Nombre d'atterrissages nécessaires

Droits d'atterrissage

DASH-8 (turbo-propulseur)

28

740 $

DC-9 (turboréacteur)

9

1 290 $

B-727 (turboréacteur)

7

1 830 $


30.46 Absence d'une politique de prix. À notre avis, avant d'appliquer une politique de prix, il serait important que le ministère définisse ce qu'il entend par la mise en oeuvre d'une approche commerciale. Le ministère a-t-il l'intention de tenir compte des conditions du marché pour établir ses prix? Quels sont ses objectifs de recouvrement des coûts? Nous nous attendions à trouver une politique de prix qui convienne au climat commercial qui prévaut actuellement dans les aéroports, conformément aux objectifs du ministère en matière de recouvrement des coûts, ainsi que des plans précis de mise en oeuvre de la politique. Tel n'a pas été le cas.

30.47 Nous avons constaté que le ministère mettait l'accent sur le recouvrement des coûts depuis 1967, année de l'adoption de la Loi nationale sur les transports . Selon le texte de cette loi, le système de transport a de fortes chances d'être économique, efficient et adéquat lorsque chaque mode de transport assume, dans la mesure du possible, une juste part des coûts réels. La Politique de 1978 sur le recouvrement des coûts actuellement adoptée par le ministère est propre à un milieu réglementé. Cette politique repose sur un ensemble de règlements distincts auxquels s'ajoutent les politiques actuelles de droits perçus, en fonction des coûts, auprès des transporteurs aériens et de droits uniformes, dans l'ensemble du pays, à titre de frais d'atterrissage et d'utilisation des aérogares. Or, dans le cadre stratégique actuel, il n'y a pas de définition d'autonomie financière, ce qui représente une grave lacune. Faut-il recouvrer suffisamment de fonds pour répondre aux besoins en capital à des fins de remplacement et d'agrandissement aux PAF? À ce sujet, le ministère fait face à un grand dilemme. La valeur comptable nette de l'infrastructure des PAF est de un milliard de dollars, tandis que la valeur de remplacement de ces biens est évaluée à 4,5 milliards.

30.48 Lors de notre vérification de l'ACTA en 1985, le ministère avait jugé nécessaire de revoir la Politique de 1978 sur le recouvrement des coûts. À la suite des modifications apportées en 1987 à la Loi nationale sur les transports , le ministère a entrepris de réviser cette politique et s'était donné jusqu'à juin 1988 pour mettre au point la nouvelle politique. En mai 1987, une ébauche de document de travail a été préparée aux fins de consultation et de commentaires. Une version révisée, s'appuyant sur les principes fondamentaux énoncés dans le document de mai 1987, était prête au début de 1990. Le ministère a diffusé cette dernière version pour recueillir d'autres commentaires avant de demander au gouvernement de prendre une décision. En somme, 23 ans plus tard, le ministère n'a pas encore de politique approuvée précisant tous les frais que doivent assumer les utilisateurs et il n'a pas conclu d'accord avec ces derniers sur le paiement de ces frais.

30.49 Le ministère avoue avoir perdu des occasions de revenus parce qu'il n'a pas mis à jour sa politique de prix. Ainsi, nous avons remarqué que seulement 14 AFE perçoivent la taxe générale d'aérogare. Cette taxe est en vigueur depuis au moins 20 ans. Selon les chiffres du ministère, celui-ci aurait bénéficié de revenus annuels supplémentaires de six millions de dollars si la pleine taxe générale d'aérogare avait été perçue auprès de tous les AFE. Nous avons constaté que l'aéroport de Kelowna, qui n'est pas exploité par le ministère, a commencé à imposer la taxe générale d'aérogare en janvier 1988 en vertu d'un règlement municipal. La subvention que verse le ministère pour financer les frais d'exploitation de l'aéroport de Kelowna est passée de 762 500 $ en 1986-1987 à 11 900 $ en 1989-1990. Le ministère a indiqué qu'il prévoit introduire graduellement la taxe générale d'aérogare à 17 autres AFE, à 25 p. 100 du plein taux.

30.50 Nous avons également trouvé d'autres exemples de difficultés d'application des principes commerciaux à l'intérieur du cadre réglementaire actuel, notamment les droits de concession pour la vente de carburant, une source importante de revenus pour les PAF.

30.51 Absence d'outils financiers et de capacité de gestion financière. Le Fonds renouvelable des aéroports (le Fonds) est une entité créée en partie à des fins comptables. Les livres comptables des aéroports sont tenus selon les méthodes de comptabilité publique et, une fois l'an, ils sont convertis selon les principes de comptabilité commerciale pour préparer les états financiers consolidés. Au ministère des Transports, personne n'a la responsabilité globale du Fonds. Il faut une saine gestion financière pour faire face à ces problèmes de comptabilité et consolider les divers éléments du Fonds. Cela est essentiel à la préparation d'information financière pertinente permettant de bien évaluer la situation en matière de recouvrement des coûts et servant de base aux négociations en cours en vue de la cession d'aéroports aux administrations aéroportuaires locales.

30.52 À notre avis, la qualité d'un élément essentiel - la gestion financière - laisse à désirer. Il ne s'agit pas d'un problème récent. Nous signalons au ministère de graves lacunes dans les pratiques de comptabilité générale depuis plus de cinq ans. Nous avons exposé des aspects du problème des systèmes financiers au chapitre de l'Étude de la gestion et du contrôle financiers dans le Rapport de 1987. Le ministère s'est montré peu empressé à remédier aux lacunes suivantes en matière de gestion financière :

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30.53 Le ministère a préparé un état sommaire des coûts des PAF dans lequel les données sont consolidées et classées par catégories. De plus, on y compare les coûts et les revenus pour les terrains d'aviation, les terminaux et les zones industrielles. Cette étude spéciale, portant sur l'exercice 1987-1988 et qui sera mise à jour pour 1988-1989, visait à fournir des données en vue des négociations sur la cession possible d'aéroports aux administrations aéroportuaires locales. Elle devait aussi servir à une consultation menée auprès de la population sur la nouvelle politique de recouvrement des coûts ainsi qu'à la direction des aéroports.

30.54 Le ministère affirme qu'il est à entamer des négociations sur la cession des aéroports avec les administrations aéroportuaires locales. Il s'agit d'un processus complexe et une première pour le ministère. Bien que le Cabinet ait approuvé des lignes directrices à ce sujet, plusieurs autres possibilités peuvent être étudiées, par exemple, la vente plutôt que la location ou encore la location-exploitation par opposition à la location-acquisition. Toute analyse des options devrait passer par une évaluation de l'actif du ministère dans les aéroports. La méthode utilisée et la qualité de l'évaluation sont de la plus haute importance en prévision des négociations entre le ministère et les administrations aéroportuaires locales. Nous aimerions souligner que ces négociations doivent être menées à la lumière de données pertinentes et exactes.

30.55 Le manque de renseignements à jour sur les coûts est d'autant plus significatif que le ministère s'est donné pour objectif d'adopter une approche commerciale en matière de gestion. Nous avons préparé la pièce 30.7 pour montrer le genre d'information à fournir sur les coûts.

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30.56 Afin de réaliser son objectif de mettre en application une approche commerciale en matière de gestion, le ministère devrait :

Commentaire du ministère : Le ministère est d'accord avec ces recommandations. Le projet d'intégration du système financier ministériel, qui est en voie d'élaboration, et la politique sur le recouvrement des coûts, qui sera adoptée, porteront sur ces questions.

Non-recouvrement des coûts côté ville
30.57 Le stationnement : une source de revenus à exploiter davantage. Les parcs de stationnement sont une source appréciable de revenus pour les aéroports. Les cas suivants montrent comment le ministère renonce à des possibilités de revenus annuels pouvant atteindre 11 millions de dollars. Les revenus des PAF au poste du stationnement se chiffraient à 53 millions en 1988-1989. Le ministère a trouvé des possibilités de maximiser ses revenus de stationnement, mais a déclaré qu'il ne pourrait les exploiter que s'il avait les fonds nécessaires. Aux aéroports où nous nous sommes rendus, nous avons trouvé que le matériel de contrôle des rentrées d'argent aux parcs de stationnement peut être trafiqué et donner lieu à des abus. En utilisant la méthode et les données du ministère, nous estimons que des pertes de revenus annuels pouvant atteindre 4,5 millions pourraient être évitées. En général, le matériel utilisé aux PAF ne suffisait pas au volume de la circulation. En juin 1989, par exemple, le matériel à l'aérogare 2 de l'aéroport Lester-B.-Pearson est tombé en panne à 1 010 reprises pour une durée de 1 080 heures.

30.58 Le ministère a mis du temps à remplacer les parcomètres par du matériel «multiplaces» (péage électronique), que les aéroports locaux ont considéré comme un moyen préférable sur le plan coût-efficacité pour accroître les revenus provenant du stationnement. Comparativement aux parcomètres, ce genre de matériel a permis d'augmenter les gains de plus de 20 p. 100 à l'aéroport de Winnipeg et de 70 p. 100 à 100 p. 100 à trois aéroports du Québec. De plus, il a permis de réduire de beaucoup les frais d'exploitation et d'entretien. À la lumière de ces expériences, nous sommes d'avis que les bénéfices et les économies d'exploitation que réaliseraient les six aéroports à l'étude (Vancouver, Edmonton, Calgary, Pearson, Dorval et Halifax) en installant ce matériel seraient de un à deux millions de dollars par année; en général, les dépenses en capital sont récupérées au cours de la première année d'exploitation.

30.59 Les stationnements n'ont pas été construits de façon à répondre à la demande. Par conséquent, les aéroports ont perdu des clients au profit de la concurrence, qui exploite des terrains de stationnement à l'extérieur du périmètre des aéroports. Les exploitants de ces terrains offrent à leurs clients un service de navette à l'aéroport, pour lequel ils ont à verser des droits annuels minimes pour avoir accès à l'aéroport.

30.60 De plus, la plupart des aéroports perdent des revenus de stationnement parce que les employés des concessions utilisent des places payantes de choix dans les terrains de stationnement publics. Selon nos estimations, la perte de revenus annuels peut atteindre cinq millions de dollars. Le ministère a déclaré être conscient du problème. Le nombre de places réservées aux employés des concessions a été réduit l'an dernier, à l'aéroport Pearson, entraînant une hausse annuelle de 146 000 $ des revenus. Le ministère affirme qu'un mécanisme est en place pour réduire le nombre de places réservées aux employés au fur et à mesure que la demande du public augmentera.

30.61 Non-recouvrement des coûts de traitement des passagers. La politique actuelle sur les loyers aux aérogares visait à fixer le prix des loyers afin de recouvrer les coûts de construction, d'exploitation et d'entretien des installations. Notre examen de l'application de la politique dans les principaux aéroports fédéraux nous a permis de constater que :

30.62 Selon la politique actuelle, des frais de location peuvent être perçus uniquement dans les zones à l'intérieur et près du terminal, éliminant ainsi la possibilité de tirer des revenus d'une grande superficie des terrains et des nombreux services côté ville qui se trouvent près de l'aérogare. À titre d'exemple, tous les intérêts sur les coûts en capital de l'aire de stationnement des appareils et du système de manutention des bagages ainsi que tous les frais d'exploitation et d'entretien de l'aire de stationnement des appareils se trouvent exclus. Le ministère perçoit la taxe générale d'aérogare et d'autres droits, par exemple, des droits d'utilisation des passerelles d'embarquement, pour recouvrer, en partie seulement, certains coûts de l'aérogare. Ainsi, ces coûts ne sont pas entièrement recouvrés.

30.63 Tel que mentionné précédemment, l'étude sur les coûts aux aéroports indique les divers niveaux de recouvrement de ces coûts par secteur commercial. Le secteur se rapportant aux activités pour lesquelles la taxe générale d'aérogare et les loyers sont perçus est classé dans la section de l'étude portant sur le traitement des passagers. Pour 1987-1988, l'exercice le plus récent pour lequel on dispose de données, l'étude indiquait qu'à l'échelle nationale, quelque 61 millions de dollars n'avaient pas été recouvrés auprès des PAF au titre du coût de traitement des passagers. Les coûts non recouvrés comprennent les frais d'exploitation et d'entretien, l'amortissement et les frais d'intérêts estimatifs, mais ne comprennent pas d'autres services gratuits, notamment les services de la GRC.

30.64 Selon la politique en vigueur, lorsque les coûts initiaux en capital du terminal sont entièrement amortis, il n'est plus possible de continuer de recouvrer ces coûts. Dans le cas de l'aéroport de Vancouver, lorsque les installations d'origine seront complètement amorties en 1993, on prévoit que les revenus annuels de location diminueront de 25 p. 100. Le ministère nous a informés que le projet de politique sur le recouvrement des coûts réglerait cette question.

30.65 Aérogares - baux. En 1985, nous avons recommandé que le ministère veille à ce que les décisions relatives aux dépenses en capital et aux niveaux de service prennent en considération la capacité et la disposition des utilisateurs à payer. Le ministère a répondu qu'il en tiendrait compte dans l'exploitation du Fonds renouvelable des aéroports.

30.66 Ce n'est toutefois pas le cas encore. Les pratiques de recouvrement des coûts employées par le ministère aux aérogares où le mode de propriété et d'exploitation n'a pas changé n'engagent toujours pas les compagnies aériennes à signer des baux à long terme. Celles-ci ne paient que les coûts engagés lorsqu'elles louent de l'espace à l'aérogare et cessent tout paiement dès qu'elles choisissent de quitter l'aérogare. Nous avons remarqué que cette situation est différente de celle en vigueur à l'aérogare 3, où des baux à long terme ont été signés par les transporteurs aériens. Les cas suivants à l'aéroport Lester-B.-Pearson illustrent bien les lacunes des pratiques actuelles.

30.67 Le ministère devrait appliquer rigoureusement sa politique en vigueur sur la location aux aérogares en vue d'atteindre complètement ses objectifs de recouvrement des coûts et s'assurer que les décisions en matière de dépenses en capital et de niveaux de service sont prises une fois que les utilisateurs se sont engagés à en assumer les coûts.

Commentaire du ministère : Le ministère est d'accord avec l'esprit de cette recommandation, qui tient compte de la nécessité de recouvrer une plus grande part des coûts et de consulter pleinement les utilisateurs sur les avantages des investissements projetés et sur les décisions relatives au niveau de service offert.

Il faudra acquérir une plus grande compétence en finances pour négocier les futures ententes de financement

L'aérogare 3 - préoccupations au sujet de la protection des intérêts de l'État
30.68 Le projet de l'aérogare 3 à l'aéroport Lester-B.-Pearson est unique en son genre et a peu de précédents au ministère des Transports. Toute initiative de cet ordre présente des possibilités, des risques et des défis. À notre avis, le succès de telles initiatives repose sur de solides compétences financières et analytiques. Le ministère reconnaît qu'il devra probablement faire davantage appel au capital privé à l'avenir. Notre examen nous a permis de conclure que le ministère devra effectuer une analyse a posteriori du projet de l'aérogare 3 afin d'en tirer des leçons à mettre à profit dans le cadre des projets confiés au secteur privé. Nous sommes d'avis que l'analyse du ministère devrait porter au moins sur les points suivants :

30.69 L'amélioration des méthodes d'analyse des options. Dans le cas de l'aérogare 3, une analyse de la valeur actualisée nette avait été effectuée, comparant la proposition du promoteur et la possibilité de confier le projet à l'État. L'analyse portait sur la comparaison du flux monétaire actualisé selon chaque option sur une période de 40 ans. Nous avons fait remarquer qu'il était impossible de recouvrer les coûts au moyen des loyers aux aérogares et de la taxe générale d'aérogare. D'emblée, le niveau actuel de recouvrement des coûts prévu aura une incidence sur l'analyse des options, rendant ainsi l'option de confier les travaux à l'État moins attrayante sur le plan financier.

30.70 Selon le calcul de la valeur actualisée nette, la proposition du secteur privé a été jugée plus avantageuse que l'option de confier le projet à l'État. Cet avantage représentait moins de 1 p. 100 du total des revenus de l'aérogare selon les estimations du ministère dans son analyse de la prise en charge du projet par l'État, ce qui signifie que l'attrait de l'option du secteur privé est relativement vulnérable à toute modification des hypothèses sous-jacentes servant à l'analyse.

30.71 Les hypothèses avancées par le ministère dans son analyse méritent d'être réexaminées. Le ministère n'a pu expliquer pourquoi il a employé essentiellement les mêmes prévisions de revenus de location pour 1990-1991 à l'aérogare 1 qu'à l'aérogare 3 lors de son analyse de l'option de confier le projet à l'État. La location a pour objet de recouvrer les dépenses en capital et les frais d'exploitation au moyen de droits d'utilisation. Comme les coûts en capital sont plus élevés pour l'aérogare 3 comparativement à l'amortissement des coûts en capital pour l'aérogare 1, le ministère doit se demander s'il serait logique d'imposer les mêmes frais d'utilisation à l'aérogare 3 qu'à l'aérogare 1.

30.72 Le ministère devrait également examiner les hypothèses servant à définir les frais généraux. Dans l'analyse des options pour l'aérogare 3, le ministère a compté des frais généraux équivalant à 25 p. 100 des frais d'exploitation directs. Étant donné que les frais d'exploitation directs qu'aurait à assumer le ministère pour l'aérogare 3 seraient beaucoup moins élevés si le projet était confié à un promoteur du secteur privé, le fait de définir les frais généraux à partir des frais d'exploitation directs favorise forcément cette dernière option. Dans son analyse, le ministère suppose que le recours à un promoteur nécessiterait une participation moindre de l'Administration centrale. À notre avis, cette façon de penser est irréaliste puisqu'il sera nécessaire d'exercer une surveillance et un contrôle sur les activités du promoteur. Cette hypothèse a influé sur l'analyse en faveur du recours au secteur privé. Si l'on avait utilisé des frais généraux plus réalistes dans le calcul, l'avantage que l'État escomptait tirer de l'ensemble du projet se serait nettement transformé en désavantage.

30.73 L'amélioration des mesures visant à protéger les intérêts de l'État. L'un des principaux défis à relever à l'aéroport de Pearson, vu l'incertitude qui règne à l'heure actuelle face à l'aménagement des pistes, consiste à répartir le trafic de passagers entre les trois aérogares. Plus le nombre de transporteurs et le trafic de passagers seront importants à l'aérogare 3, plus il est probable que le ministère des Transports, qui demeurera propriétaire et exploitant des deux autres aérogares, verra ses revenus diminuer.

30.74 Dans le cadre des ententes conclues avec la Airport Development Corporation, il faut prévoir des garanties financières pour compenser la diminution du nombre de passagers et de transporteurs aériens qui utiliseront l'aérogare exploité par le promoteur du secteur privé au lieu des aérogares qui relèvent du ministère et dont il est le propriétaire. Le ministère devra analyser les répercussions financières de tout changement majeur à l'envergure du plan d'aménagement initial. Pour ce faire, il faudrait surveiller de près tout changement, veiller à la mise à jour du calcul de la valeur actualisée nette pour s'assurer que l'on peut toujours compter sur les avantages prévus et conseiller les hauts fonctionnaires du ministère et du Conseil du Trésor en ce qui a trait aux répercussions probables de ces changements sur le financement et l'autonomie financière des PAF.

30.75 Selon le calcul initial de la valeur actualisée nette, on supposait qu'environ cinq millions de passagers utiliseront l'aérogare 3 au lieu des autres aérogares (principalement l'aérogare 1), ce qui entraînerait un transfert de revenus d'environ 25 millions de dollars par année. Un certain nombre de changements importants sont survenus depuis que cette analyse a été effectuée : le regroupement des activités des Lignes aériennes Canadien International et de Wardair à l'aérogare 3, le projet connexe de construction d'une aérogare satellite près de l'aérogare 3 et le transfert, à l'aérogare 3, de trois compagnies aériennes sans compter celles mentionnées dans la proposition du promoteur. Le ministère a déclaré ne pas avoir prévu le transfert de Wardair.

30.76 Le trafic des trois compagnies aériennes qui emménageront à l'aérogare 3 totalisait environ 7,4 millions de passagers en 1989, soit 2,4 millions de plus que les prévisions. De toute évidence, ce détournement du trafic aura des répercussions financières considérables sur les revenus futurs des aérogares dont le ministère des Transports demeure le propriétaire et l'exploitant.

30.77 Aérogare satellite. En mai 1990, le ministère a obtenu du Conseil du Trésor l'autorisation de faire construire une nouvelle aérogare satellite, au coût de 54,1 millions de dollars, sur un terrain de 10 hectares actuellement loué aux Lignes aériennes Canadien International. La construction à l'aérogare satellite devrait être terminée environ six mois après la fin des travaux à l'aérogare principale.

30.78 Selon le ministère, la nécessité d'une aérogare satellite était fonction de la croissance éventuelle du trafic à l'aéroport, notamment celle relevant des Lignes aériennes Canadien International. Le ministère a indiqué que le transfert de Wardair à l'aérogare 3 signifierait pour le ministère une perte nette de revenus de sept millions de dollars par année, mais que ce montant diminuerait avec le temps au fur et à mesure que le trafic à l'aérogare 1 augmenterait. On a fait aussi valoir, dans la présentation, que certaines composantes de l'aérogare 3 auraient atteint leur capacité d'ici 1995, même si le projet d'aérogare satellite est accepté. Toutefois, nous avons constaté que l'aérogare satellite ne sera probablement pas nécessaire pour répondre à la demande à l'ouverture de ces installations puisque la capacité prévue initialement pour l'aérogare 3 était de 9,8 millions de passagers. L'aérogare satellite risque d'attirer aussi une partie du trafic des deux autres aérogares. Il faudrait que le ministère réexamine ses méthodes d'analyse des répercussions financières ou autres découlant de modifications importantes touchant le projet.

30.79 Selon notre estimation fondée sur les états des revenus du ministère, les modifications du plan initial entraîneraient un transfert supplémentaire des revenus d'environ 11 millions de dollars par année, en sus du montant de 25 millions initialement prévu.

30.80 Le ministère a été incapable de nous fournir une analyse des conséquences financières résultant des modifications proposées au plan initial. En outre, le calcul de la valeur actualisée nette n'avait pas été refait pour permettre de déterminer si, par exemple, les répercussions financières à long terme de la construction d'une aérogare satellite pourraient annuler les avantages escomptés initialement en choisissant de faire appel à un promoteur du secteur privé. Nous n'avons pas, non plus, trouvé de plan financier montrant comment les PAF accéderaient à l'autonomie financière compte tenu de la perte de revenus de 36 millions de dollars par année qu'essuierait le ministère au profit de l'aérogare 3.

30.81 Nous avons noté que, dans l'intérêt public, il était important que le directeur général de l'aéroport soit chargé à autoriser tout transfert de transporteurs aériens d'une aérogare à l'autre. Le ministère n'a pu nous fournir les critères qu'il utilise pour approuver ou refuser l'accès des transporteurs aériens à l'aérogare 3. Cette démarche comporte un risque, soit qu'en raison de fortes pressions, le directeur général de l'aéroport se retrouve dans une position intenable. Étant donné les répercussions opérationnelles et financières de tels transferts, le ministère doit analyser son approche et prévoir des garanties adéquates dans le cadre des prochaines ententes.

30.82 Le ministère doit également évaluer la pertinence des moyens dont il dispose pour régler les conflits découlant d'une opposition entre ses propres visées et les intentions manifestes du promoteur en ce qui concerne l'aménagement du terrain ainsi que l'ensemble des systèmes de transport terrestre. Le promoteur de l'aérogare 3 construit actuellement un hôtel et un terrain de stationnement, ce qui risque de contrecarrer les plans touchant le coeur de l'aéroport; il prévoit également construire des immeubles à bureaux ainsi qu'un second hôtel. En outre, le promoteur a proposé de gérer son propre système de permis pour les services de taxis et de limousines, ce qui ne serait pas conforme aux dispositions législatives fédérales et provinciales ni à la demande de propositions du gouvernement. Les détenteurs de permis actuels et la ville de Mississauga s'y sont opposés.

30.83 Nous avons remarqué que le ministère est actuellement à élaborer un modèle de prise de décision quant au recours au capital privé.

30.84 Le ministère devrait mener une analyse a posteriori du projet de l'aérogare 3 afin d'en tirer des leçons. Cette analyse devrait porter entre autres sur les méthodes d'analyse des options envisagées et des mesures adoptées pour protéger les intérêts de l'État. Une telle initiative devrait jeter les assises d'une meilleure méthode de gestion des projets d'aménagement confiés, à l'avenir, au secteur privé.

Commentaires du ministère : Outre l'importante étude menée par le ministère avant et pendant la réalisation du projet, le ministère a l'intention de poursuivre une telle analyse à la fin des travaux.

Les aéroports à un tournant
30.85 En 1987, le ministère des Transports a annoncé sa nouvelle politique sur les aéroports fédéraux, selon laquelle l'administration aéroportuaire locale pourrait assumer directement la gestion de ces aéroports. En fait, le ministère étudie la possibilité de transmettre ou de céder ce pouvoir aux aéroports depuis plus de 10 ans. Un groupe d'étude sur la gestion des aéroports a observé en 1979 que l'industrie avait atteint un degré de maturité tel que la participation directe du gouvernement fédéral à l'exploitation des principaux aéroports n'était plus requise. On recommandait, dans le rapport, que chaque grand aéroport relève d'une administration aéroportuaire locale.

30.86 Le ministère déclare se trouver en ce moment à un tournant. Il signale que des lettres d'intention ont été signées en ce qui concerne la cession des aéroports d'Edmonton, de Calgary, de Vancouver et de Montréal (Dorval et Mirabel). Des demandes ont été reçues des quatre administrations aéroportuaires locales, mais le ministère n'a pris aucune décision ni établi de calendrier pour la cession de ces aéroports.

30.87 Le ministère est probablement à amorcer une initiative qui pourrait avoir autant de répercussions que la décision de procéder à la déréglementation. Le ministère devra affronter de nouveaux risques tels que l'évaluation de la viabilité financière des administrations aéroportuaires locales. Nous nous demandons si l'histoire se répétera et si le ministère se lancera dans une autre grande initiative, comme celle de la cession des aéroports, à laquelle il n'est pas préparé et pour laquelle il ne dispose pas des outils appropriés.

30.88 Le ministère admet son manque d'expérience dans l'analyse financière d'opérations du genre crédit-bail avec les administrations aéroportuaires locales. Il affirme qu'il n'a pas tenté d'acquérir de telles compétences, mais a retenu les services d'experts-conseils du secteur privé.

Principales initiatives du ministère

30.89 Le ministère indique que plusieurs initiatives importantes ont été lancées en réponse aux préoccupations exprimées dans le présent chapitre. Nous avons déjà mentionné certaines d'entre elles. Pour un résumé des principales initiatives, voir la pièce 30.10.

La pièce n'est pas disponible

30.90 Nous y avons également énuméré les recommandations pertinentes de notre vérification de 1985 qui ont fait l'objet d'un suivi. Étant donné les changements qu'entraîne la déréglementation, nous n'avons pas effectué de suivi particulier sur nos constatations antérieures relatives à l'efficience de chaque aéroport.