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Poissons et vies aquatiques

Le monde sous-marin

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Le lançon

Avec l'aiguillat et la raie, le lançon (anguille de sable) est peut-être une des principales ressources ichtyologiques non exploitées de l'Atlantique du Nord-Ouest. À preuve, les prises importantes effectuées occasionnellement par les bateaux de pêche du banc de Georges, au sud, jusqu'au Grand banc de Terre-Neuve et même jusqu'au Groenland, au nord. De plus, le lançon constitue une importante proie de la morue, du saumon et de plusieurs autres espèces commerciales, et ses larves sont les plus abondantes et les plus répandues dans l'Atlantique du Nord-Ouest pendant les premiers mois de l'année.

Le lançon est ainsi appelé à cause de son corps élancé, mais il n'est pas apparenté à l'anguille. Le lançon peuplant l'Atlantique du Nord-Ouest appartient au genre Ammodytes, et l'on ne sait pas encore s'il existe une ou deux espèces. En général, on appelle les individus hauturiers du nord A. dubius et ceux de la côte, A. americanus (= A. hexapterus), quoique les caractéristiques des deux groupes se chevauchent.

Description

Un corps allongé, un museau pointu et de longues nageoires anale et dorsale caractérisent le lançon. Ses nageoires et son corps plutôt cylindrique le distinguent du capelan auquel on le confond souvent. Le lançon peut atteindre environ 37 cm de longueur dans la partie sud-est de la plate-forme Scotian, mais il est plus petit vers le nord et le sud; à ces endroits, la taille maximale varie habituellement de 20 à 25 cm. La coloration des sujets vivants va d'un vert bleuâtre foncé et irisé à bronze sur le dos, avec un ventre blanc, mais le dessus devient foncé et perd son lustre peu après la mort.

Répartition et comportement

Diverses espèces de lançon sont présentés des deux côtés de l'Atlantique du Nord et du Pacifique du Nord. Dans l'Atlantique du Nord-Ouest, l'aire de répartition s'étend vers le nord, du cap Hatteras jusqu'au Labrador, la baie d'Hudson et l'ouest du Groenland. Le lançon fréquente les fonds sablonneux ou légèrement gravelleux des eaux côtières et des bancs hauturiers, généralement à moins de 90 m de profondeur. Rien ne porte à croire qu'il effectue de grandes migrations, mais il se déplace sur de courtes distances entre les zones de repos et les aires d'alimentation. Au contraire de bien d'autres espèces de poisson, il ne semble pas rechercher des eaux plus chaudes et plus profondes quand la température baisse en hiver.

Le nom scientifique du lançon (Ammodytes, en grec, veut dire qui s'enfouit dans le sable) vient de son habitude de s'enterrer dans le sable ou le gravier du fond marin, habitude associée au repos entre les périodes d'alimentation et qui est peut-être en corrélation avec les courants de marée ou le moment de la journée. Certains faits révèrent en effet que le lançon évite les courants forts et se nourrit principalement le jour.

L'enfouissement du lançon constitue une de ses caractéristiques les plus curieuses. Dans plusieurs régions côtières de l'Europe et de l'Amérique du Nord, il s'enterre dans le sable entre les laisses de marée de façon à rester dans la partie exposée lors de la marée

descendante. Dans ces regions, la cueillette manuelle du lançon est un passe-temps populaire et le poisson est utilisé comme appât. La survie pendant des heures d'enfouissement dans le sable, où il y a peu d'eau pour la respiration, est un intéressant aspect physiologique qui ne semble pas encore avoir été étudié.

Reproduction

Dans l'Atlantique du Nord-Ouest, le lançon atteint la maturité sexuelle vers la fin de la deuxième année de son cycle vital. Il fraie pendant l'hiver sur les fonds sablonneux, en eau peu profonde; les oeufs sont pondus sur le fond où ils s'y déposent et adhèrent aux grains de sable. L'ovaire constitue une partie importante du poids total de la femelle pleine et chaque poisson pond plusieurs millers d'oeufs.

Après l'éclosion, les larves remontent vers les eaux superficielles où elles restent pendant quelques semaines, constituent une proie importante pour les prédateurs. Quand elles atteignent quelques centimètres, elles se transforment en juvéniles colorés comme les adultes et descendent vers les fonds où s'effectue le reste du cycle vital.

Alimentation

Quoique le lançon se nourrisse d'une variété de petits organismes, il consomme principalement des copépodes, en particulier Calanus finmarchicus: une étude particulière a montré que cette espèce avait été consommée par 95 % des poissons examinés et constituait 65 % du total des contenus stomacaux. Des données recueillies dans les eaux côtières européennes révèrent que les lançons sortent en petits groupes du sable où ils se sont enfouis et se joignent à d'autres groupes au cours de migrations alimentaires vers les eaux profondes.Le lançon saisit sa proie au passage. On croît qu'il suit les concentrations de crustacés quand ils remontent vers la surface, au déclin du jour. Ainsi, il est présent près du fond pendant la journée et dans la colonne d'eau (ou enfoui dans le sable) pendant la nuit. Les affirmations selon lesquelles des concentrations de lançons ont été observées à la surface pendant la nuit peuvent provenir d'une confusion avec le balaou (Scomberesox saurus), présent en grands bancs sur la plate-forme Scotian en été et attiré par les lumières des bateaux de pêche. Hors de l'eau, les longues mâchoires en forme d'aiguille du balaou le distinguent facilement du lançon. Certains pêcheurs affirment avoir suivi la remontée de concentrations de lançons sur leur écho-sondeur pendant la nuit; il se peut donc qu'en certaines circonstances cette espèce se nourrisse la nuit.

Croissance et âge

Pendant les quatre ou cinq premières années de son cycle vital dans l'Atlantique du Nord-Ouest, le lançon grossit vite, puis sa croissance ralentit. On peut assez facilement déterminer son âge à l'aide d'otolithes. La délimitation des zones de croissance est beaucoup plus évidente chez les poissons fréquentant les eaux froides septentrionales que chez ceux des eaux plus chaudes. Chez le A. dubius peuplant la plate-forme Scotian, l'âge maximal est jusqu'ici de neuf ans. Il ne semble y avoir aucune différence entre les taux de croissance des mâles et des femelles.

Exploitation

Le lançon n'est pas exploité au Canada mais, en Nouvelle-Angleterre, on en a débarqué 20 tonnes métriques (t) en 1982, dans le cadre d'une petite pêche de poisson-appât. Avec les 5 t capturées par des pêcheurs soviétiques (probablement une prise accessoire), la prise totale dans l'Atlantique du Nord-Ouest s'élevait donc à 25 t, ce qui contraste avec la prise totale dans la mer du Nord, la même année, de 660 149 t et la prise maximale, en 1980, de 768 760 t. La pêche du lançon dans la mer du Nord est une opération halieutique industrielle multinationale.

Le fait que le lançon ne soit pas pêché sur la plate-forme Scotian et le Grand banc de Terre-Neuve n'est peut-être pas dû au manque de ressource. D'autres facteurs entrent aussi en jeu, comme l'éloignement du marché, l'absence de demande commerciale pour le lançon et la farine de poisson et une méthode de capture non spécialisée. Dans la mer du Nord, où les pêcheries sont relativement proches, il existe un marché assuré et une méthode de capture très développée comprenant une connaissance intime des pêcheries, des engins spécialisés (des chaluts légers à maillage étroit portent des ralingues inférieures lestées pour le dragage du fond) et des techniques raffinées (pêche effectuée sur les crêtes des récifs sablonneux) qui font de la pêche une opération très perfectionnée.

Des techniques adaptées aux conditions locales pourraient être mises au point en Amérique du Nord s'il existait des ressources et des débouchés suffisants. La présence de ressources n'a pas été prouvée mais, au cours d'une pêche exploratoire menée en 1971 par le ministère des Pêcheries de la Nouvelle-Écosse à l'aide d'un petit chalutier (18 m) équipé d'un filet danois de type Butterfly, les prises en trois traits consécutifs se sont élevées en moyenne à 5,4 t/h, ce qui porte à croire à l'existence d'une réserve considérable. Malheureusement, les prises realisées ultérieurement variaient tellement qu'une operation commerciale n'a pas été considéree comme réalisable. Une meilleure connaissance de l'aire de répartition et du comportement du lançon pourrait bien apporter une solution au problème.

Gestion</p>

Comme le lançon ne fait pas l'objet d'une pêche, la ressource n'est pas gérée. Le cas écheant, il deviendra peut-être nécessaire de protéger les stocks, non seulement en vue d'une optimisation de l'industrie, mais aussi afin d'assurer qu'ils ne soient pas menacés en tent que poisson fourrager dont dépendent certaines des principales espèces commercialement importantes comme la morue et la limande à queue jaune.

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Dernière mise à jour : 2004-08-17

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