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Poissons et vies aquatiques

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La limande à queue jaune

Limande à queue jaune

Pour les pêcheurs de l'est du Canada c'est à la fin des années 1960 et au début de la décennie suivante, avec le développement de la pêche de la limande à queue jaune sur les Grands Bancs, que cette espèce a acquis une importance économique, et elle garde depuis lors une place notable dans la pêche commerciale de la région.

Avant 1966, les débarquements de limande à queue jaune des chalutiers canadiens étaient très faibles. C'est peut-êetre à cause de la brutale réduction du stock d'aiglefin que, vers cette époque, les prises de limande à queue jaune ont augmenté pour atteindre près de 40,000 tonnes métriques (t) en 1972. Sur la plate-forme Scotian, on a relevé en 1968 des prises records de 13,000 t réalisées par l'URSS.

Outre les Grands Bancs, l'autre grande pêcherie de limande à queue jaune dans l'Atlantique nord-ouest se situe au large de la Nouvelle-Angleterre et sur le banc Georges.

Description

La limande à queue jaune (Limanda ferruginea), grâce à sa capacite remarquable de s'adapter à la couleur du fond où elle se trouve, adopte une livrée qui ressemble si bien à son milieu ambient qu'elle en devient pratiquement invisible. Elle partage cette caractéristique avec d'autres membres de la famille des poissons plats.

À l'état larvaire, la forme du corps de la limande est similaire à celle des autres poissons osseux mais, à mesure de sa croissance, qui a lieu dans les couches supérieures de l'eau, sa structure se modifie. La tête se tord et le poisson se tient et nage sur le côté. La face supeérieure, sur laquelle se trouvent maintenant les deux yeux, porte une pigmentation qui est absente de la face inférieure. Les adultes portent presque toujours les yeux sur le côté droit du corps. La limande à queue jaune a une petite bouche, dont la protubérance lui donne l'apparence d'un museau. La ligne latérale qui coupe le flanc du poisson s'arrondit nettement derrière l'ouverture des ouïes, et la queue est arrondie. Le flanc supérieur est habituellement d'un gris brun, avec de nombreuses taches rougeâtres ou rouille de forme irrégulière, alors que le flanc inférieur est blanc et légèrement coloré de jaune près de la nageoire caudale.

Distribution

Dans l'Atlantique nord-ouest, l'aire de distribution de la limande à queue jaune s'étend du détroit de Belle-Isle à la baie Chesapeake, en couvrant le golfe St-Laurent et les Grands Bancs. On trouve rarement cette espèce à des profondeurs de plus de 90 à 100 m (50 brasses environ). Les limandes se tiennent le plus fréquemment à une profondeur d'environ 60 m et à des températures de 3 à 5°C, dans l'ensemble de leur aire de répartition, à l'exception de la région des Grands Bancs où on les trouve à des températures un peu plus basses. Dans les eaux de l'est du Canada, elles abondent surtout sur les Grands Bancs, notamment dans les divisions 3N et 30 de l'OPANO. À l'exception de quelques petites populations se trouvant sur le banc St-Pierre et sur la plate-forme Scotian, la distribution de l'espèce est peu dense dans le reste de la zone canadienne.

Reproduction

Sur les Grands Bancs, zone canadienne où l'exploitation de la limande à queue jaune est la plus intense, les mâles atteignent la maturité sexuelle aux alentours de l'age de quatre ans, et les femelles à cinq ans. Les poissons mesurent de 25 à 30 cm de longueur. Dans la région de la Nouvelle-Angleterre, l'espece atteint la maturité de façon plus précoce. Les scientifiques n'ont pas relevé l'emplacement exact des frayères, mais il semble que la reproduction se passe en général dans la région sud des Grands Bancs.

La limande à queue jaune produit une grande quantité d'oeufs de très petite taille. Un poisson de 30 à 35 cm pond de 350,000 à 500,000 oeufs, et un spécimen de 50 à 55 cm jusqu'à 4,000,000 d'oeufs. Bien que la femelle mature ponde une énorme quantité d'oeufs, ce n'est qu'un pourcentage infime de ces oeufs qui sont fécondés et qui se transforment en larves. Parmi ces larves, le pourcentage qui survit jusqu'à l'âge adulte est très faible, car une grande quantité est détruite du fait des difficultés du milieu ambient ou devient la proie d'autres poissons.

Comme dans le cas de la plupart des poissons de fond (poissons démersaux), la limande à queue jaune pond sur le fond où à sa proximité, et les oeufs fécondés remontent à la surface, où se produit le développement de l'embryon. Pendant cette phase, les larves s'éloignent probablement du lieu de reproduction, emportées par le courant, et les jeunes poissons meurent souvent lorsqu'ils tentent de s'installer, mais la profondeur des eaux au-delà de la plate-forme continentale les empêche de trouver un habitat satisfaisant.

Âge et croissance

La taille qu'atteignent les limandes à queue jaune à un âge donné dépend probablement des conditions du milieu, comme la température de l'eau pendant ses années de croissance. La nourriture disponible constitue l'élément fondamental, mais son utilisation dépend de facteurs environnementaux. On a comparé la taille (longueur) à un âge donné de limandes provenant des Grands Bancs et de la plate-forme Scotian avec celle de limandes provenant de la Nouvelle-Angleterre et du banc Georges (sous-zone 5 de 1'OPANO). Sur les Grands Bancs, une limande âgée de quatre ans mesure de 25 à 30 cm, taille à laquelle elle devient vulnérable à la pêche commerciale.

Dans les eaux canadiennes, on a trouvé des limandes à queue jaune âgées de 12 ans mais, sur les Grands Bancs, ces derrières années, on a rarement pêché des spécimens de plus de 10 ans.

Alimentation

Étant donné la petite taille de sa bouche, la limande à queue jaune se trouve quelque peu limitée dans son choix de nourriture, et son régime alimentaire se compose principalement de petits crustacés et de vers marins qui vivent sur le fond de l'océan.

Gestion des pêches

La gestion de cette espèce se fonde sur l'existence de deux stocks dans les eaux canadiennes, le stock des Grands Bancs (divisions 3LNO de l'OPANO) et le stock de la plate-forme Scotian (divisions 4VWX de l'OPANO). Ce dernier stock est toutefois géré en combinaison avec les autres espèces de poissons plats de la région, la plie canadienne et la plie grise. Il existe évidemment un stock important dans la zone appartenant aux États-Unis (sous-zones 5 et 6 de 1'OPANO).

Comme pour la plupart des stocks de poissons, on procède chaque année à une évaluation par laquelle est déterminée la quantité de poisson qui peut-être capturée par le biais de la pêche commerciale: le total des prises admissibles (TPA). Pour arriver à cette recommendation, les biologistes définissent autant que possible un niveau d'exploitation qui permettra au stock de se maintenir à une taille assurant sa perpétuation. Ils tiennent aussi compte du volume nécessaire pour que le stock assure à chaque unité de l'effort de pêche des prises satisfaisantes.

En 1973, la pêche de la limande à queue jaune sur les Grands Bancs faisait l'objet d'un contingentement qui fixait le TPA à 50,000 t. Ce chiffre, qui se fondait sur une évaluation incorrecte du stock, a par la suite été réduit à 40,000 t en 1974 puis à 35,000 t en 1975. En 1976, à cause de la faiblesse apparente du recrutement, le TPA, considérablement réduit, était fixé à 9,000 t. Depuis lors, il a graduellement remonté pour atteindre 18,000 t en 1980. Sur la plate-forme Scotian (divisions 4V, W et X), la limande à queue jaune fait l'objet d'une gestion combinée avec celle des plies. Dans les sous-zones 5 et 6 de la zone économique américaine, cette espèce fait l'objet d'une pêche relativement importante qui remonte au moins, au début des années 1940. Cette pêche fait l'objet d'un contingentement depuis le début des années 1970.

Il est difficile de fixer de façon adéquate le taux de prélèvement de la limande à queue jaune sur les Grands Bancs et la plate-forme Scotian car seuls quelques groupes d'âge (cinq à huit ans) composent la plus grande partie des prises. C'est à l'âge de quatre ans que les limandes entrent dans la phase exploitable. Malheureusement, jusqu'à maintenant, on a eu beaucoup de mal à déterminer l'abondance relative des juvéniles qui entrent dans cette phase. Les évaluations de stocks sont réalisées avec une année d'avance. Par exemple, on calcule au printemps 1979 la quantité de poisson qui pourra être capturée au cours de l'année 1980. Si l'on ne possède pas d'estimation fiable du nombre de poissons âgés de quatre ans en 1979, on ne peut qu'estimer grossièrement la quantité qui pourra exister en 1980. Cette source suffit à introduire au départ des erreurs dans les estimations.

La pêche

Dans la zone économique canadienne, la pêche de la limande à queue jaune est réalisée presque exclusivement par les flottilles canadiennes utilisant des chaluts à panneaux, et les chalutiers de St-Pierre et Miquelon n'en capturent que des quantités relativement faibles.

Bien que les débarquements de cette espèce ne soient pas très élevés, ils jouent toutefois un rôle important pour les chalutiers basés à Terre-Neuve. La limande à queue jaune est pêchée en même temps que la plie canadienne, et une bonne proportion des prises de limande sont ramenées par les chalutiers qui pêchent la plie. La quasi totalité des limandes à queue jaune débarquées dans les ports canadiens est vendue sous forme de filets congelés, dont une grande partie va aux marchés américains.

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Dernière mise à jour : 2004-08-17

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