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DISCOURS


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M. EGGLETON - ALLOCUTION LORS D'UN SÉMINAIRE SUR LES POSSIBILITÉS D'AFFAIRES EN IRLANDE DU NORD ET DANS LES COMTÉS SITUÉS À LA FRONTIÈRE IRLANDAISE - TORONTO (ONTARIO)

96/19 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE ART EGGLETON,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

LORS D'UN SÉMINAIRE

SUR

LES POSSIBILITÉS D'AFFAIRES EN IRLANDE DU NORD

ET DANS LES COMTÉS SITUÉS À LA FRONTIÈRE IRLANDAISE 

TORONTO (Ontario)

Le 8 mai 1996

Je tiens tout d'abord à souhaiter à tous nos hôtes distingués la bienvenue, non seulement au Canada, mais plus particulièrement à Toronto, ville à laquelle je suis particulièrement attaché. Je suis toujours heureux de voir des visiteurs dans cette ville dont je fus autrefois le maire!

Bien entendu, les Irlandais sont bien connus à Toronto. Lorsque la ville fut constituée en 1834, elle avait une population d'environ 9 000 habitants. En 1850, sous l'effet de l'immigration irlandaise, elle en comptait plus de 30 000. Et en 1921, 21 p. 100 des résidents de Toronto se déclaraient d'origine irlandaise; et plus de la moitié d'entre eux venaient de l'Irlande du Nord.

Au fil des années, des hommes et des femmes d'origine irlandaise ont contribué d'une manière essentielle à la croissance et au développement de Toronto.

Je rappelle également que la première équipe de hockey professionnel de la ville, les Toronto Arenas, adoptèrent en 1919 le nom de Toronto St. Patrick's parce que, disait-on, ils voulaient attirer sur eux la chance des Irlandais. Cela leur réussit. Arborant un trèfle sur leur chandail vert et blanc, les St. Pats remportèrent la coupe Stanley en 1922.

Bien entendu, depuis, l'équipe a encore changé de nom -- pour adopter celui de Maple Leafs -- mais, d'après leur performance récente, il faudrait peut-être songer à opter de nouveau pour le trèfle!

Les liens sont nombreux entre la vieille Irlande et le Nouveau Monde. Des ouvriers irlandais ont participé à la construction de la plupart de nos villes; la littérature, les chansons et les danses irlandaises ont contribué à créer une culture canadienne unique, et des dirigeants irlandais ont aidé à réaliser ce merveilleux compromis qui s'appelle la Confédération.

L'influence irlandaise est partout manifeste.

L'un de nos symboles nationaux les plus connus, la Gendarmerie royale du Canada, fut modelée d'après la Royal Ulster Constabulary.

En fait, à un certain moment, la présence irlandaise était si forte au Canada qu'une proposition de loi visant à déclarer le gaélique langue officielle fut présentée au Sénat. Si elle avait été adoptée, je vous parlerais peut-être en gaélique aujourd'hui, et mon accent canadien vous donnerait du fil à retordre!

J'évoquais il y a un instant l'apport des leaders irlandais à la création de notre pays. Plus d'un fils d'Irlande devint père de la Confédération!

Le plus grand fut peut-être Thomas D'Arcy McGee, qui mourut pour ses principes. Beaucoup contribuèrent à la Confédération, mais je crois pouvoir affirmer que personne ne fit davantage pour donner une voix à cette grande idée, pour en faire une vision, que McGee.

En 1860, McGee disait : « Je vois, dans un avenir assez rapproché, une grande [union]... répartie entre de nombreuses communautés, chacune réglant ses propres affaires, mais toutes liées entre elles par des institutions libres et par la liberté de mouvement et de commerce. »

Il parlait de la Confédération, bien sûr, mais il aurait tout aussi bien pu parler d'une autre grande union, l'Union européenne -- « répartie entre de nombreuses communautés, chacune réglant ses propres affaires, mais toutes unies par des institutions libres et par la liberté de mouvement et de commerce ».

Certains affirment que l'Union européenne, qui reconnaît les différences culturelles mais recherche un avenir commun, est le miroir de la mosaïque canadienne. Si c'est le cas, les Irlandais peuvent en revendiquer le mérite en bonne partie.

À peine débarqués sur nos rivages, les Irlandais ont réalisé que les inimitiés de l'Ancien Monde n'avaient guère d'intérêt sur cette terre nouvelle. Certes, des querelles éclataient périodiquement entre orangistes et catholiques, mais nos ancêtres irlandais savaient qu'ils ne pourraient jamais bâtir leur nouvelle vie et celle de leur famille en perpétuant de vieilles rancunes.

Ils savaient qu'ils auraient besoin de tolérance pour conserver la liberté qu'ils avaient gagnée. Ils savaient qu'ils ne devaient pas oublier leur passé, mais qu'ils n'étaient pas condamnés à le revivre. Et ils savaient que sans jamais cesser d'aimer l'Irlande, ils étaient désormais les fils et les filles du Canada.

Bien entendu, l'Irlande, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et le Canada sont unis autant par les réalités d'aujourd'hui que par les expériences du passé.

Nous partageons maintes responsabilités internationales dans les domaines du maintien de la paix, de l'assistance humanitaire et de l'aide au développement. Nous sommes alliés dans nos efforts pour renouveler et revigorer les Nations unies et nous appartenons de part et d'autre à de grands blocs commerciaux -- le Canada à l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA] et l'Irlande et le Royaume-Uni, à l'Union européenne [UE].

Je pourrais faire remarquer que nous n'avons jamais considéré l'UE et l'ALENA comme des blocs concurrents, mais plutôt comme des associations complémentaires. C'est pourquoi nous sommes déterminés à renouveler les liens transatlantiques qui nous ont si bien servis, les uns et les autres, dans le passé.

Pour promouvoir cette relation, nous avons commencé à négocier une Déclaration commune et un Plan d'action avec l'UE sur un certain nombre de sujets, dont la politique étrangère et de sécurité, la justice et les affaires intérieures ainsi que le commerce et les questions économiques. Notre but est de conclure ces négociations d'ici la fin de mai afin que le document soit signé et entre en vigueur avant la fin de juin. Tout au long de cette démarche, l'Irlande et le Royaume-Uni ont fermement appuyé la définition d'un nouvel ordre du jour transatlantique. Nous comptons sur l'Irlande, qui assumera la présidence de l'UE en juillet, pour lancer, grâce à sa détermination et à son leadership, la phase de mise en oeuvre de cet ambitieux ordre du jour.

Une relation transatlantique forte ne profite pas seulement aux deux parties, elle peut aussi aider à dissiper la crainte d'une « forteresse Europe » ou d'une « forteresse Amérique du Nord ».

Je ne suis pas toujours d'accord avec l'ancienne première ministre de Grande-Bretagne, Mme Margaret Thatcher, mais il vaut la peine de répéter ce qu'elle disait récemment à un auditoire américain :

L'Occident a formé le système de démocratie libérale qui domine politiquement et qui, nous le savons, offre le meilleur espoir de paix et de prospérité mondiales. Pour le soutenir, il faut constamment cultiver et renouveler la relation politique atlantique.

Voilà de bien sages paroles.

En réduisant les barrières non douanières, en approfondissant la coopération entre les gouvernements et entre les sociétés privées, et en instaurant le libre-échange entre l'Europe et l'Amérique du Nord, notre relation transatlantique ne fera pas seulement honneur à notre passé, elle cimentera notre avenir.

Vu la richesse de notre histoire et de notre héritage, il n'est guère surprenant que le Canada soit prêt aujourd'hui à faire tout ce qui est possible pour promouvoir la paix en Irlande du Nord. Les dernières années ont été marquées de réalisations étonnantes aussi bien que de reculs décevants, mais nul ne doit douter que la persévérance paiera, que la patience persuadera, que la paix prévaudra.

Nous appuyons le processus de paix, non seulement en paroles, mais aussi par des actes concrets, comme la contribution du général John de Chastelain au comité international présidé par le sénateur Mitchell.

Nous avons salué le Document cadre et nous nous sommes élevés énergiquement contre les tragiques attentats à la bombe perpétrés à Londres.

Le Canada contribue en outre généreusement au Fonds international pour l'Irlande, et nous continuerons d'appuyer cette importante initiative.

Par ailleurs, le Canada, qui fermait son bureau à Belfast il y a une vingtaine d'années, vient de restaurer sa présence en Irlande du Nord. Le 30 avril, notre haut-commissaire à Londres, M. Royce Frith, présentait publiquement le décret nommant le nouveau consul honoraire du Canada en Irlande du Nord, Mme Jeanne Rankin.

Et nous avons fait un pas de plus avec la création du Partenariat canadien, un groupe directeur qui permet au secteur privé canadien et aux secteurs publics des trois gouvernements de coopérer pour soutenir le processus de paix, en encourageant la croissance économique par le développement des échanges commerciaux et financiers avec le Canada.

Nous visons à mieux sensibiliser les gens d'affaires canadiens aux débouchés qui se multiplient en Irlande du Nord et dans les six comtés frontaliers de la République. Le Partenariat canadien stimule maintenant la coopération commerciale entre nos pays, au bénéfice de tous les participants.

Le Partenariat canadien est présidé par deux distingués Canadiens, M. Thomas Savage, originaire de Belfast, président et directeur général à la retraite d'ITT Canada, et M. Rowland Fleming, originaire de Dublin, président de la Bourse de Toronto.

Je tiens à rendre hommage à tous les membres du groupe directeur, qui ont travaillé dur et qui ont fait de l'excellent travail.

Je voudrais également saluer mon prédécesseur, l'honorable Roy MacLaren, qui a eu l'idée du Partenariat canadien. Comme vous le savez, M. MacLaren assumera en juin la fonction de haut-commissaire en Grande-Bretagne, de sorte que vous aurez là-bas un allié important.

L'une des initiatives du Partenariat canadien est l'organisation de deux séminaires sur le commerce et l'investissement, celui d'hier à Montréal et celui d'aujourd'hui à Toronto. Nous croyons fermement que la croissance économique peut contribuer à la stabilité de la région et que le Canada peut aider à promouvoir cette croissance.

Notre commerce avec l'Irlande du Nord est déjà appréciable. Nous ne sommes pas en terrain inconnu. Nous espérons que le groupe directeur nous permettra de construire sur cette base solide.

Nous connaissons les succès que remportent déjà Nortel et Bombardier, pour ne nommer que deux des douzaines d'entreprises nord-américaines qui sont actives en Irlande du Nord.

Ces entreprises, qui auraient pu s'établir n'importe où, ne sont pas arrivées en Irlande du Nord par hasard. Elles ont reconnu les solides bases qui y sont en place : renouveau économique vigoureux, taux de chômage le plus bas observé depuis 13 ans et taux de croissance impressionnant du PIB.

Elles ont compris l'importance d'une main-d'oeuvre jeune et instruite. (Selon un sondage récent de Dun & Bradstreet, les entreprises d'Irlande du Nord sont les plus rentables du Royaume-Uni).

Elles ont apprécié la commodité d'une langue commune. Et elles ont compris les avantages à tirer du programme d'incitatifs très attrayants offert par la Commission de développement industriel d'Irlande du Nord.

Ajoutons à ces atouts un système de transport moderne, offrant un accès rapide aux marchés européens (la plupart des grandes villes sont à moins de deux heures d'avion), un des systèmes de télécommunication les plus perfectionnés du monde et de généreux allégements fiscaux, et le résultat est un lieu d'investissement presque imbattable.

Il n'est donc pas étonnant que maintes entreprises et maints pays se servent de l'Irlande du Nord comme d'un tremplin vers le grand marché européen.

De la même manière, les entreprises d'Irlande du Nord peuvent se servir du Canada pour se propulser sur le lucratif marché nord-américain. Nombre de champs d'activités commerciaux et de partenariats sont ouverts aux gens d'affaires irlandais. Le Canada pourrait être leur porte d'entrée vers l'ALENA, la plus grande zone de libre-échange du monde.

Les compagnies canadiennes sont bien placées pour rechercher des débouchés au-delà des frontières de leur pays. Bien que la libéralisation du mouvement des produits et des services entre pays de l'UE ait fait de celle-ci un marché plus compétitif pour elles, nos entreprises sont prêtes à relever le défi.

Pour le Canada, l'Irlande du Nord offre des débouchés des plus intéressants. Dans divers secteurs, du génie aux technologies de la santé, en passant par la fabrication de pièces automobiles, l'électronique et l'industrie alimentaire, les compagnies canadiennes possèdent une expertise qui répond à une forte demande en Irlande du Nord.

Dans le secteur de la fabrication en particulier, l'accroissement des investissements crée aussi des débouchés pour les fournisseurs canadiens, de même que des occasions d'autres formes de coopération comme les coentreprises et le transfert de technologie.

Il se présente aussi des possibilités de partenariat avec des entreprises informatiques locales, du fait de la demande croissante dont font l'objet les services d'appui aux technologies de pointe. La Software Industry Federation [SIF] a été fondée en 1990 afin de mieux faire connaître en dehors de l'Irlande du Nord les compétences et les services que ses membres peuvent offrir aux partenaires commerciaux éventuels.

Je vous engage à vous renseigner sur cette fédération, et surtout à faire appel à elle.

Jusqu'à maintenant, j'ai surtout parlé de l'Irlande du Nord. Bien entendu, les six comtés frontaliers offrent des débouchés tout aussi séduisants aux entreprises canadiennes -- sans parler d'un taux d'impôt sur les sociétés de 10 p. 100!

Ces comtés dynamiques sont un élément vital d'une économie irlandaise florissante. Notre ambassadeur à Dublin, M. Barry Mawhinney, les a visités tous les six, ces dernières semaines, pour rencontrer leurs conseils d'entreprises et se renseigner sur les débouchés commerciaux et financiers que chacun a à offrir.

Ces comtés ont une population de plus de 400 000 habitants, et une main-d'oeuvre hautement qualifiée. Et plus d'une centaine d'entreprises étrangères y ont déjà établi des bases.

Les compagnies irlandaises ont énormément accru leur part de marché en Europe ces dernières années. Cinquante pour cent des exportations de l'Irlande sont absorbées par l'Europe et ce niveau de pénétration et de connaissance des marchés européens fait des compagnies irlandaises des partenaires commerciaux idéaux pour les entreprises canadiennes qui veulent percer sur ces marchés à peu de frais et sans trop de risque.

Et il est de plus en plus facile de faire des affaires en Europe. En décembre dernier encore, nous nous sommes entendus sur un certain nombre de problèmes commerciaux, principalement dans le secteur de l'agriculture. Donc, les vieux obstacles s'écroulent et un marché immense, riche et lucratif s'ouvre à nous.

Qu'il me soit permis de mentionner encore un débouché qui, je crois, offre un grand potentiel aux entreprises canadiennes. Entre 1994 et 1999, l'Union européenne aura investi environ 14 milliards de dollars pour améliorer l'infrastructure irlandaise. L'expertise que certaines compagnies canadiennes ont acquise à l'occasion de notre propre programme dans ce domaine en a fait des chefs de file de la technologie des infrastructures.

Nous avons déjà emporté des contrats substantiels pour le renouvellement des infrastructures de l'Irlande du Nord, mais il en reste encore à décrocher et j'engage les compagnies canadiennes à exploiter cette possibilité.

En terminant, il convient peut-être de rappeler une histoire que raconte le grand écrivain irlandais Frank O'Connor.

O'Connor, lorsqu'il était enfant, courait dans la campagne irlandaise avec ses amis. Lorsqu'ils arrivaient à un mur de verger qui semblait trop haut à franchir, ils lançaient leurs casquettes de l'autre côté, pour être forcés de les suivre.

De même, le Canada a lancé sa casquette par-dessus le mur du libre-échange, et maintenant il doit la suivre. De l'autre côté, il y a des possibilités, du potentiel et une prospérité que nous pouvons à peine imaginer. L'Europe est une de ces possibilités, une des plus grandes, et l'Irlande du Nord et l'Irlande nous tendent la main, en bons vieux amis.

Donnons-leur la main et, ce faisant, élevons nos pays à des sommets toujours plus hauts.

Merci.


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Dernière mise à jour :
2005-04-15
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