DISCOURS
Le 19 avril 2005
OTTAWA (Ontario)
2005/17
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE JIM PETERSON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L’OCCASION DE LA JOURNÉE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE
Je vais m'attarder brièvement aujourd'hui sur le rapport intitulé Le point sur le commerce,
que le Ministère a publié ce matin, ainsi que sur le programme d’action du Canada en
matière de commerce international, un volet de l’Énoncé de politique internationale du
Canada, lequel a été publié également ce matin.
L'année dernière, notre excédent commercial a atteint 56,1 milliards de dollars, en
hausse par rapport à 2003 alors qu’il atteignait 47,3 milliards de dollars. Ce surplus,
combiné à notre septième excédent financier consécutif, aux 255 000 nouveaux emplois
créés l'an dernier et à la réduction de la dette qui est passée de près de 70 p. 100 du
PIB il y a dix ans à presque 40 p. 100 cette année, fait en sorte que le Canada peut se
targuer de posséder l'économie la plus performante de tous les pays du G7.
Tant nos exportations que nos importations ont atteint des niveaux sans précédent
l'année dernière. Nos sept grandes catégories de produits ont connu une hausse
attribuable à une augmentation à la fois des prix et de la quantité, le tout en dépit de
notre dollar, qui a augmenté de 7,9 p. 100 en 2004 et de 33 p. 100 comparativement au
creux de 61,99 cents américains en janvier 2002.
Les chiffres indiquent que chacun d'entre vous avez réussi à faire bonne figure sur les
marchés malgré une concurrence rendue plus ardue en raison de la hausse du dollar. Le
secteur des biens d'exportation a connu un bond considérable en 2004, une tendance
qui s'est poursuivie en janvier et en février de cette année, les exportations enregistrant
une hausse de 9 p. 100 par rapport à l'année dernière. Cette réaction est exactement
celle qu'il fallait, et il est impératif que nous poursuivions sur cette lancée.
Nos importations de services ont atteint des niveaux inégalés alors que nos exportations
de services ont augmenté de 4 p. 100. Ces chiffres comprennent tous nos principaux
partenaires commerciaux, notamment l'Union européenne [UE] qui représente 40 p. 100
des gains réalisés. En dépit du fait que le Canada se démarque à titre de fournisseur de
services sur la scène internationale, qu’il s’agisse de nos services de gestion, financiers
ou même juridiques, nos exportations dans ce secteur sont en deçà des normes du G7.
Or, les services constituent la composante la plus importante de notre économie et
stimulent une activité axée sur le savoir sans cesse croissante.
Nous poursuivrons nos efforts déjà déployés auprès de l'OMC [Organisation mondiale du
commerce] et dans le cadre de nos initiatives commerciales bilatérales et régionales en
vue d'accroître l'accès aux marchés étrangers des fournisseurs de services canadiens.
Comme Le point sur le commerce l'indique, le Canada a mis en place tous les éléments
nécessaires pour que son succès économique se poursuive, mais cela ne veut pas dire
pour autant que nous devions nous contenter de ce qui a été accompli. Le monde dans
lequel nous faisons des affaires et investissons évolue — un courant que nous devons
suivre et dont nous devons tirer profit pour voir se dessiner un avenir encore plus
prospère. Notre avantage national ne doit pas être tenu pour acquis : il doit être amélioré
grâce à un environnement commercial favorable au sein même du pays et à de bonnes
stratégies qui permettent de gérer les risques et de saisir les occasions qui se présentent
à l'étranger.
Ce matin, en compagnie de mes collègues, les ministres Pettigrew, Graham et Carroll,
j'ai procédé à la publication de l’Énoncé de politique internationale du Canada, lequel
donne l'orientation à suivre pour embrasser les défis que pose un monde en rapide
évolution dans les domaines de la diplomatie, de la défense, du développement et du
commerce international.
En ce qui a trait au commerce, nos ressources sont limitées comparativement à celles
de nombre de nos compétiteurs. Cela signifie des choix difficiles. Nous devons travailler
de manière plus ingénieuse que la compétition pour faire en sorte de maximiser
l’incidence de nos activités en matière de commerce et d'investissement. Nous devons
concentrer notre attention sur nos priorités dans nos relations commerciales.
Notre première priorité demeure les États-Unis, mais beaucoup a changé depuis les
événements du 11 septembre. La sécurité est devenue une priorité constante et jamais
oubliée. Notre frontière doit être ouverte au commerce, mais fermée aux terroristes.
Moins de trois mois après les attaques terroristes, nous avions conclu l'Accord sur la
frontière intelligente avec son plan d'action en 30 points. Nous y apportons depuis des
mises à jour constantes.
En mars dernier, le premier ministre et les présidents Bush et Fox ont signé le Security
and Prosperity Partnership for North America (Partenariat pour la sécurité et la prospérité
de l'Amérique du Nord). Ce partenariat vise, entre autres choses, à accroître notre
concurrence et notre productivité collective au moyen d'une plus grande compatibilité sur
le plan réglementaire, notamment la reconnaissance mutuelle des compétences
professionnelles, la convergence sur les normes des produits et une coopération accrue
dans les secteurs agroalimentaires.
Si plus de 96 p. 100 pour cent de nos échanges commerciaux avec les États-Unis se
déroulent sans heurts, nous continuerons tout de même de chercher des moyens plus
efficaces de résoudre les différends entre les deux pays partenaires, qui ne sortiront
malheureusement pas indemnes des conflits les opposant dans les dossiers de
l'encéphalopathie bovine spongiforme [EBS], de l'exportation de porcs vivants et du bois
d'œuvre résineux.
En ce qui a trait au bois d'œuvre résineux, nous irons de l'avant avec notre approche en
trois volets, soit la négociation, le contentieux et les mesures de rétorsion. Messieurs
Paul Tellier et Gordon Ritchie ont joint les rangs de notre équipe à titre de conseillers
spéciaux. Je suis heureux de pouvoir compter sur leur expérience et leur discernement.
Je suis également heureux que les discussions vers une résolution à long terme du
conflit, s'inspirant du cadre que nous avons proposé, se poursuivent.
Mais le conflit qui risque le plus de s'envenimer avec les États-Unis à l'heure actuelle est
ce qu'on appelle l'amendement Byrd. À juste titre, cet amendement a été déclaré illégal
par l'OMC, mais n'en continue pas moins d'être en vigueur, exposant nos producteurs à
des dépenses et des risques encore plus grands et incitant les producteurs américains à
déposer des requêtes de recours commerciaux. Le Canada, de concert avec l'UE [Union
européenne] et d'autres pays, ont malheureusement été forcés de prendre des mesures
de rétorsion. Loin d’être l’option privilégiée, celle-ci n'en était pas moins nécessaire. Les
règles commerciales internationales doivent être respectées.
Il est impératif que le Canada soit très présent aux États-Unis. C'est pourquoi nous
avons ouvert sept nouveaux consulats, en avons promu deux autres et avons nommé
vingt nouveaux consuls. Nous pouvons désormais répondre aux besoins des Canadiens
se trouvant aux États-Unis à partir de 23 points de service différents. De plus, nous
avons ouvert un secrétariat à Washington dont le mandat est de nous représenter et de
défendre nos intérêts ainsi que de coordonner les efforts de nos provinces, territoires et
parlementaires.
Le 1er mars, j'ai dirigé une délégation composée de plus de 30 collègues du Parlement,
d’homologues provinciaux et de représentants de l'industrie à l'occasion d'une journée
de promotion à Washington. Je suis reconnaissant aux membres de tous les partis qui
m'ont accompagné à Washington et j'ai à cœur de tenir d'autres visites.
Bien que les États-Unis soient un marché important, le Canada ne peut pas se permettre
de rater les occasions qu'offrent les puissances économiques émergentes. Comme
l'indique Le point sur le commerce de cette année, ces marchés ont un formidable
potentiel de croissance, et les Canadiens y sont sous-représentés en général. Le
Canada est peut-être à l'origine de près de 4 p. 100 du commerce mondial, mais nous
ne représentons que 1,4 p. 100 du commerce au Brésil, 1,3 p. 100 en Chine et moins de
1 p. 100 en Inde. Manifestement, nous avons du travail à faire.
Au cours des quatre derniers mois et demi, j'ai dirigé des missions commerciales au
Brésil, en Chine et en Inde, où j'ai pu constater directement les possibilités immenses qui
s'offrent aux entreprises canadiennes. Le Brésil constitue la principale économie de
l'Amérique latine, et nous partageons une longue tradition de collaboration commerciale.
L'Inde est une puissance économique qui connaît une croissance de 8 p. 100 et qui
produit quelque 2 millions de diplômés universitaires chaque année, dont 380 000
ingénieurs. La Chine a fait baisser les prix de la fabrication et est devenue l'atelier du
monde. Les pays comme la Chine et l'Inde présentent d'énormes défis et débouchés aux
entreprises canadiennes, qui doivent s'intégrer dans ces chaînes de valeur mondiales.
C'est à leur propre péril qu'elles négligent de se doter d'une stratégie à l'égard de la
Chine et de l'Inde. Les emplois et la prospérité du Canada sont tributaires de la
compétitivité mondiale des entreprises canadiennes. Je sollicite votre aide pour faire
savoir à toutes les entreprises de chez nous, petites et grandes, que l'avenir de notre
économie dépend de notre capacité de faire face à la concurrence mondiale.
Je suis conscient que vous êtes ceux qui prenez le risque et qui faites le travail, mais
nous pouvons vous aider à tirer profit des débouchés que présentent les marchés
émergents en vous fournissant les bons services, au bon endroit, au bon moment. Nous
élargissons la représentation d'Exportation et développement Canada dans les pays
prioritaires, tout en renforçant les capacités du Service des délégués commerciaux de
fournir de l'information commerciale, de l'analyse de risques et des connaissances
locales de meilleure qualité.
Pour faciliter l'investissement en Inde et en Chine, nous négocions des accords de
promotion et de protection des investissements étrangers.
En Inde, nous venons de signer une déclaration conjointe sur la science et la technologie
qui favorise la collaboration, les échanges ainsi que la mise au point et la
commercialisation de nouvelles technologies.
Il y a deux semaines, nous sommes parvenus à négocier avec la Chine un accord élargi
sur le transport aérien afin de renforcer nos liens commerciaux et d'améliorer nos
rapports dans les secteurs du tourisme et de l'éducation. Ce nouvel accord permet de
tripler le nombre permis de vols de passagers et de transport de marchandises, lesquels
seront exploités par un plus grand nombre de compagnies aériennes entre plus de villes.
S'il est essentiel d'adopter une démarche cohérente à l'égard des marchés émergents, je
reconnais que celle-ci ne peut être identique pour tous les pays. Nous devons choisir des
outils adaptés à nos objectifs. Le Japon est notre plus important marché d’exportation en
Asie et notre plus importante source d’investissement en provenance de ce continent et
un pôle financier dans la région. C’est pourquoi nos activités dans ce pays s'inscrivent
dans un nouveau Cadre économique visant à renforcer nos relations dans des domaines
comme la coopération en matière de réglementation et la promotion de l'investissement,
à titre de première étape en vue d'une libéralisation bilatérale plus poussée.
Nous cherchons aussi à conclure un accord de libre-échange avec la Corée du Sud et
avons repris les discussions avec :
• l'AELE [Association européenne de libre-échange];
• le CA4 [Groupe des quatre de l'Amérique centrale];
• la CARICOM [Communauté des Caraïbes];
• et le Mercosur, dans le contexte de la Zone de libre-échange des Amériques.
Quoiqu'en dise le rapport Sutherland, je ne crois pas que les accords commerciaux
bilatéraux et régionaux nuisent au Programme de Doha pour le développement. Au
contraire, en favorisant la libéralisation des échanges, ces accords contribuent à
l'atteinte de résultats plus ambitieux à l'OMC.
Qu'on ne s'y méprenne pas : le cycle de Doha revêt une importance capitale pour notre
avenir, car il représente notre seul espoir d'éliminer les subventions à l'exportation, de
réduire de façon notable les mesures intérieures de soutien qui faussent les échanges et
d'accroître considérablement l'accès aux marchés. Il nous faut assurer des règles du jeu
équitables aux producteurs agricoles canadiens. Nous devons aussi ouvrir l'univers des
échanges commerciaux internationaux aux pays en développement et leur permettre de
faire face à une concurrence libre de subventions. Nous irons de l’avant avec la
conclusion d’accords commerciaux, même si cela veut dire faire des choix difficiles, car
nous n’avons pas le choix.
Sans un environnement économique favorable au pays, nos efforts pour élaborer des
stratégies qui nous permettront de gérer les risques et de profiter des occasions à
l'étranger sont voués à l'échec. Nous nous tournons vers le monde extérieur pour
améliorer notre compétitivité internationale et notre productivité, mais il nous faut aussi
examiner la situation de l'intérieur. Nous devons sans cesse nous employer à accroître
l'attrait du Canada comme lieu d'investissement, d'innovation et de production à valeur
ajoutée. Le Canada doit devenir le port d'attache d'un nombre toujours grandissant de
sociétés multinationales. Nous voulons également voir davantage d'entreprises
canadiennes s'imposer comme chefs de file à l'échelle mondiale.
Il s'agit là d'un programme chargé – qui témoigne d'une nouvelle façon de penser et de
faire. La réalisation de cette vision exigera un dialogue suivi avec chacun de vous. Nous
avons besoin de votre aide pour y arriver. Nous sommes d'ailleurs à mettre sur pied un
mécanisme de consultation officiel afin d'obtenir votre avis et faire du nouveau
programme d'action du Canada en matière de commerce international un document
évolutif adapté à vos priorités. Je suis impatient de savoir ce que vous en pensez.
À l'heure où de formidables défis se posent à nous, il importe de se rappeler que ce n'est
pas en restant les bras croisés que nous avons fait de ce pays de grands espaces
sauvages l'une des premières nations du G7. Nous y sommes arrivés en mettant à profit
l'ingéniosité des Canadiens et des Canadiennes venus de partout dans le monde. Nous
y sommes arrivés en attirant des investissements stratégiques au Canada et en créant
un climat concurrentiel propice aux affaires. Nous y sommes arrivés en répondant aux
besoins de consommateurs du monde entier; en offrant des biens et des services de
grande qualité; en établissant un réseau d'accords commerciaux avant-gardistes; et en
nous efforçant de mettre en place un environnement économique où les entreprises
canadiennes peuvent prospérer et prendre de l'expansion. Dans le nouveau contexte
commercial actuel où règne une concurrence féroce, le temps est venu, une fois encore,
pour le Canada de se retrousser les manches.
Je suis prêt à relever le défi; je suis convaincu que vous l'êtes aussi.
Je vous remercie.
Document d’information
Le point sur le commerce 2005 indique que nos exportations de biens et services ont
enregistré une reprise marquée en 2004, après trois années de recul. Le solde courant
du Canada a fait un bond de 10 milliards de dollars pour atteindre un excédent de
33,8 milliards de dollars en 2004, un niveau sans précédent et qui, conjugué à son
excédent financier, le place au premier rang des pays du G7. De plus amples
renseignements sont disponibles en ligne à l’adresse suivante :
http://www.dfait-maeci.gc.ca/eet/trade/state-of-trade-fr.asp.
Le document Priorités du Canada en matière d'accès aux marchés internationaux – 2005
souligne la prépondérance de la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis,
dont les échanges de biens et services s’élèvent quotidiennement à 1,9 milliard de
dollars. Parmi ses autres grands objectifs pour 2005, le Canada travaillera avec les
marchés émergents, notamment le Brésil, la Chine et l’Inde, afin d’accroître la
compétitivité canadienne par l’expansion des exportations et un meilleur accès à des
facteurs de production à prix concurrentiels. Le document met aussi en lumière les
efforts continus du Canada en vue d’améliorer l’accès aux marchés des exportateurs
canadiens dans le cadre des négociations à l’Organisation mondiale du commerce. De
plus amples renseignements sont disponibles en ligne à l’adresse suivante :
http://www.dfait-maeci.gc.ca/tna-nac.cimap-fr.asp.
Le recueil Les recherches en politique commerciale 2004, qui contient des articles
rédigés par les auteurs en leur nom propre, traite principalement de questions relatives à
l’Organisation mondiale du commerce et au commerce multilatéral. Il présente le point
de vue de pays en développement au sujet des volets portant sur le développement du
Programme de Doha pour le développement. Certaines questions d’actualité rattachées
à la participation du Canada au système commercial sont aussi abordées; par exemple,
on y décrit la démarche suivie par le Canada pour formuler la politique commerciale et
consulter les parties intéressées et on y fait un examen approfondi de l’incidence
potentielle de l’Accord général sur le commerce des services sur la capacité du Canada
de gérer ses services sociaux, de santé et d’éducation. De plus amples renseignements
sont disponibles en ligne à l’adresse suivante :
http://www.dfait-maeci.gc.ca/eet/research/trade_reseach-fr.asp.
Le sondage sur le commerce et les valeurs sociales mené auprès de 400 décideurs et
chefs de file est une étude qui traite du commerce et des valeurs sociales à la lumière de
la promotion des intérêts économiques du Canada à l’étranger et du rôle que doit y jouer
le gouvernement. Les résultats de l’étude révèlent que les décideurs appuient les efforts
du gouvernement pour promouvoir et faciliter les échanges entre le Canada et les autres
pays. De plus amples renseignements sont disponibles en ligne à l’adresse suivante :
http://www.dfait-maeci.gc.ca/tna-nac/survey/Consult6-fr.asp.
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