Signature d'Environnement Canada Logo du gouvernement canadien
sauter le premier menu
  English Contactez-nous Aide Recherche Site du Canada
Quoi de neuf
À notre sujet
Thèmes Publications Météo Accueil

Lois et règlements

Salle des médias

Programmes et services

Le Ministre

Divulgation proactive,
Examen des dépenses
et
Vérifications et évaluations

Conférences et événements

Ressources connexes

Liens éclairs
discours

Plus d’énergie, mais moins de gaz à effet de serre

Notes pour une allocution de l'honorable Stéphane Dion, c.p., député, Ministre de l'Environnement du Canada

Conférence 2005 sur les tendances nationales au niveau des États et des Provinces

Conseil de l’énergie

St. John's (Terre-Neuve et Labrador)

Dimanche 26 juin 2005

 

L'honorable Stéphane Dion
Allocution de
l'Honorable Stéphane Dion, c.p., député
Ministre de l'Environnement


La version prononcée fait foi

On m’a dit que je suis le premier ministre canadien à prendre la parole devant le Conseil de l’énergie, cette assemblée prestigieuse de chefs de file de l’énergie et de la protection de l’environnement de dix états américains producteurs d’énergie, du Venezuela, et de quatre provinces canadiennes dont bien sûr Terre-Neuve et Labrador, ou rocher, comme on l’appelle ici. Comme le Conseil de l’énergie existe depuis 1975, c’est un honneur pour moi de pouvoir vous parler ce matin.

Ce n’est pas un hasard si un ministre de l’environnement est le premier ministre canadien à prendre la parole devant vous. Réconcilier l’énergie et l’environnement constituera le plus important défi que l’humanité aura à relever au XXIe siècle. Comme vous le savez bien, nous sommes maintenant au milieu d’une révolution industrielle, la révolution de l’économie durable. Les pays qui réussiront à intégrer leurs politiques énergétiques et environnementales, et de manière plus générale, l’environnement et l’économie, en tireront un avantage économique important : des gains en efficacité énergétique, en sécurité énergétique, en santé humaine et en compétitivité économique. Ceux qui persisteront à concevoir de façon bien myope que l’environnement n’est qu’un obstacle à la compétitivité, ne pourront que prendre du retard.

Le Canada sera un champion de l’économie durable. Telle est la vision d’avenir de notre Premier ministre, le très honorable Paul Martin. Cette vision est partagée par tous les membres de son cabinet et du caucus libéral. Mon collègue et ami terre-neuvien, l’honorable John Efford, ministre des Ressources naturelles du Canada est un ardent défenseur de cette perspective.

Nous savons tous qu’écarter l’environnement de cette nouvelle révolution industrielle serait l’équivalent d’avoir écarté la machine à vapeur de la révolution industrielle d’il y a deux siècles.

Toutefois, à première vue, il n’est pas évident de réconcilier les besoins en énergie et les considérations de nature environnementale. Les deux éléments ne semblent pas connexes. En fait, il est impératif qu’ils soient liés et ils peuvent l’être. Cela dépend de nous et des choix que nous ferons, nous les gouvernements, le secteur privé et les citoyens.

Les changements climatiques constituent une bonne illustration de cet état de fait dont je débattrai plus tard puisque le Canada recevra la conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques au mois de novembre à Montréal (au fait vous y êtes tous invités). À première vue, la croissance des besoins en énergie de l’humanité et le besoin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de manière importante semblent être deux objectifs diamétralement opposés. Il nous faut toutefois parvenir à les réconcilier, sous peine de ne jouir ni d’un développement économique durable ni d’une manière de vivre compatible avec la capacité de cette planète.

Après avoir évalué les tendances contradictoires de nos demandes en énergie et de la croissance de nos émissions de gaz à effet de serre, je me concentrerai sur les solutions, notamment deux solutions particulièrement pertinentes pour une assemblée comme la vôtre : le charbon épuré et le captage et l’entreposage du gaz carbonique.

Les demandes en énergie vont augmenter; les émissions de GES doivent diminuer

Penchons-nous d’abord sur les défis énergétiques.

Quand l’humanité contemple son avenir énergétique, elle le fait dans le contexte de prix d’énergie en hausse et moins stables, d’une productivité en déclin par rapport aux approvisionnements habituels d’énergie à faible coût, un besoin de plus en plus marqué d’accéder à des ressources situées dans des régions plus éloignées et plus coûteuses à atteindre. L’augmentation de l’approvisionnement énergétique mondial projetée par l’Agence internationale de l'énergie dans son rapport annuel, Outlook, demandera un investissement cumulatif de 16 trillions $ US d’ici 2030.

Les prix plus élevés de l’énergie mènent les entreprises et les industries partout dans le monde à surveiller plus que jamais leurs coûts et leur rendement énergétiques. Les entreprises et les industries doivent désormais absolument atteindre un niveau de classe mondial dans leur rendement énergétique de la même manière qu’elles doivent absolument atteindre un niveau de productivité, d’habiletés et de recherche-développement de classe mondiale dans leurs réalisations. Ceci exigera beaucoup d’efforts, d’imagination et de planification.

Au Canada, par exemple, d’ici 2020, nous devrons diminuer de 56 % notre production d’électricité à partir de combustibles fossiles ou celle-ci devra avoir subi une modernisation majeure (ceci touche entre autres près de 70 % des centrales électriques canadiennes au charbon qui devraient être fermées d’ici 2020). De plus, nous devrons moderniser profondément 38 % de notre capacité hydroélectrique. En revanche, on projette que la demande canadienne en électricité augmentera de 34 % d’ici 2025. Cela se traduit par un investissement de quelque 150 milliards $ de la part du secteur électrique canadien au cours des 20 prochaines années. Ces besoins surprenants en énergie surviennent en même temps que le défi de respecter des exigences environnementales de plus en plus serrées est lancé, notamment en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les projections mondiales d’utilisation d’énergie indiquées dans l’Outlook de l’Agence internationale de l'énergie, indiquent que les émissions mondiales de CO2 liées au secteur de l’énergie augmenteront de 1,7 % par année d’ici 2030 pour atteindre 38 milliards de tonnes.

Il s’agit là d’une augmentation de 15 milliards de tonnes, ou 62 %, par rapport au niveau de 2002. Plus des deux tiers de l’augmentation seront causés par les pays en développement. D’ici 2010, on s’attend à ce que les émissions mondiales de CO2 liées au secteur de l’énergie soient de 39 % plus élevées qu’en 1990.

Toutefois, la cible du Protocole de Kyoto prévoit une diminution de 5 % des émissions de GES d’ici 2010 par rapport aux niveaux de 1990.

Quant aux scientifiques, ils affirment que pour stabiliser le climat planétaire il nous multiplier les objectifs de Kyoto par 10, soit une diminution de 60 %.

Vous voyez donc que nous sommes en présence de deux tendances opposées.

Le cas du Canada est particulièrement intéressant. Si les Canadiens ne font absolument rien pour combattre les changements climatiques, nos émissions de GES en 2010 devraient dépasser de 40 % le niveau de 1990. La cible canadienne dans le cadre du Protocole de Kyoto est toutefois de réduire les émissions annuelles canadiennes de gaz à effet de serre au cours de la période de 2008–2012 à 6 % sous le niveau réel des émissions canadiennes de 1990. Cela se traduit par un « écart Kyoto » de 46 %.

Il s’agit là de la cible de réduction d’émissions de GES la plus exigeante des 33 pays industrialisés ayant ratifié le Protocole de Kyoto. La raison de ce défi est que nous avons une économie industrialisée en croissance, une démographie en expansion, un climat froid, un territoire vaste, et un secteur d’exportations pétrolières et gazières. Malgré ce défi énorme, nous ne baisserons pas les bras. Le gouvernement du Canada est déterminé à réaliser le changement à long terme nécessaire pour effectuer des réductions profondes dans les émissions de gaz à effet de serre tout en satisfaisant nos besoins en énergie.

Le monde ne devrait pas abandonner non plus, puisque l’humanité a toute l’imagination nécessaire pour inventer des solutions et les mettre en pratique. Des solutions existent déjà qui nous donneront de nouvelles sources d’énergie et une croissance économique durable. Que ce soit par le développement de ressources hydroélectriques, de l’électricité à partir de l’hydrogène, des parcs d’éoliennes, de l’énergie solaire, de l’énergie géothermique ou des usines marémotrices, la cogénération, la biomasse, le biodiésel et l’éthanol, le compostage et le recyclage systématiques etc. de nombreuses options existent. Mais comme je l’ai déjà mentionné, j’aimerais m’attarder un moment sur la technologie du charbon épuré et sur le captage et l’entreposage du CO2.

La technologie du charbon épuré et le captage et l’entreposage du CO2

La technologie du charbon épuré et le captage et l’entreposage du CO2 sont essentielles à l’avenir énergétique du Canada dans le contexte de ses réductions d’émissions de GES. En effet, ces deux techniques environnementales sont essentielles pour de nombreuses régions du monde, notamment dans les pays détenant des réserves de charbon comme les États-Unis bien sûr, mais aussi la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, de nombreux autres pays en développement, la Russie et certaines régions de l’Europe.

Comme de nombreux autres pays, le Canada détient de vastes réserves de charbon. Le problème est que les techniques classiques de combustion du charbon produisent plus de CO2 par unité d’énergie produite que tout autre carburant. En fait, si les centrales thermiques au charbon produisent 20 % de l’électricité, elles sont responsables de 78 % des émissions de GES liées à la fabrication d’électricité au Canada.

Toutefois, les nouvelles technologies du charbon pourraient augmenter à la fois la compétitivité et l’acceptation environnementale du charbon. Le défi sera d’élaborer et de mettre en marché ces technologies pour que le charbon puisse continuer d’être un carburant intéressant et bon marché.

Ayant complété leur durée de vie de 40 années, près de 70 % des centrales thermiques au charbon du Canada seront mises hors service d’ici 2020. Les échéances concordent parfaitement. Si les usines qui les remplacent au cours des 40 prochaines années utilisent des techniques de charbon épuré ainsi que le captage et l’entreposage du CO2, les émissions de CO2 pourraient être réduites de jusqu’à 90 % alors que les autres émissions comme les oxydes de soufre, les oxydes d’azote, les particules et le mercure, seraient quasiment éliminées.

Cette réalité canadienne est également valable pour tous les pays dépendant du charbon : ils investiront des sommes énormes dans les équipements de nouvelle génération et dans la modernisation des usines existantes. Il nous faut nous assurer dès maintenant que ces investissements, ici en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde, se concentrent précisément sur l’utilisation des technologies non polluantes propres afin d’assurer ces rendements pour plusieurs décennies. Il nous faut nous assurer que ces nouvelles technologies si importantes viennent de cette partie du monde pour que nous puissions transformer ces mégatonnes de réduction en mégatonnes de dollars !

Les sables bitumineux constituent aussi un important moteur économique du Canada et joueront un rôle important dans la sécurité de l’approvisionnement en énergie de l’Amérique du Nord. Le gouvernement du Canada veut travailler en coopération avec les provinces intéressées et le secteur privé pour créer le cadre de l’infrastructure de captage et d'entreposage du CO2 dont découlera un vaste système qui sera mis en place dans les années à venir.

Outre sept ou huit mégatonnes par année de réductions d’émissions durant la période visée par le Protocole de Kyoto, le captage et l'entreposage du CO2 pourraient mener à 150 mégatonnes de réductions d’émissions par année ou même plus d’ici 2030. En appliquant les technologies de captage du CO2 au recouvrement des sables bitumineux, à la production d’électricité, et à la production pétrochimique, le Canada réalisera ces réductions tout en disposant d’énergie électrique produite écologiquement, fiable et ce, à un prix compétitif ; des conditions essentielles à une économie compétitive au XXIe siècle.

C’est donc en en travaillant bien ensemble, que nous réduirons notre empreinte en termes de GES de la production des sables bitumineux par rapport à l’empreinte actuelle de la production pétrolière classique.

L’établissement de cette infrastructure du CO2 pourrait avoir des avantages marqués. Premièrement, le captage du CO2 permettrait à l’industrie d’utiliser des carburants comme le coke de pétrole, libérant ainsi le gaz naturel pour des utilisations dans d’autres applications à valeur ajoutée supérieure. Deuxièmement, le CO2 capté revitaliserait la production conventionnelle du pétrole léger. Rien que dans le champ pétrolier de Pembina, le CO2 utilisé dans la récupération assistée des hydrocarbures pourrait ajouter 500 millions de barils aux réserves, ce qui équivaudrait à découvrir un nouvel Hibernia. Et nous savons tous combien le gisement d’Hibernia s’est révélé important.

On estime que la récupération assistée des hydrocarbures pourrait augmenter de 8 à 25 % la production des anciens gisements pétrolifères canadiens par rapport à ce que l’on avait pensé possible ; augmentant ainsi la récupération potentielle de trois à neuf milliards barils de pétrole. Le captage et l’emmagasinage du CO2 ont un rôle essentiel à jouer dans le développement durable de nos sables bitumineux. Comme pour notre secteur de l’électricité, la question n’est pas de savoir si nous allons le faire, mais plutôt quelle est la meilleure manière de le faire.

Conclusion

Tant d’autres développements touchant l’énergie et l’environnement sont possibles ! Prenez l’agriculture : il y a des possibilités de produire de l’électricité par digestion anaérobique de fumier, ce qui donne un nouveau sens à la transformation des déchets en profits. De plus, le biodiésel et l’éthanol produits à partir des récoltes fourniront des sources de carburants plus écologiques. Les agriculteurs pourront tirer des revenus des éoliennes tournant dans leurs champs. En encourageant ces possibilités, non seulement nous lutterons contre les changements climatiques, mais aussi nous fournirons une source importante de revenus supplémentaires et des occasions de marché à créneaux pour les agriculteurs. Une toute nouvelle économie rurale peut se développer qui serait affiliée au secteur de l’énergie.

Nous trouvons un autre exemple dans l’industrie forestière. Non seulement un meilleur aménagement forestier supporte-t-il la conservation des espaces naturels et la protection de la biodiversité, mais il fournit aussi des pièges naturels à carbone pour mieux entreposer les gaz à effet de serre. Il peut aussi offrir des choix de développement durable pour de nombreuses collectivités rurales et autochtones. Sans compter qu’il peut aussi fournir des sources d’énergie renouvelable à partir du bois.

Mais vous vous suivez ma pensée : nous savons quoi faire, cependant pour le faire, il nous faut un plan à suivre.

Le 13 avril, le gouvernement du Canada a publié son Plan actualisé pour les changements climatiques – Aller de l'avant pour contrer les changements climatiques : un Plan pour honorer notre engagement de Kyoto.

Je veux que vous sachiez que ce plan, peut-être le plan le plus complet de tous ceux produits par les pays signataires du Protocole de Kyoto, avec la contribution pleine et entière de votre secteur, aidera puissamment le Canada à devenir plus éconergétique.

Plusieurs instruments branchés sur les mécanismes du marché optimiseront votre participation à la cause d’une plus grande capacité énergétique couplée à une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Parmi ces mesures, je soulignerai les suivantes :

  • incitations fiscales pour les énergies renouvelables, amortissement autorisé des coûts d'immobilisations pour les investissements d’ordre environnemental et la modernisation des habitations ;

  • des cibles de réduction exigeantes mais raisonnables pour l’industrie ;

  • un système d’échange d’émissions ;

  • Fonds d’investissement technologique en vue de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ;

  • Fonds de partenariat avec les provinces et les territoires ;

  • Fonds novateur pour le changement climatique qui investira en réductions d’émissions à l’échelle du Canada et dans des réductions d’émissions au niveau international d’une manière qui fait avancer la plus grande durabilité du Canada ;

  • une politique d’approvisionnement écologique pour tout le gouvernement ;

  • des mesures pour mobiliser la population.

Je suis convaincu que ce genre de plan pour les changements climatiques permettra au monde de trouver et de mettre en œuvre les bonnes politiques énergétiques qui lui sont nécessaires. Ce sujet précis sera discuté fin novembre début décembre quand le monde se rassemblera à Montréal pour étudier comment créer un régime optimal de gestion internationale du climat pour aujourd’hui et pour l’après-Kyoto en 2012 ; comment garantir que l’espèce humaine réduira ses émissions de gaz à effet de serre d’une manière qui supportera la croissance économique à long terme et répondra à ses besoins énergétiques. Je vous invite à penser à des solutions efficaces qui sauront faire avancer ce programme.

Franchement, le monde a besoin de vous.

Alors, s’il vous plaît, venez à la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Montréal. Soyez les bienvenus à Montréal. Merci!


| Quoi de neuf | À notre sujet | Thèmes | Publications | Météo | Accueil |
| Aide | Recherche | Site du Canada |
La Voie verteMC, site Web d'Environnement Canada
Avis importants