Signature d'Environnement Canada Logo du gouvernement canadien
sauter le premier menu
  English Contactez-nous Aide Recherche Site du Canada
Quoi de neuf
À notre sujet
Thèmes Publications Météo Accueil

Lois et règlements

Salle des médias

Programmes et services

Le Ministre

Divulgation proactive,
Examen des dépenses
et
Vérifications et évaluations

Conférences et événements

Ressources connexes

Liens éclairs
discours

Changements climatiques : les bonnes décisions,
grâce à la science

Discours d’ouverture à la 24e plénière du Groupe international d’experts sur le climat (GIEC)

Notes pour une allocution de l'honorable Stéphane Dion, c.p., député, Ministre de l'Environnement du Canada

Montréal,
26 septembre 2005


 

L'honorable Stéphane Dion
Allocution de
l'Honorable Stéphane Dion, c.p., député
Ministre de l'Environnement


La version prononcée fait foi

Au nom du gouvernement du Canada et de notre Premier ministre, le très honorable Paul Martin, j’ai l’honneur de m’adresser à vous, le groupe consultatif qui fait le plus autorité au monde en matière de science des changements climatiques.

Il est tout à fait approprié que je vous rencontre alors que vous êtes sur le point d’examiner le Rapport spécial sur le captage et le stockage du dioxyde de carbone qui, si je ne me trompe, doit être déposé ce matin. Le Canada tient à jouer un rôle de premier plan dans le développement et le déploiement de cette technologie prometteuse.

Et il me fait grand plaisir de le faire ici à Montréal, qui sera l’hôte de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, du 28 novembre au 9 décembre 2005.

Un organisme scientifique de pointe, une technologie dont nous ne saurions nous passer, une conférence qui doit être un succès, voilà les trois importants sujets dont je veux vous entretenir.

1. La dette mondiale à l’égard du GIEC

L’humanité est la grande bénéficiaire des connaissances et de l’expertise du Groupe international d’experts sur le climat (GIEC). Vous avez donné aux gouvernements du monde entier les conseils et les orientations nécessaires dont ils ont besoin pour intervenir à l’égard du défi environnemental le plus important auquel le monde ait à relever, aujourd’hui et pendant les années à venir.

Il n’y a que dix-sept ans que le monde s’est rendu compte que l’ampleur des activités humaines commençait à affecter le climat mondial. C’est cette année-là, en 1988, qu’est né le GIEC. Depuis lors, vous avez aidé les responsables de l’élaboration des politiques à mieux comprendre le problème, à évaluer les risques, à peser les coûts et à décider des mesures à prendre face aux changements climatiques. L’évolution de notre compréhension de la science des changements climatiques se reflète dans les trois évaluations faites jusqu’ici par le GIEC.

En 1990, votre première évaluation menait à deux conclusions :

  • que les rejets provenant des activités humaines augmentaient substantiellement la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre;
  • et que ce changement allait accentuer l’effet de serre et réchauffer encore plus la surface de la Terre.

Ce rapport allait mener à Rio et servir de base à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Il y a dix ans, votre deuxième rapport concluait que « nous avons assez de preuves pour croire que l’être humain a une influence perceptible sur le climat planétaire ». Cette évaluation, avalisée par la deuxième Conférence des Parties, en 1996, a constitué la base des négociations internationales qui ont suivi en 1997, autour du Protocole de Kyoto.

En 2001, le message principal de votre troisième évaluation était que « des éléments nouveaux et encore plus probants montrent que l’essentiel du réchauffement des 50 dernières années résulte de l’activité humaine. »

Ces trois évaluations ont beaucoup de poids puisqu’elles s’appuient sur les opinions de plus de 2 000 scientifiques des quatre coins du monde et aussi du Canada. Leur travail monumental a abouti à un consensus mondial sans précédent sur un problème environnemental. Dix-sept académies scientifiques nationales, dont la Société royale du Canada et la U.S. National Academy of Science, jugent que les travaux du GIEC, et je les cite, « représentent le consensus de la communauté scientifique internationale sur la science des changements climatiques ».

Le Canada est fier d’être membre du GIEC depuis 1988, et nous avons l’intention de continuer à y participer à part entière. Plus de 30 Canadiens, dont environ la moitié œuvrent dans le secteur gouvernemental, ont contribué au troisième rapport d’évaluation. Aujourd’hui, 28 Canadiens jouent des rôles de premier plan dans la Quatrième évaluation dont le rapport devrait être publié d’ici deux ans.

Je vous affirme aujourd’hui que le gouvernement auquel j’appartiens est bel et bien déterminé à fonder son plan national sur les changements climatiques sur les meilleures données scientifiques possibles. Le gouvernement du Canada a des attentes élevées par rapport à vos futurs travaux et a l’intention de rester en contact étroit avec le GIEC.

À propos de vos travaux, je considère que le rapport spécial que vous déposerez aujourd’hui sur le captage et le stockage du carbone est d’une extrême importance. Le gouvernement du Canada a hâte de prendre connaissance des conclusions de ce rapport et de prendre les mesures qui s’imposeront, en collaboration avec la communauté internationale. Et je vais vous dire pourquoi.

2. Captage et stockage du carbone

On ne devrait jamais dire que le captage et le stockage du carbone représentent « la » solution. Ici, au Canada, nous sommes experts dans la production de toutes sortes d’énergie et dans diverses technologies environnementales. Nous savons que la solution à notre problème de changements climatiques ne réside pas en une seule technologie.

Par exemple, le Québec, ma province, déjà reconnue internationalement pour ses succès en hydro-électricité, n’en reste pas là et investit dans les technologies novatrices, tout particulièrement l’énergie renouvelable, y compris l’énergie éolienne.

Le monde doit déployer les technologies environnementales existantes, tout en en développant de nouvelles. Nul ne doute que le captage et le stockage du dioxyde de carbone soit une technologie dont nous avons besoin.

Le stockage géologique du CO2 peut devenir une des plus efficace mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, au cours des prochaines décennies. Avant que les autres technologies suffisent à stabiliser les gaz à effet de serre à des niveaux acceptables, le piégeage du carbone nous aidera à réduire nos émissions de gaz à effet de serre tant que les combustibles fossiles continueront de combler la plus grande part de nos besoin énergétiques.

Le fait est là : les énergies fossiles seront longtemps avec nous. Elles occupent une part si grande de l’économie mondiale qu’on ne peut pas, de manière réaliste, envisager de l’exclure des sources d’énergie du monde dans un avenir prévisible. Selon le 2004 World Energy Outlook de l’Agence internationale de l’énergie, les combustibles fossiles continueront de dominer l’utilisation énergétique mondiale.

En 2030, la part des combustibles fossiles dans l’utilisation de l’énergie primaire totale sera de 82 %, soit 35 % pour le pétrole, 25 % pour le gaz naturel et 22 % pour le charbon, environ les mêmes pourcentages qu’aujourd’hui. Voilà ce qui se produirà, à moins que notre consommation d’énergie et que nos modèles de production ne subissent une transformation radicale.

Quoi qu’il en soit, on voit bien à quel point nous avons besoin de capter et de stocker le CO2 pour exploiter les hydrocarbures d’une manière respectueuse du climat. La question n’est pas de décider si cette technologie devrait être utilisée ou non, mais d’en faire l’application la plus large possible maintenant et au cours des années à venir.

La technologie est bien établie, peut devenir de plus en plus rentable et, lorsque bien appliquée, peut permettre de stocker du CO2à perpétuité, dans les formations géologiques, dans les réservoirs de pétrole et de gaz épuisés et dans les nappes aquifères salines profondes.

Le piégeage du carbone peut permettre des réductions des émissions de gaz à effet de serre à grande échelle sans perturbation économique massive.

Le captage du CO2 a d’autres avantages puisqu’il peut être utilisé pour augmenter la récupération du pétrole dans les champs de pétrole conventionnels et accroître la récupération du méthane dans les couches de houille.

Le charbon est un cas en soi. Le monde dispose d’énormes réserves de charbon qui vont jouer un rôle important dans l’avenir énergétique mondial pendant encore plusieurs décennies. Le captage du CO2 et son stockage dans des formations géologiques pourraient tout changer. Ils pourraient rendre vraiment propre la technologie du charbon épuré.

Les nouvelles centrales électriques alimentées au charbon et les nouvelles installations d’extraction et de traitement du pétrole et du gaz devraient être conçues et construites sur la prémisse que si la technologie de captage et de stockage du CO2 ne leur est pas incorporée dès à présent, elle devra l’être au cours de leur vie utile.

Avec ses sables bitumineux et ses réserves de pétrole lourd, qui classent le Canada deuxième au monde derrière l’Arabie saoudite, le captage et le stockage du carbone constituent une composante importante du Plan sur les changements climatiques du Canada, mis en place pour honorer notre engagement de Kyoto.

Le gouvernement du Canada travaille avec les gouvernements provinciaux et le secteur privé en fonction de deux objectifs :

  • notre premier objectif est d’établir un système d’infrastructure intégré pour le captage et le stockage du CO2 au Canada;
  • notre deuxième objectif est de démontrer l’utilisation commerciale de la technologie du charbon épuré dans le cadre de ce système intégré.

Un des moyens d’atteindre ces objectifs est le Fonds du partenariat, inclus dans le Plan canadien sur les changements climatiques, lui-même un des éléments fondamentaux du grand Projet vert de notre Premier ministre, le très honorable Paul Martin.

Le gouvernement du Canada a déjà fait des investissements importants dans ce secteur, tout particulièrement dans le champ pétrolifère de Weyburn en Saskatchewan – le plus grand projet de recherche sur le piégeage au monde – et d’autres projets comme ceux de CANMET et du Centre international d’essais pour le captage du CO2à l’aide de solvants chimiques.

Plusieurs intérêts importants dans les sables bitumineux de l’Alberta examinent la possibilité de lancer une co-entreprise de captage et de vente de dioxyde de carbone extrait des sables bitumineux. La capacité de stockage géologique du CO2 dans l’Ouest canadien à plus long terme est très grande, de l’ordre de plus de 200 mégatonnes par année, sans compter les possibilités de stockage qui existent également dans l’Est du Canada.

Une capacité considérable existe aussi dans un certain nombre d’autres pays, dont certains importants pays en développement. L’application au niveau mondial est substantielle ; pour cette raison, le Canada fait figure de proue - et entend continuer à le faire - dans la recherche et les technologies pour le piégeage du carbone.

Conclusion

Je concluerai sur mon point principal : le monde vous doit beaucoup, mais en attend encore plus de vous.

Vos rapports, tel que celui que nous attendons aujourd’hui sur le captage et le stockage du carbone, sont essentiels pour aider les pays, y compris le Canada, à atteindre leurs objectifs d’un plus grand accès aux technologies existantes et aux technologies novatrices.

En préparation de la très prochaine Conférence de Montréal sur le climat, j’ai rencontré de nombreux décideurs du monde entier. Partout, j’entends parler de votre travail, et les attentes à votre égard sont très élevées.

Par exemple, vous savez sûrement qu’on espère bien que le GIEC fournira davantage d’information scientifique sur ce que devrait être, en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la cible appropriée pour éviter les conséquences dangereuses pour l’humanité. J’entends également que votre contribution scientifique devrait, de plus en plus, aller au-delà des mesures d’atténuation et traiter des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

Dans l’Arctique canadien, par exemple, les changements climatiques sont déjà évidents et des solutions d’adaptation doivent être trouvées immédiatement. Les communautés autochtones de notre Grand Nord, qui connaissent intimement et depuis toujours ces territoires, ont déjà rapporté l’amincissement de la glace de mer, la présence d’animaux, d’oiseaux et d’insectes jusqu’ici inconnus dans leur région, l’appauvrissement de certaines espèces traditionnelles, ainsi que des risques plus marqués pour les infrastructures. Le Rapport d’évaluation sur les effets sur le climat arctique a déjà accru considérablement nos connaissances sur les effets des changements climatiques dans l’Arctique ; l’Année polaire internationale, 2007-2008, sera l’occasion de pousser plus loin la recherche sur ces effets dans le Nord.

Dans le cadre de nos préparatifs pour la Conférence de Montréal, le gouvernement du Canada a consulté nombre de pays et d’experts internationaux afin de déterminer quelles doivent être les prochaines étapes dans la longue marche vers une action mondiale. Voici ce que nous avons entendu : l’efficacité environnementale, la participation de tous, les contributions durables aux objectifs de développement, l’adaptation, un marché mondial du carbone bien établi et la réalisation du plein potentiel de la technologie sont les six éléments nécessaires à notre succès au cours des prochaines années.

La Conférence de Montréal sur le climat le confirmera une fois encore : pour atteindre ces objectifs climatiques, il nous faut des données scientifiques solides. Compte tenu de votre impressionnant dossier, je sais que vous continuerez à nous transmettre le savoir qui guidera nos décisions.

Il y a donc de fortes chances qu’après la Conférence de Montréal sur le climat, nous vous demandions encore une fois « d’aiguiser vos crayons ».


| Quoi de neuf | À notre sujet | Thèmes | Publications | Météo | Accueil |
| Aide | Recherche | Site du Canada |
La Voie verteMC, site Web d'Environnement Canada
Avis importants