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Montréal 2005 : les enjeux de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques

Allocution prononcée par
le Ministre de l’Environnement du Canada
l’honorable Stéphane Dion

devant le Conseil des relations internationales de Montréal
le 16 novembre 2005

Hôtel Hyatt Regency Montréal
Grand Salon
1255, rue Jeanne Mance
Montréal (Québec)


 

L'honorable Stéphane Dion
Allocution de
l'Honorable Stéphane Dion, c.p., député
Ministre de l'Environnement


La version prononcée fait foi

Vous m’avez dit que c’est la première fois que le CORIM tient un tel évènement sur l’environnement. Qu’est-ce qui fait qu’on s’intéresse de plus en plus à l’environnement ? Les compétences des gens qui sont réunis ici aujourd’hui sont très impressionnantes. Il y a des compétences dans le domaine municipal dont Monsieur DeSouza qui est responsable de l’environnement à l’échelle municipale, des gens des entreprises des technologies environnementales, du monde syndical, du monde environnemental. Quand on se demande si le Canada va atteindre son objectif de Kyoto qui est de loin le plus exigeant de tous les pays signataires du Protocole de Kyoto, et bien moi je dis que quand on met tous les Canadiens ensemble, qu’on a toute la force réunie ici à Montréal, toute la force qu’on est soupçonné d’avoir dans nos grandes villes et partout dans notre pays, je dis oui, on peut l’atteindre. C’est une question de volonté et de coordination de tous nos efforts et le Canada est un pays déterminé à honorer son objectif de Kyoto.

Qu’est-ce qui fait qu’on a un tel engouement pour l’environnement, qu’est-ce qui fait que nous allons recevoir dans 12 jours – et j’ai des palpitations dès l’instant que je pense qu’il ne reste plus que 12 jours avant la grande rencontre annuelle sur les changements climatiques de l’ONU qui aura lieu à Montréal du 28 novembre au 9 décembre. Sous peu, nous allons accueillir de 10 000 à 12 000 participants. Il y aura un nombre record d’événements parallèles qui vont être organisés pour les environnementalistes par des représentants du domaine municipal, parce que les grandes villes viendront, par exemple il y aura le maire, Monsieur Tremblay, Monsieur DeSouza et la Fédération canadienne des municipalités pour des gouvernements sub-nationaux équivalents aux provinces et bien sûr le premier ministre Charest. Lorsqu’il était ministre de l’environnement, mon prédécesseur, le premier ministre Charest a lancé l’initiative canadienne pour les changements climatiques à Rio. Qu’est-ce qui fait qu’il y a cet engouement ? Si vous voulez en savoir plus d’ailleurs sur les événements parallèles, il y ici un organisateur, Monsieur Jeff MacDonald, le directeur d’évènements parallèles du Secrétariat canadien de la conférence de Montréal.

Je crois qu’il y a un sentiment croissant qu’on est en train de changer la révolution industrielle. On est en train de rentrer dans une révolution industrielle qui sera effectivement celle de l’économie durable et que cette prise de conscience traverse les démocraties de plus en plus.

Vous avez certainement vu les sondages qui montrent que, pour la première fois, la protection de l’environnement se range au premier rang des priorités des Canadiens. L’augmentation des dépenses consacrées aux soins de santé et le maintien d’un budget équilibré se rangent aux deuxième et troisième rangs respectivement. Nos populations nous poussent dans le dos de plus en plus pour faire en sorte que les grands arbitrages qui ont eu lieu dans le passé entre l’économie et le volet social se fassent de plus en plus à trois, l’économie, le volet social et l’environnement. C’est cette synthèse qu’il faut établir de façon à promouvoir effectivement le développement durable, parce que c’est bien beau d’avoir une forte productivité, une forte croissante du PIB mais si on est en train d’assécher nos lacs et nos rivières, de polluer nos sols, qu’est-ce que ça voudra dire sur 20 ans. De plus en plus, les villes se rendent compte que nous devons favoriser la productivité axe sur les ressources si nous voulons une croissance économique et une qualité de vie.

Le facteur le plus déterminant pour que cette prise de confiance ait lieu est aussi le principal danger qui guette l’humanité, soit les changements climatiques. The most important danger we are facing from an ecological perspective is climate change. Les changements climatiques sont causés par l’activité humaine et ce ne sont pas seulement les environnementalistes à boucles d’oreilles et aux cheveux longs qui le disent.

Il y a aussi les scientifiques qui le disent et là c’est beaucoup plus inquiétant. Mais il y a aussi les grands assureurs qui nous le disent, par exemple la compagnie Swiss Re, qui maintient que pour le monde des affaires au 21ième siècle, la principale source d’incertitude sera les changements climatiques. Alors là, ça devient sérieux, parce que c’est notre portefeuille qui est touché directement. Ça va nous coûter plus cher en primes d’assurance, ça va nous coûter plus cher pour investir dans de plus en plus de domaines à cause des changements climatiques. Laissez-moi vous expliquer un peu comment ça fonctionne. Quand les rayons du soleil frappent la terre, certains gaz sur la planète qui sont des gaz naturels – comme la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux – retiennent une partie de la chaleur du soleil.

Ce processus se déroule de façon naturelle et heureusement qu’il y a ces gaz à effets de serre parce qu’ils gardent en moyenne la température de la terre à 14°C. Or si ces gaz n’existaient pas, selon les scientifiques, la température sur la planète serait en moyenne de moins 19°C et donc il n’y aurait pas de vie sur la terre. Donc si l’on est en vie, si l’on existe, si l’on a un monde aujourd’hui, c’est grâce aux gaz à effets de serre. On doit les aimer pour ça mais on les aime trop paraît-il. Depuis la révolution industrielle, les combustibles fossiles que nous utilisons pour nos véhicules, nos industries, pour chauffer nos maisons et de plus en plus maintenant pour les refroidir, ont augmenté la quantité de ces gaz à effet de serre.

D’ici la fin du siècle, les scientifiques nous disent que la température sur la terre va augmenter de 1,5 et 6°C et dans certaines régions du monde, ce sera jusqu’à12°C. Bonne nouvelle n’est-ce pas ? On aime la chaleur. J’ai toujours cru que si l’on voulait parler de contrer les gaz à effet de serre qui cause le refroidissement de la planète plutôt que le réchauffement de la planète, il serait plus facile pour moi d’obtenir du financement. Mais non, ce n’est pas une bonne nouvelle.

D’ici quelques décennies, on prévoit qu’il y aura des réfugiés du changement climatiques, c’est-à-dire des êtres humains qui auront perdu leur territoire parce qu’il aura été submergé ou rendu inhabitable. On parle de 125 à 150 millions d’êtres humains. Notamment dans des endroits très pauvres comme Marrakech, le Nigeria ou l’embouchure de l’Amazonie, ainsi que des îles états qui vont pour toutes fins pratiques disparaître.

Mais il y a aussi des pays développés qui seront affectés et l’un de ces pays, en fait le pays qui sera le plus affecté de tous les pays développés, c’est notre pays, le Canada. Le Canada est très vulnérable, notamment parce qu’il s’agit d’un pays de l’Arctique. Il y aura une augmentation du nombre et de l’intensité des vagues de chaleur et des problèmes de santé connexes, des baisses des niveaux d’eau dans les Grands lacs, ce qui veut dire qu’il y aura déplacement de la ligne des pêches pour les gens de la région du Québec. Il y aura aussi des municipalités qui vont découvrir que leur eau est de plus en plus salé et donc il faudra aller en découvrir ailleurs de l’eau douce.

Il y aura des changements dans la migration des poissons, la fonte de la calotte polaire, des phénomènes météorologiques extrêmes comme des sècheresses, des tempêtes de verglas, des inondations. Il y aura une augmentation dramatique de la température en Arctique avec des incidences profondes sur les communautés qui y vivent.

Je souligne ces exemples pour vous montrer quelles pourraient être certaines des répercussions sur l’environnement des changements climatiques. D’autres impacts comprennent la déforestation, l’érosion du sol, l’épuisement des stocks de poissons, la rareté de la nourriture, une réduction des ressources en terre et en eau, et ainsi de suite. Tous ces changements auront pour effet de miner la sécurité humaine en créant de l’instabilité sociale et économique.

Le sol sera aussi affecté, ce qui n’augure pas bien pour l’agriculture. Pour ceux qui ont vu le film « L’erreur boréale », et bien la forêt boréale de l’Ontario et du Québec pourrait bien disparaître ou du moins elle sera très affaiblie. Si on arrêtait d’émettre le surplus de gaz à effet de serre, ça prendrait plus d’un siècle avant de retrouver la stabilité. Il faut cesser d’empirer les choses. Les scientifiques nous disent que ça nous prendrait dix fois Kyoto. Donc, à chaque fois que vous entendez quelqu’un qui dit « j’en ai assez fait, je suis meilleur que les autres », dites-lui, « tu en as encore à faire ». Chacun doit mettre l’épaule à la roue.

Mais regardons maintenant les tendances. Selon une étude publiée par l’Agence internationale de l’énergie, les besoins énergétiques mondiaux seront 60 pourcent plus élevés en 2030 qu’ils ne le sont aujourd’hui, notamment en ce qui a trait aux combustibles fossiles. Ils représentent environ 80 pourcent de l’utilisation combinée de plusieurs sources d’énergie aujourd’hui et représenteront toujours 80 pourcent en 2030. Les sources vulnérables d’énergie, en dépit de nos meilleurs efforts, augmenteront de 3 pourcent, ce qui est bon, sauf qu’elles représentaient 2 pourcent au début. Donc si on multiplie par trois, elles atteindront 6 pourcent. Les deux tiers de cette augmentation seront attribuables aux pays en voie de développement dont les technologies ne sont pas très efficaces sur le plan de la pollution. D’ici 2030, ces pays représenteront la moitié des besoins énergétiques, ce qui veut dire qu’en 2030, les émissions de gaz à effet de serre augmenteront de 60 pourcent. Mais les scientifiques nous ont demandé de réduire de 60 pourcent.

Voilà où nous en sommes. Alors qui doit faire des efforts? À l’heure actuelle on a plus de 6 milliards d’êtres humains sur la terre. Ce chiffre pourrait atteindre 8 milliards au cours des prochaines décennies. De ces 6 milliards d’êtres humains, entre 1 milliard 500 millions et 2 milliards n’ont pas d’électricité selon les statistiques. On peut toujours leur demander de continuer de s’en passer comme ça il n’y aura pas d’émissions de gaz à effet de serre. Ils pourraient utiliser le bois, ce qui augmentera la déforestation. Cette solution ne règle pas le problème mais c’est tout à fait juste pour eux. Je suis allé en Inde récemment pour rencontrer les ministres des Ressources naturelles et de l’Environnement de ce pays. Je leur ai montré notre plan pour Kyoto. Ils le connaissaient. Ils sont allés sans hésitation à la page où l’on parle du défi d’une tonne.

Vous savez que chaque Canadien comme consommateur produit 5 tonnes de gaz d’effet de serre par année. On vous demande de réduire ça à 4. Par exemple si vous réduisez l’utilisation de votre véhicule d’un cinquième, vous avez déjà réduit votre contribution d’une demie tonne. J’espère que vous allez relever ce défi. Mes collègues ont regardé notre plan et puis ils ont dit, « bon d’accord, nous aussi on a un défi d’une tonne. On est présentement à 0,2 et on veut atteindre une tonne. Il y a des centaines de millions d’être humains en Inde qui n’ont pas accès à l’électricité. Il faut qu’ils aient accès à l’électricité. Puisqu’il y a un milliard d’êtres humains en Inde, et que l’on veut que chacun d’eux produise sa tonne, cette hausse aura un effet très dévastateur sur le monde.

Qui sommes-nous pour leur dire qu’ils n’auront pas accès à l’électricité. Je suis allé en Chine en 1993 comme professeur invité et quand on se rendait à Beijing à cette époque, tout le monde était à vélo sauf les « big shots » qui se promenaient en grosse voiture noire mais sinon c’était à vélo. Ils allaient tous à la même vitesse. Je suis retourné à Beijing récemment et c’est un cauchemar. Il y a des voitures partout et un millier de voitures s’ajoute chaque année. On peut toujours dire aux Chinois de retourner à leurs trottinettes et à leurs vélos sauf que, au Canada et aux Etats-Unis, il y a 700 voitures par mille habitants. En Chine, il y a 10 voitures par mille habitants. Si chaque être humain consommait autant que les Canadiens et les Américains, en terme non seulement des émissions de gaz à effet de serre mais de l’utilisation de ressources en général, ça prendrait cinq planètes pour suffire à la demande. Alors voilà la situation à laquelle on est confronté.

Si je vous disais que la solution c’est d’arrêter la croissance économique au Canada, juste avant une élection qui pourrait être annoncée dans combien de mois ou combien de jours, il faut dire que mon premier ministre ne serait pas très heureux que je dise ça. Il n’y a pas un seul politicien dans les pays développés ou en voie de développement qui peut se faire élire en choisissant cette solution. La vraie solution est d’avoir une croissance plus soutenable, une croissance enlignée avec nos objectifs.

En fin de semaine, j’ai participé à une activité politique. À un moment donné, les militants ont voté sur une résolution qui prévoyait l’imposition d’une taxe pour les propriétaires de gros véhicules cylindrés. Quelqu’un a levé la main pour demander s’il était possible d’inclure une exception pour les véhicules que les gens utilisent pour gagner leur vie. Avez-vous déjà essayé de vous promener dans une Prius sur nos chemins de campagne en plein hiver pour aller faire des livraisons ? Bonne chance ! Nos entreprises sont à la limite de la rentabilité alors qui voudrait imposer une telle contrainte ? J’ai voté, moi, le ministre de l’Environnement, en faveur de cet amendement visant à protéger nos industries et nos travailleurs parce que je ne suis pas un ministre qui veut créer du chômage. Alors, voilà les contraintes auxquelles nous sommes confrontées.

Ce qui m’amène à vous parler de la conférence qui se tiendra à Montréal non seulement au Palais des Congrès, mais dans les musées, les restaurants, les taxis. Nous accueillerons des experts de partout à travers le monde qui viendront parler de changements climatiques. Nous allons accueillir trois catégories de pays. D’abord il y aura entre autres des représentants de pays qui comme le Canada, ont accepté d’avoir une cible réglementée dans le cadre du Protocole de Kyoto. La nôtre c’est d’atteindre moins 6 pourcent d’ici 2010 par rapport à 1990.

Voilà notre cible. Actuellement, on est à plus 24 et il faut atteindre moins 6 d’ici 2010. C’est le plan qu’on a lancé en l’an 2000. Nous encourageons tous ceux qui vont faire un effort, du citoyen à l’entreprise, au monde syndical, aux provinces et j’espère que Monsieur Mulcair va aussi travailler avec moi main dans la main. C’est tout ce que je demande, rien de plus et rien de moins. On doit tous s’entraider pour y arriver. On est en retard par rapport à nos objectifs. Les Britanniques étaient très confiants de pouvoir atteindre leur objectif qui est de moins 12. Ils se sont alors fixé un autre objectif, soit de se rendre à moins 20 d’ici 2010. Mais depuis deux ans les gaz à effet de serre ont recommencé à croître en Grande Bretagne. Ils n’avaient pas prévu ça donc ils vont arriver à Montréal un peu ébranlé par rapport à leurs objectifs.

C’est la même chose un peu partout. Alors, il y a le Canada, l’Europe, le Japon et la Nouvelle Zélande qui ont des cibles réglementées. Le Japon est un peu comme nous. Ils veulent atteindre leur objectif mais ils se sentent bien seuls.

Il y a aussi une deuxième catégorie de pays, soit les pays en voie de développement et là il y a deux sous-catégories, il y a ceux qui ne se développent pas très vite et ceux qui se développent de façon très exponentielle comme la Chine, l’Inde, le Brésil et qui voient les gaz à effet de serre grandir à grande vitesse.

Par exemple si l’on parvenait à mettre en place le plan McGuinty qui prévoit la fermeture de neuf centrales au charbon en Ontario, ça prendrait moins de six mois pour annuler ce résultat parce qu’en Chine, des centrales au charbon ils en font tous les mois. Alors voilà la situation. Bon, ces pays là n’ont pas envie d’accepter une cible. Ils y voient comme un frein à la croissance au moment même où par habitant leurs émissions sont tellement basses. Alors si l’on dit à la Chine de venir à Montréal seulement s’ils sont prêts à accepter une cible, ils ne viendront pas.

La troisième catégorie ce sont les pays développés qui ne croient pas dans Kyoto et ça ce sont les Américains, les Australiens surtout. Les Américains à eux seuls représentent 25 pourcent des émissions. Et le rôle du Canada est de consolider la position de tous ces pays.

À mon avis, il y a trois raisons pour lesquelles on nous a demandé d’accepter cette tâche très, très exigeante. La première raison c’est que notre pays est un bon citoyen du monde. Le Canada est perçu comme un pays qui essaie toujours de réconcilier les gens, de comprendre tout le monde. La deuxième raison c’est qu’on a des experts dans toutes les sources d’énergie qu’on puisse imaginer. Le Canada est bon en hydro électricité, il est bon dans le charbon, il est bon dans le gaz naturel, dans le pétrole, et cetera. Mais la troisième raison c’est qu’on est bon à rapprocher le monde.

On comprend très bien comment la vie de certains groupes de gens est changée par les changements climatiques. Au Canada il y a l’Arctique est une région qui est terriblement atteinte. Donc on comprend très bien les débats auxquels le monde entier est confronté parce que nous aussi nous y sommes confrontés. On essaie de réconcilier les positions divergentes et je pense qu’on y arrive bien, du moins c’est ce que les autres pays nous disent. Alors voilà qu’on a demandé au Canada d’essayer de rapprocher le monde, de réchauffer les relations dans ce domaine pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et par conséquent, le changement climatique. Nous avons rencontré à peu près tous les pays du monde et essayé de comprendre leur point de vue. À partir de ces rencontres, voici ce que nous proposons de mettre sur la table à la grande conférence de Montréal.

Cette démarche se résume ainsi – il s’agit des trois « i ». Ça marche bien en anglais, et un peu moins en français. Il y a « implementation » ou la mise en application du Protocole de Kyoto, « improvement », soit l’amélioration, et l’innovation.

D’abord, il y a la mise en œuvre de Kyoto. À Marrakech il y a cinq ans, le monde a adopté un certain nombre de dispositions qu’il faut maintenant mettre en œuvre à Montréal. Il s’agit de 19 décisions dont certaines sont très difficiles. Il y a près de 150 pays qui se prononceront sur ces décisions et chacun a son droit de veto. Le Canada a travaillé très fort pour que ça aille bien. Si on atteint ce premier objectif, laissez-moi vous dire que ce sera un bon succès, très, très fort pour tous. The second “I” is for improvement, so what do we want to improve? Encore une fois. Le Protocole de Kyoto ne fonctionne pas comme il devrait. Il y a plusieurs éléments qui fonctionnent bien mais comme j’ai pas le temps, je me concentrerai sur la plus importante de toutes, c’est ce qu’on appelle le mécanisme de développement propre. C’est un mécanisme qui permet au nord de travailler avec le sud à l’intérieur du Protocole de Kyoto.

Ce mécanisme prévoit que les pays qui ont une cible, les pays membres de l’Union Européenne, le Canada, le Japon et la Nouvelle Zélande, peuvent atteindre une partie de leur cible en réduisant les gaz à effet de serre des pays qui n’ont pas de cible, le Brésil et le Mexique, ainsi que les pays de l’Afrique et de l’Asie. À l’heure actuelle c’est très lent, très bureaucratique. Alors Montréal 2005 va être l’occasion de peaufiner le mécanisme de développement propre, d’en faire un grand succès. I would say that countries agree that we need to improve the clean development mechanism but they don’t agree yet on how to do it and Canada is trying to find the best way to have a successful outcome for everyone.

Et le troisième « i », c’est l’innovation ou l’imagination.

Ce troisième élément porte sur l’avenir. La première chose que les pays de Kyoto doivent faire c’est de mettre en place tout de suite le processus qui leur permettra d’assurer que Kyoto se poursuivra au delà de 2012. Les pays qui font partie de ce mécanisme sont très nerveux. Il s’agit des pays de l’annexe 1 du Protocole, ceux qui ont un objectif. Ils sont très nerveux, d’abord parce qu’ils luttent pour atteindre leurs objectifs d’ici 2012 et leur demander tout de suite de penser après 2012 les inquiète. Ce n’est pas facile de le faire. Prenons le cas du Canada par exemple. On est en train d’établir une cible pour chacune de nos usines, pour chacun de nos grands émetteurs. Ils ne sont pas tout à fait contents de ces cibles mais je pense que ça va aller même si ce n’est pas facile. Les Européens l’ont fait jusqu’à 2008. Ils doivent définir tout de suite les prochaines cibles pour 2008 à 2012.

Alors vous comprendrez que demander à ces pays tout de suite de penser à 2013 ce n’est pas facile. Ils veulent bien se pencher sur la question à Montréal mais ce ne sera pas facile. Dans le cas des Japonais par exemple, aller de l’avant sans les Américains et les Chinois, ce n’est pas facile pour eux non plus. Alors ça c’est la première chose qu’on a à faire. L’autre chose c’est de lancer un processus plus large de façon à ce que tous les pays du monde voient comment on peut mieux travailler ensemble. D’accord, certains pays ne veulent pas de cible pour le moment, on sait ça mais il y a tellement de choses qu’on peut faire ensemble. Il sera difficile de demander à nos populations de continuer à aller de l’avant quand les trois quarts des émissions proviennent de pays non signataires du Protocole de Kyoto. Je pense qu’on doit utiliser ces années là pour accroître la participation de tout le monde en fonction des capacités de chacun exactement comme on essaie de le faire au sein du Canada. À cette fin, on a mis au point une proposition en six points que j’essaierai de vous présenter en dix minutes.

Le premier point, c’est de faire en sorte que notre politique sur les changements climatiques visant à réduire les émissions ne soit pas isolée dans son coin mais qu’elle soit reliée à tous nos objectifs environnementaux. L’exemple le plus simple c’est l’eau, l’eau qui protège les forêts, l’eau qui protège les populations essentielles à la vie, l’eau qui est essentielle pour s’assurer que le C02 soit gardé à l’extérieur de l’atmosphère autant que possible. Deuxième objectif, faire en sorte que notre politique sur changements climatiques mondiale soit liée à nos stratégies de développement économique et les objectifs du millénaire par exemple. Encore là la solution est assez claire, c’est l’efficacité énergétique, l’électricité et l’énergie, c’est exactement ce qu’on essaie de faire au Canada. Je lisais par exemple que mon collègue, le ministre des Ressources naturelles du Québec, veut mettre l’accent sur l’efficacité énergétique dans les prochaines années. Alors c’est ça qu’on doit faire à travers le monde.

Troisième objectif, élargir la participation de tous les pays en créant des mesures incitatives positives pour chacun. Quand un pays en développement fait de bonnes choses, la communauté internationale devrait être davantage là pour l’encourager, l’aider, le soutenir. Quatrième objectif, c’est davantage les forces du marché du secteur privé comme c’est le cas ici. Le Canada va lancer dès l’an prochain le marché du carbone. Les Européens l’ont déjà fait et bien il faut voir si on peut développer ce genre d’outil à travers le monde. Cinquième objectif, la révolution technologique dont nous avons tant besoin. Il ne s’agit pas seulement d’innover avec l’hydrogène, l’adaptation du C02, le charbon épuré et toutes les autres innovations. Il faut diffuser ces innovations, plus rapidement à travers le monde. Les Chinois nous envoie du charbon qui est non seulement très nocif pour les changements climatiques mais aussi pour notre écosystème. Vingt pourcent du mercure qui est très nocif pour les humains et qui se retrouve dans nos lacs et nos rivières vient de la Chine. Donc si l’on ne travaille pas avec eux, si l’on s’isole, on ne pourra pas arrêter la pollution.

Et le dernier élément qui est aussi très important, c’est que le changement climatique est maintenant une réalité. On ne peut pas penser qu’il faut simplement atténuer ces effets. Il faut s’adapter à ces effets. Le Canada le sait très bien et on doit donc penser à une stratégie d’adaptation pour le monde et c’est ce qu’on va offrir au monde à Montréal en espérant que le monde sera preneur. Je conclue en vous disant que pour s’assurer de maximiser nos chances de réussite dans un domaine très difficile, l’opinion publique mondiale demande à ses dirigeants de trouver des solutions.

Canada will welcome the world well focussed on the issue. Mesdames et messieurs, le Canada a d’immenses responsabilités, le monde attend beaucoup de nous. Nous allons tout faire pour répondre à ce que le monde attend de nous.

Merci beaucoup.


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