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William Lyon Mackenzie King (1874-1950)Contexte

Imaginons un instant que nous sommes au début du XXe siècle. La guerre de Bosnie, l'explosion de la bombe atomique à Hiroshima, les deux guerres mondiales, la grande crise de 1929 et la révolution bolchévique n'ont pas encore eu lieu. Nous sommes à l'automne 1900. À bicyclette, un jeune homme récemment sorti de Harvard, la tête remplie de rêves et d'ambitions, gravit prestement les collines qui bordent les berges de la rivière Gatineau. Son chemin s'arrête près d'un petit lac nommé Kingsmere. Intrigué par l'analogie entre le nom de l'endroit et le sien, il décide sur-le-champ de bâtir son avenir à partir de ce lieu, qui deviendra après sa mort le domaine Mackenzie-King.

Un ambitieux jeune homme

Cet homme, William Lyon Mackenzie King, petit fils du leader rebelle William Lyon Mackenzie, rêve déjà de devenir premier ministre du Canada. Dans son journal intime, qu'il tiendra méticuleusement pendant près de cinquante ans, il avait alors déjà exprimé cette ambition. Son rêve, il le construit en gravissant tous les échelons. Il est sous-ministre en 1900, député en 1908, ministre du Travail en 1909 dans le gouvernement de sir Wilfrid Laurier, qu'il remplace comme chef du parti Libéral et de l'Opposition en 1919. En 1921, il devient premier ministre du Canada et il le restera pendant près de 22 ans. Un record de longévité qui n'est pas près d'être égalé.

Le politicien

William Lyon Mackenzie King est un politicien un peu terne ne possédant ni le charisme de Laurier ni le côté flamboyant de Meighen. Ses discours sont monotones et fastidieux. Cependant, l'homme est intelligent, habité par une détermination sans faille et doué d'une capacité d'analyse peu commune. Il sait aussi s'entourer d'une équipe compétente qu'il dirige et utilise avec une grande efficacité. Il est l'héritier de Laurier, à qui il est resté fidèle même pendant les jours sombres de la crise de la conscription de 1917. Cette fidélité lui vaudra l'attachement des électeurs francophones et le pouvoir presque sans partage pendant près d'un quart de siècle.

Un pionnier

Bien qu'il n'innove que lorsqu'il est poussé à le faire, Mackenzie King demeure néanmoins un pionnier dans plusieurs domaines. Il est le premier titulaire du poste de ministre fédéral du Travail, auquel il a été nommé grâce à sa formation exceptionnelle pour l'époque. Docteur en économie et spécialiste des relations du travail, Mackenzie King est le seul premier ministre canadien à avoir possédé un si haut degré de formation universitaire. Il est le premier chef d'un parti politique canadien à avoir été choisi lors d'un congrès de ses membres. À partir du milieu des années 1920, pressé par les partis progressistes, son gouvernement met en place les premiers jalons de l'État providence : les pensions de vieillesse, l'assurance chômage et les allocations familiales seront en effet instituées par son gouvernement. Sur le plan extérieur, Mackenzie King poursuit la politique de sir Wilfrid Laurier et de sir Robert Borden. Il contribue à garder le Canada sur la voie de l'autonomie face à l'Angleterre. En 1947, il devient le tout premier citoyen canadien. Mackenzie King est aussi l'artisan du rapprochement historique avec les États-Unis. Franklin D. Roosevelt et lui consacreront ainsi la continentalité des intérêts des deux pays.

Un personnage hors du commun

Mackenzie King est et restera un personnage mythique de l'histoire canadienne. Sa longévité à la tête du gouvernement, le mythe de son invincibilité politique, son romantisme, sa vénération pour sa mère, son célibat, les aspects excentriques de sa personnalité, sa solitude, son amour pour son domaine et ses ruines singulières, son volumineux journal personnel, tout converge pour nourrir la légende de ce politicien hors du commun. Cependant, Mackenzie King était avant tout un homme de son époque. Il est né au XIXe siècle, et la plus grande partie de ses habitudes de vie s'est inscrite dans un cadre romantique et victorien. Quand une bombe atomique explose à Hiroshima, il comprend qu'il appartient à une époque révolue.

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Mise à jour : Le mardi 3 janvier 2006
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