Risques des herbicides pour les écosystèmes
![]() Application d'un herbicide avec tracteur muni d'une buse à grand déploiement. La dérive de gouttelettes d'herbicide peut être observée. Photo – Céline Boutin (SCF) |
Au Canada, on fait un très grand usage des herbicides en agriculture. Plus de 26 millions d'hectares sont pulvérisés au moins une fois par année. Du point de vue agronomique, les avantages de l'utilisation des herbicides ont été étudiés en profondeur. Par contre, l'incidence néfaste des herbicides sur l'environnement est particulièrement négligée. Ainsi, des dommages sont causés à la végétation naturelle se trouvant près des grandes cultures, et ces dommages ont en outre des répercussions à différents niveaux trophiques sur les invertébrés, les amphibiens, les oiseaux et les mammifères. L'apparition des cultures génétiquement modifiées et tolérantes aux herbicides polyvalents ne va pas améliorer les effets nocifs sur les habitats qui ne sont pas ciblés. Il est généralement admis, que peu importe la méthode d'application des herbicides, il y aura toujours une erreur d'emplacement due à la dérive, à la volatilisation, aux eaux de ruissellement, au délavage et au déplacement des particules du sol par érosion éolienne.
Notre recherche comprend plusieurs composantes. Elle vise à améliorer la méthodologie qui évalue la toxicité des pesticides sur les plantes et à étudier les facteurs pouvant influer sur les résultats des tests de toxicité. Nous avons découvert des lacunes dans les lignes directrices utilisées en ce moment pour l'homologation et la réglementation des pesticides. Les plantes utilisées pour les tests sont des espèces d'importance économique, par exemple des cultures ou des plantes ornementales. Il reste à déterminer si elles sont représentatives des espèces végétales présentes dans les habitats à protéger. Également, le nombre d'espèces sur lequel il est nécessaire d'examiner les produits chimiques à l'essai pour en arriver à une évaluation de risque valide reste à déterminer. Parmi les autres aspects importants étudiés, mentionnons les stades phénologiques à tester, les effets des conditions de croissance ou les effets des caractéristiques des espèces de plantes.
La réglementation actuelle sur les pesticides ne prescrit pas l'examen de leurs effets sur la biodiversité à l'échelle des écosystèmes. Les pesticides provoquent des changements chez les végétaux et à d'autres niveaux trophiques qui, en fin de compte, modifient les processus dans les écosystèmes. Cependant, les études effectuées à l'aide d'un grand nombre d'espèces sont complexes, en raison de l'hétérogénéité normale des sites naturels. Pour contourner certaines des difficultés inhérentes aux sites naturels, les interactions entre les espèces sont étudiées à l'aide de mésocosmes ne comportant que quelques espèces de plantes. Notre recherche fait partie d'une initiative plus vaste à laquelle collaborent des chercheurs du Danemark, de la Grande-Bretagne, des États-Unis, et d'autres pays. Personne-ressource du CNRF |
![]() Effet de décoloration d'un herbicide sur une fronde d'une fougère (Onoclea sensibilis) retrouvée dans une haie brise-vent près d'un champ en culture. Photo – Céline Boutin (SCF) |