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Ressources biologiques

Invasion des phragmites dans les îles de Boucherville

On rencontre le Phragmite commun (Phragmites australis*) partout dans le monde, à l’exception de l'Antarctique. Au Québec, on peut le voir maintenant de l’Abitibi jusqu’en Gaspésie. Jusqu’à la fin des années 1950, sa distribution était plutôt clairsemée au Québec, mais depuis les années 1970, le phragmite semble en pleine expansion dans le sud-ouest du Québec, notamment dans les milieux humides.

Photo : Phramites australis

Phragmite commun (Phragmites australis)


De façon générale, cette plante de la famille des Graminées occupe les lieux ouverts, privilégiant les sols humides comme les marais, les rivages et les fossés. Sa propagation par fragments de rhizome dont la croissance est abondante favorise l’envahissement rapide de cette plante sur les sols remaniés. Le Phragmite commun s’adapte facilement aux périodes d’inondation et d’assèchement et tolère de grands écarts de température. Par conséquent, cette plante envahissante est très agressive et très résistante.

L’invasion des phragmites entraîne l’appauvrissement de la diversité biologique tant de la flore que de la faune. Bien que cette problématique soit reconnue, peu d’études permettent jusqu'à maintenant de déterminer précisément l’abondance et la répartition des phragmites dans les milieux humides. Cependant, les travaux menés au Centre Saint-Laurent révèlent que les phragmites sont de plus en plus abondants dans les Grandes battures Tailhandier dans la région des îles de Boucherville, à l’est de Montréal.

Photo : Phragmites australis dans les Grandes battures Tailhandier

L'invasion des phragmites dans les Grandes battures Tailhandier des îles de Boucherville.

Carte deu secteur

L’étude portant sur l’évolution de la répartition des phragmites dans une partie des Grandes battures Tailhandier montre que...

  • la superficie totale des colonies de phragmites évolue depuis 1980;

    Années

    Superficie totale (ha)

    1980 0,82
    1988 4,08
    1995 15,08
    1999 24,68

  • les phragmites se sont surtout propagés dans la zone inondable du site à l’étude, là où les variations des niveaux d’eau sont les plus grandes – les variations extrêmes des niveaux d’eau augmentent la possibilité de colonisation d’espèces dominantes monospécifiques (Hudon, 1997; citée dans Jetté, 2000); le phragmite s’adapte facilement aux endroits où il y a des périodes d’inondation et d’assèchement; ainsi, le phragmite, une fois établi, pourra résister plus facilement que d’autres espèces si les niveaux d’eau sont hauts durant la période de croissance; par ailleurs, des niveaux d’eau très bas permettraient à de nouvelles colonies de s’établir;

  • les hauts niveaux d’eau mensuels, observés en 1972 et 1976, ont probablement perturbé fortement les autres espèces végétales; la baisse des niveaux d’eau qui a suivi a favorisé la croissance des colonies de phragmites et leur établissement définitif;

  • les bas niveaux d’eau, au début des années 1990, ont favorisé l’apparition de nouvelles colonies de phragmites entre 1988 et 1995;

  • la baisse locale des niveaux d’eau lors de dragages a asséché les bas marais et favorisé la prolifération du phragmite;

  • à la lumière de la vitesse de propagation observée jusqu'à maintenant, l’envahissement total du site d’étude par les phragmites serait atteint théoriquement d’ici 2005.

Des travaux au CSL se poursuivent afin de contribuer, au moyen de la télédétection, à l’instauration d’un programme de suivi de la végétation des milieux humides du fleuve Saint-Laurent et plus particulièrement à l’étude des espèces envahissantes Phragmites australis et Lythrum salicaria.


*Nomenclature tirée de Frère Marie-Victorin. 1995. Flore laurentienne. 3e éd., mise à jour et annotée par Luc brouillet et Isabelle Goulet.


Références

Delisle F., C. Lavoie, M. Jean et G. Létourneau . 2003. « Reconstructing the spread of invasive plants: Taking into account biases associated with herbarium specimens ». Journal of Biogeography, 30 : 1033-1042.

Hudon, Christiane. 1997. « Impact of water level fluctuations on St. Lawrence River aquatic vegetation ». Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Science, 54 : 2853-2865.

Hudon, C., P. Gagnon et M. Jean . 2005. « Hydrological factors controlling the spread of common reed (Phragmites australis) in the St. Lawrence River (Québec, Canada) » . Écoscience 12 : 347-57.

Jetté, Isabelle. 2000. « Évaluation et cartographie de la répartition de Phragmites australis sur les Grandes battures Tailhandier dans les îles de Boucherville par photo-interprétation multidate (1980-1999) ». Rapport de baccalauréat déposé au Département de géographie et télédétection, Université de Sherbrooke.

Lavoie C.,  M. Jean,  F.  Delisle et G. Létourneau . 2003. « Exotic plant species of the St. Lawrence River wetlands: A spatial and historical analysis ». Journal of Biogeography, 30 : 537-549.


Projets en cours au CSL

Implication des collectivités dans le suivi des espèces végétales envahissantes du lac Saint-Pierre

Suivi de la végétation des milieux humides


Pour en savoir plus sur le phragmite

Bouchard, C. J., R. Néron et L. Guay. 1999. « Fiches descriptives des mauvaises herbes du Québec ». Guide d'identification des mauvaises herbes du Québec. Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), Centre ARICO.**

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