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INFOS SAINT-LAURENT

Ressources biologiques

Effets des niveaux d’eau sur les poissons et leurs habitats

Selon les résultats préliminaires des travaux menés par les scientifiques du Centre Saint-Laurent, les fluctuations des niveaux d’eau du Saint-Laurent influenceraient l’abondance des poissons, leur migration, leur santé ainsi que la qualité de leurs habitats.

Entre 1975 et 2002, on a capturé, en moyenne, entre 37 et 47 espèces différentes par année à la pêcherie expérimentale de Saint-Nicolas, près de Québec, ce qui représente entre 6 132 et 19 516 poissons capturés annuellement. De façon générale, l’abondance des poissons semble à son maximum lorsque l’amplitude moyenne de la crue printanière des cinq années précédentes est élevée, et lorsque les niveaux d’eau se sont rétablis lentement à la suite de ces crues.

Pêcherie de Saint-Nicolas

Photo : Pêcherie de Saint-Nicolas Graphique abondance du poisson
Photo : Pêcherie de Saint-Nicolas

La migration de plusieurs espèces de poissons dépend notamment du débit enregistré au cours des saisons. Par exemple, la Perchaude et le Doré jaune ont tendance à retarder leur migration au printemps lorsque les débits sont élevés; par contre, l’Anguille d’Amérique et le Poulamon atlantique vont migrer plus tôt à l’automne lorsque les débits sont élevés.

Schéma des migrations des poissons
dans l’estuaire fluvial du Saint-Laurent
Carte : Schéma des migrations des poissons

Une baisse des niveaux d’eau affecte la santé des poissons qui sembleraient infectés davantage par la Douve de l’oeil (Diplostomum spp.), un parasite du poisson. Les conditions de bas niveaux d’eau favorisent notamment la prolifération de macrophytes. Ces plantes représentent un habitat de choix pour les escargots, un hôte intermédiaire de la Douve de l’oeil. Ainsi, la prolifération de macrophytes est susceptible d’accroître l'abondance des larves de la Douve de l’oeil qui se fixent plus facilement à l’hôte lorsque les débits sont faibles.

Photo : Diplostonum Photo : Poisson infecté par le Diplostonum

Parasite Diplostomum sp.

Poisson dont l'oeil est recouvert par une cataracte causée par Diplostomum sp.


Les bas niveaux d’eau menacent la qualité des habitats des poissons en réduisant notamment les superficies des frayères et leur accès, ainsi que le taux d’éclosion des oeufs. Ces derniers ont besoin de conditions particulières telles que le débit, la température et la présence de végétation submergée pour se développer.

Photo : Levée de verveux Photo : Plaine inondable dans les Grandes battures Tailhandier des îles de Boucherville

Levée de verveux
dans la rivière aux Pins

Plaine inondable dans les Grandes battures Tailhandier des îles de Boucherville


La plaine inondable constitue un lieu de fraie printanière pour plusieurs espèces de poissons, dont le Grand Brochet. Pour se reproduire, cette espèce recherche les hauts marais qui offrent des conditions optimales par la densité de leur végétation. Or, les bas niveaux d’eau extrêmes ont pour effet de déplacer les sites de fraie vers les marais, où la végétation n’offre pas les conditions optimales pour la reproduction. Le succès reproducteur étant moindre, les populations de Grand Brochet sembleraient moins abondantes.

La gestion des niveaux d’eau doit tenir compte des impacts qu’entraînent les fluctuations sur les communautés de poissons du Saint-Laurent. Les travaux des chercheurs du CSL permettent ainsi d’établir des recommandations en vue de la révision des critères de régularisation des niveaux d’eau de la Commission mixte internationale.

Poisson

Depuis 1945, on estime qu’environ 20 000 ha d’habitats de poissons du Saint-Laurent ont subi des impacts causés par les activités humaines. Le régime hydrologique est un des facteurs responsables de la modification de ces habitats.

poisson

Les poissons du Saint-Laurent

On estime le nombre d’espèces de poissons dans les eaux douces du fleuve Saint-Laurent à environ une centaine, soit 30 p.100 de toutes les espèces fauniques d’eau douce au Canada.

Les espèces de poissons d’eau douce se répartissent en deux groupes : les résidants et les migrateurs. Les poissons migrateurs potamodromes sont des espèces qui migrent en eau douce seulement, c’est-à-dire qu’ils se déplacent entre les lacs, les rivières et les estuaires au cours de leur cycle biologique.

Les poissons migrateurs diadromes appartiennent à des espèces qui voyagent entre les eaux douces et les eaux salées durant leur cycle biologique. Certaines espèces, comme le Poulamon atlantique, effectuent leur croissance en mer et retournent à leur lieu de naissance, en eau douce, pour se reproduire; ce sont les poissons anadromes. D’autres, comme l’Anguille d’Amérique, effectuent leur croissance en eau douce, mais se reproduisent et meurent en mer; ce sont les poissons catadromes.


Lien pertinent

Musée Redpath – Les principales espèces de poissons d’eau douce du sud du Québec

Photo : Poulamon atlantique

Poulamon atlantique

Photo : Anguille

Anguilles


Documentation

Armellin, A. 2002. Répartition, densité et biomasse de la végétation riparienne des îles de Boucherville et de la plaine inondable de la rivière aux Pins. Rapport technique présenté à la Commission mixte internationale.

de Lafontaine, Y. et F. Marchand. 2003. Hydrological Fluctuations and Productivity of Freshwater Fish Species in the Lower St. Lawrence River. Rapport technique présenté à la Commission mixte internationale.

de Lafontaine, Y. et F. Marchand. 2003. The Impact of Hydrological Variation on the Seasonal Occurrence and Migratory Timing of Freshwater Fish Species in the Lower St. Lawrence River. Rapport technique présenté à la Commission mixte internationale.

de Lafontaine, Y., F. Marchand, D. Labonté et M. Lagacé. 2001. The Hydrological Regime and Fish Distribution and Abundance in the St. Lawrence River: Are experimental trap data a valid indicator? Rapport technique présenté à la Commission mixte internationale.

de Lafontaine, Y., J. Gauthier et C. Ménard. 1999. Suivi de la contamination chimique de six espèces de poissons à un site de référence du fleuve Saint-Laurent. Environnement Canada – Région du Québec, Conservation de l'environnement, Centre Saint-Laurent. Rapport scientifique et technique ST-211, 79 pages.

Ion, J. et Y. de Lafontaine. 1998. Variations spatiales des concentrations de contaminants chez six espèces de poissons du Saint-Laurent. Environnement Canada – Région du Québec, Conservation de l'environnement, Centre Saint-Laurent. Rapport scientifique et technique ST-165, 152 pages.

Marcogliese, D.J. et A.D. Gendron. 2001. « Potential impacts of fluctuating water levels and regulation on parasites of fishes in the St. Lawrence River ». 8th Annual International Conference on the St. Lawrence River Ecosystem, Cornwall, Ontario. May 14-16, 2001.


Liens pertinents

Projets

Impacts des changements climatiques et des fluctuations du régime hydrologique sur les communautés de poissons du Saint-Laurent

Effets des niveaux d’eau extrêmes sur les frayères potentielles en eau calme dans le tronçon fluvial du Saint-Laurent

Effets des fluctuations des niveaux et débits du Saint-Laurent sur la santé des poissons

Ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs du Québec – Réseau de suivi ichtyologique du fleuve Saint-Laurent

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