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INFOS SAINT-LAURENT
Les milieux riverains du fleuve Saint-Laurent comptent de vastes communautés de plantes riveraines et aquatiques dont les caractéristiques sont liées à celles de leur milieu. La hauteur de l’eau est un élément fondamental déterminant la localisation, la biomasse et la production annuelle des plantes riveraines. En effet, celles-ci sont influencées par la hauteur moyenne de l’eau de la saison en cours ainsi que par les conditions de niveau d’eau de l’année précédente. En plus d’être soumises à des conditions hydrologiques variables allant de l’inondation périodique à l’immersion constante, les plantes riveraines tolèrent des conditions physiques changeantes telles que le vent, la luminosité, la turbidité, la température et les vagues. En outre, elles subissent des pressions anthropiques comme les modifications des rives et du lit du fleuve, le contrôles des embâcles, la régularisation du niveau d’eau, l’introduction d’espèces, les apports en contaminants, etc. Ces conditions, qui varient au fil du temps, influencent la colonisation de certaines zones ainsi que la succession et la diversité des végétaux le long du rivage.
C’est dans la perspective des changements climatiques que des scientifiques du Centre Saint-Laurent étudient les effets des fluctuations des niveaux d’eau du Saint-Laurent sur la composition et la productivité des communautés végétales. |
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Entre 1998 et 2002, on a observé une alternance entre des conditions de niveaux d’eau moyens (1998, 2000 et 2002) et des conditions de bas niveaux d’eau (1999, 2001). Le déplacement des communautés végétales le long du rivage (de la terre vers l’eau) observé entre les saisons de niveaux d’eau moyens et de bas niveaux d’eau met en évidence la réaction des milieux humides du Saint-Laurent aux variations interannuelles des niveaux d’eau. Au cours des quatre années d’échantillonnage, quelque 207 espèces de plantes émergentes et submergées ont été identifiées dans 630 quadrats entre Cornwall et Trois-Rivières. L’analyse de groupement a permis d’identifier des communautés de plantes correspondant à un gradient continu de profondeur et d’élévation. On retrouve donc des groupes de plantes caractéristiques des milieux plus secs (plus élevés sur la rive), des groupes des milieux plus humides (plus profonds dans l’eau) et des groupes intermédiaires entre ces deux extrêmes. |
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Les variations interannuelles des niveaux d’eau influencent aussi la distribution verticale de la biomasse végétale. Lorsque les niveaux d’eau sont bas, le rivage présente un couvert végétal discontinu où la biomasse des espèces de plantes aquatiques obligatoires des milieux humides diminue au profit de la biomasse des espèces de plantes facultatives de ces milieux. La proportion des divers types de plantes (plantes émergentes et plantes submergées, y compris les algues), exprimée en biomasse, change selon les conditions hydrologiques. Sur les vasières asséchées, les plantes submergées sont remplacées par des plantes annuelles terrestres. Ainsi, en conditions de bas niveaux d’eau, la biomasse de plantes terrestres et émergentes augmente dans les étages supérieurs (c.-à-d. plus haut sur la rive). Dans ces mêmes conditions, la biomasse des plantes submergées augmente dans les eaux peu profondes de 0,5 mètre de profondeur. Quant aux zones qui demeurent dénudées, elles connaissent des conditions d’immersion et de sècheresse successives empêchant l’établissement d’espèces franchement aquatiques ou terrestres et se caractérisent par une faible biomasse. Notons que les faibles débits de 1999 et 2001 correspondent à ceux anticipés par les scénarios de changements climatiques pour le Saint-Laurent et les Grands Lacs, soit une réduction chronique du débit de l’ordre de 40 % et une baisse de un mètre du niveau moyen de l’eau (Mortsch, 1998; Lofgren et al., 2002; NRC, 2002 cités dans Hudon et al., 2003). Les plans de régularisation des niveaux d’eau du bassin Saint-LaurentGrands Lacs devront être gérés en considérant les scénarios de changements climatiques ainsi que les impacts sur les milieux humides. Les fluctuations des niveaux d’eau dans le bassin Saint-LaurentGrands Lac favorisent le développement de milieux humides plus diversifiés qu’un système hydrographique sans fluctuation. Ainsi, la stabilisation des niveaux, en réduisant l’amplitude des variations saisonnières, aurait des répercussions néfastes sur la diversité des milieux humides.
Gosselain, V., C. Hudon, A. Cattaneo, P. Gagnon, D. Planas et D. Rochefort. 2005. « Physical variables driving epiphytic algal biomass in a dense macrophyte bed of the St. Lawrence River (Quebec, Canada) ». Hydrobiologia, 534 : 11-22. Hudon, C. 2004. « Shift in wetland composition and biomass following low-level episodes in the St. Lawrence River: Looking into the future ». Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, 61 (4) : 603-617. Hudon, C. 1997. « Impact of water level fluctuations on St. Lawrence River aquatic vegetation ». Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, 54 (12) : 2853-2865. Hudon, C. et J.-P. Amyot. 2002. Zonation verticale des plantes aquatiques en fonction des variations de niveau du Saint-Laurent. Environnement Canada Région du Québec, Conservation de l’environnement, Centre Saint-Laurent. Rapport scientifique et technique. Hudon, C., J.-P. Amyot et C. Plante. 2003. Répartition verticale des communautés de plantes aquatiques en fonction des variations de niveau du Saint-Laurent. Environnement Canada Région du Québec, Conservation de l’environnement, Centre Saint-Laurent. Rapport scientifique remis à la Commission mixte internationale. Hudon, C., S. Lalonde et P. Gagnon. 2000. « Ranking the effects of site exposure, plant growth form, water depth, and transparency on aquatic plant biomass ». Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, 57 (Suppl. 1) : 31-42. Hudon, C., P. Gagnon, J.-P. Amyot, G. Létourneau, M. Jean, C. Plante, D. Rioux et M. Deschênes. 2005. « Historical changes in herbaceous wetland distribution induced by hydrological conditions in Lake Saint-Pierre ». Hydrobiologia, 539 : 205-224.
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