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INFOS SAINT-LAURENT

Eau et sédiments

Les effluents urbains sont-ils responsables de la contamination du Saint-Laurent par les métaux ?

À l’exception de l’argent, les effluents municipaux ne seraient pas les principales sources de métaux mesurés dans le Saint-Laurent.

Cette étude, menée en 2000 et 2001 par le Centre Saint-Laurent en collaboration avec le ministère des Pêches et des Océans du Canada, visait à évaluer la contribution des effluents urbains à la contamination du Saint-Laurent par plus d’une vingtaine de métaux.

Le tableau présente les apports estimés des métaux provenant des effluents urbains. Bien que ces estimations soient basées sur les résultats d’analyses des échantillons provenant de l’effluent urbain de Montréal, elles représentent la contribution de tous les effluents urbains en amont de Québec.

Métaux Quantités provenant
des effluents urbains
(%)
Argent (Ag) 60
Bismuth (Bi)
Cadmium (Cd)
Cuivre (Cu)
Molybdène (Mo)
Zinc (Zn)
8 à 13
Aluminium (Al)
Arsenic (As)
Barium (Ba)
Césium (Cs)
Chrome (Cr)
Cobalt (Co)
Fer (Fe)
Manganèse (Mn)
Nickel (Ni)
Plomb (Pb)
Rhénium (Re)
Rubidium (Rb)
Strontium (Sr)
Thorium (Th)
Tungstène (W)
Uranium (U)
Vanadium (V)
Zirconium (Zr)
< 3

Des échantillons d’eau de l’effluent urbain de Montréal et des échantillons d’eau du fleuve à Lévis ont été prélevés entre juillet 2000 et juillet 2001. Les sédiments ont également été échantillonnés sur les rives de l’île au Boeuf en aval de Montréal.

pictogramme

Les métaux… toxiques pour les organismes aquatiques ?

Bien que la contribution des effluents à la contamination du Saint-Laurent par les métaux est relativement faible d’un point de vue quantitatif, la toxicité pour les organismes aquatiques des métaux libérés sous diverses formes chimiques dans les eaux réceptrices est peu connue.

Les résultats des travaux d’une équipe de scientifiques du CSL montrent cependant que les caractéristiques physico-chimiques des eaux réceptrices vont influencer la biodisponibilité des métaux à proximité du point de rejet des effluents urbains ainsi que leur distribution le long du panache de dispersion, ce qui pourrait fortement influencer les voies d'exposition des organismes aquatiques aux divers contaminants.

Carte : Localisation des stations d'échantillonnage
pictogramme
L’effluent urbain de la Ville de Montréal est soumis à un traitement primaire qui consiste à retirer les plus gros solides à l’aide de grilles ainsi que les matières abrasives, sable et autres particules lourdes au moyen de dessableurs. Depuis 1988, un traitement physico-chimique est appliqué dans le processus de traitement primaire et consiste à ajouter un coagulant, comme le chlorure ferrique ou l'alun, pour déstabiliser les fines particules.Un polymère anionique injecté à la sortie des dessableurs permet d'agglomérer ainsi les particules déstabilisées pour en faire des flocs, qui sédimenteront rapidement dans les décanteurs.

Bien que le traitement physico-chimique appliqué aux effluents urbains de la Ville de Montréal ait pour effet de réduire les quantités de métaux dans les matières en suspension, il n’en demeure pas moins que les sources de contamination du Saint-Laurent par les métaux doivent être déterminées précisément afin d’orienter les mesures à prendre pour les réduire et ainsi améliorer la qualité de l’environnement aquatique.


De façon générale, les résultats montrent une faible contribution des effluents à la contamination du Saint-Laurent par les métaux, sauf pour l’argent dont 60 % de la charge serait associée aux effluents.

Photo : Rejet urbain
Rejet urbain dans le Saint-Laurent

Les métaux sont transportés sous forme dissoute et sous forme particulaire associée aux matières en suspension dans l’eau. Dans les effluents urbains, ces particules présentent généralement des concentrations de métaux inférieures à celles du Saint-Laurent. C’est le cas de la majorité des métaux en phase particulaire analysés, sauf pour les six métaux suivants : cuivre, zinc, molybdène, cadmium, bismuth et argent. On estime que les concentrations d’argent dans les matières en suspension de l’effluent urbain de Montréal sont 50 fois supérieures à celles mesurées dans les matières en suspension du fleuve Saint-Laurent.

À l’inverse, les concentrations des métaux dissous sont généralement plus élevées dans les effluents urbains que dans l’eau du Saint-Laurent. Les concentrations de chrome, de cuivre, de manganèse, de cobalt, de nickel, de zinc, de molybdène, d’argent, de cadmium, de plomb et de bismuth peuvent être de cinq à dix fois supérieures dans les effluents de Montréal en comparaison de l’eau du fleuve.

L’origine des métaux est parfois difficile à déterminer étant donné qu’ils sont naturellement présents dans les cours d’eau. Comme les concentrations de métaux dissous mesurées dans le Saint-Laurent ne dépassent pas les critères de qualité pour la protection de la vie aquatique, leur origine serait principalement associée aux tributaires et à l’érosion des berges et du lit du fleuve. Seules les concentrations de certains métaux en phase particulaire indiquent un apport anthropique lorsqu’on les compare aux teneurs naturelles dans l’écorce terrestre.

En effet, les résultats montrent que la concentration de plomb dans l’eau du Saint-Laurent est trois plus élevée que dans un milieu non contaminé. On estime qu’environ 90 tonnes de Pb transportées annuellement dans les matières particulaires du Saint-Laurent sont d’origine anthropique. Toutefois, les effluents urbains ne représentent pas un apport significatif de ce contaminant dans le Saint-Laurent puisqu’ils contribuent pour 8 à 13 % du Pb retrouvé dans le fleuve.

Les concentrations de chrome, de nickel, de cuivre, de zinc et de cadmium sont aussi plus élevées de nos jours dans les matières en suspension du Saint-Laurent en comparaison des concentrations mesurées dans les sédiments pré-industriels. C’est donc dire que des sources anthropiques de métaux, telles que les rejets industriels, contribuent à la contamination du Saint-Laurent. 

Ces résultats sont une contribution au projet de suivi de la qualité de l’eau du Saint-Laurent dont les travaux se poursuivent afin, notamment, d’évaluer l’impact environnemental des rejets urbains dans le fleuve Saint-Laurent.


Documentation

Cossa, D., T.-T. Pham, B. Rondeau, S. Proulx, C. Surette et B. Quémerais. 1998. Sur la trace des contaminants du Saint-Laurent : Résumé du projet Bilan massique des contaminants chimiques dans le fleuve Saint-Laurent. Environnement Canada – Région du Québec, Conservation de l’environnement, Centre Saint-Laurent.

Gagnon, C. et I. Saulnier. 2003. « Distribution and fate of metals in the dispersion plume of a major municipal effluent ». Environmental Pollution, 124 (1) : 47-55.  

Gobeil, C., B. Rondeau et L. Beaudin. 2005. « Contribution of municipal effluents to metal fluxes in the St. Lawrence River ». Environmental Science & Technology, 39 (2) : 456-464.

Rondeau, B. 2002. La qualité de l’eau du secteur fluvial – La contamination par les toxiques. Environnement Canada – Région du Québec, Conservation de l’environnement, Centre Saint-Laurent. Fiche d’information de la collection « Suivi de l’état du Saint-Laurent ».

Rondeau, B., D. Cossa, P. Gagnon, T.-T. Pham et C. Surette. 2005. « Hydrological and biogeochemical dynamics of the minor and trace elements in the St. Lawrence River ». Applied Geochemistry, 20 (7) : 1391-1408.


Liens pertinents

Projets
Chimie environnementale des rejets urbains

Suivi de la qualité de l’eau

Infos Saint-Laurent – Suivi de la qualité de l’eau du secteur fluvial – Les toxiques

Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec – Critères de la qualité de l’eau pour la protection de la vie aquatique

Ville de Montréal – Station d’épuration des eaux usées

Ville de Montréal – Réseau de suivi du milieu aquatique

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