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INFOS SAINT-LAURENT

Eau et sédiments

Profil historique des sédiments du lac Saint-Pierre : revu et corrigé

Le plus en aval des bassins d’eau douce du Saint-Laurent, le lac Saint-Pierre constitue l’une des composantes majeures de l’écosystème fluvial dont les processus sédimentaires sont typiques des zones deltaïques.

Carte : Localisation du lac Saint-Pierre
Carte : Lac Saint-Pierre

À l’exception du chenal de navigation qui le traverse et dont la profondeur est de 11 mètres, le lac Saint-Pierre se caractérise par une faible profondeur moyenne ne dépassant pas 3 mètres. Voir Bathymétrie et vitesse du courant dans les lacs fluviaux. Cette caractéristique influence l’hydrodynamique du lac, limitant ainsi au secteur amont la formation de zones de sédimentation permanente. Le lac Saint-Pierre représente plutôt une zone de transition pour les sédiments, c’est-à-dire qu’ils se déposent temporairement durant l’été, pour être évacués durant l’hiver, sous le couvert de glace ou lors de la crue printanière subséquente.


Granulométrie des sédiments de surface

Le lit du lac Saint-Pierre est principalement constitué de zones de sédiments fins, de sable et de gravier qui reposent sur l’argile marine de la Mer de Champlain, caractéristique des basses-terres de la vallée du Saint-Laurent. Des campagnes d’échantillonnage des sédiments de surface du lac Saint-Pierre réalisées par Environnement Canada entre 2000 et 2004 ont permis de recueillir plus d’une centaine d’échantillons. Les analyses granulométriques révèlent qu’il s’agit principalement de sables fins à moyens.

Carte : Granulométrie des sédiments de surface


Épaisseur des sédiments de surface

La partie nord du lac, peu touchée par la sédimentation, se caractérise par une épaisseur de sédiments variant entre 10 et 25 cm constitués de sables fins déposés directement sur les argiles postglaciaires. Le secteur en aval du delta de Sorel présente, quant à lui, un taux de sédimentation d’environ 1,8 cm par année. L’épaisseur des sédiments atteint jusqu’à 245 cm dans le prolongement des îles de la Girodeau, de l’île de la Traverse, de l’île Plate et de l’île de Grace formant ainsi une zone de sédimentation permanente, c’est-à-dire une zone où les apports en sédiments dépassent les pertes.

Carte : Épaisseur des sédiments de surface au lac Saint-Pierre


Zones de sédimentation permanente

En général, les zones de sédimentation sont localisées à l’extérieur du chenal principal, là où les courants sont inférieurs à 0,3 m/s. Les caractéristiques hydrodynamiques influencent donc le taux de sédimentation à certains endroits au lac Saint-Pierre. En plus du secteur en aval du delta de Sorel, on observe deux autres zones de sédimentation dans la partie sud. Le secteur en aval du delta de la rivière Saint-François, où les sédiments sont composés principalement de sables fins compacts, présente un taux de sédimentation variant entre 2 et 3 cm par année depuis plus d’un demi-siècle. Le secteur situé à l’embouchure de la rivière Nicolet représente également une zone de sédimentation permanente où l’on retrouve principalement des sédiments limoneux et dont le taux de sédimentation est non précisé à ce jour.

Carte : Zone sédimentation permanente au lac Saint-Pierre


Échantillonnage des sédiments profonds

Quatre stations d’échantillonnage des sédiments anciens ont été sondées dans la partie amont du lac Saint-Pierre. La hauteur d’eau moyenne aux quatre stations d’échantillonnage est d'environ 2,5 mètres et les processus sédimentaires de ces secteurs sont typiques des zones deltaïques où le dépôt des particules est favorisé par une baisse rapide du courant.

Carte : Stations d'échantillonnage des sédiments profonds

Carottier à marteau de 20 kg Tourelle avec trappe centrale

Photos : Carottier, tourelle avec trappe centrale

Photos : Découpage des carottes de sédiments

Découpage des carottes de sédiments



Carotte no 2 prélevée au lac Saint-Pierre

Illustration : Pourcentage de sable dans les sédiments de la carotte no 2 prélevée au lac Saint-Pierre

La carotte provenant de la station d’échantillonnage no 2 montre une accumulation de plus de 2,5 mètres de sédiments dont l’alternance de sable et de limon non remaniés sur environ 1 mètre (partie centrale de la carotte), confirme la présence d’une zone de sédimentation permanente. La datation de la carotte fournit des indices sur la dynamique sédimentaire à cet endroit depuis plus de 100 ans. On peut ainsi mettre en relation les événements naturels ou anthropiques qui ont modifié la dynamique sédimentaire du fleuve, dont celle du lac Saint-Pierre.

On observe des strates limoneuses qui se sont déposées durant les périodes estivales correspondant au début de la construction des reversoirs dans les îles de Berthier-Sorel. Le taux de sédimentation est alors de 2,9 cm/année et se maintient ainsi jusqu’au début des années 1960, période correspondant à la régularisation des niveaux d’eau et à l’ouverture de la Voie maritime ainsi qu’à son déglaçage durant l’hiver. Ces impacts sur les caractéristiques hydrodynamiques se traduisent par la remise en suspension des limons déposés durant l’été.

photo : Inondations de Montréal en 1886 Photo : Ouverture de la Voie maritime
Inondations de Montréal en 1886


Ouverture de la Voie maritime et régularisation des eaux (1959-1965)


Construction des reversoirs entre 1928 et 1930

Carte : Reversoirs


Avant 1925, les observations suggèrent que les dépôts de sédiments au lac Saint-Pierre étaient influencés par des épisodes de forte hydraulicité. Durant la crue printanière, des embâcles se formaient dans la région de Trois-Rivières provoquant la hausse des niveaux d’eau jusque dans la région de Montréal. Les courants étaient suffisamment forts pour transporter les sables fins à moyens, ne laissant que les sables moyens à grossiers en aval du delta de Sorel.

Dans le secteur des îles de Berthier-Sorel, cinq chenaux (chenal aux Castors, petit chenal de l’Île Dupas, chenal aux Ours, Le Grand Chenal et chenal des Barques) ont été fermés par des reversoirs à partir de 1928 afin d’augmenter les niveaux d’eau dans le port de Montréal et les débits d’eau en période d’étiage dans le chenal de navigation.


Qualité chimique

Les résultats des analyses géochimiques montrent une amélioration de la qualité chimique des sédiments de surface depuis 1986. En effet, on observe une diminution de 50 % des concentrations de contaminants organiques (BPC) et inorganiques (Cu, Zn, Pb, Hg, Cd et As) dans le secteur nord du lac. De plus, ces concentrations sont inférieures aux critères de qualité des sédiments pour la protection de la vie aquatique.

Concentrations de mercure

Carte : Concentrations de mercure


Carotte no 2 prélevée au lac Saint-Pierre

Illustration: Concentrations en mercure dans la carotte no 2 prélevée au lac Saint-Pierre

Le profil historique de la qualité chimique de la carotte no 2 révèle des hausses significatives des concentrations de mercure au début des années 1950, ce qui correspond à l’exploitation d’industries en amont du lac Saint-Pierre. On observe une baisse considérable de ces concentrations à la suite de la fermeture de ces usines dans les années 1990.

Concentrations de PBDE47
Carte : Concentrations de PBDE47


Carotte no 2 prélevée au lac Saint-Pierre

Illustration : PBDE47 au lac Saint-Pierre

De récentes analyses réalisées en 2004 montrent une concentration moyenne de PBDEtotaux (24 congénères) de 10,8 ng/g, dont les plus fortes concentrations peuvent atteindre 92 ng/g (30,3 ng/g en excluant le PBDE209), dans les sédiments superficiels du delta de Sorel au lac Saint-Pierre. Parmi les congénères analysés, le PBDE47, un des plus toxiques, présente des concentrations moyennes d’environ 1,2 ng/g. L’aval de l’archipel et le secteur nord du lac Saint-Pierre présentent les plus fortes concentrations.

Le profil historique des concentrations de PDBE47 dans la carotte no 2 indique que c’est au milieu des années 1970 que l’on détecte la présence du PBDE47 dans ce secteur du lac Saint-Pierre. Une constante progression des concentrations est notée, jusqu’à ce qu'elles atteignent 4 ng/g dans les années 1990, période correspondant à l’augmentation de l’utilisation commerciale de ce produit. Depuis, elles varient entre 2,0 et 2,5 ng/g selon les observations des scientifiques du CSL. À noter qu’aucun critère n’existe actuellement concernant les PBDE.

Concentrations de PBDE 47 mesurées dans les sédiments
de différents cours d’eau

Illustraton : Concentrations de PBDE 47 mesurées dans les sédiments de différents cours d'eau

À la lumière des concentrations moyennes de PBDE47 mesurées dans les sédiments de nombreux écosystèmes aquatiques dans le monde, on constate que le lac Saint-Pierre se classe au premier rang.


Perspectives

Ces travaux se poursuivent afin…

  • de dresser le portrait de l'évolution de la dynamique sédimentaire du lac Saint-Pierre sur plus de 100 ans;
  • de déterminer les impacts de plusieurs événements anthropiques sur la dynamique sédimentaire du fleuve;
  • de dresser un portrait historique de l'évolution des contaminants, de la végétation et du climat.


Documentation

Burton, J. 1991. Le lac Saint-Pierre, document d’intégration. Zone d’intervention prioritaire 11. Environnement Canada – Région du Québec, Conservation de l'environnement. 98 pages.

Loiselle, C., G.R. Fortin, S. Lorrain et M. Pelletier. 1997. Le Saint-Laurent : Dynamique et contamination des sédiments. Environnement Canada – Région du Québec, Conservation de l’environnement, Centre Saint-Laurent, Montréal. Coll. « BILAN Saint-Laurent ».


Liens pertinents

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Résumé de la présentation de Magella Pelletier donnée lors de l'atelier « L'état et l'évolution de l'écosystème du lac Saint-Pierre »

Infos Saint-Laurent
Dynamique sédimentaire du Saint-Laurent

Bathymétrie et vitesse du courant dans les lacs fluviaux

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Suivi de la contamination dans les sédiments du Saint-Laurent

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