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DISCOURS


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M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LE CONSEIL CANADIEN POUR LES AMÉRIQUES - TORONTO (ONTARIO)

98/28 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE SERGIO MARCHI,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

DEVANT LE CONSEIL CANADIEN POUR LES AMÉRIQUES

TORONTO (Ontario)

Le 14 avril 1998

Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :

http://www.dfait-maeci.gc.ca

Je suis très heureux de me retrouver parmi vous aujourd'hui.

En fait, je suis très heureux de me retrouver au Canada, tout simplement; ces dernières semaines, je me suis rendu au Costa Rica, à Shanghai, à Beijing, à Hong Kong. Et, évidemment, je m'apprête à aller à Santiago. Lorsque j'ai hérité de ce portefeuille, on m'a dit que j'allais « voir du pays » : je ne pensais pas que je les verrais tous dès la première année!

Je voudrais d'abord féliciter le Conseil canadien pour les Amériques [CCA], qui célèbre son 10e anniversaire. Comme nous venons de l'entendre, durant ces 10 années très mouvementées, votre organisme est devenu un promoteur clé de l'accroissement du commerce et de l'investissement entre le Canada et l'Amérique latine et les Antilles.

Donc, je suis très heureux d'être des vôtres et je tiens à saluer le Conseil -- et à lui exprimer mon appréciation -- pour ces années qu'il a mises au service du Canada et du reste des Amériques.

Je voudrais en particulier vous remercier pour votre contribution exceptionnelle durant la plus récente mission commerciale d'Équipe Canada -- la plus imposante et la plus complète jusqu'à maintenant. Une soixantaine de participants étaient des membres du CCA, et j'ai été très heureux de les rencontrer, d'avoir l'occasion de mieux les connaître et de les voir obtenir un si franc succès.

Dans mes entretiens avec les représentants de bon nombre des entreprises qui faisaient partie de la mission -- et d'autres firmes aussi -- j'ai été très impressionné par leur optimisme débordant à l'endroit de cette région. Selon eux, le Canada et les entreprises canadiennes sont tenus en haute estime là-bas et sont perçus comme un contrepoids aux États-Unis. Ils mentionnent aussi les accords de commerce que le Canada a conclus avec le Mexique et le Chili et nos négociations en vue de renforcer nos relations avec les nations du Mercosur. Et ils notent que nos cultures d'affaires, et même nos fuseaux horaires, sont semblables.

Donc, nos gens d'affaires ont clairement pris conscience des occasions qui les attendent en Amérique latine. La taille et les réalisations de la mission d'Équipe Canada n'étaient qu'une modeste expression de l'anticipation et de l'enthousiasme que ressent le Canada à la veille du lancement de la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques] plus tard cette semaine à Santiago.

Évidemment, vous tous ici comprenez mieux que la plupart ce que représentent ces occasions. Vous savez que, d'ici à l'an 2000, l'Amérique latine aura une population de 500 millions d'habitants et un PIB [produit intérieur brut] de 2 billions de dollars. Et vous savez que, dans les années à venir, ce sera l'une des « trois grandes » régions, avec l'Europe et l'Asie.

Et, étant donné ses rapports historiques avec les 15 membres de l'Union européenne [UE], ses nouveaux liens avec les 18 économies de l'APEC [mécanisme de Coopération économique Asie-Pacifique] et ses relations hémisphériques avec les 34 États latino-américains, vous savez à quel point le Canada est bien positionné pour profiter d'une telle association. Stratégiquement, le Canada est aussi bien positionné puisqu'il est membre de deux des trois clubs régionaux -- l'APEC et la ZLEA -- et qu'il entretient des liens historiques et profonds avec le troisième, à savoir l'Europe.

L'Amérique latine est une région au potentiel encore largement inexploité, et nous n'avons pas l'intention d'être tenus à l'écart.

Cet après-midi, j'aimerais vous faire un bref compte rendu de ce que la réunion des ministres du Commerce a accompli au Costa Rica en préparation du lancement de la ZLEA et vous parler de certains des défis qui nous attendent à Santiago et par la suite.

Si les premiers jalons de ce mégaprojet ont été posés à Miami, le rêve d'unifier les Amériques a germé dans les esprits et dans les coeurs il y a bien des générations déjà. Aujourd'hui, la possibilité nous est donnée de traduire ce grand rêve en une réalité -- de transformer cet hémisphère par la puissance d'une idée.

Je peux vous dire que, durant notre réunion, nous étions à la fois animés par la pensée que nous pouvions écrire une page d'histoire et très conscients de notre responsabilité à l'endroit de ceux et celles qui vivront cette histoire.

Nous savions que nous avions beaucoup à faire pour nous acquitter de cette responsabilité et que, s'il n'y a rien de mal à rêver, nous devons d'abord et avant tout faire des progrès sur le terrain. C'est donc pourquoi, au Costa Rica, nous avons entrepris de préparer le terrain pour Santiago.

Permettez-moi de vous donner quelques exemples.

Premièrement, nous avons convenu qu'il importe de partir du bon pied à Santiago et ce, sur tous les plans. Si nous voulons maintenir la dynamique générée jusqu'à maintenant, nous devrons montrer que nous sommes déterminés à nous atteler immédiatement à la tâche et à nous attaquer aux problèmes épineux.

Dans cette optique, nous avons convenu que le Comité des négociations commerciales tiendra sa première réunion avant la fin de juin. Les divers groupes de négociation amorceront leurs travaux d'ici à septembre.

Il est significatif, à mon avis, que nous ayons choisi de ne pas commencer par les questions supposément « faciles » et de remettre à plus tard l'examen des problèmes les plus compliqués. Une telle approche a ses attraits, mais elle enverrait le mauvais message et nous partirions du mauvais pied. Les ministres ont plutôt décidé de jouer cartes sur table, de sorte que toutes les négociations puissent débuter immédiatement et se poursuivre simultanément.

Pour ce qui est du contenu, neuf groupes de négociation ont été créés. Ils s'occuperont respectivement de l'accès aux marchés, de l'agriculture, de l'investissement, des marchés publics, des services, des droits de propriété intellectuelle, des subventions, des mesures antidumping et compensatrices ainsi que de la politique de concurrence et du règlement des différends.

Comme vous le savez peut-être, Miami sera le site de ces négociations durant les trois prochaines années, une indication très nette que les États-Unis veulent continuer de participer pleinement aux discussions.

Par la suite, le Secrétariat se transportera au Panama et au Mexique pour le reste de la période de sept ans, ce qui assurera un bon équilibre et un partage approprié des responsabilités.

Une deuxième réalisation importante de notre réunion a été la création d'un groupe consultatif sur les économies plus petites, pour veiller à ce que les préoccupations de ces dernières soient pleinement prises en compte dans les négociations.

Le Canada comprend ces préoccupations. Ayant négocié un accord de libre-échange avec les États-Unis, une économie 10 fois plus grosse que la nôtre, nous sommes sensibles à ces questions et nous les avons évoquées avec vigueur au Costa Rica.

Si, par exemple, vous êtes de la Trinité, avec 1 million d'habitants, et que vous vous mesurez au Brésil, avec 160 millions d'habitants, certaines préoccupations légitimes surgissent tout naturellement.

Nous devons donc nous engager dans cette entreprise les yeux grand ouverts. Mais nos coeurs et nos esprits doivent eux aussi être ouverts aux différences marquées entre les économies. Autrement, nous risquons de laisser certains pays derrière, alors même que s'amorce le processus.

Les ministres ont aussi convenu de mettre sur pied un comité afin de recueillir le point de vue d'un éventail des acteurs au sein de nos sociétés civiles -- comme les syndicats, les groupes environnementaux et la communauté universitaire -- sur la façon dont devrait évoluer la ZLEA.

Cette initiative particulière a été parrainée par le Canada, et nous sommes très fiers qu'elle se reflète dans les résultats de la réunion. Nous croyons qu'il s'agit là d'une exigence cruciale. J'y reviendrai d'ailleurs dans un moment.

Enfin, les ministres ont demandé au Canada de présider les négociations de la ZLEA durant la période critique des 18 premiers mois. Ce qui signifie que nous accueillerons la prochaine réunion ministérielle, qui devrait avoir lieu plus tard cette année.

Le Canada accepte cette présidence avec fierté et enthousiasme. Nous y voyons un solide vote de confiance dans notre capacité de lancer les négociations rapidement et sur une note productive. Bien que nous n'ayons pas cherché cet honneur, nous sommes prêts à relever le défi.

À cet égard, nous sommes particulièrement heureux de ce que l'issue de la réunion du Costa Rica reflète, dans une large mesure, la déclaration que le Canada a déposée dès le début de ces pourparlers.

Évidemment, toute initiative aussi importante par sa portée et aussi ambitieuse par son objectif que la ZLEA offrira des possibilités mais présentera aussi des défis.

Voici d'ailleurs quelques-uns des défis qui nous attendent.

Le premier, et le plus évident, est l'absence d'une procédure accélérée aux États-Unis.

Certains disent que l'absence d'une telle procédure au début des négociations signifie qu'elles vont connaître des ratés ou même échouer, que nous partons sérieusement handicapés. Je ne suis pas d'accord.

Évidemment, il aurait été préférable que la procédure soit autorisée avant que le président Clinton n'arrive à Santiago. Mais le fait est que beaucoup de travail peut être fait et sera fait dans la première phase des négociations, sans la procédure accélérée.

En réalité, le danger le plus grand à l'heure actuelle est de permettre à l'incertitude de se transformer en paralysie. Parce que la vraie question à poser, ce n'est pas si la procédure accélérée sera autorisée, mais quand elle le sera. L'administration américaine appuie sans réserve cette entreprise historique. Il en va de même du milieu des affaires et, selon moi, le Congrès finira par leur emboîter le pas.

Manifestement, nous préférerions que la procédure soit autorisée plus tôt que plus tard, parce que personne ne voudra négocier deux fois.

Mais gardons les choses en perspective : lorsque l'Uruguay Round a débuté en 1986, le gouvernement des États-Unis ne disposait pas davantage de la procédure accélérée. Il a cependant pu l'obtenir durant les négociations.

De plus, la date-cible pour la conclusion des négociations de la ZLEA est 2005. On parle ici d'un marathon, non d'un sprint. Donc, nous devons mesurer notre effort.

Un deuxième défi consiste à faire en sorte que la ZLEA mette en place un régime fondé sur des règles comportant un solide mécanisme autonome de règlement des différends qui met tous les partenaires sur un pied d'égalité plutôt que de les traiter en fonction de leur puissance.

Les règles favorisent la stabilité, la prévisibilité et l'équité. Le Canada en a fait l'expérience de première main, ayant négocié un mécanisme efficace de règlement des différends avec les États-Unis dans le cadre de l'ALE [Accord de libre-échange] de 1988. Nous avons vu ce mécanisme en action, nous avons été témoins de son efficacité et nous comprenons son importance. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles nous nous tirons si bien d'affaires dans nos relations bilatérales malgré la taille très différente de nos économies.

Il n'y a pas de raccourci. Seules des règles bien définies pourront empêcher que la « loi de la jungle » ne règne sur les marchés internationaux.

Le dernier défi est d'amener nos populations à s'impliquer dans cet ambitieux projet.

Le gouvernement canadien, et les Canadiens en général, veulent que ce processus soit transparent. Et nous tenons à ce que nos citoyens participent à sa gestation, qu'ils éprouvent eux aussi ce sentiment d'exaltation qu'il y a à créer quelque chose de vraiment historique. Nous ne voulons pas les mettre devant le fait accompli.

Nous avons la chance de donner ce ton aux négociations dès le début, et je suis très confiant que les Canadiens de tous les milieux y réfléchiront sérieusement et nous feront connaître leurs opinions.

Pour leur faciliter la tâche, nous mettrons en place un processus public qui privilégie l'engagement et la discussion. Je m'attends à ce que des organisations comme la vôtre fassent partie intégrante de ce dialogue et qu'elles jouent un rôle de chef de file en montrant les avantages et les occasions que la ZLEA offre aux Canadiens.

En conclusion, je dirai simplement qu'il y a, selon moi, dans l'histoire d'une nation, des moments où des décisions vitales sont prises et où la voie à suivre est clairement tracée. Je crois que le Canada est arrivé à l'un de ces moments.

Parce que notre engagement en faveur d'une ZLEA, voire notre volonté de jouer un rôle de chef de file dans cet effort, non seulement déterminera les pays avec lesquels nous commercerons mais conditionnera aussi notre perception de nous-mêmes et de notre rôle dans la communauté internationale.

Je prédis qu'au cours des quelques prochaines années les Canadiens feront une découverte étonnante. De fiers Nord-Américains qu'ils sont, entretenant des liens historiques et solides avec l'Europe et des relations excitantes et nouvelles avec l'Asie, les Canadiens en viendront de plus en plus à se considérer de surcroît comme une nation et comme un peuple, prêts à embrasser le reste des Amériques.

La tenue historique de la réunion des ministres du Commerce en 1999, les Jeux panaméricains à Winnipeg l'an prochain et la réunion de l'OEA [Organisation des États américains] en l'an 2000 feront tous partie de ce processus de transformation -- notre rendez-vous avec une autre facette de l'identité canadienne.

Nous nous engageons dans cette grande aventure avec optimisme et réalisme. Nous ne nous faisons aucune illusion quant à la nature de la tâche qui nous attend, mais nous sommes aussi conscients des possibilités historiques qui nous attendent.

Notre objectif n'est rien de moins que de mettre en place une zone de libre-échange qui s'étende du cercle polaire arctique à l'Argentine : un mégamarché.

Mais nous ne cherchons pas à conclure cet accord pour le simple fait d'accroître les échanges commerciaux. Nous voulons accroître le commerce de sorte que les particuliers et leurs familles puissent trouver des débouchés pour leurs produits, des récompenses pour leur labeur et de l'espoir pour leur avenir.

Et il ne faut pas croire que la ZLEA se limite au commerce. C'est en fait beaucoup plus que cela. Elle comportera d'importantes initiatives en vue d'améliorer l'éducation et la formation, d'éliminer la pauvreté et de renforcer les institutions démocratiques.

Au bout du compte, la ZLEA doit servir à réunir les diverses fibres qui composent les Amériques pour en faire une trame communautaire. Nous pouvons unir les Amériques comme jamais auparavant et créer une région grande par sa richesse et par sa liberté, pour tous nos peuples.

Il y a plus de 150 ans, Simón Bolívar exprimait le voeu que les Amériques deviennent la plus grande région du monde. « La plus grande, dit-il, non pas tant par sa superficie et par sa richesse que par sa liberté et sa gloire. »

Aujourd'hui, la possibilité nous est donnée de rapprocher le rêve de Bolívar de la réalité. Car la ZLEA consiste à découvrir la liberté dans la diversité et à tirer de la force de notre union.

Merci.


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Dernière mise à jour :
2005-04-15
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