DISCOURS
M. MARCHI - ALLOCUTION AU SOMMET DES AFFAIRES CANADA-AFRIQUE DU SUD - TORONTO (ONTARIO)
98/60 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
AU SOMMET DES AFFAIRES CANADA-AFRIQUE DU SUD
TORONTO (Ontario)
Le 25 septembre 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis honoré d'assister ici à cet événement historique. Qu'il me soit permis de
souhaiter à mon tour la bienvenue au ministre Manuel et aux autres membres de la
délégation d'Afrique du Sud, et de leur dire à quel point je suis reconnaissant
envers le gouvernement sud-africain d'avoir organisé cet excellent Sommet des
affaires.
Les manifestations comme celle-ci sont importantes, parce que les associations de
gens d'affaires vigoureuses sont importantes. À titre de ministre du Commerce
international, j'ai vu le rôle vital que jouent ces associations et le complément
qu'elles apportent à l'action des gouvernements, et je ne peux que vous féliciter
de cette initiative.
Quiconque se trouvait à Ottawa plus tôt cette semaine, ou à Toronto aujourd'hui,
n'a pu s'empêcher de sentir l'enthousiasme extraordinaire que soulève la visite du
président Nelson Mandela au Canada.
Au moment même où je parle, 50 000 personnes s'entassent dans le Sky Dome, et pas
pour une partie des Jays, ni pour un concert rock, mais bien pour un rêve : le
rêve de M. Mandela d'aider les enfants d'Afrique du Sud à s'instruire et à
échapper à la pauvreté.
Nous sommes inspirés par son exemple, animés par sa vision et encouragés par ses
réalisations. Et ce sont là des choses qui persisteront longtemps après qu'il aura
quitté les côtes canadiennes.
Dans son discours de lundi aux Nations unies, le président Mandela a dit souhaiter
que ses efforts et ceux d'autres intervenants n'aient pas été vains, mais que tous
leurs espoirs se traduisent par un rêve réalisable.
Aujourd'hui, nous qui sommes ici présents, et des millions de nos concitoyens dans
nos pays respectifs, nous avons l'occasion d'aider à concrétiser ces rêves. Au
cadeau de liberté qu'a apporté M. Mandela, nous pouvons ajouter l'opportunité et
la prospérité. Aux châteaux qu'il a imaginés, nous pouvons ajouter des fondations.
Alors, aujourd'hui, je veux parler quelques instants des possibilités que nous
avons et des responsabilités que nous partageons.
Notre premier défi est d'effacer les images désuètes que nous avons de l'Afrique
du Sud. Les changements qui se sont produits dans ce pays au cours des dernières
années sont proprement renversants. La fin de l'apartheid n'a pas seulement ouvert
les prisons, elle a aussi libéré l'initiative et l'entreprenariat, et une énergie
qui impressionne le monde.
Nous avons suivi avec une grande admiration les nouveaux développements
passionnants qui se sont produits dans des domaines comme la réforme de la
politique sociale et la démocratisation. Nous avons vu les Africains compter de
plus en plus sur leurs propres institutions pour régler les conflits, et nous
avons vu émerger une nouvelle génération de dirigeants.
La nouvelle Afrique était bien visible l'an dernier au sommet du G-8 à Birmingham
en Angleterre, et je sais que beaucoup de membres de la délégation canadienne ont
été fortement impressionnés par la renaissance africaine.
Le temps est donc venu pour les Canadiens de considérer l'Afrique du Sud et le
continent africain en général non pas comme des demandeurs d'aide, mais comme des
partenaires commerciaux et financiers. L'Afrique représente une immense occasion
et, je vous le dis franchement, une occasion que les Canadiens n'entendent pas
laisser passer!
Nous savons que les investissements rapportent le plus quand on s'y prend tôt. Les
entreprises -- et les pays -- qui reconnaissent le potentiel de l'Afrique du Sud et
qui réagissent rapidement en retireront des profits incroyables, mais ceux qui
hésitent, qui attendent des circonstances plus rassurantes, devront se contenter
d'un résultat moindre.
En ce moment, notre activité commerciale avec l'ensemble de l'Afrique est modeste,
représentant moins de 1 p. 100 de nos exportations. Mais elle est en voie de
s'intensifier.
En 1997, les exportations du Canada vers l'Afrique subsaharienne ont augmenté de
18 p. 100 pour atteindre 776 millions de dollars, alors que ses importations en
provenance de ce continent se chiffraient à plus de 1 milliard de dollars. Nos
échanges bilatéraux avec l'Afrique du Sud, cependant, croissent beaucoup plus
rapidement, marquant une progression de près de 180 p. 100 depuis 1993, et se
situant aujourd'hui à 855 millions de dollars.
Et cette croissance ne montre aucun signe de ralentissement : jusqu'à maintenant,
cette année, les exportations canadiennes vers l'Afrique du Sud sont en hausse de
60 p. 100, et nos échanges bilatéraux sont en passe de dépasser la barre du
milliard de dollars d'ici la fin de l'année.
Nous sommes aussi emballés par la croissance de l'investissement direct en Afrique
du Sud, parce qu'elle témoigne d'une grande confiance de la part des entreprises
canadiennes. En fait, le montant de l'investissement canadien en Afrique du Sud a
plus que triplé depuis 1992.
Actuellement, plus de 75 entreprises canadiennes -- dont certaines sont présentes
ici aujourd'hui -- sont actives en Afrique du Sud.
C'est dans le secteur minier que la participation canadienne est la plus évidente.
En fait, la Rand Merchant Bank estime qu'environ la moitié des nouvelles
initiatives d'exploitation minière lancées sur le continent africain comportent
une participation canadienne.
Mais il ne faudrait pas penser que les débouchés se limitent à la mise en valeur
des ressources naturelles. Récemment, un des premiers fabricants canadiens de
médicaments génériques, Apotex Canada, a annoncé qu'il renforçait sa présence en
Afrique du Sud en ajoutant un investissement de 3,1 millions de dollars à ses
opérations en Afrique du Sud et en lançant un produit principal.
Apotex et d'autres entreprises comme elle ont vu la nouvelle Afrique du Sud. Elles
ont regardé au-delà des vieux stéréotypes, pour voir la nouvelle société. Elles
ont vu un énorme potentiel et elles se préparent à en profiter. C'est un exemple à
suivre.
Mais pour chaque Apotex, il existe probablement une centaine d'autres entreprises
qui ne profitent pas des débouchés de l'Afrique du Sud. Ma tâche -- et la vôtre --
consiste à sensibiliser les entreprises canadiennes, à supprimer les obstacles et
à leur montrer les bénéfices qui les attendent.
Le deuxième défi, c'est qu'il faut aussi faire savoir aux chefs d'entreprises sud-africains que le Canada a beaucoup plus à offrir que des ressources naturelles.
Les vieux clichés ont la vie dure de part et d'autre, et il faut souligner que
notre économie dépend de moins en moins des ressources naturelles et de plus en
plus des ressources intellectuelles de nos gens.
Notre économie est certainement une nouvelle économie. Et c'est une économie très
solide. Notre budget est équilibré, l'inflation est faible, le chômage est en
baisse et notre productivité à la hausse. Le moment n'a jamais été plus propice
pour investir au Canada ou pour conclure des coentreprises avec des partenaires
canadiens.
En fait, la part de nos exportations qui consiste en produits de base est tombée
de 60 p. 100 qu'elle était en 1980 à 35 p. 100 à peine aujourd'hui, soit environ
12 p. 100 de notre PIB.
Nous faisons connaître aux Africains les capacités des Canadiens de diverses
manières. Depuis 1996, la Canadian Alliance for Business in South Africa, qui est
financée par l'Agence canadienne de développement international, s'emploie avec
ardeur à nouer des liens entre les entreprises, et à organiser le transfert de
technologie entre des entreprises canadiennes et des partenaires sud-africains
potentiels.
À mon ministère, nous avons dressé le Plan d'action régional pour l'Afrique
australe et orientale, qui encourage les compagnies canadiennes à considérer
l'Afrique du Sud, non seulement comme un marché vital en soi, mais aussi comme un
tremplin vers les autres marchés africains.
Au début de cette année, notre secrétaire d'État (Amérique latine et Afrique)
M. David Kilgour, a mené une mission commerciale dans sept pays d'Afrique, et nous
en préparons déjà une autre, consacrée au secteur de l'électricité, pour novembre.
Et en juin dernier, à Toronto, à la Conférence sur le savoir mondial, de
nombreuses entreprises canadiennes ont eu l'occasion de faire à des chefs
d'entreprises sud-africains la démonstration de leur technologie à la pointe du
progrès mondial dans les secteurs des logiciels et des matériels informatiques.
Qu'il s'agisse d'organiser des missions commerciales, de publier des bulletins
d'information, de fournir une aide à nos petites et moyennes entreprises ou de
participer à des séminaires comme celui-ci, nous sommes déterminés à faire savoir
aux compagnies canadiennes que l'Afrique du Sud est une localisation à envisager
et un marché à explorer.
Il existe des débouchés extraordinaires pour les entreprises canadiennes, non
seulement dans les domaines auxquels on peut penser d'emblée, comme les mines et
les télécommunications, mais aussi dans la formation des enseignants, la
construction d'habitations et des secteurs émergents comme l'industrie
pharmaceutique.
Qu'il me soit permis de dire aussi que selon moi le Canada a la responsabilité de
veiller à ce que ses partenaires africains aient toutes les possibilités de
participer sans restriction à la nouvelle économie planétaire.
Le Canada montre la voie au sein du G-8 lorsqu'il s'agit d'améliorer la capacité
des pays en développement à profiter d'accès préférentiels aux marchés mondiaux.
En fait, la conférence que parrainaient l'an dernier l'Organisation mondiale du
commerce, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement et
le Centre du commerce international était une initiative canadienne.
Mais nous savons que les actions que nous menons nous-mêmes parlent plus fort que
nos exhortations à l'adresse des autres. C'est pourquoi nous faisons bénéficier
l'Afrique du Sud du système généralisé de préférences tarifaires, et c'est
pourquoi nous avons signé avec elle un accord de double imposition et un accord de
protection de l'investissement étranger.
C'est aussi pourquoi nous avons conclu un protocole d'entente général sur le
développement et un autre sur la coopération dans le domaine judiciaire. Et c'est
pourquoi nous avons négocié un accord sur la coproduction de films et d'émissions
de télévision, le premier jamais passé par l'Afrique du Sud.
Et hier encore, j'ai eu l'honneur de signer, avec le ministre Manuel, un accord de
coopération pour le commerce et l'investissement.
Alors, notre engagement en faveur de l'Afrique du Sud est bien réel, et nous
espérons conclure encore dans l'avenir d'autres accords et arrangements qui
faciliteront le commerce et les échanges de capitaux entre nous.
En terminant, je tiens à dire que les Canadiens sont honorés qu'un si grand nombre
d'entre vous aient fait un si long voyage pour en savoir davantage sur les
occasions d'affaires entre nos deux pays. Nous regardons avec confiance en
direction du brillant avenir que nous préparons ensemble.
Mais nous savons aussi qu'il n'y a rien d'automatique ou de facile lorsqu'il
s'agit de développer nos relations. Il faudra y mettre tous nos efforts et nos
actions les plus concertées. Il nous faudra oublier les vieilles impressions et
embrasser les nouvelles possibilités.
Rappelons-nous, alors, ce qu'écrivait M. Mandela dans sa grande autobiographie, Un
long chemin vers la liberté : « C'est ce que nous faisons de ce que nous avons, et
non ce qui nous est donné, qui distingue une personne d'une autre. »
Le potentiel d'un resserrement des liens entre nous est énorme. Qu'en ferons-nous?
Le Sommet d'aujourd'hui a répondu en partie à cette question. Pour le reste, il
n'en tient qu'à nous.
Merci.
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