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DISCOURS


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M. MARCHI - ALLOCUTION AUCARTER CENTER - ATLANTA, GÉORGIE

98/66 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE SERGIO MARCHI,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

AU

CARTER CENTER

ATLANTA, Géorgie

Le 15 octobre 1998

(13 h H.A.E.)

Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :

http://www.dfait-maeci.gc.ca

Je suis très heureux et grandement honoré d'avoir été invité à prendre la parole au Carter Center à Atlanta. Le travail qu'accomplit cette institution est bien connu et tenu en haute estime au Canada et dans le reste du monde.

Je suis aussi très heureux d'effectuer ma première visite à Atlanta -- une ville que je rêvais depuis longtemps de voir. J'ai enfin réalisé ce rêve, en partie à l'incitation de Gord Giffin, un des enfants chéris d'Atlanta et votre ambassadeur au Canada.

En venant ici aujourd'hui, je réfléchissais à certaines des différences entre nos deux pays. Parce que, comme vous le savez, même si nous sommes très proches l'un de l'autre et que notre amitié ne date pas d'hier, il n'en existe pas moins effectivement d'importantes différences entre nous.

Mais, malgré toutes nos différences, je sais que peu de Canadiens voudraient avoir un autre pays pour voisin, et je soupçonne que la plupart des Américains nous rendent la pareille.

Donc, je me présente devant vous aujourd'hui à la fois comme voisin et comme ami. Vu ce partenariat spécial entre nos deux pays, on m'a demandé de vous parler de notre enjeu commun dans la création d'une zone de libre-échange des Amériques [ZLEA].

Comme vous le savez, le Canada préside le processus de la ZLEA jusqu'en octobre prochain. Nous avons participé avec enthousiasme aux sommets des Amériques depuis leurs débuts à Miami en 1994; nous accueillerons d'ailleurs la prochaine rencontre à l'aube du nouveau millénaire. Nous avons certainement été honorés que les 34 dirigeants nous demandent de diriger les premières étapes de la ZLEA, lesquelles sont cruciales.

Avant de faire le bilan des progrès réalisés jusqu'à maintenant, il serait bon de rappeler l'énoncé de mission derrière l'accord.

Pourquoi chercher à instaurer le libre-échange à l'échelle de l'hémisphère? Pourquoi regarder du côté de l'Amérique latine et des Antilles? Parce que c'est là que se trouvent la croissance, les emplois et les débouchés. D'ici à l'an 2000, cette région comptera près de 500 millions d'habitants -- dont 50 millions seront des particuliers à revenu moyen ou supérieur. Elle aura un produit intérieur brut de 2 billions de dollars... américains!

Et sa population est très jeune, la moyenne d'âge se situant entre 17 et 21 ans : des gens dont la période optimale de production et de consommation est à venir. Nous savons ce que le baby boom a signifié pour l'économie nord-américaine. Démographiquement, l'Amérique latine et les Antilles en sont aujourd'hui au stade où étaient les États-Unis et le Canada en 1967.

C'est donc vraiment une occasion rêvée; pour pouvoir en profiter, il faut prendre le train en gare.

Le Canada l'a compris il y a déjà plusieurs années et il a pris des mesures pour s'assurer de participer à la croissance de cette région dynamique.

Outre notre association avec le Mexique, par le biais de l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA], nous avons signé un accord de libre-échange avec le Chili. Conçu à l'origine pour servir de pont jusqu'à ce que ce pays accède à l'ALENA, cet accord a ouvert des horizons extraordinaires aux entreprises canadiennes et nous sommes très optimistes quant aux perspectives à long terme au Chili.

Nous avons aussi conclu des arrangements de commerce et d'investissement avec le Mercosur et le Marché commun d'Amérique centrale, et nous cherchons à faire de même avec la Communauté andine.

En janvier dernier, j'ai accompagné le premier ministre Chrétien, des premiers ministres provinciaux et plusieurs centaines de gens d'affaires durant la mission commerciale d'Équipe Canada en Amérique latine, qui a généré 147 contrats d'une valeur globale de 2,84 milliards de dollars.

Vous pouvez voir pourquoi nous attachons tant d'importance à nos relations avec l'Amérique latine et les Antilles!

De façon plus générale, nos actions montrent la priorité que nous accordons à la libéralisation des échanges -- non seulement dans notre hémisphère, mais à l'échelle mondiale.

Les efforts de l'Amérique latine pour libéraliser le commerce doivent être reconnus et encouragés. Par exemple, l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay ont formé l'union douanière du Mercosur, qui a signé des accords de libre-échange avec la Bolivie et le Chili.

La Communauté andine -- la Bolivie, l'Argentine, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela -- fait de réels progrès sur la voie de l'intégration.

Et le Mexique, la Colombie et le Venezuela ont conclu un accord de libre-échange qui vient renforcer les unions douanières en Amérique centrale et dans les Antilles.

Ces initiatives ne sont pas passées inaperçues : l'Union européenne a déjà entamé des discussions avec le Mercosur. Donc, si nous hésitons, nous le faisons à nos risques et périls. C'est maintenant qu'il faut prendre un engagement clair.

Nous devons mettre en place le cadre d'un système de commerce à la fois ouvert, transparent et prévisible dans cette région. Le Canada, pour sa part, voit dans la ZLEA un accord global visant les marchandises, les services et l'investissement. Il envisage un partenariat hémisphérique fondé sur des obligations et des droits communs.

Et il voit une occasion historique d'enfin réaliser le rêve d'unir les Amériques en une seule et même puissante communauté régionale.

Jusqu'à maintenant, le processus de la ZLEA progresse comme prévu. Nous avons connu un bon départ à Santiago, les 34 dirigeants étant au rendez-vous. Le secrétariat administratif a entrepris ses activités à Miami et, en juin, le Canada a présidé la première réunion du Comité des négociations commerciales, à Buenos Aires.

Le Comité a établi des programmes de travail pour les neuf groupes de négociation (l'accès aux marchés; l'agriculture; l'investissement; les services; les subventions, les droits antidumping et compensateurs; les marchés publics; la politique de concurrence; les droits de propriété intellectuelle; le règlement des différends).

À la réunion de juin, le Comité a également établi des programmes de travail pour les trois régions qui traiteront de certains des grands enjeux auxquels nous faisons face, comme le commerce électronique, les intérêts spéciaux des petites économies et les efforts faits pour faire participer des représentants de la société civile -- les milieux d'affaires, les syndicats et le monde universitaire -- au processus.

En septembre, les groupes de négociation ont tenu leur première réunion, et les autres comités se rencontrent ce mois-ci. Donc, le train s'est vraiment mis en marche.

Toutefois, le Canada estime, en sa qualité de président, qu'il faut s'attaquer sans tarder à cinq grands défis : l'approbation de la procédure accélérée aux États-Unis, la facilitation des affaires, l'implication de la société civile, la taille inégale des différents acteurs et la crise financière mondiale.

Permettez-moi de vous dire quelques mots sur chacun d'eux.

Premièrement, l'approbation de la procédure accélérée aux États-Unis.

Il est regrettable et, franchement, décevant que cette procédure n'ait pas encore été autorisée. Même si son absence n'est pas critique à ce stade-ci, elle a clairement eu un impact sur le niveau d'engagement des États-Unis. Ce qui, en retour, risque d'affecter le niveau d'engagement d'autres intervenants, car aucun pays ne voudra devoir négocier deux fois.

De façon plus générale, cela envoie un signal ambivalent au sujet de l'engagement des États-Unis à l'égard des principes de la libéralisation des échanges. Ce serait en effet regrettable que les États-Unis, qui ont été à la fois un architecte et un bénéficiaire de la libéralisation durant les 25 dernières années, défendent aujourd'hui la cause avec moins de vigueur ou même abdiquent leur leadership.

J'ai été encouragé par le fait que le président Clinton, dans de récentes allocutions devant la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, a lancé un cri de ralliement en vue d'obtenir en janvier prochain un mandat en vertu de la procédure accélérée.

Le monde a besoin que les États-Unis maintiennent leur engagement en faveur des principes de la libéralisation -- non seulement dans leur discours, mais aussi par leurs actions. La ZLEA est un test déterminant de cet engagement, et l'approbation de la procédure accélérée rassurerait grandement tous les intéressés.

Deuxièmement, nous devons faire des progrès en ce qui à trait à la facilitation des affaires.

À sa réunion de décembre, le Comité de négociation passera en revue les propositions visant à réduire la paperasserie et les autres coûts qu'il faut payer pour faire des affaires dans l'hémisphère. Une d'elles consiste à simplifier les formalités douanières, et cela nous semble certainement un pas dans la bonne direction.

Nous devons chercher à faire en sorte qu'il soit aussi facile pour une entreprise d'Atlanta de faire affaire avec Santiago qu'avec la Saskatchewan -- en d'autres termes, non seulement rêver de libre-échange mais faire des progrès réels pour traduire ce rêve dans la réalité.

Troisièmement, un autre point clé à l'ordre du jour de la réunion de décembre sera la place de la société civile dans les négociations.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les opinions divergent grandement, à l'échelle de l'hémisphère, quant à la façon -- et même à l'opportunité -- d'engager la société civile dans le processus de la ZLEA.

Le défi, ici, consiste à combler l'écart entre des nations comme le Canada et les États-Unis, qui encouragent cet engagement actif, et d'autres qui entretiennent des doutes quant aux visées de la société civile.

Notre tâche ne sera pas facile et nous ferons oeuvre de pionniers. Mais nous ne pouvons nous attendre à conclure un pacte historique avec 34 pays sans impliquer nos populations. Le Canada -- pas plus que les États-Unis, j'en suis sûr -- ne pourrait tout simplement pas vendre pareille idée chez lui ni en faire la promotion à l'étranger.

Il ne faut jamais perdre de vue la simple réalité suivante : le commerce ne consiste pas seulement à améliorer le bilan d'une nation; il doit aussi améliorer la vie de ses habitants. Pour nous, le libre-échange n'est pas une fin en soi, mais plutôt un instrument qui récompense nos citoyens pour leur travail, leur fournit des débouchés pour leurs produits et leur donne espoir en l'avenir.

Voilà l'essence même de la ZLEA, et c'est pourquoi nous devons créer un cadre à l'intérieur duquel la société civile puisse participer.

Notre quatrième défi consiste à répondre aux préoccupations soulevées par la taille très disparate des différents participants au processus de la ZLEA.

Si vous êtes Trinité-et-Tobago, avec une population d'environ 1,3 million d'habitants, et que vous vous mesurez au Brésil, avec ses 161 millions d'habitants, vous avez peut-être raison de vous inquiéter un peu.

Le Canada comprend bien cette situation. Après tout, nous avons conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis -- un partenaire 10 fois plus gros que nous. Mais notre expérience a été positive, en partie parce que nous avons compris les avantages qu'il y avait à assujettir notre commerce à des règles qui font en sorte que la puissance ne se substitue pas au droit et qui font dépendre l'issue d'un différend commercial non de la taille des parties en présence mais de la force de leur argument respectif.

Et nous partagerons certainement cette expérience avec les petites économies de la ZLEA.

Nous comprenons aussi que la ZLEA pose un défi majeur aux bureaucraties de ces petites nations, particulièrement dans les Antilles et en Amérique centrale. Nous devons être sensibles à cette réalité et être disposés à aider ces pays à se doter de la capacité institutionnelle voulue.

Le cinquième et dernier défi -- qui est aussi le plus difficile à prédire -- est l'impact de la crise financière mondiale sur le processus de la ZLEA.

Même si, de l'avis du Canada, les récents événements ne font que confirmer la nécessité de la libéralisation des échanges, nous sommes aussi conscients que certains pays peuvent être tentés de chercher à freiner le processus, ou encore de réclamer des restrictions à l'importation ou d'imposer d'autres mesures protectionnistes.

Nous devons résister à ces demandes pressantes et faire la preuve des avantages qu'il y a à poursuivre sur la voie de la libéralisation. Les dangers que comporterait un dérapage à ce stade critique sont évidents : on pourrait perdre une occasion historique de jeter des ponts vers les économies émergentes d'Amérique latine, et on pourrait entraver -- ou même inverser -- la tendance régionale actuelle à la libéralisation.

Pis encore, cela pourrait favoriser l'apparition de blocs commerciaux -- un développement qui non seulement affaiblirait la cause du libre-échange dans la région, mais pourrait aussi avoir un effet délétère sur les relations entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.

Donc, ne laissons pas les difficultés économiques actuelles occulter le plus long terme. De toute évidence, la crise financière doit être réglée à l'aide d'une solution financière, celle-ci alliant la stabilité financière et une incitation à la croissance économique. La libéralisation du commerce jouera un rôle positif à cette fin.

En conclusion, je dirai que nous ne nous faisons pas d'illusion quant aux défis à relever. Mais j'ajouterai que nous sommes aussi conscients des belles occasions qui nous attendent. Ne faisons pas que rappeler à l'Amérique latine la distance qu'il lui reste à parcourir. Reconnaissons et saluons aussi le long chemin qu'elle a déjà parcouru, en relativement peu de temps.

Il n'y a pas si longtemps par exemple, en Argentine, mon pays natal, la guerre sale faisait des milliers de victimes et le taux d'inflation allait chercher dans les 1 000 p. 100 par année.

Nous travaillerons donc ferme pour maintenir l'impulsion et respecter l'échéancier des négociations.

Il y a plus de 150 ans, Simón Bolívar exprimait le voeu que les Amériques deviennent la plus grande région du monde : « La plus grande, dit-il, non pas tant par sa superficie et sa richesse que par sa liberté et sa gloire. »

Aujourd'hui, la possibilité nous est donnée de rapprocher le rêve de Bolívar de la réalité. Nous pouvons unir les Amériques comme jamais auparavant et créer une région grande par sa richesse et par sa liberté.

Poursuivons ce rêve ensemble et engageons-nous à persévérer jusqu'à ce qu'il devienne une réalité.

Merci.


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Dernière mise à jour :
2005-04-15
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