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DISCOURS


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M. MARCHI - ALLOCUTION À LA 22E CONFÉRENCE ANNUELLE DE MIAMI SURLES CARAÏBES ET L'AMÉRIQUE LATINE« LE COMMERCE DANS L'HÉMISPHÈRE -- JOINDRE LE GESTEÀ LA PAROLE » - MIAMI, FLORIDE

98/82 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE SERGIO MARCHI,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

À LA 22e CONFÉRENCE ANNUELLE DE MIAMI SUR

LES CARAÏBES ET L'AMÉRIQUE LATINE

« LE COMMERCE DANS L'HÉMISPHÈRE -- JOINDRE LE GESTE

À LA PAROLE »

MIAMI, Floride

Le 9 décembre 1998

(10 h HNE)

Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :

http://www.dfait-maeci.gc.ca

Je suis ravi d'être parmi vous aujourd'hui.

Mes amis américains ne manquent jamais de raconter des blagues sur le climat canadien. Il est bon d'être ici et de profiter à la fois de la chaleur du climat et de votre accueil.

Nul doute qu'il est tout indiqué de se rencontrer à Miami, qui a la réputation d'être la porte des Amériques. Au fil des ans, cette ville est devenue un point de convergence pour la langue et la culture de différents peuples. À ce titre, elle est résolument tournée vers les vastes marchés en plein essor de l'Amérique centrale, de l'Amérique du Sud et des Caraïbes.

En dépit de la distance qui le sépare d'un grand nombre d'entre vous, le Canada se considère comme un pays des Amériques. Au cours des deux prochaines années, cette réalité sera d'autant plus manifeste que nous deviendrons, à proprement parler, les « hôtes de l'hémisphère ».

Dès l'été prochain, nous accueillerons les athlètes de tout l'hémisphère à l'occasion des Jeux panaméricains, qui se tiendront à Winnipeg. En septembre, Ottawa sera l'hôte de la conférence des conjoints des dirigeants de la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques]. Ce sera ensuite Toronto, ma ville natale, qui accueillera la réunion des ministres du commerce de la ZLEA et le Forum des gens d'affaires des Amériques. En l'an 2000, le Canada sera l'hôte de l'Assemblée générale de l'OEA [Organisation des États américains] et accueillera les dirigeants de l'hémisphère à l'occasion du troisième Sommet des Amériques.

Nous compatissons au sort des personnes gravement touchées par l'ouragan Mitch et nous leur adressons nos prières. Lorsque cette terrible catastrophe a dévasté le Honduras et le Nicaragua, le Canada, de concert avec plusieurs autres pays, s'est empressé de leur venir en aide. En plus de déployer immédiatement 180 militaires au Honduras dans le cadre d'une mission humanitaire, le Canada s'est fièrement engagé à verser 110 millions de dollars pour secourir les sinistrés et aider à la reconstruction.

Comme vous le voyez, nous attachons beaucoup d'importance à nos relations avec l'hémisphère, notamment sur le plan commercial. Au cours des cinq dernières années, les échanges bilatéraux entre le Canada et les Amériques ont doublé, et nos investissements dans la région ont triplé!

Ce matin, je mettrai l'accent sur une initiative susceptible d'ouvrir de très vastes perspectives : la Zone de libre-échange des Amériques.

Comme vous le savez, le Canada assurera la présidence des négociations de la ZLEA jusqu'en octobre prochain. Son mandat se terminera par une réunion des ministres du Commerce, qui se tiendra à Toronto les 1er et 2 novembre, dans la foulée du Forum des gens d'affaires des Amériques devant avoir lieu les 30 et 31 octobre.

Je suis en outre heureux d'annoncer que M. Kent Jespersen a été nommé à la présidence du Forum. Jusqu'à tout récemment, M. Jespersen était président de NOVA Gas International et il assure actuellement la présidence de La Jolla Resources International, installé à Calgary. Pour assurer la réussite des travaux du Forum, il travaillera en étroite collaboration avec le Conseil canadien pour les Amériques et d'autres groupes de gens d'affaires canadiens.

Aujourd'hui, j'aimerais vous faire part du progrès accompli jusqu'ici et vous parler de certains des grands défis qui se présentent à nous.

Jusqu'ici, les négociations de la ZLEA progressent comme prévu. Grâce à la présence des 34 dirigeants à Santiago, elles ont pris un bon départ, et le Secrétariat administratif a entrepris ses activités, ici, à Miami. Je suis en outre ravi que M. Michael Eastman ait été nommé au poste de directeur.

En juin, le Canada a présidé la première réunion du Comité des négociations commerciales, à Buenos Aires. Le Comité a établi les programmes de travail des neuf groupes de négociation. En septembre et en octobre, ces groupes se sont réunis de nouveau à Miami pour entreprendre leurs travaux.

À la réunion de juin, le Comité a établi des programmes de travail pour les trois organes, qui portent sur certaines des grandes questions auxquelles nous devrons faire face, à savoir le commerce électronique, les intérêts particuliers des petites économies et la participation de la société civile. Ces organes ont aussi entamé leurs travaux en octobre.

Pas plus tard que la semaine dernière, au Suriname, le Comité des négociations commerciales s'est réuni une seconde fois. Les travaux, qui portaient principalement sur la facilitation du commerce, ont permis de faire de réels progrès, nos négociateurs en chef étant convenus de se concentrer d'abord sur les formalités douanières. Ils se réuniront de nouveau dans quelques mois pour étudier plus avant les choix qui s'offrent à eux.

Par conséquent, le processus de négociation est engagé.

En rendant compte du progrès accompli, nous ne sous-estimons pas pour autant les obstacles qui se dressent devant nous. Ils sont loin d'être négligeables, certes, mais il ne saurait en être autrement dans toute entreprise de cette envergure.

Pour sa part, le Canada estime qu'il faut s'attaquer à cinq grands défis : l'approbation de la procédure accélérée aux États-Unis, la facilitation du commerce, la participation de la société civile, la taille inégale des différents acteurs et la crise financière mondiale.

Permettez-moi d'aborder ici chacune de ces questions :

Premièrement, l'approbation de la procédure accélérée.

Il est malheureux, pour ne pas dire décevant, que le gouvernement américain n'ait toujours pas approuvé cette procédure. Pour l'instant, même si cette situation n'a rien d'irrémédiable, elle influe sans contredit sur l'engagement des États-Unis. Cela se répercutera sur la participation des autres intéressés, car aucun pays n'acceptera de mener une autre fois les mêmes négociations.

De manière plus générale, cela envoie un message ambigu sur l'engagement américain à l'égard de la libéralisation du commerce. En effet, il serait regrettable que les États-Unis, qui ont été à la fois les artisans et les bénéficiaires de la libéralisation au cours des 25 dernières années, défendent cette cause avec moins de vigueur et abandonnent leur rôle de chef de file.

J'ai trouvé encourageant que, dans les allocutions prononcées ces dernières semaines devant la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, le président Clinton ait lancé un cri de ralliement en vue d'obtenir, en janvier prochain, le mandat de négocier en vertu de la procédure accélérée.

Je lui souhaite tout le succès voulu car il est important pour tous les pays que les États-Unis maintiennent leur engagement en faveur de la libéralisation, qu'ils s'engagent franchement plutôt que de se replier sur eux-mêmes. À cet égard, la ZLEA constitue une épreuve décisive et l'approbation de la procédure accélérée contribuerait grandement à rassurer tous les intéressés.

Deuxièmement, nous devons faire progresser la facilitation du commerce.

L'objectif premier est simple : une entreprise de Miami devrait avoir autant de facilité à faire des affaires à Santiago qu'à Toronto.

Ce ne sont pas nos déclarations qui permettront aux dirigeants des milieux d'affaires de mesurer le progrès accompli dans ce domaine, mais des résultats concrets, comme le temps qu'ils économiseront. Ils doivent en effet livrer rapidement leurs marchandises et leurs services sur les marchés étrangers, de façon à respecter leurs échéances et leur budget.

Comme je l'ai mentionné, le Comité des négociations commerciales vient de terminer, avec succès, un premier examen des propositions visant à réduire les formalités administratives et les autres coûts des activités commerciales dans l'hémisphère. Ce processus, qui a pour objet de simplifier et d'harmoniser les formalités douanières, est certainement un pas dans la bonne direction.

La facilitation du commerce sera l'un des grands thèmes de la réunion ministérielle de l'an prochain. Il s'agit d'un domaine où nous pouvons obtenir des résultats tangibles avant la conclusion des négociations de la ZLEA et, ce faisant, donner une impulsion à nos délibérations.

Troisièmement, il sera essentiel d'obtenir le concours de la société civile.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les opinions divergent grandement, à l'échelle de l'hémisphère, quant à la façon -- et même à l'opportunité -- de faire participer la société civile au processus de la ZLEA.

Notre défi consiste à combler le fossé entre les pays favorables à une telle participation, et ceux qui entretiennent des doutes quant aux visées de la société civile.

Ce ne sera pas une tâche facile. Cependant, il est impensable de négocier un accord commercial historique avec 34 pays sans faire participer nos citoyens. Le Canada ne parviendrait pas à faire accepter pareille idée à ses citoyens, ni à la défendre à l'étranger. D'ailleurs, loin de nous cette intention. Cela est d'autant plus important que, de nos jours, le processus qui conduit à la conclusion d'un accord commercial compte autant que le contenu de l'accord proprement dit.

Lors de la réunion des ministres du commerce des Amériques, au Costa Rica, nous avons souscrit, entre autres, au principe d'une participation accrue des représentants de la société civile aux négociations de la ZLEA.

Cet engagement n'est pas fait simplement de paroles destinées à embellir nos discours, mais bien de principes devant guider notre action. De nos jours, les pays ne peuvent plus agir au gré de leur caprice. Le programme que les dirigeants ont adopté est un assemblage d'éléments interdépendants. En supprimant un de ces éléments, vous fragilisez le processus de négociation de la ZLEA tout entier.

Après tout, le commerce n'est pas qu'un simple moyen d'augmenter les recettes d'un pays : il doit aussi améliorer le mode de vie de nos citoyens. Pour nous, le libre-échange n'est pas une fin en soi, mais plutôt un instrument qui récompense nos citoyens pour leur travail, leur fournit des débouchés pour leurs produits et leur donne espoir en l'avenir.

Le quatrième défi consiste à résoudre les problèmes que soulève la disparité entre la taille et le niveau de développement économique des différents partenaires de la ZLEA.

Les petites économies de l'hémisphère craignent sincèrement que leurs intérêts ne soient pas protégés. Il faut les comprendre.

À vrai dire, il y a des entreprises américaines qui ont plus d'employés que certains pays participants ne comptent d'habitants. Par comparaison à leur chiffre d'affaires, le PIB de ces pays paraît insignifiant.

Le Canada comprend ces inquiétudes. Après tout, nous avons conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis : un partenaire commercial 10 fois plus gros que nous. Cependant, cette expérience s'est avérée constructive. De fait, nous enregistrons un excédent commercial, en partie parce que nous avons compris les avantages qu'il y avait à assujettir nos échanges à des règles. Ainsi, la puissance d'un partenaire ne lui confère aucun droit particulier, et le règlement des différends commerciaux repose sur la force des arguments, et non sur la taille des parties en présence.

Nous ne manquerons pas de faire profiter de cette expérience les petites économies de la ZLEA. Nous devons toutefois nous montrer sensibles à cette inquiétude légitime.

En outre, nous devons comprendre que la ZLEA pose, en matière de gestion des affaires publiques, un défi de taille aux gouvernements de ces petits pays, notamment ceux des Caraïbes et de l'Amérique centrale. La participation à un cycle complexe de négociations commerciales avec 34 pays représente un grand défi, particulièrement pour les petits pays. C'est pour cette raison que nous devons aussi les aider à se doter de la capacité institutionnelle voulue, afin qu'ils puissent effectivement se préparer aux négociations de la ZLEA, y prendre part et en assurer le suivi.

En dernière analyse, pour que les négociations de la ZLEA aboutissent, aucun pays ne devra être tenu à l'écart.

L'effet de la crise financière mondiale sur les négociations de la ZLEA constitue la cinquième et dernière question à prendre en considération, mais aussi celle qui est la plus difficile à prévoir.

Pour le Canada, les événements survenus récemment ne font que corroborer la nécessité de libéraliser le commerce. Cependant, nous savons aussi que cela pourrait inciter certains pays à freiner ce processus, à réclamer des restrictions à l'importation, ou à imposer d'autres mesures protectionnistes.

Le défi consiste à ne pas céder et à démontrer les avantages d'une libéralisation accrue des échanges.

Lorsque des crises surviennent, ce qui ne manquera pas de se produire, il faut agir comme nous l'avons fait dans le cas du Brésil, c'est-à-dire avec fermeté et détermination. Nous ne devons pas perdre de vue nos objectifs à long terme en raison des difficultés économiques actuelles.

Soyez assurés que nous ne sommes pas seulement les amis des bons jours. Le Canada reconnaît qu'il existe encore un potentiel de croissance et d'expansion.

En dépit des courants économiques difficiles que connaît actuellement l'Amérique latine, nos gens d'affaires font preuve d'un engagement très tenace. Il est vraiment temps d'amorcer une réflexion et un engagement à long terme.

Pour terminer, je tiens à souligner que le Canada ne se fait aucune illusion quant aux difficultés à venir. Cependant, nous savons aussi que de nouvelles possibilités s'offrent à nous. C'est pourquoi nous nous attacherons à maintenir le dynamisme des négociations et à en respecter l'échéancier.

Jadis, le grand explorateur Ferdinand Magellan a écrit ces lignes, qu'il vaut la peine de répéter aujourd'hui. Il a écrit  : « La mer est dangereuse et balayée par de terribles tempêtes, mais ces obstacles n'ont jamais suffi à nous empêcher de partir à la découverte. »

En créant une Zone de libre-échange des Amériques, nous aussi, nous devrons affronter de nombreuses tempêtes. Ce n'est toutefois pas une raison pour ne pas tenter l'aventure. Nous avons plus de raisons de hisser les voiles et de gagner le large que de ne pas le faire. Nous savons en effet que ce qui se profile à l'horizon est de loin plus grandiose que ce que nous trouvons dans les anses et les ports paisibles.

Laissons-nous gagner par l'esprit d'aventure. Naviguons vers des mers inconnues. Prenons la résolution de terminer ce voyage, et de le faire ensemble.

Merci.


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Dernière mise à jour :
2005-04-15
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