Règlement des différends
Amendement Byrd – L’OMC autorise huit membres à
imposer des mesures de rétorsion contre les États
Unis -
Déclaration à la presse du Brésil, du Canada,
du Chili, de la Corée, de l’Inde, du Japon, du Mexique
et de l’Union européenne – 31 août 2004
Les arbitres de l’OMC ont donné aujourd’hui
le feu vert à huit membres de l’organisation pour imposer
des mesures de rétorsion d’une valeur de plus de 150
millions de dollars contre les États-Unis, devant le refus
de ces derniers de se conformer à leurs obligations commerciales
internationales. En janvier 2003, l’OMC a jugé illégale
une loi américaine communément appelée «
amendement Byrd », qui prévoit la distribution des
sommes perçues au titre des droits antidumping et compensateurs
aux entreprises américaines qui ont demandé ou appuyé
l’imposition des droits en question. L’OMC a donné
aux États-Unis jusqu’en décembre 2003 pour se
conformer à sa décision, échéance qu’ils
n’ont pas respectée. Ce refus des États-Unis
de rendre leur mesure conforme aux règles de l’OMC
a incité huit membres de l’OMC – le Brésil,
le Canada, le Chili, la Corée, l’Inde, le Japon, le
Mexique et l’Union européenne (UE) – à
demander à l’OMC l’autorisation d’imposer
des droits d’importation additionnels sur les produits américains
ou de suspendre certaines de leurs autres obligations à l’égard
des États-Unis.
Par suite de la décision d’aujourd’hui,
les coplaignants pourront exercer leurs droits de rétorsion
au moment qui leur semblera opportun, conformément à
la décision et aux règles de l’OMC sur le règlement
des différends commerciaux. Il ne peut être fait appel
de la décision des arbitres.
Les huit membres de l’OMC exhortent avec vigueur
les États-Unis à prendre immédiatement des
mesures en vue d’abroger l’amendement Byrd illégal.
Dans la décision rendue publique aujourd’hui, l’OMC
a calculé la valeur des droits d’importations additionnels
ou des autres contre-mesures en se fondant sur les sommes versées
à l’industrie américaine lors de la dernière
distribution annuelle. Plus précisément, le niveau
de rétorsion autorisé est fonction de l’effet
sur le commerce des dernières sommes versées au titre
des droits antidumping ou compensateurs perçus sur les produits
importés de chacun des membres. C’est pourquoi la valeur
de ces paiements est multipliée par un coefficient de 0,72,
lequel a été obtenu au moyen d’un modèle
économique conçu par l’arbitre afin de déterminer
l’effet sur le commerce en question.
Le niveau des sanctions peut fluctuer d’une année
à l’autre, en fonction des variations plus importantes
des versements effectués en vertu de l’amendement Byrd
chaque année.
Contexte
La Continued Dumping and Subsidy Offset Act of 2000 (loi
de 2000 sur la compensation pour continuation du dumping et maintien
de la subvention), communément appelée l’amendement
Byrd, prescrit la distribution des droits antidumping et compensateurs
aux entreprises qui ont soumis ou appuyé des requêtes
en vue de l’imposition des droits en question. Cette loi incite
donc indûment les producteurs américains à demander
l’imposition de droits sur les importations, puisqu’elle
leur permet d’améliorer leur position concurrentielle
et de recevoir des paiements en espèces.
Au total, 231 millions de dollars américains ont été
versés en vertu de l’amendement Byrd aux producteurs
américains en 2001 et près de 330 millions de dollars
américains en 2002. Les principaux bénéficiaires
américains évoluent dans les secteurs des roulements
à bille, de l’acier et d’autres métaux,
des articles pour la maison et des aliments (en particulier les
pâtes alimentaires). Bien que les données concernant
les versements effectués en 2003 ne soient pas encore définitives,
les informations publiées jusqu’ici laissent croire
que les sommes distribuées pendant l’année pourraient
atteindre 240 millions de dollars américains.
En 2001, onze membres de l’OMC (l’Australie, le Brésil,
le Canada, le Chili, la Corée, l’Inde, l’Indonésie,
le Japon, le Mexique, la Thaïlande et l’UE) ont uni leurs
forces pour contester la conformité de la loi aux règles
de l’OMC. Un groupe spécial, en septembre 2002, et
l’Organe d’appel, en janvier 2003, ont confirmé
que l’amendement Byrd constitue une mesure illégale
pour contrer le dumping et l’octroi de subventions. Les États-Unis
se sont vu accorder jusqu’au 27 décembre 2003 pour
rendre cette loi conforme aux règles de l’OMC. Le 26
janvier 2004, huit membres de l’OMC (le Brésil, le
Canada, le Chili, la Corée, l’Inde, le Japon, le Mexique
et l’UE) ont demandé à l’Organe de règlement
des différends l’autorisation de prendre des contre-mesures.
Les États-Unis se sont objectés aux demandes des plaignants,
et la détermination du niveau de rétorsion a été
soumise à l’arbitrage.
Malgré les appels lancés par l’administration
américaine pour que l’on abroge la loi, le Congrès
américain n’a pas encore mis en œuvre la décision
de l’OMC. Deux projets de loi attendent d’être
adoptés, mais ni un ni l’autre n’ont encore atteint
l’étape de la discussion en chambre.
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