Severe Weather Watcher Handbook/Manuel de l'observateur de temps violent - Manuel de l'observateur de temps violent - [Service météorologique du Canada

Le renflement : un élément clé

S'il fallait se fier à une seule composante d'un orage pour déterminer son degré de violence, ce serait le renflement. Et c'est plutôt encourageant, car le temps est souvent nuageux ou brumeux - surtout dans l'Est – de sorte que seul le dessous du nuage est visible. Le renflement consiste en un petit appendice nuageux, d'un diamètre de 0, 5 à 2 km, qui se forme à la base sans pluie, ordinairement à un kilomètre du bord du noyau de pluie.

Qu'est-ce qui rend ce nuage si particulier? Premièrement, chaque orage violent semble présenter un renflement qui lui est propre. Autrement dit, ce nuage marque le lieu du principal courant ascendant dans le système. L'air y entre par le flux entrant d'air chaud et le flux sortant d'air frais. L'air humide de la zone de pluie est attiré dans le courant ascendant et se condense à faible altitude, au-dessous de la base initiale de l'orage. Quand le mélange de ces deux masses d'air différentes est irrégulier, le renflement l'est aussi. Quand le courant ascendant est puissant,concentré ou présente une structure compacte,le renflement est dense et bien marqué. Quand le renflement est circulaire (ce qui n ’est pas évident, car la perspective a pour effet d'aplatir le cercle), cela signifie que l'air humide s'est enroulé autour du courant ascendant,ce qui indique une rotation. L'aspect de ce petit nuage témoigne directement de chaque variation de l'intensité du courant ascendant, de l'équilibre entre l'influx d'air et l'air sortant et de l'écoulement d'air.

La forme et la taille du renflement peuvent varier à l'infini, mais elles présentent des différences fondamentales selon que l'orage est faible ou violent. Les renflements incomplets, inclinés, allongés ou déchiquetés font partie d'orages de faible intensité. Si la forme du renflement est incomplète ou asymétrique, celui-ci est en voie d'évolution (ou souffre d ’un déséquilibre), peut-être sous l'effet de la poussée vers l'avant du flux sortant, du manque de concentration du courant ascendant, etc., autant de signes que l'orage cherche à maintenir un flux entrant intense et constant. En revanche, les renflements qui sont très bas, épais, étendus ou circulaires méritent qu'on les surveille très attentivement. Il se peut que certains orages qui prennent naissance par temps sec ne présentent pas du tout de renflement tandis que d'autres (dans l'Ouest par exemple) comportent un renflement petit ou élevé ou en forme de piédestal. Quand un renflement devient structuré, complet et circulaire, il prend le nom de "mur"; il pourrait alors laisser craindre la formation d'une tornade. Toutefois, avant de vous inquiéter chaque fois que vous voyez un nuage bas au-dessous d'un orage, souvenez-vous que les nuages bas, sombres et déchiquetés ne sont pas tous signes de danger. Déterminez la position du nuage. S'il se trouve au-dessus de votre tête, y a-t-il un vent frais de l'ouest ou du nord-ouest? Si c'est le cas, le phénomène n'est pas dangereux. Au contraire, s'il n'y a pas de vent (au-dessous de la zone principale de courant ascendant), il pourrait y avoir du temps violent. Observez la forme et la structure de l'ensemble et surveillez attentivement le déplacement de l'air. Si l'air se déplace horizontalement près du renflement - et des fragments de nuages qui l'accompagnent - ou si le nuage est allongé, il est poussé par l'air sortant et est inoffensif pour le moment. Par contre, si les nuages déchiquetés sont tous poussés vers le haut et que vous observez un mouvement circulaire, il s'agit d'un mur en rotation, dont il faut signaler la présence!

66 NW/E, 67 W/SE, 68 NW/E Trois renflements dans l'air humide. Ces renflements ne sont pas encore en rotation, mais il faut s'en méfier. Un nouveau courant ascendant (66) a aspiré de l'air gonflé de pluie qui se condense sous la base sans pluie. La structure est incomplète mais la position (à l'extrémité SW de l'orage) est bonne. La photo 67 montre un plus gros renflement arrondi du côté est de l'orage, auquel s'accrochent des touffes de nuages en lambeaux. Celui-ci est constamment coupé et poussé vers l'avant par le flux sortant, bloquant ainsi la rotation du courant ascendant. Ce renflement, bien formé, pourrait amorcer une rotation si le flux sortant ralentit ou si l'orage s'impose. La photo 68 montre un petit orage en puissance (à droite) suivi d'un banc de nuages au dessous bas déchiqueté. Ce banc constitue le flanc et un front de rafales qui se déplace lentement (à droit et en avant), comme l'indiq uent les rubans au-dessus. La masse nuageuse dodue au-dessus des petits lambeaux représente le courant ascendant principal. Généralement, l'alternance flux entrant/flux sortant favorise l'air frais, mais un bref resserrement du renflement pourrait tout changer rapidement.