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La dérivation de Garrison et la décharge de Devils Lake : la position canadienne

La décharge de Devils Lake et le parachèvement des ouvrages de dérivation de Garrison constituent deux projets distincts, mais soulèvent les mêmes préoccupations sérieuses. Le Canada et le Manitoba s'opposent depuis longtemps à ces projets, une position fondée sur les dommages économiques et environnementaux coûteux, imprévisibles, irréversibles et catastrophiques que pourrait entraîner la dérivation des eaux entre les bassins.

En Amérique du Nord, le Canada et les États-Unis ont tous les deux appris à leur dépens que le biote étranger et les espèces envahissantes entraînent des répercussions environnementales irréversibles et d'immenses coûts financiers. Il y a de nombreux exemples. La moule zébrée, après sa propagation dans les Grands Lacs, a atteint la rivière Missouri en passant par la dérivation de Chicago, à une vitesse ahurissante et à un coût énorme. La lamproie marine s'est propagée dans les Grands Lacs et a dévasté la pêche, une fois que les Grands Lacs ont été reliés aux océans par l'entremise du Canal Welland. On retrouve aujourd'hui la myriophylle en épi dans 37 états et trois provinces. On a constaté la présence de la myxobolose dans le système de la rivière Missouri.

Il est donc crucial de procéder à un examen exhaustif et approfondi de ces projets dans le cadre de la National Environmental Policy Act (NEPA). Ces deux projets contreviendraient au Traité des eaux limitrophes en polluant et en endommageant les eaux canadiennes.

Le Canada a déjà fait valoir ses préoccupations à l'égard du Projet de dérivation de Garrison et de la décharge projetée pour Devils Lake aux échelons les plus élevés et à de nombreuses reprises au cours des trente dernières années.

Le Canada n'est pas le seul à faire valoir ses préoccupations à l'égard de ces projets. D'autres états américains, tels que le Minnesota, le Missouri et les états des Grands Lacs, partagent les inquiétudes exprimées par le Canada.
Le gouvernement du Canada collabore étroitement avec la province du Manitoba sur ces deux questions.

Dérivation de Garrison

Certaines caractéristiques du Projet de dérivation de Garrison, prévues dans la Dakota Water Resources Act (DWRA), auront pour effet de détourner les eaux du bassin des rivières Missouri/Mississippi vers les bassins de la baie d'Hudson, par l'entremise des rivières Sheyenne et Rouge.

L'effet global de la DWRA serait de défaire le compromis soigneusement établi par la Garrison Diversion Reformulation Act de 1986, atténuant ainsi la protection dont jouissait le Canada.

La DWRA rétablit certaines des caractéristiques originales du Projet de dérivation de Garrison et en propose de nouvelles, si bien que les eaux dérivées entre les bassins se déverseront au Canada. De plus, la DWRA supprime de la loi de 1986 des dispositions qui protégeaient les eaux canadiennes, notamment la disposition visant les consultations avec le Canada. En transférant une partie significative du rôle fédéral de surveillance à l'état du Dakota du Nord, la DWRA atténue grandement l'aptitude du gouvernement américain à respecter ses engagements envers le Canada dans le cadre du Traité des eaux limitrophes, tel que stipulé dans la loi de 1986.

La Commission mixte internationale (CMI), mise sur pied dans le cadre du Traité des eaux limitrophes, s'est prononcée en 1977 contre toute construction liée à la dérivation de Garrison qui pourrait avoir une incidence sur les eaux se déversant au Canada, à moins que le Canada et les États-Unis conviennent que le risque pour les eaux canadiennes n'existe plus ou n'est plus préoccupant.

Depuis 1977, aucune évolution de la situation ne laisse croire que le risque s'est atténué. En fait, c'est plutôt le contraire. Le Canada et le Manitoba considèrent que les dérivations entre les bassins représentent un danger manifeste pour les écosystèmes canadiens. On n'a pas suffisamment évalué les effets potentiellement nuisibles du transfert d'espèces de poisson étrangères, de leurs maladies et d'autres organismes vivants dans les eaux canadiennes - et notamment dans les eaux de pêche manitobaines (une industrie qui rapporte des millions de dollars). La conformité aux normes actuelles visant l'eau potable ne suffira pas à la suppression des risques associés au transfert du biote.

Devils Lake

Devils Lake est un petit système écologique fermé dans le Dakota du Nord, un sous-bassin à l'intérieur du bassin versant de la baie d'Hudson, mais sans y être relié (les eaux ne se déversent pas à l'extérieur du lac). Des niveaux d'eau sans précédent ont causé d'importants dommages à la ville de Devils Lake. Le Dakota du Nord a exercé des pressions en faveur de la construction d'une décharge « d'urgence » qui déverserait de l'eau de Devils Lake dans la rivière Sheyenne, puis dans la rivière Rouge et au Manitoba. Durant les périodes de sécheresse, le Dakota du Nord a aussi exercé des pressions en faveur d'une embouchure qui permettrait de puiser de l'eau dans la rivière Missouri et qui, incidemment, nécessiterait l'achèvement d'une caractéristique de la dérivation de Garrison.

Pour plus d’information, veuillez visiter:
/can-am/washington/shared_env/devilslake-en.asp