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Survivre dans un environnement fermé :
La vie au-delà de la Terre |
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Objectifs didactiques
On a conçu cette activité dans le but de permettre aux enseignants et aux étudiants
d'étudier certains principes liés à l'exploration de l'espace et plus particulièrement
de proposer des solutions à des problèmes d'ordre pratique, d'analyser et
d'interpréter des données ainsi que de prévoir des résultats. Le présent document vise
à susciter des échanges d’opinions et à mener à la formulation de questions
intéressantes comme : « La Terre est-elle le seul endroit où les humains peuvent
vivre? ».
Attentes précises
Les étudiants :
-
démontreront qu'ils comprennent bien ce qu'est un écosystème fermé, y compris les
cycles de transformation;
-
examineront les facteurs qui limitent l'exploration de l'espace par les humains;
-
évalueront les contributions de la recherche menée dans la Station spatiale
internationale pour notre compréhension des systèmes biologiques.
On pourra étudier notamment : la microgravité, la chute libre, les orbites, le
rayonnement, les systèmes écologiques ouverts et fermés, la transformation de la
matière, l'énergie et les interrelations.
CONTEXTE
La Station spatiale internationale (ISS) est un laboratoire orbital à 450 km au-dessus
de la Terre, à une inclinaison de 51,6 degrés. Cette orbite offre des vues
exceptionnelles sur plus des trois quarts de la surface du globe, où se trouve 95 % de
la population terrienne.
Si l'on ne tient pas compte de la lumière du Soleil et des objets qui nous arrivent
occasionnellement de l'espace, la Terre est, en fait, un système écologique fermé dans
lequel la matière et l'énergie passent d'un état à un autre par l'action d'éléments
biotiques et non biotiques. Le système écologique ou, écosystème, est une notion
conceptuelle sur laquelle on peut fonder des prévisions sur les interrelations. Un
environnement fermé est circonscrit par des limites.
La Station spatiale internationale est une entité en elle-même qui orbite autour de la
Terre. Heureusement pour ceux qui l'habitent, elle est un environnement viable qui
nécessite toutefois l'apport de matière et d'énergie, fonction à laquelle contribuent
les astronautes canadiens. Dans le cadre de la mission STS-96, Julie Payette sera
responsable du rangement des ressources, y compris des aliments et des autres matières
essentielles à la survie. Marc Garneau, lors de la mission STS-97, fixera les panneaux
solaires à la Station spatiale internationale. On disposera dès lors d'une source
d'électricité qu'on utilisera pour toutes sortes de travaux et de transferts d'énergie.
Chris Hadfield, lorsqu'il prendra part à la mission STS-100, fera une sortie dans
l'espace dans son propre environnement fermé, retenu à la Station par un filin. Il
installera le bras spatial canadien, le Télémanipulateur de la Station spatiale
(SSRMS).
Les astronautes auront besoin d'un système de survie à bord de la Station spatiale
internationale. De plus, pour qu'ils puissent pousser plus loin leur exploration de
l'espace, il leur faudra pouvoir compter sur un système de survie régénérateur.
Pourquoi?
Les systèmes de survie des engins spatiaux sont conçus pour des missions de courte
durée et des équipages peu nombreux. Le système de survie en milieu fermé (CELSS pour
Closed Environment and Life Support System) est une application technologique
relativement simple qui dépend des sources indispensables d'oxygène, d'eau et de
nourriture stockées à bord. Les déchets sont ramenés sur Terre ou relâchés dans
l'espace. À bord de la navette spatiale, le dioxyde de carbone est éliminé chimiquement
au moyen d’hydroxyde de lithium (LiOH) contenu dans de grands contenants. Ce processus
est inefficace et coûteux parce qu'il constitue de la masse et occupe du volume au
lancement. Le lancement de la navette spatiale coûte environ 20 000 $CAN le
kilogramme. Des missions de plus longue durée à destination de la Lune ou de Mars
devront, pour être menées à bien, se faire à bord d'engins autonomes
qui nécessiteront un minimum de réapprovisionnement et offriront un environnement
semblable à celui de la Terre.
L'ENVIRONNEMENT SPATIAL : PAS TRÈS AGRÉABLE
À 20 km au-dessus de la Terre, on a déjà traversé plus de 90 % de l'atmosphère et
l'obscurité commence à envahir le ciel. À l'altitude à laquelle se trouve la Station
(450 km au-dessus de la Terre à une inclinaison de 51,6 degrés), les molécules
d'hydrogène et d'hélium se raréfient et se mêlent graduellement aux gaz
interplanétaires. La pression exercée étant presque nulle, comparativement aux 101
kilopascals qu'on trouve sur Terre au niveau de la mer, le voyageur de l'espace doit
emporter avec lui sa propre atmosphère dans une cabine ou dans une combinaison étanche.
À l'extérieur de la Station spatiale internationale ou de la combinaison d'astronaute,
la température peut atteindre 120 degrés Celsius du côté exposé au Soleil et descendre
jusqu'à –100 degrés Celsius du côté opposé. Les véhicules et les combinaisons doivent
donc être munis d'un système actif de thermorégulation afin de maintenir une zone de
confort assez restreinte.
Parmi les autres facteurs nuisibles on trouve les rayons ultraviolets, les particules
chargées provenant du Soleil, les rayons cosmiques galactiques ainsi que de petites
particules appelées micrométéorites qui voyagent à très grande vitesse.
Le corps humain n'est pas conçu pour survivre dans l'espace si l'environnement fermé
dans lequel il se trouve n'est plus étanche. Le vide provoquerait immédiatement des
effets désastreux sur l'organisme. Il y aurait expansion rapide des gaz dissous, ce qui
provoquerait une déstructuration des corps solides et des liquides. Des bulles d'air
s'échapperaient et se formeraient dans les tissus et dans le sang. La peau gonflerait
comme les parois d'un ballon et il y aurait rupture des tissus sous-jacents. Le « mal
des caissons », ou accident de décompression, se caractérise par des douleurs
articulaires et musculaires et, dans les cas extrêmes, par un affaissement
cardio-vasculaire ou un choc. En moins de 15 secondes, les dommages aux tissus, le
gonflement et le manque d’oxygène au cerveau provoqueraient une perte de conscience.
Tout environnement, pour permettre la survie dans l'espace, doit offrir une
température, une pression, une humidité relative et une atmosphère gazeuse appropriées.
Il doit protéger les astronautes ou les cosmonautes des rayons nocifs, du vide spatial,
des températures extrêmes ainsi que des impacts des micrométéorites et des autres
débris spatiaux.
UN ENVIRONNEMENT VIABLE DANS L'ESPACE
Il faut beaucoup d’oxygène, d'eau et de nourriture pour assurer la survie des
astronautes dans l'espace. Le tableau 1 ci-dessous indique les éléments requis à bord
de la Station spatiale internationale pour assurer la survie de ses occupants. En
orbite, il faut consacrer plus de 24 kg de ressources par jour aux besoins élémentaires
de chaque personne. Chez l'humain, les réactions métaboliques transforment les aliments
en déchets qui, à défaut d'être recyclés, doivent être stockés.
Pour les missions de longue durée, les végétaux peuvent constituer une composante
importante d'un système de survie régénérateur. Ils constituent certes une source de
nourriture, mais ils peuvent aussi régénérer l’air en transformant le dioxyde carbone
en oxygène et, par évapotranspiration, transformer les eaux usées en eau potable. En
microgravité, cependant, la culture des végétaux pose certaines difficultés. Comment
définit-on le haut et le bas? Comment poussent les tiges et les racines? Comment
peut-on combler efficacement les besoins des plantes en eau et en matières nutritives?
Quelles sont les plantes qui poussent le mieux dans ce genre d'environnement?
PRÉPARATION DE L'ACTIVITÉ
Dans le cadre de cette activité, on élabore le concept d'un écosystème fermé ou d'un
environnement isolé. On peut déterminer le rôle des organismes vivants, des
producteurs, des consommateurs ainsi que leurs rapports avec certains facteurs
physiques comme la température, les conditions atmosphériques et les éléments nutritifs
du sol. On peut illustrer les interrelations à l'aide d'un schéma montrant le flux
énergétique et le cycle nutritif.
Une fois les concepts de base établis, les étudiants sont prêts à créer leur propre
écosystème fermé. Cela peut être fait de nombreuses façons, selon l’intérêt de
l'étudiant. On peut créer des écosystèmes fermés individuels pour imiter certains des
processus et des cycles existant à bord de la Station spatiale internationale (voir
Construction d’un écosystème fermé en classe). Les étudiants pourraient concevoir
et construire un grand module d'habitation complet comportant des systèmes de contrôle
de l’éclairage ou d'autres facteurs. À l'aide d'une pellicule de mylar ou de plastique
et de ruban adhésif en toile, on peut créer des structures gonflables pour simuler une
mission spatiale complète, expériences et exiguïté des lieux y compris.
D'autres travaux plus avancés pourraient porter sur les procédures utilisées par les
scientifiques du Canada et des États-Unis pour mettre au point des systèmes de survie
régénérateurs. Les spécialistes du laboratoire BIO-Plex du Johnson Space Center
travaillent actuellement à la mise au point de caissons de bioproduction qui fourniront
en permanence 95 % des aliments nécessaires à un équipage composé de quatre personnes.
Pour les systèmes de production alimentaire des véhicules spatiaux, on a cerné, par
ordre de priorité, les productions végétales suivantes : tomate, carotte, laitue,
radis, chou, épinards, bette et oignon. On procède actuellement à des essais sur le blé
comme culture de base pour des systèmes planétaires de production alimentaire.
Des chercheurs de la Utah State University ont mis au point une variété de blé de l'ère
spatiale désignée sous l'appellation de USU Apogee, qui pourrait être cultivée dans
l'espace, sous éclairement constant et sous de fortes concentrations de CO2,
à l'étroit et par cycles courts. Sur Internet, les étudiants pourront voir comment on
construit les caissons et suivre le développement de la production végétale depuis
l'espace. On fournit des données réelles sur cette expérience comme l'absorption du
carbone et la production d’oxygène. Cela pourrait servir de modèle pour les recherches
des étudiants.
Tableau 1 — Exigences concernant le maintien de la vie d’un membre d’équipage de la
Station spatiale
Produits de consommation |
kg/pers./jour |
Déchets |
kg/pers./jour |
Gaz
Oxygène
|
0,8
|
Gaz
Dioxide de carbone
|
1,0
1,00
|
Eau
Eau potable
Eau contenue dans la nourriture
Préparation de la nourriture
Douche et hygiène des mains
Lavage des vêtements
Chasse d’eau-urine
|
23,4
1,62
1,15
0,79
6,82
12,50
0,50
|
Eau
Urine
Transpiration/
respiration
Eaux fécales
Douche et hygiène des mains
Lavage des vêtements
Chasse d’eau-urine
Humidity Condensation
|
23,7
1,50
2,28
0,09
6,51
11,90
0,50
0,95
|
Solides
Nourriture
|
0,6
0,62
|
Solides
Urine
Matières fécales
Transpiration
Douche et hygiène des mains
Lavage des vêtements
|
0,2
0,62
0,03
0,02
0,01
0,08
|
Total: |
24,8
|
Total: |
24,9
|
Source: NASA
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