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DISCOURS


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Le 18 août 2005
EDMONTON (Alberta)
2005/30


SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS






NOTES POUR UNE ALLOCUTION


DE


L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,


MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,


DEVANT


LE CONSEIL NATIONAL DES RELATIONS CANADO-ARABES







Je vous remercie de me donner l'occasion de vous rencontrer ici aujourd'hui, pour un dialogue avec les membres des communautés musulmanes du Canada qui, je l'espère, se poursuivra, aussi bien à Edmonton qu'ailleurs au pays.


Je voudrais faire porter mon intervention sur trois questions.


Tout d’abord, je tiens avant tout à parler de l'importante contribution des musulmans canadiens à l'édification du Canada.


Deuxièmement, je souhaite dire un mot sur les enseignements à tirer de notre action, animée par un intérêt commun, pour assurer la sécurité dans le monde actuel, notamment à la lumière des attaques terroristes qui se succèdent depuis le 11 septembre 2001 et dont les plus récentes ont eu lieu à Londres le 7 juillet dernier.


Enfin, j'aimerais parler des efforts déployés par le gouvernement pour aller à la rencontre des communautés musulmanes du Canada.


La contribution des musulmans à l’édification du Canada


Je tiens d'abord à dire que, ces dernières années, il m'a été donné de mieux comprendre comment de nombreux principes de l'islam sont incarnés dans les valeurs canadiennes. Comme nous le savons tous, l’islam est placé sous le signe de la paix, de la tolérance et de la quête intellectuelle. Il s'agit d'un mode de vie qui invite à la compassion envers les autres, à la quête du savoir et à la coexistence harmonieuse des sociétés.


Le Prophète Mohammed (Que la Paix soit sur Lui) est un modèle pour nous tous. Son intégrité, sa loyauté, son honnêteté, sa générosité (qu'il s'agisse de temps ou d'argent), son souci des pauvres, des faibles et des malades, sa fidélité en amitié, son humilité devant le succès, sa simplicité, sa sagesse à trouver des solutions novatrices là où les méthodes habituelles ne pouvaient s'appliquer, toutes ces qualités sont certes de nature à rendre notre pays plus fort.


De fait, la communauté musulmane de ce pays possède une histoire particulièrement riche, qui est pour nous une source de fierté.


Elle est l'une des plus anciennes et compte à son actif de nombreuses réalisations dignes de mention. En effet, la naissance du premier musulman au Canada remonte à 1854, soit 13 ans avant la fondation même du pays. Par ailleurs, c'est en 1938, ici même à Edmonton, qu'a été construite la première mosquée d'Amérique du Nord, la mosquée Al-Rashid. Enfin, dans les années 1980, c'est également en Alberta qu'a été nommé le premier musulman au sein d'un cabinet provincial, M. Larry Chabin.


Aujourd'hui, l'islam se classe au deuxième rang des religions les plus pratiquées et en plus forte croissance au Canada. De même, les Canadiens originaires d'Asie et du Moyen-Orient constituent les deux segments de notre société qui connaissent la progression la plus rapide, ce qui a contribué à doubler la population musulmane du Canada au cours de la dernière décennie. C'est ainsi que notre magnifique pays compte aujourd'hui plus de 600 000 citoyens de confession musulmane, dont plus de 30 000 vivent ici à Edmonton. En outre, il est prévu que la population musulmane du Canada doublera de nouveau au cours des 10 prochaines années, de sorte qu'elle devrait compter quelque 1,2 million de membres.


Votre communauté est aussi l'une des plus scolarisées : plus de 20 p. 100 des musulmans canadiens sont titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires, et plus de 1,5 p. 100 d'entre eux, d'un doctorat. Or, ces chiffres sont de loin supérieurs à la moyenne canadienne.


Ceci permet aux musulmans canadiens de jouer un rôle de premier plan dans tous les aspects de l'activité sociale. Je parle ici de chefs d'entreprises, hommes ou femmes, de chercheurs et de journalistes, de députés provinciaux et fédéraux, de diplomates et, bien entendu, de personnalités et de chefs religieux dévoués et respectés. Vous êtes parmi les chefs de file de ce pays, notamment en veillant, par votre action, à ce que le Canada continue de se développer, dans tous les sens du terme.


C'est aussi au Canada que, faut-il le rappeler, l'on trouve des institutions et des spécialistes parmi les plus réputés en matière d'études islamiques. À Montréal, où je vis, l'Institut d'études islamiques de l'Université McGill (fondé en 1951) jouit d'une réputation internationale et attire quelques-uns des meilleurs chercheurs au monde. En outre, l'Aga Khan a annoncé récemment le projet de créer un centre international d'étude sur le pluralisme, un important groupe de réflexion voué pour l'essentiel à la recherche et à l'éducation et dont le siège sera situé à Ottawa. Le gouvernement du Canada s'est engagé à verser 30 millions de dollars pour la concrétisation de ce projet.


Ce projet est important en vue de s’attaquer à l’un des enseignements tirés des attentats du 11 septembre 2001 : les causes de l’extrémisme se trouvent dans les enjeux de bonne gouvernance, de participation sociale et de droits de la personne. Le centre sur le pluralisme se penchera sur certains de ces enjeux.


Les enseignements du 11 septembre 2001


Les événements du 11 septembre nous ont donné à réfléchir : il n'est plus possible de considérer la prospérité et la sécurité au pays comme une chose acquise sans tenir compte de la situation dans le reste du monde. Tout comme la pauvreté à elle seule ne conduit pas nécessairement au terrorisme, la démocratie ne garantit pas pour autant la bonne gouvernance, et l'éducation n'exclut pas l'ignorance. Toutefois, il est tout aussi vrai que lorsque les gouvernements ne créent pas d'emplois rémunérateurs, n'autorisent pas la liberté d'expression ni ne garantissent des chances égales pour tous ou l'accès à une éducation décente, cela crée un ensemble de conditions néfastes qui constituent un terreau fertile à la violence. Il importe de s’attaquer à ces enjeux afin de prévenir le terrorisme.



Je tiens à souligner que le Canada maintient depuis longtemps que la religion n'est pas la cause de l'extrémisme, mais que les extrémistes en détournent le message à leurs fins et, dans la foulée, exploitent les failles de la société et les faiblesses des individus. Les extrémistes incitent à la violence et à la haine sous le couvert de la religion pour réaliser des visées politiques.


Mais partout dans le monde, les vrais musulmans ont condamné avec force ces gestes de violence. Ici, au Canada, des organisations musulmanes et de nombreux musulmans ont exprimé clairement leur consternation face au recours à la violence.


Je note, avec un intérêt particulier, l'importance que votre religion accorde à la paix, et le fait que la Oummah [communauté musulmane] exclut les auteurs d'actes violents, particulièrement ceux qui prétendent les commettre au nom de la foi. Je sais également pertinemment que le Coran enseigne que « […] quiconque tue une personne [...] c'est comme s'il avait tué tous les humains. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les humains. » (5:32)


Parallèlement, nous devons continuer de combattre directement les terroristes. C'est pourquoi le Canada participe activement à la lutte internationale contre le terrorisme. Mais si la lutte antiterroriste comporte une dimension militaire, comme le montre notre engagement actuel en Afghanistan, elle n'est pas le pivot de l'action canadienne, pas plus qu'elle ne devrait servir de pierre angulaire à l'action internationale contre le terrorisme.


Ceci veut dire simplement qu'il faut utiliser nos ressources en matière de diplomatie et de développement de façon à mieux comprendre les dynamiques en présence dans le monde musulman et les besoins des sociétés en développement. Cela veut également dire que nous devons nous concentrer sur la bonne gouvernance et le développement économique, étant entendu qu'il s'agit là d'une solution durable à l'extrémisme, et cela, aussi bien dans le monde musulman qu'ailleurs.


Les enseignements du 7 juillet 2005


Nous en sommes encore à tenter de mesurer les conséquences des attentats à la bombe perpétrés le mois dernier, à Londres. On trouve dans les quotidiens une foule d'éditoriaux dont les auteurs s'attachent à expliquer les raisons qui poussent de jeunes hommes, dont plusieurs sont nés en Occident, à commettre de tels actes. Le débat sur cette question se poursuivra et, à ce titre, j'aimerais entendre votre point de vue.


Toutefois il est évident que l’État et les citoyens doivent travailler ensemble afin de faire obstacle aux forces qui engendrent l’extrémisme.


Je m’explique :

 

         Les efforts pour que tous les citoyens aient le sentiment d'appartenir à la société canadienne et adhèrent à une identité commune revêtent une importance croissante. Le gouvernement du Canada continuera de s'employer à renforcer le sentiment d'une citoyenneté commune, qui implique que tous ont des chances égales de contribuer à la société et d’en retirer des avantages.

 

         Nous devons continuer à promouvoir une collectivité nationale propice à l'intégration économique, sociale, politique et culturelle de tous les Canadiens, avec un accent particulier sur les néo-Canadiens et les minorités visibles.

 

         Nous devons travailler ensemble afin de créer un environnement qui permettra aux Canadiens de tous les horizons de partager des valeurs communes et d'être des partenaires à part égale dans la prospérité et la sécurité de notre territoire.


Le Canada est un pays qui favorise l’inclusion. Ce principe s'accompagne d'un cadre législatif efficace pour que l'aliénation et l'isolement ne créent pas les conditions qui permettent aux extrémistes d'exploiter les membres les plus vulnérables de nos sociétés.


Dans le passé, le modèle canadien du multiculturalisme a fait ses preuves. Il a favorisé l'harmonie, la compréhension entre les communautés culturelles et le respect mutuel. À cet égard, ce modèle peut s'avérer très utile : il est possible de mettre à profit les réalisations accomplies à ce jour, tout en remédiant aux problèmes rencontrés en chemin. Ce modèle peut également s'avérer utile à ceux qui souhaitent mettre fin à un conflit civil ou ethnique. Or, votre communauté joue un rôle de premier plan dans le multiculturalisme canadien, aussi bien en ce qui concerne sa réussite que son épanouissement.


Aller à la rencontre des communautés musulmanes


Force est d'admettre que les événements du 11 septembre 2001 et du 7 juillet 2005 ont fait ressortir l'importance de mieux comprendre les communautés musulmanes. C'est pourquoi je suis ici aujourd’hui, Et c’est d'ailleurs ce que je me suis engagé à faire personnellement. Et je peux vous dire que j'ai beaucoup appris de mes différentes rencontres avec les dirigeants des communautés musulmanes, que ce soit dans ma propre circonscription, à Montréal, ailleurs au Canada ou à l'étranger.


Lors de mes rencontres avec le chef de l'Organisation de la Conférence islamique, j'ai réaffirmé ma volonté de collaborer avec le monde musulman et de travailler à renforcer la compréhension mutuelle entre nos communautés. En outre, j’ai souligné l'importance de nouer des liens intellectuels et sociaux solides avec les cultures du monde musulman.


À cet égard, je me réjouis de la création, l'année dernière, de la Table ronde interculturelle sur la sécurité, dans le prolongement de la politique de sécurité nationale du Canada, afin de poursuivre un dialogue à long terme sur les questions de sécurité nationale. Ceci vise à faciliter l'échange général d'information entre le gouvernement du Canada et différentes collectivités, notamment la communauté musulmane, sur l'incidence des enjeux de sécurité nationale


La Table ronde s'avère également utile aux décideurs, en ce qu'elle permet de comprendre les conséquences des mesures de sécurité nationale pour différentes communautés au Canada, et de promouvoir le maintien de l'ordre civil ainsi que le respect et la compréhension mutuels.


La Table ronde coopère avec la ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Mme Anne McLennan, d’ici-même à Edmonton, et le ministre de la Justice, M. Irwin Cotler. Le ministre d'État (multiculturalisme), M. Raymond Chan, participe également aux travaux à l'invitation de ses collègues.


À l'heure actuelle, cette instance est formée de 15 membres, issus des communautés ethnoculturelles et religieuses du Canada, et elle est présidée par M. Zaheer Lakhani d'Edmonton.


Dans mon propre ministère, Affaires étrangères Canada, nous avons mis sur pied un groupe de travail sur les relations avec les communautés musulmanes. Ce groupe élabore actuellement un cadre d'orientation à l'usage du Ministère pour la conduite des relations avec les communautés musulmanes, et il est à préparer des activités de sensibilisation et de renforcement des partenariats.


À l'heure actuelle, le groupe a entamé le dialogue avec des chercheurs musulmans et des diplomates canadiens ainsi que d’autres responsables gouvernementaux. À cet égard, il convient de souligner que M. Akbar Ahmed, Imam Tariq Ramadan et M. Gilles Kepel ont été appelés à participer aux travaux de la présente rencontre.


De plus, le groupe envisage de préparer un cours sur les civilisations musulmanes à l'intention des diplomates canadiens. Il est important en effet de mettre l'accent sur la civilisation musulmane, au lieu de se concentrer seulement sur les enjeux politiques contemporains ou la religion. Pour ma part, je crois fermement qu'aucune communauté ne saurait se résumer à sa dimension religieuse ou politique.


Le groupe de travail s'attache également à aller à la rencontre des communautés musulmanes avec le concours de nos ambassades à l'étranger. À titre d'exemple, cela comprend un soutien accru aux éléments réformateurs dans les sociétés musulmanes et la recherche des moyens à mettre en œuvre pour les aider dans leur travail.


Pour l'essentiel, notre approche met l’accent sur la nécessité de mieux comprendre, l'importance de s'attacher à améliorer les conditions de vie dans les sociétés vulnérables, et, d'abord et avant tout, la collaboration avec les communautés musulmanes.


Cela s'inscrit, dans une très large mesure, dans la mise en œuvre de l’Énoncé de politique internationale du Canada, déposé au Parlement le 19 avril 2005.


Conclusion


Par conséquent, les discussions d'aujourd'hui marquent le début d'un processus de consultation, de collaboration et d'apprentissage .Après tout, ce pays vous appartient autant qu’à moi, et nous devons nous employer ensemble à faire en sorte que le Canada demeure un pays sûr et prospère.


En réaffirmant la position de notre pays comme modèle le plus achevé de pluralisme dans le monde, je suis convaincu que vos valeurs, à savoir celles-là mêmes qu'incarne le Canada, montreront au reste du monde que l'unité englobante que sous-tend l'islam s'y concrétise tous les jours, par votre action et par votre attachement à notre pays.


Si nous entrevoyons parfois les choses dans une perspective différente, en revanche nous partageons des valeurs et des objectifs communs : accroître notre prospérité et assurer notre sécurité, tout en préservant notre identité individuelle et collective.


Je suis convaincu que, ensemble, nous y parviendrons.


Je vous remercie.


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Dernière mise à jour :
2005-04-15
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