J'ai lu ça et je suis tombé sur le cul. Un lecteur, que j'apprécie par ailleurs et avec qui j'échange parfois des courriels en privé, est allé traiter quelque célébrité de gouine, allusion à son orientation sexuelle. Puis, une discussion s'est amorcée sur le sujet dans le forum.

J'ai flushé ces messages. Appelez ça de la censure si vous voulez. Mais avant de me traiter de censeur, rappelez-vous que tous les messages négatifs/hystériques/over the top/sarcastiques/cinglants à l'égard du Journal de Montréal, à l'égard de TVA, à l'égard de Quebecor n'ont jamais été touchés/effacés/censurés. C'est donc une « cheap shot » de proportion biblique que de sous-entendre ensuite, cher lecteur, que j'ai mis ton message aux vidanges parce que tu parlais de quelqu'un de TVA. J'aurais fait de même pour quelqu'un de Canal D ou de Rad-Can. Même quand on m'insulte, quand on me ridiculise, je ne touche pas les messages. Je m'en contre-sacre. Chacun a droit à son opinion. Mais révéler des miettes de la vie privée de quelqu'un, comme ça, juste parce qu'on peut, juste parce qu'il n'y a pas de filtre ? No way. Parce que c'est plus de l'opinion. C'est de la mesquinerie, du petit voyeurisme de balcon. Gardez-vous une p'tite gêne.

Votre frère travaille avec le comédien Z qui sniffe de la coke ? Votre voisine trompe son mari avec la chanteuse W ? Vous tenez de source sûre que X est fif ? Que Y est lesbienne ? Tant mieux pour vous. Partez-vous un blogue et médisez tant que vous voulez. Mais pas ici. Dites que Z joue faux, que W chante des tounes moches et qu'elle s'habille mal, que X rate la nouvelle à tous les coups et que Y n'a pas un bon slap-shot et qu'elle devrait accrocher ses patins ; dites tout ça de façon baveuse, méchante, impitoyable, ok, pas de trouble. Vous voulez lancer un débat à savoir pourquoi il y a dix fois plus de gars connus que de filles qui révèlent leur orientation sexulle ? Ok. Mais viser « sortir du garde-robe » des cas particuliers ? Nope. Si l'État n'a pas d'affaire dans la chambre à coucher du monde, les blogueurs non plus.

... êtes complètement fêlés! Je viens de lire vos commentaires sur le curling. Vous êtes complètement disjonctés... J'imagine que vous avez tous le même pusher... Mais vous êtes beaux à lire. Bonne nuit.

Mon voisin de bureau, JF Codère, est un vrai patriote. Il vient de dire, très ému :

« All right, une médaille ! On a peut-être pas eu de médaille au hockey, mais on a gagné l'or au curling. »

Tout le monde debout : « Ôôôôô Caaaanadaaaa... »

J'aimerais vous entendre sur les médias, la TV, les journaux, la radio d'ici. J'ai eu l'occasion, hier, de me frotter à quelques journalistes, étant momentanément devenu « l'histoire », hier, dans la foulée de l'histoire sur les cols bleus. C'est qui les journalistes que vous « consommez » ? Et pourquoi ? Êtes-vous plus Arcand ou Homier-Roy ? Mongrain ou Bruneau ? Êtes-vous plus Zone libre ou Débats de TQS ? Vous cherchez quoi quand vous « consommez » un produit (my god, j'ai vraiment dit ça) médiatique ? Qu'est-ce qui vous énerve chez les journalistes ? Qu'est-ce que vous aimez des journaux du Québec ?

Voyez ça comme un e-Droit de parole, si vous voulez...

Je sors d'une entrevue à LCN, avec Denis Lévesque. Lévesque m'a brassé sur mon histoire d'espionnage chez les cols bleus de ce matin. Il m'a bousculé, même, il m'a défié. Lévesque m'a servi des « Oui, mais... » sur la gueule. J'ai dû défendre chèrement ma peau, expliquer en quoi nos sources, si anonymes soient-elles, sont en béton, sont fiables, crédibles. Comment nos vérifications ont été serrées. Quand même : Lévesque ne m'a pas fait de quartiers. Là, vous devez penser que c'est pour ça que je suis pompé. Parce que Lévesque m'a donné des mises en échec, qu'il a questionné notre démarche. Pantoute. Lévesque a fait sa job. Sa job de journaliste : questionner. Sa job d'interviewer : me faire sortir de ma zone de confort, sans complaisance. J'admire ça, un journaliste qui dérange, qui bouscule. Même si je me trouve du côté récepteur de ces taloches.

Je suis pompé parce que j'allais à LCN en partie pour commenter l'entrevue de Claude Charron avec Jean Lapierre, l'ex-chef des cols bleus. Une entrevue complaisante. Une entrevue molle. Une entrevue dont Charron a COMPLÈTEMENT perdu le contrôle.

Le contrôle, il l'a laissé à Lapierre, qu'il a laissé parler de gogosses syndicales et d'obscures luttes internes pendant de looooongues minutes. Jean Lapierre lui dit : « Je suis à la retraite, moi. Et je m'occupe des retraités, bénévolement.. » Et Charron, au lieu de lui demander, façon Lévesque tiens, pourquoi il trempe encore dans les guerres intestines du syndicat, pourquoi il est encore payé par le syndicat (c'était dans mon papier de ce matin) s'il est bénévole ; au lieu de lui demander tout ça, Charron, il opine du bonnet, tétanisé. Quand t'es pas capable de faire d'entrevue de nouvelles, Claude, t'en fais pas. Tu te concentres sur les entrevues à briser le coeur avec des petites filles qui attendent un nouveau rein. Tu te concentres sur les éditoriaux télévisés. Tu fais pas de « hot seat », si c'est pour te faire passer sur le corps comme ça. Ou regarde Lévesque, ou écoute Arcand, pour avoir de bons modèles de non-complaisance...

Je dépompe tranquillement, merci.