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Numéro 63
Le 22 mars 2006


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EnviroZine : L'actualité environnementale canadienne
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L'eau et la culture canadienne

Algonquin Park, Ontario, Photo : Kristina Fickes
Parc Algonquin (Ontario), Photo : Kristina Fickes – Cliquez pour agrandir

Tout d'abord, vous entendez l'eau ruisseler dans un petit cours d'eau, puis éclabousser le rivage d'un lac, dégringoler la rivière, et, finalement, se fracasser sur les rochers du littoral marin dans le mouvement du ressac. Vous respirez l'odeur fraîche qui emplit vos poumons et vous sentez la moiteur de l'air à mesure que vous vous rapprochez. C'est alors qu'elle apparaît – l'eau. Tout près devant vous, le lac, la rivière, le ruisseau, l'étang ou la mer, scintille lorsque des rayons de soleil ou de lune font miroiter sa surface lisse. Soudain, vous vous sentez plus détendu, en paix avec vous-même et en terre familière.


Voilà quelques images que l'eau évoque pour bon nombre d'entre nous. Au-delà de nos besoins physiques- boire, se nourrir, respirer - nous entretenons un lien culturel étroit avec l'eau.

Le bord de l'eau

L'être humain a de tout temps préféré vivre dans le voisinage de l'eau. En vivant à proximité du littoral, l'être humain peut satisfaire les nécessités du quotidien et possède un moyen commode de se déplacer. La zone de contact entre la terre et l'eau constitue l'une des zones écologiques les plus riches et les plus productives du globe. C'est là que naissent, se développent et vivent les poissons et autres représentants de la faune et de la flore aquatiques. Les animaux terrestres et les oiseaux y trouvent aussi leur compte puisque la nourriture y abonde.

De nos jours, peu d'entre nous puisent leur eau et tirent leur nourriture directement d'une rivière ou d'un lac et pourtant, nous continuons à être attirés par le littoral. La vie au chalet, le camping, le canotage, la natation et la pêche sont toutes des activités récréatives populaires au Canada. Chacune d'elle peut être une occasion de s'évader grâce à la nature canadienne et d'établir un contact avec nos paysages aquatiques.

Les peuples autochtones considèrent comme des lieux sacrés de nombreux endroits situés à proximité de l'eau. En terrain surélevé, au nord du Manitoba, se trouve un bassin dont les eaux alimentent à l'est la rivière Hayes et à l'ouest le fleuve Nelson. On l'appelle " Echimamish ", ce qui veut dire littéralement " la-rivière-qui-coule-dans-les-deux-directions ". En hommage à ce renversement de courant presque mystique qui facilitait grandement le portage entre les deux cours d'eau, les peuples autochtones déposaient là des offrandes chaque fois qu'ils traversaient la ligne de partage des eaux.

Iqaluit, Nunavut, Photo : Kristina Fickes
Iqaluit, Nunavut, Photo : Kristina Fickes – Cliquez pour agrandir

Des liens très particuliers unissent les Inuits du Nord canadien à l'eau et à la glace. Leur subsistance dépend d'elles en grande partie, puisque, bien souvent, le phoque et le poisson demeurent les aliments de base de leur régime traditionnel. De nombreux mythes inuits sont étroitement liés aux froides eaux arctiques, comme celui de la façon dont Sedna devint déesse de l'océan.

L'eau et les arts

Faits éclairs :

Sans eau, nous n'existerions pas, et les autres formes de vie avec lesquelles nous partageons la planète non plus.

Au-delà de nos besoins physiques en eau, nous entretenons un lien culturel étroit avec l'eau.

La vie au chalet, le camping, le canotage, la natation et la pêche sont toutes des activités récréatives populaires au Canada.

Les peuples autochtones considèrent comme des lieux sacrés de nombreux endroits situés à proximité de l'eau.

Des liens très particuliers unissent les Inuits du Nord canadien à l'eau et à la glace.

Sites connexes

Site Web sur l'eau douce

Journée mondiale de l'eau 2006

Musée canadien des civilisations

Postes Canada : Eaux douces du Canada

Article connexe d'EnviroZine

De l'eau partout

Les émotions que suscitent les paysages aquatiques ne peuvent être quantifiées et classifiées, mais elles peuvent être exprimées par les arts. Les artistes ont puisé dans l'eau une source d'inspiration et ont communiqué dans leur travail sa valeur plus abstraite.

Que ce soit dans les plus anciens mythes du déluge ou dans les écrits modernes, romans ou poèmes, la littérature de toutes les époques fait allusion à l'eau. Petites et grandes étendues et masses d'eau ont inspiré la peur, le respect, la curiosité et la joie. Les premiers écrits canadiens, les journaux d'explorateurs du Canada foisonnent de récits où l'eau occupe une place importante.

Durant une expédition sur la rivière Black, David Thompson écrivait :

Le fracas de l'eau qui heurte les parois rocheuses, le grondement du torrent, le bruit caverneux de la cataracte au milieu des sombres et hautes collines vallonnées environnantes forment un décor grandiose et effrayant […] (Traduction)

Tous les écrivains ne considéraient pas les réseaux hydrographiques comme de dangereuses entités. Roderick Haig-Brown, auteur et agent de protection de la nature du début du 20e siècle écrivait :

Une rivière, c'est la forme la plus gracieuse que puisse revêtir l'eau; une rivière est à la fois vie, musique et mouvement, une entité qui se transforme à l'infini. Les rivières sont les artères de la planète par lesquelles le sang de la vie retourne au coeur. [Traduction]

L'eau a toujours joué un rôle dominant dans les arts visuels.

Les Cascades de la rivière Saint-Charles à la Jeune-Lorette, Joseph Légaré
Les Cascades de la rivière Saint-Charles à la Jeune-Lorette, Joseph Légaré – Cliquez pour agrandir

Joseph Légaré a été l'un des premiers Canadiens à peindre des paysages à l'huile. Son oeuvre Les Cascades de la rivière Saint-Charles à la Jeune-Lorette, (vers 1840) marque un renouveau dans l'histoire de la peinture au Canada.

Northern River, Tom Thomson
Rivière du nord, Tom ThomsonCliquez pour agrandir

Dans l'esprit de beaucoup de Canadiens, les oeuvres intitulées Lac du Nord (vers 1914), Rivière du nord (1914-1915) et Débâcle (1916) demeurent de glorieux emblèmes de notre pays.

Un nombre beaucoup plus grand d'artistes, grâce à diverses formes artistiques comme la musique, la photographie et le cinéma, ont aussi saisi et exprimé l'amour que nous avons pour nos rivières, nos lacs et nos ruisseaux.

L'eau nourrit notre esprit

Lorsque nous songeons à nos réseaux hydrographiques, nous nous disons qu'il s'agit d'une précieuse ressource, qui soutient notre industrie, protège notre végétation et nous garde en santé. Après mûre réflexion, cependant, nous discernons un lien beaucoup plus profond : l'eau nourrit aussi notre esprit canadien. Elle relie les uns aux autres les Canadiens de chacune des régions du pays.

Ce sont les artistes qui nous permettent de mieux comprendre la nature profonde de l'eau et de la terre ainsi que les liens qui nous unissent à elles, car, contrairement à la plupart des gens ordinaires, ils ont la faculté d'exprimer ce que ressentent la grande majorité d'entre nous. Lorsque nous employons le mot art, nous pensons aussi bien à une légende autochtone qu'à un roman moderne, à des pétroglyphes comme à des oeuvres du Groupe des Sept, à des films, à des chansons de voyageurs ou à une oeuvre musicale moderne consacrée à un lac du Nord. Toutefois, à travers chacune de ces formes d'art, nous retrouvons une reconnaissance de la complexité du rôle que joue l'eau dans la vie humaine.

Nous devons laisser notre esprit et notre imagination voguer au fil de l'eau et suivre les méandres qui nous entraînent dans toutes les régions du Canada afin de nous rendre compte que cette eau, qui nous apaise, nourrit aussi le corps et l'esprit des gens de partout au pays, tout comme le filet d'eau le plus infime s'élargit peu à peu pour finalement devenir un lac. Peut-être arriverons-nous un jour, nous aussi, à trouver la voie de la gérance de l'une de nos ressources les plus précieuses – l'eau.

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