La violence chez les jeunes et l'activité des
bandes de jeunes Réponses aux préoccupations
communautaires
Fédération canadienne des municipalités
Ce projet a été financé par le Solliciteur
général du Canada et le ministre de la Justice du Canada. Les idées
exprimées dans le présent rapport ne reflètent pas nécéssairement
les vues ou opinions du ministre du Solliciteur général du Canada ou
du ministère de la Justice du Canada
FCM 3504
No de
catalogue: JSR2-56/1994
ISBN: 0-662-22437-X
REMERCIEMENTS
La Fédération canadienne des municipalités
(FCM) est heureuse de vous présenter ce manuel. Il a pour but de
vous aider à comprendre la violence collective chez les jeunes, qui
se manifeste dans toutes les collectivités canadiennes, grandes et
petites, ainsi qu'à planifier et à élaborer des mesures pour
prévenir cette violence ou la combattre.
C'est un problème de plus en plus
préoccupant, auquel il faut apporter une réponse globale,
communautaire et équilibrée, caractérisée par la collaboration et
compatible avec la formule des «villes plus sûres» de la FCM.
Le manuel est fondé sur les conclusions d'une
recherche et plusieurs entrevues et réunions avec des représentants
de collectivités de toutes les parties du Canada, ainsi que sur une
conférence nationale tenue en février 1994.
Ce rapport a été préparé par Richard Weiler
and Associates pour la FCM. L'équipe inclut: Richard Weiler; Dr.
Tulio Caputo; Déborah Gordon; Dr Katharine Kelly; Lisa Plosenski;
Lara Green; et Debra Sladden.
La FCM remercie les ministères fédéraux du
Solliciteur général et de la Justice de leur aide financière, qui
lui a permis d'élaborer et de publier ce manuel. En outre, la FCM a
apprécié grandement la contribution d'autres ministères fédéraux à
la conférence nationale.
Les personnes suivantes méritent un
témoignage spécial de reconnaissance pour leur appui et leur
collaboration à la production de ce manuel: Joan Fisher, Secteur des
politiques, ministère du Solliciteur général du Canada; Lorri
Biesenthal, Section de la recherche en matière de droit pénal et
familial, ministère fédéral de la Justice.
De plus, la FCM désire remercier les
participants à la conférence nationale, en particulier John Schmal,
conseiller municipal de Calgary, qui présidait la conférence, les
nombreux orateurs et présentateurs, ainsi que les représentants de
l'organisme La rue Rideau et les jeunes, d'Ottawa.
TABLE DES MATIÈRES
La violence chez les jeunes et l'activité des
bandes de jeunes Réponses aux préoccupations communautaires
REMERCIEMENTS
1.0 INTRODUCTION
1.1 Description du projet de la FCM
concernant la violence chez les jeunes et les bandes déjeunes
1.2 Structure du manuel
2.0 APERÇU DU PROBLÈME DE LA VIOLENCE CHEZ
LES JEUNES ET DE L:ACTIVITÉ DES BANDES DE JEUNES
2.1 La nature de la violence chez les jeunes
2.2 Les crimes motivés par la haine et la
discrimination
2.3 La violence à l'école
2.4 Les jeunes femmes et la violence
3.0 LA NATURE DE LA VIOLENCE COLLECTIVE DES
JEUNES AU CANADA
3.1 La nature de la violence e collective
chez les jeunes
4.0 L'AMPLEUR DE LA VIOLENCE CHEZ LES JEUNES
ET L:ACTIVITÉ DES BANDES DE JEUNES
4.1 L'ampleur de la violence chez les jeunes
4.2 L'ampleur de l'activité des bandes de
jeunes
5.0 QUE POUVEZ-VOUS FAIRE?
5.1 Mieux comprendre la nature et l'ampleur
de la violence chez les jeunes dans votre collectivité
5.2 Vous procurer de l'information sur la
nature et l'ampleur de la violence chez les jeunes dans votre
collectivité
5.3 Bien utiliser l'information disponible
6.0 LA MOBILISATION DE VOTRE COLLECTIVITÉ
6.1 Exploiter les possibilités existantes
6.2 Susciter une action communautaire
6.3 Trois stratégies de mobilisation
communautaire
6.4 Participation des jeunes
6.5 Déterminer les obstacles à une
mobilisation efficace
7.0 L'ÉLABORATION
D'UNE INTERVENTION PERTINENTE
8.0 LES PROGRAMMES COMMUNAUTAIRES
8.1 Les jeunes
8.2 La police
8.3 Les écoles
8.4 Les organisations communautaires et les
organismes de services aux jeunes
9.0 QUELQUES RÉFLEXIONS FINALES
9.1 La violence est un problème de société
9.2 L'effet des forces sociales doit être
pris en considération
9.3 Éviter de jeter sur les jeunes un blâme
injustifié
9.4 Travailler à l'édification d'une
collectivité saine
9.5 Mettre au point une action équilibrée et
globale
9.6 Avoir les médias comme partenaires
10 CONCLUSION
1.0
INTRODUCTION
Au cours des dernières années, on a
enregistré une augmentation de la violence chez les jeunes et des
activités des bandes de jeunes dans toutes les villes canadiennes,
grandes et petites. La pression publique et le souci de la sécurité
collective ont fait de cette question une importante préoccupation
dans bien des collectivités. La Fédération canadienne des
municipalités (FCM) a réagi à cette situation en lançant un projet
de recherche et une consultation nationale axés sur la violence chez
les jeunes et les bandes de jeunes au Canada, en collaboration avec
les ministères fédéraux de la Justice et du Solliciteur général.
Le gouvernement fédéral s'est attaqué au
problème de la violence chez les jeunes de façon plus générale, par
le biais des programmes La violence familiale et Grandir ensemble,
d'une consultation nationale au sujet de la Loi sur les jeunes
contrevenants et d'un engagement global à l'égard d'une stratégie
nationale de la prévention de la criminalité.
Par son Programme de sécurité communautaire
et de prévention de la criminalité, la FCM joue un rôle de premier
plan en faisant la promotion de la formule «Des villes plus sûres».
Cette initiative s'harmonise avec celles des Nations Unies et
d'autres efforts internationaux dans ce domaine. Les stratégies de
prévention de la criminalité dans les pays occidentaux, y compris le
Canada, qui émanaient traditionnellement du système de justice
pénale, consistent aujourd'hui en initiatives diverses, dont
certaines s'attaquent aux conditions sociales sous-jacentes qui
favorisent les comportements criminels.
La FCM a adopté une stratégie globale et
communautaire en ce qui touche la prévention de la criminalité.
Cette stratégie vise à assurer à la fois la protection à court et à
long terme du public et la prévention de la criminalité. Elle
s'appuie notamment sur:
• l'action de la police, des tribunaux et des
services correctionnels;
• une nouvelle conception de l'environnement
matériel visant à le rendre plus sûr;
• le renforcement des dispositifs de
protection, y compris les systèmes d'alarme et les stratégies de
réduction des occasions favorisant la criminalité, comme les
programmes parents-secours;
• des mesures sociales visant les causes
sous-jacentes d'un bon nombre de comportements criminels.
La stratégie de la FCM est conçue de façon à
répondre aux besoins particuliers des collectivités. Elle tient
compte des divers genres de crimes ainsi que du profil
socio-économique et démographique de la collectivité. L'attitude de
la collectivité et sa détermination à résoudre les problèmes de
criminalité entrent en ligne de compte, tout comme les ressources
dont elle dispose pour apporter les changements souhaitables.
1.1
Description du projet de la FCM concernant la violence chez les
jeunes et les bandes déjeunes
Le projet de la FCM était axé principalement
sur la violence collective chez les jeunes et sur l'activité des
bandes de jeunes. Il a comporté de nombreux volets. C'est ainsi
qu'on a procédé à un examen détaillé de la documentation canadienne
sur le sujet, à la compilation d'une importante bibliographie
spécialisée, à une étude des données statistiques canadiennes, et à
une analyse des reportages sur la violence chez les jeunes parus
dans une série de journaux et de magazines canadiens. Un aspect
essentiel du projet consistait à mener des entrevues approfondies
avec des représentants d'une quarantaine de municipalités
canadiennes, soit des élus municipaux, des représentants de la
police, de la justice pénale, du milieu scolaire, du secteur des
loisirs et des services destinés aux jeunes, des transports en
commun et d'autres organismes préoccupés par la violence chez les
jeunes. Ces entrevues ont été suivies de visites dans six
collectivités, afin d'y examiner les stratégies mises en oeuvre. De
plus, une consultation nationale a eu lieu, à laquelle ont pris part
plus de 225 personnes représentant la police, le système de justice
pour la jeunesse, le milieu scolaire, le logement social, les
organismes au service des jeunes, les municipalités et les autres
paliers d'administration. Des jeunes de diverses collectivités y ont
aussi participé.
Une grande partie de l'information ainsi
recueillie a été incorporée dans le présent manuel, qui a pour
object d'aider les représentants des municipalités et autres paliers
d'administration, la police, les tribunaux, les services sociaux,
les services de santé, les écoles, les groupes et individus
intéressés, à mieux comprendre la violence chez les jeunes et les
groupes de jeunes dans les collectivités canadiennes.
1.2
Structure du manuel
Après un aperçu général du sujet, le manuel
décrit la nature et l'étendue de la violence collective chez les
jeunes, ainsi que différentes façons de mobiliser votre collectivité
pour prévoir et combattre cette violence.
2.0
APERÇU DU PROBLÈME DE LA VIOLENCE CHEZ LES JEUNES ET DE L:ACTIVITÉ
DES BANDES DE JEUNES
Actuellement, ce que l'on sait de la violence
chez les jeunes et de l'activité des bandes de jeunes est fondé sur
les reportages journalistiques ou sur une information limitée à des
incidents ponctuels. Les autorités canadiennes ont une forte
tendance à importer, au sens le plus littéral du mot, les
définitions et les stratégies appliquées aux États-Unis. Cependant,
les expériences des deux pays sont très différentes. Plus
précisément, le problème des bandes de jeunes, chez nos voisins du
Sud, a peu de ressemblance avec ce qui se passe dans la plupart des
collectivités canadiennes. Toutefois, la situation aux États-Unis a
fortement influencé la façon dont le phénomène est perçu au
Canada.
Une des questions clés traitées dans l'étude
de la FCM consistait à déterminer comment les collectivités
participantes définissaient la violence chez les jeunes et les
bandes formées de jeunes âgés de 18 ans au plus. Ces collectivités
ont mentionné une vaste gamme de comportements. Il s'agissait dans
certains cas d'agissements d'individus particuliers, comme les
«tyrans» de cour d'école. Dans d'autres, l'accent était mis sur des
comportements comme l'attaque par des groupes de jeunes qui volent à
leur victime ses chaussures ou sa veste, ou bien le déchaînement
aveugle de groupes de jeunes qui se livrent à des actes de violence
gratuite. Les agressions verbales, la violence psychologique et les
voies de fait ont été plus souvent mentionnées que les viols lors de
rendez-vous, les agressions sexuelles et les attaques motivées par
la haine ou la discrimination.
D'après la gamme des comportements compris
dans les définitions de la violence chez les jeunes, il est
difficile de se faire une idée nette de ce qui se passe dans
l'ensemble du pays. Certains comportements sont visés par la
législation existante, tandis que d'autres ne le sont pas. Ainsi,
bien que le harcèlement par un «tyran» de cour d'école puisse être
menaçant pour les victimes, ce comportement n'entraînera
probablement pas une accusation criminelle et, par conséquent, il
sera moins visible dans les statistiques officielles sur la
criminalité. Dans le présent manuel, même si la violence perpétrée
par des individus est importante, l'accent est mis avant tout sur la
violence collective ou fondée sur le groupe.
2.1
La nature de la violence chez les jeunes
Plusieurs tendances et modèles sont apparus
récemment en ce qui a trait à la violence chez les jeunes, qu'il
s'agisse d'individus ou de groupes de jeunes. Par exemple, elle est
souvent plus grave aujourd'hui que par le passé. En outre, un nombre
croissant de jeunes portent des armes pour se protéger. La violence
chez les jeunes tend à devenir plus intense et à entraîner des
blessures sérieuses. Les incidents s'aggravent souvent très vite et
atteignent des niveaux inquiétants. Il semble y avoir peu de limites
ou de restrictions dans l'utilisation de la violence, par certains
jeunes auxquels les règles sociales acceptées en ce qui a trait au
mal fait aux autres, semblent totalement étrangères.
Certains jeunes ne considèrent pas comme
violents des genres particuliers de comportement agressif. Ainsi, le
«sexing» - une forme de harcèlement sexuel qui peut consister en une
menace verbale aussi bien que physique - n'est pas souvent considéré
comme de la violence. Les agressions lors de rendez-vous ne sont pas
non plus définies ordinairement comme de la violence; beaucoup de
jeunes l'acceptent comme une part normale de leurs fréquentations.
Cela reflète une plus grande tolérance à l'égard de la violence chez
certains jeunes.
2.2
Les crimes motivés par la haine et la
discrimination
Plusieurs collectivités ont connu une hausse
de la criminalité motivée par la haine et la discrimination. Ces
genres de crimes se produisent lorsque des individus sont harcelés
ou agressés en raison de leurs caractéristiques individuelles, de
leurs origines ethniques ou raciales, de leur appartenance à un
groupe religieux et de leurs préférences sexuelles. Les victimes de
crimes motivés par la haine ou la discrimination hésitent souvent à
se faire connaître, de crainte de représailles.
Des écoles, des services policiers, des
organismes communautaires et d'autres groupes ont lancé des
programmes visant à faire connaître aux gens les différents modes de
vie, cultures et races, afin d'accroître leur tolérance. La plupart
des groupes mentionnés sont d'avis qu'il ne suffit pas d'informer
les gens et de changer leurs attitudes. Il faut une réponse plus
globale à ce genre de violence.
2.3
La violence à l'école
La violence à l'école est un autre sujet qui
suscite de plus en plus d'inquiétude. Contrairement aux modèles et
aux tendances décrits ci-dessus, les questions relatives à la
violence à l'école portent davantage sur l'endroit où elle se
produit que sur sa nature ou ses caractéristiques. La définition de
la violence à l'école va du harcèlement et de l'intimidation à
l'agression physique. Dans certains cas, des armes sont utilisées
pour menacer ou blesser les autres. Cependant, la violence à l'école
varie d'une école à l'autre et d'une ville à l'autre.
Plusieurs modèles, tendances et perceptions
se font jour en ce qui concerne la violence à l'école. La plupart
correspondent aux tendances générales de la violence chez les jeunes
telles qu'elles se dégagent de l'étude de la FCM. Ainsi, les auteurs
d'actes de violence sont souvent plus jeunes, et la violence devient
de plus en plus présente dans les écoles primaires. On a constaté
une augmentation des actes de violence spontanés dans les écoles. En
outre, le nombre d'élèves qui y apportent des armes - surtout des
couteaux - est aussi en hausse. Les agressions traditionnelles «un
contre un» ont souvent été remplacées par des attaques de groupes
contre des élèves isolés. Les agressions peuvent être plus brutales
et plus prolongées. Il semble exister un genre d'agresseurs qui
continuent de s'en prendre à leurs victimes pendant une longue
période de temps. Cette tendance donne à croire qu'il existe de plus
en plus de bandes informelles. Bien qu'elles ne s'adonnent pas
nécessairement à des activités violentes ou criminelles, ces bandes
intimident souvent les autres élèves.
De nombreux conseils scolaires élaborent
actuellement des politiques et des procédures fondées sur le concept
de «l'école sûre». De plus, d'importantes recherches sont menées
pour déterminer l'étendue de la violence à l'école et pour mettre au
point des stratégies de lutte appropriées.
2.4
Les jeunes femmes et la violence
Des rapports montrent aussi que des jeunes
femmes sont de plus en plus souvent mises en cause dans les actes
d'intimidation et d'agression. On n'a pas encore clairement
déterminé s'il faut y voir une évolution dans les faits ou
simplement dans la façon dont les incidents sont signalés; il
faudrait pousser l'enquête davantage. Traditionnellement, les
données statistiques sur la criminalité indiquaient que les hommes,
et non les femmes, commettaient les actes de violence. On supposait
que les femmes ne recouraient à la violence que pour se défendre ou
sous le coup de la colère. De tels incidents étaient perçus comme
des affaires privées et rarement inclus dans les statistiques
officielles.
Un certain nombre de modèles et de tendances
nouveaux sont apparus en ce qui concerne le recours à la violence
par des jeunes femmes. On constate par exemple une augmentation du
nombre d'accusations pour crimes de violence portées contre des
jeunes femmes. De même, on a relevé une augmentation des taux
d'accusation de jeunes femmes comparativement à ceux des jeunes
hommes. Bien que les taux d'accusation soient en hausse dans les
deux cas, ceux des jeunes femmes augmentent plus rapidement.
Pour comprendre le recours à la violence chez
les femmes, l'un des éléments clés est l'évaluation du rôle du
contexte et de la motivation. Par exemple, il se pourrait que les
façons de percevoir le recours à la violence par les jeunes femmes
découlent d'une extension du rôle social des femmes. Ainsi, comme
les femmes passent plus de temps dans les endroits publics, leurs
actes de violence seraient plus visibles. Les femmes sont peut-être
aussi plus portées à recourir à la violence comme moyen
d'auto-défense qu'elles ne l'étaient par le passé.
3.0
LA NATURE DE LA VIOLENCE COLLECTIVE DES JEUNES AU
CANADA
Au cours de la dernière décennie, on s'est
inquiété de plus en plus de la formation de bandes de jeunes dans
plusieurs villes canadiennes. Ces bandes ont été responsables d'une
série de crimes de violence qui ont frappé l'opinion, de sorte que
le public a réclamé des peines plus sévères et une meilleure
protection de la société. Toutefois, les recherches effectuées au
Canada sur la nature et l'étendue du phénomène des bandes de jeunes
restent rares. Les crimes commis par ces bandes sont difficiles à
distinguer dans l'ensemble des statistiques officielles sur la
criminalité. Par exemple, la déclaration uniforme de la criminalité
(DUC) porte seulement sur les accusations portées contre des
individus. Pour cette raison. il est difficile d'obtenir un tableau
statistique complet de la nature des activités des bandes de jeunes
au Canada.
Toutefois, une comparaison entre les données
statistiques de la DUC de 1986 et de 1992 révèle une hausse de six
pour cent du nombre tant de jeunes que d'adultes accusés de crimes
violents. Cela indique que la participation des jeunes à de tels
crimes est semblable à celle des adultes. De plus, les données de la
DUC révèlent que la proportion des jeunes inculpés d'homicide a très
peu changé au cours des dernières années. Dans l'ensemble, par
conséquent, le nombre de jeunes accusés de crimes violents est
demeuré à peu près stable alors que le public s'inquiète beaucoup
plus qu'avant de ce comportement.
Les recherches sur les bandes de jeunes
indiquent que les groupes de pairs du même sexe constituent un
élément normal du processus de socialisation des adolescents dans
les sociétés occidentales. Ces groupes amicaux offrent bien des
avantages à leurs membres, notamment une acceptation, un statut, une
identité et des occasions d'activités sociales et récréatives. Ils
aident les jeunes à faire la transition de l'adolescence à l'âge
adulte. Pour certains, toutefois, cette transition est bien plus
difficile. L'appui de leur famille ou d'autres institutions peut
leur manquer pour grandir et se développer et, par conséquent, ils
peuvent choisir de se joindre à des bandes ou de s'adonner à la
violence collective avec d'autres jeunes afin de répondre à des
besoins non satisfaits sur les plans émotionnel, psychologique ou
social.
Les jeunes immigrants et réfugiés peuvent
avoir à relever un double défi à cet égard. Non seulement ils sont
confrontés au passage à l'âge adulte, mais il doivent aussi faire
face aux difficultés que comporte l'adaptation à une nouvelle
culture. Certains de ces jeunes peuvent aussi choisir de se joindre
à des bandes en raison des avantages, mentionnés plus haut, que leur
adhésion peut leur procurer.
3.1
La nature de la violence e collective chez les
jeunes
Les répondants ont été priés de décrire les
groupes qu'ils considèrent comme impliqués dans la violence chez les
jeunes. Toute une gamme de groupes ont été mentionnés, des groupes
de jeunes qui «traînent» au coin des rues
ou dans les centres commerciaux aux étudiants du secondaire
querelleurs qui lancent des bouteilles de bière après les danses
dans les écoles, et jusqu'aux bandes de jeunes criminels très
organisées.
Il n'existe pas au Canada de définition
cohérente de l'expression «bande de jeunes». Pour certains, elle
suppose un comportement criminel, mais pas pour d'autres. Certains
laissent entendre qu'il faudrait faire une distinction entre les
groupes de jeunes et les bandes de jeunes. Différents organismes ont
élaboré leurs propres définitions en se fondant sur l'utilité de ces
définitions pour leurs propres besoins. Au lieu d'une définition
unique et exhaustive, il nous semble que la meilleure représentation
du phénomène des bandes de jeunes serait un continuum (voir la
figure 1) où l'on distinguerait divers genres de violence collective
chez les jeunes.
Les experts sont d'avis qu'un tel continuum
donne la meilleure idée des groupes et des bandes de jeunes. Les
groupes d'amis peu organisés se situent à l'extrémité gauche du
graphique. Ces groupes se composent surtout de jeunes qui se
tiennent aux coins des rues, devant les dépanneurs ou dans les
centres commerciaux. Ces genres de groupes ont peu d'organisation
formelle ou de structure hiérarchique. Ils se composent
ordinairement de jeunes qui flânent ensemble pour avoir de la
compagnie. Bien qu'ils puissent occasionnellement s'adonner à la
violence, ce n'est pas surtout pour cette raison qu'ils se tiennent
ensemble.
Vers le milieu du continuum, nous trouvons
des groupes qui se forment surtout pour exercer des activités
criminelles à but lucratif. Souvent, ils n'ont pas ou peu de
structure organisationnelle permanente et ils se disloquent une fois
les actes criminels exécutés. Ils peuvent, par exemple, se
constituer pour commettre une série de cambriolages. Une fois
leurs
figure un: LE CONTINUUM CHEZ
GROUPES-BANDES DE JEUNES -
CARACTERISTIQUES CLÉS
GROUPES D'AMIS
• peu organisés
• aucune structure hiérarchique
• acte de violence spontanés
• peu de participation à des actes criminels
à but lucratif
BANDES DE JEUNES CRIMINELS
• très organisées
• hiérarchie définie
• violence systématique
• le crime, dans un but lucratif, est une
activité importante
forfaits commis, les biens volés sont
répartis et le groupe se dissout jusqu'à la prochaine fois. En
raison de ce manque d'organisation, de permanence et de direction,
il faudrait parler de groupes et non de bandes.
À l'extrême droite du continuum se situent
les bandes de jeunes criminels. Elles sont très organisées et leur
structure hiérarchique est identifiable. Elles peuvent avoir des
rites d'initiation élaborés, porter des vêtements de même style et
utiliser des graffiti particuliers pour identifier leur territoire.
Ces bandes commettent des actes criminels dans un but lucratif et
ont recours à la violence pour arriver à leurs fins et pour exercer
un pouvoir et une influence sur une collectivité. Dans certains cas,
les bandes de jeunes criminels sont associés à des bandes de
criminels adultes.
En nous fondant sur ce concept, nous
recommandons d'employer l'expression composée : groupe ou bande de
jeunes. Les critères dont on peut se servir pour identifier un
groupe ou une bande d'après le continuum plus haut, comprennent : le
niveau d'organisation, l'existence d'une structure hiérarchique
évidente, les styles de vêtements distinctifs, les graffiti, etc.,
l'existence de rites d'initiation élaborés et d'un territoire de
bande reconnu, la continuité ou la longévité du groupe, la place
centrale qu'y tient l'activité criminelle et le recours à la
violence.
4.0
L'AMPLEUR DE LA VIOLENCE CHEZ LES JEUNES ET L:ACTIVITÉ DES BANDES DE
JEUNES
Dans la présente partie, on examine l'ampleur
de la violence chez les jeunes et de l'activité des bandes de jeunes
au Canada. Cette ampleur varie d'une collectivité à une autre et
dans les diverses régions du pays. Comment peut-on déterminer
l'importance de la violence chez les jeunes et de l'activité des
bandes de jeunes? La façon d'aborder cette question peut influer sur
la manière de percevoir le problème et les genres de stratégies
mises au point pour y faire face.
4.1
L'ampleur de la violence chez les jeunes
Il y a énormément de confusion dans la
population au sujet de l'ampleur de la violence chez les jeunes et
de l'activité des bandes de jeunes. Même si les statistiques
officielles indiquent une hausse des crimes violents commis par des
jeunes, elles doivent être interprétées avec prudence. Ainsi, le
taux de criminalité chez les jeunes Canadiens est demeuré stable au
cours des cinq ou dix dernières années. En 1992, environ 14% des
jeunes inculpés par la police ont été accusés de crimes de violence
(Source : Déclaration uniforme de la criminalité, 1986-1992).
Presque la moitié de ces crimes consistaient toutefois en voies de
fait mineures comme des gifles ou des coups de poing.
Une plus grande sensibilisation du public,
moins de tolérance et une meilleure déclaration des actes de
violence commis par des jeunes peuvent engendrer plus d'accusations,
plus de condamnations et des statistiques plus élevées sur la
violence chez les jeunes. De fait, il y avait peut-être autant,
sinon plus, de violence chez les jeunes par le passé qu'aujourd'hui.
Malheureusement, on dispose de bien peu de données historiques
utiles à cet égard. Il est donc difficile de se rendre compte s'il y
a une différence entre les niveaux actuels de violence chez les
jeunes et ceux d'il y a 10, 15 ou 20 ans et plus. Les estimations de
l'ampleur de la violence chez les jeunes ont aussi été influencées,
au cours des dernières années, par les changements apportés à la
législation visant les jeunes. La mise en vigueur de la Loi sur les jeunes contrevenants, en 1984,
a rendu le système de justice pour les jeunes plus formel et
plus légaliste. Beaucoup plus de jeunes sont accusés et incarcérés,
pour de plus longues périodes, que ce n'était le cas en vertu de la
Loi sur les jeunes
délinquants de 1908.
De plus, il s'est produit un changement dans
la façon dont les organismes de services à la jeunesse réagissent à
la violence des jeunes. Les écoles et les foyers de groupe, par
exemple, font plus appel à la police que par le passé dans les cas
de comportement violent. Ces facteurs ont contribué à une hausse des
statistiques officielles sur la violence chez les jeunes.
D'autre part, les perceptions des Canadiens
au sujet du niveau de la violence chez les jeunes ont aussi changé.
Ils accordent plus d'attention à certaines questions comme les
agressions sexuelles, les mauvais traitements infligés aux enfants
et la violence lors de rendez-vous. En outre, les comptes rendus à
sensation des médias sur la violence chez les jeunes ont aussi accru
la peur et l'inquiétude parmi le public. Ensemble, ces facteurs
contribuent à créer un climat de malaise et de peur sans cesse
croissants, à diminuer la tolérance, et à accroître le nombre de
plaintes et les pressions du public pour que des mesures soient
prises. Ainsi, bien qu'il soit évident que le nombre d'accusations
portées contre des jeunes, pour des actes de violence, est plus
élevé depuis quelques années, il n'est pas certain que la violence
chez les jeunes et l'activité des bandes de jeunes aient
augmenté.
4.2
L'ampleur de l'activité des bandes de
jeunes
Les bandes de jeunes constituent surtout un
phénomène propre aux grandes villes, bien que des municipalités
moins importantes signalent aussi une augmentation de l'activité des
bandes de jeunes. Il est difficile toutefois de l'évaluer car il
n'existe ni définition normalisée ni moyen systématique de
recueillir l'information. Par exemple, les déclarations de police
n'incluent pas normalement de données permettant de relier un
incident à une bande de jeunes. Les rapports des policiers peuvent
contenir des renseignements sur l'activité des bandes de jeunes,
mais ceux-ci ne figurent pas dans les statistiques officielles
découlant de ces déclarations. Le principal moyen de déterminer
l'étendue de l'activité des bandes de jeunes dans une collectivité
est de s'entretenir avec les gens qui s'occupent directement du
phénomène comme les agents de police membres des sections affectées
à la surveillance des bandes qui existent dans certaines
collectivités, comme Vancouver et Winnipeg, les travailleurs
détachés auprès des jeunes et d'autres personnes ou de lire les
rapports de police sur les incidents dans lesquels des jeunes sont
impliqués.
La difficulté d'évaluer l'étendue de
l'activité des bandes de jeunes tient aussi au fait que beaucoup de
statistiques portent à la fois sur des jeunes et sur des adultes.
Cela entraîne une surestimation du nombre de jeunes appartenant à
des bandes. Les données recueillies dans le cadre du projet de la
FCM indiquent qu'il existe au Canada fort peu de bandes de jeunes
criminels très bien organisées. Les groupes de jeunes que le public
peut voir aux coins des rues ou dans les centres commerciaux ne sont
pas ordinairement des bandes organisées. Toutefois, il peut
considérer ces jeunes comme menaçants et les juger dangereux ou
criminels. Cela comprend les cas où des jeunes se réunissent juste
pour flâner en compagnie d'autres jeunes de leur âge.
5.0
QUE POUVEZ-VOUS FAIRE?
Il existe plusieurs stratégies pour s'opposer
à la violence chez les jeunes et aux bandes de jeunes. Nous
examinerons brièvement les plus évidentes d'entre elles.
5.1
Mieux comprendre la nature et l'ampleur de la violence chez les
jeunes dans votre collectivité
Ce qui suit devrait vous aider à évaluer la
situation dans votre collectivité.
MÉFIEZ-VOUS DE CE QUE LES GENS PENSENT DU
PROBLÈME. Plusieurs collectivités font face à la violence chez les
jeunes en se fondant sur une compréhension erronée de la situation.
Cela peut résulter des facteurs suivants:
• VUES DIVERGENTES SUR CE QUI CONSTITUE LA
VIOLENCE CHEZ LES JEUNES. Certains la limitent aux comportements
incluant la violence physique. D'autres peuvent y ajouter la
violence psychologique et verbale. D'autres encore considèrent que
la violence chez les jeunes n'englobe que les actes criminels.
• DIFFÉRENTES DÉFINITIONS DE LA VIOLENCE
COLLECTIVE CHEZ LES JEUNES. Certains fondent leur définition sur
leurs propres perceptions et l'aspect extérieur des auteurs des
actes de violence. Or, il peut s'agir de jeunes qui flânent dans des
centres commerciaux et qui n'ont pas souvent participé à des actes
de violence. Par contre, les définitions peuvent se limiter à des
bandes de jeunes plus organisées caractérisées par des comportements
criminels et violents. Donc, attention ! Les bandes de jeunes
organisées qui s'adonnent à la violence sont rares. Une bonne part
des actes de violence imputables à des jeunes sont commis dans des
situations particulières et il s'agit souvent d'un comportement
passager, spontané et non planifié.
• DONNÉES CONFUSES ET INEXACTES. Les données
relatives à la violence peuvent être trompeuses. Des définitions
différentes du phénomène conduisent à des estimations variées de son
ampleur. Les divers organismes concernés par la violence peuvent
aussi avoir une compréhension limitée du phénomène. Par exemple, les
écoles peuvent hésiter à fournir de l'information, de crainte que
cela porte atteinte à leur réputation.
D'autre part, les organismes peuvent exagérer
l'ampleur de la violence. Les données scolaires, si elles sont
disponibles, peuvent refléter une vaste gamme de comportements,
comme la violence verbale, que certains observateurs ne considèrent
pas comme de la violence. Les organismes au service des jeunes à
haut risque peuvent faire face à un genre de violence qui n'est pas
représentatif de ce qu'on rencontre en général dans la collectivité.
Les rapports fondés sur de tels modèles peuvent fausser les
perceptions du public au sujet de l'étendue de la violence chez les
jeunes d'une collectivité.
• LES PERCEPTIONS PEUVENT ÊTRE ERRONÉES. Les
données provenant de rapports personnels sur la crainte que fait
naître la violence chez les jeunes n'indiquent peut-être pas
exactement l'ampleur de la violence. Elles peuvent représenter, en
partie, une réaction à des incidents isolés et refléter ce qui se
passe dans une partie de la collectivité seulement. Même si cette
crainte est réelle, elle peut nuire à la compréhension de la nature
exacte et de l'étendue de la violence chez les jeunes. De même, les
perceptions des personnes qui travaillent auprès des jeunes à risque
peuvent donner une fausse idée de la violence chez les jeunes. Leurs
impressions, les expériences vécues, leur intérêt personnel ou
d'autres facteurs reliés à leur travail peuvent influer sur leur
opinion.
Une mauvaise compréhension de la violence
chez les jeunes dans votre collectivité peut causer de graves
problèmes. Les jeunes peuvent être injustement étiquetés par le
public. Un secteur «de services» entier, comme le système scolaire
ou les logements sociaux, peut être considéré comme ayant des
problèmes alors qu'il s'agit en fait de quelques incidents. Les
collectivités peuvent, sans raison, puiser dans des ressources
limitées, par exemple en augmentant leur effort sur le plan de
l'application de la loi, pour régler un problème qui est en fait
d'une importance très restreinte.
5.2
Vous procurer de l'information sur la nature et l'ampleur de la
violence chez les jeunes dans votre
collectivité
Il existe de nombreuses sources
d'information. Comme on l'a déjà dit, vous devez être prudent quant
à la précision, la logique et la pertinence de l'information. Les
sources que vous pouvez explorer sont notamment les suivantes:
LA POLICE
La police peut fournir certaines données sur
la fréquence de la violence individuelle et collective chez les
jeunes, sur la nature et les tendances de cette violence ainsi que
sur les endroits où des actes de violence se produisent fréquemment.
Les policiers spécialisés, comme ceux qui oeuvrent auprès des
jeunes, assurent la liaison avec les écoles ou accueillent le
public, peuvent fournir des informations qualitatives
particulièrement utiles qu'on ne retrouve ordinairement pas dans les
rapports officiels, qui se limitent à des données quantitatives. Les
comités consultatifs police-collectivité traitent souvent des
problèmes des jeunes à risque et peuvent constituer une autre source
utile.
ORGANISMES COMMUNAUTAIRES
Les organismes communautaires peuvent aussi
fournir une information utile. Les commerçants et les associations
de quartier sont souvent au courant des actes de violence commis par
des jeunes de l'endroit. Les groupes communautaires ethniques
peuvent s'occuper du problème de la violence chez les jeunes des
minorités ethniques. Les groupes d'intérêt particulier, représentant
les femmes, les aînés, les homosexuels des deux sexes, etc., qui
peuvent être spécialement vulnérables à la violence, peuvent aussi
fournir de l'information utile.
ORGANISMES COMMUNAUTAIRES
Divers organismes communautaires possèdent de
l'information utile tirée des programmes de santé publique et des
programmes d'aide aux gens de la rue. Les services aux victimes
peuvent constituer une autre source utile. Les renseignements sur
les jeunes à risque, dans votre collectivité, peuvent venir aussi
des recherches menées par les organismes de services, de
planification sociale et de soins de santé.
N'oubliez pas non plus de communiquer avec
les services de sécurité des transports en commun et des logements
sociaux. Les agences de sécurité privées peuvent aussi posséder des
renseignements utiles. Tous ces organismes sont souvent bien
renseignés au sujet des tendances de la violence chez les
jeunes.
LE SYSTÈME SCOLAIRE
Les autorités scolaires peuvent fournir de
l'information sur la nature et l'ampleur des actes de violence,
ainsi que sur leurs auteurs et les lieux où ils sont commis.
Rappelez-vous que les conseils scolaires de votre collectivité ont
peut-être adopté des politiques sur la sécurité et des protocoles
correspondants qui précisent la procédure à suivre pour faire
rapport des incidents de violence.
5.3
Bien utiliser l'information disponible
En traitant l'information obtenue, essayez de
vous assurer qu'elle reflète les diverses définitions de la violence
chez les jeunes qui peuvent exister dans votre collectivité.
Vérifiez-en la source et la nature; s'agit-il de statistiques
fondées sur des accusations ou de renseignements à caractère
anecdotique ? Tenez compte des limites des différents moyens de
faire rapport sur la violence chez les jeunes. Il est
particulièrement important de respecter les exigences de vos
informateurs quant à la confidentialité. Enfin, essayez de vous
assurer que la description que vous faites de la nature et de
l'ampleur de la violence collective chez les jeunes est bien fondée,
compte tenu de vos sources d'information.
6.0
LA MOBILISATION DE VOTRE COLLECTIVITÉ
Après avoir évalué la nature et l'ampleur de
la violence chez les jeunes, déterminé les préoccupations de votre
collectivité et décidé qu'elle doit s'impliquer davantage, vous
pouvez faire appel à différents groupes et organismes pour planifier
votre action ou mettre au point des interventions plus efficaces
face à la violence chez les jeunes. Toutefois, avant d'élaborer
votre plan d'action, assurez-vous que la chose est possible. Il se
peut que certaines collectivités ne soient pas prêtes à agir pour un
certain nombre de raisons, dont les suivantes
• les organismes bénévoles et ceux qui les
financent sont en train de revoir leurs rôles et
responsabilités;
• il existe des conflits entre les services
d'application de la loi, les organismes municipaux e t les
organisations bénévoles;
• d'autres importantes stratégies
communautaires consomment du temps et des ressources et beaucoup de
groupes ne peuvent étendre leur action aux problèmes de violence
chez les jeunes.
Cependant, si vous décidez qu'il vaut la
peine de poursuivre la mobilisation communautaire, envisagez
plusieurs options.
6.1
Exploiter les possibilités existantes
Compte tenu des ressources limitées de la
plupart des collectivités, vous devriez effectuer une évaluation
initiale des possibilités d'encourager les agences ou groupes
existants à assumer de plus grandes responsabilités face à la
violence chez les jeunes. Vous pouvez par exemple
• ESSAYER D'AMENER LES ORGANISMES CONCERNÉS À
MIEUX CONCERTER LEURS EFFORTS. Des programmes de prévention de la
violence à l'école sont-ils nécessaires ? Les cas de violence chez
les jeunes nécessitent-ils des mesures plus précises d'application
de la loi ? Les organismes au service de la jeunesse répondent-ils
aux besoins des jeunes à haut risque ?
• ENCOURAGER LES GROUPES COMMUNAUTAIRES OU
INTERORGANISMES QUI S'OCCUPENT DÉJÀ DES PROBLÈMES DES JEUNES À
S'IMPLIQUER DAVANTAGE. 'Y a-t-il un comité interorganismes qui
s'occupe de problèmes connexes, comme les jeunes à risque ou la
violence familiale, et qui pourrait s'intéresser aussi à la violence
chez les jeunes ? Existe-t-il des organismes de prévention de la
criminalité, des comités consultatifs police-collectivité ou des
réseaux s'occupant d'accroître la sécurité dans la collectivité, qui
se préoccupent des jeunes et qui pourraient se pencher sur leurs
problèmes de violence ?
6.2
Susciter une action communautaire
Si les organismes communautaires sont
incapables de s'occuper efficacement de la violence chez les jeunes,
ou refusent de s'en occuper, vous voudrez peut-être susciter une
nouvelle réaction de la part de la collectivité. Les suggestions
ci-dessous peuvent vous y aider. Elles peuvent aussi servir de
repères utiles dans les collectivités où une action communautaire
est déjà engagée.
• ÉNONCEZ CLAIREMENT LES RAISONS JUSTIFIANT
LA MOBILISATION DE VOTRE COLLECTIVITÉ. Plusieurs raisons pourraient
justifier cette mobilisation. Les groupes de parents commencent-ils
à se préoccuper de la violence chez les jeunes? L'inquiétude du
public s'accroît-elle à la suite d'incidents graves ou de reportages
des médias qui ne reflètent pas exactement le comportement des
jeunes de votre collectivité ? Est-il possible de susciter une
action communautaire pour prévenir la violence chez les jeunes ? Les
initiatives provinciales, par exemple celles qui visent la sécurité
des écoles, encouragent-elles la collectivité à agir?
Assurez-vous que les agences ou groupes
communautaires qui se mobilisent comprennent la nature des
préoccupations de votre collectivité. L'initiative a-t-elle pour but
de cerner les problèmes ou de modifier la réaction de la
collectivité ? Pourrait-elle déboucher sur une campagne de
sensibilisation du public ? N'oubliez pas d'établir des objectifs
clairs et des directives précises.
• DÉFINISSEZ CLAIREMENT VOTRE RÔLE DANS LA
MOBILISATION DE LA COLLECTIVITÉ. Des collectivités canadiennes ont
mis sur pied des initiatives face à la violence chez les jeunes.
Elles ont pour la plupart réussi parce qu'elles ont mobilisé
efficacement les organismes communautaires partenaires. Avant de
passer aux actes, déterminez ce que la collectivité attend de vous
et de votre organisme en tant qu'auteur, animateur et partenaire
d'une initiative communautaire visant à combattre la violence chez
les jeunes.
Déterminez quels autres organismes sont
appelés à jouer un rôle important, et définissez le vôtre.
Rappelez-vous que les attitudes varient d'une
collectivité à l'autre. Lorsque la police communautaire est une
pratique bien établie, les services de police constituent souvent
des partenaires efficaces. Lorsque les citoyens appuient
l'administration municipale et les conseillers quand ils prennent
des initiatives sur de telles questions, la mobilisation
communautaire est souvent couronnée de succès. Toutefois, d'autres
facteurs peuvent limiter votre participation. Les attentes de la
collectivité à l'égard de votre organisme, les préoccupations
politiques, les conflits d'attributions, les attitudes à l'égard des
jeunes et l'expérience passée en ce qui a trait à la violence chez
les jeunes ou encore à des initiatives connexes, tout cela peut
influer sur votre efficacité.
• CHOISISSEZ DES PARTENAIRES APPROPRIÉS POUR
DES TÂCHES PARTICULIÈRES. Pour que l'action de la collectivité soit
efficace, il faut choisir des partenaires appropriés. Le genre de
tâches qui doivent être effectuées pour répondre efficacement aux
besoins de votre collectivité peut souvent dicter le choix des
partenaires. Si, par exemple, une des exigences principales est une
action interorganisme plus concertée et mieux coordonnée pour
s'occuper d'un petit nombre de jeunes à haut risque, il est très
important que les organismes travaillant auprès de ces jeunes
participent à la stratégie - écoles, services correctionnels et
policiers, services sociaux et de santé mentale et d'autres
peut-être. Ils peuvent aussi assumer d'autres responsabilités
communautaires, comme dispenser une information aux parents sur la
violence chez les jeunes. Toutefois, ils refuseront probablement la
participation de groupes communautaires, étant donné le caractère
confidentiel des renseignements qu'il est nécessaire d'échanger pour
assurer un suivi et une gestion efficaces et coordonnés des cas.
6.3
Trois stratégies de mobilisation
communautaire
Les stratégies de mobilisation adoptées dans
trois collectivités sont brièvement décrites ci-dessous. Chacune
reflète une approche différente mais, dans chaque cas, il s'agit
d'une méthode globale et équilibrée qui met l'accent sur la
collaboration.
COQUITLAM (COLOMBIE-BRITANNIQUE)
Il y a plusieurs années, la région de
Coquitlam a connu une hausse de la violence chez les jeunes, qu'il
s'agisse d'incidents mineurs de brutalité ou d'intimidation ou de
voies de fait plus graves. Afin de s'attaquer à ce problème de plus
en plus préoccupant, plusieurs initiatives communautaires ont été
mises au point.
Une de ces initiatives a été la mise sur pied
de l'Active Youth Network. Ce réseau se compose de représentants de
divers organismes de services à la jeunesse de la collectivité, y
compris : les services de police locaux; la B.C. Transit Police; des
représentants des écoles de la région; les services de probation de
Port Coquitlam et de Coquitlam ainsi que le procureur de, la
Couronne local.
Les objectifs de l'Active Youth Network sont
de favoriser une communication améliorée, cohérente et continue
ainsi que l'échange de renseignements entre les représentants du
système de justice et les organismes communautaires qui travaillent
auprès des jeunes à haut risque. Les réunions ont lieu toutes les
six semaines. Les membres du Comité discutent des secteurs où se
concentrent les activités criminelles, ainsi que de la surveillance
de ces secteurs. Ils étudient des programmes et des activités, y
compris la gestion des cas et la participation à des forums publics
et séances d'information communautaire.
CALGARY(ALBERTA)
Calgary a mis sur pied le Community Resource
Committee (CRC) pour lutter contre la violence chez les jeunes. Le
CRC a été établi en même temps qu'un certain nombre d'activités
organisées par la police pour les jeunes à risque. Ces activités
comprennent le Serious Habitual Offender Program (SHOP), un
programme de liaison avec les écoles et un groupe de travail pour
une sécurité accrue dans les écoles de la ville (Saler Schools Task
Force). Le CRC se compose de représentants de divers organismes, y
compris : le Service de police de Calgary: les conseils scolaires
public et séparé, le Département des services sociaux de Calgary, le
Service des parcs et loisirs, la Chambre de commerce, le Boys and
Girls Club, la Calgary Immigrant Aid Society et la Calgary
Association for Young Immigrants.
Le CRC a pour but de prévenir la violence
chez les jeunes ainsi que la formation de bandes de jeunes et de
limiter l'influence des bandes existantes. Ce comité est engagé dans
un certain nombre d'activités. Par exemple, il détermine dans quels
secteurs de la ville la violence chez les jeunes et les bandes de
jeunes peuvent éventuellement constituer un problème. Il fournit
alors son appui aux groupes de travail communautaires ou aux autres
organismes s'occupant de ces problèmes. En outre, Le CRC appuie et
coordonne divers programmes et surveille régulièrement leurs
activités.
L'une des initiatives du CRC est connue sous
le nom de PLAY (Participating and Liaising Actively with Youth).
Elle s'adresse aux jeunes à risque et vise à leur proposer, par
l'entremise de travailleurs de quartier, des solutions de rechange
aux comportements antisociaux et criminels en leur offrant des
activités récréatives surveillées et une information éducative. Un
autre exemple est l'initiative du Marlborough Mall. Ce programme
réunissait des propriétaires d'entreprises locales, des
représentants d'associations communautaires, des parents et des
jeunes. des policiers et des représentants des services sociaux et
du Département des parcs et loisirs, au sein d'un groupe de travail
communautaire. Le but était de s'attaquer à la criminalité chez les
jeunes et d'en mitiger les effets. Le groupe de travail a exploré et
mis au point des solutions de rechange pour les jeunes à risque de
la ville.
OTTAWA (ONTARIO)
Dans la capitale nationale, la stratégie de
mobilisation communautaire est plus globale. Elle consiste en un
vaste plan communautaire qui vise à identifier les jeunes à risque,
à amener les organismes de services à la jeunesse à collaborer à
l'élaboration de stratégies de lutte appropriées ainsi qu'à des
actions de prévention de la violence engagées par des groupes de
parents et des jeunes, et à mettre sur pied des programmes
spécialement conçus pour les jeunes agressifs et violents. Le plan
peut comprendre des efforts pour amener le public, les jeunes et les
médias locaux à aider à modifier les attitudes et les
comportements.
Face à une inquiétude croissante alimentée
par une série d'incidents de violence chez les jeunes auxquels les
médias ont donné un grand retentissement, la Municipalité régionale
d'Ottawa-Carleton a lancé, en 1992, une initiative concernant la
violence chez les jeunes. Un comité directeur, composé de
représentants des organismes de services à la jeunesse, du système
scolaire, de la police et d'autres groupes communautaires, a
coordonné les efforts dans toute la collectivité. Une conférence
communautaire a été tenue au début de 1993 pour assurer un vaste
appui à cette initiative. Le rapport établi à la suite de cette
conférence a été examiné lors d'une réunion de suivi tenue au
printemps. Des données ont été recueillies sur la nature et
l'étendue de la violence chez les jeunes. Elles ont été utilisées
pour déceler les problèmes clés qui peuvent exiger une action
communautaire, ainsi que pour explorer les diverses façons de
mobiliser la collectivité afin qu'elle s'attaque efficacement au
problème de la violence chez les jeunes de la capitale.
Les résultats de la collecte de données ont
été présentés à la collectivité lors d'une conférence à l'automne.
Des ateliers ont été organisés sur six grandes questions retenues
par la collectivité. Les participants ont été priés de choisir une
de ces questions et on leur a demandé d'être prêts à y consacrer du
temps et des efforts. Six groupes de travail ont été formés et
chacun a mis au point des plans d'action.
Tous appliquent actuellement des stratégies à
court, moyen et long termes. Ils regroupent des représentants
d'organismes de services à la jeunesse, des membres de la
collectivité et des jeunes. Les six questions sur lesquelles
travaillent les groupes d'étude sont les suivantes l'efficacité des
services offerts, le rôle joué par l'administration de la justice
concernant les jeunes, la sécurité dans les écoles, la manière dont
la violence est présentée aux jeunes, la conscientisation et la
participation de la collectivité, et la formation et le
perfectionnement du personnel.
6.4
Participation des jeunes
La plupart des répondants ont reconnu
l'importance d'inclure des jeunes dans l'élaboration et la mise en
oeuvre de solutions à la violence chez les jeunes. Après tout, ils
sont les plus concernés. Mais, obtenir la participation effective
des jeunes peut constituer un défi. De nombreux comités et
organismes communautaires qui se sont attaqués à la question de la
violence chez les jeunes ont négligé de faire participer les jeunes
à leur effort dès le début. Cela peut créer des difficultés lorsque
des jeunes sont appelés à participer après coup, car les structures
et les objectifs des comités peuvent être déjà déterminés. Cela peut
créer une situation embarrassante pour tout le monde.
Redisons-le, il est utile de savoir quels
réseaux ou organismes pour les jeunes existent dans votre
collectivité. Ils peuvent faciliter la participation efficace des
jeunes à vos initiatives. Tenez compte de la nature transitoire de
l'adolescence dans vos plans pour inclure des jeunes. Notez les
formes d'organisation qui conviennent bien aux jeunes lorsque vous
faites de la planification et mettez en oeuvre des stratégies.
Examinez les questions suivantes lors de l'établissement d'un
partenariat avec les jeunes gens de votre collectivité
• Comment trouverez-vous des jeunes disposés
à participer ?
• Comment pouvez-vous vous assurer que ces
jeunes représentent un bon échantillonnage ?
• Des ressources sont-elles disponibles,
comme de l'argent pour les tickets d'autobus, afin de permettre à
ces jeunes de participer ?
• À votre avis, quel rôle les jeunes
joueront-ils ?
• Les jeunes auront-ils l'occasion de
discuter des questions entre eux?
• Comment pouvez-vous assurer une
participation à long terme des jeunes, étant donné la nature
transitoire de l'adolescence ?
• La façon de procéder des adultes, comme les
règles de procédure, et la nécessité de prendre la parole devant des
groupes importants restreindront-elles la capacité des jeunes de
participer pleinement ?
6.5
Déterminer les obstacles à une mobilisation
efficace
Plusieurs obstacles peuvent nuire au
processus de mobilisation communautaire ou le fausser. Ils sont
souvent propres à la collectivité et aux participants. Il est
important pour votre groupe de prévoir les problèmes possibles, de
les définir et d'adopter des mesures pour les affronter
efficacement. Certains des obstacles relevés au cours de notre étude
sont décrits ci-dessous.
MANQUE D'ENGAGEMENT DES PARTICIPANTS Les
rôles et les responsabilités que le groupe adopte au début
détermineront, en partie, l'engagement requis. Il faudrait prendre
en compte l'engagement du personnel et les ressources disponibles au
stade initial de l'élaboration du processus communautaire. Les
partenaires sont-ils disposés à consacrer du temps aux tâches à
accomplir ? Qui sera responsable de la coordination de l'initiative
communautaire ? Qui assumera les coûts des services de soutien,
comme la préparation et la distribution des procès-verbaux et la
location des salles de réunion? Les partenaires sont-ils disposés à
assurer le suivi nécessaire à l'initiative communautaire ?
PERSPECTIVES DES PARTICIPANTS
L'expérience, les attentes et les capacités
des partenaires devraient être reconnues et respectées lors de
l'élaboration du processus de mobilisation communautaire. Le
processus que vous mettrez au point devrait être examiné par tous
les partenaires, afin qu'ils s'assurent qu'ils peuvent y participer
efficacement. Comment le processus tient-il compte des perspectives
et intérêts particuliers des groupes dont l'action vise certains
aspects de la violence des jeunes, par exemple la violence faite aux
femmes Comment reconnaître les attitudes et perspectives
professionnelles des différents partenaires? Comment le processus de
mobilisation communautaire peut-il tirer parti des expériences
professionnelles et non professionnelles? Des tensions peuvent se
faire sentir dans un nouveau groupe, en raison des différences entre
les organismes des points de vue de la culture, de l'histoire et de
la façon de faire les choses. Comment le processus de mobilisation
communautaire peut-il tenir compte des préoccupations de ceux qui
sont responsables de programmes répondant à divers aspects de la
violence chez les jeunes, surtout si ces programmes peuvent être
remis en question?
Il se peut que les divers organismes
s'inquiètent de la possibilité que la collaboration entraîne des
échanges de ressources, ce qui créerait une rivalité entre eux. Les
ressources communautaires disponibles devraient-elles être affectées
aux loisirs des jeunes ou à l'achat d'équipement d'information de
haute technologie pour la police? Comment le processus de
mobilisation communautaire peut-il favoriser la participation
efficace des organismes, grands et petits, des dirigeants de groupes
communautaires, etc.?
Certains organismes et les membres de
certaines professions, comme les chefs d'entreprises, ne se voient
peut-être pas comme des acteurs clés lorsqu'il s'agit de la violence
chez les jeunes. Il se peut qu'ils aient besoin d'appui pour lier
leurs intérêts au programme plus vaste de la collectivité. Comment
le processus de mobilisation communautaire peut-il favoriser la
participation et encourager le partage de l'information entre les
partenaires et les personnes qu'ils représentent ?
ATTENTES IRRÉALISTES
Veuillez à ce que les partenaires examinent
ce qu'eux-mêmes et la collectivité attendent du processus de
mobilisation communautaire. Les attentes irréalistes peuvent être
dangereuses. Les organismes participent-ils dans le but de s'assurer
d'un appui et d'obtenir. pour de nouveaux programmes, des ressources
qui ne sont pas actuellement disponibles? Leur participation
repose-t-elle sur le désir d'accaparer le domaine d'autres
organismes, avec ou sans l'appui de la collectivité? Les partenaires
ont-ils une vue réaliste de ce qui peut être fait au sein de la
collectivité la diminution de l'incidence de la violence, le
redressement du statut économique et social des familles. le
contrôle des comportements qui conduisent à la violence, comme le
dysfonctionnement des familles et la toxicomanie, etc.
Il peut aussi exister de fortes divergences
d'opinion quant aux programmes qui sont le plus efficaces. Par
exemple, les programmes de réduction des occasions ne font-ils pas
que déplacer le problème d'une collectivité à une autre? Jusqu'à
quel point l'application de la loi ou les stratégies sociales
sont-elles efficaces pour la prévention du crime?
PARTAGE DE L'INFORMATION
Rappelez-vous que chaque partenaire doit
décrire clairement les genres d'information qu'il peut fournir. En
outre, les restrictions à l'utilisation de cette information
devraient être notées dès le début, et les autres partenaires
devraient s'engager à les respecter. Par exemple, certaines données
de la police, reliées à des enquêtes, ne peuvent être communiquées.
En outre, les agences sociales et les groupes de locataires se
préoccupent peut-être de protéger leurs clients ou leurs
membres.
LES MÉDIAS
Les médias sont souvent considérés comme une
source de problèmes; on leur reproche de présenter au public une
image trop sensationnelle et déformée de la violence chez les
jeunes. De fait, ils reflètent ordinairement les renseignements que
leur fournissent, par exemple, les dirigeants communautaires, là
police, les jeunes et autres. Dans bien des cas, les journalistes
reçoivent de l'information sur des faits précis et isolés sans aucun
renseignement sur le contexte dans lequel s 'inscrivent les
activités des jeunes dans une collectivité.
Plusieurs collectivités qui s'efforcent de
freiner la violence chez les jeunes ont décidé de s'adjoindre des
représentants des médias comme partenaires dans leurs stratégies
communautaires. Elles estiment que les médias ont un rôle clé à
jouer pour résoudre le problème et qu'ils n'en sont pas une cause.
Il est important, entre autres, de s'assurer que les médias
reçoivent régulièrement de l'information sur la violence chez les
jeunes. Les médias doivent aussi être tenus au courant des mesures
positives - émanant souvent de jeunes - qui sont prises pour
prévenir la violence. Cela devrait permettre aux médias de donner
des comptes rendus équilibrés, précis, même à propos d'incidents
particuliers et graves.
7.0
L'ÉLABORATION D'UNE INTERVENTION
PERTINENTE
Une fois que vous aurez déterminé la nature
et l'étendue de la violence chez les jeunes, et mobilisé les efforts
communautaires pour y faire face, vous devrez définir les meilleurs
moyens de mettre sur pied des programmes appropriés. Notre étude
nous amène à formuler plusieurs suggestions.
METTRE AU POINT UNE INTERVENTION GLOBALE
ADAPTÉE AUX BESOINS
Souvent, des cas particuliers de violence
chez les jeunes nécessitent une réponse à plusieurs facettes. La
stratégie que vous mettez au point doit permettre, à court et à long
terme, de protéger le public, d'atténuer la peur du crime et, plus
important encore, de s'attaquer aux causes des crimes de violence.
Par exemple, les actes de violence commis quotidiennement par des
bandes de jeunes dans une école peuvent nécessiter toute une gamme
de mesures visant à faire cesser la violence, à réduire les craintes
des victimes et autres personnes et à créer un environnement sûr
propice à l'étude. Il faudra peut-être au début une intervention
ponctuelle de la justice pénale. Les mesures suivantes peuvent être
importantes: porter des accusations, s'assurer que sont établies et
appliquées des conditions claires de mise en liberté sous caution
restreignant les contacts avec la victime et les témoins; fournir de
l'aide aux victimes et s'assurer que les conditions imposées sont
respectées. Toutefois, de telles mesures doivent être accompagnées
d'initiatives préventives, entre autres pour s'attaquer aux causes
sous-jacentes de la violence.
CONNAÎTRE TOUTE LA GAMME DES RESSOURCES
DISPONIBLES DANS VOTRE COLLECTIVITÉ
Il est de plus en plus difficile de trouver
des ressources pour les organismes qui s'occupent de la violence
chez les jeunes. Traditionnellement, pour répondre à de «nouveaux»
problèmes, on s'attendait à obtenir des ressources nouvelles ou
additionnelles. Cela n'est plus possible dans bien des
collectivités. Soyez inventifs. Si le programme souhaité n'est pas
offert, voyez comment il pourrait l'être grâce aux ressources
communautaires existantes.
Les résultats de notre étude indiquent que
les collectivités peuvent s'attaquer - et l'ont déjà fait - aux
problèmes «nouveaux» de la violence chez les jeunes en utilisant les
ressources existantes. Les organismes de services aux jeunes
partagent des ressources de formation et des compétences avec les
enseignants, les agents de police et d'autres afin de s'occuper plus
efficacement des jeunes agressifs. Des méthodes sont élaborées à
l'intention des équipes de collaboration interorganisme afin de
répondre aux besoins des jeunes à haut risque. Les jeunes et les
parents sont encouragés à mettre au point des initiatives
d'entraide, comme la médiation de pairs, ordinairement avec l'aide
de professionnels. Les propriétaires de centres commerciaux se
tournent vers des programmes de loisirs, d'emploi et autres,
destinés aux jeunes qui flânent sur leur propriété, plutôt que de
recourir à des mesures de sécurité et d'application de la loi pour
«les tenir à l'écart de leurs établissements>.
8.0
LES PROGRAMMES COMMUNAUTAIRES
Nos recherches révèlent que plusieurs
localités ont déjà obtenu des succès avec des programmes s adressant
aux jeunes qui risquaient de s'impliquer dans des activités
violentes ou criminelles. Dans ce cas, les stratégies comprennent
des mesures de prévention et d'application de la loi. Vous trouverez
plus loin un résumé des divers programmes actuellement en oeuvre au
Canada. Ils sont rangés en six catégories selon les groupes
responsables de leur planification et de leur mise en oeuvre, à
savoir: les jeunes, la police, les écoles, les entreprises
commerciales, les organisations communautaires et les organismes de
services aux jeunes, ainsi que les municipalités. N'oubliez pas
qu'il existe un rôle à jouer pour tous les membres de la
collectivité qui désirent participer à l'effort. Les programmes
mentionnés sont les plus courants parmi ceux qui sont actuellement
mis en oeuvre.
8.1
Les jeunes
Les jeunes partagent les mêmes préoccupations
que les adultes au sujet de la sécurité et de la prévention de la
criminalité dans la collectivité. Leur participation à l'élaboration
des réponses communautaires à la violence et au crime est
importante. Ils ont des idées créatrices à communiquer. Beaucoup de
jeunes participent maintenant aux initiatives de prévention du crime
dans leurs collectivités respectives. En voici quelques
exemples:
LA PARTICIPATION DES CONSEILS ET DES COMITÉS
CONSULTATIFS DE JEUNES
Ces conseils, qui sont ordinairement reliés à
ceux de grandes villes ou à des conseils communautaires, constituent
un forum par le biais duquel les jeunes peuvent exprimer les
préoccupations des gens de leur âge et formuler des suggestions
visant à prévenir la violence et le crime dans leurs collectivités.
De plus, les comités de jeunes s'occupent souvent de planifier et de
tenir des événements spéciaux, y compris des soirées sportives et
dansantes pour les jeunes.
DES JEUNES EN ÉDUQUENT D'AUTRES
Les jeunes sensibilisés à la question de la
violence contribuent souvent à éduquer et à aider leurs pairs par la
médiation et les conseils, la formation de troupes de théâtre qui
discutent de la solution de conflits, des relations multiculturelles
et d'autres préoccupations actuelles propres à leur groupe
d'âge.
DES JEUNES ASSURENT LE RESPECT DE L'ORDRE
Des jeunes contribuent à ce que leurs pairs
soient tenus pour responsables de leurs actes. Ainsi, une
collectivité a établi des tribunaux de jeunes où des jeunes
déterminent les peines à imposer pour les transgressions d'autres
jeunes. Les patrouilles qui surveillent les parcs constituent un
autre exemple. Il s'agit de jeunes qui patrouillent les zones
récréatives pour empêcher le vandalisme. Ils signalent à la police
les actes de vandalisme et autres problèmes éventuels.
8.2
La police
Les rôles que la police assume dans les
collectivités canadiennes sont nombreux et divers. Ils consistent en
différentes activités de prévention et d'application de la loi, dont
les suivantes:
LES POLICIERS DANS LES ÉCOLES
De nombreux policiers sont affectés aux
écoles et font fonction de personnes-ressources et d'agents de
liaison auprès des élèves, des parents, des enseignants et des
cadres des conseils scolaires. Certains en viennent à prendre une
part active à la vie de l'école, à participer à des sorties
éducatives et à des événements sportifs. Ils aident les élèves à
organiser diverses activités comme le programme visant à faire échec
au crime chez les élèves, et ils tentent d'établir des relations
avec les élèves qui sont perçus comme étant, ou risquant d'être,
impliqués dans des actes de violence et dans les activités de bandes
de jeunes.
LIGUES SPORTIVES COMPOSÉES DE POLICIERS ET DE
JEUNES
Une stratégie qui semble réussir à réduire la
criminalité chez les jeunes est celle de la participation de la
police aux ligues sportives pour les jeunes à risque et les jeunes
des quartiers pauvres.
UNITÉS SPÉCIALISÉES
Plusieurs services de police ont mis sur pied
des unités spécialisées - comme celles chargées de relations avec
les différentes ethnies, de la répression de la criminalité de rue
et des bandes de jeunes, ainsi que des escouades affectées aux
jeunes - pour s'occuper de problèmes relatifs aux jeunes, comme la
criminalité de rue, les jeunes enracinés dans la vie de la rue et
les activités de bandes de jeunes.
RÔLE DES POLICIERS COMME MENTORS DES
JEUNES
Des programmes de ce genre ont été mis à
l'essai dans plusieurs localités de l'Ontario et dans une
collectivité autochtone du Québec. Leur évaluation montre qu'ils ont
eu un effet extrêmement positifs sur l'établissement de relations
plus harmonieuses entre la police, les minorités noires et les
jeunes autochtones.
POLICE COMMUNAUTAIRE
Une décision capitale de la police en matière
de prévention du crime a été de créer des unités de police
communautaire. De nombreux services de police ont établi dans les
quartiers des postes de police dotés d'agents de relations
communautaires et de patrouilleurs à pied. Le but de la police
communautaire est de développer de meilleures relations entre la
police et le public, en rendant la police plus accessible à la
collectivité.
8.3
Les écoles
Beaucoup de conseils scolaires ont élaboré
des stratégies pour faire face à la hausse apparente de la violence
dans les écoles canadiennes. Voici quelques-unes de ces
stratégies:
POLITIQUES VISANT À ACCROÎTRE LA SÉCURITÉ
DANS LES ÉCOLES
La plupart des conseils scolaires ont mis au
point des politiques et des procédures visant la violence dans les
écoles. Leur but est de créer et de maintenir un environnement sans
violence et sûr propice à l'étude.
PROGRAMMES D'ÉTUDES ANTIVIOLENCE
La plupart des éducateurs sont d'avis qu'il
faudrait apprendre le plus tôt possible aux élèves ce que sont la
violence et sa prévention. En conséquence, plusieurs conseils
scolaires ont élaboré des programmes de cours à tous les niveaux.
Ces programmes abordent des sujets comme «les valeurs, les
influences et les pairs», «les chefs de file», «la deuxième étape»
et «les réalités d'un monde en changement». Des cours sur la
violence lors de rendez-vous sont aussi inscrits au programme des
écoles des deux cycles du secondaire.
En outre, les conseils scolaires donnent aux
enseignants une formation sur la conduite à tenir face à des élèves
agressifs ou violents. Certains conseils scolaires ont engagé des
éducateurs spécialisés dans la prévention de la violence, qui
agissent comme personnes-ressources pour les enseignants, les
parents et les cadres des écoles.
PROGRAMMES ET SERVICES SPÉCIAUX
Beaucoup d'écoles forment à la fois les
enseignants et les élèves aux techniques de solution des conflits.
La solution des conflits et la médiation des pairs ont contribué à
réduire la violence dans de nombreuses écoles. De plus, lorsque les
élèves commettent des actes de violence, on leur demande souvent de
suivre des cours de maîtrise de la colère afin d'apprendre à
résoudre les conflits sans violence. Enfin, certaines écoles
disposent de conseillers qui écoutent les élèves, parlent avec eux
et les aident à calmer leur colère et leur douleur.
8.4
Les organisations communautaires et les organismes de services
aux jeunes
De nombreux organismes communautaires et de
services aux jeunes travaillent directement avec ceux-ci et avec
leurs familles. Certains s'occupent de l'élaboration et de la mise
en oeuvre de programmes de prévention de la violence. Voici des
exemples de programmes établis par de tels organismes .
INTERSECTION
Il s'agit d'un programme qui fournit un
service de counseling aux jeunes qui ont déjà abandonné l'école ou
songent à le faire.
AIDE À LA RECHERCHE D'EMPLOI
Ce programme, par la formation et
l'expérience, permet aux jeunes d'apprendre comment se chercher un
emploi. Certaines collectivités ont établi des banques d'emplois,
que les jeunes peuvent consulter pour savoir quels emplois sont
disponibles et quelles personnes ils doivent contacter.
PARTENAIRES DES JEUNES
Une collectivité a mis sur pied un projet
pilote dans lequel des organismes qui s'occupent des jeunes - comme
les services de probation, les infirmières de santé publique, la
police, les services à l'enfance et les services sociaux - ont des
représentants à l'école et travaillent en équipe avec les élèves. On
a eu recours aux ressources existantes pour financer le projet. Les
membres de l'équipe ont fourni leurs propres ressources, y compris
les classeurs, les bureaux, etc.
JEUNES ENTRAÎNEURS
L'association de hockey mineur d'une
collectivité a formé un groupe de jeunes entraîneurs; il s'agit d'un
programme qui fournit aux joueurs midgets (âgés de 15 à 17 ans) un entraînement qui leur permettra
de devenir entraîneurs-instructeurs pour le programme d'initiation
(joueurs de 5 à 7 ans). L'association paie la formation de
l'instructeur et en assure le transport au besoin. Elle donne aux
jeunes plus âgés une formation de chef et l'occasion de devenir de
bons modèles pour les jeunes joueurs. La formation d'entraîneur est
offerte au YM-YWCA et dans différents clubs sportifs.
MUNICIPALITÉS
De nombreuses municipalités ont élaboré des
programmes et offert des occasions de développer des qualités de
chef, surtout par le biais de leur Service des parcs et loisirs. Ces
programmes sont particulièrement conçus pour les jeunes. D'après la
philosophie qui sous-tend ces programmes, les jeunes qui
s'impliquent dans leur collectivité sont moins susceptibles de créer
des difficultés. Les activités comprennent : celles qui ont lieu
après l'école; des clubs culturels et récréatifs pour les
adolescents; des soirées sportives; des camps sportifs et des
événements spéciaux.
ENTREPRISES
Les entreprises sont de plus en plus
nombreuses à participer à la prévention de la violence chez les
jeunes en offrant des ressources, notamment des locaux et de
l'équipement, pour l'établissement de centres de jeunes. Ceux-ci
sont conçus pour répondre aux besoins particuliers des jeunes de la
localité. Dans certains villes, les gens d'affaires et le personnel
des écoles locales ont collaboré afin de trouver les locaux, les
éducateurs, les travailleurs de rue et les ressources nécessaires à
là création de «classes vitrines» pour les décrocheurs. Celles-ci
sont situées dans les centres commerciaux où les jeunes, y compris
les décrocheurs, flânent fréquemment.
9.0
QUELQUES RÉFLEXIONS FINALES
Les personnes qui ont participé à notre étude
ont souligné plusieurs points importants pour ce qui est des
stratégies visant à résoudre le problème de la violence chez les
jeunes de leurs collectivités. Voici les
plus notables.
9.1
La violence est un problème de société
La violence est partout - dans les films, la
musique, les émissions de télévision et les sports. Elle se
manifeste de plus en plus dans bien des lieux de travail, car la
rivalité est devenue un trait dominant du monde du travail. Les
méthodes de congédiement de certaines compagnies reflètent fort bien
la façon déshumanisante dont les gens sont traités. La violence et
l'agression sont aussi évidentes dans bien des processus
communautaires et politiques, et les individus et les organismes
s'efforcent constamment de prendre ou de maintenir le contrôle de
certains «programmes». La violence est aussi présente dans bien des
foyers, détruisant les enfants, les parents et les familles. Comme
ces exemples le montrent, la violence est un problème communautaire.
Y apporter une solution est notre responsabilité à tous.
9.2
L'effet des forces sociales doit être pris en
considération
On a l'impression que diverses forces
sociales nouvelles contribuent aux comportements agressifs et
violents. Ces forces comprennent la crainte croissante de la
criminalité et l'anxiété qui s'est installée dans de nombreuses
familles par suite de l'insécurité économique. Elles devraient être
prises en considération lorsqu'une collectivité s'efforce de
comprendre les problèmes de violence chez les jeunes et d'y faire
face.
9.3
Éviter de jeter sur les jeunes un blâme
injustifié
Les jeunes peuvent être injustement blâmés
pour la violence dans leur groupe d'âge. La plupart ne commettent
pas d'actes de violence. Beaucoup même participent à des initiatives
de prévention de la violence, comme les programmes de médiation des
pairs. Parmi le petit nombre de jeunes qui commettent des actes de
violence, certains ne font que réagir à des situations familiales
dysfonctionnelles et à des problèmes personnels. Ils ont besoin
d'aide. Les jeunes devraient être des partenaires dans la lutte
contre la violence dans leur groupe d'âge.
9.4
Travailler à l'édification d'une collectivité
saine
Une stratégie communautaire est souvent plus
efficace si elle s'inscrit dans un plan global visant à édifier une
collectivité saine. Même si elle ne remet pas en question la
nécessité éventuelle de mesures d'application de la loi à court
terme, cette perspective exige que tous les membres de la
collectivité aident à créer pour tous un environnement libre de
violence et une collectivité saine.
9.5
Mettre au point une action équilibrée et
globale
Un bon nombre de collectivités ont souligné
l'importance de mettre au point une intervention équilibrée et
globale face à la violence chez les jeunes. Alors qu'il paraît
naturel d'apporter un remède aux crises du moment, il est difficile
de justifier le maintien de programmes de prévention continus, car
souvent leurs résultats ne sont pas immédiatement apparents.
Cependant l'engagement à l'égard de mesures préventives est
essentiel si nous voulons nous attaquer aux causes sous-jacentes de
la violence dans nos collectivités.
9.6
Avoir les médias comme partenaires
Souvent, les médias sont considérés comme un
problème en ce sens que l'image erronée que se fait le public de la
violence chez les jeunes est ordinairement attribuable à leurs
reportages. Toutefois, beaucoup de collectivités engagées dans des
initiatives de lutte contre la violence chez les jeunes ont
maintenant des représentants des médias comme partenaires de
première importance dans cet effort.
10
CONCLUSION
La violence chez
les jeunes continue d'être un problème majeur dans beaucoup de
collectivités. Bien que les cas de violence ne signifient pas qu'il
y ait crise, des efforts considérables doivent être déployés pour
élaborer des stratégies de prévention , efficaces. L'ampleur et la
nature de la violence chez les jeunes varient selon les
collectivités. Celles-ci disposent de ressources différentes à
affecter à ce problème. Elles s'organisent souvent de façon
distinctive pour s'attaquer aux problèmes locaux. Nous espérons que
le présent manuel aidera les collectivités préoccupées de la
violence chez les jeunes à élaborer des stratégies communautaires
efficaces.
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