Stratégie pour la santé des femmes
Table des matières
Message du Ministre
I. Introduction
II. La raison d'être de la Stratégie
pour la santé des femmes
Le caractère distinct des questions de santé touchant les
femmes
- Causes de décès chez les femmes
- Les maladies et les problèmes de santé des femmes, et
la façon dont elles les vivent
- La qualité de vie des femmes
- Les facteurs de risque et leurs conséquences pour les
femmes
- Les différences entre les sexes en tant que déterminant
de la santé
- Les préjugés du système de santé
III. Principaux éléments de la Stratégie
pour la santé des femmes
Objectif 1 Faire
en sorte que les politiques et les programmes de Santé Canada
tiennent compte des différences biologiques et sociales entre
les sexes et répondent aux besoins des femmes en matière de
santéObjectif 2 Accroître la connaissance
et la compréhension de la santé des femmes et des besoins
des femmes en matière de santé
Objectif 3 Soutenir la prestation
aux femmes de services de santé appropriés et efficaces
Objectif 4 Promouvoir la santé
par des mesures de prévention et la réduction des facteurs
de risque qui compromettent le plus la santé des femmes
IV. Conclusion
Message du Ministre
Au cours des dernières années, il est devenu de plus en plus
évident que le système de santé devait tenir davantage compte
des questions de santé touchant les femmes. Tout comme il
est devenu manifeste qu'il fallait accroître la recherche
en ce domaine, plus particulièrement sur les liens qui existent
entre la santé des femmes et leur situation sociale et économique.
De tels constats sont d'ailleurs reflétés dans le document
Programme d'action, qu'ont adopté le Canada et 188 autres
pays à la clôture de la Quatrième Conférence mondiale des
Nations Unies sur les femmes, en septembre 1995. Ce message
a été clairement transmis en août 1996 par les trois cents
participants et participantes au Forum du Canada et des États-Unis
sur la santé des femmes, coparrainé par Santé Canada et le
U.S. Department of Health and Human Services.
Dans son rapport final, le Forum national sur la santé déclarait
que le système de santé devait mieux répondre aux besoins
distincts des femmes et porter une plus grande attention aux
facteurs qui influent sur leur santé.
Je suis heureux de publier les détails de la Stratégie
pour la santé des femmes de Santé Canada. Le présent document
se présente comme un cadre ayant pour but de guider Santé
Canada dans la poursuite des travaux amorcés au fil des ans.
Dans le cadre de la Stratégie, je me suis engagé à
intégrer pleinement l'analyse comparative entre les sexes
dans tous les travaux d'élaboration de programmes et de politiques
de mon ministère. Le Réseau canadien pour la santé des femmes
et les cinq centres d'excellence pour la santé des femmes
figurent parmi les piliers de la Stratégie.
Le Budget de 1999 inaugure une nouvelle ère d'engagement
de la part du gouvernement fédéral à l'égard de la viabilité
à long terme du système de santé du Canada. La Stratégie
pour la santé des femmes est un important volet du programme
de santé du gouvernement et témoigne de la détermination fédérale
à améliorer l'état de santé des femmes du Canada.
Allan Rock
Mars 1999
Santé Canada a pour mission d'aider les Canadiens et les
Canadiennes à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Tout au long de leur vie - pendant l'enfance, pendant l'âge
adulte et lorsqu'elles avancent en âge - les femmes connaissent
des conditions de vie et des problèmes de santé liés à leurs
particularités biologiques et à leur condition sociale. La
Stratégie pour la santé des femmes a pour objet de relever
ces problèmes et d'y donner suite en veillant à ce que dans
tous les domaines de compétence de Santé Canada, les femmes
et les questions de santé qui les touchent soient pleinement
prises en considération.
I. Introduction
Le présent document énonce la Stratégie pour la santé
des femmes de Santé Canada et sa raison d'être. Il décrit
la façon dont le système de santé, à divers égards, n'a pas
répondu convenablement aux besoins et aux préoccupations des
femmes. En outre, il met en lumière quelques-uns des problèmes
qui sont à l'origine des décès chez les femmes ainsi que des
maladies et des difficultés qui les touchent, et il traite
de la qualité de vie et des facteurs sociaux et économiques
qui ont une incidence sur la santé des femmes. Enfin, il délimite
un large éventail de secteurs où le Ministère peut intervenir
face à ces questions. Le présent document renvoie à un certain
nombre de concepts et de termes qui sont essentiels pour comprendre
l'approche actuelle de Santé Canada, la Stratégie proprement
dite et l'analyse qui la sous-tend. On trouvera un glossaire
à la page 41.
Prendre conscience des questions
Le peuple canadien est l'un des peuples les plus en santé
au monde, et l'espérance de vie des femmes canadiennes est
l'une des plus élevées. Néanmoins, notre système de santé
n'a pas toujours compris les facteurs qui influent sur l'état
de santé des femmes ni abordé les questions touchant les femmes
dans les domaines de la recherche, de l'éducation, du leadership
et des interventions en matière de santé. Les partis pris
ont eu une incidence sur les femmes en tant qu'utilisatrices
du système de santé et en tant que dispensatrices de soins
de santé, rémunérées ou non.
La santé est un état de total bien-être physique, psychologique
et social, et non pas seulement l'absence de maladies ou d'infirmités.
Le bien-être affectif, social et physique est déterminé aussi
bien par le contexte social, politique et économique que par
la biologie (par. 89).
Nations Unies, Programme d'action
Beijing, 1995
Progrès réalisés à ce jour
Au cours des dernières décennies, Santé Canada, ses organismes
constitutifs et le système de santé dans son ensemble ont
contribué à l'avancement de la santé des femmes dans des domaines
comme le cancer du sein, le tabagisme et les nouvelles techniques
de reproduction et de génétique, pour n'en nommer que quelques-uns.
En septembre 1996, Santé Canada révisait ses directives
de réglementation afin d'obliger les compagnies pharmaceutiques
à inclure également des femmes dans leurs essais cliniques,
dans la même proportion qu'il est prévu que les femmes utiliseront
les médicaments. Ceci permettra de remédier au problème qui
consiste à appliquer aux femmes les conclusions de recherches
menées uniquement sur des hommes. Le Programme national de
recherche et de développement en matière de santé a inclus
la santé des femmes parmi ses priorités. Ce ne sont là que
quelques-uns des exemples de l'engagement de Santé Canada
dans la promotion de la santé des femmes.
En dépit de l'importance de ces réalisations, il reste beaucoup
à faire. Le Ministère est conscient de la nécessité de tabler
sur les progrès récents et de s'employer encore plus énergiquement
à améliorer la santé des femmes. C'est pourquoi il a inclus
la santé des femmes parmi ses priorités et mis au point une
stratégie devant permettre d'amorcer une action face aux préoccupations
des femmes en matière de santé.
Les engagements du Canada envers
la santé des femmes
La Stratégie pour la santé des femmes repose sur la
reconnaissance à l'échelle mondiale que le système de santé
doit accorder aux femmes et aux hommes un « traitement »
égal dans tous les sens du terme, et viser des résultats équitables
pour les femmes comme pour les hommes. Le Canada a affirmé
cet engagement lorsqu'il a adopté le Programme d'action,
le document final de la Quatrième Conférence mondiale des
Nations Unies sur les femmes, tenue à Beijing en 1995.
Préalablement à la Conférence de Beijing, les Nations Unies
avaient invité les pays à se donner un plan d'action national
dans le but d'améliorer la situation des femmes. En réponse
à cette invitation, le gouvernement fédéral a publié en août 1995
son Plan fédéral pour l'égalité des sexes. Le chapitre 3
du plan, intitulé « Améliorer le mieux-être physique
et psychologique des femmes », traitait des aspects essentiels
à l'état de santé des femmes au Canada et énonçait l'engagement
de mettre en uvre une stratégie pour la santé des femmes.
La Stratégie pour la santé des femmes : la réponse
de Santé Canada
La Stratégie pour la santé des femmes délimite le
cadre à l'intérieur duquel Santé Canada s'emploiera à relever
les défis d'aujourd'hui et de demain en matière de santé pour
la moitié de la population canadienne. La Stratégie
confirme les postulats énoncés dans le Programme d'action
de Beijing et dans le Plan fédéral, à savoir que
tous les aspects de la vie des femmes - leur santé, leur situation
sociale, économique et juridique - sont interdépendants et
influent sur leur bien-être. Bien que la Stratégie
porte principalement sur le système de santé, Santé Canada
travaillera en collaboration avec les autres ministères à
promouvoir une démarche holistique et multisectorielle dans
les politiques qu'il établira en matière de santé et de développement
social.
Les États participants prendront toutes les mesures appropriées
pour éliminer la discrimination envers les femmes dans le
secteur des soins de santé afin d'assurer l'accès aux services
de santé, y compris aux services de planification familiale,
conformément au principe d'égalité entre les hommes et les
femmes.
Article 12, Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard des femmes
La Stratégie relève un défi important énoncé dans
le Programme d'action et dans le Plan fédéral,
à savoir que Santé Canada s'engagera, au moyen d'une analyse
comparative entre les sexes, à élaborer ses programmes et
ses politiques en tenant compte des différences entre les
hommes et les femmes. (voir Glossaire).
L'objectif primordial de la Stratégie pour la santé des
femmes est d'améliorer la santé des femmes au Canada en
faisant en sorte que le système de santé tienne davantage
compte des femmes et de leur santé. La Stratégie vise
quatre objectifs principaux:
- faire en sorte que les politiques et les programmes de
Santé Canada tiennent compte des différences biologiques
et sociales* entre les sexes et répondent aux besoins des
femmes en matière de santé;
- accroître la connaissance et la compréhension de la santé
des femmes et des besoins des femmes en matière de santé;
- soutenir la prestation aux femmes de services de santé
appropriés et efficaces;
- favoriser la bonne santé par des mesures de prévention
et la réduction des facteurs de risque qui compromettent
le plus la santé des femmes.
* Voir le Glossaire et plus précisément,
les définitions de la « dimension biologique » et
de la « dimension sociale » des différences entre
les sexes. Pour reconnaître les préoccupations et les besoins
distincts des femmes et mettre fin aux partis pris du système
de santé, il faut comprendre les deux dimensions par lesquelles
les hommes et les femmes se distinguent, à savoir la biologie
et les attributs sociaux.
Santé Canada et le Bureau pour la santé
des femmes
La mission de Santé Canada consiste à aider les Canadiens
et les Canadiennes à maintenir et à améliorer leur état de
santé. À cette fin, Santé Canada exerce un leadership, élabore
des politiques, mène ou soutient des recherches internes et
externes, recueille des données, exerce des activités de surveillance,
agit en qualité d'organisme de réglementation, promeut la
santé, prévient la maladie et fournit ou finance des services
directs aux Premières nations et aux Inuit. Ces sphères de
responsabilité relevant du mandat ministériel sont les avenues
qu'utilisera Santé Canada pour mettre en uvre la Stratégie
pour la santé des femmes.
La Stratégie sera mise en uvre dans le contexte
de l'approche adoptée par Santé Canada pour l'élaboration
des politiques et des programmes, à savoir une approche axée
sur la santé de la population (voir Glossaire). Cette approche
vise toute la population ou de grands sous-groupes et s'appuie
sur des travaux de recherche importants démontrant qu'un ensemble
de facteurs d'ordre personnel, social et économique, en plus
des services de santé, joue un rôle important dans la promotion
et le maintien de la santé.
Dans le cadre de l'approche axée sur l'amélioration de la
santé de la population, les programmes et politiques de Santé
Canada toucheront les trois étapes de la vie : l'enfance
et l'adolescence, la période couvrant le début de la vie adulte
jusqu'à l'âge mûr et la vie dans les derniers stades de l'âge
adulte. Il sera tenu compte des différences biologiques et
sociales entre les sexes dans le traitement de chacune de
ces étapes de la vie. Par exemple, la contribution de Santé
Canada au Plan d'action national pour les enfants et aux programmes
pour les aînés sera influencée par les connaissances touchant
ces questions.
Le Bureau pour la santé des femmes coordonnera la Stratégie
au sein de Santé Canada. Il exercera un suivi des questions
actuelles ou qui se manifestent, et veillera à ce que la Stratégie
demeure pertinente au fil des années. Le Bureau prendra une
part active à la réalisation du premier objectif de la Stratégie,
dans le cadre de son mandat, qui est de s'assurer que tous
les programmes et politiques du Ministère tiennent compte
des différences entre les sexes. Il lancera des projets en
vue d'améliorer sa fonction d'élaboration et de surveillance
des politiques, et aidera Santé Canada à se rapprocher de
l'objectif d'égalité entre les sexes, dans toutes ses activités.
Le Bureau soutient cinq centres d'excellence pour la
santé des femmes de même que le Réseau canadien pour la santé
des femmes. Ses activités d'élaboration des politiques sont
informées par les nouvelles connaissances en provenance des
centres et des autres sources d'information sur la recherche
et la santé, comme le précise le deuxième objectif de
la Stratégie. Le Bureau travaillera en collaboration
avec toutes les sections du Ministère chargées des programmes
et des politiques de manière à mettre de l'avant des mesures
qui concourront à la réalisation des troisième et quatrième
objectifs.
Les femmes ne forment pas un groupe homogène. L'incapacité,
la race, l'origine ethnoculturelle et l'orientation sexuelle
exercent des influences diverses sur la santé des femmes et
sur leur interaction avec le système de santé. La Stratégie
pour la santé des femmes tiendra compte des questions
liées à la diversité. Ainsi, quelques-uns des cinq centres
d'excellence pour la santé des femmes qui sont financés par
le gouvernement fédéral concentrent leur action sur les questions
de santé intéressant les immigrantes et les femmes autochtones,
les femmes à faible revenu et les femmes vivant dans des régions
rurales.
Un environnement en constante
évolution
Partout au Canada, les systèmes de santé ont subi d'importantes
réformes et transformations. Comme en fait mention le rapport
final du Forum national sur la santé, bien que la nature même
des changements et leur rythme de réalisation varient, la
réforme de la santé dans son ensemble découle d'une volonté
de freiner les dépenses en matière de santé et du constat
que le système a grandement besoin d'être modernisé. L'évolution
rapide du monde de la santé est caractérisée par de nombreux
aspects : la dépendance réduite à l'égard des grands
établissements de soins de santé, le transfert des pouvoirs
décisionnels vers des structures régionales et communautaires
nouvelles, les séjours à l'hôpital écourtés et le recours
accru aux soins à domicile, la recherche de solutions autres
que la rémunération à l'acte pour les médecins, l'arrivée
de nouvelles catégories de fournisseurs de soins de santé
(p. ex., les sages-femmes et infirmières de première ligne),
l'insistance accrue sur la prévention et la recherche de l'efficience
- que ce soit au niveau des interventions cliniques ou du
système de santé dans son ensemble.
Immédiatement après la naissance et pendant leur enfance,
les filles utilisent moins les services de santé que les garçons.
Par contre, au-delà de l'enfance, les femmes canadiennes
utilisent un plus large éventail de soins de santé. Les transformations
que subira notre système de soins de santé auront, par conséquent,
des répercussions très importantes pour les femmes. La réforme
et la modernisation du système de santé seront positives dans
la mesure où un nombre moins grand de femmes auront à subir
des interventions ou à prendre des médicaments inutiles ou
inefficaces, où elles auront accès à une meilleure médecine
préventive, aux sages-femmes et à des soins de qualité dans
leur propre maison. Mais si les femmes comprennent que leur
accès aux services importants est limité, ou que l'effet net
de l'insistance accrue sur les soins à domicile est que les
femmes assument l'essentiel du fardeau des soins à long terme
dispensés dans les familles- qu'il s'agisse de réadaptation
ou de soins pour maladies chroniques- alors l'impact de la
réforme de la santé paraîtra moins reluisant.
L'évolution rapide de la technologie électronique a des incidences
sur le système de santé, à plusieurs égards. La constitution
et la connexion de banques de données contenant des renseignements
sur la santé des individus, l'administration de traitements
via la télémédecine et l'utilisation d'Internet pour changer
de l'information en matière de santé sont d'importantes tendances.
Ces changements n'ont pas les mêmes conséquences pour les
femmes que pour les hommes, car les uns et les autres n'envisagent
pas et n'utilisent pas l'information sur la santé de la même
façon, et n'y accèdent pas de manière égale. Au seuil de ce
nouvel âge de technologie de l'information sur la santé, nous
devons faire en sorte que les femmes et les hommes bénéficient
également de ces innovations.
D'autres changements importants sont dignes de mention, notamment :
l'intérêt grandissant des consommateurs pour les pratiques
sanitaires et les thérapies parallèles ou d'appoint; un changement
démographique marqué par le vieillissement et le pluralisme
croissant de la société; enfin, la mondialisation des marchés
et ses effets sur le secteur de la santé. Vus dans une perspective
axée sur la comparaison entre les hommes et les femmes, tous
ces changements apparaissent sous un jour différent selon
qu'ils portent sur l'un ou l'autre des deux groupes.
II. La raison d'être de la Stratégie
pour la santé des femmes
Ce n'est que tout récemment encore que les décideurs et les
fournisseurs de services de santé ont reconnu, d'une manière
concrète, à quel point les facteurs sociaux, économiques et
culturels ont une incidence sur la santé des personnes. De
la même façon, notre système de santé a mis du temps à reconnaître
que les différences biologiques et sociales entre les sexes
représentent d'autres déterminants importants de la santé.
Pendant de nombreuses années, un mouvement naissant de femmes
militant en faveur de la santé ont mis en lumière les partis
pris que l'on peut observer dans le système de santé. Au début,
le sentiment que le système fonctionnait au détriment des
femmes était une perception intuitive et personnelle. Avec
le temps, on s'est de plus en plus rendu compte que les lacunes
dans le système s'amplifiaient et qu'il fallait trouver une
solution globale - y compris des changements dans l'attitude
et la pratique.
La Stratégie pour la santé des femmes a été élaborée
pour 1) faire mieux comprendre le caractère distinct
des questions de santé touchant les femmes et 2) s'attaquer
aux partis pris et à l'insensibilité du système de santé envers
les femmes et aux questions les touchant.
Le caractère distinct des questions de santé touchant les
femmes
La Stratégie pour la santé des femmes s'impose pour
sensibiliser davantage les gens au fait qu'en matière de santé,
le fait d'être une femme ou un homme entraîne des différences,
et ceci dans plusieurs domaines : dans les profils de maladie,
de décès et de mortalité; dans la façon dont les femmes et
les hommes vivent la maladie; dans leurs interactions
respectives avec le système de santé; dans les facteurs de
risque qui menacent le bien-être des femmes et des hommes;
dans l'influence exercée par les déterminants sociaux, économiques
et personnels de la santé. Tous ces aspects sont commentés
ci-après et étayés d'exemples communément reconnus. La volonté
de mettre davantage en lumière ces points et de rechercher
des mesures appropriées contre les partis pris fondés sur
le sexe est la principale raison qui justifie l'existence
de la Stratégie pour la santé des femmes.
1. Causes de décès chez les femmes
Les femmes ont une espérance de vie qui est de six ans
supérieure à celle des hommes.1
Le taux de décès est plus élevé chez les hommes que chez les
femmes dans tous les groupes d'âge, particulièrement celui
des 20 à 44 ans, où la probabilité de décès est
plus que le double de celle des femmes.2
Ces différences s'expliquent en grande partie par le fait
que les hommes meurent de causes « externes », les
principales causes de mortalité étant les accidents de véhicules
motorisés et le suicide.
Cependant, on constate un revirement de ces statistiques
pour ce qui est des décès attribuables au cancer dans
le groupe des 20 à 44 ans : les femmes dans
la fleur de l'âge meurent en plus grand nombre que les hommes.
Selon les prévisions portant sur les décès liés au cancer
pour 1998, les femmes du groupe d'âge de 30 à 39 ans,
par exemple, afficheront un taux de décès une fois et demie
plus élevé que celui des hommes. Dans le groupe d'âge des
femmes de 40 à 49 ans, le taux de décès attribuable
au cancer sera supérieur du tiers à celui des hommes.3
Ces décès sont essentiellement imputables au cancer du sein,
dont les causes restent encore grandement inconnues.
De plus, les femmes continuent de mourir de maladies qui
sont dans une large mesure évitables, notamment le
cancer du col utérin. Un nombre sans précédent de femmes meurent
maintenant des suites d'un cancer pulmonaire, une autre maladie
qui est largement évitable. En 1994, pour la première
fois, le cancer du poumon a surpassé le cancer du sein en
tant que principale cause de décès de femmes des suites d'un
cancer.4 Bien que l'incidence
du cancer du sein soit moins élevée chez les femmes noires,
celles-ci ont tendance à mourir de cette maladie en plus grand
nombre que les femmes blanches, ce qui souligne la nécessité
de se pencher sur les questions liées à la diversité.
La mortalité n'est pas le seul indicateur de la santé qui
entre en ligne de compte dans l'examen des différences entre
les hommes et les femmes. En dépit de l'espérance de vie des
femmes, qui atteint près de 81 ans,5
la dernière partie de leur vie est souvent caractérisée par
l'isolement, l'invalidité et les problèmes de santé.
En général, bien que les femmes vivent plus longtemps que
les hommes, soit 6,3 années de plus, elles ne jouissent que
d'une année et demie de plus sans incapacité (p. 27).
Rapport sur la santé des Canadiens et des Canadiennes,
septembre 1996
Les femmes les plus à risque sont celles qui sont peu
instruites, ont un faible revenu et ont peu de contrôle sur
leur milieu de travail. Ces femmes sont plus susceptibles
de fumer, de mener une vie sédentaire et d'être obèses. C'est
le cas également des femmes membres d'une minorité visible,
particulièrement des femmes originaires de l'Asie du sud et
des femmes noires.
Women, Heart Disease and Stroke in Canada, Heart and Stroke
Foundation of Canada, 1997
2. Les maladies et les problèmes
de santé des femmes, et la façon dont elles les vivent
Le secteur de la santé s'est beaucoup attardé à l'appareil
reproducteur des femmes, et en particulier à ce qui a trait
à la maternité. Des succès importants ont été obtenus dans
ce domaine. Toutefois, les maladies communes aux hommes et
aux femmes n'ont pas toujours été comprises sous l'angle des
différences qu'elles présentent selon qu'on est de sexe masculin
ou féminin, et ces différences n'ont donc pas été dûment prises
en considération par le système de santé.
Les maladies du cur en sont un exemple. Les mesures
de prévention, le diagnostic et le traitement doivent refléter
le fait que les symptômes, la progression de la maladie, l'effet
des médicaments et le bien-fondé de certaines interventions
chirurgicales diffèrent selon qu'on est un homme ou une femme.
De plus, dans le domaine de la recherche sur de nouveaux médicaments
pour traiter les maladies cardiaques, les femmes ont depuis
toujours rarement été du nombre des sujets possibles pour
les essais. Les maladies cardiovasculaires (maladies du cur
et accidents cérébrovasculaires) sont la principale cause
de décès et l'une des principales causes d'invalidité chez
les femmes. Les femmes elles-mêmes, lorsqu'on leur demande
quelle est la maladie qui représente le plus grand risque
de décès pour elles, nommeront habituellement le cancer du
sein,6 sans se rendre
compte que les maladies cardiovasculaires présentent des risques
plus importants. Cette méconnaissance des faits a des répercussions
sur les efforts de promotion de la santé.
Dans presque tous les groupes d'âge, les femmes souffrent
davantage de maladies chroniques, en particulier de migraines,
d'allergies, d'arthrite et de rhumatisme. Les femmes relativement
jeunes éprouvent davantage de problèmes de dos et de membres
que n'en éprouvent les hommes du même âge.7
Les activités de formation, d'élaboration de programmes et
de promotion de la santé doivent tenir compte de ces différences.
L'un des domaines où l'on observe les plus grandes différences
entre les hommes et les femmes concerne leurs profils respectifs
quant aux troubles de santé mentale. Étude après étude constate
que les niveaux de dépression sont plus élevés chez les femmes.8,9
Les jeunes femmes en particulier sont plus enclines à avoir
une piètre image d'elles-mêmes.10
Le taux d'hospitalisation pour traitement psychiatrique est
invariablement plus élevé chez les femmes.11
Alors que les hommes se suicident plus fréquemment,12
les femmes tentent plus souvent de mettre fin à leurs
jours, mais sont plus susceptibles d'échouer.13
Toutes ces observations tendent à souligner une différence
fondée sur le sexe quant à la façon dont les femmes et les
hommes vivent le stress et les événements de la vie et composent
avec eux, et quant à la façon dont les uns et les autres expriment
leur détresse. Des découvertes récentes au sujet des liens
entre le stress et la perturbation du système immunitaire
ne font que souligner davantage la nécessité d'étudier le
stress dans la vie aussi bien des femmes que des hommes, en
tenant mieux compte des différences entre les sexes.14
Confirmant les résultats d'études antérieures, l'Enquête
nationale sur la santé de la population a révélé une plus
grande incidence de dépression chez les femmes que chez les
hommes (7,4 % et 3,7 % respectivement selon le cycle 1
de l'Enquête [1994] ; 5,5 % et 2,8 % respectivement
selon le cycle 2 [1996]) . Les femmes sont également
plus susceptibles de vivre des états dépressifs récurrents.
Sur quatre répondants se déclarant dépressifs, en 1994-1995
comme en 1996-1997, près de trois (72 %) sont des femmes.
Aperçu de l'Enquête nationale sur la santé de la population,
Statistique Canada
Les observations quant aux différences en matière de santé
mentale ont des répercussions particulières à la fois sur
les diagnostics qui sont posés et sur les traitements. De
nombreux instruments d'évaluation psychologique, y compris
la notation du vécu des clients, n'ont pas été établis de
manière à tenir dûment compte des différences entre les sexes
et appliquent souvent aux femmes des normes et des définitions
de la santé mentale qui sont fondées sur des standards masculins.15
Invariablement, les femmes sont étiquetées comme étant plus
angoissées et plus tendues que les hommes. Le point de référence
devient important quand vient le moment de définir ce qui
constitue un profil pathologique et ce qui n'en constitue
pas un, ainsi que les répercussions en matière de diagnostic
et de traitement.
Les questions de santé sexuelle et génésique sont nombreuses
et différent selon qu'on a affaire à des hommes ou à des femmes.
Par exemple, s'il est vrai que les femmes touchées par le
VIH et le sida peuvent vivre des expériences très similaires
à celles des hommes, elles sont souvent confrontées à des
décisions difficiles liées à la grossesse et à la possibilité
de transmission de la maladie au ftus.
Enfin, si la ménopause n'est pas une maladie, elle s'accompagne
souvent, pour la femme, de nombreux changements physiologiques
et de risques accrus de maladie cardiovasculaire ou d'ostéoporose.
Ces risques peuvent être influencés par le bagage héréditaire;
mais ils peuvent également être réduits ou accrus par le régime
alimentaire, le tabagisme, les activités quotidiennes et les
facteurs environnementaux, ce qui amène à conclure de la nécessité
d'une stratégie complète en matière de santé pour les femmes
arrivant à la ménopause.
3. La qualité de vie des femmes
La Stratégie pour la santé des femmes reconnaît que
la maladie et la menace de mort ne sont pas les seules préoccupations
en matière de santé pour les femmes. Les questions liées à
la qualité de vie sont importantes pour ces dernières et peuvent
même les prédisposer à la maladie. Une étude menée en 1992
par Vivienne Walters16
a révélé que 68 % des femmes visées par l'étude estimaient
que leur principal sujet de plainte était la fatigue qu'elles
ressentaient. Elles se sont également plaintes de ressentir
du stress et d'éprouver des problèmes de sommeil.
Pendant leurs années de vie adulte, de nombreuses femmes
assument une double charge de travail. De façon traditionnelle,
elles ont toujours été les membres de la famille à être principalement
responsables de l'entretien de la maison et des soins aux
enfants de même qu'aux membres de la famille qui sont malades
ou âgés. Lorsqu'elles sont devenues actives au sein du marché
du travail, elles ont continué d'assumer ces tâches domestiques,
tout en occupant un emploi à l'extérieur du foyer. En conséquence,
dans le groupe d'âge des femmes de 20 à 44 ans,
l'indice du stress au travail qu'affichent les femmes est
beaucoup plus élevé que celui des hommes.17
Les médias exercent une influence sur la socialisation des
hommes et des femmes. Ils contribuent à créer des attentes
irréalistes au sujet du poids et de l'apparence, et encouragent
subtilement les femmes à accorder beaucoup trop d'importance
à ces aspects. Les femmes et les hommes répondent différemment
à ces pressions qui s'exercent sur eux. Les femmes, en particulier
les jeunes femmes, tendent à être affectées plus négativement
par ces messages, comme en font foi la préoccupation largement
répandue de la perte de poids,18
et de façon encore plus marquée, l'incidence à la hausse des
cas d'anorexie et de boulimie.19
Les processus naturels liés à la reproduction comme le cycle
menstruel, la grossesse, l'accouchement et la ménopause peuvent
entraîner de la douleur et de l'inconfort et créer des inconvénients
dans la vie de tous les jours. Lorsque ces phénomènes naturels
s'accompagnent d'autres sources de stress, ils peuvent occasionner
une détresse physique ou mentale propre aux femmes. Depuis
de nombreuses années, les porte-parole des mouvements féminins
parlent de surmédicalisation des femmes et de leurs problèmes
de santé (c'est-à-dire, un recours trop fréquent à des médicaments,
et une tendance à considérer comme pathologique l'état des
femmes en pareille situation), parce que le secteur de la
santé a de la difficulté à établir une distinction entre le
cours normal d'un processus naturel et la maladie.
4. Les facteurs de risque et leurs
conséquences pour les femmes
Pour les hommes comme pour les femmes, les risques pour la
santé découlent d'un certain nombre de facteurs, y compris
un comportement actif et à risque, un comportement passif
qui nuit à la santé ou qui la mine, les antécédents familiaux
et le cadre social et physique dans lequel hommes et femmes
vivent.
Les suicides, les accidents de véhicules motorisés et autres
types d'accidents sont responsables d'un plus grand nombre
de jours de maladie et d'absence du travail et causent davantage
de décès chez les hommes que chez les femmes.20,21
Toutefois, les femmes comme les hommes prennent des risques
d'autres types, notamment en ayant des relations sexuelles
non protégées qui peuvent entraîner des MTS ou des grossesses
non désirées ou en s'injectant des drogues par voie intraveineuse.
Les motivations du comportement à risque et ses conséquences
diffèrent selon le sexe de la personne. Pour ce qui est du
comportement sexuel, par exemple, il est généralement tenu
pour acquis que les hommes s'affirment dans leur sexualité
et que les femmes font preuve d'une relative passivité. On
estime qu'habituellement, les femmes sont responsables des
moyens de contraception, mais elles peuvent parfois éprouver
des difficultés à négocier des rapports sexuels protégés avec
leur partenaire de sexe masculin. Il s'agit d'un facteur pertinent,
par exemple, dans la compréhension de la transmission du VIH
chez les femmes. Compte tenu des récentes statistiques selon
lesquelles le taux de VIH augmente chez les femmes qui se
soumettent au test,22
nous devons en apprendre plus sur la dynamique des comportements
à risque chez les femmes. Ces comportements sont parfois propres
au sexe de la personne et ils changent à mesure que les rôles
sociaux et la situation des femmes dans la société évoluent.
On a vu le taux de grossesse atteindre un point élevé
en 1974, puis diminuer au milieu des années 1980.
Il est à la hausse surtout chez les adolescentes de moins
de 15 ans, dont le taux de grossesse est passé de 3,9/1 000
en 1987 à 5,1 en 1993 ( p. 18).
Santé périnatale : Grossesses et taux, Canada 1974-1993,
tableau 14B, Statistique Canada, 1996
De même, les femmes sont exposées à différents risques selon
qu'elles ont telles ou telles caractéristiques biologiques
et sociales. Par exemple, la menace d'ostéoporose chez les
femmes âgées, combinée à une perte d'agilité et d'équilibre,
est à l'origine d'un nombre élevé de fractures chez ces femmes,
ce qui mène souvent à l'incapacité ou au décès.
La violence fondée sur le sexe est un facteur de risque pour
beaucoup de femmes et a de vastes conséquences sur leur santé
et le système de santé. Une étude menée par Statistique Canada
en 1993 a révélé, qu'au cours de leur vie, la moitié
des Canadiennes âgées de plus de 16 ans sont victimes d'au
moins une agression physique ou sexuelle, telle que définie
dans le Code criminel et que ce sont leurs partenaires
masculins qui représentent les plus grands risques. La violence
dans les fréquentations ainsi que la violence ou le harcèlement
sexuel au travail et par les professionnels du système de
santé ont tous été documentés dans des études récentes, tout
comme l'a été le lourd fardeau financier que constitue la
violence pour le système de santé.23
9 % des filles et 6 % des garçons de 12 à 14 ans sont
des «fumeurs débutants».
Aperçu de l'Enquête nationale sur la santé de la population
de 1996-1997, Le tabagisme chez les Canadiens, Santé
Canada
Comme le prouvent les récentes statistiques sur le taux de
mortalité attribuable au cancer du poumon chez les femmes,
l'une des formes les plus tragiques de comportement à risque
élevé observable chez les femmes est le tabagisme. Le rythme
auquel les adolescentes commencent à fumer est particulièrement
alarmant.24 Cette recrudescence
du tabagisme chez les femmes n'annonce rien d'intéressant
pour la santé des femmes de demain. Elle signifie qu'il faudra
mieux se documenter et déployer de plus grands efforts pour
rejoindre les adolescents des deux sexes. Une meilleure
compréhension des différences entre les sexes et une intervention
plus efficace sont essentielles à la réussite des efforts
en ce sens.
La situation de certaines femmes fait que celles-ci ont difficilement
accès aux mesures préventives ou négligent de prendre de telles
mesures pour protéger leur santé. Les cas de cancer du col
utérin envahissant sont fréquents chez les femmes qui n'ont
jamais été examinées ou ne le sont pas régulièrement. L'Enquête
nationale sur la santé de la population de 1996-1997 révèle
que le taux de soumission au test de Papanicolaou varie en
fonction de la situation économique. Chez les femmes de 18 ans
et plus, le taux oscille entre 75 %, pour les femmes
au revenu le plus faible, et 90 %, pour les femmes au
revenu le plus élevé. Les femmes autochtones sont sur-représentées
dans les statistiques sur le cancer du col utérin et constituent
un groupe pour lequel des mesures spéciales s'imposent si
l'on veut que les mesures préventives connues soient davantage
utilisées.
L'inactivité physique est également un problème. Malgré les
bienfaits de l'activité physique, les taux d'inactivité chez
les femmes de tous âges sont élevés. Le système de santé doit
apprendre comment inciter les femmes à adopter des comportements
sains, en élaborant des démarches qui tiennent compte de leurs
valeurs, de leurs habitudes de vie et de leurs rôles.
Les risques environnementaux et professionnels touchent de
plus en plus les femmes. Les métiers qu'elles exercent tendent
à les exposer à de longues heures d'inactivité, surtout en
position assise, et à des microtraumatismes répétés. Par ailleurs,
les femmes peuvent réagir différemment des hommes aux contaminants
environnementaux. L'inquiétude que suscite le lien redouté
entre les composés organochlorés et le cancer du sein en est
un exemple.
5. Les différences entre les sexes
en tant que déterminant de la santé
Santé Canada et les gouvernements provinciaux et territoriaux
ont adopté une approche axée sur les déterminants de la santé.
Cette approche reconnaît l'existence de nombreux facteurs
autres que les soins de santé qui ont une incidence sur l'état
de santé d'une personne.
Les 12 déterminants de la santé que Santé Canada a relevés
sont :
- le revenu et la situation sociale;
- l'emploi;
- la scolarité;
- l'environnement social;
- l'environnement physique;
- le développement sain de l'enfant;
- les pratiques personnelles liées à la santé et la capacité
d'adaptation;
- les services de santé;
- les réseaux de soutien social;
- la constitution biologique et le patrimoine génétique;
- les différences sociales entre hommes et femmes;
- la culture.
En 1996, les enfants grandissant dans une famille monoparentale
ayant une femme à sa tête étaient cinq fois plus susceptibles
de vivre dans une situation de faible revenu que les enfants
de famille biparentale ( 60,8 % des familles monoparentales
ayant une femme à leur tête vivaient sur un faible revenu,
comparativement à 11,8 % des familles biparentales).tatistique
Canada, 1997
Ces déterminants sont très interactifs. Par exemple, le revenu,
l'emploi et la scolarité sont interdépendants. Ils ont également
d'importantes répercussions sur les autres déterminants tels
que les environnements, le développement de l'enfant et les
pratiques personnelles liées à la santé.
Les attributs sociaux des hommes et des femmes ont également
une forte incidence sur tous les déterminants. Des écarts
de salaire, un faible statut professionnel et la pauvreté
sont des caractéristiques courantes qui ressortent de toute
analyse relative à la situation socio-économique des femmes.
Dans leur vie, les femmes âgées sont plus susceptibles d'être
frappées par la pauvreté parce qu'elles n'ont jamais occupé
d`emploi rémunéré ou ont participé au marché du travail de
façon intermittente, ou encore touchent de maigres salaires
assortis de peu d'avantages sociaux.25
L'assurance-maladie donne l'accès universel aux services
médicaux et hospitaliers. Cependant, étant donné que les femmes,
en tant que groupe, sont moins susceptibles que les hommes
d'être employées à plein temps, elles sont moins susceptibles
d'avoir accès à des services non assurés tels que les médicaments.
En 1993, la plupart des femmes âgées vivant seules ou
avec des personnes non apparentées (56 %) avaient un
faible revenu, en comparaison avec 38 % chez les hommes
âgés seuls ( p. 90).
Portrait statistique des femmes au Canada, troisième édition
Statistique Canada, 1996
6. Les préjugés du système de santé
Comme la société en général, le système de santé tend à cantonner
les hommes et les femmes dans des stéréotypes, fondés sur
des attitudes et des rôles enracinés. Cette situation a eu
une incidence sur les femmes, aussi bien en tant qu'utilisatrices
du système de santé qu'en leur qualité de dispensatrices de
soins, et ce de quatre façons : 1) une étroitesse
de vue; 2) le fait d'ignorer ou de contourner la
présence des femmes - une exclusion qui se traduit
par un accès réduit aux ressources et à une sous-représentation,
voire à une absence, dans les structures de gestion, dans
les recherches et dans le matériel d'éducation; 3) le
fait de traiter les femmes de la même façon que les
hommes, lorsqu'il n'y a pas lieu de le faire; 4) le fait
de traiter les femmes différemment, lorsqu'il n'y a
pas lieu de le faire.
Étroitesse de vue
- La société et la biologie confèrent aux femmes le rôle
traditionnel de mère et de porteuse d'enfants. Le système
de santé a reflété cette réalité en se préoccupant de l'appareil
reproducteur et plus particulièrement de la maternité. Le
Canada en a retiré des avantages en étant l'un des pays
au monde qui affiche les taux les plus bas de mortalité
infantile et maternelle,26, 27
mais la santé des femmes va au-delà de la reproduction.
La pratique conventionnelle de la médecine, par opposition
à une approche holistique, est un autre exemple d'étroitesse
de vue.
- L'étroitesse de vue du système de santé est également
manifeste dans sa résistance à voir dans la santé quelque
chose de plus que l'absence de maladie et dans sa tendance
à limiter les interventions aux domaines médical et chirurgical.
Certains fournisseurs de soins de santé font preuve aussi
d'étroitesse de vue lorsqu'ils présument, par exemple, que
toutes les femmes sont hétérosexuelles, ce qui augmente
le niveau de malaise des lesbiennes et les incite à éviter
le système ou à négliger les traitements.
Exclusion
- Les femmes sont sous-représentées dans les postes de
décision, d'élaboration de politiques et d'éducation dans
un grand nombre de segments du secteur de la santé. Certaines
femmes sont doublement défavorisées à cet égard en raison
de leur origine ethnique, de leur orientation sexuelle ou
encore du fait qu'elles sont handicapées et donc moins susceptibles
d'être admises à des rôles clés ou dans des secteurs clés
du système de santé.
- Si les femmes sont bien représentées dans une profession,
cette profession tend à être moins valorisée que celles
où les hommes dominent. Généralement, les femmes sont sur-représentées
dans les soins infirmiers et sous-représentées dans la plupart
des spécialisations médicales, lesquelles jouent un rôle
de sentinelle et sont les décisionnaires du domaine de la
médecine.
- Dans un rapport paru en 1994, le Comité consultatif sur
les questions des femmes dans le domaine de la recherche
en santé du Conseil de recherches médicales estimait que
seulement 5 % des fonds du Conseil consacrés à la recherche
allaient spécialement à des projets sur des questions de
santé intéressant les femmes. Les femmes sont également
exclues de la recherche comme telle, ce qui crée des problèmes
de validité et d'importantes lacunes dans la compréhension
de nombreux aspects de la santé des femmes.
Traiter les femmes de la même façon (que les hommes)
- Le système de santé peut, à tort, traiter hommes et femmes
de la même façon. Comme on l'a mentionné, des diagnostics
erronés sont posés dans le cas de femmes atteintes d'une
maladie cardiaque parce qu'on s'attend à observer chez elles
les mêmes symptômes que chez les hommes.
- Le rôle que jouent très souvent les femmes dans la famille,
soit à titre de gardiennes de la santé de la famille ou
de dispensatrices de soins primaires, les différencie des
patients masculins et n'est pas toujours reconnu par les
professionnels de la santé. Les femmes interagissent souvent
avec le système de santé au nom de leur conjoint, de leurs
enfants, de leurs parents ou d'autres personnes apparentées.
C'est pourquoi les femmes peuvent avoir besoin de plus de
temps et d'attention de la part du système, voire même d'une
attention de nature différente.
- Chez les femmes, les sorties hâtives de l'hôpital peuvent
avoir des conséquences différentes que chez les hommes et
se produisent souvent sans que le système de santé comprenne
que plus de femmes que d'hommes vivent seules ou sont susceptibles
de retourner à une situation familiale dans laquelle elles
sont les principales exécutantes des tâches ménagères et
où elles ne disposent pas des services d'un prestataire
de soins familiaux.
- Parce que les professionnels de la santé s'attendent
souvent à ce que les femmes s'affirment aussi aisément que
les hommes dans leur interaction avec le système de santé,
ils ne les encouragent pas à participer aux décisions concernant
les soins et le traitement. Dans des groupes de consultation
sur la santé des femmes, les participantes ont affirmé qu'elles
voulaient faire leurs propres choix quant aux examens médicaux,
à la ligature des trompes et à leurs fonctions reproductrices,
indépendamment de leur âge.28
- Dans certains cas, on réunira dans un même groupe de
traitement des membres des deux sexes en dépit du fait que
les femmes ont peut-être vécu des expériences différentes
qui font qu'elles sont gênées ou se sentent menacées au
sein d'un environnement mixte.
Au Canada, 43 % des femmes ont changé de médecin parce
qu'elles étaient insatisfaites de la façon dont leur médecin
les traitait. Quatre des six motifs les plus fréquemment invoqués
avaient trait à « l'attitude du médecin ».Enquête
sur la santé, Women's College Hospital, mars 1995
Traiter les femmes différemment
- Les messages d'intérêt public visant la prévention des
grossesses non désirées ont renforcé les attitudes courantes
attribuant aux jeunes femmes la plus lourde part du fardeau
de la responsabilité. Il serait plus indiqué et pertinent
de viser par ces messages à la fois les hommes et les femmes.
- Les femmes ont longtemps soutenu que les pourvoyeurs
de soins de santé les traitent avec condescendance et font
peu de cas de leurs plaintes. Tel que mentionné précédemment,
le système de santé a aussi conféré à des processus de santé
propres aux femmes le statut de pathologie, alors que leur
état était tout simplement le fait d'un processus naturel
en action.
- Les partis pris du système de santé ne s'adressent pas
seulement aux utilisatrices mais aussi aux personnes qui
dispensent des soins, rémunérées ou non. La profession d'infirmière,
où les femmes prédominent, a longtemps eu à se battre pour
obtenir la reconnaissance de son statut professionnel et
la rémunération que ce statut commandait.
La Stratégie pour la santé des femmes s'emploiera
à examiner ces partis pris et ces injustices en faisant en
sorte qu'on ne se préoccupe plus exclusivement de maternité;
en faisant la promotion d'une participation accrue des femmes
au processus décisionnel; en mettant davantage en lumière
les différences biologiques et sociales qui expliquent que
dans certaines circonstances et pour des raisons déterminées,
femmes et hommes ne soient pas traités de la même façon, et
en proposant des améliorations; en encourageant le recours
à des traitements comparables ou similaires, lorsqu'ils sont
opportuns.
Il convient de préciser que le système de santé peut se montrer
insensible aux besoins tant des hommes que des femmes. L'application
de la Stratégie pour la santé des femmes n'a nullement
pour effet de minimiser les difficultés que les hommes peuvent
connaître ni de nier le fait que les hommes également ont
des préoccupations qui leur sont propres en matière de santé,
et qui sont liées à leurs différences biologiques et sociales.
La section qui suit décrit les principaux volets de la Stratégie
pour la santé des femmes. La Stratégie, prise globalement,
vise à répondre aux questions de santé qui affectent plus
particulièrement les femmes, à remédier au rôle limité que
celles-ci jouent dans le processus décisionnel, ainsi qu'aux
lacunes en matière de recherche et d'éducation. Elle propose
des processus et des méthodes qui tiendront compte des besoins
des femmes, besoins qui découlent de leurs particularités
biologiques et de leurs particularités sociales.
III. Principaux éléments de la
Stratégie pour la santé des femmes
La Stratégie pour la santé des femmes est un plan
et un cadre d'action intégré qui s'attaque aux principales
questions de santé touchant les femmes. Elle regroupe les
initiatives actuelles et nouvelles de Santé Canada. La Stratégie
comporte sept principales caractéristiques : elle est
équilibrée, respectueuse de la diversité, égalitaire, fondée
sur des données probantes, cohérente, multisectorielle et
dynamique.
Le but de la Stratégie pour la santé des femmes est d'améliorer
la santé des femmes au Canada en faisant en sorte que le système
de santé tienne davantage compte des femmes et de leur santé.
Pour atteindre ce but, nous avons fixé quatre grands objectifs
qui devraient amener des changements dans la façon dont Santé
Canada s'acquitte de ses principales responsabilités :
rôles de leadership, de constitution de réseaux et de coordination;
élaboration de politiques; activités de recherche, de surveillance
et de collecte de données; fonctions de réglementation; prestation
directe de services; promotion de la santé et prévention des
maladies.
La Stratégie est équilibrée; elle comprendra
tous les groupes d'âge, les aspects biomédical et social,
les éléments de politique et de programme, la santé individuelle
et la santé de la population, les femmes en tant que consommatrices
de soins de santé et en tant que dispensatrices de soins,
rémunérées ou non.
On reconnaît aussi la diversité des femmes et le fait
qu'elles ne constituent pas un groupe homogène. Santé Canada
est conscient que le patrimoine ethnoculturel, l'orientation
sexuelle, le niveau de capacité physique et mentale et les
caractéristiques démographiques influent sur la santé des
femmes et sur leurs interactions avec le système de santé.
La Stratégie pour la santé des femmes est fondée sur
une relation égalitaire entre les utilisatrices et
les fournisseurs de services et reconnaît les femmes comme
des partenaires dans l'élaboration de politiques et de services
et dans la recherche.
La Stratégie est fondée sur des données probantes;
elle s'appuie sur les préoccupations soulevées par des femmes
et par le système de santé et sur des données et des résultats
de recherche qui montrent les différences entre les questions
de santé qui préoccupent les hommes et celles qui sont particulières
aux femmes.
Les stratégies qui sont mises en place pour les femmes et
l'analyse des questions qui se rattachent à un domaine doivent
être liées aux stratégies et à l'analyse des questions associées
à d'autres domaines. Elles peuvent se renforcer mutuellement.
La Stratégie sera donc cohérente.
La Stratégie est multisectorielle; on reconnaît
que les facteurs sociaux et économiques jouent un rôle important
dans la santé et le maintien de la santé, et que la participation
de partenaires de nombreux secteurs, tant gouvernementaux
que non gouvernementaux, est essentielle.
Enfin, la Stratégie est dynamique. Elle s'adaptera
aux nouvelles questions et aux nouvelles connaissances.
La Stratégie pour la santé des femmes est principalement
axée sur les politiques et programmes de Santé Canada et sur
la mise en uvre d'activités au Canada. Cependant, de
temps à autre, Santé Canada travaillera en collaboration avec
d'autres pays et des organismes internationaux sur des questions
d'intérêt commun pouvant favoriser la santé des femmes au
Canada et dans le monde entier.
Les pages suivantes présentent les quatre objectifs de la
Stratégie et décrivent certaines des activités qui
seront entreprises pour les réaliser.
Objectif 1:
Faire en sorte que les politiques et les programmes
de Santé Canada tiennent compte des différences biologiques
et sociales entre les sexes et répondent aux besoins des femmes
en matière de santé
Le gouvernement fédéral s'engage...à faire en sorte que
toutes les mesures législatives et les politiques à venir
comporteront, au besoin, une analyse visant à déterminer si
elles peuvent avoir des répercussions différentes sur les
femmes et les hommes (p. 19).
À l'aube du XXIe siècle : Plan
fédéral pour l'égalité entre les sexes, 1995
Lorsque cet objectif sera atteint, le Ministère aura intégré
entièrement les différences entre les sexes dans ses activités
courantes. Cet objectif montre la détermination de Santé
Canada à mener ses activités en tenant compte des besoins
et des préoccupations des femmes. Pour soutenir cet objectif,
on entreprendra un certain nombre d'initiatives :
1.1 Conformément à l'engagement pris dans le Plan
fédéral pour l'égalité entre les sexes, Santé Canada adoptera
comme pratique générale d'assujettir à une analyse comparative
entre les sexes, ses programmes et ses politiques touchant
certaines questions comme la modernisation du système de santé,
la santé de la population, la gestion du risque, les services
directs et la recherche.
1.2 On élaborera des outils, des méthodes et de la
documentation de formation pour assurer la mise en oeuvre
de cette analyse comparative dans l'ensemble du Ministère
et pour aviser les cadres supérieurs des exigences de cette
politique.
1.3 On tiendra compte des questions de santé qui concernent
les femmes dans les exercices annuels de planification du
Ministère.
1.4 Une perspective fondée sur les différences biologiques
et sociales entre les hommes et les femmes éclairera Santé
Canada dans sa façon de traiter les questions d'éthique, en
tenant particulièrement compte de celles intéressant les femmes.
1.5 Lorsqu'on étudiera les demandes de subvention
présentées à Santé Canada pour des projets de recherche ou
des projets pilotes, l'un des critères sera l'inclusion de
considérations sur les différences entre les sexes et les
répercussions particulières sur les hommes et sur les femmes.
1.6 Les commissions ou les organes consultatifs qui
relèvent du ministère de la Santé seront encouragés à se doter
d'un nombre égal de femmes et d'hommes, ainsi qu'à inclure
des personnes qui connaissent bien les questions relatives
à la diversité et aux différences entre les sexes et qui sont
sensibles à ces questions.
1.7 On consultera les organisations féminines et les
organisations de santé qui s'intéressent à la santé des femmes,
au sujet des principaux dossiers stratégiques.
1.8 On établira un plan pour favoriser la collaboration
interministérielle en vue de fixer des objectifs et de mettre
en place des initiatives qui porteront sur les facteurs socio-économiques
liés à la santé des femmes.
1.9 On appliquera l'analyse comparative entre les sexes aux
activités du Ministère visant les enfants, afin que les questions
particulières aux filles et aux garçons soient prises en compte
dans les politiques et les programmes.
1.10 On appliquera l'analyse comparative entre les
sexes aux activités du Ministère relatives à la santé des
aînés et à l'impact du système de santé sur les aînés.
1.11 L'Unité des services juridiques, appuyée par
la spécialiste en matière d'égalité du ministère de la Justice
affectée à Santé Canada, mettra en application un cadre d'analyse
qui tient compte des différences entre les femmes et les hommes.
Ce cadre portera sur le contentieux, la consultation juridique,
les politiques législatives, les services législatifs, et
les pratiques relatives aux programmes et à la gestion de
Santé Canada.
Objectif 2 Accroître la connaissance
et la compréhension de la santé des femmes et des besoins
des femmes en matière de santé
La Stratégie pour la santé des femmes sera fondée
sur des données probantes. Santé Canada joue un rôle important
dans la collecte et l'analyse de données et le soutien d'un
certain nombre de programmes et d'activités de recherche.
Avec la Stratégie pour la santé des femmes, ces recherches
seront davantage axées sur les questions de santé qui concernent
les femmes. On veillera à diffuser les résultats des recherches
sur une grande échelle, dans un langage simple et clair. Les
activités suivantes permettront de réaliser l'objectif 2 :
2.1 Les cinq centres d'excellence pour la santé des femmes
continueront à générer et à synthétiser de nouvelles connaissances
sur la santé des femmes, particulièrement sur l'influence
des déterminants de la santé, aux fins d'information du processus
décisionnel.
2.2 L'impact de la réforme et de la restructuration de la
santé sur les femmes et la santé des femmes sera l'un des
principaux thèmes de recherche des centres d'excellence pour
la santé des femmes.
2.3 On dressera un plan fédéral en matière de recherche afin
de guider et de faciliter l'établissement des priorités pour
les programmes de recherche financés par le gouvernement fédéral.
On fera la promotion des questions de santé propres aux femmes
durant la mise au point du concept des Instituts canadiens
de recherche en santé. Un groupe consultatif national aidera
à guider les travaux des centres et du Bureau pour la santé
des femmes relativement à la recherche sur la santé des femmes.
2.4 Le Bureau pour la santé des femmes continuera de soutenir
le Réseau canadien pour la santé des femmes (RCSF), qui représente
plus de 70 organismes ayant leur siège dans tous
les territoires et les provinces. Il fournira une infrastructure
de communications portant sur la santé des femmes au Canada.
2.5 Les deux initiatives conjointes du programme de coopération
Canada-É.-U. sur la recherche et sur les centres et les réseaux
d'information permettront, respectivement, aux deux pays de
s'échanger les conclusions de recherches sur la santé des
femmes et de relier le RCSF et le centre national américain
d'information sur la santé des femmes.
2.6 On élaborera des indicateurs généraux de santé et d'utilisation
afin de saisir les écarts entre les groupes d'âge et les sexes
(au niveau de la dimension biologique et de la dimension sociale)
et de tenir compte des douze déterminants de la santé
retenus par Santé Canada. Le Bureau pour la santé des femmes
travaillera avec les organismes de collecte de données sur
la santé, y compris l'Institut canadien d'information sur
la santé (ICIS), en vue de corriger les préjugés méthodologiques
à l'égard des sexes et de combler les lacunes de données.
Un rapport sur la santé des femmes sera diffusé tous les quatre
ans.
2.7 La politique sur l'inclusion des femmes dans les essais
cliniques, annoncée en septembre 1996, fera l'objet d'une
surveillance.
2.8 Dans le cadre de l'Initiative de lutte contre la violence
familiale qui a été renouvelée récemment, Santé Canada soutiendra
la recherche sur les conséquences de la violence faite aux
femmes sur la santé. Les résultats de ces études seront diffusés
par le Centre national d'information sur la violence dans
la famille.
2.9 Par l'intermédiaire de la Fondation canadienne de la
recherche sur les services de santé, un Fonds de recherche
et d'évaluation des services pour le personnel infirmier (Fonds
RESPI) sera créé afin d'appuyer la recherche sur les soins
infirmiers, profession du domaine de la santé où les femmes
sont largement dominantes.
2.10 On encouragera la Fondation canadienne de la recherche
sur les services de santé, créée pour injecter des ressources
substantielles dans la recherche en services de santé au Canada,
à accorder une grande priorité aux questions de santé des
femmes.
2.11 On appuiera les recherches approfondies sur certaines
questions de santé de grande importance pour les femmes, à
savoir : les causes du cancer du sein, notamment les
préoccupations environnementales; les maladies chroniques;
la santé mentale, notamment l'estime de soi chez la petite
fille; les obstacles à l'utilisation des services, notamment
la diversité et les questions socio-économiques.
2.12 On accélérera la recherche dans le domaine des soins
de santé parallèles et d'appoint; on évaluera les risques
et les avantages que présente la prestation de soins par des
intervenants des médecines parallèles.
2.13 Durant l'établissement des centres d'excellence pour
la santé et le bien-être des enfants, Santé Canada veillera
à ce que les différences entre les femmes et les hommes soient
prises en compte.
Objectif 3 Soutenir la prestation
aux femmes de services de santé appropriés et efficaces
Santé Canada fournit un soutien aux groupes et aux secteurs
de compétence qui ont la responsabilité directe de la prestation
des services de santé. Le Ministère est responsable de l'interprétation
et de l'application de la Loi canadienne sur la santé,
dont les principes constituent le cadre du système canadien
de soins de santé financé par l'État. En plus de chercher
à enrichir les connaissances, comme il est mentionné à la
section « Objectif 2 », le gouvernement fédéral
assume aussi un rôle de leadership et de soutien dans la sensibilisation
du public, l'élaboration de pratiques en matière de santé
et la préparation de matériel d'éducation. De plus, il offre
ou finance des services de santé destinés aux Premières nations
et aux Inuit. La Stratégie pour la santé des femmes
favorisera la réalisation d'un large éventail d'activités
dans ces domaines :
3.1 Dans le cadre du mandat gouvernemental d'interprétation
et d'application de la Loi canadienne sur la santé,
on tiendra compte des besoins particuliers des femmes en veillant
à ce que les effets des interprétations ou des changements
de politique sur les femmes soient pleinement évalués.
3.2 Santé Canada intégrera une analyse d'impact comparative
sur les femmes et sur les hommes dans sa contribution à l'élaboration
des cadres d'imputabilité du système de santé.
3.3 Santé Canada effectuera une analyse comparative des impacts
de la modernisation et de l'expansion du système de santé
sur les femmes et sur les hommes.
3.4 On portera attention aux questions d'accès, notamment
à l'accès aux services de santé pour les femmes défavorisées
sur ce plan par suite d'obstacles sociaux, géographiques ou
économiques.
3.5 On créera des outils modèles dans le but d'aider les
éducateurs, les fournisseurs de services et les planificateurs
à appliquer à leur travail une analyse comparative entre les
sexes.
3.6 On explorera de nouvelles méthodes pour le remboursement
des honoraires des professionnels de la santé, en vue de réduire
les incitatifs à la prestation non appropriée de services.
3.7 On surveillera les effets de la restructuration du système
de santé sur les femmes et sur le rôle qu'elles jouent à titres
de bénévoles ou d'employées rémunérées, en prêtant une attention
particulière aux questions suivantes : l'attrition, la
perte de l'emploi, le recyclage, le milieu de travail, la
capacité de dispenser des soins de qualité, la privatisation
et le transfert de responsabilité aux bénévoles et aux membres
de la famille.
3.8 Santé Canada recherchera l'apport et la participation
des femmes autochtones pour l'élaboration de ses programmes
afin de renforcer les soins à domicile et les soins communautaires
et de mettre en place des systèmes d'information sur la santé
dans les communautés des Premières nations.
3.9 On continuera de réglementer efficacement les nouvelles
techniques de reproduction et de génétique dans le but de
protéger les femmes et leur dignité. On intensifiera la surveillance
post-commercialisation et la surveillance à long terme des
inducteurs de l'ovulation.
3.10 Des systèmes efficaces de surveillance post- commercialisation
et de contrôle des effets indésirables, qui protégeront la
santé des femmes, seront instaurés.
3.11 Santé Canada continuera à encourager la participation
des femmes autochtones à ses négociations d'accords de transfert
en matière de santé avec les Premières nations, conformément
à la politique fédérale sur le droit inhérent des Autochtones
à l'autonomie gouvernementale.
3.12 Le programme de coopération entre le Canada et les États Unis
sur le cancer du sein accordera un soutien aux personnes chargées
d'élaborer des politiques, aux chercheurs, aux fournisseurs
de services et aux défenseurs de la cause des femmes en encourageant
l'échange des expériences et des compétences.
3.13 Étant donné la sur-représentation des femmes dans les
statistiques sur la santé mentale, une attention accrue sera
accordée aux problèmes de santé mentale chez les femmes, lesquels
touchent surtout les adolescentes et les aînées. L'étude des
troubles de l'alimentation et l'évaluation de l'importance
des interventions en santé mentale dans les soins primaires
sont des exemples de travaux à effectuer en ce domaine.
3.14 On veillera à la promotion de modèles efficaces de soins
pour les femmes âgées en vue d'aborder les questions de la
fin de la vie et du recours excessif au placement en établissement,
et pour appuyer la prestation de soins à domicile et de soins
palliatifs.
3.15 On maintiendra la collaboration avec les autres ministères
fédéraux et les organismes de fournisseurs de services de
santé, en vue de sensibiliser les professionnels de la santé
et les autres praticiens au problème de la mutilation des
organes génitaux de la femme.
3.16 On poursuivra les efforts déployés pour éduquer les
professionnels de la santé et les femmes elles-mêmes en vue
de réduire la prescription excessive et la surconsommation
de médicaments.
3.17 En collaboration avec les professionnels de la santé
et d'autres partenaires, on fera la promotion de la prise
de décision éclairée par l'utilisation accrue d'outils comme
le Guide canadien de médecine clinique préventive.
3.18 On appuiera la création de modèles de pratiques exemplaires
afin de mieux prendre en charge certaines questions comme
la violence, l'avortement et la santé mentale.
3.19 On élaborera des modèles d'acquisition de compétences
pour appuyer la présence accrue des femmes aux postes de décision
et pour préparer ces dernières à défendre efficacement leur
cause et à être représentées au sein des conseils, des comités
et du système de santé en général.
3.20 En réponse au rapport du Comité consultatif sur les
infrastructures, les consultations ministérielles et les activités
de suivi tiendront compte des besoins et préoccupations des
femmes.
3.21 Le Ministère continuera à diriger et à coordonner l'Initiative
de lutte contre la violence familiale ) initiative pluriministérielle ),
laquelle conservera parmi ses priorités l'élimination de la
violence envers les femmes.
Objectif 4 Promouvoir la
santé par des mesures de prévention et la réduction des facteurs
de risque qui compromettent le plus la santé des femmes
Santé Canada doit, de par son mandat, atteindre les personnes
avant qu'elles n'adoptent un mode de vie nocif pour leur santé,
et les aider à éviter les situations, les comportements et
les produits à risque élevé qui mènent à des problèmes de
santé et à la maladie. La Stratégie pour la santé des femmes
comporte un certain nombre de mesures qui permettront d'atteindre
cet objectif :
4.1 Santé Canada sera plus proactif afin de s'assurer que
les femmes aient accès à des médicaments, à des interventions
médicales et à des matériels médicaux sûrs et efficaces.
4.2 On renforcera le Système canadien de surveillance périnatale,
qui doit permettre de promouvoir la prestation efficace et
efficiente de soins durant la grossesse et la période néonatale.
4.3 On entreprendra des activités de promotion de la santé
et de prévention des maladies en vue de réduire les taux de
morbidité et de mortalité liés au cancer du col utérin grâce
à un dépistage de plus grande envergure.
4.4 Dans le cadre de ses efforts visant à promouvoir davantage
l'accessibilité et la qualité accrues du dépistage du cancer
du sein, Santé Canada continuera d'uvrer avec les provinces
et les territoires pour favoriser l'établissement de programmes
de dépistage et veillera à ce que les mammographies soient
effectuées correctement grâce aux dispositions législatives
de la Loi sur les dispositifs émettant des radiations
et à l'élaboration d'une norme nationale sur l'installation
et l'utilisation de l'équipement de diagnostic.
4.5 Des projets de promotion de la santé seront mis sur pied
pour lutter contre l'inactivité et favoriser la vie active
et la bonne condition physique chez les femmes de tous âges.
4.6 On appuiera des programmes de prévention à l'intention
des femmes exposées au risque de contracter le VIH/sida, en
collaboration avec les groupes communautaires, les organisations
nationales de santé publique et les organisations professionnelles.
4.7 Des activités de prévention porteront expressément sur
la réduction des dangers environnementaux qui menacent la
santé des femmes. Santé Canada accélérera la détection et
l'évaluation des substances anciennes et nouvelles, améliorera
la gestion et le contrôle des substances toxiques et surveillera
les progrès.
4.8 On se penchera également sur la réduction des risques
que le milieu de travail peut présenter pour la santé physique
et psychologique et le bien-être des femmes.
4.9 Grâce à des initiatives comme le programme de coopération
Canada-É.-U. pour la lutte contre le tabagisme chez les jeunes
femmes et les filles, Santé Canada continuera d'appuyer des
activités de promotion de la santé et de documenter les tendances
et les effets de la réglementation sur les comportements en
matière de tabagisme.
4.10 On entreprendra le relevé et la diffusion des meilleures
pratiques de prévention, d'abandon et de protection relativement
au tabagisme chez les filles et les jeunes femmes. La production
de connaissances, la formation et la diffusion en ce qui concerne
les meilleures pratiques d'intervention face à des problèmes
comme le tabagisme chez les mères, le retour au tabagisme
après l'accouchement, le tabagisme chez les filles et les
jeunes femmes, et l'exposition des enfants à la fumée secondaire
de tabac, sont parmi les initiatives qui seront mises en uvre.
4.11 On encouragera les valeurs de l'initiative L'École
avant tout et les modes de vie sains chez les jeunes Autochtones,
surtout chez les filles qui, plus tard à l'âge adulte, joueront
un rôle important pour la santé de leur collectivité.
4.12 On encouragera les travaux qui visent à assurer un milieu
favorable aux enfants, aux jeunes, aux familles et aux aînés,
dans un cadre préconisant l'égalité entre les sexes.
4.13 On entreprendra des activités de promotion de la santé
visant à réduire le nombre de grossesses chez les adolescentes,
dans un contexte de référence aux déterminants de la santé.
4.14 On mettra au point de l'information et des pratiques
exemplaires afin d'aider les familles, en particulier les
femmes, à concilier les obligations professionnelles et familiales
et à composer avec le stress né de ces doubles obligations.
4.15 Santé Canada entreprendra des travaux pour lutter contre
plusieurs grands problèmes chroniques de santé chez les femmes :
- une stratégie nationale coordonnée sera mise en place
en vue de promouvoir la santé cardiovasculaire et de prévenir
les maladies du cur chez les Canadiennes;
- on élaborera, en partenariat avec la Société de l'ostéoporose
du Canada, un guide de prévention à l'intention des femmes;
- la Stratégie canadienne de prévention et de contrôle
du diabète et l'Initiative sur le diabète chez les Autochtones
répondront aux besoins et aux préoccupations des femmes
en matière de prévention et de contrôle du diabète, d'éducation,
de soins et traitements, et de surveillance.
4.16 Afin de faciliter l'application de directives nationales
de nutrition pour la santé maternelle et infantile, et de
promouvoir la santé nutritionnelle des femmes grâce à une
alimentation saine et à de bons choix alimentaires, on mettra
en place un système amélioré d'étiquetage nutritionnel et
on entreprendra des activités d'éducation publique.
4.17 Santé Canada modernisera et renforcera le programme
fédéral de salubrité des aliments en prenant de nouvelles
mesures pour améliorer les systèmes de surveillance, accroître
la capacité scientifique et intensifier ses activités de réglementation.
4.18 Santé Canada offrira un appui supplémentaire aux communautés
des Premières nations et aux communautés inuites, de même
qu'à des communautés non autochtones, afin d'améliorer la
santé et la nutrition prénatales et, de ce fait, de réduire
la haute mortalité infantile et les issues de grossesse négatives.
4.19 Le rôle des médias dans la socialisation des enfants
et des jeunes étant reconnu, Santé Canada continuera à appuyer
la sensibilisation aux médias et l'acquisition de compétences
médiatiques par les consommateurs par la mise en uvre
de stratégies et la diffusion des meilleures pratiques, afin
de mieux sensibiliser les filles et les jeunes femmes aux
médias et de les aider ainsi à faire des choix plus sains
en matière de mode de vie.
IV. Conclusion
L'élaboration de la Stratégie pour la santé des femmes
de Santé Canada a reposé sur des données statistiques
et des questions définies et soulevées dans la documentation
ainsi que dans des rapports présentés par des associations
féminines et des organismes du domaine de la santé. L'initiative
sera améliorée et élargie en fonction des recommandations
formulées lors des ateliers du Forum du Canada et des États-Unis
sur la santé des femmes, en fonction des nouvelles tendances
et des nouvelles connaissances et en fonction des consultations
organisées à l'occasion par Santé Canada.
En juin 2000, l'Assemblée générale des Nations Unies
tiendra une séance spéciale sur l'égalité des femmes en vue
de faire le bilan des progrès réalisés par les pays participants
depuis la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing de
1995. La réunion doit permettre aussi aux pays participants
de proposer une vision pour les années à venir. La stratégie
de Santé Canada pour la promotion de la santé des femmes contribuera
à donner forme à la vision du Canada.
Glossaire
Dimension biologique du mot "sexe"- La dimension
biologique renvoie à l'ensemble des caractéristiques biologiques
comme l'anatomie (p. ex., la taille et la conformation
corporelles) et la physiologie (p. ex., l'activité hormonale
et le fonctionnement des organes). Ces caractéristiques diffèrent
chez les hommes et les femmes et il faudrait que le système
de soins de santé en tienne compte, ce qui n'a pas été fait
souvent jusqu'à présent. Mentionnons à titre d'exemple le
fait que les prothèses, dispositifs ou instruments médicaux,
comme les articulations coxofémorales artificielles et les
instruments servant à effectuer les angioplasties, ont été
conçus en fonction du corps de l'homme, et que l'on s'attendait
à ce qu'ils conviennent à celui de la femme. Lorsqu'on parle
des deux grands groupes de l'espèce humaine (les hommes et
les femmes), on utilise l'expression « sexes » (p. ex.,
les essais cliniques comprennent les deux sexes).
Il semblerait que l'expérience d'une position sociale
donnée doit être différente pour les hommes et pour les femmes,
et ce, de façon telle qu'il est impossible d'en rendre compte
par les simples mesures de la classe, du revenu du ménage,
de l'état civil et de l'emploi. 29
Dimension sociale du mot "sexe" - La dimension
sociale renvoie à l'ensemble des rôles, des traits de personnalité,
des attitudes, des comportements et des valeurs socialement
déterminés, de même qu'aux pouvoirs et aux influences relatifs
que la société attribue aux deux sexes sur une base différentielle.
Les questions de santé, ainsi que les pratiques du système
sanitaire et les priorités qu'il identifie, sont fonction
de normes sexuées, c-à-d. fondées sur les différences sociales
entre femmes et hommes. Par exemple, les femmes sont plus
susceptibles de faire l'objet de violence sexuelle ou physique
fondée sur le sexe, d'avoir de faibles revenus, d'être monoparentales,
d'être exposées à certains risques et menaces pour la santé
(p. ex., accidents, MTS, suicide, tabagisme, abus de substances,
médicaments de prescription, inactivité physique); souvent
ces questions sont abordées sans tenir compte des différences
sociales entre les femmes et les hommes. L'adoption de mesures
visant à éliminer les inégalités et les partis pris fondés
sur le sexe au sein et à l'extérieur du système de santé améliorera
la santé de la population.
N.B. Les caractéristiques biologiques influent sur les
caractéristiques sociales et vice versa. Par exemple, les
rôles attribués traditionnellement aux sexes influent sur
la nature et la portée de la violence entre les hommes et
les femmes, mais les différences entre les sexes pèsent également
dans la balance, car les femmes sont habituellement plus petites
et moins fortes physiquement que les hommes. Les dimensions
sociale et biologique agissent l'une sur l'autre.
Analyse comparative entre les sexes - Ce processus
consiste à examiner les politiques et les programmes pour
en évaluer les répercussions réelles ou possibles sur les
hommes et sur les femmes.
Certains des secrets les mieux gardés de la longévité et
de la bonne santé se trouvent dans les conditions sociales,
économiques et culturelles 30
L'analyse comparative entre les sexes est une approche fondée
sur des données probantes qui mène à l'élaboration de programmes
et de politiques non discriminatoires à l'égard du sexe, compris
dans sa dimension sociale ou biologique. Elle permet de faire
en sorte que les circonstances économiques, politiques, sociales
et biologiques particulières aux filles et aux garçons, ou
aux femmes et aux hommes, soient prises en compte. Elle met
en évidence certains problèmes comme la sous-représentation
des femmes dans le processus décisionnel ou l'absence des
femmes dans le domaine de la recherche. De la même façon,
elle peut mettre en lumière un déséquilibre dans le traitement
des questions de santé qui touchent les hommes.
Santé de la population - Le document intitulé
« Stratégies d'amélioration de la santé de la population
- Investir dans la santé des Canadiens » définit la santé
de la population comme une approche axée sur l'amélioration
de la santé de la population, qui diffère des approches traditionnelles
axées sur les soins médicaux et les soins de santé de deux
façons : (1) une stratégie d'amélioration de la
santé de la population s'intéresse à tous les déterminants
de la santé, alors que l'approche traditionnelle axée sur
les soins de santé met l'accent sur les facteurs de risque
et les éléments cliniques particuliers aux diverses maladies.
La santé n'est pas seulement déterminée par le type de soins
et de services fournis, mais également par des facteurs sociaux
et économiques comme la situation sociale, le revenu, le niveau
d'instruction, le développement durant l'enfance et les soutiens
sociaux, lesquels sont couramment désignés « déterminants
de la santé »; (2) les soins de santé s'appliquent à
une personne à la fois, habituellement à une personne qui
a déjà un problème de santé ou qui court fortement le risque
d'en avoir un. Les stratégies d'amélioration de la santé de
la population s'appliquent à une population entière.
Références
- Statistique Canada. Conjoncture démographique :
Rapport sur l'état de la population au Canada, 1997,
no de catalogue 91-209-XPF, juin 1998.
- Kathryn Wilkins. « Causes de décès », Tendances
sociales canadiennes, Statistique Canada, été 1996.
- Institut national du cancer du Canada. Statistiques
canadiennes sur le cancer, 1997, no de
catalogue 82F000088-XPF, tableau 10.
- Ibid., p. 65.
- Statistique Canada. Indicateurs sur la santé, loc.
cit., no de catalogue 91-209 XPF, p. 77.
- Vivienne Walters, Rhonda Lenton et Marie Mckeary.
La santé des femmes dans le contexte de la vie des femmes,
Santé Canada, 1995, p.6.
- Santé Canada. Rapport sur la santé des Canadiens et
des Canadiennes, Annexes techniques, p. 327. (Source :
Statistique Canada, Enquête nationale sur la santé de la
population, 1994-1995.)
- Karen Pugliese. « Women and Mental Health: Two
Traditions of Feminist Research », Women and Health,
vol. 19, nos 2 et 3, 1992, p. 44.
- Des données de Statistique Canada révèlent que dans tous
les groupes d'âge, la prévalence de la dépression est plus
élevée chez les filles et chez les femmes. (Source :
Enquête nationale sur la santé de la population,
Statistique Canada, site Web : http:/www.statcan.ca).
- Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme.
J'ai des choses à dire... écoutez-moi! Sondage auprès des
adolescentes du Canada, mars 1992, p. 14,
15 et 89.
- Santé Canada. Rapport sur la santé des Canadiens et
des Canadiennes. Annexes techniques, loc. cit.,
p. 323 (fondé sur les Indicateurs sur la santé,
Statistique Canada, 1994).
- Santé Canada. Rapport sur la santé des Canadiens et
des Canadiennes. Annexes techniques, loc. cit.,
p. 363.
- Santé Canada. Un effort conjoint pour la santé mentale
des femmes, 1993, p. 36.
- M. Irwin. « Stress-Induced Immune Supression.
Role of the Autonomic Nervous System », Annals of
New York Academy of Sciences., 697: 203-18, 1993.
- I. Broverman, D. Broverman, P. Clarkson,
P. Rosinkrantz, et S. Vogel. « Sex-Role Stereotypes
and Clinical Judgments of Mental Health », Journal
of Consulting and Clinical Psychology, 34, 1970,
p. 1-7 (cité dans Anne Oakley, Essays on Women,
Medicine and Health, Edinburgh University Press, 1993,
p. 25).
- Vivienne Walters et al. La santé des femmes dans le
contexte de la vie des femmes, loc. cit., p. 5.
- Santé Canada. Rapport sur la santé des Canadiens et
des Canadiennes. Annexes techniques, loc. cit., p. 350.
- L'Enquête nationale sur la santé de la population de 1994-1995
signale que chez les 12 à 14 ans, 27 % des filles et
14 % des garçons ont indiqué qu'ils tentaient de perdre
du poids.
- Selon le National Eating Disorder Information Centre
(créé en 1995), au Canada, de 80 à 90 % des femmes
sont insatisfaites de leur image et 66 % d'entre elles
ont « éprouvé » des problèmes de boulimie. Il
est particulièrement déroutant de constater que plus de
la moitié des jeunes filles de quatrième année considèrent
avoir un excédent de poids et un grand nombre parmi elles
suivent un régime d'amincissement (chez les filles de neuf ans,
le taux est de 50 %, chez celles de dix ans, il
est de plus de 80 %), selon la faculté des sciences
infirmières de l'UNB (4 février 1996).
- Kathryn Wilkins. loc. cit., p. 15.
- Karen Messing, Women's Occupational Health: A
Critical Review and Discussion of Current Issues, document
commandé pour le Forum du Canada et des États-Unis sur la
santé des femmes, août 1996, p. 7, par. 34.
- Le VIH et le sida au Canada : Rapport de surveillance
en date du 30 juin 1998, Laboratoire de lutte contre
la maladie, novembre 1998, p. 1.
- Kinnon, D. et Hanvey, L. Health Aspects of Violence
Against Women, document commandé pour le Forum du Canada
et des États-Unis sur la santé des femmes, août 1996.
- Santé Canada. Enquête sur le tabagisme chez les jeunes,
1996, feuillet de renseignements no 1, p. 1.
- Statistique Canada. Portrait statistique des femmes
au Canada, troisième édition, 1995, p. 90.
- UNICEF. Le progrès des nations, 1996, p. 8
et 9.
- OCDE. Les Systèmes de santé des pays de l'OCDE :
Faits et tendances, 1993.
- Santé Canada. La santé des femmes au Canada :
les femmes se prononcent. Résumé des travaux des groupes
de consultation sur les questions de santé des femmes du
Canada, 1996.
- Jennie Popay et al. « Gender Inequalities in Health:
Social Position, Affective Disorders and Minor Physical
Morbidity », Social Science and Medecine, vol.
36, no 1, 1993, p. 31.
- Robert G. Evans, Morris L. Barer & Theodore R. Marmor,Why
Are Some People Healthy and Others Not?, Aldine de Gruyter,
New York, 1994, p. 322
|