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Au début de l'année, la Division
du vieillissement et des aînés et le Centre de mesures et d'interventions d'urgence de l'Agence de santé publique du Canada (ASPS) ont
tenu une réunion sur invitation à Toronto regroupant des spécialistes nationaux et internationaux. Les discussions ont porté sur les
mesures d'urgence et les aînés. Le groupe était composé de représentants des divers gouvernements, d'organismes non gouvernementaux et de
personnes âgées.
Au cours de la réunion, des représentants du Réseau canadien de la santé ont eu l'occasion de s'adresser à plusieurs participants.
Leurs commentaires sont inclus dans le présent article.
Tout le monde est vulnérable dans une situation d'urgence ou lors d'un désastre. Toutefois, les enfants, les aînés et les personnes
vivant avec une incapacité le sont encore plus.
Les personnes âgées sont particulièrement à risque lors d'événements catastrophiques. Mais heureusement, un grand nombre d'entre elles
peuvent également faire d'énormes contributions à la planification et aux interventions en cas d'urgence.
Les exemples suivants démontrent bien à quel point des récentes catastrophes ont été particulièrement difficiles, dans certains cas
dévastatrices, pour les aînés.
Printemps 2003 La crise du SRAS à Toronto oblige la mise en quarantaine de milliers d'aînés vivant dans des établissements de
soins de longue durée.
Été 2003 L'horrible canicule qui s'abat sur la France a des répercussions dévastatrices sur les aînés. De nombreuses personnes âgées de
la région parisienne en meurent.
Août 2003 Une panne de courant massive touchant de nombreuses régions de l'Amérique du Nord plonge des milliers d'aînés vivant seuls dans
le noir.
Été 2005 L'ouragan Katrina paralyse la Nouvelle-Orléans et 75 % des morts sont des personnes âgées.
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Les désastres se multiplient dans le monde
Au cours des dix dernières années, on a assisté à la multiplication du nombre et de l'intensité des catastrophes naturelles ou causées
par l'homme. Le document publié à l'issue de la Conférence
mondiale pour la réduction des désastres de 2005 (en anglais seulement) souligne que durant cette période, 478 100 personnes ont trouvé
la mort alors que plus de 2,5 milliards ont souffert de conséquences néfastes. On a également chiffré la perte économique à environ 690
milliards de dollars US.
Parmi les désastres naturels les plus récents, on recense les tremblements de terre en Indonésie et au Pakistan, l'ouragan Katrina et le tsunami en Asie du Sud.
Le Canada n'a pas été épargné non
plus. On se souviendra des feux de forêt qui ont sévi en Colombie-Britannique et de la tempête de verglas qui a touché l'Est de l'Ontario
et le Québec. Les autres types de désastre comprennent, en autres, les déversements toxiques, les accidents nucléaires, les pannes de
courant, le terrorisme et les urgences en matière de santé, comme la pandémie de la grippe anticipée.
Un groupe diversifié qui augmente en nombre
Partout au monde, la population vieillit
rapidement. Une personne sur dix est maintenant âgée de 60 ans ou plus. D'ici 2050, on en dénombrera une sur cinq et d'ici 2150, une
sur trois. Au Canada, 23 % de la population sera
âgée de plus de 65 ans d'ici 2031.
Le terme aînés englobe un grand nombre de personnes de 65 ans et plus, dont les capacités, les circonstances et le niveau
d'autonomie sont tout aussi variés que dans les autres groupes d'âge de la population canadienne. Les aptitudes de chaque personne varient
beaucoup et sont rarement liées à l'âge chronologique. Certains ne sont pas bien à 60 ans, alors que d'autres de 90 ans sont très actifs.
Que peut-il arriver aux aînés dans des situations d'urgence?
Malgré le nombre croissant de personnes âgées dans notre société, certaines d'entre elles doivent relever des défis particuliers qui
seront aggravés dans une situation d'urgence.
- Difficultés physiques
De nombreuses personnes âgées ont une incapacité physique ou une maladie qui réduit leur mobilité et leur agilité. Selon la Division du
vieillissement et des aînés, environ la moitié des Canadiens
de 85 ans ont au moins une incapacité liée à la vision, à l'audition, aux facultés cognitives, à la mobilité ou à la dextérité manuelle.
En situation d'urgence, il peut être difficile, voire impossible, pour certains aînés d'évacuer un bâtiment rapidement s'ils se déplacent
en fauteuil roulant ou à l'aide d'une marchette. Ceux qui ont des problèmes d'audition, de vision ou de compréhension ne pourront peut-être
pas suivre les consignes d'urgence. Il serait donc souhaitable d'instaurer des mesures spéciales pour s'assurer que les aînés puissent
évacuer un lieu de façon sécuritaire et recevoir les soins adéquats en cas d'urgence.
- Conditions de vie
De nombreux aînés ne vivent pas avec leur famille. Il se peut donc fort bien que ceux qui sont isolés et qui n'ont pas de
réseau
social n'aient aucune aide en situation de crise.
Par exemple, si les systèmes de transport et de communication sont en panne, et que les services de soins à domicile cessent soudainement,
les aînés qui n'ont ni famille ni soutien communautaire peuvent être pris au dépourvu, sans nourriture ni soins médicaux et sans savoir
comment obtenir de l'aide. Il importe donc de recenser les aînés d'une collectivité et de les mettre en contact avec les services sociaux
et de santé d'urgence pour qu'ils disposent de l'aide voulue en cas de crise.
- Problèmes financiers
Les aînés à faible revenu sont particulièrement vulnérables. Un récent rapport
du Conseil consultatif national sur le troisième âge affirme que de nombreux Canadiens âgés vivent dans la pauvreté, ou sur le seuil de
la pauvreté. Il s'agit surtout de personnes seules, des femmes de plus de 80 ans, de minorités visibles et d'immigrants. Un grand nombre
dépendent des programmes d'aide sociale et d'hébergement, des banques d'alimentation, de l'assurance médicaments et des centres de jour.
Lors d'une situation d'urgence, ces programmes ne sont pas disponibles pendant une certaine période de temps. En outre, les personnes
âgées sont moins susceptibles d'avoir recours aux services temporaires, comme le transfert dans une autre collectivité ou à un hôtel. Les
aînés ont donc des besoins particuliers en matière de santé et de services sociaux d'urgence. Nous savons toutefois par expérience qu'ils
hésitent souvent à faire appel aux services disponibles et demeurent vulnérables.
- Place dans la société
Les recherches coordonnées par HelpAge International ont établi que malgré les protocoles internationaux, on accorde encore peu
d'importance et de priorité aux aînés en situation d'urgence.
« Les gens âgés peuvent être invisibles. Dans certains cas, cette invisibilité est fondée sur l'ignorance, le manque d'information »,
déclare Alex Kalache de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
La force des aînés dans les situations d'urgence
Les personnes âgées ne sont pas toutes vulnérables. En fait, la plupart d'entre elles ont une expérience de vie qui peut les aider,
ainsi que leur collectivité, à se préparer à réagir adéquatement dans les situations d'urgence ou lors de catastrophes. Dans bien des cas,
elles ont acquis une grande force émotionnelle en raison des nombreux revers qu'elles ont essuyés au fil des ans.
« Les aînés peuvent être de véritables leaders lors de désastres », déclare Kym Martin du Centre de mesures et
d'interventions d'urgence de l'Agence de santé publique du Canada. « Ils peuvent non seulement faire preuve de leadership, mais également
d'incroyables compétences. »
Son collègue, le Dr Dave Hutton, ajoute « Les aînés d'une collectivité ont plus d'une corde à leur arc et cumulent l'expérience et
la sagesse ».
Ce que peuvent offrir les aînés
- Compétences et temps
De nombreuses personnes âgées peuvent offrir leurs connaissances et leurs compétences pour aider les collectivités à reconstruire leurs
infrastructures et à se relever à la suite d'une situation de crise ou d'une catastrophe. Elles font du bénévolat dans des organismes.
Elles préparent et livrent de la nourriture, offrent un service de transport aux aînés qui ont de la difficulté à se déplacer ou prêtent
main-forte à la reconstruction de maisons après une inondation ou un ouragan.
- Réseaux communautaires
Selon l'Institut
Vanier de la famille, 19 % des aînés participent à des activités bénévoles officielles et 23 % offrent des soins non rémunérés à
d'autres personnes âgées. D'autres participent en grand nombre aux organismes locaux qui offrent de l'aide aux divers groupes communautaires.
Les
aînés déclarent également avoir un sentiment d'appartenance assez fort à l'égard de leur collectivité. Grâce à leurs réseaux, ils
distribuent de la nourriture, visitent leurs voisins et se chargent de transporter des gens à leurs rendez-vous médicaux, entre autres.
- Perspective
« Les personnes âgées ont vécu tellement de choses qu'elles ont tendance à être moins alarmistes que les plus jeunes. Par exemple,
certaines se rappellent même de la dernière pandémie de grippe », explique Dianne Scoffield, coordonnatrice du programme de gestion
des situations d'urgence au ministère des Services sociaux et communautaires de l'Ontario.
Faire participer les aînés à la planification
Si l'on veut protéger les aînés et la population en général contre les répercussions d'une catastrophe, il faut concentrer nos efforts
sur l'établissement de collectivités saines dans lesquelles les aînés jouent un rôle actif dans la planification et la prise de décisions.
Le Dr Dave Hutton de l'Agence de santé publique du Canada parle de l'importance d'engager la participation des aînés dès le
début. « Il n'est pas efficace de dire tout simplement aux aînés qu'il est temps de se préparer pour la prochaine urgence. Il faut
les faire participer activement au processus de planification. »
Val Alcock est d'avis que les collectivités doivent d'abord identifier les personnes âgées de chaque quartier pour pouvoir les rejoindre
en cas d'urgence. Elle cite en exemple la collectivité de Nanaimo où elle vit en Colombie-Britannique, qui a mis sur pied un programme de
visites par téléphone. Non seulement ce programme aide-t-il les gens à combattre la solitude, mais il permet de les lier entre eux dans les
situations d'urgence.
La plupart des gens conviennent que la communication avec un groupe aussi diversifié que celui des aînés nécessite une approche à
multiples facettes. Certaines personnes âgées utilisent Internet régulièrement, alors que d'autres n'ont jamais touché à un ordinateur. Il
est évident qu'aucun modèle unique ne saurait répondre aux besoins de tous les aînés. L'approche doit plutôt refléter les contributions et
les besoins des aînés de chaque collectivité.
Le Canada chef de file en la matière
Le Canada accorde de plus en plus d'importance aux aînés et aux mesures d'urgence et d'interventions. Le travail de collaboration avec
des partenaires internationaux a amené les responsables à reconnaître qu'il est essentiel de préparer les personnes âgées et les autres
populations vulnérables à affronter une catastrophe ou une situation d'urgence et à réagir de façon adéquate.
Alex Kalache de l'Organisation mondiale de la Santé félicite le Canada pour le rôle qu'il a joué. « La multiplication des
désastres naturels et le nombre croissant de personnes âgées de plus en plus vulnérables ne signifie qu'une chose : nous devons élaborer
davantage de politiques pour les protéger. C'est sur ce point que le Canada a fait preuve de vision… il a fait en sorte de prévenir les
problèmes pour une population vulnérable tout en respectant la force des personnes âgées. »
Au printemps 2006, l'organisme caritatif britannique Help the Aged, qui lutte pour aider les aînés désavantagés du Royaume-Uni et de
l'étranger à se libérer des problèmes de pauvreté, d'isolement et de négligence, a octroyé son Prix annuel international de 2006 à l'Agence
de santé publique du Canada, par l'entremise de sa Division du vieillissement et des aînés. Le prix, remis par la Reine, a été accepté par
Magaret Gills, directrice de la Division du vieillissement et des aînés de l'Agence, dans le cadre des célébrations visant à honorer le
80e anniversaire de naissance de la Reine. Margaret Gills a déclaré que « pour être efficace, nous devons travailler avec
divers organismes qui viennent en aide aux aînés, y compris le secteur de la santé, le gouvernement et les organismes sociaux et bénévoles.
En collaborant avec des partenaires canadiens et étrangers, nous comprendrons mieux les enjeux et apprendrons des expériences passées. »
« Le pays qui défendra la cause du vieillissement à l'aube du XXIe siècle démontrera au monde entier une vision et un leadership dans
le secteur de la santé publique pour des années à venir. L'OMS reconnaît avec gratitude le rôle qu'assume le Canada à cet égard », a
déclaré Alex Kalache.
Ce que peuvent faire les aînés pour se préparer à affronter les situations d'urgence
Sécurité
publique et Protection civile Canada a diffusé des renseignements complets pour aider la population canadienne à se préparer en cas
d'urgence et de désastre dont, entre autres, les documents suivants : Comment
préparer sa maison et quoi mettre dans une trousse d'urgence.
Liste de vérification
Catastrophe! est
une nouvelle ressource du Conseil
consultatif national sur le troisième âge. Elle énumère les étapes
pratiques à suivre pour se préparer contre toute catastrophe.
L'État de la Floride, qui a participé à la réunion de Toronto, a été balayé par de nombreux ouragans au cours des dernières années. Son
message? Informer les aînés de s'attendre à être seuls pendant au moins trois jours à la suite d'une catastrophe.
Dans la liste de vérification de l'État de la Floride, les éléments suivants s'adressent plus particulièrement aux personnes âgées :
- des fournitures pour les personnes qui souffrent d'incontinence;
- de bons gants résistants, surtout pour les personnes en fauteuil roulant;
- des fournitures pour animaux de compagnie ou de service, le cas échéant.
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