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La santé mentale des hommes : une crise qui passe sous silence
 
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On parlait, jusqu'à récemment, d'une crise en veilleuse, d'un problème qui passait sous silence. Heureusement, depuis quelque temps on accorde un peu plus d'attention à ce sujet. En effet, un peu partout dans le monde, des recherches, des enquêtes, des réseaux informatiques, des périodiques et des articles de journaux jettent de la lumière sur la question nébuleuse de la santé mentale des hommes.

Certaines recherches ont révélé que les nouveaux papas peuvent aussi souffrir de dépression post-partum. Au Canada, de plus en plus d'hommes, qu'ils soient jeunes ou d'âge moyen, sont hospitalisés pour cause de schizophrénie. L'écart entre les sexes est beaucoup moins important qu'on ne l'aurait cru. L'enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de Statistique Canada, et plus particulièrement sur la santé et le bien-être mental, a révélé que 10 % des hommes qui ont participé au sondage souffraient des maladies mentales ou de dépendances sur lesquelles portait l'enquête, contre 11 % des femmes. Au Royaume-Uni, les études menées sur la dépression dévoilent un changement de cap important quant au déséquilibre traditionnel entre les sexes. En effet, il semblerait aujourd'hui que le taux de dépression connaisse une hausse chez les hommes et une baisse chez les femmes.

Les statistiques sur le suicide en disent long sur la vulnérabilité de la gent masculine. Parmi la population canadienne de tout âge, quatre suicides sur cinq sont commis par des hommes. Au Royaume-Uni, ils sont trois fois plus susceptibles que les femmes de s'enlever la vie. Depuis 1991, en Nouvelle-Galles du Sud, Australie, le suicide est la première cause de décès chez les hommes et fait plus de victimes que les accidents de voiture.



Signes de la dépression
La dépression devient une maladie, ou une dépression clinique, lorsque les symptômes décrits ci-dessus sont graves, durent plusieurs semaines et finissent par nuire au travail et à la vie sociale d'une personne. La dépression peut changer le raisonnement et le comportement d'une personne, ainsi que ses fonctions corporelles. Voici quelques-uns des signes à surveiller :
  • sentiment d'inutilité, d'impuissance et de désespoir;
  • tendance à dormir davantage ou moins que d'habitude;
  • tendance à manger davantage ou moins que d'habitude;
  • difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions;
  • manque d'intérêt à participer à des activités;
  • diminution de la libido;
  • tendance à éviter les autres;
  • sentiments accablants de tristesse ou de chagrin;
  • sentiments de culpabilité déraisonnables;
  • perte d'énergie, épuisement;
  • pensées morbides ou suicidaires.
Si vous, ou une de vos connaissances, présentez certains de ces symptômes, nous espérons que le dépliant ci-dessous vous aidera à comprendre votre situation et vous encouragera à obtenir de l'aide professionnelle.

La dépression et la maniaco-dépression
Pourquoi les hommes ne demandent pas d'aide

Selon le Toronto Men's Health Network (TMHN), le concept de la « santé masculine » est relativement nouveau au Canada. Le Dr Don McCreary, co-président du TMHN, rédacteur adjoint de l'International Journal of Men's Health et l'un des rares scientifiques à se pencher sur la recherche en matière de santé masculine au Canada, affirme que cela s'explique de diverses façons.

D'une part, les problèmes de santé des hommes n'ont pas la priorité dans le milieu de la recherche. En augmentant le financement et le nombre de spécialistes, on favoriserait sûrement la recherche continue dans le domaine.

D'autre part, l'attitude des hommes et de la société encourage le silence. « Le mouvement des femmes a été très autogéré, explique le Dr McCreary. Elles se sont réunies pour trouver des solutions à leurs problèmes de santé. Les hommes hésitent à emprunter cette voie. L'image de l'homme fort est ancrée dans notre culture et nous ne tolérons guère toute déviation de cet idéal masculin. La faiblesse ne fait pas partie des vertus masculines. »

Le « code » régissant le comportement masculin est l'un des principaux obstacles qui empêchent les hommes de demander de l'aide. Selon le site MaleHealth.com (Royaume-Uni), les hommes s'imaginent manquer de « courage et de virilité » s'ils avouent leurs sentiments de désespoir. Ils parlent plus aisément de leurs problèmes physiques et, dans bien des cas, leurs troubles mentaux ne sont pas diagnostiqués.

Certaines convictions au sujet de la virilité incitent également les hommes à ne pas se soucier de leurs problèmes de santé. Bon nombre d'entre eux ne croient tout simplement pas qu'ils peuvent souffrir de dépression. Ils ne voient donc pas l'utilité de s'informer à ce sujet. De la même façon, les comportements à risque, que l'on observe surtout chez les jeunes hommes (abus d'alcool, de drogues et violence) peuvent masquer des problèmes d'ordre émotif, souvent à leur insu et à l'insu du médecin.

La société occidentale a une opinion très arrêtée sur la valeur des hommes et ce facteur influence grandement leur santé mentale. Une étude australienne suggère « que notre culture perçoit de façon très négative tout homme qui n'arrive pas à maintenir une bonne santé mentale... ».

Une meilleure représentation du rôle de père et de partenaire aiderait les hommes à surmonter une séparation et l'éloignement complet de leurs enfants. Par ailleurs, le sentiment d'isolation sociale qu'ils ressentent dans ces situations pourrait en partie expliquer le taux élevé de suicide chez les divorcés.

Les hommes et la dépression

Qu'ont en commun un pompier, un policier, un sergent en chef de l'Armée de l'air américaine, un universitaire et un éditeur? Ce sont tous des hommes qui ont souffert d'une grave dépression. Ils ont accepté de raconter leur histoire dans le cadre de la campagne « Real Men. Real Depression » lancée par le National Institute for Mental Health.

On estime qu'environ six millions d'Américains souffrent de dépression chaque année, soit près de la moitié du nombre de femmes. Toutefois, tant aux États-Unis qu'ailleurs, on s'interroge sur cet écart. Dans les groupes de consultation organisés par la NIMH, « les hommes ont décrit leurs symptômes de dépression sans se rendre compte qu'ils étaient déprimés ». Ils n'ont fait aucun lien entre leur santé mentale et leurs symptômes physiques : maux de tête, problèmes de digestion et douleur chronique.

Le Dr Michael Myers a remarqué la même tendance. « Je ne m'acquitterais pas de mes tâches de psychiatre convenablement si je n'écoutais pas les femmes qui me font part de leurs inquiétudes concernant les hommes. » Psychiatre et professeur clinicien au Département de psychiatrie de l'Université de la Colombie-Britannique, il ajoute : « La maladie mentale chez les hommes peut être camouflée. Nous savons depuis des décennies que les femmes savent davantage reconnaître les signes avant-coureurs d'une maladie et n'hésitent pas à consulter leur médecin. Cela ne signifie pas qu'elles sont en meilleure santé, mais plutôt que certains hommes ont tendance à ignorer leurs symptômes. Nous croyons que bon nombre de troubles de somatisation [symptômes] chez les hommes, comme la migraine, les maux de dos et le syndrome du colon irritable, sont attribuables à la dépression. »

Les conséquences peuvent être dévastatrices. « Beaucoup trop d'hommes souffrent. Leurs agissements trahissent leur état dépressif », ajoute le Dr Myers. La dépression se présente sous diverses formes : hostilité, irritabilité, violence verbale, abus, consommation excessive d'alcool et fréquentations amoureuses immodérées. Les Canadiens peuvent obtenir plus d'information sur la dépression en communiquant avec leur filiale locale de l'Association canadienne pour la santé mentale ou pour obtenir le numéro de la ligne d'écoute téléphonique de leur région.

« Dans les cas de séparation, il existe une forte corrélation entre la santé mentale de l'homme et la façon dont se déroule le divorce, déclare le Dr Myers, directeur de la clinique de thérapie conjugale à l'hôpital St. Paul à Vancouver. Lorsque les enfants font partie de l'équation, et qu'une relation continue est maintenue, le père s'adapte mieux aux changements. À l'inverse, si la scission est définitive, les hommes deviennent suicidaires. »

MaleHealth.com fait également remarquer qu'ajoutés à la génétique et au stress, les facteurs sociaux et psychologiques peuvent contribuer à la dépression masculine. L'importance que les hommes accordent à la concurrence et au pouvoir peut être ébranlée par le chômage et la présence de femmes dans le milieu du travail. La maladie, particulièrement si elle est potentiellement mortelle, est un autre déclencheur de dépression étant donné qu'elle a un impact direct sur le sentiment de force et le statut social de l'homme.

Regard vers l'avenir

La tendance veut que l'on sensibilise davantage la population à la vulnérabilité des hommes à la dépression et cela afin « d'aider à enrayer les stigmates sociaux associés à la maladie mentale », déclare le Dr McCreary.

Des mesures précises ont été mises à l'épreuve. Une étude menée en Australie a démontré qu'une liste de questions réservée uniquement aux hommes et conçue pour surmonter leur réticence et combler le manque d'information au sujet de leur santé mentale a été utilisée avec succès par certains médecins et a encouragé 60 % de leurs patients à parler de leurs problèmes.

Les organismes nationaux voués à la santé des hommes mis sur pied aux États-Unis, en Australie, au Royaume Uni et en Europe deviennent progressivement des pivots de la recherche sur la santé des hommes. L'absence d'information à ce sujet favorise l'acquisition de renseignements plutôt que l'analyse comparative entre les sexes.

Les campagnes promotionnelles, les sites Web, les périodiques et les réseaux de consultation voués à la santé mentale des hommes brisent le silence qui a longtemps plané sur le sujet. Malgré tout, il reste encore bien du chemin à faire avant que nos connaissances sur la santé mentale des hommes égalent celles que nous avons acquises sur les femmes.

 
  Publié le 1er février 2004
  CreditCet article a été rédigé par l'Association canadienne pour la santé mentale, affilié du RCS responsable du volet Santé mentale.

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