Les soins à la mère et au nouveau-né dans une
perspective familiale : lignes directrices nationales
CHAPITRE 7
L'allaitement
Introduction |
Période prénatale |
Choix éclairés |
Examen des seins |
Les premiers jours de la période postnatale |
Favoriser le succès de l'allaitement dès le début |
Comment savoir si le bébé boit suffisamment |
Quand obtenir de l'aide |
Régime alimentaire de la mère qui allaite |
Séjour abrégé à l'hôpital |
Incidence sur l'allaitement |
Critères suggérés pour le congé de l'hôpital
et lignes directrices pour le suivi |
Difficultés possibles |
Ictère néonatal |
Raisons médicales acceptables de donner un supplément |
Situations spéciales |
Médicaments et lait maternel |
Période postnatale tardive |
Raisons motivant l'arrêt précoce de l'allaitement |
Suppléments en vitamines et en minéraux |
Travail rémunéré à l'extérieur
du foyer |
Le sevrage |
Services de soutien pour le suivi |
Bibliographie |
Annexe 1 Les dix conditions pour le succès de l'allaitement |
Annexe 2 Résumé du code international de commercialisation
des substituts du lait maternel |
Annexe 3 Directives aux hôpitaux pour la mise en uvre
de l'Initiative des hôpitaux amis des bébés
(IHAB) |
Annexe 4 Les dix conditions pour la création de collectivités
amies des bébés |
Annexe 5 Ressources sur la nutrition des nourrissons: guide d'évaluation |
Annexe 6 Directives pour la collecte de données sur l'allaitement |
Annexe 7 L'allaitement pendant les premières semaines |
Annexe 8 Extraction et conservation du lait maternel |
Annexe 9 Les dix conditions pour la création d'un milieu
de travail ami des mères |
|
Introduction
L'allaitement est un mode inégalable et normal d'alimentation
du nouveau-né et du jeune enfant. Il est préférable
d'alimenter le nouveau-né au sein exclusivement durant les
six premiers mois environ, puis de continuer l'allaitement en ajoutant
graduellement des aliments complémentaires au moins jusqu'à
l'âge de deux ans ou plus. (Comité canadien pour l'allaitement,
1996; Assemblée mondiale de la santé, 1994; OMS/UNICEF,
1990, 1989, 1981).
Depuis 1978, la promotion de l'allaitement est devenue un des objectifs
principaux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de
l'UNICEF et de Santé Canada. Des organismes nationaux et provinciaux
du Canada ont appuyé les efforts déployés par l'OMS
et l'UNICEF pour promouvoir l'allaitement au moyen de normes
internationales qui ont été reproduites, notamment, dans
les documents suivants: le Code international de commer-cialisation
des substituts du lait maternel (OMS/UNICEF, 1981); l'énoncé
conjoint Protection, encouragement et soutien de l'allaitement
maternel (OMS/ UNICEF, 1989); la Déclaration d'Innocenti
sur la protection, la promotion et le soutien de l'allaitement maternel (OMS/UNICEF, 1990); et l'Initiative des hôpitaux
amis des bébés (OMS/UNICEF, 1992). Les dix conditions
pour le succès de l'allaitement de l'OMS/UNICEF
et le Code de l'OMS (consulter les annexes 1 et 2) s'appuient
sur des preuves scientifiques (Neilson et coll., 1998; Saadeh et Akre,
1996) et sont à l'origine de l'Initiative des hôpitaux
amis des bébés, mise en place dans plus de 12800 hôpitaux
dans le monde. En outre, un grand nombre d'organismes canadiens de
la santé ont sanc-tionné les documents précités
(Association des hôpitaux du Canada, 1994, Association des hôpitaux
de l'Ontario, 1994). L'hôpital Brome-Mississiquoi-Perkins,
de Cowansville (Québec), a été le premier au Canada
à être désigné hôpital ami des bébés,
en 1999 et, au moment d'aller sous presse, il était encore
le seul hôpital canadien à porter ce titre. L'annexe
3 décrit les conditions qu'un hôpital doit remplir pour
avoir droit à ce titre. Des organismes nationaux et provinciaux,
sous l'égide du Comité canadien pour l'allaitement
(1996), souhaitent que la désignation d'hôpitaux soit
prioritaire au Canada (Levitt, 1998; Chalmers, 1997; Levitt et coll.,
1996).
- Le chapitre est une adaptation autorisée du document Lignes
directrices nationales sur l'allaitement maternel à l'intention
des intervenants et des intervenantes en soins de la santé,
publié en 1996 par l'Institut canadien de la santé
infantile (ICSI). Ces lignes directrices sont une source de renseignements
détaillés pour les intervenants qui travaillent auprès
des familles avant la conception, durant la période périnatale
et la petite enfance. Le chapitre souligne les principaux enjeux de
l'allaitement liés aux politiques administratives, aux pratiques
et aux systèmes de soins. On recommande aux intervenants de la
santé de lire tout le document.
De nombreux facteurs influencent les décisions des familles en
matière d'alimentation et d'allaitement maternel. Les
intervenants de la santé qui entretiennent d'étroits
contacts avec les familles durant toute la période périnatale
et qui exercent une influence sur les politiques et les pratiques des
soins de santé sont en mesure d'apporter une importante contribution
aux efforts de promotion de l'allaitement à l'échelle
mondiale. Le rôle crucial que jouent les connaissances, les compétences
et la formation des intervenants en matière d'allaitement
maternel, souligné dans les énoncés de position précités,
est bien illustré dans Les dix conditions pour le succès
de l'allaitement (OMS/UNICEF, 1989). (Consulter l'annexe
1.) La protection, le soutien et la promotion de l'allaitement s'inspirent
des principes directeurs des soins à la mère et au nouveau-né
dans une perspective familiale. Plus précisément, il est
essentiel:
- que les soins soient conformes aux constats de recherche;
- que les soins à la mère soient prodigués dans
le contexte de sa famille c'est-à-dire qu'il
n'y ait pas de séparation entre la mère, le bébé
et la famille
à moins d'absolue nécessité;
- que la mère et sa famille aient les connaissan ces nécessaires
pour faire des choix éclairés. Une mère à
qui l'on témoigne du respect et qui dispose des données
lui permettant de faire des choix éclairés se sent capable
d'assumer ses responsabilités. Les intervenants de la santé
exercent une forte influence sur les mères et les familles;
- que la technologie soit utilisée à bon escient;
- que l'on reconnaisse l'importance du langage (c'est-à-dire
la façon de s'exprimer).
Tous les intervenants de la santé auprès des femmes enceintes
ou de celles qui viennent de donner naissance doivent connaître
la documentation qui démontre les bienfaits de l'allaitement
et les dangers inhérents aux substituts du lait maternel. On trouve
une étude approfondie des bienfaits nutri-tionnels, psychologiques
et immunitaires de l'allaitement dans les Lignes directrices
nationales sur l'allaitement maternel à l'intention des
intervenants et intervenantes en soins de la santé (ICSI,
1996). Pour en apprendre davantage sur la supériorité de
l'allaitement, les intervenants ont intérêt à
consulter deux documents étoffés de l'International
Lactation Consultant Association
(ILCA): Summary of the Hazards of Infant Formula2 (1992) et Summary of Hazards of Infant Formula, Part 2 (1998).
La prévalence de l'allaitement reflète l'importance
que la société lui accorde (Riordan et Auerbach, 1993).
Il convient de souligner que le manque de valorisation des femmes, des
enfants et de l'allaitement dans une société constitue,
dès le départ, un obstacle fondamental à la réussite
de l'allaitement du bébé. Il est essentiel de concevoir
des politiques, aux plans tant institu-tionnel que communautaire, qui
provoqueront des changements culturels visant à promouvoir l'allaitement
maternel (OMS/UNICEF, 1990). Les intervenants de la santé doivent
promouvoir activement l'élaboration de politi-ques favorables
à l'allaitement; un bon point de départ, par exemple,
est de sanctionner les énoncés du tableau 7.1 présenté
à la page 8.
Les politiques institutionnelles et communautaires doivent tenir compte
des points suivants:
- la formation des intervenants de la santé (ICSI, 1996, p. 10-13);
- l'évaluation du succès de l'allaitement au
tout début par un intervenant compétent, particulièrement
si la mère et le bébé ont reçu un congé
précoce (moins de 48 heures après la naissance);
- les modalités d'un suivi de la part de l'hôpital;
- le soutien de la collectivité;
- la coordination et la collaboration entre les hôpitaux, les
organismes communautaires et les groupes professionnels et non professionnels
pendant la planification, la mise en uvre et l'évaluation
du programme;
- l'élaboration d'objectifs repères et d'un
système pour vérifier s'ils ont été
atteints, y compris des indicateurs, tels que la prévalence des
nouveau-nés nourris exclusivement au sein au moment du congé
des services périnatals, et la prévalence des bébés
âgés de quatre à six mois nourris exclusivement
au sein;
- la protection des droits en matière d'allaitement pour
la femme au travail;
- la conception d'un plan d'action pour mériter le
titre de «hôpitaux amis des bébés» et
de «collectivités amies des bébés».
Ce document explique les dangers des substituts du lait maternel, notamment:
les manifestations d'allergies; la morbidité, comme les infections;
les excès, carences et absences d'ingrédients essentiels
dans les substituts du lait maternel; les polluants; les coûts;
la mortalité et les risques de blessures. Il donne aussi des références
pertinentes.
Tableau 7.1 Faits sur l'allaitement
- Le lait maternel répond à tous les besoins de croissance
du bébé pendant les six premiers mois de vie.
- L'allaitement, auquel s'ajoutent des aliments complémentaires
en temps opportun, est la méthode privilégiée d'alimentation
des bébés durant les deux premières années
et même plus longtemps.
- Les mères bien renseignées sur l'allaitement et
qui croient en ses bienfaits ont plus de chance de succès.
- Tous les intervenants de la santé qui sont en contact avec
les futures familles ont la responsabilité de promouvoir l'allaitement
comme le choix le plus sain tant pour l'enfant que pour la mère.
- Les attitudes et les comportements des intervenants en soins de la
santé peuvent influer sur la décision de la femme d'allaiter
ou non et sur le succès de l'allaitement.
- Les intervenants de la santé peuvent influencer le succès
de l'allaitement s'ils sont au courant des pratiques qui soutiennent
l'allaitement, s'ils sont capables de déceler les problèmes
possibles et s'ils font les interventions appropriées.
- Les connaissances des membres de la famille et du public en général
sur l'allaite-ment, de même que leurs attitudes et leurs
croyances à ce sujet, peuvent influer sur le choix de la mère
et sur son expérience subséquente de l'allaitement.
- Les programmes d'études de premier cycle et les programmes
de perfectionnement à l'intention des intervenants en soins
de la santé auprès des familles en âge d'avoir
des enfants devraient inclure de l'information sur l'allaitement
qui soit à jour et conforme aux normes nationales.
- Le lait maternel est altéré par différentes habitudes
de vie telles que le tabagisme, la consommation d'alcool et l'usage
de drogues douces (appelées aussi substances psychoactives ou
psychotropes).
À l'hôpital, l'allaitement est facilité
par la cohabitation, l'intégration des soins postnatals mère-enfant
ou l'utilisation d'une chambre de naissance réservée
à la mère et à sa famille pour la durée de
son séjour; la prestation des soins par la même infirmière
dans cette optique de soins permet d'optimiser le contact mère-enfant
et d'uniformiser le soutien à l'allaitement.
- La distribution d'échantillons de préparations
lactées et de brochures de fabricants de substituts représente
une pratique de commercialisation déloyale qui nuit au succès
de l'allaitement.
- Une césarienne, la prématurité, les naissances
multiples ou les malformations congénitales ne sont pas nécessairement
des contre-indications à l'allaitement.
- Le matériel éducatif sur l'allaitement doit refléter
la réalité multiculturelle du Canada tant par son contenu
que par la langue utilisée.
Adaptation des Lignes directrices nationales sur l'allaitement
maternel à l'intention des intervenants et intervenantes en
soins de la santé, ICSI, 1996, p. 14.
Pour établir leurs politiques, les institutions peuvent s'inspirer
du document
Les dix conditions pour le succès de l'allaitement et du Code de l'OMS, qui jettent les bases de l'Initiative
des hôpitaux amis des bébés. (Consulter les annexes
1 et 2.) Les politiques des services communautaires peuvent, quant à
elles, s'appuyer sur Les dix conditions pour la création
de collectivités amies des bébés. (Consulter
l'annexe 4.)
Période prénatale
Choix éclairés
La plupart des familles décident dès le début de
la grossesse si la mère allaitera ou non. En fait, cette décision
est souvent prise avant la première visite prénatale ou
le premier cours prénatal. Une décision si précoce
est un bon indicateur du succès de l'allaitement (Santé
Canada, 1994). Un grand nombre de facteurs influencent le choix du mode
d'alimentation, notam-ment l'expérience personnelle,
les connaissances, la culture et l'attitude de l'entourage de
la mère. Les parents choisissent le plus souvent l'allaitement
de préférence aux préparations lactées pour
nourrissons ou au lait de vache parce qu'ils croient que le lait
maternel est meilleur pour la santé de leur enfant (Losch et coll.,
1995). Il arrive cependant que certaines mères prennent leur décision
(ou changent d'avis) pendant la grossesse ou au début
de la période postnatale.
Pendant la grossesse, c'est aux intervenants de la santé
de voir à ce que les familles aient l'occasion de prendre
une décision éclairée quant au mode d'alimentation
de leur enfant. Ils doivent leur expliquer que l'allaite-ment et
les préparations lactées pour nourrissons ne constituent
pas des choix équivalents. Ils doivent s'assurer que les femmes
et les conjoints connaissent les avantages de l'allaitement et les
risques liés à l'utilisation de préparations
pour nourrissons. Certains intervenants évitent peut-être
d'en discuter avec les femmes de peur de susciter des sentiments
de « culpabilité » si elles choisissent de ne pas allaiter.
Pourtant, la promotion de la santé devrait inclure systématiquement
de l'information sur l'allaitement et sur d'autres sujets
tels que les soins prénatals réguliers, l'alimentation
de la mère, les sièges d'auto pour enfants et le tabagisme.
Enfin, après avoir vérifié que les familles ont reçu
une information exacte, les intervenants de la santé doivent respecter
les choix de celles-ci.
Dans ses entretiens avec la mère et la famille durant la période
pré-natale, l'intervenant doit s'intéresser principalement
à leurs besoins propres. Certaines mères et certaines familles
peuvent avoir besoin d'une information détaillée sur
l'allaitement, alors que d'autres n'ont besoin que d'être
soute-nues dans leur décision. D'autres, à cause d'antécédents
de problèmes d'allaitement, peuvent avoir besoin qu'on
s'attarde plus longtemps sur le sujet. (Dans de tels cas, il peut
être utile pour tous de diriger la mère et la famille vers
une spécialiste en allaitement, un membre de la Ligue La Leche,
une consultante en lactation/conseillère en allaitement3, une clinique
ou des services périnatals.) Il faut renseigner toutes les mères
et les familles sur les ressources communautaires susceptibles de les
aider avant et après la nais-sance. Ceci est particulièrement
important, car ce sont surtout les mères nourrices pour qui tout
va bien qui reçoivent généralement du soutien. Lorsque
les professionnels de la santé ne se sentent pas outillés
(ou compétents) pour donner des conseils sur l'allaitement,
ils doivent diriger les mères et les familles vers un des professionnels
ou services précités.
Les nombreux mythes qui entourent l'allaitement peuvent décourager
une femme d'allaiter son bébé. Les intervenants de
la santé doivent prendre le temps d'analyser ces mythes avec
la mère. Voici quelques exemples d'information erronée:
Mythe no 1: Bon nombre de femmes qui choisissent
d'avoir recours à des préparations lactées pour
nourrissons n'ont jamais envisagé l'allaitement comme
premier choix. Le rôle de l'intervenant de la santé
est d'aborder la question de l'allaitement avec la mère.
Mythe no 2: L'allaitement et les préparations
lactées sont essentiellement de qualité équivalente. Cela est faux; l'allaitement est un mode supérieur d'alimentation
du nouveau-né.
Mythe no 3: L'allaitement est compliqué
et douloureux. Il arrive très fréquem-ment que les
mères et les bébés aient besoin d'une ou deux
semaines avant de maîtriser les techniques de l'allaitement.
Cependant, une fois bien établi, l'allaitement est beaucoup
plus facile et moins fatigant que le biberon. L'allaitement ne devrait
jamais être douloureux; si c'est le cas, quelque chose ne va
pas. Dans la plupart des cas, une légère correction de la
position et de la prise du sein supprimera la douleur.
- Les conseillères en allaitement et les consultantes en lactation
agréées offrent les mêmes services. Le terme conseillère
en allaitement désigne ce champ de spécialisation dans
le reste du chapitre.
Mythe no 4: Les pères ne peuvent pas s'occuper
du bébé si la mère allaite. Le père peut
faire beaucoup de choses pour la mère et le bébé.
Par exemple, il peut caresser le bébé, jouer avec lui, lui
donner son bain, l'habiller et le changer de couche.
Mythe no 5: L'allaitement complique la vie
familiale. L'allaitement ne veut pas dire que la « mère
est prisonnière ». Ce n'est qu'une question d'attitude.
Il est plus facile de se déplacer avec un bébé nourri
au sein. En effet, la mère peut allaiter le bébé
n'importe où. Non seulement il lui est possible d'allaiter
«avec discrétion», mais «le repas» est
toujours prêt.
Mythe no 6: Les femmes ne peuvent pas allaiter
si elles ont un emploi. Les femmes peuvent à la fois être
mères et travailleuses rémuné-rées en s'y
prenant de diverses manières. (Consulter la section Travail
rémunéré à l'extérieur du foyer à la page 30.) Il existe différentes stratégies pour
permettre aux femmes de poursuivre l'allaitement tout en retournant
sur le marché du travail six mois ou plus après la naissance
du bébé. Si une femme prévoit une reprise du travail
plus tôt ou se voit obligée de le faire, elle peut continuer
d'allaiter en se servant d'un tire-lait ou en pratiquant l'allaitement
mixte. En fait, c'est mieux d'allaiter durant trois semaines
que de ne pas allaiter du tout, et six semaines valent mieux que trois.
Mythe no 7: L'allaitement empêche la
mère de garder sa ligne. C'est faux. Ce sont la grossesse
et l'âge qui altèrent les seins de la mère. L'allaitement
favorise la perte de poids et l'involution utérine.
L'expérience personnelle de la femme et le soutien psychosocial
qu'elle reçoit influent aussi sur sa décision d'allaiter.
Par exemple, la femme qui est appuyée par son conjoint et sa famille
est non seulement plus portée à choisir l'allai-tement,
mais aussi mieux conditionnée pour le réussir (Inch, 1989;
Kearney, 1988). Par ailleurs, il est possible qu'une femme victime
d'agressions sexuelles ou physiques refuse d'allaiter. Il est
primordial d'associer une évaluation psychosociale et du counseling
aux soins prénatals. (Consulter le chapitre 4.)
Il est également important que tous les établissements
de santé soient «amis de l'allaitement» et qu'ils
le démontrent au moyen d'affiches et de brochures d'information.
Ce ne sont là que quelques-uns des moyens concrets pour appuyer
et valoriser l'allaitement et la mère qui allaite. De plus,
la documentation descriptive approuvée par les gouvernements et
les groupes d'intérêt est souvent offerte gratuitement4
. Bien entendu, les établis-sements de santé ne doivent
pas faire la promotion des substituts du lait maternel. Ils ne doivent
pas non plus accepter les affiches, les brochures et les autres articles
de fabricants de préparations lactées pour nourrissons.
Ces pratiques de commercialisation vont complètement à l'encontre
des politiques du Code international de commercialisation des substituts
du lait maternel de l'OMS et de l'Initiative des hôpitaux
amis des bébés et, dans plusieurs cas, minent la confiance
dans l'allaitement. On a démontré que la distribution
de ces affiches et brochures contribue à diminuer la durée
de l'allaitement (Frank et Wirtz, 1987). (Le guide présenté
à l'annexe 5 permet d'évaluer si les ressources
documentaires encouragent l'allaitement.)
Examen des seins
Les seins et les mamelons de la majorité des femmes sont bien
adaptés à l'allaitement. Il faut noter que même
si l'on a des inquiétudes à propos des seins et des
mamelons durant la période prénatale (habituellement lorsque
la mère a des mamelons plats ou invaginés), il peut très
bien n'y avoir aucun problème lorsque le bébé
commence à téter.
L'examen des seins doit faire partie intégrante des soins
prénatals. Certaines situations peuvent exiger une aide supplémentaire.
Par exemple, lorsqu'une femme a des mamelons profondément
invaginés, elle risque d'éprouver beaucoup de difficultés
au moment de donner le sein. Qu'il soit utile ou non d'intervenir
avant la naissance, si l'intervenant a des doutes ou des inquiétudes,
il doit diriger la femme vers des intervenants d'expé-rience
en problèmes d'allaitement, tels que des conseillères
en allaitement (ou consultantes en lactation) ou une clinique d'allaitement.
En plus d'éviter certains problèmes, une telle démarche
témoigne de l'importance que l'inter-venant accorde à
l'allaitement. Les cas suivants devraient faire l'objet d'une
orientation vers un spécialiste:
- mamelons invaginés;
- seins dont la forme est inhabituelle ou de taille très inégale;
4.Par exemple, la Trousse promotionnelle de l'allaitement maternel et les documents 10 précieux conseils pour allaiter
avec succès et 10 bonnes raisons pour allaiter,
publiés par Santé Canada. (Consulter les documents d'accompagnement.)
- réduction mammaire. La réduction mammaire entraîne
souvent une diminution de la capacité de production de lait,
à un point tel que la plupart des femmes ayant subi cette intervention
sont incapables de nourrir leur bébé exclusivement au
sein. Elles peuvent cependant allaiter et donner un supplément
au bébé (de préférence avec un dispositif
d'aide à l'allaitement). Par contre, d'autres
réussissent à allaiter exclusivement au sein (ICSI, 1996);
- augmentation mammaire. Les femmes qui ont eu une augmentation mammaire
n'éprouvent habituellement pas plus de difficultés
à allaiter que celles qui n'en ont pas eu. Toutefois, elles
peuvent éprouver des inquiétudes et devront être
rassurées quant aux effets des implants mammaires au silicone
sur leur bébé. Même si on a la preuve qu'il
n'y a pas lieu de s'inquiéter pour le bébé,
l'intervenant devrait conseiller à la mère d'aller
consulter un spécialiste s'il ne réussit pas à
la rassurer. D'autre part, toute chirurgie mammaire exigeant une
incision aréolaire (pour une transplantation ou une transposition
du mamelon) nuira à l'allaitement.
- L'augmentation mammaire pratiquée de cette façon
risque également d'entraîner certaines difficultés;
Les conditions médicales pour lesquelles l'allaitement peut
être contre-indiqué. Les bienfaits de l'allaitement
sont généralement supérieurs aux risques courus.
Dans une situation de risques possibles, la mère doit elle-même
prendre la décision d'allaiter ou non. L'allaitement
peut être contre-indiqué dans certains cas: par exemple,
lorsqu'une femme a un cancer du sein ou suit des traitements de chimiothérapie,
et lorsqu'elle passe des examens de diagnostic ou suit un traitement
à l'aide de composés radioactifs. En outre, on conseille
aux mères séropositives de choisir un autre mode d'alimentation
pour leur bébé (SCP et coll., 1998; ICSI, 1996). L'allaitement
est aussi contre-indiqué lorsqu'une femme a contracté
le virus de l'herpès (mais uniquement dans le cas où
elle a des lésions aux seins) et lorsqu'une mère décide
de continuer à consommer certaines substances psychoactives. Le
nourrisson d'une mère qui contracte la varicelle risque fort
d'être infecté à son tour, quel que soit son
mode d'alimentation. La varicelle du nouveau-né revêt
habituellement un caractère bénin. Par contre, si la mère
contracte cette maladie cinq jours avant ou deux jours après la
naissance, le bébé risque de contracter une infection grave,
et on doit lui administrer le plus tôt possible (dans les trois
jours) des gamma-globulines spécifiques à la varicelle-zoster.
On doit isoler la mère et l'enfant ensemble. La mère
peut allaiter lorsqu'elle n'est plus contagieuse (les lésions
sont séchées) ou après l'administration de gammaglobulines
au nourrisson. (Pour des renseignements plus détaillés,
voir ICSI, 1996, p. 20.)
Les premiers jours de la période postnatale
Favoriser le succès de l'allaitement dès le début
Des tétées précoces, fréquentes, efficaces
et sans restriction, et le non-recours à d'autres modes d'alimentation
jouent un rôle important dans l'établisse-ment d'une
lactation normale. La mère nourrice devrait pouvoir compter sur
l'intervention régulière d'une intervenante compétente,
qui adopte une approche positive, pour l'aider à allaiter
son bébé. Il s'agit d'une période d'apprentissage
tant pour la mère que pour le bébé (le bébé
apprend tout autant que la mère). On recommande d'adopter
les mesures suivantes:
- Commencer tôt. Il faut donner à la mère
l'occasion d'allaiter dans la première demi-heure qui
suit la naissance, lorsque le bébé est le plus éveillé.
Il est important alors de créer une atmosphère calme et
intime. Le bébé peut prendre un certain temps à
saisir le sein; il se peut qu'il le lèche ou s'y blottisse
seulement. Par contre, il peut aussi prendre le sein et bien téter.
Au besoin, on peut aider la mère à trouver la position
qui lui convient. Les facteurs susceptibles de nuire à un allaitement
précoce comprennent l'absorption de calmants par la mère
au cours du travail, l'aspiration nasopharyngée et gastrique
du bébé, et l'interruption du contact mère-enfant
au cours de la première heure après la naissance. L'allaitement
d'un bébé prématuré ou malade doit
commencer aussitôt que son état le permet; il faut d'abord
le blottir contre le sein de la mère. (Consulter la section ultérieure,
page 25, sur les Situations spéciales.)
- Encourager des tétées fréquentes sans
restriction, sur demande. Un bébé tète
mieux «sur demande», c'est-à-dire quand il a
faim, avant d'en être rendu au stade des pleurs; il doit
le faire aussi souvent et aussi longtemps qu'il en manifeste le
désir5(5.Les expressions «allaitement sur demande»
ou «allaitement au besoin» sont fréquemment utilisées
par les intervenants de la santé. Elles signifient qu'on
nourrit le bébé quand il a faim, quand il présente
des signes de faim. Il faut donc être attentif au bébé
et non à l'horloge.). Il faut habituellement allaiter le
nouveau-né toutes les deux ou trois heures pendant le jour et
la nuit (huit à douze fois ou plus par période de 24 heures).
Les signes précoces de faim du bébé avant qu'il
ne pleure sont les suivants: il a des mouvements rapides des yeux; il
se réveille, s'étire, bouge, porte la main à
la bouche; il a une activité orale, par exemple il suce, lèche
et tourne la tête en direction d'un stimulus et ouvre la
bouche pour prendre le sein. La durée d'une tétée
varie selon l'âge du bébé et le genre d'allaitement.
Une tétée complète peut durer de 20 à 30
minutes environ. Il faut toutefois rassurer les parents, car la mère
et le nourrisson auront peut-être besoin d'un certain temps
pour s'ajuster.
- Réveiller le bébé somnolent, au besoin. Plusieurs bébés n'établissent pas
de routine d'allaitement efficace durant les 36 à 48 heures
suivant la naissance. S'ils sont somnolents, il faut les réveiller
doucement et leur présenter le sein au moins toutes les
trois heures durant la journée et une ou deux fois durant la
nuit. Une aide supplémentaire est souvent nécessaire dans
ces situations, en particulier quand il s'agit de mères
qui allaitent pour la première fois, non seulement pour que la
mère et le nourrisson développent leurs compétences
en matière de positions et de prise du sein, mais aussi pour
que le nourrisson tète souvent et suffisam-ment pour provoquer
une montée laiteuse et établir une production de lait
suffisante.
- Permettre un contact mère-enfant maximal. On
devrait favoriser la cohabitation mère-enfant durant tout le
séjour à l'hôpital, y compris la nuit. Il faut
privilégier les chambres de naissance (qui servent au travail
et à la naissance et, parfois, où cohabitent la mère
et l'enfant après la nais-sance) ou des chambres privées
pour les soins postnatals mère-enfant. Il est important aussi
d'affecter les mêmes infirmières aux soins de la mère
et du bébé, ce qui aura pour résultat d'optimiser
le contact mère-enfant et la continuité du soutien à
l'allaitement. (Consulter le chapitre 6.) La mère devrait
pouvoir garder son bébé dans son lit, surtout s'il
ne veut pas téter ou s'il est agité (McKenna et Mosko,
1994). Les hôpitaux peuvent être préoccupés
par la sécurité du nourrisson. Le personnel doit donc
s'assu-rer que les côtés du lit sont levés.
- Aider à trouver une position adéquate et à
prendre le sein. L'adoption d'une bonne position
pour la mère et le nourrisson et une prise adéquate du
sein sont essentielles pour assurer le confort de la mère, une
production adéquate du lait, la croissance du nourrisson et la
prévention tant de douleurs aux mamelons que de l'engorgement
et de l'infection des seins (mastite). Avant de trouver ce qui
leur convient le mieux, les mères ont besoin d'aide pour
essayer différentes positions: position traditionnelle (face
à face ou à la Madone), position couchée et position
latérale. La position face à face est habituellement la
plus facile à apprendre. En somme, l'allaitement doit être
confortable. Il se peut que la mère soit un peu incommodée
au début, quand le bébé prend le sein, mais cela
ne devrait pas persister. (Consulter ICSI, 1996, p. 71 à 75.)
La mère et le nour-risson doivent être en mesure de compter
sur des intervenants de la santé compétents, capables
d'évaluer les positions de la mère et du nourrisson,
la prise du sein et la tétée du bébé, et
ce, pour toute la durée de la période postnatale immédiate.
Une approche normalisée d'évaluation devrait être
utilisée pour s'assurer que les parents reçoivent
des conseils uniformes.
- Assurer l'allaitement exclusif. Les bébés
nourris au sein ne devraient boire que du lait maternel, sans autres
aliments ou liquides, sauf si des conditions médicales l'exigent.
(Consulter la section des Situations spéciales à
la page 25.) Les suppléments nuisent à la production de
lait. De plus, on ne doit pas offrir systématiquement des suces
et des tétines aux bébés.
Comment savoir si le bébé boit suffisamment
Une des principales raisons qui incitent une mère à cesser
l'allaitement est la peur que son bébé ne boive pas
suffisamment de lait. On doit la rassurer en lui rappelant que non seulement
l'allaitement est la meilleure façon de nourrir son bébé,
et aussi la plus naturelle, mais qu'elle est capable de produire
assez de lait. Pour cela, il faut que le bébé prenne bien
le sein dès la première semaine, sinon il risque de se déshydrater
ou de ne pas bien progresser. Tous les parents doivent être en mesure
de discerner quand l'allaitement va bien et quand ils doivent demander
de l'aide.
Différents critères peuvent servir à évaluer
la réussite de l'allaitement: l'efficacité et
la fréquence des tétées, l'apparence et la fréquence
des selles et de l'urine du nourrisson, et sa croissance. Les parents
peuvent estimer que leur bébé boit suffisamment de lait
et que l'allaitement évolue bien lorsque les signes suivants
sont présents:
- Le bébé prend le sein régulièrement (environ
huit à douze fois par jour) et de façon efficace. Un allaitement
est efficace si le bébé semble affamé au début
de la tétée, la mère peut l'entendre déglutir
avec régularité, le bébé se calme et devient
de plus en plus repu vers la fin de la tétée. En outre,
les seins de la mère sont pleins avant la tétée
et plus souples après. Entre le troisième et le cinquième
jour, une fois que le bébé boit davantage de lait, on
peut montrer aux parents comment procurer un temps d'arrêt
durant la tétée, sans que le bébé laisse
le mamelon.
- Le bébé fait plusieurs selles molles ou liquides par
jour. Le méconium devrait avoir été complètement
éliminé après le troisième ou le quatrième
jour. Les selles du bébé peuvent être jaunes ou
verdâtres, mais jamais sèches ni dures. Elles peuvent devenir
moins fréquentes après le premier mois.
- L'urine du bébé est pâle et sans odeur. Au
cours des trois premiers jours, il est normal que le bébé
mouille une ou deux couches de coton par jour, sur lesquelles on peut
parfois voir des taches rouge brique. Du quatrième au sixième
jour, à mesure que la production de lait augmente, le bébé
mouille normalement six couches de coton et plus par jour. (Comme il
est difficile de dire si les couches jetables sont mouillées,
on peut conseil-ler aux parents de placer un papier mouchoir à
l'intérieur de la couche. Les parents peuvent aussi utiliser
des couches de coton pour pouvoir mieux évaluer, s'ils ne
sont pas sûrs que le bébé urine assez souvent.)
- Le bébé est éveillé, et sa croissance
est normale.
L'annexe 6 présente des lignes directrices pour évaluer
l'alimentation du bébé.
Quand obtenir de l'aide
Tous les parents devraient être en mesure de reconnaître
les signes suivants afin d'obtenir de l'aide immédiatement:
- Le bébé a moins de deux selles molles par jour au cours
du premier mois.
- L'urine du bébé est foncée ou le nombre
de couches mouillées est infé-rieur à deux par
jour pendant les trois premières journées ou inférieur
à six par jour entre la quatrième et la sixième
journée.
- Le bébé est somnolent et difficile à réveiller
à l'heure de la tétée.
- Le bébé s'alimente moins de huit fois en l'espace
de 24 heures.
- Les mamelons de la mère sont douloureux, et la douleur persiste
après la troisième ou la quatrième journée.
- Les seins de la mère présentent une région douloureuse
et rouge, elle fait de la fièvre, elle est prise de frissons
et a des symptômes de grippe.
Il peut arriver qu'un bébé nourri au sein ou une
mère en santé présente certains des signes précités.
Si c'est le cas, il faut procéder à une évaluation
exhaustive de la situation, surtout au cours des premiers jours et des
premières semaines, pour déterminer si le bébé
se nourrit efficacement.
Les hôpitaux et autres établissements doivent préparer
une liste claire et simple de ces signes, sous forme de documents ou d'affiches,
que les parents peuvent placer bien en vue sur le mur ou sur la porte
du réfrigérateur.
La perte initiale et le gain subséquent de poids constituent
un des indices d'évaluation de l'allaitement (Meek, 1998;
Tounsend et Merenstein, 1998; Cooper et coll., 1995; Lawrence, 1995).
On ne doit cependant pas se limiter à ce seul indice : il faut
évaluer la capacité du bébé de bien se nourrir
au sein et examiner ses selles, ses urines et son comportement. Comme
les pèse-bébés peuvent varier sensiblement, il est
difficile d'évaluer de façon précise les fluctuations
de poids d'un nourrisson au cours des premiers jours. On devrait
toujours peser le bébé sans ses vêtements et sans
sa couche. On retrouve les données suivantes dans la documentation
à ce sujet. Il est normal qu'un nouveau-né perde du
poids pendant les dix premiers jours suivant sa naissance, perte qui peut
représenter jusqu'à 10 p. 100 de son poids à
la naissance. Toutefois, si le bébé perd 7 p. 100 de son
poids durant la première semaine, il faut évaluer la situation
avec attention pour déterminer l'effica-cité de l'allaitement.
Le bébé reprendra son poids initial durant la deuxième
et la troisième semaines, puis prendra de 15 à 30 gm (0,5
à 1 oz) par jour au cours des premiers mois. On recommande qu'un
intervenant compétent évalue le bébé et vérifie
son poids lorsqu'il est âgé d'une semaine, ou même
plus tôt, selon la durée du séjour à l'hôpital.
(Consulter le chapitre 6.) Bien des bébés connaissent plusieurs
poussées de croissance et demandent alors le sein plus souvent
(c.-à-d. de 10 à 12 fois par jour), ce qui fait augmenter
la production de lait de la mère. Certaines mères auront
peut-être besoin d'être rassurées quant à
leur capacité de produire assez de lait pour satisfaire leur bébé
durant ces poussées de croissance. Une façon de le faire
est de leur expliquer que lorsque le bébé vide complètement
le sein, il favorise la production du lait.
Les parents doivent recevoir de la documentation pour expliquer les
signes de succès de l'allaitement et les conditions où
il faut d'obtenir de l'aide. (L'annexe 7 donne un exemple
de ce genre de document.) Les parents doivent aussi recevoir une liste
des sources d'aide communautaire en matière d'allaitement,
tels que le centre de santé communautaire et le CLSC, la ligne
téléphonique parents-secours, les cliniques de soutien à
l'allaitement, les cliniques externes de l'hôpital ou
cliniques de consultation sans rendezvous, le numéro de la Ligue
La Leche, les noms de conseillères privées en allaitement,
de médecins et de sages-femmes. Certaines unités de soins
mère-enfant offrent des consultations téléphoniques
sur l'allaitement 24 heures par jour ou des consultations sur place.
Régime alimentaire de la mère qui allaite
On recommande aux mères qui allaitent d'adopter un régime
alimentaire équilibré qui comprend une bonne variété
d'aliments sains et de manger jusqu'à satiété. Le Guide alimentaire canadien pour manger sainement de Santé
Canada (1997) a été conçu pour aider les mères
à choisir une grande variété d'aliments sains.
Voici quelques conseils pratiques:
- Encourager la mère à manger ou à boire chaque
jour trois ou quatre portions de produits laitiers ou de toute autre
bonne source de calcium.
- Encourager la mère à boire suffisamment pour étancher
sa soif. Bien des mères qui allaitent ont besoin d'une plus
grande quantité de liquides que d'habitude.
- Examiner avec la mère nourrice son régime alimentaire
habituel et les mets qu'elle consomme habituellement pour déterminer
leur apport en fibres, en liquides, en produits laitiers et autres sources
de calcium, et en vitamines et sels minéraux. Dans certaines
cultures, les aliments ne sont pas classés en quatre groupes;
le concept d'une alimentation équilibrée fondée
sur le regroupement des aliments en quatre catégories distinctes
peut sembler étrange et ne correspondre à rien au plan
culturel.
- S'assurer que la mère végétarienne a une
alimentation équilibrée. Son régime doit inclure
du lait et des produits laitiers et des substituts de viande, tels que
les ufs, les légumineuses, les lentilles, les noix et le
tofu. Si la mère boit moins de deux tasses de lait par jour,
elle doit avoir recours àd'autres sources de calcium, de
vitamine D et de vitamineB12. Le lait desoya non enrichi, même
s'il contient des protéines et du calcium, est une faible
source de calcium et de vitamine D. De plus, si le régime ne
comprend aucun produit animal, la femme qui allaite devra avoir recours
àd'autres sources de calcium, de riboflavine, de vitamineB12,
de vitamineD, de zinc et de fer.
Parce qu'elles sont mal conseillées en matière de
nutrition, bon nombre de femmes refusent d'allaiter ou cessent l'allaitement.
Voici quelques-uns des mythes transmis et leur réfutation:
Mythe no 1: La mère qui allaite doit manger
certains aliments ou se priver de certains autres. La mère
qui allaite doit adopter un régime alimentaire équilibré.
Cependant, elle n'est pas tenue de manger des aliments spéciaux
ni de se priver de certains autres. De plus, il n'est pas nécessaire
que la mère nourrice boive du lait pour pouvoir en produire.
Mythe no 2: La mère qui allaite doit manger
davantage pour produire assez de lait. Même la mère
qui suit un régime très pauvre en calories produit suffisamment
de lait, à moins que l'apport calorique n'ait été
dangereusement pauvre pour une période prolongée. En règle
générale, le bébé reçoit ce dont il
a besoin.
Il n'y a pas lieu de s'inquiéter de la qualité
ni de la quantité de lait, même si la mère s'est
mal nourrie pendant quelques jours. On avait l'habitude de dire que
toute mère qui allaite doit consommer 500 calories de plus par
jour; on sait maintenant que ce n'est pas le cas pour toutes les
mères. Certaines femmes mangent davantage quand elles allaitent,
d'autres non; certaines, même, mangent moins. Aucune de ces
prati-ques ne semble affecter la santé de la mère ou du
bébé, ni la quantité de lait. L'essentiel, c'est
que le régime alimentaire de la mère soit équilibré
et qu'elle mange assez pour se rassasier.
Mythe no 3: La mère qui allaite doit boire
beaucoup. La mère qui allaite doit boire quand elle a soif.
Alors que certaines mères ont constamment soif, d'autres ne
boivent pas plus que d'habi-tude. En réalité, c'est
le corps de la mère qui détermine quand celle-ci doit boire
davantage, en lui faisant ressentir la soif.
Une trop grande absorption de liquides peut diminuer la production du
lait.
Mythe no 4: L'allaitement est contre-indiqué
pour les mères qui fument ou qui consomment de l'alcool. Tout en reconnaissant l'importance d'appuyer tous les efforts
de la mère qui essaie soit d'arrêter de fumer soit de
fumer moins, il faut reconnaître que l'allai-tement demeure
le choix par excellence, même si la mère continue de fumer.
D'autre part, s'il est vrai qu'une consommation d'alcool
élevée peut nuire à la production de lait et à
l'enfant allaité, il semble toutefois qu'une «légère»
consommation lors d'activités sociales ne nuit pas à
l'allaitement (ICSI, 1996).
Séjour abrégé à l'hôpital
INCIDENCE SUR L'ALLAITEMENT
La tendance à abréger le séjour postnatal de la
mère à l'hôpital influence grandement le succès
de l'allaitement et le suivi. Il est essentiel que le milieu hospitalier
fasse preuve de souplesse pour déterminer le moment propice du
congé de l'hôpital en tenant compte des besoins individuels
de la mère et du nourrisson, et de l'accessibilité
de services communautaires de suivi. Certaines femmes sont prêtes
à retourner à la maison avec leur bébé plusieurs
heures après la naissance et choisissent de le faire, tandis que
d'autres ne satisfont aux critères de congé qu'après
plusieurs jours et même plus. Quel que soit le moment du retour
à la maison, la mère et le nourrisson doivent faire l'objet
d'une évaluation pour déterminer leurs besoins en matière
de suivi.
La montée laiteuse et l'établissement de la lactation
au cours des trois à cinq premiers jours sont essentiels au bien-être
du nouveau-né. Il est recommandé de prévoir une rencontre
entre la mère et des professionnels compétents tôt
après la naissance. La mère et le nourrisson devront alors
être évalués et recevoir le soutien approprié.
Le but est de promouvoir une routine d'allaitement efficace et de
prévenir des problèmes du nourris-son tels que la déshydratation,
l'hypoglycémie, l'ictère physiologique prononcé,
la léthargie et le manque de réactivité et de progrès
de l'enfant. Il faut aussi surveiller chez la mère les signes
d'une faible estime de soi, de sentiments de culpabilité et
d'échec personnel, et même de dépression post-natale,
et prodiguer le soutien nécessaire.
Il faut compter jusqu'à quarante-huit heures pour que l'allaitement
d'un nouveau-né en santé soit bien établi, c'est-à-dire
pour que le bébé manifeste régulièrement sa
faim, prenne correctement le sein et tète effica-cement avec un
minimum d'aide. Si l'allaitement est efficace, la montée
laiteuse apparaît dans les deux ou trois jours. Un soutien professionnel
continu et adéquat les premiers jours après la naissance
(une période critique) contribue à l'établissement
et au maintien de la lactation, et au succès à long terme
de l'allaitement.
CRITÈRES SUGGÉRÉS POUR LE CONGÉ DE L'HÔPITAL
ET LIGNES DIRECTRICES POUR LE SUIVI
On a proposé un grand nombre de critères relatifs au congé
(SCP, 1996; SOGC, 1996). Les critères qui suivent sont liés
à l'allaitement:
- Le bébé se nourrit au sein de manière efficace
c'est-à-dire que deux tétées consécutives
ont été réussies de façon autonome par la
mère et le bébé, ce dernier ayant réussi
à prendre correctement chaque sein et à téter efficacement.
- Les parents (ou un des parents) sont en mesure de reconnaître
les signes précoces d'un allaitement inefficace et de déshydratation
ils savent quand aller chercher de l'aide et quelles ressources
communautaires sont accessibles (consulter l'annexe 7).
- Des plans de suivi réalistes ont été établis
en tenant compte de divers facteurs d'accessibilité, tels
que le transport, la distance, la gamme des soins offerts aux nourrissons,
la capacité linguistique de communiquer avec les intervenants,
le téléphone, etc. (voir ci-dessous).
- Le nouveau-né a perdu moins de 7 p. 100 de son poids initial
au moment du congé, s'il a lieu pendant la première
semaine.
- Des critères ont été établis pour juger
si l'état de santé de la mère est satisfaisant
pour lui donner son congé.
Un suivi doit être fait par un intervenant de la santé
(infirmière, médecin, sage-femme) qui a le savoir-faire,
les compétences et de l'expérience en évaluation
de l'allaitement et en counseling. Les critères suivants s'appliquent
si le congé survient moins de 48 heures après la naissance:
- Tous les critères de congé (y compris les critères
précités) doivent être respectés.
- Une communication téléphonique avec la mère ou
la famille, ou une visite àdomicile, doit avoir lieu dans les
24 heures suivant le congé.
- Un intervenant de la santé compétent doit effectuer
un examen physique de la mère et du bébé dans les
48 heures suivant le congé.
- Un médecin compétent doit faire un examen physique du
nouveau-né entre le septième et le dixième jour
après sa naissance.
Bien des femmes sont épuisées ou sont domiciliées
à une grande distance de leurs intervenants, des hôpitaux
ou des cliniques. Par conséquent, les lignes directrices pour le
suivi dans les 48 heures suivant le congé de l'hôpital
doivent préciser que le suivi sera fait au domicile de la famille,
si cela est nécessaire.
Voici les critères qui s'appliquent si le congé survient 48 heures ou plus après la naissance:
- Les critères précités doivent être respectés
ou toutes les complications doivent avoir été stabilisées.
On aura aussi répondu à toutes les préoccupa-tions,
commencé à donner les soins appropriés et pris
les mesures néces-saires pour assurer un suivi.
- Un médecin compétent doit examiner le nouveau-né
entre le septième et le dixième jour après sa naissance
(ou plus tôt, si des problèmes ont été décelés).
- On conseille fortement un suivi par téléphone ou une
visite à domicile dans les 48 heures après le congé.
Le suivi est très important pour la mère et le bébé
lorsque le congé de l'hôpital survient moins de 48 heures
après la naissance. Il peut en effet être difficile d'évaluer
dans les 48 heures qui suivent la naissance l'effica-cité
de l'allaitement et d'autres éléments qui s'y
rattachent.
Difficultés possibles
Les intervenants de la santé doivent savoir comment prévenir,
évaluer et traiter les problèmes potentiels reliés
à l'allaitement, notamment:
- engorgement des seins;
- mamelons douloureux;
- obstruction des canaux galactophores;
- mastite;
- candidose buccale/muguet;
- écoulement;
- réflexe exagéré d'éjection de lait
(ICSI, 1996)
Ictère néonatal
Il est rarement opportun d'interrompre l'allaitement à
cause de l'ictère néonatal. Deux conditions distinctes
sont associées à l'ictère et à l'allaite-ment:
l'ictère causé par l'allaitement inefficace et
l'ictère associé aux constituants du lait maternel.
L'ictère causé par l'allaitement inefficace fait référence à une exacerbation de l'ictère
physiologique attribuable à des tétées peu fréquentes
ou ineffi-caces, ce qui provoque un retard de l'évacuation
du méconium et se traduit par un faible apport en calories. Pour
prévenir l'ictère, il faut assurer des tétées
précoces, fréquentes et sans restriction quant à
leur nombre, une bonne prise du sein, un contact optimal entre la mère
et le nourrisson, une administration minimale de médicaments à
la mère durant le travail et des conseils aux parents pour prévenir
les problèmes. Quant au traitement, il comprend une augmentation
de l'efficacité et de la fréquence des tétées,
qui doivent être d'au moins 8 en 24 heures, pour augmenter
l'apport calorique du nourris-son et stimuler la production de lait.
Un supplément inopportun, surtout donné au moyen d'une
tétine, peut nuire à l'établissement de l'allaitement.
Pour réveiller un bébé somnolent, on peut le placer
en contact direct avec sa mère (peau sur peau), l'inciter
à téter en extrayant du lait du sein pour le faire couler
dans sa bouche et faire une stimulation tactile de la paume des mains,
de la tête et des pieds du bébé durant la tétée.
L'ictère associé aux constituants du lait maternel est un état pathologique rare qui affecte de 2 à 4 p. 100
des nouveau-nés nourris au sein. Il se manifeste vers la fin de
la première semaine, atteint son sommet entre le dixième
et le quinzième jour, et peut durer trois semaines ou plus. À
cause du caractère bénin de ce genre d'ictère
chez les nourrissons en santé, il n'est pas nécessaire
d'interrompre l'allaitement au sein. Cependant, il est essentiel
d'écarter la présence d'autres troubles médicaux,
tel l'hypothyroïdisme, pour que l'ictère associé
aux constituants du lait maternel ne soit pas confondu avec des troubles
qui pourraient exiger des soins médicaux.
Raisons médicales acceptables de donner un supplément
Les suppléments sont rarement indiqués pour les nourrissons.
Selon l'Initiative des hôpitaux amis des bébés
et Manuel du programme de l'UNICEF (1992), il peut être
indiqué de donner des liquides ou des aliments en plus, ou au lieu,
du lait maternel dans les cas suivants:
- le nourrisson atteint d'hypoglycémie documentée
et dont l'état ne s'améliore pas avec un
plus grand nombre de tétées efficaces;
- le nourrisson dont la mère est gravement malade (p. ex., psychose,
éclampsie, état de choc); le nourrisson atteint
de troubles du métabolisme présents à la naissance;
- le nourrisson déshydraté dont l'état
ne s'améliore pas après un allaitement efficace;
- le nourrisson dont la mère prend des médicaments contre-indiqués
durant l'allaitement (p. ex., des médicaments cytotoxiques,
des médicaments/ traitements radioactifs).
Les nourrissons qui sont trop petits ou trop malades pour s'hydrater
par voie orale peuvent avoir besoin, au départ, d'une thérapie
de réhydratation intraveineuse totale ou partielle. Le maintien
des fonctions gastro-intestinales par l'introduction précoce
d'une alimentation entérale minimale a des effets bénéfiques.
Lorsque l'allaitement est temporairement retardé ou interrompu,
et qu'il y a une indication thérapeutique de donner
un supplément, on recommande d'utiliser du lait maternel fraîchement
extrait, si cela est possible. On peut éviter d'avoir recours
à l'alimentation au biberon, lequel risque de nuire à
la capacité du nourrisson de bien téter le sein, en utilisant
certaines méthodes de remplacement, telles l'utilisation d'un
dispositif d'aide à l'allaitement, l'alimentation
au verre, l'alimentation au doigt, l'utilisation d'une
cuiller ou d'un compte-gouttes. Il faut aussi aider la mère
à établir la lactation en exprimant son lait au moyen d'un
tire-lait.
Situations spéciales
Il est très important que le bébé prématuré
ou malade puisse tirer profit des bienfaits nutritionnels, immunitaires
et psychosociaux de l'allaitement. C'est pourquoi l'allaitement
est préférable et possible dans des situations spéciales,
telles que les naissances prématurées, les naissances multiples
et les anomalies congénitales. Pour ces bébés, qui
risquent davantage de contracter des maladies que les bébés
nés à terme, le lait maternel peut prévenir des complications.
Il a été démontré que le lait maternel est
le moyen le plus efficace de prévenir l'entérocolite
nécrosante des prématurés (ICSI, 1996). Toutefois,
une aide spéciale peut être requise pour l'allaitement
dans de tels cas, et il faut en tenir compte au moment de répartir
la charge de travail des infirmières.
Les unités de soins intensifs néonatals peuvent surmonter
les obstacles à l'allaitement d'un bébé
prématuré en adoptant les mesures suivantes:
- séparer le moins possible la mère et l'enfant;
- prévoir des installations privées pour l'allaitement
et l'extraction du lait maternel;
- donner à la mère et à sa famille de l'information
précise sur l'allaitement, au moment opportun;
- s'assurer que l'intervenante a les connaissances et les
compétences néces-saires pour aider la mère à
extraire son lait et à le donner à son bébé;
- montrer à la mère comment extraire et conserver son
lait (consulter l'annexe 8);
- donner à la mère les noms et numéros de téléphone
des services commu-nautaires de soutien à l'allaitement,
d'autres mères de bébés prématurés
ou de la Ligue La Leche;
- donner à la mère l'information nécessaire
pour obtenir les fournitures et un tire-lait.
Souvent, les mères n'ont pas les moyens financiers de se
procurer un tire-lait. Les hôpitaux et les organismes communautaires
doivent collaborer pour permettre à toutes les femmes d'avoir
un accès équitable à des tire-lait.
Il a été démontré que l'allaitement
est moins exigeant physiologique-ment pour le bébé prématuré
que l'alimentation au biberon (Meier, 1988). Les bébés
prématurés peuvent commencer à se nourrir au sein
dès que leur état reste stable pour de courtes périodes
hors de l'incubateur et qu'ils parviennent à coordonner
succion et déglutition souvent vers la 32e semaine de gestation.
On peut toutefois mettre le bébé en contact avec le sein
avant cette période pour qu'il le lèche et s'y
blottisse. La mère prépare aussi son bébé
à l'allaitement en le plaçant nu sur sa peau (méthode
kangou-rou). L'allaitement du bébé prématuré
se fait en plusieurs étapes: prendre la décision d'allaiter,
établir la production de lait, alimenter le bébé
par gavage de lait maternel extrait, commencer l'allaitement à
l'hôpital (en se fiant aux signes précoces et plus tardifs
de faim du bébé prématuré) et prévoir
un suivi après le congé de l'hôpital (Meier et
Mangurten, 1993).
Des mères de jumeaux, de triplets et même de quadruplés
réussissent à allaiter leurs bébés soit exclusivement
au sein soit en ajoutant un sup-plément, c'est-à-dire
un biberon de lait que la mère a extrait. Durant les premiers mois,
il faut consacrer beaucoup de temps et d'énergie à
nourrir ces bébés, peu importe la méthode d'alimentation
choisie. Si la mère souhaite allaiter exclusivement au sein, il
est important qu'elle donne souvent le sein pour s'assurer de
produire suffisamment de lait (ICSI, 1996).
Dans la plupart des cas, une mère réussit à allaiter
son bébé même s'il a une incapacité ou
un problème particulier, pourvu qu'elle reçoive un
soutien adéquat. C'est pourquoi les intervenants de la santé
doivent rensei-gner les mères et les familles sur les organismes
et les groupes de soutien de leur collectivité.
Médicaments et lait maternel
Compte tenu des bienfaits de l'allaitement, il est rarement approprié
de cesser l'allaitement parce que la mère prend des médicaments.
Les données sur le transfert de médicaments spécifiques
dans le lait maternel et leurs répercussions possibles sur l'enfant
ne cessent de s'accumuler. Il est donc difficile de tenir des listes
à jour des médicaments et de leurs effets sur l'allaitement.
Voici cependant certains points à retenir:
- En moyenne, moins de 1 p. 100 de la dose de la plupart des médicaments
administrés à la mère passe dans le lait maternel.
- Très peu de médicaments sont contre-indiqués
pour les mères qui allaitent.
- Pour le nombre limité de médicaments contre-indiqués
ou à utiliser avec «prudence», il faut tenir compte
des avertissements suivants: il existe habituellement des succédanés
sûrs; les médicaments à utiliser «avec prudence»
peuvent être administrés si on assure une surveillance
paral-lèle du nourrisson; les médicaments qui offrent
le plus de sécurité sont des médicaments pour enfants
dont on prend la plus petite dose possible; on peut choisir des médicaments
avec une courte demi-vie; il faut éviter les médicaments
à libération prolongée; il faut évaluer
chaque médica-ment individuellement pour s'assurer que sa
période de plus forte concentration dans le lait maternel ne
coïncide pas avec l'horaire des tétées (ICSI,
1996).
Il s'agit donc de déterminer si les immenses bienfaits de
l'allaitement, tant pour le bébé que pour la mère,
sont supérieurs aux risques d'exposer le nourrisson au médicament.
La déclaration de l'American Academy of Pediatrics sur le
transfert des médicaments et autres produits chimiques dans le
lait humain The Transfer of Drugs and Other Chemicals into
Human Milk (1994) est l'autorité la plus souvent
invoquée en la matière. D'autres ouvrages de référence
sont aussi recommandés, notamment le texte de Thomas Hale, Medication
and Mothers' Milk (1999). Le document Lignes directrices
nationales sur l'allaitement maternel à l'intention des
intervenants et intervenantes en soins de la santé (ICSI,
1996) donne une liste détaillée des médicaments
contre-indiqués pendant l'allaitement et des médicaments
à utiliser avec précaution. Les centres d'information
sur les médicaments sont aussi d'excellentes sources d'infor-mation
sur le transfert des médicaments dans le lait maternel. Soulignons,
par exemple, les sources suivantes:
Centre IMAGe Info-Médicaments en Allaitement et
Grossesse
Chaire pharmaceutique Famille Louis-Boivin, Hôpital Sainte-Justine
Téléphone : (514) 345-2333 (réservé aux professionnels
de la santé) Télécopieur : (514) 345-4972 (réservé
aux professionnels de la santé) Site Internet pour le grand public:
http://brise.ere.umontreal.ca/~lecomptl/hsj/PHARM/image.htm
Motherisk Program
The Hospital for Sick Children (Toronto) Téléphone : 1
(877) 327-4636 Télécopieur : (416) 813-7562 Adresse Internet
: http://www.motherisk.org
The Breastfeeding Collaborative Program
The Hospital for Sick Children (416) 813-5757
The Lactation Fax Hotline
Thomas Hale
Télécopieur : (806) 356-9480
On peut aussi obtenir, par télécopieur, de l'information
à jour provenant de ce dernier service; des frais d'inscription
sont cependant exigés.
La section spéciale sur les médicaments et le lait maternel
du Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques publié en 1998 par l'Association des pharmaciens du Canada
comprend de l'information générale qui peut être
utile. Cependant, les monographies individuelles des médicaments
sont habituellement une source d'information inadéquate en
ce qui a trait à l'action des médicaments pendant la
lactation parce qu'elles sont incomplètes et souvent trop
restrictives.
Période postnatale tardive
Raisons motivant l'arrêt précoce de l'allaitement
Les femmes cessent d'allaiter tôt surtout parce qu'elles
croient ne pas produire suffisamment de lait. De plus, celles qui cessent
au cours des six premières semaines basent souvent leur décision
sur des douleurs aux mamelons, l'engorgement des seins, des problèmes
de technique et la fatigue. Plus tard, soit de quatre à six mois
après la naissance, le retour au travail à l'extérieur
du domicile peut motiver l'arrêt de l'allaitement.
Tous les parents doivent comprendre le principe de « l'offre
et de la demande », c'est-à-dire que la production de
lait de la mère s'ajuste pour satisfaire les besoins du bébé
qui tète fréquemment. Durant cette période, la mère
doit plus que jamais se reposer et bien se nourrir, tout en se concentrant
sur l'alimentation de son bébé. (Consulter les Lignes
directrices nationales sur l'allaitement maternel à l'intention
des intervenants et intervenantes de soins de la santé, ICSI,
1996. On y présente des conseils sur la collecte d'informa-tion
sur l'alimentation du bébé et des réponses aux
inquiétudes des parents relatives à la production insuffisante
de lait maternel.) Les parents doivent comprendre également la
nature de la poussée de croissance. Le bébé nourri
au sein devrait être évalué entre le septième
et le dixième jour après la naissance ou même avant,
selon la situation et le moment du congé de l'hôpital.
Plusieurs facteurs peuvent nuire à la production de lait, dont
les plus fréquents sont les suivants:
- la séparation de la mère et du bébé;
- des tétées trop espacées;
- la durée limitée des tétées;
- des tétées inefficaces à cause d'une mauvaise
position et d'une prise du sein inadéquate;
- la somnolence du bébé;
- un supplément à l'allaitement sans indication thérapeutique;
- l'utilisation d'une suce ou d'une tétine pour
retarder la tétée;
- l'engorgement des seins et des douleurs aux mamelons;
- l'utilisation de téterelles;
- la fatigue de la mère.
Suppléments en vitamines et en minéraux
La Société canadienne de pédiatrie recommande de
donner une dose quoti-dienne de vitamine D (10 mcg ou 400 UI) aux nourrissons
allaités jusqu'au sevrage. Cette recommandation fait cependant
l'objet d'une controverse: même si on reconnaît
que certains bébés risquent d'avoir une carence en
vitamine D, on s'interroge sur la nécessité d'en
administrer à tous les bébés. D'autre
part, un supplément de fluor n'est pas recommandé pour
les nourris-sons de moins de six mois. On recommande cependant que les
bébés âgés de six mois à deux ans, qui
vivent dans une région où l'eau contient moins de 0,3
ppm (µg/L) de fluor, reçoivent un supplément quotidien
de 0,25 mg de fluor. Toutefois, il n'est pas recommandé de
donner des suppléments de fluor dans les régions où
l'eau potable contient 0,3 ppm (µg/L) ou plus de fluor (SCP
et coll., 1998). Autrement dit, il faut éviter une consommation
excessive de fluor. Les nourrissons nés à terme et nourris
au sein n'ont pas besoin de suppléments de fer avant l'âge
de six mois. Après cela, le fer dans les aliments solides est habituellement
suffisant pour un bébé né à terme et en santé.
Travail rémunéré à l'extérieur
du foyer
Depuis des temps immémoriaux, les femmes ont bien réussi
à combiner grossesse, allaitement et travail. En revanche, lorsque
les mères ont dû se séparer de leurs jeunes enfants
pour aller travailler à l'extérieur du foyer, l'allaitement
et le travail ont commencé à poser des problèmes.
Compte tenu du nombre croissant de femmes qui ont un emploi à l'extérieur
du foyer, la société canadienne doit relever de nombreux
défis concernant l'allaitement et la grossesse. Que les mères
travaillent au foyer ou à l'extérieur, le soutien communautaire
aidera les familles qui ont de jeunes enfants. Les enfants eux-mêmes
tirent profit de soins constants et chaleureux, surtout pendant les trois
premières années. L'allaitement est la façon
optimale d'assurer la meilleure alimentation, la meilleure santé
et un attachement affectif solide (Jones et Green, 1996, p. 19). Les politiques
familiales doivent s'inspirer de ces principes.
Il faut d'abord aider les familles pour que la mère ait
un véritable choix entre rester à la maison ou travailler
à l'extérieur, sans que le retour au travail ne lui
soit dicté par des impératifs économiques. Lorsque
les femmes choisis-sent de travailler à l'extérieur
de la maison, il y va du meilleur intérêt des enfants canadiens
de voir la société offrir différentes options aux
mères. Par exemple, elles peuvent se prévaloir d'un
congé de maternité prolongé pour rester auprès
de leurs jeunes enfants; elles peuvent prévoir un plan de carrière
«séquentiel»; le milieu de travail peut aussi devenir
plus souple de façon à satisfaire les besoins des mères,
des pères et des enfants (Jones et Green, 1996, p. 19).
Par conséquent, toutes les collectivités doivent:
- donner aux familles un véritable choix entre rester à
la maison ou travail-ler à l'extérieur, au moyen
de politiques de congé maternel et parental, et d'incitatifs
fiscaux;
- sensibiliser la population aux droits des femmes à travailler
et à allaiter;
- faciliter et protéger les pratiques culturelles et traditionnelles
qui encouragent la mère à allaiter, qu'elle travaille
au foyer ou à l'extérieur;
- faire participer les dirigeants communautaires et d'autres groupes
à l'élaboration de moyens de soutien social pour
aider les femmes à coordonner allaitement et travail;
- renseigner les employeurs et d'autres personnes clés sur
l'importance de l'allaitement et sur la nécessité
de créer un milieu de travail qui lui soit favorable;
- sensibiliser davantage la société aux lois nationales
qui protègent le droit d'allaiter de toutes les femmes;
- reconnaître le mérite des milieux de travail «amis
des mères et des bébés» (Jones et Green,
1996, p. 21).
L'annexe 9 présente dix conditions nécessaires pour
créer un milieu de travail ami des mères, c'est-à-dire
adapté à leurs besoins (traduction et adaptation de Ten
Steps to Creating a Mother-Friendly Workplace, Jones et Green, 1996).
Les mères dont l'allaitement est bien établi sont
plus susceptibles que les autres de continuer d'allaiter après
leur retour sur le marché du travail ou à l'école.
Si une mère peut repousser le moment de se séparer régulière-ment
de son bébé jusqu'à ce qu'il ait atteint
l'âge de quatre mois ou si elle peut reprendre son travail
à temps partiel plutôt qu'à temps plein, il lui
sera plus facile de maintenir à la fois sa production de lait et
l'intérêt de son bébé envers l'allaitement.
Plusieurs femmes qui retournent sur le marché du travail à
temps plein avant que leur bébé ait quatre mois parviennent
à continuer l'allaitement. Par ailleurs, l'incidence
du recours prématuré aux aliments solides et au sevrage
est beaucoup plus élevée pour ces femmes que pour celles
qui retournent sur le marché du travail à une date ultérieure
(Jones et Green, 1996, p. 19; Auerbach, 1987).
Les mères qui continuent d'allaiter après le retour
au travail peuvent prendre différentes mesures pour y parvenir.
Les stratégies utilisées pour coordonner l'allaitement
et le travail varient selon les croyances de la mère, ses buts
et le soutien qui lui est donné. Par exemple, certaines femmes
choisissent d'allaiter leur bébé pendant leurs pauses;
d'autres extraient leur lait durant la journée de travail
pour maintenir leur production de lait et le conservent pour les tétées
subséquentes. (L'annexe 8 offre des conseils aux mères
sur l'extraction et la conservation du lait maternel.) D'autres
mères optent pour le sevrage partiel du bébé en lui
faisant boire des préparations lactées du commerce pendant
leur absence. Il n'est pas rare de voir le nourris-son réorganiser
sa routine de façon à prendre le sein plus souvent lorsque
sa mère est présente et à dormir plus longtemps pendant
son absence. Les familles doivent comprendre que l'allaitement a
plus de chances de se pour-suivre si elles font tout leur possible pour
limiter la séparation de la mère et du bébé,
qu'elles aident la mère à extraire son lait de façon
régulière et qu'elles lui offrent le soutien nécessaire
pour qu'elle puisse satisfaire les besoins de son bébé
(Jones et Green, 1996, p. 20).
Le sevrage
Pendant les six premiers mois environ, le lait maternel satisfait tous
les besoins de croissance du bébé. L'idéal,
c'est que le bébé et la mère continuent l'allaitement
durant la première année ou plus. En effet, tous les deux
en retirent des avantages nutritionnels, immunitaires, affectifs et autres
aussi longtemps que dure l'allaitement.
Le sevrage consiste à habituer le bébé à
ne plus prendre le sein et à accepter que le lait maternel soit
remplacé par d'autres aliments. Idéalement, il devrait
se produire quand la mère et le bébé sont prêts
tous les deux. Comme la mère et le bébé peuvent fort
bien ne pas être prêts en même temps, le sevrage est
parfois enclenché surtout par le bébé, parfois enclenché
surtout par la mère. De toute façon, quel que soit le moment
du sevrage, la mère sera moins incommodée et ce sera plus
facile pour le bébé si le sevrage se fait de façon
progressive. (Consulter ICSI, 1996, pour des conseils sur le sevrage.)
Services de soutien pour le suivi
Des services de soutien pour le suivi peuvent être particulièrement
utiles pour les familles qui allaitent. Parmi ces services, on retrouve
les suivants:
- des visites à domicile par des infirmières de la santé
publique;
- des services téléphoniques de renseignements et d'écoute
pour les parents;
- des cliniques d'allaitement et de suivi postnatal pour bébés
bien portants;
- des centres de consultation sans rendez-vous pour l'allaitement
ou pour bébés bien portants;
- la Ligue La Leche et des groupes d'entraide par les pairs;
- des cours sur l'allaitement et sur les soins à donner
aux bébés;
- les conseils de médecins qui encouragent l'allaitement
et sont bien infor-més à ce sujet;
- les conseils de conseillères en allaitement agréées;
- des appels de suivi faits par des cliniques externes des hôpitaux,
des infir-mières des services communautaires/des CLSC et des
médecins. (Consulter le chapitre 6.)
Chaque collectivité devrait dresser une liste de tous ses services
de soutien à l'allaitement. Des comités ou des réseaux
structurés ont réussi à mettre de l'avant des
projets cohérents de promotion, de coordination et de soutien de
l'allaitement, et ce, à l'échelle régionale,
provinciale et nationale.
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Ressource complémentaire
Ligue La Leche
Case postale 37046, St-Hubert (Québec) J3Y 8N3
Tél.: (450) 926-0005 (Direction) ou (450) 990-8917 (Commandes)
Télécopieur: (450) 926-8420 Courriel: laleche@cam.org Service
d'aide téléphonique: Montréal (514) LaLeche
Québec (418) 653-2349 Sherbrooke (819) 823-7344
ANNEXE 1
Les dix conditions pour le succès de l'allaitement
Tous les établissements qui assurent la prestation de soins à
la mère et au nouveau-né devraient:
- Adopter une politique d'allaitement formulée par écrit
et systématiquement portée à la connaissance de
tout le personnel soignant.
- Donner à tout le personnel soignant les compétences
nécessaires pour mettre oeuvre cette politique.
- Informer toutes les femmes enceintes des avantages de l'allaitement
au sein et de sa pratique.
- Aider les mères à commencer d'allaiter leur enfant
dans la demi-heure suivant la naissance.
- Indiquer aux mères comment pratiquer l'allaitement et
comment entretenir la lactation, même si elles se trouvent séparées
de leur nourrisson.
- Ne donner aux nouveau-nés aucun aliment ni aucune boisson autre
que du lait maternel, sauf indication médicale.
- Laisser l'enfant cohabiter avec sa mère 24 heures par
jour.
- Encourager l'allaitement au sein à la demande de l'enfant.
- Ne donner aux enfants nourris au sein aucune tétine artificielle
ou sucette.
- Encourager la constitution d'associations de soutien à
l'allaitement et informer les mères de ces services dès
leur sortie de l'hôpital ou de la clinique.
Source: OMS/UNICEF. Protection, encouragement et soutien de l'allaitement
maternel: Le rôle spécial des services liés à
la maternité, Déclaration conjointe de l'OMS et
de l'UNICEF, Genève, 1989.
ANNEXE 2
Résumé du Code international de commercialisation des
substituts du lait maternel
Le Code comprend les dix dispositions suivantes:
- En vertu du Code, la publicité pour les laits artificiels,
suces ou biberons auprès du public est interdite.
- Il est interdit de donner des échantillons gratuits aux mères.
- Il est interdit de faire la promotion de ces produits dans des établissements
de soins de santé, y compris par la distribution gratuite de
produits ou par leur vente à prix modiques.
- Les représentants de compagnies ne peuvent donner de conseils
aux mères.
- Il est interdit d'offrir des cadeaux ou des échantillons
aux travailleurs de la santé.
- Aucun texte ni image idéalisant l'alimentation artificielle,
y compris des images de nouveau-nés, ne peut figurer sur l'étiquette
de ces produits.
- L'information dispensée aux travailleurs de la santé
doit être scientifique et documentaire.
- Tous les renseignements sur l'alimentation artificielle, y compris
ceux qui figurent sur l'étiquette, devraient comprendre
des informations sur les bienfaits de l'allaitement et sur les
coûts et dangers associés à l'alimentation
artificielle.
- Des produits inappropriés, comme le lait condensé et
sucré, ne devraient pas être conseillés pour l'alimentation
des nouveau-nés.
- Tous les produits devraient être d'excellente qualité
et devraient être conçus en fonction du climat et des conditions
de conservation qui prévalent dans le pays où ils seront
utilisés.
Source: Organisation mondiale de la santé. Code international
de commercialisation des substituts du lait maternel de l'OMS et
de l'UNICEF. Genève, Suisse, chez l'auteur, 1981.
ANNEXE 3
Directives aux hôpitaux* pour la mise en uvre de
l'Initiative des hôpitaux amis des bébés (IHAB)
de l'OMS/UNICEF au Canada
LE PROCESSUS D'AUTO-ÉVALUATION
La première étape significative vers la désignation
« ami des bébés » est de remplir le formulaire
d'auto-évaluation des hôpitaux pour l'IHAB. Ce
questionnaire est inclus dans le manuel # 2 de l'IHAB : L'initiative
pour des hôpitaux amis des bébés exécution
au niveau des hôpitaux (voir annexe A). Les manuels # 1 et
2 de IHAB contiennent l'information nécessaire à l'évaluation
des Dix conditions pour le succès de l'allaitement ainsi qu'un formulaire permettant aux hôpitaux de passer en
revue leurs pratiques. Cette première auto-évaluation permet
d'analyser plus facilement quelles prati-ques sont favorables ou
nuisibles à l'allaitement. En tout temps, l'établisse-ment
peut demander de l'information et des éclaircissements à
son Comité provincial/territorial pour la mise en uvre de
l'Initiative des amis des bébés (Comité P/T)
ou au Comité canadien pour l'allaitement (CCA)**.
Le développement d'un comité multidisciplinaire peut
aider l'hôpital à aborder la protection, la promotion
et le soutien de l'allaitement. Le rôle de ce comité
peut consister à :
- obtenir les ressources nécessaires à la mise en uvre
de l'IHAB (voir l'an-nexe A);
- informer les administrateurs, les collègues de travail et la
clientèle sur l'IHAB;
- observer les taux d'allaitement à la naissance et la durée
moyenne de l'al-laitement;
- évaluer les pratiques des soins et développer un plan
d'action avec échéan-cier concernant les changements
nécessaires pour qu'elles atteignent les standards minimaux
des Dix conditions pour le succès de l'allaitement;
*Dans le but d'alléger le texte, le terme hôpital s'applique
également aux maternités et aux maisons de naissances.
**Le CCA assumera les responsabilités du Comité P/T jusqu'à
ce que celui-ci soit mis en place dans la province ou le territoire de
l'établissement.
- travailler en collaboration avec l'établissement et la
communauté à l'application du Code international
de commercialisation des substituts du lait maternel.
Une fois que cela a été accompli, l'hôpital
peut remplir le formulaire d'auto-évaluation.
LA PRÉ-ÉVALUATION
Lorsque les résultats de l'auto-évaluation sont principalement
positifs, l'hôpital peut demander au Comité P/T d'organiser
une pré-évaluation. Le but de la pré-évaluation
est de maximiser les chances de succès de l'évalua-tion
externe. La pré-évaluation consiste en une évaluation
brève mais intensive par un évaluateur IHAB assigné
en collaboration avec le CCA. Il est fortement suggéré que
cet évaluateur n'ait aucun lien présent ou passé
avec l'établissement. La pré-évaluation comprend
: des entretiens détaillés avec le personnel, la visite
de l'hôpital et l'évaluation de son fonctionnement,
l'examen de toute la documentation disponible sur les programmes
d'ensei-gnement pour le personnel, l'enseignement prénatal,
l'allaitement et les politiques IHAB, etc. La pré-évaluation
dure habituellement une journée entière.
LE PROCESSUS DE LA PRÉ-ÉVALUATION
- Lorsque l'hôpital se considère prêt pour la
pré-évaluation, il peut en faire la demande au Comité
P/T.
- Le Comité P/T envoie un contrat à l'établissement
stipulant que ce dernier accepte de payer tous les coûts associés
à la pré-évaluation, tel qu'indiqué
dans les Directives financières pour la pré-évaluation
de l'Initia-tive des amis des bébés (IHAB) au Canada.
- Avec la demande de pré-évaluation, le Comité
P/T envoie au CCA : le contrat, le formulaire d'auto-évaluation
complété ainsi qu'une somme de 100$ pour les coûts
administratifs.
- En collaboration avec le Comité P/T, le CCA choisit un évaluateur
pour effectuer la pré-évaluation. Voir les Directives
pour les évaluateurs et évaluateurs
en chef de l'Initiative des hôpitaux amis des bébés
(IHAB) au Canada.
- Une fois la pré-évaluation complétée,
l'évaluateur soumet un rapport à l'établissement,
au Comité P/T et au CCA.
- Si des lacunes sont identifiées dans le rapport de pré-évaluation,
le Comité P/T pourra fournir expertise et conseils à l'établissement
sur la façon d'y remédier.
L'ÉVALUATION EXTERNE
Durant deux à quatre jours, une équipe d'évaluateurs,
sous la direction d'un évaluateur en chef, effectuera l'évaluation
complète des pratiques et des politiques de l'établissement
et rencontrera différentes personnes, tel qu'indiqué
dans les Règles mondiales de l'IHAB. Les évaluateurs
externes ne doivent avoir aucun lien passé ou présent avec
l'établissement. Des entre-vues aléatoires seront organisées
avec le personnel en place et les mères ayant accouché dans
l'hôpital. Les pratiques concernant la période du travail,
de l'accouchement, du post-partum et celles de la pouponnière
pour les soins spéciaux seront examinées.
LE PROCESSUS DE L'ÉVALUATION EXTERNE
- Lorsque les résultats de la pré-évaluation sont
principalement positifs, l'établissement pourra demander
au Comité P/T d'organiser l'évaluation externe.
- Le Comité P/T envoie un contrat à l'établissement
stipulant que ce dernier accepte de payer tous les coûts associés
à l'évaluation externe, tel qu'indiqué
dans les Directives financières pour l'évaluation
externe de l'Initiative des amis des bébés (IHAB)
au Canada.
- Avec la demande d'évaluation externe, le Comité
P/T envoie au CCA: le contrat, le matériel exigé par les
Règles mondiales de l'IHAB (voir l'annexe B), le rapport
de pré-évaluation ainsi qu'une somme de 400 $ pour
les coûts administratifs.
- En collaboration avec le Comité P/T, le CCA choisit un évaluateur
en chef et une équipe d'évaluateurs pour effectuer
l'évaluation externe. Voir les Directives pour les évaluateurs
et évaluateurs en chef de l'Initiative des hôpitaux
amis des bébés (IHAB) au Canada.
- Une fois l'évaluation externe complétée,
l'équipe d'évaluateurs rencon-tre l'établissement
pour lui faire part de ses observations. L'évaluateur en
chef soumet un rapport complet de l'évaluation externe au
Comité P/T et ce dernier l'achemine ensuite au CCA.
- Après avoir consulté le rapport de l'évaluation
externe, le CCA décide, en collaboration avec le Comité
P/T, si l'établissement recevra la désignation «ami
des bébés ». Le Comité P/T avise l'établissement
des résultats de l'évaluation et lui envoie une copie
du rapport de l'évalua-tion externe. Un certificat est remis
à l'établissement et son nom est ajouté à
la liste des hôpitaux amis des bébés du Canada.
- À tous les deux ans suivant la désignation «ami
des bébés», l'établis-sement devra fournir
un rapport au Comité P/T, ceci dans le but de s'assurer
que les Règles mondiales de l'IHAB sont toujours
appliquées. Le format du rapport sera déterminé
par le Comité P/T.
- À tous les cinq ans suivant la désignation «ami
des bébés» l'établisse-ment devra se
soumettre à une ré-évaluation pour conserver son
statut. L'établissement signera un nouveau contrat et assumera
les coûts supplémentaires qui y sont reliés.
- Lorsqu'un hôpital n'a pas obtenu la désignation
«ami des bébés», il peut soumettre, en dedans
de 90 jours après réception du rapport de l'évalua-tion
externe, un plan d'action avec échéancier visant
à atteindre les critères des Règles mondiales
de l'IHAB au Comité P/T.
- Sur réception du plan d'action et son échéancier,
le Comité P/T remettra un Certificat d'engagement à
l'établissement.
- Si l'hôpital n'obtient pas la statut «ami des
bébés», le Comité P/T lui fournira expertise
et conseils pour combler les lacunes identifiées et ce, pendant
un maximum de quatre ans suivant la date du contrat original.
ANNEXE A
Ressources disponibles aux organismes et adresses suivants:
- BFHI Manuals 1 and 2 (Le manuel #2 est disponible en français
sous le titre de: L'initiative pour des hôpitaux amis
des bébés exécution au niveau des hôpitaux.)
- Conduite pratique et encouragement de l'allaitement maternel
dans un hôpital ami des bébés : formation de 18
heures destinée au personnel des maternités.
Source: UNICEF Canada
433 Mount Pleasant Road, Toronto, Ontario M4S 2L8 Tél.: (416)
482-4444 Télécopieur: (416) 482-8035 courriel: secretary@unicef.ca
- Protecting Infant Health: A Health Workers' Guide to the
International Code of Marketing of Breast-Milk Substitutes. 8th
Edition.
Source: INFACT Canada
6 Trinity Square, Toronto, Ontario M5G 1B1 Tél.: (416) 595-9819
Télécopieur: (416) 595-9355 courriel: infact@ftn.net
ANNEXE B
Les documents suivants, exigés par les Règles mondiales
de l'IHAB, doivent accompagner le contrat de l'évaluation
externe signé:
- La politique d'allaitement couvrant les Dix conditions pour
le succès de l'allaitement telles que définies
dans l'Initiative des hôpitaux amis des bébés
et la date de sa mise en place.
- Le programme de formation sur la conduite pratique de l'allaitement
offert à tous les membres du personnel qui travaillent auprès
des mères, des bébés et des enfants (incluant une
description de comment l'ensei-gnement a été réalisé
et l'horaire de formation des nouveaux employés).
- Le plan de l'enseignement prénatal sur l'allaitement
pour les femmes enceintes.
- Tous les documents et tout le matériel éducatif sur
l'allaitement distri-bués aux femmes enceintes ou aux nouvelles
mères.
Comité canadien pour l'allaitement (CCA) Case postale 65114,
Toronto (Ontario) M4K 3Z2 Télécopieur: (416) 465-8265 Courriel:
bfc@istar.ca http://www.geocities.com/HotSprings/Falls/1136/
ANNEXE 4
Les dix conditions pour la création de collectivités
amies des bébés
Condition 1 L'UNICEF donne à tous les hôpitaux de
la collectivité qui offrent des services périnatals la désignation
« ami des bébés».
Condition 2 Tous les centres de santé travaillent à la
promotion, à la protection et au soutien de l'allaitement.
Condition 3 Les établissements de la santé unissent leurs
efforts pour rendre l'aide à l'allaitement plus accessible.
Condition 4 L'ensemble de la collectivité est informée
des bienfaits de l'allaitement et des risques des substituts du lait
maternel.
Condition 5 On aborde dans la collectivité la question des attitudes
favorisant l'alimentation au biberon en tant que norme et on y distribue
de l'information pour faire changer ces attitudes.
Condition 6 Les collectivités reconnaissent qu'il est important
de soutenir la relation mère-enfant.
Condition 7 On donne de l'information et de la formation sur l'allaitement,
que l'on présente comme le mode d'alimentation naturel
et normal du nourrisson.
Condition 8 Tous les endroits publics et privés, y compris les
parcs, les centres de loisirs, les restaurants et les magasins, sont d'accord
pour s'ajuster aux besoins des mères et des bébés.
Condition 9 Les milieux de travail encouragent l'allaitement au
moyen de congés de maternité prolongés ou de l'aménagement
d'un local que la mère pourra utiliser pour y extraire son
lait et continuer à allaiter son bébé.
Condition 10 On offre du soutien aux mères dont l'expérience
de l'allaitement n'évolue pas comme elles l'auraient
souhaité pour les aider à examiner la situation et à
trouver les meilleures solutions de rechange.
Traduction et adaptation de Jones F., et M. Green. British Columbia
Baby-Friendly Initiative: Resources Developed Through the BC Breastfeeding
Resources Project, Vancouver, BC Baby-Friendly Initiative, 1996.
ANNEXE 5
Ressources sur la nutrition des nourrissons: guide d'évaluation
Le document fait-il véritablement la promotion de l'allaitement?
Titre :
Étudiez soigneusement le document et remplissez l'évaluation
pour déterminer s'il met l'allaitement en valeur. Certains
énoncés peuvent porter à confusion ou créer
une impression négative. Quelques exemples de ce type d'énoncés
figurent ci-dessous. Prenez connaissance du document et cochez les cases
ci-dessous. Étudiez votre document pour y trouver d'autres
exemples et inscrivez-les dans l'espace prévu.
Oui Non S/O
1.
|
Le document laisse-t-il entendre qu'il est difficile pour la
mère d'allaiter? Exemple: «Vous pouvez choisir soit
de cohabiter avec votre bébé soit de vous reposer autant
que possible avant de rentrer à la maison».
Votre exemple: .
|
2.
|
Le document laisse-t-il entendre que l'allaitement peut nuire
d'une quelconque façon au bébé? Exemple:
«Certaines mères craignent de blesser leur bébé
si elles s'endorment en allaitant au lit». Votre exemple:
.
|
3.
|
Le document utilise-t-il des images pouvant induire en erreur? Exemple:
une des photos montre un enfant mal placé pour prendre le sein.
Votre exemple: .
|
4.
|
Le document soulève-t-il des inquiétudes au sujet
de l'allaitement? Exemple: «Il n'y a pas de raison
qu'une mère s'abstienne d'allaiter son bébé
pendant ses menstruations.» Votre exemple: .
|
5.
|
Le document crée-t-il une certaine ambivalence par rapport
à l'allaitement? Exemple: «Allaiter en public n'est
plus considéré de mauvais goût».
Votre exemple: .
|
6.
|
Le document donne-t-il à penser que l'allaitement est
compliqué? Exemple: le document utilise des mots techniques
ou donne de longues explications.
Votre exemple: .
|
Oui Non S/O
7.
|
Le document laisse-t-il croire que l'alimentation au biberon
est plus courante pour les nouveau-nés que l'allaitement?
Exemple: «L'ali-mentation conventionnelle au biberon»
est le titre d'une section. Votre exemple: .
|
8.
|
Le document donne-t-il des raisons pour justifier l'arrêt
de l'allaitement? Exemple: «Il peut être dangereux
de prendre certains médicaments pendant que vous allaitez».
Votre exemple: .
|
Total
Si le document met véritablement l'allaitement en valeur,
il ne peut y avoir plus qu'un OUI en guise de réponse.
Le document fait-il vraiment la promotion de l'allaitement? OUI
NON
Le document est-il conforme à l'Article 4 du Code
international de commercialisation des substituts du lait maternel, de
l'OMS?
- Le document appuie-t-il toujours l'allaitement, c'est-à-dire
qu'il ne contient pas de message contradictoire, tel que «l'allaitement
constitue la meilleure approche, mais il est aussi acceptable de nourrir
le bébé au biberon»?
- Le document fait-il ressortir les bienfaits de l'allaitement
et la supériorité du lait maternel?
- Le document donne-t-il des instructions exactes sur la façon
de donner le sein?
- Le document mentionne-t-il les effets nuisibles de l'introduction
occasionnelle du biberon sur l'allaitement?
- Le document donne-t-il des techniques pour extraire le lait maternel?
- Si le document présente des renseignements sur les préparations
lactées pour nourrissons, traite-t-il également des coûts?
- Le document explique-t-il comment la mère peut continuer l'allaitement
même si elle retourne au travail ou aux études?
- Le document exclut-il toute marque de commerce de préparations
pour nourrissons?
- Le document exclut-il toute image de préparations lactées
pour nourrissons?
- Le document exclut-il tout coupon, tout échantillon gratuit
et toute autre technique de marketing?
Total
Degré de conformité au Code de l'OMS: un maximum
de 2 «non» dans les réponses cotées
Le document est-il conforme au Code de l'OMS? OUI NON
Source: Ce guide a été adapté, avec permission,
du guide élaboré par le Comité directeur de la promotion
de l'allaitement maternel du Manitoba, Winnipeg (Manitoba). Le guide
original a été adapté de: AUERBACH, K. J. «Beyond
the issue of accuracy: Evaluating patient education materials for breastfeeding
mothers», Journal of Human Lactation, vol. 41, no 3 (1988),
p. 105-110.
ANNEXE 6
Directives pour la collecte de données sur l'allaitement
Les mères se demandent souvent si elles ont assez de lait et
s'il est de bonne qualité, car cela les inquiète. Le
comportement général du bébé ainsi que son
gain de poids sont des indicateurs utiles des problèmes perçus,
poten-tiels ou réels. La collecte de données sur l'allaitement
devrait comprendre les renseignements suivants:
- l'âge du bébé
- le poids à la naissance et le poids actuel (Un gain de 0,5
à 1 kg [1 à 2 lb] par mois est acceptable; le bébé
reprend son poids initial en deux ou trois semaines.)
- la fréquence des tétées
- des notes sur le rejet ou non de lait par le bébé
- des notes sur le fait que le bébé se nourrit ou non
aux deux seins
- la durée de chaque tétée
- le nombre de selles par jour et leur consistance
- le nombre de couches mouillées, la couleur et la quantité
de l'urine, et la fréquence de la miction
- usage ou non de suppléments sous forme de préparations
lactées, et fréquence
- prise de médicaments par la mère
- consommation de café, d'alcool par la mère
- consommation de tabac par la mère
- notes sur les questions suivantes: le bébé est-il éveillé;
est-il actif pour son âge; son teint a-t-il une bonne coloration?
- les habitudes du bébé durant les tétées:
-Il se blottit et tète avec avidité? -Il prend
son temps? -Il goûte, déglutit et goûte de nouveau?
-Il pleure durant la tétée?
- la santé de la mère -Elle est inquiète/déprimée?
-Elle est très fatiguée?
- Elle a une mauvaise alimentation/un apport insuffisant de liquides?
- Elle a des antécédents d'hémorragie postnatale
grave?
- la famille offre du soutien/n'en offre pas
S'il y a un problème, il faut toujours essayer de connaître
l'opinion de la mère et lui demander pourquoi elle pense que
cela s'est produit. L'âge du bébé est également
un indice clé pour l'intervention. En général,
il est utile d'observer le bébé et la mère durant
l'allaitement.
Adaptation des Lignes directrices nationales sur l'allaitement
maternel à l'intention des intervenants et des intervenantes
en soins de la santé, Ottawa, Institut canadien de la santé
infantile, 1996, p. 149.
ANNEXE 7
L'allaitement pendant les premières semaines
Votre bébé se porte bien si:
- ses selles sont molles ou non formées -une ou deux grosses
selles ou plusieurs petites selles durant les deux ou trois premiers
jours -après les deux ou trois premiers jours, deux grosses
selles ou plus en 24 heures
- son urine est pâle, claire et presque inodore -dans les
trois premiers jours, il mouille une ou deux couches par jour (la présence
occasionnelle de taches rouge brique est normale) -il mouille six
couches de coton par jour, à mesure que la quantité de
lait augmente (habituellement vers le quatrième ou le cinquième
jour) Nota: Il est plus facile de voir l'urine dans des couches
de coton. Vous pouvez placer un papier mouchoir dans une couche jetable
si vous n'êtes pas certaine.
- il se nourrit bien, au moins de 8 à 12 fois en 24 heures -écoutez
pour l'entendre avaler lorsqu'il tète il a repris
son poids initial après environ deux semaines
Il faut demander de l'aide si un des signes ci-haut
est absent ou en pré-sence des signes ci-après:
- votre bébé s'endort toujours, et vous avez de la
difficulté à le réveiller pour le nourrir
- vos mamelons font mal, et la douleur ne s'en va pas
- vous avez de la fièvre, des frissons, vous vous sentez grippée,
ou il y a une chaleur/rougeur/douleur dans une partie de votre sein.Si
vous remarquez ces signes : allaitez fréquemment, appliquez des
serviettes mouillées chaudes sur vos seins et prenez beaucoup
de repos. Téléphonez à votre médecin ou
à votre sage-femme si vous n'allez pas mieux de 6 à
8 heures après avoir remarqué ces signes.
L'allaitement est la meilleure façon de nourrir votre
bébé. C'est aussi la plus naturelle. Vous aurez assez
de lait pour le satisfaire. Pour bien réussir l'allaitement,
le bébé doit commencer à téter tôt après
la naissance, il doit téter souvent et bien prendre le sein.
Pour obtenir de l'aide, vous pouvez appeler:
- Infirmière de la santé publique/du CLSC Hôpital/Hôpital
pour enfants Ligue La Leche Service d'écoute téléphonique
- Consultantes en lactation/conseillères en allaitement
- Votre sage-femme ou votre médecin
- Clinique de soutien à l'allaitement ou de consultation
sans rendez-vous
- Adaptation, avec la permission du Comité de promotion de l'allaitement
maternel d'Ottawa-Carleton, 1999.
ANNEXE 8
Extraction et conservation du lait maternel
L'extraction et la conservation du lait maternel permettent à
votre bébé d'être nourri au lait maternel même
quand vous êtes séparée de lui. Si vous extrayez votre
lait, il est préférable d'attendre que l'allaitement
progresse bien (après 4 à 6 semaines) avant de donner un
biberon à votre enfant*. Bien des mères estiment que le
meilleur moment d'extraire le lait est le matin, après une
tétée ou lorsque les seins semblent le plus gonflés.
Certaines mères préfèrent emmener le bébé
avec elles lorsqu'elles sortent; elles n'ont alors pas besoin
d'extraire leur lait.
Utiliser un récipient propre
- Bien se laver les mains.
- Utiliser un récipient en verre (p. ex., petits bocaux pour
les conserves ou biberons) ou en plastique dur ou des sacs conçus
pour congeler le lait maternel (ne pas utiliser des sacs jetables).
- Nettoyer les bocaux, les bouteilles et les couvercles à l'eau
chaude et sa-vonneuse à l'aide d'une brosse.
- Rincer à l'eau chaude du robinet et laisser sécher
à l'air. ou
- Utiliser le cycle hygiénique du lave-vaisselle.
Il faut stériliser les récipients utilisés
pour les bébés prématurés ou hospitalisés.
Pour ce faire, il faut :
- Remplir une grande casserole d'eau de façon à recouvrir
les récipients qui ont été lavés.
- Amener au point d'ébullition et laisser bouillir cinq
minutes.
Extraire le lait maternel
- Inscrire la date sur le récipient avant d'extraire le
lait.
- Se laver les mains à l'eau savonneuse.
- S'asseoir bien confortablement et garder quelque chose à
boire à portée de la main.
- Toutefois, le fait d'offrir à votre bébé
(et cela peu importe son âge) des biberons de lait maternel ou
des préparations peut se répercuter sur votre production
de lait de même que sur l'intérêt de votre enfant
pour la tétée.
- Stimuler l'écoulement du lait (réflexe d'éjection
du lait) : -appliquer de la chaleur humide sur les seins (p. ex.,
débarbouillette chaude ou douche à l'eau chaude);
-soutenir le sein d'une main et utiliser l'autre main
pour masser en petits cercles ou sur la longueur du sein, de la paroi
thoracique jusqu'au mamelon. Extraire le lait manuellement
ou à l'aide d'un tire-lait.
EXTRACTION MANUELLE DU LAIT
- Se laver les mains.
- Extraire le lait dans un récipient propre.
- Tenir le sein d'une main et placer le pouce sur le dessus du
sein et les doigts à au moins un pouce de la base du mamelon.
- Soutenir le sein par en-dessous.
- Pousser vers la cage thoracique, resserrer doucement le pouce et les
doigts de façon rythmique.
- Déplacer le pouce et les doigts autour de l'aréole
pour vider tous les canaux galactophores. Il faut parfois attendre quelques
minutes avant que le lait ne se mette à couler.
- Extraire le lait de chaque sein pendant environ cinq minutes, puis
recommencer.
- Au début, la quantité de lait extraite peut être
minime, mais elle augmen-tera avec le temps et la pratique.
EXTRACTION AVEC UN TIRE-LAIT
On peut louer ou acheter plusieurs sortes de tire-lait; il suffit de
communi-quer avec des conseillères en allaitement, des hôpitaux,
des distributeurs de fournitures médicales, des pharmacies et certains
magasins pour enfants. Les conseillères en allaitement donnent
des instructions et de l'aide pour les tire-lait qu'elles fournissent.
Le service de santé, le CLSC, une conseillère en allaite-ment,
la Ligue La Leche, une infirmière ou une sage-femme peuvent donner
des renseignements quant au meilleur tire-lait.
Tire-lait
Gros tire-lait électriques
- ils sont recommandés lorsque le bébé est temporairement
incapable de s'alimenter (p. ex., un bébé prématuré
ou malade) ou lorsque le bébé ne tète pas efficacement;
- l'usage d'un tire-lait double permet de gagner du temps
(p. ex., 10 à 15 minutes pour un tire-lait double, 20 à
30 minutes pour un tire-lait simple);
- on les loue habituellement; les coûts comprennent l'achat
de la trousse, la location et le dépôt;
- certaines polices d'assurance couvrent les frais.
Petits tire-lait électriques et à piles
- ils peuvent être pratiques pour un usage occasionnel et de courte
durée;
- ils sont portatifs, mais toutefois plus bruyants et plus chers que
les tire-lait manuels;
- des piles peuvent être nécessaires;
- ils peuvent faire mal; comme certains ne fonctionnent pas aussi bien
que d'autres, il faut vérifier auprès de l'intervenant
de la santé avant d'en ache-ter un.
Tire-lait manuels
- ils sont utiles pour un usage occasionnel et de courte durée;
- ils sont faciles à utiliser et à nettoyer;
- ils sont portatifs et coûtent moins cher que les autres tire-lait;
- certaines marques ont un dispositif pour ajuster la pression d'aspiration.
Il faut suivre les instructions du fabricant pour s'assurer d'utiliser
et de nettoyer le tire-lait efficacement et sans danger. Il ne faut
pas dépasser les niveaux de pompage recommandés. Après
chaque utilisation, il faut laver à l'eau chaude et savonneuse
les pièces du tire-lait qui ont été en contact avec
le lait maternel, puis les rincer et les laisser sécher à
l'air.
Ces pièces doivent également être stérilisées
une fois par jour. Laisser bouillir pendant cinq minutes dans suffisamment
d'eau pour recouvrir toutes les pièces.
Ne pas utiliser les tire-lait munis d'une poire en caoutchouc:
- le lait peut couler dans la poire, qui est très difficile à
nettoyer;
- ce genre de tire-lait est inconfortable et peut endommager les mamelons.
CONSERVATION DU LAIT MATERNEL
Pour un bébé prématuré ou hospitalisé:
- Utiliser un récipient stérile neuf.
- Réfrigérer le lait au plus tard une heure après
l'avoir extrait.
- Utiliser ou congeler le lait dans les 48 heures.
Au réfrigérateur
- 48h: bébé prématuré ou hospitalisé
- jusqu'à 3 jours: un bébé en santé
Au congélateur au-dessus ou sur le côté du réfrigérateur
Lait surgelé à -18oC (0 oF)
six mois Pour un bébé en santé:
- Utiliser un récipient propre.
- Réfrigérer le lait extrait.
- Utiliser le lait frais dans les 3 jours ou le congeler.
- Le lait maternel refroidi peut être ajouté à un
récipient partiellement rempli de lait congelé.
- Ne pas remplir les contenants jusqu'au bord pour les congeler.
Le lait prend de l'expansion en gelant et il peut faire fendre
le contenant trop plein.
- Placer le lait sur une tablette à l'arrière du
réfrigérateur ou du congélateur où il sera
le plus au froid. Il ne faut pas le mettre dans la porte, car cet endroit
n'est pas assez froid.
- Mettre le lait sur une tablette ou dans une boîte s'il
s'agit d'un congélateur à dégivrage automatique.
Le bas se réchauffe pour faciliter l'action du cycle de
dégivrage.
- Le lait surgelé peut être dégelé au réfrigérateur
et utilisé dans les 24 heures. Lorsqu'on le réchauffe
pour un biberon, il faut l'utiliser dans l'heure qui suit;
sinon il faut le jeter.
- Les matières grasses se séparent du lait. Bien mélanger
le lait avant usage.
- L'odeur et le goût du lait décongelé peuvent
être différents de ceux du lait frais, mais il est quand
même bon.
Il est possible que d'autres sources recommandent des périodes
de conservation plus longues. Les présentes directives sont prudentes
et sont sujettes à changement selon les nouvelles données
de recherche.
RÉCHAUFFER ET SERVIR LE LAIT MATERNEL
- Si le lait a été réfrigéré, placer
le récipient sous l'eau chaude courante durant quelques
minutes jusqu'à ce que le lait qu'on laisse couler
sur le poignet soit tiède, c'est-à-dire à
la température de la pièce.
- Si le lait a été congelé, placer le récipient
de lait glacé dans l'eau chaude pendant cinq minutes. Agiter
pour bien mélanger les matières grasses du lait.
- Mise en garde: Ne jamais réchauffer le lait au four
micro-ondes. Le lait ne chauffe pas également, et les parties
plus chaudes du lait risquent de brûler le bébé.
Pour de plus amples renseignements, appeler:
Adaptation, avec la permission du Comité de promotion de l'allaitement
maternel d'Ottawa-Carleton, 1997.
ANNEXE 9
Les dix conditions pour la création d'un milieu de travail
ami des mères
- Prendre des mesures pour renseigner les employées sur les politiques
actuellement en vigueur au Canada relatives aux congés parentaux
et de maternité.
- Offrir un horaire de travail variable aux mères nourrices,
tel un horaire à temps partiel, des pauses plus longues ou un
partage de poste.
- Rassurer les mères quant à leur pleine sécurité
d'emploi et protéger ce droit.
- Appuyer les services de garde à prix abordable en milieu de
travail ou à proximité, et fournir le transport aux mères
qui souhaitent aller voir leur bébé.
- Offrir des pauses quotidiennes pour permettre à la mère
d'allaiter son bébé ou d'extraire son lait.
- Fournir un espace confortable et privé où la mère
peut donner le sein ou extraire et conserver son lait.
- Encourager les collègues et les gestionnaires à adopter
une attitude positive à l'égard des mères
nourrices.
- Garder le milieu de travail propre et veiller à la sécurité
en éliminant tout déchet et produit chimique dangereux.
- Informer les employées et le syndicat de la politique sur les
congés de maternité et des autres droits.
- Encourager la création d'un réseau de soutien de
femmes dans les syndicats ou les groupes de travailleurs pour aider
la mère à concilier le travail et l'allaitement.
Adaptation de JONES F., et M. GREEN. British Columbia Baby-Friendly
Initiative: Resources Developed through the BC Breastfeeding Resources
Project, Vancouver, The BC Baby-Friendly Initiative, 1996.
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