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RAPPORT ANNUEL
DE
L’ENQUÊTEUR
CORRECTIONNEL
2002-2003
© Ministre
des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 2003
No de cat.
JA1-2003F-HTML
ISBN 0-662-66770-0
Internet : www.oci-bec.gc.ca
TABLE DES MATIÈRES
APERÇU DE L’ENQUÊTEUR CORRECTIONNEL
RÔLE DU BUREAU DE L’ENQUÊTEUR CORRECTIONNEL
INSTANTANÉS
PRINCIPALES QUESTIONS EN SUSPENS
1. Délinquants autochtones
2. Délinquantes
3. Harcèlement sexuel
4. Préparation des cas et accès aux programmes
5. Blessures subies par les détenus et surveillance de la
violence dans les établissements
6. Enquêtes
7. Unité spéciale de détention
8. Double occupation des cellules
9. Recours à la force
10. Accusations d’inconduite portées contre le personnel
11. Transfèrement imposé et consentement aux interventions
psychiatriques
12. Politique relative à la fouille à nu
13. Ressources financières des détenus
14. Transfèrements
15. Procédure de règlement des griefs des détenus
16. Jeunes contrevenants et délinquants âgés
17. Classement des délinquants condamnés à perpétuité
SERVICES DE SANTÉ
TOUR D’HORIZON
PROPOSITION DE RÈGLEMENT
SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
STATISTIQUES
RÉPONSE DU CANADA AU 30e RAPPORT ANNUEL DE L’ENQUÊTEUR
CORRECTIONNEL
Introduction
Délinquants autochtones
Délinquantes
Harcèlement sexuel
Préparation des cas et accès aux programmes
Blessures subies par les détenus et surveillance de la violence
dans les établissements
Enquêtes
Unité spéciale de détention
Double occupation des cellules
Recours à la force
Accusations d’inconduite portées contre le personnel
Transfèrement imposé et consentement aux interventions
psychiatriques
Politique relative à la fouille à nu
Ressources financières des détenus
Transfèrements
Procédure de règlement des griefs des détenus
Jeunes contrevenants et délinquants âgés
Classement des délinquants condamnés à perpétuité
Services de santé
Tour d’horizon
Proposition de règlement
APERÇU DE L’ENQUÊTEUR CORRECTIONNEL
Le Bureau de l’enquêteur correctionnel (BEC) doit maintenir une
voie de recours accessible et indépendante pour les plaintes des
contrevenants et formuler des recommandations en temps opportun au
commissaire du Service correctionnel du Canada (SCC) et au
solliciteur général sur les questions qui ont fait l’objet de
plaintes.
Nous nous employons à mettre en œuvre cet énoncé de mission tout
en nous conformant à la loi. Cela s’applique non seulement à notre
objectif prévu dans la loi, soit de résoudre les problèmes des
détenus, mais aussi au mandat légal fondamental du Service
correctionnel du Canada, qui est d’assurer la garde des délinquants
dans des conditions sécuritaires et humaines et faciliter en temps
opportun leur réinsertion sociale.
À de nombreux égards, rien n’a beaucoup changé en ce qui a trait
à nos opérations et aux résultats obtenus. Au cours de la dernière
année, le Bureau s’est de nouveau employé à remplir son mandat en
faisant enquête sur les plaintes des délinquants de façon
approfondie, rapide et impartiale. Nous nous sommes de nouveau
efforcés de formuler des recommandations judicieuses et raisonnables
pour régler de la façon la plus efficace possible les problèmes
soulevés par les délinquants sur l’organisation du SCC. Une fois de
plus, nous avons davantage réussi à régler ces problèmes sur le plan
opérationnel plutôt que sur le plan de l’administration centrale.
Toutefois, il convient de signaler que nous
essayons de remédier de deux façons à la situation concernant les problèmes
systémiques. Premièrement, nous avons élaboré une approche
prometteuse, en collaboration avec la commissaire du Service
correctionnel, pour parvenir à une entente sur le règlement des
principaux problèmes permanents. Deuxièmement, lorsque ce mécanisme
n’est pas efficace, nous décidons de prendre d’autres mesures
nécessaires pour régler ces problèmes.
Opérations quotidiennes et
résultats
Cette année, notre personnel a de nouveau
réussi à traiter sur le plan opérationnel un grand nombre de
problèmes soulevés par les délinquants. En effet, nous avons répondu
à 6 988 demandes ou plaintes présentées par les délinquants et mené
3 257 enquêtes de complexité variable. Nous avons procédé à 2 451
entrevues avec les délinquants en 373 jours-personnes de visite dans
les établissements. Selon les données du SCC, il y a eu 120
incidents qui ont entraîné de graves blessures ou la mort en
2002-2003. Conformément à l’article 19 de la Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition
(LSCMLC), nous avons examiné
tous les rapports d’enquête portant sur ces incidents qui nous ont
été présentés par le SCC. De plus, nous avons reçu de l’information
sur 1 127 incidents mettant en cause le recours à la force pour
maîtriser des détenus. Nous avons examiné cette information et
l’avons portée, au besoin, à l’attention des gestionnaires régionaux
et nationaux du SCC responsables du respect des loi et des enquêtes.
Cette année, nous avons commencé à déterminer
« quatre secteurs d’intervention privilégiée » en tant
qu’indicateurs de rendement des établissements sur des questions qui
touchent particulièrement les détenus. Nous avons obtenu de façon
systématique des établissements des données portant sur ces quatre
secteurs et les avons examinées. Nous visons ainsi à évaluer
l’efficacité des établissements dans des secteurs qui sont
problématiques et qui concernent fondamentalement les conditions
d’incarcération des détenus et les progrès réalisés en vue de leur
mise en liberté. Les secteurs d’intervention privilégiée, déterminés
dans le cadre de notre cycle de planification annuelle, sont les suivants
:
-
Programmes, mise en liberté sous condition et préparation des
cas;
-
Isolement
préventif;
-
Classement des détenus selon le niveau de sécurité et
transfèrements;
-
Équité en matière de procédures, recours et
griefs.
Nos gestionnaires, notre avocat-conseil et les coordonnateurs des
Questions autochtones et du Secteur des délinquantes rencontrent
fréquemment la direction et le personnel du Service correctionnel
ainsi que des représentants d’organismes gouvernementaux et non
gouvernementaux qui sont actifs dans le domaine de la justice pénale
et des droits de la personne.
Je tiens à profiter de l’occasion
pour féliciter les employés du Bureau de leur rendement exemplaire
malgré les tâches difficiles que je leur avaient confiées. Ils ont
réussi à traiter les problèmes soulevés par les délinquants grâce
aux solides valeurs, aux nombreuses compétences et à la patience
admirable dont ils ont fait preuve dans le travail.
Principales questions en
suspens
Au début de l’année visée par le présent
rapport, comme cela a été le cas au cours des années précédentes, le
Service correctionnel nous a fait parvenir un certain nombre de
réponses à nos recommandations (que le BEC a reçues le 4 septembre
2002), qui continuaient dans bien des cas de se faire beaucoup trop
attendre, de présenter des explications défensives et de ne pas
s’accompagner d’engagements fermes. J’en ai été très déçu, étant donné
particulièrement les recommandations que j’avais formulées dans le
rapport annuel de 2001-2002 pour que le Service s’attache
spécialement au fond des questions soulevées. Le 8 octobre 2002,
j’ai fait part de mes préoccupations à ce sujet à la commissaire du
Service correctionnel :
Votre réponse indique clairement que le
fond des questions et les aspects particuliers des recommandations
n’ont pas, pour la plupart, été pris en considération de manière
raisonnable. Les questions exposées en détail dans le présent
rapport sont importantes, et notre intérêt consiste à faire en sorte
que les préoccupations des délinquants soient prises en
considération rapidement et de façon raisonnable. Je suis d’avis
que, s’il y a une volonté collective, ces questions pourront être
abordées de cette manière.
J’ai indiqué à la commissaire que j’examinerais toutes les
questions en suspens afin de déterminer celles qui doivent être
portées à l’attention du ministre en l’absence d’une entente avec le
Service correctionnel. J’ai alors invité la commissaire à désigner
des cadres supérieurs pour discuter de ces questions avec le BEC.
Toutefois, les discussions qui ont suivi ont
montré que les questions n’étaient pas en voie d’être abordées
rapidement et de façon raisonnable. À mon avis, le principal
problème réside, non pas dans les questions en litige, mais plutôt
dans les relations opérationnelles globales avec le SCC, puisque
cela a influé sur la réussite de notre processus d’établissement de
rapports. De façon plus particulière, étant donné le manque de
réceptivité du Service correctionnel à nos constatations et à nos
recommandations, il nous a été presque impossible de mettre l’accent sur le fond des
questions soulevées et de résoudre celles-ci. Notre rôle d’ombudsman
prévoit que la réponse corresponde à la question posée.
Par conséquent, le 17 décembre 2002, j’ai
écrit au solliciteur général conformément à l’article 180 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en
liberté sous condition . Dans cette lettre, j’ai indiqué en
partie ce qui suit :
Le fait
que le Service ait rejeté presque toutes nos recommandations et
qu’il n’ait présenté aucune proposition importante pour régler ces
questions montre qu’il maintient le statu quo, ce qui est
totalement déraisonnable. Cela montre également qu’il ne reconnaît
pas l’importance des questions exposées en détail ni les
engagements qu’il avait pris pour régler celles-ci.
Ce qui
m’inquiète, c’est que sans l’obligation de rendre compte
publiquement de ces questions, le Service correctionnel aura tout
le loisir de continuer à ignorer le fond
des questions et les aspects particuliers des recommandations
formulées pour régler celles-ci.
Le solliciteur général a répondu à ma lettre
le 6 février 2003. Je l’ai ensuite pour rencontré discuter plus en
détail de ces questions et l’informer des plus récentes mesures que
nous avions prises pour régler la plupart des principaux problèmes
soulevés.
Je suis heureux d’annoncer que la
commissaire du Service correctionnel et moi avons convenu des moyens
à prendre pour tenter de régler ces problèmes. Nous avons tenu une
série de réunions auxquelles ont assisté le directeur exécutif du
Bureau et la sous-commissaire principale, afin de traiter des
principales questions soulevées dans le rapport annuel. Nous avons
décidé dès le début que ces réunions devraient viser si possible à
régler de façon définitive les problèmes cernés et :
- si nous sommes en désaccord, établir une
justification de la décision du Service en ce qui a trait à nos
constatations et à nos recommandations;
- si nous sommes d’accord, établir des
plans, accompagnés d’échéanciers déterminés, de résultats
mesurables, de cadres d’évaluation appropriés pour mettre en œuvre
les ententes que nous aurons conclues.
Comme on pouvait
s’y attendre, ce processus n’a pas entraîné la résolution immédiate
ou complète de tous les problèmes. Aucun processus de négociation
n’est parfait. Toutefois, nous sommes parvenus à un consensus sur
certaines questions, mais, pour d’autres sujets de préoccupation,
nous avons au moins élaboré un plan prévoyant des engagements clairs
sur les mesures que le Service prévoit prendre et à quel moment.
Cette approche m’a incité à modifier la
présentation de mon rapport, en ce qui a trait aux principales
questions à régler. Je souhaite fournir de l’information pertinente
de façon à ce que les lecteurs puissent comprendre les questions
soulevées et évaluer le succès des mesures que nous prenons pour les
régler. Elle les aidera peut-être aussi à comprendre les autres
mesures que prendra le Bureau si les solutions convenues ou les
dispositions préliminaires visant à trouver ces solutions ne sont
pas prises.
Par conséquent, pour chaque question, je
présenterai :
- un bref aperçu de son importance pour les
délinquants du point de vue juridique et politique;
- la situation relative à chaque question
au début de l’année visée par le rapport ainsi que notre position
et celle du Service;
- les résultats particuliers de nos
discussions actuelles avec le Service y compris, s’il y a lieu,
les plans adoptés pour régler les problèmes.
Lorsque nous sommes parvenus à une entente
sur ces questions, j’ai indiqué les conditions fondamentales de
celle-ci. Là où nous ne sommes pas parvenus à un consensus final au
cours du processus, j’ai recommandé les mesures qui s’imposent.
J’estime que le Bureau et le Service ont
entamé un processus d’examen efficace des problèmes soulevés. Il
s’agit de mettre l’accent sur la position du BEC à ce sujet, d’en tenir compte dans la réponse et
de concevoir une solution qui réponde aux besoins des délinquants de
façon raisonnable et pratique.
Tout le personnel du Bureau, moi y compris,
nous engageons à faire tout en notre possible pour assurer le succès
de ce processus de façon à parvenir à un règlement fondamental des
problèmes soulevés par les délinquants.
Toutefois, même si ce processus a permis de
réaliser certains progrès, dont la réponse du Service au présent
rapport tiendra compte je l’espère, je suis conscient de la
nécessité de régler les problèmes soulevés et de ne pas simplement
les reporter au rapport annuel. Je suis de nouveau disposé à essayer
de régler ces questions à certaines conditions et à traiter encore
des mêmes problèmes que s’ils ont de bonnes chances d’être réglés.
Par conséquent, si les problèmes persistants
ne sont pas traités comme il est recommandé ou autrement décidé, je
recommanderai immédiatement la prise de mesures pour y parvenir.
Celles-ci comprendront, au besoin, des rapports spéciaux prévus à
l’article 193 de la Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition .
Nouvelles
caractéristiques du rapport annuel
Le rapport annuel de cette année comprend
notamment un certain nombre de sections qui s’ajoutent à la partie
sur les principales questions en suspens.
Ces sections visent à préciser nos fonctions
quotidiennes et nos défis. Les constatations et les recommandations
de notre rapport annuel ne représentent qu’un aspect du travail que
nous accomplissons afin de régler les problèmes dans le cadre de nos
opérations courantes. Par conséquent, nous essayons d’apporter un
cachet particulier à notre milieu de travail.
Outre les cas individuels, nos devons
fréquemment traiter des principaux services et programmes du SCC
découlant de la Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition et son
règlement connexe. Il s’agit de questions complexes qui ne se
prêtent pas facilement à des constatations ou à des recommandations
particulières, mais qui sont toutefois essentielles à notre mandat.
J’ai ainsi inclus une section qui porte surtout sur l’une des
fonctions principales du Service correctionnel, les Services de
santé, et sur certaines anomalies qui peuvent résulter de la mise en
œuvre du mandat législatif de la Direction des services de santé
dans un contexte législatif où les préoccupations en matière de
garde et de sécurité dominent.
J’ai également ajouté une section sur les
perspectives pour la prochaine année. Il s’agit de questions qui ne
sont pas encore préoccupantes, mais qui pourraient devenir très
importantes d’ici à ce que le présent rapport soit déposé au
Parlement.
Finalement, j’ai inclus une proposition
visant à régler une question de longue date qui avait d’abord été
soulevée dans les recommandations de la Commission d’enquête Arbour
de 1995 sur les événements survenus à la Prison des femmes, soit
l’intervention judiciaire, l’examen interne et la responsabilité
dans le système correctionnel. J’espère que cette section donnera
lieu à une vaste discussion et à des mesures pour tenir compte des
concepts fondamentaux.
J’espère recevoir des commentaires de toutes
les personnes qui liront le rapport de cette année.
RÔLE DU BUREAU DE L’ENQUÊTEUR CORRECTIONNEL
Établi aux termes de la partie III de la Loi sur le système correctionnel et la mise en
liberté sous condition (LSCMLC), Le Bureau de l’enquêteur
correctionnel (BEC) agit comme ombudsman pour les délinquants sous
responsabilité fédérale. Nous faisons enquête et nous veillons à ce
qu’on donne suite aux plaintes des délinquants. De plus, nous devons
examiner les politiques et les pratiques du Service correctionnel du
Canada (SCC) qui donnent lieu aux plaintes afin de cerner les
carences systémiques et d’y porter remède et faire des
recommandations en ce sens.
Nous pouvons instituer une enquête en
réponse à une plainte ou de notre propre initiative. Nous sommes les
seuls habilités à décider si une enquête doit être menée et de
quelle manière elle le sera.
Pour nous acquitter de nos fonctions, nous
exerçons un large éventail d’activités. Un échantillonnage de ces
fonctions figure dans la section « Instantanés » à la page 13.
Le BEC aborde la grande majorité des
questions soulevées par les plaintes des détenus à l’établissement,
au cours de discussions et de négociations. Dans les cas où l’on ne
parvient pas à les résoudre à l’établissement, la question en litige
est portée, selon le sujet de préoccupation, à l’attention de
l’administration régionale ou centrale, pour qu’elle y soit examinée
et que des mesures correctives soient prises.
Lorsque j’estime qu’une question n’est pas
abordée de façon appropriée, nous présentons nos constatations et
nos recommandations à la commissaire du Service correctionnel aux
termes des articles 177 à 179 de la LSCMLC. Ce rapport expose tout
le fondement informel de nos constatations et de nos
recommandations.
Si, à cette étape, j’estime que la
commissaire n’a pas abordé la question de façon raisonnable et en
temps opportun, celle-ci est portée à l’attention du ministre et est
exposée en détail dans un rapport annuel ou un rapport spécial.
Dans le cours d’une enquête, le personnel du
BEC dispose d’une autorité considérable pour entrer dans des lieux
et obtenir de l’information provenant de dossiers ou de personnes.
Cette autorité est tempérée par la stricte obligation que nous avons
de limiter la divulgation des informations recueillies dans
l’exercice de nos fonctions. Cette confidentialité offre une
assurance complète aux personnes qui pourraient souhaiter nous
fournir de l’information. Elle reflète le caractère indépendant de
l’approche selon laquelle le BEC joue un rôle d’ombudsman par
rapport aux autres formes d’enquête et d’arbitrage.
Nous sommes avant tout un organisme
d’ombudsman qui établit un équilibre fondamental entre le pouvoir et
les fonctions qui caractérisent depuis longtemps le rôle
d’ombudsman.
D’une part, la législation nous offre les
outils opérationnels et les pouvoirs discrétionnaires pour mener des
enquêtes approfondies sur un large éventail de problèmes de
délinquants.
D’autre part, nous pouvons seulement
recommander des solutions aux problèmes des délinquants, quoique à
tous les paliers, du personnel en établissement et de la direction,
du personnel des administrations régionales et de l’administration
centrale et du commissaires du Service correctionnel, au solliciteur
général du Canada et ultimement, au moyen du rapport annuel ou de
rapports spéciaux par l’entremise du ministre aux deux chambres du
Parlement.
Comme pour tout autre organisme d’ombudsman,
cet équilibre donne lieu à deux caractéristiques qui sous-tendent
notre efficacité par rapport à d’autres mécanismes d’enquête ou
d’arbitrage :
1. Notre accès amélioré et direct à
l’information nous permet de régler assez rapidement la plupart des
problèmes, habituellement à l’établissement.
2. Étant donné que la persuasion découle de
notre pouvoir de seulement recommander des mesures à prendre :
-
nous avons tendance à aborder les
questions les plus urgentes ou les plus importantes à régler dans
nos rapports;
-
nous devons essayer d’appuyer nos
constatations et nos recommandations par un examen approfondi et, nous l’espérons,
probant de l’information à l’appui.
Comme nous sommes un organisme d’ombudsman,
la pertinence et la force probante des preuves que nous fournissons
ainsi que la précision et la solidité de nos conclusions déterminent
les résultats de nos efforts.
Notre travail est surtout axé sur l’équité.
Dans mon rapport, j’invoque donc en partie l’équité procédurale pour
m’assurer que le Service tient compte des commentaires appropriés
des délinquants au moment de rendre des décisions pouvant être
défavorables. Plus important encore, je fais allusion à l’équité au
sens courant et souple du terme. Nous voulons que les décisions du
SCC tiennent compte des besoins et des intérêts de toutes les
parties concernées. Nous croyons que les décisions et les mesures ne
devraient pas être faussées par des idées préconçues, des «
alliances », des stéréotypes ou le simple fait de négliger
d’accorder à la question l’attention qu’elle mérite. Au-delà de la
complexité de la loi et des politiques, j’estime que cela reflète la
raison pour laquelle le Parlement a créé le Bureau de l’enquêteur
correctionnel.
Si le comportement de chacun est évalué
suivant une norme judicieuse, équilibrée et impartiale, il est plus
que probable que les problèmes soient réglés suivant les règles
établies. Si les autorités compétentes qui appliquent la norme
agissent de façon impartiale et indépendante et qu’elles sont
perçues comme telles, elles réussiront vraisemblablement à remplir
leur mission.
INSTANTANÉS
Il est 9 h 30
(heure de l’Est)
-
Un de nos agents de réception des
plaintes est au téléphone avec la femme d’un détenu incarcéré dans
un établissement à sécurité moyenne. La veille, on a refusé à
celle-ci le droit de visite parce que les résultats du détecteur
ionique avaient été positifs. L’agent explique à la femme les
recours possibles et l’information que doit lui fournir le SCC à
ce sujet.
-
Un autre agent de réception des plaintes
examine les messages téléphoniques qu’un autre délinquant a reçus
la nuit précédente. Il rédige une description détaillée de chaque
message qu’il versera dans la corbeille d’arrivée de l’enquêteur.
S’il s’agit d’une question urgente, il veillera à ce que
l’enquêteur ou, en l’absence de celui-ci, l’agent de service soit
immédiatement informé du message.
-
Notre directeur pour les régions du
Québec et de l’Atlantique assiste à une réunion du Comité
consultatif national à l’Unité spéciale de détention.
-
Notre agent de service s’entretient avec
le chef des Services de santé dans un établissement de la région
de l’Atlantique au sujet d’un détenu qui a appelé 15 minutes
auparavant concernant l’accès à un médicament de prescription pour
calmer sa douleur. Le chef des Services de santé explique que le
nom du détenu figurait sur la liste de distribution des
médicaments, mais qu’il ne s’était pas présenté le matin pour
prendre ses médicaments. Le chef des Services de santé prend les
dispositions nécessaires pour donner au détenu un laissez-passer
lui permettant de venir chercher ses médicaments avant 10 h et
pour confirmer par courriel la présence du détenu à l’agent de
service.
-
L’un de nos enquêteurs de la région du
Québec met la dernière main à un rapport semi-annuel sur des
sujets de préoccupation dans un établisse-ment à sécurité
maximale. Il y « incorpore » l’avis juridique d’un avocat sur une
question d’équité administrative dans des réexamens des cas
d’isolement.
-
Notre coordonnateur de l’examen des cas
de recours à la force examine une vidéo sur le transfèrement d’un
détenu à une unité d’isolement effectué par l’équipe
d’intervention en cas d’urgence en établissement.
-
Dans un établissement à sécurité moyenne
de la région des Prairies, un de nos enquêteurs et notre
coordonnateur des questions autochtones
PRINCIPALES QUESTIONS EN SUSPENS
DÉLINQUANTS AUTOCHTONES
Notre examen des données du Service
correctionnel et des plaintes des délinquants révèle que les
obstacles disproportionnés à la mise en liberté en toute sécurité et
en temps opportun des délinquants constituent un problème permanent
et une source d’embarras, ce qui est davantage le cas pour les
délinquantes autochtones.
Nous préconisons depuis longtemps la prise
de mesures en vue de régler ces problèmes pour assurer la présence
des Autochtones et la présentation de leurs vues à des réunions de
la haute direction et de faire effectuer un examen indépendant et
éclairé des politiques et des procédures du Service en ce qui a
trait aux obstacles discriminatoires à la réinsertion sociale en
temps opportun des délinquants.
Compte tenu de l’importance accordée aux
questions autochtones dans le discours du Trône de 2000, le Comité
de direction du Service correctionnel a indiqué qu’il fallait
prendre des mesures particulières pour remédier à la position
désavantageuse des délinquants autochtones. La commissaire a indiqué
pour la première fois que le Service devait « s’assurer que les
initiatives créées donnent lieu à des résultats ».
Recommandations
de 2001-2002
Que le Service produise, chaque trimestre,
un rapport sur les délinquants autochtones axé sur les questions
suivantes : n les transfèrements;
-
la mise en isolement;
-
les mesures disciplinaires;
-
les permissions de sortir et les
placements à l’extérieur;
-
les renvois en vue du maintien en
incarcération;
-
les reports de l’examen du cas en vue de
la libération conditionnelle;
-
les suspensions et les révocations de la
mise en liberté sous condition.
Que le rapport trimestriel sur les
délinquants autochtones, lequel comprendra une analyse de
l’information consignée, soit un élément permanent à l’ordre du jour
des comités de gestion supérieure du Service.
Compte tenu de la situation désavantageuse
persistante des délinquants autochtones :
-
qu’un cadre supérieur responsable des
programmes pour les Autochtones et de la liaison avec les
collectivités autochtones soit nommé à titre de membre votant
permanent des comités de gestion supérieure au palier des
établissements, des régions et de l’administration centrale;
-
que les politiques et les procédures
actuelles du Service soient immédiatement examinées afin de
repérer et d’éliminer les formes de discrimination systémique qui
font obstacle à la réinsertion sociale des Autochtones. Cet examen
devra être effectué par un organisme indépendant du Service
correctionnel du Canada, et avec l’entier appui et la
participation d’organisations autochtones.
Réponse du
SCC
Le SCC considère
comme hautement prioritaire les questions liées à la préparation des
délinquants autochtones en vue de leur mise en liberté sans danger
et au moment opportun. Dans son Rapport sur les plans et les
priorités pour 2002-2003, le Service appuie l’engagement du
gouvernement qui souhaite avant tout réduire le taux d’incarcération
chez les Autochtones, tel qu’il a été annoncé dans le discours du
Trône (janvier 2002).
Même s’ils
représentent seulement 2,8 % de la population canadienne, les
Autochtones comptent pour 17 % de la population carcérale des
établissements fédéraux. La proportion des délinquants autochtones
incarcérés est de 68 % contre 58 % pour les délinquants non
autochtones. En plus de présenter un taux d’incarcération élevé, les
Autochtones ont plus de difficulté à répondre aux exigences liées
aux préparatifs en vue de leur réinsertion sociale, par comparaison avec les délinquants non
autochtones.
Par exemple, en
moyenne, les délinquants autochtones purgent 52 % de leur peine
avant de pouvoir bénéficier d’une mise en liberté sous condition,
contre 47 % pour les autres.
Selon les
recherches effectuées, même si, en général, les délinquants
autochtones ont tendance à recevoir des peines légèrement plus
courtes, ils sont plus susceptibles d’être condamnés pour des
infractions graves et ont de nombreux démêlés avec le système de
justice pénale dans leur jeunesse et à l’âge adulte. En outre, les
délinquants autochtones ont des besoins culturels très variés
puisqu’ils sont d’origines diverses : Premières nations, Métis et
Inuits. Ils peuvent préférer ou non une orientation traditionnelle
et bon nombre d’entre eux choisissent la vie urbaine plutôt qu’une
réserve. Les interventions correctionnelles à l’égard des
délinquants autochtones deviennent alors plus difficiles à
appliquer.
Dans son rapport,
l’enquêteur correctionnel cite une étude remontant à dix ans, qui
constate l’existence d’une discrimination systémique au sein de
l’organisation. Depuis lors, le SCC a beaucoup investi dans des
interventions spécifiquement culturelles. Il n’en demeure pas moins
que les décisions touchant la mise en liberté doivent être fondées
sur une évaluation du risque pour protéger la sécurité du public.
Nous devons continuer de surveiller nos pratiques afin d’améliorer
notre rendement à ce chapitre.
À noter que
certaines améliorations ont été apportées :
Le SCC examine les
renseignements touchant les délinquants autochtones aux réunions du
Comité de direction. Les informations connexes sont mises à la
disposition de tous dans le Système d’établissement de rapports, mis
à jour chaque semaine.
Conformément aux
grandes orientations gouvernementales en ce qui concerne le
traitement des Autochtones au sein du système de justice pénale, le
SCC a également constaté l’existence de lacunes dans la prestation
des programmes. Cette année, le SCC renforcera le rôle des comités
consultatifs nationaux et régionaux sur les Autochtones en y
incluant une importante représentation des divers groupes et régions
géographiques autochtones. Les comités orienteront davantage nos
efforts et nous conseilleront quant aux façons d’améliorer notre
capacité de mieux préparer les délinquants en vue d’une réinsertion
sociale en toute sécurité.
En ce qui concerne
une recommandation de créer un poste de niveau élevé responsable des
questions autochtones, le SCC considère que la réinsertion des
délinquants autochtones est une responsabilité partagée entre tous
les niveaux de gestion du SCC et les délinquants eux-mêmes, puisque
ces derniers doivent assumer la responsabilité de leurs gestes,
ainsi que les autorités communautaires. En effet, le SCC a la chance
de pouvoir bénéficier de l’intérêt et des efforts de nombreux chefs
autochtones qui ont accepté de s’attaquer au problème de la sécurité
dans leurs collectivités.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons trouvé que cette réponse était
vague et qu’elle ne donnait pas suite à nos recommandations
particulières. Il y avait une allusion caractéristique aux
intentions globales qui ne justifient pas les retards considérables
dans la mise en œuvre des programmes et des politiques. Ces retards
étaient en grande partie attribuables à des problèmes de dotation à
la Direction des questions autochtones du Service.
La réponse à nos recommandations concernant
le cadre supérieur nommé à titre de membre votant aux réunions du
Comité de direction ne tenait pas compte de la nécessité d’une
responsabilisation opérationnelle centrale et uniforme.
Le SCC n’a pas donné suite à toutes nos
recommandations concernant un examen indépendant des formes de
discrimination qui font obstacle à la réinsertion sociale des
Autochtones.
Nos discussions ultérieures avec le Service
ont donné lieu à des réunions avec la commissaire et la
sous-commissaire principale les 21 mars et 4 avril 2003.
Par suite de ces réunions, le Service s’est
engagé à :
-
produire, à compter de juin 2003, des
rapports trimestriels sur les principaux facteurs influant sur les
taux comparatifs de réinsertion sociale des délinquants
autochtones dans le système correctionnel;
-
examiner ces rapports deux fois par
année aux réunions du Comité de direction du SCC;
-
examiner la structure de gouvernance
pour les questions autochtones d’ici juin 2003 pour déterminer si
des changements doivent être apportés aux rapports
hiérarchiques;
-
examiner et à mettre à jour les plans
d’action sur les initiatives autochtones d’ici le 5 mai
2003;
-
fournir des renseignements sur les
réunions entre le Service et les organismes autochtones,
particulièrement en ce qui a trait à la validité des outils
d’évaluation utilisés pour classer les délinquants autochtones aux
fins de placement.
Nous continuons actuellement à croire qu’il
doit y avoir à tous les paliers du SCC des gestionnaires ayant le
pouvoir direct de prendre les mesures visant à améliorer les
programmes et le soutien dans la collectivité qui sont nécessaires
pour remédier à la position désavantageuse actuelle des délinquants
autochtones. Ces mesures comprendraient notamment un cadre supérieur
qui relèverait au moins directement de la sous-commissaire
principale dans ce domaine et qui aurait accès aux outils de
recherche et de vérification ainsi qu’aux outils budgétaires
nécessaires pour obtenir les résultats escomptés. Nous espérons que
l’examen que le Service effectuera de ses structures de gouvernance
donnera lieu à ces changements.
En ce qui a trait à l’examen des obstacles à
la réinsertion sociale auxquels sont confrontés les délinquants
autochtones, le Service a récemment précisé qu’il procèderait à une
évaluation de ses outils d’évaluation pour déterminer si ceux-ci
sont culturellement discriminatoires et s’ils ne répondent donc pas
aux besoins des délinquants autochtones. Si l’évaluation indique que
les outils sont appropriés, le SCC procédera à un examen des autres
obstacles qui empêchent la réinsertion sociale efficace des
délinquants autochtones.
Le dialogue avec la collectivité et des
évaluations particulières des outils d’évaluation seront utiles pour
examiner les obstacles auxquels se heurtent les délinquants
autochtones, mais ils ne produiront pas le vaste examen qui est
nécessaire comme point de départ.
Le mécanisme d’examen indépendant de la
situation des Autochtones qui avait été recommandé par le
sous-comité de la Chambre des communes chargé de l’examen de la
LSCMLC était le vérificateur général. À l’heure actuelle, il semble
peu probable que celui-ci puisse être en mesure de procéder à un tel
examen dans un avenir prévisible. Par conséquent, nous croyons qu’un
autre expert indépendant devrait être choisi et chargé de procéder à
un examen de la discrimination systémique dont sont victimes les
Autochtones.
Je reconnais les avantages éventuels des
engagements que le Service a pris cette année, mais je ne suis pas
convaincu que les efforts déployés permettront de donner
l’orientation ou l’indépendance requise pour procéder à l’examen
nécessaire afin de commencer à remédier à la situation
discriminatoire actuelle.
Comme je l’ai indiqué dans le passé, le
problème va bien au-delà de la surreprésentation des Autochtones
dans les pénitenciers fédéraux. Il faut examiner plus
particulièrement ce qui arrive aux délinquants autochtones pendant
qu’ils sont pris en charge par le Service. Au 31 mars 2003, 41 % des
délinquants non autochtones bénéficiaient d’une certaine forme de
liberté sous condition, tandis que seulement 29 % des délinquants
autochtones sous responsabilité fédérale purgeaient leur peine dans
la collectivité. Dans le cas des délinquantes autochtones, l’écart
est encore plus grand. En effet, 60 % des délinquantes non
autochtones purgent leur peine dans la collectivité, tandis que
seulement 40 % des délinquantes autochtones bénéficient d’une
liberté sous condition.
Comme les formes de discrimination faisant
obstacle à la réinsertion sociale des Autochtones au moment opportun
sont encore les mêmes, je réitère mes recommandations de 1999 :
-
qu’un cadre supérieur responsable des
programmes pour les Autochtones et de la liaison avec les
collectivités autochtones soit nommé à titre de membre votant
permanent des comités de gestion supérieure au palier des
établissements, des régions et de l’administration centrale;
-
que les politiques et les procédures du
Service soient immédiatement examinées afin de repérer et
d’éliminer les formes de discrimination systémique qui font
obstacle à la réinsertion sociale des Autochtones. Cet examen
devra être effectué par un organisme indépendant du Service
correctionnel du Canada, et avec l’entier appui et la
participation d’organisations autochtones.
DÉLINQUANTES
Les observations que j’ai formulées dans le
rapport de l’an dernier demeurent pertinentes :
L’état
actuel des services correctionnels pour les délinquantes sous
responsabilité fédérale doit être vu dans le contexte de la «
vision du changement » présentée il y a plus de dix ans par le
Groupe d’étude sur les femmes purgeant une peine fédérale (La
création de choix, 1990). Le thème central du rapport La création
de choix est « que les besoins des femmes en matière
correctionnelle sont profondément différents de ceux des hommes et
que pour rendre justice aux buts visés par l’imposition d’une
peine à des femmes, le système correctionnel devrait tenir compte
du sexe » (Commission Arbour, 1996).
La
Commission d’enquête sur certains événements survenus à la Prison
des femmes de Kingston (Commission Arbour, 1995) a donné au
Service correctionnel à la fois une impulsion et une tribune pour
qu’il s’engage à mettre en pratique une série de principes
opérationnels pour la gestion future des services correctionnels
destinés aux délinquantes. En plus de faire de longs commentaires
sur l’« absence troublante d’engagements de la part du Service
correctionnel à l’égard des idéaux de la justice », le rapport
d’avril 1996 de la juge Arbour présente une série de
recommandations précises qui vise à faire en sorte que les
pratiques correctionnelles répondent à l’avenir aux besoins des
délinquantes.
La
réponse initiale au rapport Arbour a été positive. En juin 1996,
le solliciteur général a accepté l’idée maîtresse du rapport,
c’est-à-dire que « le Service correctionnel est tenu de respecter
la règle du droit dans l’exercice de ses responsabilités ». Le
ministre a annoncé que serait créé un poste de sous-commissaire
pour les femmes et que seraient apportés « les changements
organisationnels ou touchant les programmes recommandés ». On a
dit à l’époque de certaines recommandations du rapport « qu’il
faudra[it] les étudier plus à fond avant de déterminer quelle
serait la meilleure façon d’atteindre l’objectif qui sous-tend
chacune d’entre elles ». Ces recommandations devraient être «
traitées dans le cadre du plan définitif de suivi.
Recommandations
de 2001-2002
La Commission d’enquête Arbour a été un
processus très public et très général dans son orientation. Son
rapport fait date dans les services correctionnels en ce pays. Ses
conclusions et ses recommandations ont polarisé notre attention non
seulement sur les possibilités qui s’offrent dans le domaine des
services correctionnels destinés aux femmes mais aussi sur
l’obligation de faire preuve de transparence, d’impartialité et de
responsabilité dans les opérations correctionnelles.
Le déplacement des femmes des pénitenciers
pour hommes vers les établissements régionaux entraînera un certain
nombre de difficultés à surmonter pour le Service, dans l’immédiat
et à long terme. Pour les surmonter, il faudra qu’il se concentre à
la fois sur les possibilités qui s’offrent aux services
correctionnels destinés aux femmes et sur l’obligation de
transparence, d’impartialité et de responsabilité.
Je recommande que cette réorientation
commence par :
- l’achèvement, par le Service
correctionnel, d’un « plan définitif de suivi » aux
recommandations de la juge Arbour, d’ici octobre 2002;
- la distribution de ce plan aux intéressés
(dans l’administration fédérale et à l’extérieur), d’ici novembre
2002;
- le lancement d’une consultation publique,
d’ici janvier 2003;
- la publication d’un rapport final sur
l’état des recommandations de la juge Arbour, d’ici avril 2003.
Réponse du
SCC
Le paragraphe 4h)
et l’article 77 de la LSCMLC exposent des directives spécifiques sur
la prise en charge et la garde des délinquantes. On consulte
constamment les principaux intervenants au sujet des questions
concernant les délinquantes.
Le SCC a répondu à
toutes les recommandations du rapport Arbour relevant de sa
compétence.
Celles qui
concernent les nouvelles dispositions législatives sur
l’administration des peines ont été transmises au ministère de la
Justice. Le processus de mise en œuvre a été marqué par de
nombreuses discussions, des consultations poussées et plusieurs
rapports sur les dispositions prises. Il existe des structures de
gestion appropriées pour la planification, l’exécution, la mise en
œuvre et le suivi des recommandations touchant les nouvelles
questions correctionnelles permanentes.
Les résultats
correctionnels obtenus à l’égard des délinquantes, par exemple les
taux de récidive des délinquantes sous surveillance, sont demeurés
assez stables depuis six ans. Les données concernant les
interventions et les résultats correctionnels sont surveillés par le
Comité de direction.
Faits nouveaux
en 2002-2003
La réponse du Service sur la question des
délinquantes était au mieux mal définie et n’abordait pas les
aspects spécifiques des questions soulevées dans mes
recommandations.
J’ai rencontré la commissaire le 7 avril
2003. Nous avons exposé en détail nos préoccupations mentionnées
ci-dessus, et le Service a pris les engagements suivants :
- examiner la possibilité d’une réponse
publique d’un gouvernement aux recommandations de la juge Arbour;
- déterminer les résultats des
considérations du ministère de la Justice concernant la
recommandation de la juge Arbour en ce qui a trait aux mécanismes
législatifs « qui prévoient des sanctions pour interférence
correctionnelle dans l’intégrité d’une peine »;
- déterminer comment faire état aux
intervenants des réponses du SCC aux recommandations de la juge
Arbour.
Nous n’avons jusqu’à présent reçu aucune
réponse relativement à ces questions.
Par conséquent,
je réitère mes recommandations précédentes dans l’attente d’une
réponse.
HARCÈLEMENT SEXUEL
Il est manifestement nécessaire depuis
déjà quelque temps d’avoir une méthode améliorée et efficace
destinée à examiner les plaintes de harcèlement sexuel présentées
par les délinquantes.
L’une des principales recommandations de la
Commission Arbour en 1996 était que « la politique de harcèlement
sexuel du Service correctionnel soit étendue pour s’appliquer aux
détenues ».
Le BEC estime toujours que toutes les
caractéristiques de la politique du Service correctionnel sur le
harcèlement sexuel des employés devraient figurer dans sa politique
concernant les délinquants. En juillet 2001, le Service semblait
être disposé à mettre en œuvre une telle mesure. Sa politique
provisoire contenait bon nombre des mesures que nous avions
préconisées pour assurer l’indépendance, la compétence, la minutie,
la confidentialité, le caractère délicat et l’efficacité de ce
recours exceptionnel.
Recommandations
de 2001-2002
Que le Service mette en œuvre immédiatement
une politique sur les enquêtes relatives aux accusations de
harcèlement sexuel portées par les délinquants, laquelle préciserait
:
- que les enquêtes seront ouvertes par la
sous-commissaire pour les femmes ou, si le plaignant est un homme,
par le sous-commissaire régional compétent;
- que, dans chaque cas, la directive
ordonnant la tenue de l’enquête sera transmise au Bureau de
l’enquêteur correctionnel;
- que tous les membres du comité d’enquête
devront avoir reçu une formation sur le traitement des plaintes de
harcèlement sexuel;
- qu’au moins l’un des membres du comité
d’enquête devra être de l’extérieur du Service correctionnel, et
qu’aucun des membres n’aura des liens avec l’établissement
correctionnel concerné;
- que le plaignant sera consulté au cours
de l’enquête et avant le dépôt du rapport afin qu’il puisse
apporter des précisions et formuler des observations, et que
celles-ci figureront dans le rapport final;
- que, dans chaque cas, copie du rapport
d’enquête sera rapidement transmise au plaignant et au BEC;
- que le responsable qui a ouvert l’enquête
devra prendre les mesures correctives voulues sans attendre.
Réponse du
SCC
Le SCC ne tolère
aucune forme de harcèlement, à l’endroit ou de la part du personnel,
des délinquants, des visiteurs ou des contractuels.
Les documents de
politique sont en place. Le SCC a adopté la Politique sur la
prévention et le Règlement du harcèlement en milieu de travail
établie par le Conseil du Trésor, pour prévenir et résoudre les cas
de harcèlement à l’endroit du personnel.
Il existe en outre
des mécanismes appropriés de recours et de résolution (p. ex.
système de griefs, Bureau de l’enquêteur correctionnel et Commission
canadienne des droits de la personne) pour les enquêtes sur les cas
présumés d’inconduite sexuelle et d’autres graves accusations
portées contre les délinquants, par le personnel, les contractuels
et les bénévoles.
Les cas
particuliers d’allégations de harcèlement sexuel commis par des
employés à l’endroit des délinquants sont portés à l’attention
immédiate de la commissaire ou de la sous-commissaire principale.
Comme nous l’avons fait par le passé, nous comptons sur l’enquêteur
conectionnel pour soulever les allégations de harcèlement sexuel
auprès des directeurs d’établissement et de district. Aucun cas de
harcèlement n’a été rapporté depuis les deux dernières années.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Cette réponse a confirmé une importante
volte-face de la part du Service. En 2001, ce dernier avait publié
une ébauche de Directive du commissaire qui aurait donné suite à
presque toutes nos recommandations. En effet, cette ébauche
appliquait aux délinquants les protections prévues dans la politique
pour le personnel. Nous nous attendions à ce que l’ébauche soit
finalisée au cours de l’exercice suivant et que cette question soit
réglée. Or, en septembre 2002, le Service a publié une politique qui
ne respectait pas les principes exposés dans l’ébauche et qui
reléguait les plaintes des délinquants à un examen effectué dans le
cadre d’un processus de règlement de griefs très peu modifié. À
notre avis, seuls quelques-uns des éléments qui auraient assuré
l’efficacité ou l’indépendance du processus ont été retenus dans
l’approche proposée.
Le Rapport final sur la vérification de la
dotation mixte, publié en avril 2001, est conforme aux
recommandations de la Commission Arbour. Le rapport, que le Service
a commandé pour examiner les questions de harcèlement dont sont
victimes les délinquantes, recommandait fortement la mise en œuvre
d’un système de recours efficace et contenait de nombreuses
observations sur la responsabilité du Service d’assurer que les
plaintes de harcèlement fassent l’objet d’enquêtes indépendantes
effectuées de manière rigoureuse et rapide par des personnes ayant
reçu la formation nécessaire. Le Service n’a pas encore donné suite
aux recommandations du rapport à ce sujet.
Finalement, je note que, selon les propres
données du Service, il y a eu 21 griefs de harcèlement sexuel ou
d’inconduite en 2001-2002 et 12 au cours du présent exercice.
Nous avons, à de nombreuses reprises, fait
part de nos sérieuses préoccupations au Service, à la suite de quoi
nous avons rencontré la commissaire et la sous-commissaire
principale le 31 mars.
Le Service correctionnel est d’avis que bon
nombre des éléments de sa politique sur les plaintes des employés
sont applicables au processus de règlement des griefs, même s’ils ne
sont pas exprimés aussi clairement qu’ils le devraient.
Nous ne sommes pas encore parvenus à une
entente qui répondrait aux intérêts des délinquants et du Service
sur cette question. Toutefois, nous avons reconnu qu’il pourrait
être possible de créer un processus d’enquête dans le cadre général
du système de règlement des plaintes et des griefs des délinquants,
pourvu que ces plaintes fassent l’objet d’enquêtes indépendantes
effectuées de façon rigoureuse et rapide par des personnes ayant
reçu la formation nécessaire.
Je recommande
que le Service correctionnel adopte en principe la même politique de
harcèlement des délinquants que celle qu’il a adoptée pour le
harcèlement des employés, pourvu que seuls soient apportés les
changements nécessaires en raison du fait que les délinquants ne
sont pas des employés ou des membres d’unités de négociation.
Je recommande
également que cette politique soit adoptée d’ici le 30 septembre
2003, après avoir fait l’objet de consultations auprès des
délinquants et du vérificateur de la dotation mixte.
PRÉPARATION DES CAS ET ACCÈS AUX PROGRAMMES
Le fait d’offrir aux détenus les programmes
nécessaires en tenant compte de leur date prévue de mise en liberté
constitue le moyen privilégié de favoriser leur réinsertion sociale
en toute sécurité et en temps opportun.
De plus, il est essentiel que le personnel
chargé de la gestion des cas procède à une analyse et fassent des
recommandations assez tôt pour que soit prise rapidement une
décision en matière de mise en liberté.
Nous avons trouvé que des lacunes liées à
ces deux éléments avaient entraîné des retards, particulièrement
dans le cas des délinquants autochtones.
J’ai recommandé à maintes reprises que ces
lacunes soient cernées et comblées.
Recommandations
de 2002
1. Que le Service entreprenne immédiatement
un examen de l’accès aux programmes et de la mise en liberté sous
condition au moment opportun qui porte sur :
- la capacité d’accueil des programmes
actuels, les listes d’attente et les mesures précises nécessaires
pour combler les lacunes;
- les raisons précises des délais dans
l’examen des cas par la Commission nationale des libérations
conditionnelles et les mesures requises pour en réduire le nombre;
- les causes de recul du nombre de
permissions de sortir sans escorte et de placements à l’extérieur,
et les mesures requises pour accroître la participation à ces
programmes;
- les raisons pour lesquelles les
délinquants autochtones sont continuellement défavorisés en ce qui
concerne l’accès rapide à la mise en liberté sous condition, et le
plan concret requis pour remédier à cette situation.
2. Que cet examen, assorti de plans d’action
circonstanciés, soit mené à terme d’ici novembre 2002.
Réponse du
SCC
Le SCC a pour
mandat de préparer les délinquants à une mise en liberté, en toute
sécurité, dans la collectivité.
Des analyses comme
celles que propose l’enquêteur conectionnel sont effectuées au moyen
d’examens réguliers, au niveau opérationnel (c’est-à-dire dans les
établissements et les bureaux de libération conditionnelle), ainsi
que par des examens plus systématiques ayant lieu aux
administrations régionales et centrale. De plus, on instaure des
tribunes pour discuter du rendement, à la fois au sein du SCC et
entre ce dernier et la Commission nationale des libérations
conditionnelles.
Le SCC reconnaît
une diminution dans le recours aux mesures normalement associées à
une bonne préparation des délinquants en vue de leur réinsertion
sociale en toute sécurité (p. ex. permissions de sortir sans
escorte, placements à l’extérieur et formes discrétionnaires de mise
en liberté sous condition). Cette tendance signifie que les
délinquants sont incapables de démontrer que leur potentiel de
récidive a diminué.
Le SCC a pris des
dispositions pour réviser son infrastructure opérationnelle et
compte mettre en application des régimes correctionnels applicables
à des groupes spécifiques de délinquants. Ces régimes sont en fait
des routines carcérales qui décriront plus précisément les
comportements et les attitudes attendues à l’égard des délinquants,
sur le plan des programmes thérapeutiques et des interactions
sociales. Ces régimes ont pour but d’enseigner aux délinquants à
assumer la responsabilité de leurs actes et de les aider dans cette
démarche, ce qui les préparera en vue d’une mise en liberté en toute
sécurité dans la collectivité en tant que citoyens respectueux des
lois. De plus amples détails figurent dans le Rapport sur les plans
et priorités du SCC.
On peut s’attendre
à ce qu’un souci accru d’intervention, axée sur des groupes
sélectionnés de délinquants présentant des caractéristiques
similaires, mènera à une meilleure préparation en vue d’une mise en
liberté sans danger.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons trouvé que la réponse du Service
correctionnel n’avait pas abordé les aspects particuliers de nos
recommandations — un examen ciblé de l’accès aux programmes et à la
mise en liberté en temps opportun, fondé sur les éléments énumérés
et assorti de plans d’action précis et d’objectifs mesurables. Dans
sa réponse, le SCC a plutôt indiqué que l’évolution prévue du profil
de la population carcérale était le principal obstacle à la mise en
liberté en temps opportun et a préconisé une approche future, soit
le système des régimes correctionnels, comme étant la principale
solution pour régler ces questions.
L ’an dernier, nous mentionné les faits
suivants pour illustrer nos préoccupations :
- 53,9 % des examens en vue de la
libération conditionnelle totale, au quatrième trimestre de
l’année dernière ont été reportés, ce qui était le cas de 42,8 %
des examens au quatrième trimestre de 1999-2000;
- 72 % des délinquants autochtones sont
incarcérés au-delà de la date de leur admissibilité à la
libération conditionnelle totale; dans le cas des délinquants non
autochtones, la proportion est
de 59 %;
- sur 100 délinquants, 13 délinquants non
autochtones contre 26 délinquants autochtones font l’objet d’un
mandat de suspension de la liberté conditionnelle;
- au quatrième trimestre de 2001-2002, 56 %
des délinquants non autochtones contre 35 % des délinquants
autochtones ont atteint la date d’expiration de leur mandat sans
révocation de leur mise en liberté sous condition;
- au quatrième trimestre de 1999-2000, on a
enregistré 1 034 permissions de sortir sans escorte et 831
placements à l’extérieur; au quatrième trimestre de 2001-2002, les
chiffres s’établissaient à 698 permissions de sortir sans escorte
et à 417 placements à l’extérieur;
- chez les délinquants autochtones, le
nombre de permissions de sortir sans escorte et de placements à
l’extérieur a chuté de 215 au quatrième trimestre de 1999-2000 et
à 130 au quatrième trimestre de 2001-2002.
Au moment où le Service a apporté sa
réponse, le système des régimes correctionnels en était à ses
premières étapes d’élaboration, et son incidence sur nos
constatations et nos recommandations était inconnue. L ’élaboration
d’un système de régimes correctionnels dans les établissements a
depuis fait l’objet de changements d’orientation et de retards. Quoi
qu’il en soit, le système de régimes correctionnels et l’évolution
du profil de la population carcérale n’empêchent pas la prise des
mesures que nous avons recommandées.
En l’absence de
réponses plus tangibles, je recommande :
- que le
Service correctionnel présente un rapport sur ses examens et des
conclusions en ce qui a trait aux éléments traités dans nos
recommandations précédentes d’ici octobre 2003;
- que le
Service présente, d’ici la fin de décembre 2003, un plan d’action
qui explique en détail les mesures à prendre pour combler les
lacunes relevées, y compris des critères mesurables pour évaluer
le succès des mesures.
BLESSURES SUBIES PAR LES DÉTENUS ET
SURVEILLANCE DE LA VIOLENCE DANS LES ÉTABLISSEMENTS
Il est essentiel, pour assurer la garde
sécuritaire et humaine des détenus, de consigner et d’analyser
exactement et rapidement les établissements et les blessures subies
par les détenus.
Nous avons donc à maintes reprises
recommandé des améliorations à la capacité du service correctionnel
dans ces domaines pour veiller à ce que les cadres supérieurs se
penchent sur ces questions importantes et prennent, au besoin, les
mesures correctives appropriées en temps opportun.
Recommandations
de 2001-2002
Violence dans les établissements
Que le Service prenne immédiatement les
mesures suivantes pour remplir ses engagements antérieurs à propos
de la surveillance de la violence dans les établissements :
- la mise en application d’un système
d’information qui permette de recueillir des données exactes et
représentatives;
- la production de rapports d’analyse
trimestriels;
- l’examen de ces rapports par le Comité de
direction du Service.
Blessures subies par les détenus
Que le Service adopte une politique
nationale sur le signalement, la consignation et l’examen des
blessures subies par les détenus afin d’assurer :
- la consignation rapide et exacte des
blessures et des circonstances qui en sont à l’origine;
- l’analyse et le compte rendu trimestriels
de l’information recueillie au sujet des blessures subies par les
détenus;
- l’examen de ces rapports trimestriels par
le Comité de direction du Service.
Réponse du
SCC
La prévention et le
contrôle de la violence est — et se doit d’être — une préoccupation
continue pour les systèmes correctionnels du monde entier. Le SCC
surveille et examine tous les incidents de violence pour mieux les
prévenir et les atténuer à l’avenir.
Certes, le SCC
reconnaît que les mécanismes actuels de rapport méritent d’être
améliorés pour que tous les incidents liés à des perturbations dans
les établissements soient signalés. Le SCC a conçu de nouveaux
rapports qui seront mis en œuvre en octobre 2002. Pendant la phase
de mise en œuvre, on effectuera une vérification rigoureuse de la
qualité des données.
Les Comités de la
sécurité et de la santé au travail dans les établissements examinent
les accidents survenus parmi les détenus, dans le cadre de leurs
mandats respectifs. Pour réduire davantage les risques de blessures
parmi les détenus et les employés, depuis six mois, seuls les
membres des Équipes pénitentiaires d’intervention en cas d’urgence
(EPIU) ou les membres entraînés des Équipes d’extraction de cellules
procèdent à de telles extractions.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons trouvé que la réponse n’avait pas
abordé le fond des recommandations :
- la nécessité d’une procédure globale et
d’outils détaillés pour signaler et examiner les blessures subies
par les détenus et la violence dans les établissements;
- la production de rapports analytiques
trimestriels sur la violence dans les établissements et les
blessures subies par les détenus;
- l’examen de ces rapports par le Comité de
direction.
En novembre et en décembre 2002, des membres
de mon personnel ont rencontré des représentants du SCC pour essayer
de préciser les écarts marqués que nous avions observés dans
l’information sur la gravité des blessures consignées par le Service
et de remédier à la situation. Nous avons demandé d’obtenir les
rapports d’enquête, tel que l’exige l’article 19 de la Loi sur les systèmes correctionnels et la mise
en liberté sous condition, sur un certain nombre de cas de «
blessures graves », rapports que le Service ne nous avait pas
apparemment envoyés. De plus, nous avons demandé que le Comité de
direction du SCC examine les rapports trimestriels.
Par suite des réunions et de notre
correspondance subséquente avec la sous-commissaire principale, les
parties on pu s’entendre sur la nécessité de collaborer pour assurer
l’exactitude des données et l’envoi en temps opportun au BEC des
rapports d’enquête sur le décès de détenus ou les graves blessures
subies par eux, conformément à l’article 19 de la LSCMLC. Toutefois
:
- il y avait encore des anomalies dans les
rapports de cas qui nous ont été communiqués;
- il y avait encore de la confusion sur la
détermination exacte de la gravité des blessures;
- l’analyse et l’utilisation des rapports
trimestriels par le Comité de direction n’avait pas été précisées;
- il faut encore mettre en place un
mécanisme détaillé pour consigner les données pertinentes sur la
violence et les blessures et les signaler
aux gestionnaires appropriés.
Après la réunion qui a eu lieu à ce sujet
avec la commissaire, la sous-commissaire principale a fait parvenir
au BEC un registre des données qui devait préciser les chiffres sur
lesquels se fonde la haute direction pour procéder à ces analyses de
données sur les blessures subies par les détenus. Les données
figurant dans le registre, qui portaient sur le décès, les blessures
que se sont infligés les détenus, les voies de fait mineures et les
suicides, révélaient de graves écarts par rapport aux autres sources
d’information du SCC. Nous avons suggéré de tenir une autre réunion
pour examiner ces écarts. En attendant les résultats de cette
réunion et d’autres discussions :
Je recommande
que le Service donne suite à mes recommandations précédentes sur la
violence dans les établissements et les blessures subies par les
détenus et notamment :
- qu’un
système de rapports trimestriels de l’information sur la violence
et les blessures subies par les détenus devant être présentés au
Comité de direction soit mis en œuvre d’ici la fin de juin
2003;
- que le
Service correctionnel fasse effectuer un examen spécial de
l’exactitude des données qu’il peut récupérer d’ici la fin
d’octobre 2003;
- que le
Service adopte un système de consignation des blessures d’après la
gravité des dommages corporels et moraux causés aux détenus et non
d’après la gravité des circonstances dans lesquelles ces blessures
ont été infligées;
- que le
Service correctionnel établisse un plan pour veiller, d’ici la fin
de juin 2003, à ce que tous les incidents de blessures graves
subies par les détenus fassent l’objet d’une enquête rigoureuse et
rapide.
ENQUÊTES
La garde sécuritaire et humaine des détenus
dépend en grande partie d’une enquête approfondie, objective et
rapide des incidents qui compromettent ou menacent la sécurité du
personnel et des détenus. Si les renseignements tirés des rapports
d’enquête sur ces incidents sont examinés suivant des normes
uniformes et utiles, ils peuvent être utilisés par les gestionnaires
du Service correctionnel pour prévenir d’autres dommages.
Nous avons trouvé que le Service ne
disposait pas suffisamment de procédures et d’outils détaillés, de
données exactes et de définitions claires nécessaires pour permettre
aux gestionnaires de remplir cette fonction. De plus, le moment
approprié de mener des enquêtes est un sujet de préoccupation depuis
longtemps.
Dans le cas particulier des rapports
d’enquête sur des « blessures graves » subies par des détenus qui
doivent être présentés au BEC, conformément à l’article 19 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en
liberté sous condition, nous avons trouvé que, certains cas
n’avaient pas été portés à notre attention, ou fait l’objet d’une
enquête raisonnable en raison des problèmes liés à la définition de
« blessures graves subies par des détenus ».
Recommandations
de 2001-2002
- Que la politique du Service sur les
enquêtes prévoie des délais précis pour l’achèvement du rapport
d’enquête et la vérification du plan d’action connexe;
- que le Service s’assure que ces délais
sont respectés et qu’il communique chaque trimestre les résultats
à son comité de direction;
- que tous les rapports d’enquête relatifs
à la mort de détenus ou à des blessures graves subies par eux
fassent l’objet d’examen à l’échelle nationale et soient
accompagnés de rapports récapitulatifs au sujet des
recommandations et des mesures correctrices, lequel sera produit
chaque trimestre;
- que des directives concernant la
détermination de la gravité des blessures soient intégrées à la
politique du Service sur les enquêtes;
- que tous les rapports d’enquête sur les
cas de décès de détenus ou de blessures graves subies par des
détenus soient transmis au Bureau de l’enquêteur correctionnel
dans les dix semaines qui suivent le début de l’enquête.
Réponse du
SCC
Le SCC s’engage à
mener les enquêtes opportunes, équitables, indépendantes, fiables et
complètes sur les incidents.
Le SCC procède à un
ajustement de son cadre de politiques afin d’améliorer l’examen des
incidents. Les propositions de l’enquêteur correctionnel ont
été en grande partie intégrées aux
politiques.
La mise en œuvre
est prévue pour octobre 2002.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Le Service a publié en septembre 2002 une
directive révisée de la commissaire sur les enquêtes. La politique
semblait indiquer l’intention du Service d’examiner les incidents de
façon plus coordonnée et opportune, mais pas de donner suite à nos
recommandations concernant :
- les rapports trimestriels sur le respect
des délais énoncés dans la politique;
- l’examen à l’échelle nationale de tous
les rapports d’enquête sur le décès de détenus ou des blessures
graves subies par eux, résumés dans des rapports trimestriels;
- l’intégration à la politique des lignes
directrices permettant de déterminer en quoi consiste une blessure
grave;
- la transmission au BEC des rapports
d’enquête sur les cas de décès des détenus ou de blessures graves
subies par des détenus dans les dix semaines qui suivent le début
de l’enquête.
Lors des réunions qui ont eu lieu en
novembre et en décembre 2002, le SCC a convenu de prendre les
engagement suivants :
- produire des rapports trimestriels
concernant les enquêtes portant sur la mort de détenus ou les
blessures graves subies par eux et nous les communiquer;
- veiller à ce que la Direction des
enquêtes du SCC et le BEC soient informés de toute blessure grave
subie par un détenu;
- intégrer au Manuel révisé des Services de
santé du SCC les lignes directrices pour préciser la définition de
blessure grave;
- présenter des rapports d’enquête
conformément à l’article 19 de la LSCMLC (mort de détenus et
blessures graves subies par des eux) au Bureau dans les trois mois
suivant l’incident.
Même si ces nouveaux engagements
représentent des progrès, le SCC n’a pas encore abordé un certain
nombre d’aspects particuliers de nos recommandations. De plus, nous
n’avons pas encore reçu les rapports trimestriels susmentionnés ou
le signalement uniforme d’incidents entraînant des blessures graves.
Je recommande
donc que le Service correctionnel fournisse l’information qu’il
s’est engagé à nous communiquer et qu’il prenne les mesures que j’ai
recommandées dans mon dernier rapport annuel d’ici octobre
2003.
UNITÉ SPÉCIALE DE DÉTENTION
L’unité spéciale de détention (USD)
représente le niveau de garde le plus restrictif en établissement
dans le système pénitentiaire. Nous avons souvent mis en doute la
nécessité d’avoir un établissement désigné pour accueillir les
délinquants jugés très dangereux. Nous estimons que ces cas seraient
plus efficacement gérés dans des établissements à sécurité maximale.
Notre position a été renforcée par
l’incapacité manifeste de l’USD d’offrir des programmes répondant
aux besoins de ses résidents, notamment les besoins en santé
mentale, et de motiver les détenus à participer en grand nombre aux
programmes. En l’absence de ces éléments, la fonction réelle de
l’USD est simplement d’accueillir les détenus dangereux plutôt que
de contrer le danger qu’ils représentent.
Recommandations
de 2001-2002
Que dans son examen actuel de la politique
qui régit l’USD, le Service se penche sur :
-
la mesure dans laquelle l’unité spéciale
de détention réussit à atteindre son objectif explicite;
-
le niveau de participation aux
programmes offerts et la pertinence de ces programmes par rapport
aux besoins cernés chez les détenus de l’USD;
-
les ressources nécessaires pour répondre
aux besoins des détenus actuels en fait de programmes;
-
la nomination d’un coprésident
indépendant qui siégera avec la sous-commissaire principale comme
décisionnaire dans le cas des détenus de l’USD;
-
la mise en place d’un protocole
d’examens mensuels indépendants des cas des détenus mis en
isolement en attendant leur transfèrement à l’USD.
Que l’examen de la politique relative à
l’USD, qui a été amorcé en mai 2001, soit mené à terme d’ici juillet
2002.
Réponse du
SCC
L’unité spéciale de
détention (USD) fournit un milieu permettant d’incarcérer les
détenus qui ne peuvent être en contact avec d’autres détenus en
raison de leur propension à la violence.
Le SCC profite de
l’occasion pour préciser qu’au cours de l’exercice 2001-2002, la
population de l’USD a diminué. Aucun détenu n’a été libéré dans la
collectivité directement à partir de l’unité par ce qu’il aurait
atteint la date d’expiration de son mandat ou sa date de libération
d’office. Tous les cas ont été évalués, puis examinés par le Comité
consultatif national (CCN). Soixante-dix-huit pour cent des
décisions de transfert à partir de l’USD vers d’autres
établissements ont été exécutées dans un délai d’un mois.
Le SCC reconnaît la
nécessité permanente de gérer ces cas de détenus violents et
difficiles dans les limites de la loi et de manière à les préparer à
réintégrer, au moment le plus opportun et en toute sécurité, un
établissement à sécurité maximale. Pour aider ces détenus, on
élabore actuellement une stratégie d’intervention propre à l’USD en
vue de motiver les détenus à participer à l’élaboration d’un plan
correctionnel menant à un transfèrement vers un établissement à
sécurité maximale. Ces interventions personnalisées se baseront sur
les profils des détenus, leurs niveaux de participation et de
coopération et l’envergure des changements réalisés. La recherche de
ressources sera considérée comme inhérente à l’élaboration et la
mise en œuvre de la stratégie susmentionnée.
Actuellement, l’USD
offre des programmes sur les capacités relationnelles, la prévention
de la violence, la toxicomanie, la délinquance sexuelle et la
motivation individuelle à l’égard du traitement correctionnel. En
outre, les détenus participent activement à des thérapies
psychologiques individuelles, suivent des cours, assistent à des
séances auprès d’Alcooliques Anonymes, ou à des séances
d’information autochtone avec des Aînés, à des services d’aumônerie
et à des réunions avec leurs agents de libération conditionnelle.
Le SCC a modifié la
politique pour inclure un membre externe dans le CCN.
Faits nouveaux
en 2002-2003
La réponse n’a pas donné suite à nos
recommandations sur l’objet de l’examen ou les ressources
nécessaires à une approche plus efficace. De plus, elle ne reflétait
pas la situation réelle concernant la participation de représentants
dans la collectivité au processus décisionnel de l’USD — puisque que
le comité dont faisait partie cette personne conseillait simplement
la sous-commissaire principale, soit le décisionnaire réel.
Finalement, la réponse n’indiquait pas si les examens opportuns des
détenus mis en isolement en attendant leur transfèrement à l’USD
avaient été effectués.
Toutefois, je suis heureux d’annoncer qu’il
y a eu des développements positifs depuis que le Service nous a
transmis sa réponse.
Le Service a établi une procédure pour
exiger qu’on effectue des examens régionaux de la validité continue
du placement à l’USD pour les détenus mis en isolement pendant plus
de six mois en attendant leur transfèrement à l’USD. Nous aurions
préféré que cet examen ait lieu plus fréquemment et que la décision
soit prise par un gestionnaire de l’administration centrale. De
plus, nous continuons de préconiser que des intervenants de
l’extérieur contribuent à l’examen. Nous sommes cependant disposés à
surveiller pour le moment l’efficacité de l’approche.
Le Service a également déterminé que
l’examen par la sous-commissaire principale des décisions sur les
placement à l’USD et la mise en liberté devait avoir lieu de concert
avec le Comité consultatif national (CCN) de l’USD. Cet organisme
comprend notamment un représentant de la collectivité dont le
Service a recommandé la participation. De plus, nous estimons que
l’exigence relative à la participation d’intervenants de l’extérieur
dans le processus décisionnel a été respectée, quoique pas
nécessaire-ment de façon permanente et conforme aux recommandations
du sous-comité de la Chambre des communes chargé de l’examen de la
LSCMLC.
Je suis encouragé par la situation actuelle
du CCN de l’USD et par l’orientation donnée par la sous-commissaire
principale. Nous continuons d’avoir des préoccupations concernant
les programmes, les niveaux de ressources à l’appui des programmes
et l’accès aux unités de santé mentale. Ces questions seront
examinées plus à fond par le CCN de l’USD et la sous-commissaire
principale.
DOUBLE OCCUPATION DES CELLULES
Le Service correctionnel reconnaît depuis
déjà longtemps l’importance de l’occupation simple des cellules dans
les établissements fédéraux. La double occupation des cellules donne
lieu à des problèmes liés à la sécurité personnelle, à la sécurité
en établissement et à l’efficacité de la surveillance.
Toutefois, la pratique de la double
occupation des cellules est en place depuis de nombreuses années, en
partie à cause des limites de l’espace physique et de l’effectif
insuffisant et en partie, à notre avis, au fait que la direction
n’est pas disposée à accorder à ce problème la priorité qu’il
mérite.
Les effets négatifs de la double occupation
des cellules sont particulièrement importants dans le cas des
détenus mis en isolement et de ceux qui se trouvent dans des
cellules qui ne sont pas réservées à la population carcérale
générale, où les déplacements des détenus sont rigoureusement
restreints et les détenus sont confinés dans leurs cellules pendant
de longues périodes.
Recommandations
de 2001-2002
-
Que la commissaire émette immédiatement
une directive interdisant cette pratique dans les unités
d’isolement;
-
que le Service mette la dernière main
d’ici septembre 2002 à ses plans visant à éliminer la double
occupation des cellules dans toutes les unités qui ne sont pas
destinées à la population carcérale générale.
Réponse du
SCC
Le SCC fait tout
son possible pour éliminer la double occupation des cellules tout en
maintenant la sécurité publique et en y administrant de manière
responsable les fonds publics.
Le SCC a réalisé
des progrès vers l’élimination de la double occupation des cellules
en isolement préventif. Des instructions ont été émises sous forme
d’une politique, selon laquelle le directeur de l’établissement ne
peut autoriser une dérogation à la politique habituelle en matière
de logement qu’en cas d’urgence seulement. Les mesures prévues pour
éliminer la double occupation des cellules dans les régimes
carcéraux réguliers figurent dans le Rapport sur les plans et
priorités du SCC.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous estimons que la réponse n’a pas donné
suite à notre recommandation concernant les unités spécialisées près
des secteurs d’isolement — telles que les unités de réception et
d’évaluation, où la double occupation des cellules demeure un
important sujet de préoccupation.
De plus, nous avons constaté au cours de
notre examen de cette question que le Service ne disposait pas de
renseignements à jour sur la double occupation des cellules dans les
unités qui ne sont pas destinées à la population carcérale générale.
Je recommande
en ce qui a trait à la double occupation des cellules :
-
que le
Service mette la dernière main à ses plans visant à éliminer la
double occupation des cellules dans toutes les unités qui ne sont
pas destinées à la population carcérale générale d’ici septembre
2003;
-
que le
Service établisse une base de données fiable sur la double
occupation dans ses établissements;
-
que le
Service établisse une politique exigeant que la double occupation
des cellules, dans les unités qui ne sont pas destinées à la
population carcérale générale, autres que dans des situations
d’urgence d’une durée de moins de 48 heures, soit approuvée par
écrit par la commissaire.
RECOURS À LA FORCE
Le Service a signalé encore cette année plus
d’un millier d’incidents dans lesquels il y avait eu recours à la
force. Nous soulignons encore une fois qu’il importe que ces mesures
fassent l’objet d’un examen approfondi et objectif pour s’assurer
qu’elles sont conformes à la loi et aux politiques et que les
problèmes systémiques sont cernés de façon efficace.
Comme cela est le cas depuis 1997, tous les
enregistrements sur bande vidéo des incidents où il y a eu recours à
la force et tous les documents connexes sont examinés par le BEC et
l’administration centrale du SCC. Les changements à la politique du
SCC apportés en 2001 exigeaient un examen plus rigoureux des
incidents aux niveaux régional et national. Même s’il y a eu une
amélioration en ce qui a trait aux interventions de recours à la
force, nous continuons de constater un certain degré de
non-conformité à la politique en ce qui concerne :
-
l’autorisation et l’utilisation de
gaz;
-
les mesures de décontamination prises
après l’utilisation de gaz;
-
les soins prodigués après les
incidents;
-
les fouilles à nu et les mesures devant
assurer le respect de la vie privée;
-
le recours à la force à l’égard de
détenus souffrant de troubles mentaux;
-
le recours au matériel de contrainte et
l’autorisation d’y recourir;
-
l’enregistrement et la prise en compte
des observations des délinquants au sujet du recours injustifié à
la force ou du recours à une force excessive.
Je trouve encore que le système
d’information dont dispose actuellement le Service concernant les
incidents de recours à la force ne contient pas suffisamment
d’information sur :
-
le non-respect de la politique;
-
les circonstances qui ont mené à la
décision de recourir à la force;
-
le suivi sur les allégations de recours
à une force excessive;
-
le nombre de blessures subies par les
employés et les détenus.
En tant que tels, les rapports sur les
incidents de recours à la force que produit actuellement le Service
présentent des données brutes sur le nombre d’incidents et le type
de force utilisée, mais l’information et l’analyse qui aideraient le
Service à réduire le nombre d’incidents ou à régler les problèmes
systémiques découlant de ces incidents y sont limitées.
Recommandations
de 2001-2002
Que la commissaire émette des directives
précises en ce qui concerne le recours à la force, pour :
- que l’on recueille de l’information relative aux blessures, au
non-respect de la politique et aux circonstances qui ont mené à
l’incident;
- que l’on présente chaque trimestre aux comités de gestion aux
niveaux régional et national un rapport comprenant l’information
susmentionnée, dans le but de déterminer les questions
préoccupantes et de les régler;
- que soient rapidement fournis les résultats écrits des examens
menés par le Secteur des délinquantes et celui des Services de
santé;
- que les gestionnaires nationaux assurent le suivi
systématiquement et rapidement;
- que l’on fasse enquête au niveau régional en cas de recours
injustifié à la force ou de recours à une force excessive, et que
le comité comporte un représentant de la collectivité.
Réponse du
SCC
Dans l’intérêt de
la sécurité du public, du personnel et des délinquants, le SCC s’est
engagé à donner aux employés les outils nécessaires pour évaluer en
permanence les risques présentés par les situations délicates. Le
SCC a élaboré un modèle de gestion des situations qui expose un
processus d’évaluation des risques et comprend des combinaisons de
facteurs justifiant des interventions différentes, selon que l’on
assure la sécurité du public, du personnel ou des délinquants.
Le recours
injustifié à la force est maintenant rare.
Le SCC est
toutefois d’accord avec la nécessité d’établir des mécanismes
appropriés pour surveiller et évaluer tous les incidents nécessitant
l’usage de la force. Il recueille et analyse bel et bien des
renseignements sur ces derniers. Par exemple, l’information contenue
dans le module de sécurité du Système de gestion des délinquants et
le rapport d’incident sur le recours à la force sont analysés, cas
par cas, par les gestionnaires dans les établissements, ainsi qu’aux
niveaux régional et national. Cette analyse aide le SCC à améliorer
ses processus et à surveiller continuellement le caractère complet
des donnés recueillies.
La Direction de la
sécurité, la Direction des services de santé ainsi que le Secteur
des délinquantes examinent les incidents en question pour s’assurer
que l’on s’est conformé aux règles et que les gestionnaires
effectuent un suivi uniforme et rapide. Toute infraction aux règles
donne lieu aux interventions qui s’imposent. Les Services de santé
effectuent les examens plus rapidement parce que l’on a formé des
employés supplémentaires à cette tâche.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons trouvé que la réponse du Service
n’a pas donné suite à nos recommandations particulières sur la
nécessité de recueillir, de signaler et d’examiner les données sur
le recours à la force, spécialement celles qui portent sur les
blessures et le non-respect de la politique. De plus, le Service n’a
pas répondu à notre recommandation selon laquelle il faudrait faire
enquête au moins au niveau régional sur les cas de recours
injustifié à la force ou de recours à une force excessive et selon
laquelle il faudrait toujours que le comité comporte des enquêteurs
provenant de l’extérieur du Service.
Lors des discussions ultérieures que nous
avons eues avec le Service, ce dernier a indiqué son intention de
donner une formation aux employés des Services de santé et à ceux
qui sont chargés des délinquantes purgeant une peine de ressort
fédéral pour qu’ils participent plus efficacement aux examens sur le
recours à la force. Le Service a également annoncé des améliorations
prévues aux outils informatiques qui amélioreraient sa capacité de
surveiller les cas de recours à la force.
Même si des progrès importants ont été
réalisés en ce qui a trait à la qualité et à l’uniformité des
examens régionaux et nationaux des incidents de recours à la force,
des questions préoccupantes soulevées par le BEC ne sont pas réglées
pour la plupart.
Je recommande
donc que le Service correctionnel donne suite à nos recommandations
à ce sujet, y compris des plans d’action pour mettre en œuvre les
mesures mentionnées dans mes recommandations antérieures d’ici le 30
octobre 2003.
ACCUSATIONS D’INCONDUITE PORTÉES CONTRE LE PERSONNEL
Aux termes de l’article 93 de la LSCMLC, il
doit y avoir pour les détenus un processus de recours qui soit
rapide, efficace et qui puisse être utilisé sans crainte de
représailles. Un tel processus est essentiel à la garde sécuritaire
et humaine des détenus et doit être perçu comme tel par ceux-ci.
De plus, il convient d’ajouter qu’un système
de recours efficace et utilisé est une source d’information
nécessaire aux fins de gestion.
Ces considérations sont d’autant plus
importantes dans le cas d’accusations portées par des détenus contre
des employés qui auraient commis des actes contraires à la loi ou à
la politique sur la conduite professionnelle.
Le BEC a recommandé il y a longtemps la mise
sur pied d’une procédure spéciale pour régler ces plaintes,
c’est-à-dire une procédure qui permettrait un examen confidentiel,
opportun et indépendant. Nous estimons que la procédure habituelle
de règlement des griefs n’est pas perçue comme étant suffisamment
rapide ou protégeant les détenus qui ont formulé des plaintes.
Celle-ci n’est pas non plus perçue par la population carcérale comme
étant indépendante.
Recommandations
de 2001-2002
Je recommande l’élaboration d’une politique
d’ensemble concernant les accusations d’inconduite portées contre le
personnel, afin que le processus soit transparent, équitable et
rapide.
Réponse du
SCC
Le SCC est d’accord
avec la nécessité d’un processus uniforme et distinct pour assurer
une enquête opportune, complète et équitable sur les accusations
d’inconduite de la part du personnel.
Le SCC fournit bel
et bien aux détenus de nombreux mécanismes pour enregistrer les
plaintes contre le personnel. Les procédures d’enquête et les délais
de signalement sont déjà prévus dans plusieurs politiques du SCC, de
sorte que celui-ci n’est pas d’accord pour mettre une autre
politique à ce sujet.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous continuons de considérer ce mécanisme
de recours comme étant essentiel aux principes exposés dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en
liberté sous condition tout en demeurant conscient de la
nécessité de ne pas inutilement faire double emploi et rendre plus
complexes les mécanismes de recours existants. Nous en avons fait
part à des représentants du SCC lors de discussions que nous avons
eues en janvier sur les modifications à apporter au processus de
règlement des plaintes et des griefs des
détenus.
Par conséquent,
je recommande que la procédure de règlement des griefs des détenus
soit révisée de façon que, dans le cas d’accusations d’inconduite
portées contre le personnel :
- les détenus
soient autorisés à adresser leurs plaintes directement au
directeur de l’établis-sement (ou à son supérieur si la plainte
est portée contre lui) de façon à dissimuler la nature de la
plainte;
- le directeur
de l’établissement examine personnellement la plainte pour
déterminer si celle-ci est frivole ou si elle constitue un recours
abusif à la procédure et si d’autres renseignements sont
nécessaires avant de procéder à une enquête;
- si la
plainte est considérée comme étant éventuellement fondée, le
directeur de l’établissement autorise la tenue d’une enquête sur
la plainte par un comité composé d’employés d’un autre
établissement et d’une personne indépendante de la
collectivité;
- les
résultats de l’enquête soient communiqués au directeur de
l’établissement et qu’une copie de ceux-ci soient transmis pour
examen au sous-commissaire régional et qu’on donne rapidement
suite aux recommandations découlant de l’enquête;
- les détenus
qui ont porté plainte aient un accès rapide et continu aux
services d’un avocat et qu’ils soient autorisés à tout moment à
porter la question à l’attention de la police.
TRANSFÈREMENT IMPOSÉ ET CONSENTEMENT AUX
INTERVENTIONS PSYCHIATRIQUES
La politique du Service correctionnel, qui
est appuyée, à notre avis, par la Loi,
exige le consentement éclairé du délinquant, non seulement pour les
interventions thérapeutiques réelles, mais aussi pour les
évaluations de la santé mentale. De plus, certaines lois
provinciales exigent l’existence de circonstances spéciales pour
qu’un patient puisse être admis dans une unité de santé mentale sans
son consentement.
Le SCC maintient que pour remplir son
obligation d’évaluer le risque que présente un délinquant, il peut
lui faire subir une évaluation fondée sur une observation passive ou
un examen de son dossier. À cette fin, lorsqu’un délinquant ne
consent pas à faire l’objet d’une évaluation complète de sa santé
mentale, le Service exerce son droit de transférer les détenus
contre leur gré dans des unités de santé mentale d’établissements à
sécurité maximale, même si cela représente un accroissement du degré
de restriction des mesures de garde.
Cette approche compromet les principes de
consentement éclairé et les dispositions relatives aux conditions
les moins restrictives prévues dans la LSCMLC. À notre avis, une «
évaluation passive » pourrait être effectuée dans l’établissement
d’où le détenu est transféré par les professionnels de la santé
mentale de cet établissement.
Avant la publication de mon dernier rapport,
le Service avait signalé qu’il procéderait à l’examen des politiques
pertinentes en vue de les modifier pour qu’elles indiquent
clairement que le consentement pour les évaluations du risque n’est
pas nécessaire lorsque les évaluations :
1. n’exigent pas la participation active du
délinquant au processus d’évaluation du risque; 2. si elle n’ont pas lieu dans le but d’imposer
un traitement.
Recommandations
de 2001-2002
Que l’on révoque la politique visant le
transfèrement imposé de délinquants vers des établissements
psychiatriques pour y être évalués, en attendant que soient étudiées
les modifications proposées.
Réponse du
SCC
L’évaluation des
risques fait partie intégrante de la gestion des cas et est
essentielle à la sécurité publique. Il incombe au SCC de voir à ce
que les évaluations soient complètes et rattachées aux décisions en
cause.
Dans l’intérêt de
la sécurité publique, le SCC estime que les évaluations du risque
doivent être effectuées même sans le consentement des délinquants.
Cette pratique permet au SCC de respecter ses obligations en vertu
de la LSCMLC de fournir tous les renseignements pertinents aux
décisionnaires (le SCC ou la CNLC).
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons maintenu notre position selon
laquelle il n’est pas nécessaire de transférer un détenu dans une
unité de santé mentale pour procéder à une évaluation « passive ».
Le Service a répondu qu’il « peut être nécessaire » de le faire.
Nous reconnaissons qu’il pourrait y avoir
des circonstances où il n’y a aucune personne compétente disponible
pour procéder à une évaluation passive à l’« établissement d’origine
» du détenu. Nous croyons que de telles circonstances
exceptionnelles sont rares. Nous estimons que le Service doit
examiner toutes les solutions de rechange raisonnables, y compris
d’autres méthodes d’évaluation, avant de prendre cette mesure
extrême. À cet égard, nous sommes d’avis que le Service devrait
faire tout son possible pour s’assurer que le détenu est informé de
tous les renseignements pertinents sur les options possibles de
façon qu’il puisse formuler des observations avant qu’une décision
ne soit prise.
Le Service a indiqué que cette pratique ne
vise pas à procéder à de tels transfèrements et qu’il est disposé à
informer le BEC si un tel transfèrement est envisagé. Compte tenu de
cet engagement et des principes susmentionnés (pour lequel il n’y a
aucun désaccord fondamental), je suis disposé à laisser cette
question en suspens et à intervenir si nous estimons que des mesures
inappropriées sont prises.
POLITIQUE RELATIVE À LA FOUILLE À NU
La garde sécuritaire et humaine et le
respect des libertés fondamentales garanties par la Charte
canadienne des droits et libertés exigent la mise en place de
mesures de protection particulières lorsque des procédures très
intrusives doivent être appliquées. Cela a été évidemment le cas
pour les fouilles à nu de détenus et de visiteurs, et notamment
lorsqu’il y a recours à la force pour exécuter une fouille.
En 1999, le BEC a soulevé deux cas lors
desquels, à notre avis, on avait enfreint la loi et la politique
pour procéder à des fouilles à nu. Dans l’un des cas, il y a eu
recours à la force et, dans l’autre, une fouille d’urgence de tous
les détenus d’un établissement. Un exposé détaillé de ces questions
figurait dans la section « Résumés des cas » de mon rapport annuel
de 1999-2000. En réponse à notre recommandation selon laquelle ces
incidents devaient être examinés par un tiers impartial, la
commissaire a créé un groupe de travail comprenant des représentants
du BEC.
Comme j’ai cru le comprendre alors, le
mandat du groupe de travail était « d’en savoir davantage sur les
méthodes de fouille à nu utilisées dans l’ensemble du Service » de
façon à déterminer les cas de non-respect de la loi et des
politiques.
Depuis la publication de notre dernier
rapport annuel, le Service n’a pas encore finalisé un rapport à ce
sujet.
Recommandation
de 2001-2002
Que le rapport du Groupe de travail sur les
fouilles à nu mis sur pied par le Service soit rendu public
immédiatement et qu’il comporte des plans d’action qui traitent des
sujets de préoccupation soulevés.
Réponse du
SCC
Le Service est
d’accord avec la nécessité de réexaminer le recours aux fouilles à
nu pour dissuader les détenus d’introduire et de dissimuler des
objets interdits. La Direction de la sécurité et le BEC ont passé en
revue les situations pertinentes et ont conclu que les fouilles à nu
sont bel et bien nécessaires. Le BEC a indiqué que les
préoccupations concernant les fouilles à nu dans un contexte de
recours à la force sont étudiées dans le cadre des examens touchant
le recours à la force. Le rapport sera diffusé à l’automne
2002.
Faits nouveaux
en 2002-2003
La réponse du Service était une présentation
déformée de notre position en ce qui a trait aux fouilles à nu et
n’abordait pas les aspects particuliers du mandat donné au Groupe de
travail en décembre 2002. Un exposé détaillé de nos préoccupations
est annexé à l’ébauche du rapport sur les fouilles à nu du Service.
L’ébauche du rapport et du plan d’action a
été transmise au BEC en novembre 2002. Après que nous ayons fait
état de nos préoccupations concernant le contenu de l’ébauche, le
personnel du BEC et celui du SCC se sont rencontrés de nouveau, et
le Service s’est engagé à répondre aux préoccupations que nous
avions soulevées dans l’ébauche du rapport. En particulier :
1. Il n’a pas examiné des cas particuliers
où il y avait eu recours à la force pour effectuer des fouilles à
nu, y compris des cas que nous avions présentés à ce sujet il y a
deux ans. 2. Les détenus et les visiteurs,
soit les deux groupes les plus directement visés par les fouilles à
nu, n’ont pas été consultés par le Groupe de travail. 3. L ‘article 53 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui
établit les critères relatifs aux fouilles à nu d’urgence de tous
les détenus dans une unité ou un pénitencier, n’a pas été pris en
considération. 4. Les griefs concernant les
fouilles à nu n’ont pas été déterminés ni analysés. 5. Le cas de manquement continu à la politique
concernant des fouilles à nu lors desquelles il y a eu recours à la force n’ont pas été
examinés. 6. Aucun échéancier ou plan visant
à inclure l’information sur tous les éléments des fouilles à nu n’a été incorporé à la base de données du
Service (Système de gestion des délinquants). 7. La formation découlant de l’étude est
limitée aux gestionnaires des établissements et n’est pas donnée au
personnel qui pourrait vraiment procéder aux fouilles. 8. Le matériel d’information, y compris une
brochure sur les fouilles et une vidéo, n’est pas complet.
Je recommande
:
a. veille à ce que la politique sur les
fouilles à nu réponde aux préoccupations que nous avons soulevées en
ce qui a trait à deux incidents que nous avons signalés en 1999; ou b. soumette ces deux
cas à l’arbitrage par un tiers spécialiste dans le domaine, comme
nous l’avions déjà recommandé.
RESSOURCES FINANCIÈRES DES DÉTENUS
Comme je l’ai déjà indiqué à maintes
reprises, il importe que les niveaux de rémunération des détenus
soient appropriés pour les deux principales raisons suivantes :
1. combattre les effets d’une économie
clandestine illicite qui existe dans les établissements où la
rémunération des détenus est très peu élevée;
2. permettre aux délinquants d’économiser
suffisamment en vue de leur réinsertion sociale.
Pour régler ces problèmes, le BEC a
recommandé à maintes reprises que les niveaux de rémunération des
détenus, qui n’avaient pas été augmentés depuis les quinze dernières
années, soient ajustés pour donner aux détenus suffisamment de fonds
pour les achats internes et la préparation à leur mise en liberté.
En janvier 1998, le Service a mis en place
le système téléphonique Millennium pour régler des problèmes de
sécurité. Ce système a fait augmenter les coûts des communications
téléphoniques. En effet, le coût d’un appel a augmenté de près de
1,75 $ par appel. Aucune mesure n’a été prise par le Service pour
que ces coûts correspondent à ceux qu’on paie dans la collectivité.
De plus, il y n’a eu aucune évaluation de l’avantage que présente le
système Millennium comme mécanisme de sécurité.
Recommandations
de 2001-2002
Rémunération des détenus
Que dans l’examen de la politique du Service
sur la rémunération des détenus, on s’interroge :
- sur la suffisance des niveaux de
rémunération actuelle et les effets de l’économie clandestine
illicite dans les pénitenciers;
- sur la suffisance des fonds dont
disposent actuellement les délinquants au moment de leur mise en
liberté.
Système téléphonique Millennium
Que le Service fournisse immédiatement une
subvention rétroactive aux détenus, de façon à ramener le coût de
leurs communications téléphoniques au niveau en vigueur dans la
collectivité;
Si le Service n’est pas disposé à offrir une
subvention pour compenser le coût déraisonnable de ce système de
sécurité pour la population carcérale, que l’on se demande sans
tarder s’il est nécessaire de conserver le système téléphonique.
Réponse du
SCC
Pour comprendre les
complexités de l’actuel système de paye, le SCC examine toutes les
politiques liées à l’argent des détenus, à la rémunération ainsi
qu’à la gestion de ces fonds. L ’étude abordera les questions
soulevées par l’enquêteur correctionnel, ainsi que par le public. On
consultera les intervenants, y compris le BEC.
Pour tenter de
contrôler le coût des appels téléphoniques facturés aux détenus,
sans compromettre la sécurité, le SCC a demandé des propositions
relatives à un nouveau système téléphonique. Après que l’on aura
réglé les appels interjetés dans le cadre du processus d’appel
d’offres, le Service passera rapidement à la mise en œuvre. Pour le
moment, il n’envisage pas de recourir à des subventions aux détenus
— toutefois, en cas d’urgence comme une maladie grave ou un décès
dans la famille ou toute autre circonstance spéciale, le SCC peut
autoriser l’autorisation par les détenus des lignes téléphoniques
gouvernementales.
Faits nouveaux
en 2002-2003
En ce qui a trait à la rémunération des
détenus en général, nous avons trouvé que la réponse était vague
quant au calendrier d’exécution et aux problèmes particuliers des
délinquants sur lesquels se fondait notre recommandation.
Nous avons toutefois participé à la première
série de discussions sur les modifications à la politique sur les
ressources financières des délinquants, qui ont eu lieu en novembre
2002. Les discussions étaient très vastes et portaient sur des
questions telles que les allocations des détenus et l’accès à des
fonds qui pourraient être utilisés comme mesures incitatives dans le
cadre des régimes correctionnels.
Nous avons réitéré nos recommandations
particulières et demandé que celles-ci soient prises en
considération lors de l’élaboration de la politique. Nous n’avons
encore reçu aucune réponse à ce sujet.
Bien que nous reconnaissions qu’un examen de
la nature et de l’utilisation des allocations des détenus est
approprié pour assurer la qualité des services correctionnels, nous
ne sommes pas convaincus que nos recommandations soient
incompatibles avec un tel examen ou que leur mise en œuvre soit
subordonnée à la révision de l’ensemble de la politique.
Par conséquent, je recommande que le Service correctionnel
aborde particulièrement les questions que j’ai mentionnées dans mes
recommandations précédentes, fasse rapport à ce sujet et qu’il
prenne les mesures proposées pour apporter les changements
nécessaires d’ici la fin d’octobre 2003.
En ce qui concerne le système téléphonique
Millennium, le Service continue de retarder la mise en œuvre des
améliorations au système, lesquelles entraîneraient l’établissement
de frais raisonnables pour les détenus et leurs familles. Le Service
a indiqué que ce retard est dû aux litiges qui persistent
relativement à l’impartition des contrats relatifs aux améliorations
devant être apportées au système. Or, j’estime que cette raison
n’est pas raisonnable, car elle perpétue les graves problèmes
financiers qui visent deux aspects essentiels de la réinsertion
sociale des délinquants, soit les contacts avec la collectivité
(particulièrement avec la famille) et la capacité d’économiser en
vue de leur réinsertion sociale. Le coût des litiges qui perdurent
est assumé par les détenus et leurs familles.
Le Service devrait certainement reconnaître
sans tarder ses obligations à cet égard.
Quant à la validité du système Millennium
comme mécanisme de sécurité, nous continuons à douter que le système
présente effectivement les avantages prévus lors de sa mise en
œuvre, soit la protection du public contre un abus illégal ou abusif
des communications téléphoniques par les détenus. On ne nous a
jamais fourni de données convaincantes sur le problème original qui
a donné lieu à la mise en œuvre du système, ni d’information
montrant que ce système coûteux a contribué à remédier à la
situation.
Par conséquent,
je réitère mes recommandations précédentes à ce sujet et je
recommande particulièrement que le Service procède à une
vérification de l’efficacité du système Millennium en tant que
mécanisme de sécurité.
TRANSFÈREMENTS
Des décisions appropriées sur les
transfèrements :
- permettent que les détenus soient placés
dans un établissement au niveau de sécurité le moins restrictif
pour assurer la sécurité du personnel, des délinquants et du
public;
- favorisent la réinsertion sociale
efficace et en toute sécurité.
Ce sont là les objectifs fondamentaux de la
Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition.
La rigueur, la rapidité, l’impartialité et
la conformité à la loi du processus de transfèrement ont fait
l’objet de nombreuses plaintes de la part des délinquants, y compris
les retards liés au processus d’évaluation lors de l’admission des
délinquants au pénitencier.
En 2000-2001, le Service a entrepris
d’examiner le processus, mais il n’avait pas encore commencé à le
faire au moment de la publication du rapport annuel de 2001-2002.
Recommandations
de 2001-2002
Que la commissaire :
- entame immédiatement une vérification de
la qualité des données (« mise en doute » par le Service au cours
des trois dernières années) afin d’en déterminer la validité
actuelle;
- établisse un cadre pour l’évaluation du
processus de transfèrement qui tienne compte de façon précise des
préoccupations soulevées;
- communique ce cadre au Bureau de
l’enquêteur correctionnel d’ici la fin de juillet 2002;
- termine d’ici novembre 2002 son
évaluation du processus, laquelle comprendra des plans d’action
concrets.
Réponse du
SCC
Le Service s’est
engagé à prendre les décisions relatives au transfèrement des
détenus, de manière complète, objective et opportune, et à
surveiller raisonnablement le processus, afin qu’il soit conforme
aux dispositions des lois concernant l’équité administrative.
Une vérification du
processus de transfèrement a été incluse dans le plan de
vérification annuel du SCC pour l’exercice 2002-2003. Elle est
actuellement en cours; ses objectifs et ses critères reflètent les
préoccupations du BEC et ont été fournis à celui-ci, tel qu’il a été
demandé.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons reçu des données préliminaires
sur les conclusions de la vérification le 21 février 2003 et reçu
l’ébauche finale le 18 mai 2003.
La vérification sur les transfèrements n’a
pas abordé deux aspects importants de nos préoccupations :
- pourquoi les délinquants sont placés dans
des établissements d’un niveau de sécurité supérieur à leur cote
de sécurité;
- la qualité des données utilisées pour
surveiller le processus de transfèrement, mais le Service a
élaboré un plan d’action sur une série de recommandations
découlant de la vérification.
De plus, il a indiqué qu’il élaborait un
cadre de contrôle de la gestion devant être utilisé par tous les
établissements pour évaluer de façon continue la conformité à la loi
des procédures et des décisions en matière de transfèrement.
Pour le moment, plutôt que de répéter des
éléments particuliers de nos préoccupations antérieures, il semble
approprié de donner au Service l’occasion de mettre en œuvre ses
plans d’action. Nous avons demandé un exemplaire des plans d’action
élaborés par les divers établissements en réponse aux conclusions de
la vérification.
Nous continuons de travailler avec le
Service pour veiller à ce que le processus de transfèrement donne
lieu à des décisions rigoureuses, objectives et opportunes,
conformément aux dispositions en matière d’équité de la législation
et de la politique sur les transfèrements.
PROCÉDURES DE RÈGLEMENT DES GRIEFS DES
DÉTENUS
La Loi sur le
système correctionnel et la mise en liberté sous condition
oblige le système à prévoir une « procédure de règlement juste
et expéditif des griefs des délinquants… ».
Pour le BEC, cela suppose nécessairement un
système qui suscitera la confiance du public dans un examen
rigoureux et impartial. De plus, cela signifie que le processus doit
être utilisé, non seulement pour régler les problèmes individuels,
mais aussi pour prendre des mesures en matière de gestion visant à
remédier aux problèmes relevés par le processus de règlement des
griefs aussi bien sur le plan de la politique que dans la pratique.
Recommandations
de 2001-2002
Que :
- le Service prenne les mesures immédiates,
à tous les niveaux de la procédure, pour éliminer l’arriéré des
griefs à traiter et faire en sorte que l’on donne suite rapidement
aux griefs;
- le Service établisse des directives
précises qui obligent les secteurs des Services de santé, des
Autochtones et des délinquantes à analyser rigoureusement, chaque
trimestre, les données sur les griefs;
- le rapport de vérification du Service,
qui devait être terminé en juin 2001, soit transmis immédiatement
aux comités des détenus sous forme de version préliminaire, pour
qu’ils le commentent;
- le Service rende public l’examen du
processus de règlement des griefs entrepris par la Direction des
questions autochtones;
- le Service revoie sa décision de rejeter
les recommandations formulées par la juge Arbour sur la
responsabilité des hauts fonctionnaires quant au règlement des
griefs ou le renvoi de ceux-ci pour examen devant une instance
externe.
Réponse du
SCC
Le SCC prend au
sérieux son obligation légale d’établir une marche à suivre
permettant de résoudre de manière équitable et rapide les plaintes
formulées par les détenus.
Nous sommes
d’accord avec la nécessité d’une intervention. Le SCC est à la
recherche de nouveaux moyens de répondre au nombre croissant de
plaintes formulées par les délinquants. Par exemple, le SCC explore
actuellement des options afin de mieux gérer le cas des auteurs de
griefs multiples, car ceux-ci représentent environ 40 % de toutes
les plaintes et de tous les griefs. Une révision de la procédure
applicable aux griefs formulés par les détenus sera mise en
application en janvier 2003.
On s’est efforcé,
aux niveaux national et régional, de régler l’arriéré en matière de
griefs. Malheureusement, au cours du présent exercice, il y a eu une
augmentation imprévue et sans précédent du nombre des griefs. Le
troisième échelon en a reçu 25 % en plus en 2001-2002 qu’au cours de
l’exercice précédent, tandis que, dans les régions, la hausse était
de près de 40 %.
Le SCC produit des
rapports trimestriels de données sur les griefs des détenus.
Le rapport de
vérification du Service, portant sur le système de griefs, a été mis
au point en juin 2002, Tous les directeurs d’établissement ont reçu
l’instruction d’en remettre un exemplaire à leurs comités respectifs
des détenus.
Le SCC considère
que la participation des cadres supérieurs à l’examen et à la
détermination de tous les griefs entraîne bel et bien une analyse
finale objective et équitable des cas où les délinquants n’acceptent
pas les réponses d’un établissement.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons trouvé que la réponse n’avait pas
abordé les aspects particuliers de nos recommandations. L ’
évaluation qu’a faite le Service de l’efficacité de la participation
de la haute direction aux examens du processus de règlement des
griefs ne se fondait pas sur des résultats mesurables et ne faisait
pas allusion à la responsabilité ni à la recommandation de la juge
Arbour concernant un examen devant une instance externe.
Des discussions ultérieures ont porté
surtout sur la question des retards. Le Service a indiqué :
- que les retards au niveau des
administrations régionales et de l’administration centrale se
poursuivaient, et que certaines améliorations avaient été
apportées pour éliminer l’arriéré des griefs à traiter;
- qu’il avait établi un certain nombre de
mesures opérationnelles qui semblent prometteuses, notamment le
recours à des techniques de médiation, l’élaboration d’un outil et
de politiques de gestion du savoir pour mieux gérer le cas des
auteurs de griefs multiples.
Le 24 janvier 2003, nous avons rencontré des
employés du Service pour discuter de l’ébauche du rapport de
vérification du système de règlement des plaintes et des griefs des
détenus et avons fait un certain nombre de suggestions :
- rendre le système plus rapide;
- assurer l’équité procédurale en ce qui a
trait à toute l’information prise en considération dans le
processus;
- assurer une enquête et une analyse plus
rigoureuses et éclairées des griefs;
- améliorer l’accès à d’autres méthodes de
règlement des différends au niveau de l’établissement;
- fournir une méthode indépendante de
règlement des griefs fondée sur le respect des droits fondamentaux
ou sur des questions qui influent sur l’ensemble du Service;
- veiller à ce que les griefs et leurs
résultats constituent un outil pour le processus décisionnel en
matière de gestion à tous les niveaux du Service;
- établir des procédures spéciales pour
traiter les plaintes de nature délicate concernant les services de
santé, l’inconduite du personnel et le harcèlement.
Nous attendons encore la réponse du Service
concernant les suggestions particulières que nous avons formulées.
Par conséquent, en l’absence de preuve d’un changement significatif,
je réitère les points que nous avions soulevés au cours des années
précédentes et nous formulons d’autres recommandations sur de plus
récents sujets de discussion.
Je recommande
que :
- d’ici le 31
octobre 2003, le Service correctionnel mette la dernière main à un
plan d’action contenant des objectifs réalistes et mesurables et
des normes d’évaluation en vue d’éliminer de façon permanente
l’arriéré des griefs à traiter et qu’il mette immédiatement ce
plan en œuvre pour qu’il soit mené à terme d’ici la fin de
l’exercice 2003-2004;
- que le
Service établisse des directives précises qui obligent les
Secteurs des services de santé, des questions autochtones et des
délinquantes à analyser rigoureusement, chaque trimestre, les
données sur les griefs, et qu’il présente un rapport à ce sujet
d’ici la fin de septembre 2003;
- que le
Service revoie sa décision de rejeter
les
recommandations formulées par la juge Arbour sur la responsabilité
des hauts fonctionnaires quant au règlement des griefs ou le
renvoi de ceux-ci pour examen devant une instance externe.
En ce qui a
trait particulièrement à la recom-mandation de la juge Arbour, je
recommande également que le Service, en consultation avec le Bureau
et les intervenants compétents de la collectivité, mette sur pied un
projet pilote sur l’examen indépendant des griefs au troisième
palier qui ont une importance à l’échelle nationale ou qui sont liés
à des questions fondamentales de liberté personnelle, de sécurité ou
de conformité à la loi.
Finalement, je
recommande que le Service donne suite aux suggestions du Bureau sur
les changements à apporter à la procédure de règlement des plaintes
et des griefs des délinquants d’ici la fin de juin
2003.
JEUNES CONTREVENANTS ET DÉLINQUANTS
ÂGÉS
Nous continuons d’être d’avis que,
conformément au droit international, la législation devrait
interdire l’incarcération des mineurs dans les pénitenciers.
Les pénitenciers ne constituent simplement
pas un milieu approprié pour les mineurs, pour les jeunes adultes,
notamment ceux qui ont 20 ans ou moins. L’expérience que vivent en
pénitencier les délinquants le confirme immanquablement. Un nombre
disproportionnellement élevé de jeunes délinquants atteignent leur
date de libération d’office sans avoir de plan efficace de
réinsertion sociale et après avoir passé beaucoup de temps dans les
unités d’isolement ou autre secteur d’isolement. À notre avis, le
Service correctionnel n’a pas correctement cerné les besoins des
jeunes contrevenants ou ne leur a pas offert des programmes
appropriés répondant à leurs besoins.
Les délinquants âgés représentent un groupe
important et croissant considéré comme ayant des besoins spéciaux.
Contrairement aux jeunes délinquants, les délinquants âgés ont des
besoins qui ont été bien cernés dans les constatations et les
recommandations d’un rapport interne produit par le Service
correctionnel en 2000. Malheureusement, peu de progrès ont été
réalisés en ce qui a trait à la mise en œuvre des recommandations de
ce rapport.
Nos préoccupations ont aussi été partagées
par le sous-comité de la Chambre des communes chargé de l’examen de
la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui a
indiqué que ces deux groupes méritent une attention spéciale,
constatation approuvée dans la réponse initiale du gouvernement.
Recommandations
de 2001-2002
- Que le Service mette immédiatement la
dernière main à ses plans d’action et amorce la mise en œuvre des
recommandations du rapport de la Division des délinquants âgés;
- que le Service correctionnel et le
solliciteur général s’efforcent de faire adopter des modifications
aux lois applicables aux jeunes contrevenants, lesquelles
interdiraient l’incarcération de ces derniers dans les
pénitenciers fédéraux;
- que le Service adopte des politiques et
des procédures en matière de logement, de programmes et de gestion
des cas qui répondent aux besoins particuliers des jeunes dont il
a la charge.
Réponse du
SCC
Le SCC s’est engagé
à répondre aux besoins de tous les délinquants. À mesure que la
population carcérale vieillit, on constate une intensification de
problèmes comme l’hébergement (en établissement et dans la
collectivité), les soins de santé, le placement dans des programmes
correctionnels ainsi que la formation professionnelle et l’emploi.
On tient compte des recommandations du rapport dans les plans et
priorités du SCC.
Le SCC reconnaît la
prérogative des tribunaux, conférée par les lois actuelles,
d’ordonner l’incarcération des jeunes délinquants dans un
établissement fédéral. Le SCC continuera à s’acquitter de ses
obligations juridiques envers les jeunes délinquants condamnés à des
peine de ressort fédéral. Le 14 juin 2002, deux délinquants sur 18
se trouvaient dans des établissements du SCC, et un autre, sous
surveillance communautaire. Les jeunes délinquants condamnés à une
peine d’incarcération dans un établissement fédéral sont évalués
d’après leur niveau de sécurité et les programmes dont ils ont
besoin. On tient compte explicitement de l’âge des délinquants dans
ces évaluations, et, par conséquent, dans les décisions relatives à
leur placement, ainsi qu’à leurs besoins en matière de programmes et
de gestion des cas.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons trouvé que la réponse du Service
n’abordait pas les aspects particuliers de nos recommandations dans
lesquelles nous demandions des plans d’action concrets qui
mèneraient à des politiques et à des programmes concrets.
La question des délinquants âgés et des
jeunes contrevenants a fait l’objet de ma première rencontre avec la
commissaire du Service correctionnel sur les questions traitées dans
le rapport annuel, le 21 février 2003.
Lors de cette rencontre, la commissaire a
indiqué que les installations communautaires constituaient le
meilleur moyen de répondre aux besoins des délinquants âgés. Elle a
ajouté que le Service participait à des discussions avec la
Commission nationale des libérations conditionnelles concernant les
options de mise en liberté de certains délinquants, lesquelles
pourraient nécessiter des modifications législatives.
Je suis favorable à cette approche, et j’ai
demandé d’obtenir des renseignements supplémentaires sur les délais
et les options envisagés.
La rencontre avec la commissaire a aussi
permis de préciser la position du Service, qui n’entend pas élaborer
une stratégie globale ayant trait aux délinquants âgés ou aux jeunes
contrevenants. Le Service devait plutôt procéder à une étude
exhaustive de sa capacité d’offrir des programmes aux délinquants
dans les établissements et la collectivité et d’examiner comment les
caractéristiques clés, y compris l’âge, influent sur la
disponibilité des programmes.
Même si nous appuyons cette approche, nous
avons souligné des difficultés auxquelles sont confrontés les
détenus âgés, et qui avaient été présentées dans le rapport interne
et dans une récente évaluation des besoins en matière de santé.
À la même rencontre, la commissaire s’est
engagée particulièrement à fournir des données à jour sur une
question ayant trait aux détenus âgés, soit la création d’un certain
nombre d’unités accessibles aux fauteuils roulants en établissement
partout au pays. Il s’agit là d’un objectif que le Service s’est
fixé il y a plusieurs années. La commissaire m’a écrit en avril pour
m’informer que la plupart des objectifs avaient été atteints, mais
que certains le seraient plus tard cette année.
Plus récemment, la sous-commissaire
principale a écrit à notre directeur exécutif et exposé en détail
les engagements du Service en ce qui a trait aux mesures
d’adaptation ainsi qu’aux soins palliatifs, aux options de
réinsertion sociale et à l’élaboration de programmes en vue de la
réinsertion sociale. J’étais très heureux de constater que ces plans
étaient très détaillés.
Par conséquent,
nous attendons que le Service nous informe de l’achèvement de ses
plans. Je ferai le point sur cette question en octobre de cette
année.
En ce qui a trait aux jeunes contrevenants,
j’ai souligné la réalité continue des problèmes auxquels ceux-ci
sont confrontés dans les pénitenciers, soit les conflits avec
d’autres délinquants, l’adhésion accrue à des gangs, de longues
périodes d’isolement et la mise en liberté très tardive.
Comme étape préliminaire, le SCC a tenu en
juin 2003 une réunion à laquelle ont assisté un éventail
d’intervenants, y compris des représentants des administrations
fédérale et provinciales, des spécialistes en intervention
correctionnelle auprès des jeunes et des experts juridiques en
questions relatives aux jeunes contrevenants. Cette réunion avait
pour but de commencer à aborder les préoccupations des jeunes
contrevenants et à établir des solutions pratiques concernant les
placements à l’extérieur et les programmes appropriés. Je crois que
cette réunion a permis d’examiner à fond plusieurs questions
relatives à la façon dont le système correctionnel fédéral répond
aux besoins des jeunes contrevenants suivant les principes de
protection des jeunes qui sont prévus dans la Loi sur le système de justice pénale pour les
adolescents, qui est entrée en vigueur le 1er avril 2003.
Le Service a entrepris d’utiliser ces
travaux dans la mise en œuvre de la nouvelle Loi, notamment :
- veiller à ce que les politiques du
Service tiennent compte des principes relatifs à la protection des
jeunes prévus dans la Loi;
- examiner la pertinence des procédures de
gestion des cas qui sont appliquées dans le cas de jeunes
contrevenants;
- veiller à ce que la vie privée des jeunes
contrevenants soit respectée.
Comme première étape de cet examen, le
Service rencontrera les représentants du ministère de la Justice et
du BEC pour examiner les conditions exposées dans la Loi sur le système de justice pénale pour les
adolescents et la façon dont le SCC
s’assurera de la conformité aux dispositions applicables.
Nous considérons les premières étapes très
utiles et espérons qu’elles donneront lieu à des améliorations que
nous continuons de recommander.
En ce qui concerne les arguments présentés
par le Service aux audiences judiciaires sur le placement en
pénitencier aux termes de la Loi sur le
système de justice pénale pour les adolescents, nous avons
confirmé notre opinion selon laquelle les pénitenciers ne sont pas
un endroit approprié pour ces délinquants. Le Service a réitéré sa
volonté d’adopter cette position générale, mais il convient de noter
qu’il a semblé adopter une position plus claire sur les
inconvénients liés au placement en pénitencier. Il y a actuellement
environ 400 jeunes contrevenants, âgés de 20 ans ou moins, dans les
pénitenciers fédéraux.
Le Service a convenu de déterminer et
d’analyser les données qui indiqueront si les jeunes détenus sont
désavantagés, par rapport aux autres détenus, en ce qui a trait à
des facteurs importants liés à leur expérience dans le système
fédéral, tels que l’accès à la mise en liberté, l’achèvement avec
succès des programmes et les périodes passées en isolement. Nous
avons offert nos conseils et notre aide lors de ce processus. Nous
espérons recevoir sous peu les résultats de cet examen.
Cela représente une première étape utile,
une bonne base de référence pour la prise d’autres mesures.
Nous espérons que cette question sera réglée
au cours de la prochaine année.
Dans
l’intervalle, nous recommandons :
- que le
Service utilise l’information obtenue lors de sa réunion de juin
et, en consultation avec des détenus et d’autres interventions
communautaires, présente au Comité de direction, d’ici la fin de
septembre 2003, un plan d’action pour la coordination, avec
d’autres administrations, des placements, du logement et des
programmes offerts aux jeunes contrevenants;
- que ce plan
d’action donne des résultats mesurables et comporte un échéancier
et un cadre d’évaluation appropriés;
- que le plan
d’action soit fondé sur un examen des politiques et des opérations
du SCC pour assurer la conformité à la Loi sur le système de justice pénale pour les
adolescents;
- que le
Service revoie l’information qu’il présente aux tribunaux aux
termes de la Loi sur le système de
justice pénale pour les adolescents pour indiquer les effets
négatifs observés sur les jeunes détenus qui purgent leurs peines
dans un pénitencier.
CLASSEMENT DES DÉLINQUANTS CONDAMNÉS À
PERPÉTUITÉ
Cette question est la source d’un différend
profond entre le BEC et le Service correctionnel depuis que la
politique a été conçue en février 2001. Avec l’appui d’un certain
nombre d’intervenants communautaires, nous préconisons sans cesse
l’annulation de cette politique. Cette dernière est contraire à la
Loi et ne favorise pas une approche correctionnelle judicieuse. La
politique prévoit que les délinquants qui purgent une peine à
perpétuité passent au moins les deux premières années de leur peine
dans un établissement à sécurité maximale.
La politique attribue de façon arbitraire
une valeur élevée suivant l’Échelle de classement par niveau de
sécurité aux nouveaux délinquants condamnés à des peines à
perpétuité. Contrairement aux autres éléments qui sont exposés dans
cet outil actuariel, les valeurs attribuées n’ont aucune pertinence
historique. Cette approche a été appliquée simplement pour assurer
le placement des délinquants à perpétuité dans un établissement à
sécurité maximale. Elle est contraire au Règlement sur le système correctionnel et la
mise en liberté sous condition, qui exige que chaque délinquant
soit placé à un niveau de sécurité suivant un large éventail de
critères.
Seule la commissaire adjointe des Opérations
et des Programmes correctionnels (CAOPC) a le pouvoir de déroger en
ce qui a trait au placement suivant la nouvelle politique dans des
circonstances exceptionnelles non définies. En fait, presque aucune
décision n’a fait l’objet d’une dérogation, même s’il y avait, à
notre avis, des raisons impérieuses de réexaminer certaines de ces
décisions.
Recommandations
en 2001-2002
Je recommande encore une fois l’annulation
de la politique des deux ans en faveur d’un système qui prévoit
l’évaluation de la nécessité du placement en sécurité maximale en
tenant compte de tous les autres facteurs qui doivent être pris en
considération dans la détermination du niveau de sécurité
nécessaire.
Je recommande en outre que le Service veille
à ce qu’il existe une procédure de recours équitable, rigoureuse et
rapide contre les décisions prises aux termes de la politique
existante.
Réponse du
SCC
Le SCC n’abrogera
pas cette politique. Il existe une procédure de recours contre les
décisions et un processus concernant les cas exceptionnels.
Faits nouveaux
en 2002-2003
Malgré notre constatation précédente selon
laquelle la politique viole la loi ainsi que l’incapacité du Service
de répondre de façon à tenir compte du sens précis de la loi, je ne
vois aucune raison de croire que le Service abrogera la politique à
moins qu’il ne soit tenu de le faire par les tribunaux. Comme il y a
actuellement des poursuites concernant cette question, je
m’abstiendrai de faire d’autres recommandations directes, mais je me
réserve le droit de participer à toute procédure judiciaire que je
considère appropriée pour remplir notre mandat.
En ce qui a trait au réexamen opportun des
cas suivant la « règle de deux ans », nous avons entamé des
discussions avec le Service sur les deux questions suivantes :
- assurer un examen opportun et uniforme
des décisions initiales en matière de classement selon le niveau
de sécurité;
- établir des critères pertinents
permettant d’envisager la dérogation.
Jusqu’à présent, nous avons réalisé certains
progrès, mais ne sommes parvenus à aucun consensus.
En ce qui concerne le processus, nous
estimons que c’est le cadre supérieur qui devrait déterminer s’il y
a lieu de déroger au classement dans la catégorie « sécurité maximale », puisqu’il est le mieux
placé pour examiner la mise en œuvre de la politique suivant des
conditions uniformes.
Par suite de cette discussion, je recommande
:
-
que toute décision prise par un
directeur d’établissement pour assujettir un détenu à la règle ou
pour recommander la dérogation à la règle, soit immédiatement
communiquée pour examen à la commissaire adjointe, Opérations et
Programmes correctionnels (CAOPC);
-
qu’on donne au détenu les raisons
complètes justifiant la décision initiale et l’occasion de
présenter des arguments à la CAOPC; n que
la CAOPC détermine s’il faut assujettir le détenu à la règle dans
les 30 jours suivant la réception des documents concernant la
décision initiale;
-
que le détenu ait droit de présenter
directement à la commissaire un grief prioritaire concernant la
décision de la CAOPC.
En ce qui a trait aux critères relatifs à la
prise de décision concernant la dérogation à la règle, nos avons
noté un certain nombre de questions qui ont mené à des conséquences
différentes pour les délinquants ou qui révèlent de graves problèmes
liés au placement dans un établissement à sécurité maximale.
Premièrement, certains des délinquants
seront admis dans un établissement fédéral après avoir déjà purgé
une peine dans un établissement provincial à sécurité maximale. La
politique est discriminatoire envers tous ces délinquants en
exigeant qu’ils passent plus de temps dans un établissement à
sécurité maximale que les autres délinquants qui se trouvent plus
rapidement dans un établissement fédéral.
Deuxièmement, la politique ne tient pas
compte de la situation des détenues. Les unités de garde en milieu
fermé qui ouvrent dans les établissement régionaux pour accueillir
les femmes qui se trouvent actuellement dans des unités à sécurité
maximale situées dans des établissements pour hommes visent à
favoriser l’intégration rapide à la population générale de
l’établissement. Il s’agit là d’un élément important des programmes
destinés aux délinquantes. Le fait d’obliger ces délinquantes à
purger automatiquement une période deux ans dans ces unités va à
l’encontre de l’objectif pour lequel ces unités ont été mises sur
pied.
Troisièmement, dans bon nombre de cas, le
placement dans des établissements à sécurité maximale n’est pas
approprié en raison de la situation des délinquants. Au cours de la
période qui a précédé immédiatement la mise en œuvre de la
politique, 50 % des nouveaux détenus qui purgent une peine à
perpétuité ont été placés dans un établissement à sécurité moyenne.
Il importe de réorienter les facteurs qui devraient empêcher le
placement dans un établissement à sécurité maximale — de façon que
les détenus puissent s’y reporter s’ils présentent des arguments sur
les décisions défavorables en matière de placement.
Nous espérons que le Service prendra des
mesures au moins pour tenir compte de ces considérations dans la
mise en œuvre de ce qui demeure une politique très imparfaite.
SERVICES DE SANTÉ
J’estime qu’un rapport annuel peut aller
au-delà de son objet principal qui est d’essayer de résoudre des
principaux problèmes. Le rapport peut également décrire les
activités du BEC qui ne se prêtent pas à des constatations ou à des
recommandations particulières, mais qui peuvent quand même permettre
de comprendre certains problèmes de délinquants et les difficultés
que nous éprouvons à les régler.
À cette fin, j’ai décidé de mettre à l’essai
un nouveau chapitre, qui met l’accent un « service correctionnel »
et examine, dans ce contexte, les points qui influent sur son succès
et sur notre capacité de régler les problèmes pertinents.
Les Services de santé constituent un sujet
parfait pour cette première initiative. Peu de directions répondent
à des besoins aussi fondamentaux et tangibles des délinquants tout
en essayant de favoriser le bien-être et la sécurité des détenus, de
leur famille, du personnel et du public. Rares sont les fonctions
qui se fondent sur des considérations aussi fondamentales et souvent
contradictoires sur les plans juridique, politique et opérationnel.
Soins et garde
dans les services de santé
Notre personnel interagit fréquemment avec
le personnel des Services de santé du SCC. Il s’agit de
professionnels dévoués qui essaient d’accomplir un travail important
dans des conditions difficiles. Par conséquent, nous pouvons souvent
résoudre des problèmes qui ont trait à la prestation quotidienne de
soins de façon assez efficace.
C’est surtout au niveau des politiques et de
l’affectation des ressources des Services de santé que le personnel
des Services de santé et nous rencontrons des obstacles. Ces
derniers n’entraînent pas toujours des différends entre le BEC et
les Services de santé. Les différends sont souvent liés à des
contradictions inhérentes à la prestation des soins dans un milieu
axé sur la sécurité.
Je crois que l’examen de certaines de ces
contradictions permettra de mieux comprendre cet important secteur.
L’examen peut aider à aller au-delà des questions superficielles de
rétribution et de réadaptation qui caractérisent les discussions
relatives aux prisons et à préciser certaines questions de droit
assez complexes et de véritables problèmes humains auxquels sont
régulièrement confrontés les délinquants, le personnel correctionnel
et les employés du BEC.
Les Services de santé dans les pénitenciers
canadiens sont fournis par le personnel du Service correctionnel ou
par des professionnels contractuels du SCC. Ce dernier administre
des hôpitaux, y compris des hôpitaux psychiatriques partout au pays,
habituellement situés dans l’enceinte des pénitenciers. Les
programmes sont directement financés par le gouvernement du Canada
(les détenus, comme des membres des forces armés, ne sont pas visés
par l’assurance-maladie aux termes de la Loi canadienne sur la
santé). Chaque établissement fédéral possède un service de santé.
Des objectifs contradictoires découlent de
la situation au travail du personnel des services de santé.
En ce qui a trait au diagnostic ou au
traitement, le Service doit aux termes de la LSCMLC :
-
veiller à ce que chaque détenu reçoive
les soins de santé essentiels et qu’il ait accès, dans la mesure
du possible, aux soins en santé mentale qui peuvent faciliter sa
réadaptation et sa réinsertion sociale;
-
offrir les soins suivant les normes
professionnelles reconnues;
-
fournir les services seulement avec le
consentement éclairé du patient (à moins que celui-ci soit jugé
incapable de donner son consentement conformément aux lois
applicables);
-
examiner les besoins en santé mentale du
détenu au moment de rendre des décisions influant sur sa garde ou
sa mise en liberté.
De plus, les professionnels des Services de
santé et les hôpitaux du SCC sont assujettis aux lois provinciales
et aux codes professionnels qui régissent les normes de diagnostic
et de soins ainsi que le fonctionnement des services de soins de
santé.
Par ailleurs, en ce qui concerne la
sécurité, les employés des Services de santé sont des employés ou
des agents du SCC. Leurs services doivent être fournis dans un
contexte où des exigences législatives strictes sont imposées pour
la garde et la surveillance des délinquants et où toutes les
relations entre le personnel et les délinquants ne favorisent pas
toujours un milieu qui contribue à un traitement efficace.
J’ai choisi trois sujets qui, à mon avis,
illustrent la convergence des deux rôles. J’examinerai certaines des
solutions que j’ai proposées et les obstacles qui empêchent de les
réaliser, et je présenterai mon point de vue à ce sujet.
Confidentialité des renseignements
médicaux
Dans toutes les administrations, les
professions médicales exigent que leurs membres se conforment à ce
principe. La confidentialité est nécessaire, non seulement en raison
de la nature très personnelle de la relation clinique, mais parce
qu’il s’agit d’un besoin essentiel pour s’assurer que les patients
peuvent fournir aux pourvoyeurs de soins des renseignements
pertinents sans craindre que ceux-ci soient divulgués. En ce sens,
ce principe encourage les patients à rechercher les soins dont ils
ont besoin.
Dans les pénitenciers, le traitement et la
protection de la confidentialité présentent une importance
particulière étant donné le nombre disproportionné de graves
problèmes physiques et mentaux. Ces derniers peuvent influer non
seulement sur la capacité des délinquants de vivre une vie saine et
productive et de se réinsérer avec succès dans la collectivité, mais
aussi sur la sécurité des délinquants, du personnel et du public.
De plus, la confiance est très importante en
prison, et les détenus peuvent être très réticents à fournir des
renseignements s’ils doutent même un instant que ceux-ci pourraient
être divulgués à d’autres personnes.
Or, l’exigence législative ayant trait à la
divulgation des renseignements lorsque ceux-ci sont nécessaires pour
évaluer le risque et la protection d’autres personnes va à
l’encontre des considérations susmentionnées. La Loi sur le système correctionnel et la mise en
liberté sous condition impose clairement au personnel
l’obligation de protéger les délinquants, les employés et d’autres
personnes et de fournir aux employés chargés de la mise en liberté
et de la surveillance des délinquants tous les renseignements liés à
ces fonctions.
Où doit-on établir un équilibre? Lorsqu’un
détenu fait des confidences à une infirmière, par exemple sur une
maladie infectieuse ou une obsession, est-ce que le personnel des
Services de santé doit favoriser une relation clinique en assurant
la confidentialité de ces renseignements ou doit-il protéger autrui
du risque éventuel en divulguant ces renseignements?
Depuis plus de deux ans, le Service tente
d’élaborer une politique à ce sujet. Le BEC a beaucoup contribué au
processus d’élaboration de cette politique.
Les thèmes qui se dégagement semblent être
les suivants :
1. Il faut établir une distinction entre les
renseignements obtenus aux fins d’un diagnostic et d’un traitement
et ceux qui sont obtenus pour évaluer le risque (pour prendre une
décision en matière de surveillance ou de mise en liberté). Dans le
premier cas, les renseignements ne devraient pas être divulgués à
l’extérieur de l’équipe des Services de santé. Dans le second cas,
la divulgation des renseignements peut être appropriée pour régler
des questions en matière de mise en liberté, de surveillance dans la
collectivité ou d’autres questions liées à la sécurité.
2. Par ailleurs, lorsqu’on a des raisons de
croire qu’un tort pourrait être causé si des renseignements sont
gardés confidentiels, il faut divulguer ceux-ci même s’il s’agit de
renseignements liés au traitement.
Ces principes de base n’ont pas encore été
entièrement « approuvés » par l’ensemble du Service. Des arguments
juridiques ou politiques peuvent inciter celui-ci à adopter une
approche plus libérale ou conservatrice en matière de
confidentialité.
De plus, les principes mêmes soulèvent
d’autres questions en matière de définition, d’équité et de gestion,
par exemple :
-
Où se situe la limite entre le «
traitement » et « l’évaluation du risque »?
-
Comment établit-on, au moment où un
délinquant est sur le point de fournir des renseignements, si
ceux-ci seront considérés comme renseignements liés au traitement
ou à l’évaluation du risque?
-
Quel devrait être le statut des
renseignements liés au traitement qui s’appliquent au risque, si
ceux-ci sont obtenus de façon inappropriée ou par hasard?
-
Dans quelle mesure le tort éventuel
doit-il être grave et immédiat pour justifier la divulgation des
renseignements?
-
Qui devrait décider si ces
renseignements doivent ou non être divulgués?
-
Où devraient être entreposés les
renseignements sur la santé des détenus et comment devraient-ils
être protégés?
-
Quel rôle et quelle influence devrait
avoir le patient dans la décision qui sera prise sur la
divulgation des renseignements?
-
Que devrait-on dire au patient au sujet
de la divulgation éventuelle des renseignements avant de lui
demander de fournir au personnel des renseignements liés à sa
santé?
Le BEC a adopté la position suivante :
-
les renseignements liés à la santé aux
fins de l’évaluation du risque devraient être divulgués seulement
lorsque le détenu, avant de fournir ces renseignements, a
clairement été informé de ce qui sera divulgué et à quelles fins.
Toute autre fin serait interdite;
-
tout autre renseignement lié à la santé
qui est fourni ne devrait simplement pas être divulgué sans le
consentement du patient;
-
les décisions sur la divulgation
devraient être prises par le personnel des services de santé qui a
suivi la formation nécessaire;
-
le délinquant en question devrait être
autorisé à présenter des observations avant que soit prise toute
décision en matière de divulgation;
-
il y aurait des exceptions à ce qui
précède s’il y a un risque de danger de tort immédiat à des
personnes identifiables si les renseignements n’étaient pas
divulgués (test adopté par la Cour suprême du Canada).
J’adopte une telle position, parce que je
crois qu’elle est justifiée par la loi et qu’il risque d’y avoir un
nombre élevé de délinquants non traités parce qu’ils refusent de se
confier à des professionnels de la santé de crainte que ceux-ci
divulguent les renseignements qu’ils leur ont confiés.
Les Services de santé du SCC semblent encore
avoir une position claire au sujet des renseignements liés à la
santé obtenus aux fins de diagnostic et de traitement. Ceux-ci
doivent être gardés au sein de l’équipe des Services de santé et ne
pas être divulgués sauf dans les circonstances les plus urgentes, ou
lorsque la divulgation est nécessaire pour protéger d’autres
personnes de torts dont elles peuvent victimes. Cette position est
conforme à la jurisprudence bien établie à ce sujet.
En ce qui a trait aux renseignements acquis
aux fins de l’évaluation du risque, les Services de santé estiment
que la divulgation de renseignements à des décisionnaires appropriés
peut être autorisée, pourvu que le consentement du délinquant ait
été obtenu avant qu’on ait demandé à celui-ci de fournir des
renseignements.
Il semble que l’approche susmentionnée soit
davantage réalisable dans le cas des renseignements sur des
problèmes physiques (p. ex. maladies infectieuses), lorsque des
normes professionnelles et des interprétations légales sont
relativement établies et uniformes. Bon nombre de difficultés
susmentionnées se présentent lorsqu’il s’agit de renseignements sur
les problèmes de santé mentale de délinquants.
J’espère que la discussion d’une politique
appropriée se poursuivra au cours de la prochaine année. De plus,
j’espère qu’on parviendra à élaborer au moins un processus pour
veiller à ce que les décisions en matière de divulgation de
renseignements soient prises avec circonspection seulement après
avoir donné aux délinquants la possibilité de présenter leurs
observations au sujet de ces décisions.
Maladies
infectieuses
Je ne veux pas présenter une fois de plus
les statistiques inquiétantes concernant les maladies infectieuses.
Il suffit de dire que les maladies infectieuses, notamment le
VIH/sida et l’hépatite C, représentent un grave problème dans les
pénitenciers. Ce problème est plus sérieux que dans la population
canadienne générale, et encore plus grave chez les détenues.
Depuis la publication du rapport de 1996 du
Comité d’experts sur le sida et les prisons (CESP), les Services de
santé ont mis en œuvre certaines des recommandations du rapport, et
ont réussi, quoique récemment, à offrir une thérapie de traitement à
la méthadone et commencé à mettre en œuvre les plans d’action pour
guider les mesures institutionnelles visant à prévenir les maladies
infectieuses.
Cependant, trois des recommandations du CESP
n’ont étonnamment pas encore été mises en œuvre, puisqu’elles
concernent les objectifs contradictoires que j’ai décrits
précédemment.
Le CESP a recommandé :
-
que de la recherche soit effectuée pour
déterminer les mesures nécessaires, y compris l’accès à du
matériel d’injection stérile qui réduirait les risques liés à
l’utilisation clandestine par les détenus de matériel d’injection
contaminé;
-
que le tatouage et le perçage soit
légalisés et disponibles aux détenus, pourvu que des
professionnels ou des détenus reçoivent une formation sur les
procédures de sécurité applicables;
-
que la confidentialité des
renseignements sur les maladies infectieuses des détenus soit
assurée et qu’un dépistage volontaire des détenus soit favorisé.
Le dernier point est clairement un élément
important des problèmes dont j’ai discutés dans la section
précédente — problèmes qui ont été abordés, mais qui n’ont pas été
complètement réglés.
Les progrès réalisés concernant les deux
autres recommandations sont plus lents.
Le Service refuse toujours de mettre en
œuvre le concept d’échange de seringues et n’a que récemment
entrepris d’élaborer un projet pilote sur le tatouage, lequel
devrait être présenté à la commissaire.
Il existe des approches fondamentales
concernant la toxicomanie et ses conséquences — le traitement par
rapport à l’interdiction.
D’autres administrations nous ont fourni des
renseignements fiables indiquant que des mesures de réduction des
méfaits, telles que l’échange de seringues et le tatouage
sécuritaire, qui répondent aux besoins en santé des utilisateurs,
contribuent à éviter la transmission des maladies et à encourager la
participation au traitement.
Toutefois, le personnel du SCC exprime
souvent des craintes concernant l’utilisation d’objets pointus comme
armes, et le public se préoccupe des mesures qui tolèrent un
comportement illégal ou antisocial, particulièrement aux dépens du
public.
Il faut donc se demander « Quel est le rôle
d’une prison? »
Nous estimons qu’une prison n’a pas pour
rôle de perpétuer des pratiques dangereuses ni de limiter l’accès à
un traitement dont pourrait bénéficier non seulement le détenu, mais
aussi la personne à qui celui-ci pourrait faire du tort s’il ne
reçoit pas les soins appropriés ou s’il a accès à des instruments
qui transmettent la maladie.
De ce point de vue, nous croyons qu’il y a
clairement lieu de favoriser la mise en œuvre de mesures de
réduction des méfaits.
Il est possible de réduire le danger que
courent les détenus ou les employés en contrôlant la mise en œuvre
de mesures de réduction des méfaits. Je ne sous-estime pas la
nécessité de la planification, des soins et de la surveillance, mais
je crois qu’il existe des « pratiques exemplaires » très utiles
appliquées dans d’autres milieux où les détenus ont un accès à des
articles dangereux (p. ex. dans les cuisines). Quoi qu’il en soit,
comme les détenus ont déjà accès illégalement à des seringues ou à
du matériel de tatouage, il faut se demander dans quelle mesure les
dangers pourraient s’accroître si l’on mettait en place un régime
visant à fournir un accès contrôlé et sécuritaire à des articles
dangereux.
Quant à l’illégalité de la réduction des
méfaits, je crois que le CESP était au courant de la loi lorsqu’il a
formulé ses recommandations. Cependant, le Comité a déterminé que la
situation était presque critique et que, dans les circonstances, le
principe fondamental de sécurité de la personne devait être soupesé
en fonction des effets négatifs qu’entraîne le fait de tolérer des
activités qui sont sanctionnées par le droit pénal et qui se
produisent de toute façon. Je partage donc les conclusions du CESP.
Il faudrait certainement appuyer le Service
dans ses efforts visant à contrôler l’entrée de substances illégales
dans les pénitenciers. Toutefois, on peut donner un traitement tout
en prenant des mesures de sécurité valables, ce qui constitue un
aspect essentiel d’une stratégie de prestation de services de santé
axée sur le traitement. Cela est ici manifestement le cas.
Le recours à
l’isolement pour les soins de santé mentale
Dans les traitements de santé mentale, il
arrive parfois qu’on isole des patients des autres au moment de la
tenue d’activités liées aux programmes ou activités sociales. Cela
peut être le cas lorsque l’on considère que l’interaction avec les
autres peut présenter des risques ou que la privation de privilèges
est utile pour favoriser la participation au traitement ou des
comportements appropriés (modification du comportement).
Le recours à l’isolement est régi par les
lois provinciales et les normes professionnelles. Celles-ci
prévoient essentiellement que :
-
le recours à l’isolement doit être
autorisé par un médecin;
-
le droit d’isoler un patient existe
pourvu que celui-ci ait consenti au programme de traitement ou à
un aspect de celui-ci;
-
exceptionnellement, un patient peut être
mis en isolement contre son gré s’il ne peut donner un
consentement ou s’il y a un urgent besoin de protéger cette
personne du tort qu’il peut se faire à lui-même ou à
d’autres;
-
dans de tels cas, les patients peuvent
obtenir l’aide d’avocats-conseils ou de conseillers juridiques et
que des procédures de recours de durée limitée doivent être mises
à leur disposition.
Les unités de santé mentale du SCC sont
régies par les mêmes règles. Toutefois, comme elles se trouvent dans
des pénitenciers, elles sont également assujetties à des règles
fédérales, y compris les lois qui régissent l’isolement. Ces
dernières prévoient que les détenus peuvent être mis en isolement
contre leur gré seulement lorsqu’il faut protéger la sécurité de
personnes ou de l’établissement ou si le détenu a été reconnu
coupable d’une grave infraction disciplinaire. De plus, dans les cas
non disciplinaires, ces règles prévoient un examen systématique des
cas d’isolement et pour la réinsertion rapide dans la population
carcérale générale, si possible. En outre, les détenus mis en
isolement ont normalement droit aux mêmes effets et services
personnels que les détenus de la population carcérale générale.
Il y lieu d’examiner certaines complications
découlant de ces situations :
-
Si un patient ne souhaite pas être mis
en isolement, le consentement au traitement prend-il fin et toute
autre mesure destinée à l’isoler doit-elle être considérée comme
de l’isolement?
-
Dans un programme de traitement, si un
membre du personnel isole un patient parce qu’il souhaite le
contrôler ou le protéger des autres, s’agit-il vraiment d’une
mesure d’isolement?
-
Si le détenu sait qu’en ne donnant pas
son consentement à l’isolement, il peut être retiré d’un programme
de traitement et retourné à l’établissement d’origine, comment
cela influe-t-il sur la question de savoir s’il a vraiment donné
un consentement éclairé sans avoir fait l’objet de
contrainte?
-
En plus de simplement pouvoir refuser un
traitement, quel mécanisme de recours devrait être prévu lorsqu’un
détenu n’est pas d’accord sur la décision de le mettre en
isolement ou une condition liée à l’isolement?
Le Service a indiqué qu’il présenterait
bientôt une politique à ce sujet.
J’espère que l’approche du Service visera à
assurer que, au cours d’un traitement, la nécessité initiale et
continue de l’isolement sera régulièrement examinée et que le
patient aura en temps opportun l’occasion de se plaindre de tout
problème. Autrement, il faudra appliquer la simple règle suivante :
l’isolement sans consentement ou sans que le patient soit jugé
incapable de donner son consentement constitue une mesure
d’isolement et doit être considérée comme telle.
Conclusions
Je comprends le défi auquel doit faire face
le Service pour justifier les intérêts apparemment contradictoires
de la sécurité et du traitement.
J’estime que la sécurité et le traitement,
tout comme la garde et la réadaptation, peuvent souvent être
conciliés, mais je sais qu’il y aura des circonstances où, lorsqu’il
devra à la fois assurer la sécurité et donner des soins, le Service
se trouvera dans des situations apparemment conflictuelles.
Cela nous amène à nous poser des questions
plus générales — Est-ce que la solution consisterait à séparer, sur
le plan de la structure, la dotation, la direction et la prestation
de soins de santé des autres fonctions du Service? Par exemple,
faut-il faire en sorte que les soins de santé relèvent de la
compétence de Santé Canada ou créer un organisme opérationnel
indépendant pour les soins de santé? Est-ce que la solution serait
de prévoir des catégories distinctes pour établir la distinction
entre les questions qui relèvent du contrôle exclusif des Services
de santé et celles qui relèvent de la compétence des autres membres
du personnel? Ou est-ce que le Service ne devrait pas simplement
essayer d’élaborer et d’appliquer une politique et une pratique
visant à prévoir les d’objectifs conflictuels.
Quelle que soit l’option retenue, je crois
que le principe des droits du patient à la protection des
renseignements personnels et au consentement éclairé à la
participation au traitement doit être primordial.
Nous remercions une fois de plus le
personnel des Services de santé de sa collaboration qu’il a apportée
à notre personnel, laquelle a contribué aux discussions positives
que nous avons eues avec les représentants des Services de santé de
l’administration centrale.
TOUR D’HORIZON
Il y a un certain nombre de questions qui
font actuellement l’objet de discussions avec le Service et qui ne
sont pas exposées en détail dans la section « Principales questions en suspens » du
rapport. Même si notre examen de ces questions n’a pas encore donné
lieu à des constatations et à des recommandations particulières, je
crois que, en raison de leur importance pour la population
carcérale, il y a lieu d’en prendre note.
Isolement préventif
Les unités d’isolement demeurent pleines ou
presque, et le nombre de cas d’isolement à long terme est encore
inutilement élevé. Il faudra trouver de nouvelles solutions et
examiner la façon de mettre plus efficacement en œuvre la loi et la
politique sur l’isolement préventif afin de régler ce problème.
La question de l’examen indépendant des
placements est un aspect de l’isolement préventif qui fait depuis
longtemps l’objet de discussions. Comme je l’ai indiqué ailleurs
dans le rapport, les spécialistes sont très favorables à cette
approche. Le Service vient de terminer la mise à l’essai d’un
système « amélioré » dans le cadre duquel
les membres de la collectivité participent aux examens. Il est
maintenant possible d’examiner les projets pilote et d’entamer une
vaste consultation sur les recommandations du sous-comité
parlementaire sur l’arbitrage indépendant des décisions en matière
d’isolement.
Maladies infectieuses
En ce qui a trait à l’incidence et à la
transmission du VIH/sida et de l’hépatite C dans nos établissements,
je crois qu’une décision immédiate doit être prise sur la mise en
œuvre de mesures de réduction des méfaits, telles que l’accès à du
matériel de tatouage propre et les échanges de seringues. Bien que
le milieu correctionnel présente des difficultés dans ce domaine, il
faut une stratégie cohérente en matière de drogues pour assurer de
façon raisonnable la santé et la sécurité du personnel et des
délinquants.
Soins de santé mentale
Le Service procède actuellement à un examen
de ses unités régionales de santé mentale. Il s’agit là d’une étude
opportune et importante étant donné l’incidence des problèmes de
santé mentale sur les soins, la garde et la réadaptation des
délinquants. Le Service nous consulte concernant cet examen, et
j’estime que notre contribution à cet examen des sujets de
préoccupations liés au traitement de la santé mentale est très
importante.
Évaluation des renseignements de
sécurité
Cette année, le Service a finalement publié
des directives sur les normes et lignes directrices en matière de
sécurité préventive. La mise en œuvre de nouvelles politiques nous
donne ainsi qu’au Service l’occasion d’examiner une fonction
importante découlant des principes fondamentaux exposés dans les
politiques, soit l’identification, l’évaluation et l’utilisation des
renseignements de sécurité dans les décisions qui influent sur le
niveau de garde et les possibilités de mise en liberté des
délinquants.
Détecteurs ioniques
Des questions ont été soulevées concernant
le fonctionnement des instruments qui décèlent la présence de
substances sur la peau et les vêtements des personnes, et
l’exactitude des résultats des examens des détecteurs ioniques. De
plus, on a discuté de l’importance qui devrait être accordée aux
résultats des détecteurs ioniques dans les décisions concernant
l’octroi des visites dans les établissements.
En octobre 2003, il y aura une médiation
officielle relative à cette question, c’est-à-dire l’efficacité de
l’équipement, le niveau de son utilisation et son importance dans la
prise de décision sur les visites. Les participants comprendront
notamment du personnel compétent du Service, les employés du BEC,
des représentants des détenus et des spécialistes juridiques de la
collectivité.
Ordinateurs des détenus
En juin de cette année, le Service a décidé
d’interdire l’achat d’ordinateurs par les détenus. Étant donné
l’incidence de cette décision sur la population carcérale, nous
avons communiqué avec le Service pour entreprendre un examen de ce changement de politique et des solutions de
rechange possibles.
Accès à la justice
L’accès des détenus aux services des avocats
constitue un problème grandissant. Les restrictions s’appliquant à
l’aide juridique et à son financement dans les diverses
administrations provinciales et territoriales auront pour effet de
réduire la portée des questions pour lesquelles les détenus peuvent
consulter des avocats et retenir leurs services ainsi que le nombre
d’avocats qui peuvent défendre des cas de détenus et qui sont
disposés à le faire.
L’accès à un avocat est un droit important
de tout citoyen. De plus, il est extrêmement important dans le
contexte correctionnel, où des questions complexes et importantes se
posent souvent. La LSCMLC et son règlement connexe contiennent un
certain nombre de dispositions qui garantissent l’accès aux services
d’un avocat, comme les cas où les détenus sont mis en isolement ou
accusés de graves infractions disciplinaires. En outre, la Loi
prévoit des garanties de communication confidentielle de détenus
avec des avocats. Les détenus ont des droits qu’ils n’ont pas les
moyens de faire respecter.
Nous croyons qu’il faut mener une vaste
consultation auprès des partenaires du système de justice pénale, y
compris des représentants de la collectivité et des détenus, pour
voir à ce que des mécanismes soient établis pour régler le
problème.
Établissements à sécurité
maximale
En mai de cette année, une équipe de cadres
supérieurs du Service a entamé un examen des établissements à
sécurité maximale. Le but de cet examen, est, à mon avis, d’essayer
d’élaborer des interventions qui pourraient être réalisées par le
personnel, tout en respectant les droits de la personne, pour aider
les détenus à mener à bien leur plan correctionnel visant leur mise
en liberté éventuelle.
Les établissements à sécurité maximale sont
depuis longtemps un sujet de préoccupation au BEC. Comme ils mettent
l’accent sur le contrôle des déplacements et des activités des
délinquants, ils ont tendance à entraver les progrès vers la
réinsertion sociale et gèrent souvent leurs opérations d’une façon
qui n’est pas conforme au principe exposé dans la LSCMLC qui
consiste à prendre la mesure de garde la moins restrictive possible
suivant les besoins des détenus.
Par conséquent, nous attendons d’obtenir les
résultats de cet examen et de la discussion qui suivra concernant
l’incidence de celui-ci dans les
établissements.
PROPOSITION DE RÈGLEMENT
INTERVENTION
JUDICIAIRE, EXAMEN EXTERNE ET RESPONSABILITÉ DANS LES SERVICES CORRECTIONNELS
La juge Arbour, dans son rapport 1996 sur
les événements survenus à la prison des femmes, a fait des
observations sur l’incapacité de respecter les droits fondamentaux
des délinquants :
J’ai
traité en détail du rôle joué par l’enquêteur correctionnel dans
cette affaire. À mon avis, il est clair que le mandat dont la loi
l’investit devrait continuer d’être soutenu et facilité. Parmi
tous les observateurs indépendants du Service correctionnel,
l’enquêteur correctionnel se trouve dans une situation unique; il
peut à la fois faciliter la résolution des problèmes individuels
et faire des déclarations publiques sur les carences systémiques
du Service. De tous les mécanismes et organismes internes et
externes conçus pour rendre le Service correctionnel ouvert et
responsable, le bureau de l’enquêteur correctionnel est de loin le
plus efficace et le mieux équipé pour exécuter cette fonction. Ce
n’est qu’en raison de l’incapacité de l’enquêteur correctionnel
par ses conclusions de contraindre l’application de la loi par le
Service et de l’absence de volonté manifeste du Service de
l’accepter spontanément dans de nombreuses instances, que je
recommande un meilleur accès des détenus aux tribunaux en faveur
de l’application efficace de leurs droits et du respect de la
primauté du droit.
Dans son rapport, la juge Arbour en a conclu
qu’« il y a peu d’espoir que la primauté du droit s’impose
d’elle-même dans la culture correctionnelle sans l’aide et le
contrôle du Parlement et des tribunaux ». Le rapport contenait une
série de recommandations destinées à ajouter au processus
correctionnel une orientation judiciaire et un mécanisme décisionnel
externe.
Au cours des sept ans qui ont suivi, un
certain nombre de rapports provenant de différentes sources, y
compris les personnes chargées par le SCC de fournir des conseils
d’experts, ont formulé une autre série de recommandations sur les
questions de l’examen externe et de la responsabilité. Ces
recommandations, pour reprendre une phrase tirée du récent livre du
professeur Michael Jackson intitulé Justice Behind the
Walls – Human Rights in Canadian Prisons, visaient à
faire en sorte que les opérations du Service correctionnel du Canada
s’inscrivent dans une culture qui respecte les droits juridiques et
constitutionnels.
Jusqu’à présent, le Service a résisté à
cette tendance et maintient, de façon générale, sa position.
Au cours des dernières années, le Service
s’est efforcé d’améliorer ses propres mécanismes internes visant à
favoriser les droits de la personne et les droits prévus dans la
loi, mais il n’est pas encore disposé à faire l’objet d’examens par
d’autres parties.
Cette absence de volonté est évidente dans
la réponse du Service concernant une large gamme d’initiatives :
-
La demande présentée par la Commission
Arbour pour qu’il y ait un recours juridique contre l’interférence
correctionnelle en ce qui a trait à l’intégrité d’une peine;
-
la recommandation du BEC pour qu’il y
ait un tribunal administratif chargé de régler les différends sur
des questions qui influent sur les droits des délinquants;
-
la recommandation formulée par M. Max
Yalden, ancien commissaire en chef de la Commission canadienne des
droits de la personne, pour que les questions non réglées, entre
le BEC et le SCC, concernant les obligations en matière des droits
de la personne soit soumises à l’arbitrage;
-
les recommandations de la Commission
Arbour concernant un processus décisionnel indépendant pour
certains griefs présentés par les détenus et les placements en
isolement;
-
les recommandations du sous-comité
parlementaire, de M. Yalden et du groupe de travail du Service sur
l’isolement préventif concernant l’arbitrage indépendant des cas
d’isolement;
-
la recommandation du vérificateur de la
dotation mixte du Service pour qu’un « organisme indépendant »
mène des enquêtes sur les plaintes de harcèlement sexuel des
délinquants présentées par les délinquants.
La responsabilité comporte un aspect interne
et externe. L’organisation responsable doit faire plus que mettre
davantage l’accent sur les valeurs fondamentales et sa capacité d’en
tenir compte dans sa propre structure et dans ses processus
décisionnels. Elle doit aussi être ouverte à une surveillance
indépendante pour assurer les personnes visées par ses décisions, et
la collectivité dans son ensemble, que toute lacune dans le
processus interne sera examinée et corrigée avant qu’un tort
considérable soit causé aux valeurs en question et à l’intégrité
perçue de l’organisation. Cela est davantage le cas dans le milieu
correctionnel où les droits et libertés sont souvent en jeu.
Les questions concernant l’intervention
judiciaire, l’examen externe et la responsabilité n’ont pas encore
été traitées de façon raisonnable. Par conséquent, je propose qu’une
vaste discussion publique sur ces questions ait lieu au cours du
prochain exercice, et j’offre l’entière collaboration du Bureau pour
assurer l’efficacité de celle-ci.
À cette fin, le BEC produira, d’ici la fin
d’octobre 2003, un document de travail exposant nos vues sur les
questions et nos propositions de règlement que nous proposons. Nous
assurerons une large diffusion de ce document et inviterons le
Service et d’autres intervenants du processus de justice pénale, y
compris des organismes gouvernementaux, des partenaires de la
collectivité et des représentants des délinquants, à présenter par
écrit leurs opinions à ce sujet. Je proposerais ensuite que le
Service et le Bureau convoquent une vaste conférence au début de
2004 pour essayer de déterminer les mesures permettant de clore la
question.
Je me réjouis à la perspective de cette
conférence et j’invite le Service et d’autres intervenants à me
faire part de leurs commentaires sur la façon dont elle devrait se
dérouler.
SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
Délinquants
autochtones
Que le Service produise, chaque trimestre,
un rapport sur les délinquants autochtones axé sur les questions
suivantes :
-
les transfèrements;
-
la mise en isolement;
-
les mesures disciplinaires;
-
les permissions de sortir et les
placements à l’extérieur;
-
les renvois en vue du maintien en
incarcération;
-
les rapports de l’examen du cas en vue
de la libération conditionnelle;
-
les suspensions et les révocations de la
mise en liberté sous condition.
Que le rapport trimestriel sur les
délinquants autochtones, lequel comprendra une analyse de
l’information consignée, soit un élément permanent à l’ordre du jour
des comités de gestion supérieure du Service.
Compte tenu de la situation désavantageuse
persistante des délinquants autochtones :
-
qu’un cadre supérieur responsable des
programmes pour les Autochtones et de la liaison avec les
collectivités autochtones soit nommé à titre de membre votant
permanent des comités de gestion supérieure au palier des
établissements, des régions et de l’administration centrale;
-
que les politiques et les procédures
actuelles du Service soient immédiatement examinées afin de
repérer et d’éliminer les formes de discrimination systémique qui
font obstacle à la réinsertion sociale des Autochtones. Cet examen
devra être effectué par un organisme indépendant du Service
correctionnel du Canada, et avec l’entier appui et la
participation d’organisations autochtones.
Délinquantes
La Commission d’enquête Arbour a été un
processus très public et très général dans son orientation. Son
rapport fait date dans les services correctionnels en ce pays. Ses
conclusions et ses recommandations ont polarisé notre attention non
seulement sur les possibilités qui s’offrent dans le domaine des
services correctionnels destinés aux femmes mais aussi sur
l’obligation de faire preuve de transparence, d’impartialité et de
responsabilité dans les opérations correctionnelles.
Le déplacement des femmes des pénitenciers
pour hommes vers les établissements régionaux entraînera un certain
nombre de difficultés à surmonter pour le Service, dans l’immédiat
et à long terme. Pour les surmonter, il faudra qu’il se concentre à
la fois sur les possibilités qui s’offrent aux services
correctionnels destinés aux femmes et sur l’obligation de
transparence, d’impartialité et de responsabilité.
Je recommande que cette réorientation
commence par :
-
l’achèvement, par le Service
correctionnel, d’un « plan définitif de
suivi » aux recommandations de la juge Arbour, d’ici le 30 octobre
2003;
-
la distribution de ce plan aux
intéressés (dans l’administration fédérale et à l’extérieur),
d’ici le 30 novembre 2003;
-
le lancement d’une consultation
publique, d’ici janvier 2004;
-
la publication d’un rapport final sur
l’état des recom-mandations de la juge Arbour, d’ici avril 2004.
Harcèlement
sexuel
Je recommande que le Service correctionnel
adopte en principe la même politique de harcèlement des délinquants
que celle qu’il a adoptée pour le harcèlement des employés, pourvu
que seuls soient apportés les changements nécessaires en raison du
fait que les délinquants ne sont pas des employés ou des membres
d’unités de négociation.
Je recommande également que cette politique
soit adoptée d’ici le 30 septembre 2003, après avoir fait l’objet de
consultations auprès des délinquants et du vérificateur de la
dotation mixte.
Préparation des
cas et accès aux programmes
Je recommande :
-
que le Service correctionnel présente un
rapport sur ses examens et des conclusions en ce qui a trait aux
éléments traités dans nos recommandations précédentes d’ici
octobre 2003;
-
que le Service présente, d’ici la fin de
décembre 2003, un plan d’action qui explique en détail les mesures
à prendre pour combler les lacunes relevées, y compris des
critères mesurables pour évaluer le succès des mesures.
(Recommandations de
2001-2002)
Que le Service entreprenne immédiatement un
examen de l’accès aux programmes et de la mise en liberté sous
condition au moment opportun qui porte sur :
-
la capacité d’accueil des programmes
actuels, les listes d’attente et les mesures précises nécessaires
pour combler les lacunes;
-
les raisons précises des délais dans
l’examen des cas par la Commission nationale des libérations
conditionnelles et les mesures requises pour en réduire le
nombre;
-
les causes de recul du nombre de
permissions de sortir sans escorte et de placements à l’extérieur,
et les mesures requises pour accroître la participation à ces
programmes;
-
les raisons pour lesquelles les
délinquants autochtones sont continuellement défavorisés en ce qui
concerne l’accès rapide à la mise en liberté sous condition, et le
plan concret requis pour remédier à cette situation.
Blessures
subies par les détenus et surveillance de la violence dans les
établissements
Je recommande :
-
qu’un système de rapports trimestriels
de l’information sur la violence et les blessures subies par les
détenus devant être présentés au Comité de direction soit mis en
œuvre d’ici la fin de juin 2003;
-
que le Service correctionnel fasse
effectuer un examen spécial de l’exactitude des données qu’il peut
récupérer d’ici la fin d’octobre 2003;
-
que le Service adopte un système de
consignation des blessures d’après la gravité des dommages
corporels et moraux causés aux détenus et d’après la gravité des
circonstances lors desquelles ces blessures ont été
infligées;
-
que le Service correctionnel établisse
un plan pour veiller, d’ici la fin de juin 2003, à ce que tous les
incidents de blessures graves subies par les détenus fassent
l’objet d’une enquête rigoureuse et rapide.
Enquêtes
Le SCC a convenu de prendre les engagements
suivants :
-
produire des rapports trimestriels
concernant les enquêtes portant sur la mort de détenus ou les
blessures graves subies par les détenus et nous les
communiquer;
-
veiller à ce que la Direction des
enquêtes du SCC et le BEC soient informés de toute blessure grave
subie par un détenu;
-
intégrer au Manuel révisé des Services
de santé du SCC les lignes directrices pour préciser la définition
de blessure grave;
-
présenter des rapports d’enquête
conformément à l’article 19 de la LSCMLC (mort de détenus et
blessures graves subies par des détenus) au Bureau dans les trois
mois suivant l’incident;
-
que la politique sur les enquêtes
prévoie des délais précis pour l’achèvement du rapport d’enquête
et la vérification des plans d’action connexes;
-
que tous les rapports d’enquête relatifs
à la mort de détenus ou à des blessures graves subies par eux
fassent l’objet d’examens à l’échelle nationale et soient
accompagnés d’un rapport récapitulatif au sujet des
recommandations et des mesures correctrices, lequel sera produit
chaque trimestre.
Je recommande que, d’ici la fin d’octobre
2003, le Service correctionnel fournisse l’information qu’il s’est
engagé à fournir et prenne les mesures que j’ai recommandées dans
mon dernier rapport annuel, notamment :
-
que la politique sur des enquêtes
prévoie des délais précis pour l’achèvement du rapport d’enquête
et la vérification des plans d’action connexes;
-
que le Service s’assure que ces délais
sont respectés;
-
que tous les rapports d’enquête relatifs
à la mort des détenus ou à des blessures graves subies par eux
fassent l’objet d’examens à l’échelle nationale et soient
accompagnés d’un rapport récapitulatif au sujet des
recommandations et des mesures correctrices, lequel sera produit
chaque trimestre.
Double
occupation des cellules
Je recommande :
-
que le Service mette la dernière main à
ses plans visant à éliminer la double occupation des cellules dans
toutes les unités qui ne sont pas destinées à la population
carcérale générale d’ici septembre 2003;
-
que le Service établisse une base de
données fiable sur la double occupation dans ses
établissements;
-
que le Service établisse une politique
exigeant que la double occupation des cellules, dans les unités
qui ne sont pas destinées à la population carcérale générale,
autres que dans des situations d’urgence d’une durée de moins de
48 heures, soit approuvée par écrit par la
commissaire.
Recours à la
force
Je recommande donc que le Service
correctionnel donne suite à nos recommandations, y compris des plans
d’action pour mettre en œuvre les mesures mentionnées dans mes
recommandations antérieures d’ici le 30 octobre 2003.
(Recommandations de
2001-2002)
Que la commissaire émette des directives
précises en ce qui concerne le recours à la force, pour :
-
que l’on recueille de l’information
relative aux blessures, au non-respect de la politique et aux
circonstances qui ont mené à l’incident;
-
que l’on présente chaque trimestre aux
comités de gestion aux niveaux régional et national un rapport
comprenant l’information susmentionnée, dans le but de déterminer
les questions préoccupantes et de les régler;
-
que soient rapidement fournis les
résultats écrits des examens menés par le secteur des délinquantes
et celui des Services de santé;
-
que les gestionnaires nationaux assurent
le suivi systématiquement et rapidement;
-
que l’on fasse enquête au niveau
régional en cas de recours injustifié à la force ou de recours à
une force excessive, et que le comité comporte un représentant de
la collectivité.
Accusations
d’inconduite portées contre le personnel
Par conséquent, je recommande que la
procédure de règlement des griefs des détenus soit révisée de façon
à ce que, dans le cas des accusations d’inconduite portées contre le
personnel :
-
les détenus soient autorisés à adresser
leurs plaintes directement au directeur de l’établissement (ou son
supérieur si la plainte est portée contre lui) de façon à tenir
secrète la nature de la plainte;
-
le directeur de l’établissement examine
personnellement la plainte pour déterminer si elle est frivole ou
si elle constitue un recours abusif à la procédure et si d’autres
renseignements sont nécessaires avant de procéder à une
enquête;
-
si la plainte est considérée comme étant
éventuel-lement fondée, le directeur de l’établissement autorise
la tenue d’une enquête sur la plainte par un comité composé
d’employés d’un autre établissement et d’une personne indépendante
de la collectivité;
-
les résultats de l’enquête soient
communiqués au directeur de l’établissement et qu’une copie de
ceux-ci soient transmis pour examen au sous-commissaire régional
et qu’on donne rapidement suite aux recommandations découlant de
l’enquête;
-
les détenus qui ont porté plainte aient
un accès rapide et continu aux services d’un avocat et qu’ils
soient autorisés à tout moment à porter la question à l’attention
de la police.
Politique
relative à la fouille à nu
Je recommande :
a. veille à ce que la
politique sur les fouilles à nu réponde aux préoccupations que nous
avons soulevées en ce qui a trait à deux incidents signalée en
1999; ou b. présente
ces deux cas à l’arbitrage par un tiers spécialiste dans le domaine,
comme nous l’avions déjà recommandé.
Ressources
financières des détenus
1. Considérations d’ordre général
Je recommande que le Service correctionnel
aborde particulièrement les questions que j’ai mentionnées dans mes
recommandations précédentes, fasse rapport à ce sujet et qu’il
prenne les mesures proposées pour apporter les changements
nécessaires d’ici la fin d’octobre 2003.
(Recommandations de
2001-2002)
Que dans l’examen de la politique du Service
sur la rémunération des détenus, on s’interroge :
- sur la suffisance des niveaux de
rémunération actuelle et les effets de l’économie clandestine
illicite dans les pénitenciers;
- sur la suffisance des fonds dont
disposent actuellement les délinquants au moment de leur mise en
liberté.
2. Système téléphonique Millennium
Je réitère mes recommandations de l’an
dernier :
- que le Service fournisse immédiatement
une subvention rétroactive aux détenus, de façon à ramener le coût
de leurs communications téléphoniques au niveau en vigueur dans la
collectivité;
- que, si le Service n’est pas disposé à
offrir une subvention pour compenser le coût déraisonnable de ce
système de sécurité pour la population carcérale, que l’on se
demande sans tarder s’il est nécessaire de conserver le système
téléphonique Millennium.
Je recommande spécifiquement :
- que le Service procède à une vérification
de l’efficacité du système Millennium en tant que mécanisme de
sécurité.
Procédures de
règlement des griefs des détenus
Je recommande :
- que d’ici le 31 octobre 2003, le Service
correctionnel mette la dernière main à un plan d’action contenant
des objectifs réalistes et mesurables et des normes d’évaluation
en vue d’éliminer de façon permanente des griefs à traiter qu’il
mette immédiatement ce plan en œuvre pour qu’il soit mené à terme
d’ici la fin de l’exercice 2003-2004;
- que le Service établisse des directives
précises qui obligent les Secteurs des services de santé, des
questions autochtones et des délinquantes à analyser
rigoureusement, chaque trimestre, les données sur les griefs et
présente un rapport à ce sujet d’ici la fin de septembre 2003;
- que le Service revoie sa décision de
rejeter les recommandations formulées par la juge Arbour sur la
responsabilité des hauts fonctionnaires quant au règlement des
griefs ou le renvoi de ceux-ci pour examen devant une instance
externe.
En ce qui a trait particulièrement à la
recommandation de la juge Arbour, je recommande également que le
Service, en consultation avec le Bureau et les intervenants
compétents de la collectivité, mette sur pied un projet pilote sur
l’examen indépendant des griefs au troisième palier qui ont une
importance à l’échelle nationale ou qui sont liés à des questions
fondamentales de liberté personnelle, de sécurité ou de conformité à
la loi.
Finalement, je recommande que le Service
donne suite aux suggestions du Bureau sur les changements à apporter
au processus de règlement des plaintes et des griefs des délinquants
d’ici la fin de juin 2003.
Jeunes
contrevenants
Je recommande :
- que le Service utilise l’information
obtenue lors de sa réunion de juin et, en consultation avec des
détenus et d’autres interventions communautaires, présente au
Comité de direction, d’ici la fin de septembre 2003, un plan
d’action pour la coordination, avec d’autres administrations, des
placement, du logement et des programmes offerts aux jeunes
contrevenants;
- que ce plan d’action donne des résultats
mesurables, comporte un échéancier et un cadre d’évaluation
appropriés;
- que le plan d’action soit fondé sur un
examen des politiques et des opérations du SCC pour assurer la
conformité à la Loi sur le système de
justice pénale pour les adolescents;
- que le Service envoie l’information qu’il
présente aux tribunaux aux termes de la Loi sur le système de justice pénale pour les
adolescents pour indiquer les effets négatifs observés sur
les jeunes détenus qui purgent leurs peines dans un pénitencier.
Classement des
délinquants condamnés à perpétuité
J’estime que la politique est contraire à la
Loi et recommande qu’elle soit annulée.
Je recommande également :
- que toute décision prise par un directeur
d’établissement pour assujettir un détenu à la règle ou pour
recommander la dérogation à la règle, soit immédiatement
communiquée pour examen à la commissaires adjointe, Opérations et
Programmes correctionnels (CAOPC);
- qu’on donne au détenu les raisons
complètes justifiant la décision initiale et l’occasion de
présenter des arguments à la CAOPC;
- que la CAOPC détermine s’il faut
assujettir le détenu à la règle dans les 30 jours suivant la
réception des documents concernant la décision initiale;
- que le détenu ait droit de présenter
directement à la commissaire un grief prioritaire concernant la
décision de la CAOPC.
STATISTIQUES
TABLEAU A CONTACTS
(1) PAR CATÉGORIE
|
TYPE DE
CAS |
CATÉGORIE |
R/I (2) |
ENQ (3) |
TOTAL |
Isolement
préventif |
|
|
|
Conditions |
27
|
42
|
69
|
Placement/Examen |
166
|
158
|
324
|
Total
|
193
|
200
|
393
|
Préparation des
cas |
|
|
|
Mise en liberté sous condition |
82
|
79
|
161
|
Post-suspension |
11
|
11
|
22
|
Permission de sortir |
10
|
24
|
34
|
Transfèrement |
41
|
52
|
93
|
Total
|
144
|
166
|
310
|
Effets gardés en
cellule |
229
|
200
|
429
|
Placement en
cellule |
54
|
49
|
103
|
Réclamations
contre la Couronne |
|
|
|
Décisions |
19
|
24
|
43
|
Traitement |
34
|
35
|
69
|
Total
|
53
|
59
|
112
|
Programmes
communautaires/ Surveillance |
25
|
19
|
44
|
Conditions
d’incarcération |
181
|
123
|
304
|
Correspondance |
61
|
37
|
98
|
Décès ou
blessures graves |
3
|
4
|
7
|
Décisions (en
général) – Mise en application |
19
|
10
|
29
|
Régime
alimentaire |
|
|
|
Pour des raisons de santé |
7 |
17
|
24
|
Pour des motifs religieux |
11
|
10
|
21
|
Total |
18
|
27
|
45
|
Discipline |
|
|
|
Décisions d’un président de
l’extérieur |
6 |
9 |
15
|
Décisions relatives à une infraction
mineure |
8 |
5 |
13
|
Procédures |
32
|
20
|
52
|
Total
|
46
|
34
|
80
|
Discrimination |
14
|
10
|
24
|
Emploi |
85
|
60
|
145
|
Information
versée au dossier |
|
|
|
Accès – Divulgation |
64
|
40
|
104
|
Correction |
147
|
64
|
211
|
Total |
211
|
104
|
315
|
Questions
financières |
|
|
|
Accès |
32
|
49
|
81
|
Rémunération |
52
|
50
|
102
|
Total |
84
|
99
|
183
|
Services
alimentaires |
30
|
20
|
50
|
Procédure de
règlement des griefs |
142
|
147
|
289
|
Santé et
sécurité – Lieu de travail |
6
|
3
|
9
|
Détecteur
ionique |
9
|
9
|
18
|
Soins de
santé |
|
|
|
Accès |
194
|
361
|
555
|
Décisions |
90
|
200
|
290
|
Total
|
284
|
561
|
845
|
Santé mentale
|
|
|
|
Accès |
4 |
20
|
24
|
Programmes |
3 |
7 |
10
|
Total
|
7
|
27
|
34
|
Méthadone |
7
|
11
|
18
|
Langues
officielles |
3
|
8
|
11
|
Fonctionnement/Décisions du BEC |
25
|
10
|
35
|
Placement
pénitentiaire |
90
|
27
|
117
|
Programmes |
|
|
|
Accès |
75
|
102
|
177
|
Qualité/contenu |
10
|
3 |
13
|
Total
|
85
|
105
|
190
|
Procédures de
mise en liberté |
2
|
25
|
77
|
Demande de
renseignements |
151
|
|
151
|
Sécurité des
détenus |
66
|
109
|
175
|
Fouille et
confiscation |
40
|
39
|
79
|
Classement de
sécurité |
90
|
66
|
156
|
Administration
des peines – Calcul |
24
|
16
|
40
|
Réceptivité du
personnel |
260
|
117
|
377
|
Téléphone |
59
|
93
|
152
|
Décision
relative à une permission de sortir |
45
|
72
|
117
|
Transfèrement |
|
|
|
Décision—Refus |
111
|
99
|
210
|
Exécution |
79
|
87
|
166
|
Non
sollicité |
168
|
112
|
280
|
Total |
358
|
298
|
656
|
Analyse
d’urine |
15
|
10
|
25
|
Recours à la
force |
14
|
28
|
42
|
Visites |
|
|
|
Générales |
140
|
166
|
306
|
Visites familiales prévues |
60
|
89
|
149
|
Total
|
200
|
255
|
455
|
Cas hors mandat |
|
|
|
Condamnation/Peine – Peine actuelle |
14
|
-
|
14
|
Immigration/Expulsion |
5
|
-
|
5
|
Avocat –
Compétence |
5
|
-
|
5
|
Tribunal à
l’extérieur – Accès |
22
|
-
|
22
|
Décisions –
libérations conditionnelles |
182
|
-
|
182
|
Mesures
policières |
10
|
-
|
10
|
Questions de
compétence provinciale |
11
|
-
|
11
|
TOTAL GÉNÉRAL |
3731
|
3257
|
6988
|
(1) Voir Glossaire
(2) R/I : Réponse immédiate – voir
Glossaire (3) ENQ : Enquête – voir
Glossaire
GLOSSAIRE
Contact
:
Tout échange entre le BEC et un délinquant,
ou une personne agissant en son nom, au sujet d’un problème. Les
contacts peuvent se faire par téléphone, par télécopieur ou par
lettre, au cours d’entrevues menées par le personnel enquêteur du
BEC dans les installations correctionnelles fédérales.
Réponse
immédiate :
Tout échange au cours duquel l’information
ou l’aide demandée par le délinquant est, de façon générale,
immédiatement fournie par le personnel enquêteur du BEC.
Enquête :
Tout contact exigeant de la part du
personnel enquêteur du BEC certaines recherches auprès du
Service correctionnel du Canada ou l’analyse de document, avant que
ne puisse être fournie l’aide ou l’information demandée par le
délinquant.
Les enquêtes varient considérablement quant
à leur portée, à leur complexité, à leur durée et aux ressources
requises. Certaines questions peuvent se régler assez rapidement,
mais d’autres exigent une étude approfondie des documents
pertinents, de nombreuses entrevues et une correspondance soutenue
avec les divers niveaux de gestion du Service correctionnel du
Canada.
TABLEAU B CONTACTS
SELON L'ÉTABLISSEMENT
Région/ Établissement |
Nombre de
contacts |
Nombre
d'entrevues |
Nombre de jours
passés dans les établissements |
Établissement pour femmes |
|
|
|
Edmonton |
65 |
31 |
5
|
Centre régional
de réception (Québec) |
28 |
8
|
3
|
Grand Valley |
88 |
23 |
5
|
Maison Isabel
McNeil |
2
|
0
|
0
|
Joliette |
34 |
11 |
4 |
Pavillon de
ressourcement Okimaw Ohci |
10 |
4
|
2
|
Nova |
34 |
18 |
3
|
Centre
psychiatrique régional (Prairies) |
19 |
7
|
2
|
Pénitencier de
la Saskatchewan |
28 |
9
|
5
|
Springhill |
49 |
22 |
6
|
Total |
357
|
133
|
35
|
ATLANTIQUE |
|
|
|
Atlantique |
159 |
95 |
16 |
Dorchester |
286 |
112 |
13 |
Springhill |
106 |
34 |
7
|
Westmorland |
18 |
4
|
3
|
Total pour la région |
569
|
245
|
39
|
ONTARIO |
|
|
|
Bath |
108 |
33 |
6
|
Beaver Creek |
35 |
14 |
3
|
Collins Bay |
123 |
57 |
8
|
Fenbrook |
190 |
65 |
10 |
Frontenac |
69 |
35 |
4
|
Joyceville |
199 |
52 |
7
|
Pénitencier de
Kingston |
392 |
101 |
14 |
Millhaven |
271 |
79 |
15 |
Pittsburgh |
20 |
10 |
1
|
Centre régional
de traitement |
34 |
4
|
2
|
Warkworth |
373 |
53 |
9
|
Total pour
la région |
1,814
|
503
|
79
|
PACIFIQUE |
|
|
|
Elbow Lake |
13 |
5
|
2
|
Ferndale |
47 |
17 |
3
|
Kent |
273 |
58 |
6
|
Matsqui |
115 |
23 |
6
|
Mission |
71 |
28 |
4
|
Mountain |
225 |
66 |
8
|
Centre régional
de santé |
69 |
19 |
6
|
William Head |
70 |
23 |
3
|
Total pour la région |
883
|
239
|
38
|
PRAIRIES |
|
|
|
Bowden |
173 |
66 |
12 |
Drumheller |
160 |
68 |
10 |
Edmonton |
482 |
123 |
17 |
Grande Cache |
108 |
19 |
2
|
Centre Pê Sâkâstêw |
19 |
10 |
3
|
Centre
psychiatrique régional |
87 |
24 |
3
|
Riverbend |
14 |
8
|
1
|
Rockwood |
23 |
4
|
2
|
Pénitencier de
la Saskatchewan |
294 |
48 |
8
|
Stony Mountain |
192 |
69 |
12 |
Total pour la région |
1,552
|
439
|
70
|
QUÉBEC |
|
|
|
Archambault |
187 |
66 |
9
|
Cowansville |
159 |
95 |
14 |
Donnacona |
160 |
93 |
13 |
Drummondville |
184 |
89 |
10 |
Centre fédéral
de formation |
114 |
36 |
6
|
La Macaza
|
143 |
141 |
10 |
Leclerc |
146 |
80 |
9
|
Montée
St-François |
48 |
25 |
4
|
Port Cartier |
268 |
109 |
18 |
Centre régional
de réception/USD Québec |
150 |
139 |
16 |
Ste-Anne des
Plaines |
30 |
19 |
3
|
Total pour la région |
1,589
|
892
|
112
|
TOTAL GÉNÉRAL |
6,764
|
2,451
|
373
|
TABLEAU C PLAINTES ET
POPULATION CARCÉRALE – PAR RÉGION
Région |
Nombre total
de contacts (*) |
Nombre de détenus(**) |
Atlantic |
674
|
1,192 |
Québec |
1,731 |
3,123 |
Ontario |
1,963 |
3,398 |
Prairies |
1,698 |
3,032 |
Pacifique |
911
|
1,845 |
TOTAL |
6,977 |
12,590 |
(*) Ne comprend pas
11 contacts dans les établissement provinciaux (**) En mars
2003, selon le Système de gestion des délinquants du Service
correctionnel du Canada.
TABLEAU D SUITE
DONNÉE SELON LE TYPE DE CAS
TYPE DE
CAS |
Suite donnée |
Nombre de plaintes |
Réponse
immédiate |
Renseignement
fournis |
2,111 |
|
Cas hors
mandat |
249 |
|
Aiguillage du
cas |
1,165 |
|
Plaintes
retirées |
206 |
Total |
|
3,731 |
Enquête |
Renseignements
fournis |
1,769 |
|
Non fondé |
288 |
|
Cas en
suspens |
86 |
|
Aiguillage du
cas |
608 |
|
Réglé |
391 |
|
Impossible à
régler |
43 |
|
Plaintes
retirées |
72 |
Total |
|
3,257 |
TOTAL GÉNÉRAL |
|
6,988 |
TABLEAU E SUJETS DE PRÉOCCUPATION LES PLUS SOUVENT
MENTIONNÉS PAR LES DÉLINQUANTS
ENSEMBLE DES
DÉLINQUANTS
Soins de santé
|
845
|
Transfèrement
|
656
|
Visites et
visites familiales privées |
455
|
Effets gardés en
cellule |
429
|
Isolement
préventif |
393
|
Réceptivité du
personnel |
377
|
Renseignements consignés au dossier
(accès, correction, divulgation) |
315 |
Préparation des
cas |
310
|
Conditions
d’incarcération |
304
|
Procédures de
règlement des griefs |
289
|
DÉLINQUANTS
AUTOCHTONES
Transfèrement
|
110
|
Soins de santé
|
96
|
Visites et
visites familiales privées |
76
|
Réceptivité du
personnel |
57
|
Isolement
préventif |
57
|
Préparation des
cas |
56
|
Conditions d’incarcération |
53 |
Effets gardés en
cellule |
53
|
Renseignements
consignés au dossier (accès, correction, divulgation) |
47
|
Programmes/Services |
42
|
DÉLINQUANTS
Soins de
santé |
67
|
Transfèrement
|
34
|
Effets gardés en
cellule |
34
|
Préparation des
cas |
31
|
Visites et
visites familiales privées |
25
|
Réceptivité du
personnel |
22
|
Conditions d’incarcération |
21 |
Renseignements
consignés au dossier (accès, correction, divulgation) |
20
|
Permission de
sortir – Décision |
18
|
Décisions en
matière de libération conditionnelle |
16
|
RÉPONSE DU SERVICE CORRECTIONNEL DU CANADA
AU 30e RAPPORT ANNUEL DE L’ENQUÊTEUR CORRECTIONNEL 2002-2003
INTRODUCTION
Le mandat du Service correctionnel du Canada
(SCC) au sein du système de justice est énoncé dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en
liberté sous condition (LSCMLC). Le SCC vise à contribuer au
maintien d’une société juste, vivant en paix et en sécurité :
- en assurant l’exécution des peines par
des mesures de garde et de surveillance sécuritaires et humaines;
- en aidant, au moyen de programmes
appropriés dans les pénitenciers ou dans la collectivité, à la
réadaptation des délinquants et à leur réinsertion sociale à titre
de citoyens respectueux des lois.
Le SCC est également guidé dans ses
interventions par de nombreux règlements et de nombreuses autres
lois, politiques et conventions internationales (environ 60).
En raison de l’évolution du profil des
délinquants admis dans les pénitenciers fédéraux, le SCC fait face à
de plus nombreuses difficultés. En effet, le nombre de cas de
toxicomanie grave a augmenté, ainsi que les problèmes de santé
mentale, et on observe une augmentation du nombre de délinquants
associés au crime organisé ou ayant déjà été condamnés pour des
crimes commis dans leur jeunesse ou leur vie adulte. Par conséquent,
il faut des outils et des stratégies mieux ciblés pour préparer les
délinquants à retourner dans la collectivité.
La mise en liberté graduelle et bien
structurée des délinquants dans la collectivité, lorsqu’elle peut se
faire sans danger et qu’on exerce une surveillance appropriée et
qu’on apporte un bon soutien, contribue à assurer la sécurité de nos
collectivités. La recherche dans le domaine de la criminologie a
démontré à maintes reprises que l’approche du SCC, présentée dans la
LSCMLC, est efficace. Cette approche se fonde sur les valeurs
canadiennes de la primauté du droit et du respect de la dignité
humaine. Elle s’appuie sur la conviction que les personnes peuvent
changer.
Les outils d’évaluation valides et fiables
permettent au SCC de déterminer les besoins des délinquants et le
risque qu’ils présentent et d’élaborer des programmes et des
traitements fondés sur la recherche dans le but de réduire les
risques de récidive après la mise en liberté. Les délinquants
proviennent des collectivités et ils retournent y vivre après leur
incarcération. Les interventions du SCC aident à favoriser leur
réinsertion sociale.
Les citoyens peuvent aussi faciliter la
réinsertion sociale des délinquants, par leur compréhension et leur
participation à des activités de soutien, et les collectivités
peuvent offrir des programmes et des services aux délinquants, que
ces derniers soient sous surveillance ou qu’ils aient fini de purger
leur peine.
Pour trouver des solutions efficaces et
positives aux problèmes, le SCC a besoin que les Canadiens et les
Canadiennes ainsi que ses partenaires clés, comme l’enquêteur
correctionnel, participent à l’élaboration des politiques de justice
pénale en l’aidant à mettre en œuvre ses initiatives. Au cours de la
dernière année, j’ai rencontré des fonctionnaires clés du Bureau de
l’enquêteur correctionnel afin de discuter de questions d’intérêt
commun et de trouver des solutions conjointes dans la mesure du
possible. Ces rencontres ont été fructueuses et montrent le désir du
SCC et de l’enquêteur correctionnel (EC) de résoudre les problèmes
soulevés par les délinquants.
L'enquêteur correctionnel fournit de bons
conseils et de bonnes recommandations et, comme en fait état notre
réponse, nous avons accepté les recommandations, de l'EC dans leurs
totalité, ou en principe, et nous avons proposé des solutions
viables le cas échéant.
Les pages qui suivent contiennent les
recommandations formulées par l’EC et la réponse du SCC à chacune de
ces recommandations.
DÉLINQUANTS AUTOCHTONES
Recommandations
de l’EC
1. Que le
Service produise, chaque trimestre, un rapport sur les délinquants
autochtones axé sur les questions suivantes :
- les
transfèrements;
- la mise en
isolement;
- les mesures
disciplinaires;
- les
permissions de sortir et les placements à l’extérieur;
- les renvois
en vue du maintien en incarcération;
- les reports
de l’examen du cas en vue de la libération
conditionnelle;
- les
suspensions et les révocations de la mise en liberté sous
condition.
2. Que le
rapport trimestriel sur les délinquants autochtones, lequel
comprendra une analyse de l’information consignée, soit un élément
permanent à l’ordre du jour des comités de gestion supérieure du
Service.
Compte tenu de
la situation désavantageuse persistante des délinquants autochtones,
je réitère mes recommandations de 1999 :
3. Qu’un cadre
supérieur responsable des programmes pour les Autochtones et de la
liaison avec les collectivités autochtones soit nommé à titre de
membre votant permanent des comités de gestion supérieure au niveau
des établissements, des régions et de l’administration centrale;
4. Que les
politiques et les procédures actuelles du Service soient
immédiatement examinées afin de repérer et d’éliminer les formes de
discrimination systémique qui font obstacle à la réinsertion sociale
des Autochtones. Cet examen devra être effectué par un organisme
indépendant du Service correctionnel du Canada, et avec l’entier
appui et la participation d’organisations autochtones.
Réponse du
SCC
Contexte
La prestation de services correctionnels
efficaces aux délinquants autochtones présente des difficultés
particulières. Les Autochtones ne représentent que 2 % de la
population adulte canadienne, mais ils comptent pour 15 % de tous
les délinquants sous responsabilité fédérale incarcérés dans les
établissements ou surveillés dans la collectivité. Cinquante pour
cent (50 %) des délinquants autochtones proviennent de Premières
nations, 34 % sont des Indiens nord-américains, 14 % sont des Métis
et 2 % sont des Inuits. Dans l’ensemble, les membres du groupe des
délinquants autochtones sont incarcérés pour une infraction violente
dans une proportion plus grande que les autres, ils ont des besoins
plus élevés (dans les domaines de l’emploi et de l’éducation, par
exemple) et ils sont plus nombreux à avoir eu des démêlés avec la
justice dans leur jeunesse. Une proportion extrêmement élevée de
délinquants autochtones ont déclaré avoir consommé de la drogue ou
de l’alcool (80 %), avoir été victimes de mauvais traitements
physiques (45 %) et avoir souffert de l’absence parentale ou de
négligence parentale (41 %) ainsi que de pauvreté (35 %) dans leur
enfance. De plus, les délinquants autochtones ont plus de problèmes
de santé que les autres délinquants.
Même si le SCC ne peut influer directement
sur le taux global d’incarcération, il a un rôle à jouer pour
réduire la réincarcération et il doit travailler avec les
collectivités afin d’élaborer, en partenariat avec elles, des
approches communautaires novatrices susceptibles de favoriser la
guérison des délinquants et leur réinsertion sociale. Malgré les
approches concertées du SCC avec les collectivités et des
conseillers pour élaborer, mettre en œuvre et évaluer les
programmes, les progrès réalisés dans la réduction des taux de
réincarcération des Autochtones ont été modestes au cours des
dernières années. Le Comité consultatif national sur les questions
autochtones (CCNQA), qui relève de la commissaire, comporte
maintenant de nouveaux membres et joue un rôle important en aidant
le SCC à améliorer sa vision des services correctionnels pour
Autochtones. Le SCC travaille en partenariat avec les collectivités
autochtones, leurs dirigeants et d’autres partenaires de justice
pénale dans le but de réduire la surreprésentation des délinquants
autochtones dans le système de justice. Ces initiatives sont
essentielles à une approche correctionnelle judicieuse et au
maintien de la sécurité publique.
Le Rapport sur les plans et les priorités
pour 2003-2004 du SCC souligne de nouveau l’importance
d’interventions correctionnelles efficaces auprès des délinquants
autochtones. Voici les priorités qui y sont énoncées :
- améliorer le potentiel de réadaptation
des délinquants par des interventions et des programmes plus
intégrés et plus ciblés;
- mettre en œuvre des approches de justice
réparatrice qui favorisent la résolution des différends et la
guérison des délinquants, des victimes, de leurs familles et de
leurs collectivités;
- améliorer le rôle des collectivités
autochtones dans la mise en œuvre de solutions de rechange
efficaces à l’incarcération, comme les pavillons de ressourcement,
et la surveillance des délinquants dans la collectivité.
En ce qui concerne les recommandations de
l’EC, le SCC a pris les mesures qui suivent :
1. Le SCC est d’accord avec la
recommandation de produire des rapports trimestriels sur les
délinquants autochtones. En conséquence, il produira bientôt son
premier rapport trimestriel qui traitera des questions énoncées par
l’EC. Sa rédaction sera terminée d’ici le 30 septembre 2003.
2. Le Comité directeur du SCC examine deux
fois par an, de façon formelle, les progrès en matière d’initiatives
reliées aux Autochtones.
3. Depuis le printemps 2003, le
sous-commissaire principal (SCP) du SCC est responsable de toutes
les questions qui concernent les Autochtones. Il porte les problèmes
à l’attention des cadres supérieurs afin qu’ils les examinent et
prennent les mesures qui s’imposent en temps opportun.
4. Le SCC favorise l’approche de la «
gestion du savoir », qui permet au personnel d’avoir rapidement
accès à l’information dont il a besoin pour prendre des décisions
fondées sur les connaissances. D’ici le 31 mars 2004, le SCC
intégrera aux politiques relatives aux délinquants autochtones
toutes les questions et les pratiques pertinentes, en particulier
celles qui constituent des obstacles. Le CCNQA et le Groupe
consultatif national continueront d’être les principaux forums pour
ce qui est de l’examen, de conseils et de l’orientation à donner
relativement aux activités et aux modifications à apporter dans les
politiques concernant les questions autochtones. Étant donné cette
nouvelle approche et les nombreuses interventions que l’on est en
train d’élaborer pour les délinquants autochtones, le SCC ne voit
pas la nécessité, pour l’instant, de faire faire un examen
indépendant.
DÉLINQUANTES
Recommandations
de l’EC
La commission
d’enquête Arbour a été un processus très public et très général dans
son orientation. Son rapport fait date dans les services
correctionnels au pays. Ses conclusions et ses recommandations ont
polarisé notre attention non seulement sur les possibilités qui
s’offrent dans le domaine des services correctionnels destinés aux
femmes mais aussi sur l’obligation de faire preuve de transparence,
d’impartialité et de responsabilité dans les opérations
correctionnelles.
1. Le
déplacement des femmes des pénitenciers pour hommes vers les
établissements régionaux entraînera un certain nombre de difficultés
à surmonter pour le Service, dans l’immédiat et à long terme. Pour
les surmonter, il faudra qu’il se concentre à la fois sur les
possibilités qui s’offrent aux services correctionnels destinés aux
femmes et sur l’obligation de transparence, d’impartialité et de
responsabilité.
2. Je
recommande que cette réorientation commence par les recommandations
que j’ai formulées l’année dernière :
- l’achèvement, par le Service correctionnel,
d’un
« plan définitif de suivi » aux
recommandations de la juge Arbour, d’ici octobre 2002;
- la
distribution de ce plan aux intéressés (dans l’administration
fédérale et à l’extérieur de celle-ci), d’ici novembre
2002;
- le lancement
d’une consultation publique, d’ici janvier 2003;
- la
publication d’un rapport final sur l’état des recommandations de
la juge Arbour, d’ici avril 2003.
Réponse du
SCC
Le SCC reconnaît la nécessité de faire
preuve de transparence, d’impartialité et de responsabilité dans la
gestion des services correctionnels destinés aux femmes et aux
hommes. Dans un rapport d’avril 2003 sur la réinsertion sociale des
délinquantes, la vérificatrice générale a fait remarquer que, depuis
12 ans, le SCC a beaucoup fait pour modifier la façon dont les
délinquantes sont détenues et pour assurer leur réadaptation.
1. Le SCC continue de travailler dans le
cadre de la vision énoncée dans La Création de choix (le rapport du
groupe d’étude sur les femmes purgeant une peine fédérale), qui a
été acceptée par le gouvernement du Canada en 1990 et qui établit
une stratégie globale pour la gestion des délinquantes sous
responsabilité fédérale. Malgré les difficultés que pose le
transfèrement de toutes les délinquantes vers les établissements
régionaux, le SCC continuera d’améliorer la gestion des
délinquantes. Par exemple, trois des quatre unités de garde en
milieu fermé sont maintenant ouvertes et deux des trois unités de femmes situées dans des établissements pour
hommes sont fermées. La troisième unité sera fermée d’ici la fin de
novembre 2003. Le SCC continuera de se concentrer sur les activités
suivantes : l’opérationalisation des établissements à niveaux de
sécurité multiples, le maintien de la stabilité dans ces nouveaux
environnements, la réinsertion sociale au moment voulu et en toute
sécurité. Le SCC consulte les intervenants sur les questions qui
concernent les délinquantes afin d’améliorer constamment les
interventions et d’établir des partenariats positifs. Ainsi, on
organise des réunions semestrielles pour que les parties intéressées
se penchent sur les problèmes et s’échangent de l’information sur
les services correctionnels destinés aux femmes.
2. Le SCC est d’avis qu’il a répondu aux
nombreuses questions soulevées dans le rapport de 1996 de la
Commission d’enquête sur certains événements survenus à la Prison
des femmes de Kingston. Le SCC a donné suite aux 87 recommandations
et sous-recommandations du rapport, à l’exception de quelques-unes.
Ces recommandations ont été appliquées telles quelles ou acceptées
en principe. Quatre recommandations et sous-recommandations ont été
transmises à Justice Canada pour examen. Le SCC juge que le rapport
Arbour constitue un document important sur les pratiques
correctionnelles et qu’il faut s’y référer continuellement.
HARCÈLEMENT SEXUEL
Recommandations
de l’EC
1. Je
recommande que le Service correctionnel adopte en principe la même
politique de harcèlement des délinquants que celle qu’il a adoptée
pour le harcèlement des employés, pourvu que seuls soient apportés
les changements nécessaires en raison du fait que les délinquants ne
sont pas des employés ou des membres d’unités de négociation. 2. Je recommande également que cette politique
soit adoptée d’ici le 30 septembre 2003, après avoir fait l’objet de
consultations auprès des délinquants et du vérificateur de la
dotation mixte.
Réponse du
SCC
1. Le SCC examine sérieusement toutes les
plaintes qui sont portées à l’attention de la direction relativement
au harcèlement et à la discrimination. À cet effet, un bulletin
politique sur le harcèlement, qui clarifie la politique du SCC sur
le harcèlement ainsi que les procédures de recours, a été émis le 13
mars 2003. En outre, un autre document publié le 9 juin 2003,
intitulé « Précisions à l’égard d’une politique », porte sur les
enquêtes sur les allégations de harcèlement formulées par des
délinquants. Ce document contient les garanties procédurales
énoncées dans la politique du Conseil du Trésor, notamment que les
enquêtes sont menées par un enquêteur formé qui ne travaille pas
pour l’établissement ni pour le bureau de libération conditionnelle
d’où émane la plainte. De plus, l’enquêteur fournit une copie du
rapport préliminaire au plaignant et à la personne mise en cause
pour qu’ils puissent l’examiner et faire des commentaires. Les
commentaires sont consignés dans le rapport final. Le document
contient un grand nombre des suggestions qui avaient été formulées
par l’EC durant l’étape de consultation sur l’ébauche de politique
en 2001. D’ici la fin de l’exercice en cours, le SCC offrira de la
formation sur la procédure de traitement des plaintes de harcèlement
déposées par les délinquants (y compris les allégations d’inconduite
de la part du personnel). On élaborera un système de suivi qui
permettra de s’assurer que les réponses à ces plaintes sont
conformes aux politiques en vigueur et que le Bureau de l’EC en sera
avisé en conséquence.
2. Le SCC ne croit pas qu’il soit nécessaire
d’adopter une nouvelle politique, puisque le bulletin politique sur
le harcèlement, le document « Précisions à l’égard d’une politique »
sur les enquêtes sur les allégations de harcèlement formulées par
des délinquants et le Manuel sur les griefs des détenus prévoient
les procédures et les garanties procédurales nécessaires pour le
traitement de toutes les plaintes de harcèlement déposées par les
délinquants. Le SCC continuera d’assurer le suivi de cette question,
avec l’EC, au cours de l’année.
PRÉPARATION DES CAS ET ACCÈS AUX
PROGRAMMES
Recommandations
de l’EC
Je recommande :
1. que le
Service correctionnel présente un rapport sur ses examens et des
conclusions en ce qui a trait aux éléments traités dans nos
recommandations précédentes d’ici octobre 2003 (voir 1 a-d); 2. que le Service présente, d’ici la fin de
décembre 2003, un plan d’action qui explique en détail les mesures à
prendre pour combler les lacunes relevées, y compris des critères
mesurables pour évaluer le succès des mesures.
(Recommandations de 2001-2002)
1. que le
Service entreprenne immédiatement un examen de l’accès aux
programmes et de la mise en liberté sous condition au moment
opportun qui porte sur :
a.
la capacité d’accueil des programmes actuels, les listes d’attente
et les mesures précises nécessaires pour combler les lacunes; b. les raisons précises des délais dans
l’examen des cas par la Commission nationale des libérations
conditionnelles et les mesures requises pour en réduire le
nombre; c. les causes de recul du nombre de
permissions de sortir sans escorte et de placements à l’extérieur,
et les mesures requises pour accroître la participation à ces
programmes; d. les raisons pour lesquelles
les délinquants autochtones sont continuellement défavorisés en ce
qui concerne l’accès rapide à la mise en liberté sous condition, et
le plan concret requis pour remédier à cette situation.
Réponse du
SCC
Le SCC établit ses priorités en matière de
programmes en fonction du risque que présentent les délinquants pour
la sécurité publique. La capacité d’accueil des programmes et les
taux de participation ont augmenté, en particulier pour les
délinquants sous surveillance dans la collectivité. Dans un rapport
sur la réinsertion sociale des délinquants de sexe masculin, publié
en 2003, la vérificatrice générale reconnaissait que des progrès
avaient été réalisés dans ce domaine. La recherche a montré que les
délinquants qui suivent des programmes ont un taux de récidive moins
élevé, en particulier en ce qui concerne la récidive avec violence.
L’évolution du profil des délinquants nous oblige à réviser
continuellement les programmes et à en élaborer de nouveaux, ce qui
nécessite des travaux de recherche, d’évaluation et d’accréditation
qui exigent du temps. De plus, comme les délinquants se voient
imposer des peines plus courtes, il faut augmenter la capacité des
collectivités d’offrir des programmes si l’on veut assurer la
continuité des programmes suivis dans les établissements. Le SCC
travaille avec ses partenaires de la collectivité et du système de
justice pénale afin d’établir des partenariats plus nombreux et plus
solides.
En réponse aux recommandations de l’EC, le
SCC prend les mesures suivantes :
1a. En
ce qui concerne la capacité d’accueil des programmes, le SCC a
entrepris deux activités. Chaque unité opérationnelle examine
actuellement son répertoire de programmes correctionnels afin de
vérifier si tous les programmes inscrits sont offerts à
l’établissement et de retirer du répertoire ceux qui ne le sont pas.
De même, on examine individuellement tous les renvois aux programmes
correctionnels pour déterminer leur pertinence. Ces examens sont
essentiels à la détermination des besoins des délinquants et à
l’établissement de priorités ainsi qu’au maintien de la capacité du
SCC d’offrir des programmes correctionnels aux délinquants et de
prévoir les besoins en matière de programmes. Ces deux activités
seront terminées en septembre 2003.
1b., 1c. et
2. En vertu du paragraphe 123(2) de la LSCMLC, les
délinquants peuvent renoncer à l’examen de leur cas en vue de la
libération conditionnelle ou encore demander le report de cet
examen. Les délinquants ont recours à ces mesures lorsqu’ils
estiment qu’il est peu probable que la Commission nationale des
libérations conditionnelles (CNLC) leur accordera la mise en
liberté, lorsqu’il y a une cause ou un appel en instance, ou lorsque
le SCC est incapable de leur offrir en temps opportun les programmes
qu’ils doivent suivre pour se préparer à la mise en liberté.
Lorsqu’un délinquant renonce à l’examen prévu, son cas est examiné
dans les deux ans qui suivent; dans le cas d’un report, l’examen est
effectué dans les trois mois qui suivent. Les taux de report sont
demeurés relativement stables, alors que les taux de renonciation
ont augmenté légèrement au cours des deux dernières années. Des
représentants du SCC, de la CNLC et de l’EC sont sur le point de
terminer une étude conjointe sur l’examen des cas en temps opportun
par la CNLC. Cet examen est axé sur les motifs des renonciations et
des reports ainsi que sur les solutions possibles. Un rapport final
et un plan d’action doivent être prêts d’ici novembre 2003.
1d. Le
SCC reconnaît les difficultés particulières auxquelles se heurtent
les délinquants autochtones. Beaucoup d’entre eux renoncent à
l’examen de leur cas en vue de la mise en liberté sous condition
(semi-liberté et libération conditionnelle totale) et une plus
grande proportion sont mis en liberté sous le régime de la liberté
d’office plutôt qu’à une date antérieure. En conséquence, le SCC a
pris les initiatives suivantes : on a embauché dix agents de
développement auprès de la collectivité autochtone, qui examinent
les cas en vue du recours possible à l’article 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en
liberté sous condition lors de la planification de la mise en
liberté; on a créé des unités des cheminements autochtones afin
d’offrir un meilleur soutien et de favoriser une plus grande
guérison dans les établissements à sécurité maximale et à sécurité
moyenne; la conception de programmes de lutte contre la violence
familiale et la toxicomanie en est à différentes étapes; on examine
les outils d’évaluation afin de s’assurer que l’on attribue aux
délinquants la cote de sécurité pertinente. Les résultats
préliminaires indiquent que, grâce aux unités des cheminements
autochtones, un plus grand nombre de délinquants autochtones sont
transférés vers des établissements ou des rangées de niveau de
sécurité moins élevé, les délinquants sont plus stables et ils font
l’objet d’un moins grand nombre d’accusations, et ils sont plus
susceptibles d’être orientés vers un pavillon de ressourcement dans
le cadre de leur plan correctionnel. De même, comme nous l’avons
déjà mentionné, on procède à l’examen des politiques et des
pratiques pour faire en sorte qu’elles soient bien adaptées aux
besoins particuliers des délinquants autochtones. Le SCC continuera
d’assurer le suivi et de rendre compte des progrès à l’EC.
BLESSURES SUBIES PAR LES DÉTENUS ET
SURVEILLANCE DE LA VIOLENCE DANS LES ÉTABLISSEMENTS
Recommandations
de l’EC
Je recommande :
1. qu’un
système de rapports trimestriels de l’information sur la violence et
les blessures subies par les détenus devant être présentés au Comité
de direction soit mis en œuvre d’ici la fin de juin 2003;
2. que le
Service correctionnel fasse effectuer un examen spécial de
l’exactitude des données qu’il peut récupérer d’ici la fin d’octobre
2003;
3. que le
Service adopte un système de consignation des blessures d’après la
gravité des dommages corporels et moraux causés aux détenus et
d’après à la gravité des circonstances lors desquelles ces blessures
ont été infligées;
4. que le
Service correctionnel établisse un plan pour veiller, d’ici la fin
de juin 2003, à ce que tous les incidents de blessures graves subies
par les détenus fassent l’objet d’une enquête rigoureuse et rapide.
Réponse du
SCC
Le SCC se soucie de la question de la
violence dans les établissements et est résolu à améliorer les
mécanismes qui permettent de consigner l’information pertinente, y
compris les renseignements sur les blessures subies par les détenus,
afin de prévenir les incidents futurs et d’en réduire le nombre.
Ainsi, le SCC a élaboré un système d’indicateurs de climat et
d’établissement de profils, qui fournira aux gestionnaires des
renseignements clés sur l’environnement social et opérationnel de
chaque établissement (suivi des incidents). Chaque directeur
d’établissement pourra donc obtenir un plus grand nombre
d’informations plus rapidement et prendre les mesures nécessaires.
Le SCC examine l’élaboration d’un module des variables relatives aux
blessures à inclure dans le système. Les gestionnaires et les agents
chargés de l'établissement auraient un accès continu à ce système.
1. et
3. Le système de rapports sur les incidents du SCC fournit
l’information sur la nature de l’incident et sur les blessures
provoquées par l’incident. L’organisme s’emploiera à améliorer ce
système de façon à ce que celui-ci fournisse toujours les données
sur toutes les blessures graves et leur importance. En plus des
rapports mensuels sur les incidents en établissement, qui sont
rédigés et transmis à tous les gestionnaires supérieurs ainsi qu’au
BEC, le SCC produit aussi un rapport annuel, qui met en lumière les
tendances observées au cours de l’année. L’examen mensuel de ces
données permet aux gestionnaires supérieurs de se tenir au courant
et de prendre les mesures qui s’imposent. De plus, les comité de la
sécurité et de la santé au travail des établissements examinent,
dans le cadre de leur mandat, les accidents subis par les détenus,
qui ne sont pas consignés dans les rapports sur les incidents en
établissement.
2.
Parallèlement aux modifications apportées en vue d’accroître
l’uniformité des rapports, le SCC mettra en place, d’ici octobre
2003, un système de contrôle de la qualité afin de veiller à
l’exactitude des données. De même, dans le cadre des améliorations
du Système de gestion des délinquants actuels, des modules sur les
rapports d’incident et le recours à la force seront développés et
mis en œuvre en août 2004. Ces modules permettront au SCC de rendre
compte des blessures subies par les détenus et des incidents de
violence dans les établissements de façon systématique et fiable. En
outre, on a mis en place un Comité de gestion de la qualité des
données qui déterminera les causes des problèmes liés à la qualité
des données et trouvera des solutions. Le SCC continuera de
consulter le BEC à cet égard.
4. Le
SCC fait enquête sur les incidents ayant causés des blessures graves
au moyen d’enquêtes d'établissement des faits et d’enquêtes locales
ou nationales. Les mesures adéquates sont prises à la suite de
chaque enquête. Les mesures susmentionnées visant à améliorer la
qualité des données permettront également de faire en sorte que les
enquêtes soient entreprises en temps opportun.
ENQUÊTES
Recommandations
de l’EC
Le SCC a
convenu de prendre les engagements suivants :
1. produire des
rapports trimestriels concernant les enquêtes portant sur la mort de
détenus ou les blessures graves subies par les détenus et nous les
communiquer;
2. veiller à ce
que la Direction des enquêtes du SCC et le soient informés de toute
blessure grave subie par un détenu;
3. intégrer au
Manuel révisé des Services de santé du SCC les lignes directrices
pour préciser la définition de blessure grave;
4. présenter
des rapports d’enquête conformément à l’article 19 de la LSCMLC
(mort de détenus et blessures graves subies par des détenus) au
Bureau dans les trois mois suivant l’incident.
5. que la
politique sur les enquêtes prévoie des délais précis pour
l’achèvement du rapport d’enquête et la vérification des plans
d’action connexes.
6. que tous les
rapports d’enquête relatifs à la mort de détenus ou à des blessures
graves subies par eux fassent l’objet d’examens à l’échelle
nationale et soient accompagnés d’un rapport récapitulatif au sujet
des recommandations et des mesures correctrices, lequel sera produit
chaque trimestre.
Je recommande
que, d’ici la fin d’octobre 2003, le Service correctionnel fournisse
l’information qu’il s’est engagé à fournir et prenne les mesures que
j’ai recommandées dans mon dernier rapport annuel, notamment
:
- que la
politique du Service sur les enquêtes prévoie des délais précis
pour l’achèvement du rapport d’enquête et la vérification des
plans d’action connexes;
7. que le
Service s’assure que ces délais sont respectés;
- que tous les
rapports d’enquête relatifs à la mort des détenus ou à des
blessures graves subies par eux fassent l’objet d’examens à
l’échelle nationale et soient accompagnés d’un rapport
récapitulatif au sujet des recommandations et des mesures
correctrices, lequel sera produit chaque trimestre.
Réponse du
SCC
Le SCC mène des enquêtes sur les incidents
qui touchent la sécurité du public, du personnel ou des délinquants.
La politique exige maintenant que le SCC prenne des mesures
correctives et veille à ce que les leçons tirées de l’examen et de
l’analyse des rapports sur les incidents soient intégrées aux
pratiques de l’organisme.
1. Le
SCC a accepté de transmettre à l’EC, chaque trimestre, les rapports
d’enquête sur les cas de décès de détenus ou de blessures graves
subies par des détenus, et il a déjà commencé à le faire.
2. La
Direction de la sécurité du SCC a accepté d’aviser la Direction des
enquêtes du SCC et le BEC de toute blessure corporelle grave.
3. Les
lignes directrices servant à déterminer en quoi consiste une
blessure grave seront intégrées au Guide des Services de santé
révisé du SCC. La rédaction du Guide sera terminée d’ici mars 2004.
L’exercice du jugement professionnel demeure la responsabilité des
intervenants.
4. Le
SCC accepte de transmettre à l’EC une copie des rapports sur les
enquêtes menées en vertu de l’article 19, une fois celles-ci
terminées (26 semaines). En cas de retard imprévu, le BEC sera
informé de la date prévue de la publication du rapport.
5. et
7. Le SCC a révisé sa politique sur les enquêtes internes
afin d’augmenter la cohérence et d’améliorer le suivi et le contrôle
de la qualité des rapports. De plus, toutes les enquêtes seront
menées à l’échelle nationale ou locale, et les incidents graves
feront l’objet d’une enquête nationale. Cette mesure permettra au
SCC de renforcer ses pratiques et de réagir de façon opportune et
appropriée aux incidents.
6. Le
SCC accepte de fournir des rapports trimestriels et annuels sur les
enquêtes menées en vertu de l’article 19 (décès ou blessure grave).
Ces rapports montrent dans quelle mesure le SCC se conforme à la
politique établie et donne un aperçu des types d’incidents qui se
produisent dans les établissements. L ’EC recevra une copie de ces
rapports.
UNITÉ SPÉCIALE DE DÉTENTION
Commentaires de
l’EC
Faits nouveaux
en 2002-2003
La réponse n’a
pas donné suite à nos recommandations sur l’objet de l’examen ou les
ressources nécessaires à une approche plus efficace. De plus, elle
ne reflétait pas la situation réelle concernant la participation de
représentants dans la collectivité au processus décisionnel de l’USD
— puisque que le comité dont faisait partie cette personne
conseillait simplement la sous-commissaire principale, soit le
décisionnaire réel. Finalement, la réponse n’indiquait pas si les
examens opportuns des détenus mis en isolement en attendant leur
transfèrement à l’USD avaient été effectués.
Toutefois, je
suis heureux d’annoncer qu’il y a eu des développements positifs
depuis que le Service nous a transmis sa réponse.
Le Service a
établi une procédure pour exiger qu’on effectue des examens
régionaux de la validité continue du placement à l’USD pour les
détenus mis en isolement pendant plus de six mois en attendant leur
transfèrement à l’USD. Nous aurions préféré que cet examen ait lieu
plus fréquemment et que la décision soit prise par un gestionnaire
de l’administration centrale. De plus, nous continuons de préconiser
que des intervenants de l’extérieur contribuent à l’examen. Nous
sommes cependant disposés à surveiller pour le moment l’efficacité
de l’approche.
Le Service a
également déterminé que l’examen par la sous-commissaire principale
des décisions sur les placement à l’USD et la mise en liberté devait
avoir lieu de concert avec le Comité consultatif national de l’USD.
Cet organisme comprend notamment un représentant de la collectivité
dont le Service a recommandé la participation. De plus, nous
estimons que l’exigence relative à la participation d’intervenants
de l’extérieur dans le processus décisionnel a été respectée,
quoique pas nécessairement de façon permanente et conforme aux
recommandations du sous-comité de la Chambre des communes chargé de
l’examen de la LSCMLC.
Je suis
encouragé par la situation actuelle du Comité consultatif national
de l’USD et par l’orientation donnée par la sous-commissaire
principale. Nous continuons d’avoir des préoccupations concernant
les programmes, les niveaux de ressources à l’appui des programmes
et l’accès aux unités de santé mentale. Ces questions seront
examinées plus à fond par le CCN de l’USD et la sous-commissaire
principale.
Réponse du
SCC
Le SCC continuera de travailler sur cette
question en étroite collaboration avec le Bureau de l’EC.
DOUBLE OCCUPATION DES CELLULES
Recommandations
de l’EC
Je recommande :
1. que le
Service mette la dernière main à ses plans visant à éliminer la
double occupation des cellules dans toutes les unités qui ne sont
pas destinées à la population carcérale générale d’ici septembre
2003;
2. que le
Service établisse une base de données fiable sur la double
occupation dans ses établissements;
3. que le
Service établisse une politique exigeant que la double occupation
des cellules, dans les unités qui ne sont pas destinées à la
population carcérale générale, autres que dans des situations
d’urgence d’une durée de moins de 48 heures, soit approuvée par
écrit par la commissaire.
Réponse du
SCC
La politique du SCC stipule que la cellule
individuelle est la forme de logement des détenus la plus appropriée
sur le plan correctionnel, et le SCC continue de faire tout son
possible pour éliminer la double occupation des cellules en tenant
compte à la fois du nombre de détenus, de leurs besoins en matière
de programmes et de la planification de la réinsertion sociale. La
nécessité d’avoir recours à la double occupation dépend de nombreux
facteurs : nombre de détenus par région ou par niveau de sécurité,
diminution du nombre de cellules ou de lits vacants, besoins en
matière de programmes, proximité de l’établissement par rapport au
lieu de résidence des familles des délinquants, augmentation du taux
de mise en liberté.
1. La
double occupation des cellules dans les unités qui ne sont pas
destinées à la population carcérale générale — réception/évaluation,
santé mentale et isolement préventif — fait l’objet d’un examen
minutieux. Dans les unités d’isolement, la double occupation n’est
autorisée que lorsqu’un événement grave nécessite cette mesure. On a
demandé aux sous-commissaires régionaux de veiller à trouver une
solution de rechange dans les meilleurs délais et de rendre compte à
la commissaire de l’incident, du recours à l’isolement et de la
solution de rechange qui a été appliquée. Il arrive à l’occasion
qu’on ait recours à la double occupation dans les unités de
réception/évaluation en raison du manque de capacité d’accueil de
l’établissement de destination. Il n’y a pas de double occupation
dans les unités de soins psychiatriques ou de santé mentale (sauf
lorsque cette mesure est autorisée dans le cadre d’un programme de
traitement).
2. Le
SCC a effectué un contrôle de la qualité des données sur la double
occupation des cellules et il examinera ces données de façon
régulière. Le niveau de double occupation a diminué régulièrement
entre janvier 2000 et octobre 2001, lorsqu’il a atteint un taux de
8,66 %. Jusqu’au 7 juillet 2002, il a augmenté graduellement pour
atteindre 10,9 %. Il a diminué depuis, et s’est fixé à 9,7 % en
avril 2003.
3. Le
SCC est satisfait de sa politique actuelle selon laquelle « Dans une
situation d’urgence […], le directeur de l’établissement peut
adopter les exceptions nécessaires à la politique courante sur le
logement. Les motifs de l’adoption de ces mesures et leur durée
prévue doivent être immédiatement présentés au sous-commissaire
régional concerné et être signalés au commissaire. » Cette politique
permet au SCC de respecter son mandat d’offrir aux délinquants des
conditions de logement raisonnables, sûres et humaines.
Depuis le printemps 2001, on demande aux
régions de fournir un rapport semestriel sur l’élimination de la
double occupation des cellules et de demander une dispense de
l’application de la politique dans les cas où elles prévoient devoir
recourir à la double occupation de façon continue. Les dispenses ne
peuvent être accordées que par la commissaire et pour une durée de
six mois.
RECOURS À LA FORCE
Recommandations
de l’EC
Je recommande
donc que le Service correctionnel donne suite à nos recommandations,
y compris des plans d’action pour mettre en œuvre les mesures
mentionnées dans mes recommandations antérieures d’ici le 30 octobre
2003.
(Recommandations de 2001-2002)
Que la
commissaire émette des directives précises en ce qui concerne le
recours à la force, pour :
1. que l’on
recueille de l’information relative aux blessures, au non-respect de
la politique et aux circonstances qui ont mené à l’incident;
2. que l’on
présente chaque trimestre aux comités de gestion aux niveaux
régional et national un rapport comprenant l’information
susmentionnée, dans le but de déterminer les questions préoccupantes
et de les régler;
3. que soient
rapidement fournis les résultats écrits des examens menés par le
Secteur des délinquantes et celui des Services de santé;
4. que les
gestionnaires nationaux assurent le suivi systématiquement et
rapidement;
5. que l’on
fasse enquête au niveau régional en cas de recours injustifié à la
force ou de recours à une force excessive, et que le comité comporte
un représentant de la collectivité.
Réponse du
SCC
Le SCC surveille activement les cas de
recours à la force dans ses établissements pour s’assurer que la
force n’est utilisée que dans les cas nécessaires et en conformité
avec la politique du SCC et la loi.
1. Le
SCC recueille et examine en profondeur (autorités locales et
régionales et administration centrale) l’information sur les
incidents ayant donné lieu au recours à la force. L’information sur
le recours à la force comprend les renseignements relatifs aux
blessures, au non-respect de la politique et aux circonstances qui
ont mené à l’incident. L’EC reçoit toute la documentation pertinente
sur les cas de recours à la force.
2. Le
SCC accepte de produire des rapports trimestriels sur les questions
de conformité. À la suite de discussions avec l’EC, on a élaboré une
nouvelle liste de vérification sur le recours à la force, et comme
on ne disposera pas d’un système informatisé avant que le
renouvellement du Système de gestion des délinquants soit terminé
(d’ici août 2004), on devra extraire manuellement les données de ce
nouveau formulaire. Un rapport pour le premier trimestre de
2003-2004 sera terminé à l’automne 2003. De plus, le nouveau module
du SGD sur le recours à la force permettra de traiter de façon plus
complète, cohérente et rapide les rapports sur le recours à la force
aux niveaux des établissements, des régions et de l’administration
centrale, puisque ces rapports seront informatisés et dotés d’une
capacité d’extraction des données.
3. La
Direction de la sécurité, le Secteur des délinquantes et la
Direction des services de santé s’efforcent d’examiner dans les
délais requis les cas d’incidents où il y a eu recours à la force.
4. Le
SCC prend très au sérieux les incidents ayant donné lieu à l’usage
de la force. Les mesures de suivi nécessaires sont examinées cas par
cas avec les régions et les établissements.
5. Le
SCC n’est pas d’accord pour qu’on tienne des enquêtes au niveau
régional sur les cas de recours à la force et qu’on nomme un
représentant de la collectivité aux comités d’enquête parce que,
selon la gravité du recours injustifié à la force ou du recours à
une force excessive, une enquête au niveau local peut s’avérer
suffisante. Dans tous les comités d’enquête nationaux (y compris
ceux qui sont formés après un cas de recours à la force), il y a un
membre de la collectivité. De plus, depuis le 12 mai 2003, on a
centralisé les procédures d’enquête nationale et locale afin
d’assurer l’uniformité dans l’application des lignes directrices
nationales.
ACCUSATIONS D’INCONDUITE PORTÉES CONTRE LE PERSONNEL
Recommandations
de l’EC
1. Je
recommande que la procédure de règlement des griefs des détenus soit
révisée de façon à ce que, dans le cas des accusations d’inconduite
portées contre le personnel :
a.
les détenus soient autorisés à adresser leurs plaintes directement
au directeur de l’établissement (ou son supérieur si la plainte est
portée contre lui) de façon à tenir secrète la nature de la plainte;
b. le directeur de l’établissement examine
personnellement la plainte pour déterminer s’il est frivole ou si
elle constitue un recours abusif à la procédure et si d’autres
renseignements sont nécessaires avant de procéder à une enquête; c. si la plainte est considérée comme étant
éventuellement fondée, le directeur de l’établissement autorise la
tenue d’une enquête sur la plainte par un comité composé d’employés
d’un autre établissement et d’une personne indépendante de la
collectivité; d. les résultats de l’enquête
soient communiqués au directeur de l’établissement et qu’une copie
de ceux-ci soient transmis pour examen au sous-commissaire régional
et qu’on donne rapidement suite aux recommandations découlant de
l’enquête; e. les détenus qui ont porté
plainte aient un accès rapide et continu aux services d’un avocat et
qu’ils soient autorisés à tout moment à porter la question à
l’attention de la police.
Réponse du
SCC
Les employés du SCC doivent souvent prendre
des décisions d’ordre pratique et éthique. Le SCC a donc élaboré des
principes pour guider le personnel dans les situations où la ligne
de conduite à adopter n’est pas toujours évidente.
1. Le
SCC est d’accord avec l’EC; en novembre 2002, on a révisé le Manuel
sur les griefs des détenus pour y indiquer que les allégations de
harcèlement et d’inconduite ou de harcèlement sexuel formulées par
des délinquants doivent être considérées prioritaires et de nature
délicate. La définition inclut les allégations d’inconduite de la
part du personnel.
Le SCC a pris les mesures suivantes :
a. On
a rappelé aux membres du personnel, au moyen d’un document intitulé
« Précisions à l’égard d’une politique », que ces plaintes sont
jugées urgentes et qu’elles doivent être placées dans une enveloppe
scellée et portées immédiatement à l’attention du directeur de
l’établissement ou du district compétent.
b. Le
directeur de l’établissement ou du district examine la plainte pour
déterminer s’il y a lieu de procéder à une enquête.
c. Une
enquête peut être ordonnée à tout stade de la procédure de règlement
des griefs. Si cela est justifié, l’enquête sera menée par un
enquêteur formé qui ne travaille pas pour l’établissement ni pour le
bureau de libération conditionnelle d’où émane la plainte. Si la
plainte est dirigée contre le directeur de l’établissement ou du
district, elle sera acheminée directement au palier suivant. On
révise actuellement le Manuel sur les griefs des détenus afin de
réitérer que, bien que l’on encourage les règlements informels,
l’équité procédurale et l’apparence d’équité sont également
essentielles.
d. Les
résultats de l’enquête seront transmis à la personne qui a ordonné
l’enquête. Les mesures correctives ou disciplinaires appropriées
seront prises, au besoin.
e. Les
délinquants peuvent avoir recours à un avocat et peuvent adresser la
question à la police à toute étape du processus.
TRANSFÈREMENT IMPOSÉ ET CONSENTEMENT AUX
INTERVENTIONS PSYCHIATRIQUES
Commentaires de
l’EC
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons
maintenu notre position selon laquelle il n’est pas nécessaire de
transférer un détenu dans une unité de santé mentale pour procéder à
une évaluation « passive ». Le Service a répondu qu’il « peut être
nécessaire » de le faire.
Nous
reconnaissons qu’il pourrait y avoir des circonstances où il n’y a
aucune personne compétente disponible pour procéder à une évaluation
passive à l’« établissement d’origine » du détenu. Nous croyons que
de telles circonstances exceptionnelles sont rares. Nous estimons
que le Service doit examiner toutes les solutions de rechange
raisonnables, y compris d’autres méthodes d’évaluation, avant de
prendre cette mesure extrême. À cet égard, nous sommes d’avis que le
Service devrait faire tout son possible pour s’assurer que le détenu
est informé de tous les renseignements pertinents sur les options
possibles de façon à ce qu’il puisse formuler des observations avant
qu’une décision ne soit prise.
Le Service a
indiqué que cette pratique ne vise pas à procéder à de tels
transfèrements et qu’il est disposé à informer notre Bureau si un
tel transfèrement est envisagé. Compte tenu de cet engagement et des
principes susmentionnés (pour lequel il n’y a aucun désaccord
fondamental), je suis disposé à laisser cette question en suspens et
à intervenir si nous estimons que des mesures inappropriées sont
prises.
Réponse du
SCC
Le SCC est d’accord avec l’EC.
Le personnel opérationnel du SCC avisera
l’administration centrale et le BEC dans les cas où ce genre de
transfèrement s’avérera nécessaire.
POLITIQUE RELATIVE À LA FOUILLE À NU
Recommandations
de l’EC
Je recommande :
1. que le
Service s’est engagé à répondre aux préoccupations que nous avions
soulevées dans l’ébauche du Rapport. En particulier :
a.
Il n’a pas examiné des cas particuliers où il y avait eu recours à
la force pour effectuer des fouilles à nu, y compris des cas que
nous avions présentés à ce sujet il y a deux ans. b. Les détenus et les visiteurs, soit les deux
groupes les plus directement visés par les fouilles à nu, n’ont pas
été consultés par le Groupe de travail. c.
L’article 53 de la Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui établit
les critères relatifs aux fouilles à nu d’urgence de tous les
détenus dans une unité ou un pénitencier, n’a pas été pris en
considération. d. Les griefs concernant les
fouilles à nu n’ont pas été déterminés ni analysés. e. Le cas de manquement continu à la politique
concernant des fouilles à nu lors desquelles il y a eu recours à la
force n’ont pas été examinés. f. Aucun
échéancier ou plan visant à inclure l’information sur tous les
éléments des fouilles à nu n’a été incorporé à la base de données du
Service (Système de gestion des délinquants). g. La formation découlant de l’étude est
limitée aux gestionnaires des établissements et n’est pas donnée au
personnel qui pourrait vraiment procéder aux fouilles. h. Le matériel d’information, y compris une
brochure sur les fouilles et une vidéo, n’est pas
complet.
2. que le
Service :
a.
veille à ce que la politique sur les fouilles à nu réponde aux
préoccupations que nous avons soulevées en ce qui a trait à deux
incidents que nous avons signalés en 1999; ou b. soumette ces deux
cas à l’arbitrage par un tiers spécialiste dans le domaine, comme
nous l’avions déjà recommandé.
Réponse du
SCC
La politique du SCC précise les exigences et
la marche à suivre relativement à la fouille des détenus et des
visiteurs. Durant la fouille, il faut respecter l’intimité et la
dignité des personnes soumises à la fouille. À la demande de l’EC,
le SCC a créé un groupe de travail ayant pour mandat d’examiner
l’utilisation des fouilles à nu comme méthode pour déceler et
prévenir les tentatives de dissimuler ou d’introduire des objets
interdits. Le groupe de travail comprenait un membre du BEC. Le
rapport sur les fouilles à nu est terminé et un plan d’action est
presque achevé.
1. Le SCC croit qu’il a réglé les problèmes
soulevés à propos du rapport sur les fouilles à nu. Voici les
réponses aux préoccupations énoncées :
a. Les incidents donnant lieu au
recours à la force sont examinés à tous les niveaux du SCC. Bien que
deux incidents particuliers aient donné lieu à la création du groupe
de travail, l’objectif n’a jamais été d’examiner uniquement ces deux
cas, qui faisaient déjà l’objet d’enquêtes.
b. Compte tenu de l’objectif de
l’examen, le groupe de travail n’a pas prévu de consulter les
détenus et les visiteurs.
c. Le groupe de travail du SCC a
analysé toutes les situations où l’on avait eu recours à une fouille
à nu, y compris celles faisant l’objet de l’article 53 de la LSCMLC.
Le rapport final sur les fouilles à nu a été rédigé après un examen
complet des politiques et des pratiques.
d. En ce qui concerne les griefs
relatifs aux fouilles à nu, on a procédé à un examen de tous les
griefs du troisième et du deuxième palier présentés durant
l’exercice 2001-2002. Sur les 44 griefs examinés, sept ont été
réglés ou accueillis (en tout ou en partie), et des mesures
correctives ont été prises dans chaque cas, y compris formation du
personnel, modifications aux procédures ou autres mesures jugées
nécessaires et appropriées. De façon générale, l’examen des griefs
relatifs aux politiques et procédures en matière de fouilles à nu et
de leur application n’a révélé aucune tendance systémique ou propre
à un établissement.
e. Tout manquement à la politique ou
toute erreur procédurale est prise par le SCC très au sérieux, et
des mesures appropriées sont appliquées. En ce qui concerne les
incidents ayant donné lieu au recours à la force, il y a une
procédure d’examen détaillée en place, qui est administrée par la
Direction de la sécurité de l’AC. Le processus comprend des examens
par la Direction des services de santé et le Secteur des
délinquantes, le cas échéant. Les résultats de tous les examens sont
communiqués au BEC. Lorsqu’un manquement à la politique est constaté
au cours de l’examen d’un cas de recours à la force, les mesures
correctives sont prises au niveau approprié (national, régional
et/ou à l’établissement).
f. Dans le cadre du renouvellement du
Système de gestion des délinquants, on élaborera un module sur les
fouilles afin de faciliter l’analyse des données et les rapports sur
les fouilles non courantes, y compris les fouilles à nu, en
conformité avec les exigences qui s’appliquent aux rapports et à la
consignation des données. Étant donné que le renouvellement du SGD
est en cours, nous ne disposons pas actuellement d’une date précise
pour l’achèvement de ce module.
g. Depuis le 1er avril 2000, le SCC a
donné une formation sur les fouilles à environ 10 415 gestionnaires
des établissements, et tous les membres du personnel qui procèdent à
des fouilles ont accès à tous les documents contenant les politiques
et les procédures pertinentes. En outre, en octobre 2002, le SCC a
terminé la dotation des postes permanents à plein temps de
coordonnateur des fouilles dans chaque établissement, qui sont
toujours en place.
h. En ce qui concerne le matériel de
formation, un vidéo sur les fouilles est maintenant terminé. La
brochure sur les fouilles, qui fournira à tout le personnel du SCC
un guide de référence sur les politiques, procédures, attentes et
exigences relatives à la conduite de chaque type de fouille (fouille
courante, fouille non courante, fouille discrète, fouille par
palpation ou fouille fouille à nu d’un visiteur, d’un détenu, d’un
enfant, d’un membre du personnel, d’une aire, etc.) doit être
terminée d’ici le 15 décembre 2003.
2a. Le
SCC s’est penché sur les préoccupations soulevées par l’EC. Une
politique révisée sur la fouille du personnel et des visiteurs a été
promulguée le 17 octobre 2001, et récemment modifiée le 14 avril
2003. Une politique révisée sur la fouille des détenus a été
promulguée le 17 octobre 2001. On est en train d’élaborer
actuellement les « Lignes directrices sur l’utilisation
d’instruments de fouille discrète » qui doivent être terminée d’ici
novembre 2003. De plus, le manuel à l’intention des maîtres de chien
détecteur de drogue est en cours de rédaction et il sera publié
après des consultations d’ici novembre 2003.
RESSOURCES FINANCIÈRES DES DÉTENUS
Recommandations
de l’EC
1.
Considérations d’ordre général
Je recommande
que le Service correctionnel aborde particulièrement les questions
que j’ai mentionnées dans mes recommandations précédentes, fasse
rapport à ce sujet et qu’il prenne les mesures proposées pour
apporter les changements nécessaires d’ici la fin d’octobre 2003.
(Recommandations de 2001-2002)
Je recommande
que, dans l’examen de la politique du Service sur la rémunération
des détenus, on s’interroge :
1. sur la
suffisance des niveaux de rémunération actuels et les effets de
l’économie clandestine illicite dans les pénitenciers;
2. sur la
suffisance des fonds dont disposent actuellement les délinquants au
moment de leur mise en liberté.
Réponse du
SCC
1. et
2. Le SCC poursuit l’examen de cette question, qui sera
terminé d’ici décembre 2003. Le Bureau de l’EC et d’autres
intéressés seront consultés dans le cadre de cet examen.
2.
Système téléphonique Millennium
Recommandations
de l’EC
Je réitère mes
recommandations de l’an dernier :
1. que le
Service fournisse immédiatement une subvention rétroactive aux
détenus, de façon à ramener le coût de leurs communications
téléphoniques au niveau en vigueur dans la collectivité; 2. que, si le Service n’est pas disposé à
offrir une subvention pour compenser le coût déraisonnable de ce
système de sécurité pour la population carcérale, l’on se demande
sans tarder s’il est nécessaire de conserver le système téléphonique
Millennium.
Je recommande
spécifiquement :
3. que le
Service procède à une vérification de l’efficacité du système
Millennium en tant que mécanisme de sécurité.
Réponse du
SCC
Le SCC est actuellement aux prises avec un
cas litigieux mettant en cause des fournisseurs de service
téléphonique.
1. Les
coûts du service téléphonique n’ont pas d’incidence sur les
ressources financières des détenus, puisque tous les appels se font
à frais virés. Le SCC reconnaît les difficultés financières que l’on
impose aux détenus et à leurs familles à cause des frais exigés par
les divers fournisseurs de service téléphonique. Il ne revient pas
au SCC d’accorder des subventions aux détenus pour les appels
téléphoniques.
2. et
3. Le SCC est satisfait de l’efficacité du système
Millennium en tant que dispositif de sécurité et ne voit pas la
nécessité de procéder à une vérification pour l’instant. Ce genre de
système est utile parce qu’il permet de détecter et de prévenir des
activités illicites. En effet, le système permet au SCC de gérer, de
contrôler et de surveiller les communications téléphoniques des
détenus. Il est rare que le système soit utilisé à des fins
abusives. S’il l’est, ce qui peut arriver une ou deux fois par an,
la violation est rapidement décelée, et on apporte des mesures
correctives.
TRANSFÈREMENTS
Commentaires de
l’EC
Faits nouveaux
en 2002-2003
Nous avons reçu
des données préliminaires sur les conclusions de la vérification le
21 février 2003 et reçu l’ébauche finale le 18 mai 2003.
La vérification
sur les transfèrements n’a pas abordé deux aspects importants de nos
préoccupations :
1.
pourquoi les délinquants sont placés dans des établissements d’un
niveau de sécurité supérieur à leur cote de sécurité;
2.
la qualité des données utilisées pour surveiller le processus de
transfèrement,mais le Service a élaboré un plan d’action sur une
série de recommandations découlant de la vérification.
De plus, il a
indiqué qu’il élaborait un cadre de contrôle de la gestion devant
être utilisé par tous les établissements pour évaluer de façon
continue la conformité à la loi des procédures et des décisions en
matière de transfèrement. Pour le moment, plutôt que de répéter des
éléments particuliers de nos préoccupations antérieures, il semble
approprié de donner au Service l’occasion de mettre en œuvre ses
plans d’action. Nous avons demandé un exemplaire des plans d’action
élaborés par les divers établissements en réponse aux conclusions de
la vérification.
Nous continuons
de travailler avec le Service pour veiller à ce que le processus de
transfèrement donne lieu à des décisions rigoureuses, objectives et
opportunes, conformément aux dispositions en matière d’équité de la
législation et de la politique sur les transfèrements.
Réponse du
SCC
Le SCC a effectué une vérification du
processus de transfèrement, et les plans d’action ont été approuvés
en juin 2003. À la suite de la vérification, on a créé un cadre de
contrôle de la gestion qui sera mis en application à l’automne 2003.
Le SCC continuera de travailler en collaboration avec le BEC sur
cette question.
PROCÉDURE DE RÈGLEMENT DES GRIEFS DES DÉTENUS
Recommandations
de l’EC
Je recommande :
1. que d’ici le
31 octobre 2003, le Service correctionnel mette la dernière main à
un plan d’action contenant des objectifs réalistes et mesurables et
des normes d’évaluation en vue d’éliminer de façon permanente des
griefs à traiter qu’il mette immédiatement ce plan en œuvre pour
qu’il soit mené à terme d’ici la fin de l’exercice 2003-2004;
2. que le
Service établisse des directives précises qui obligent les Secteurs
des services de santé, des questions autochtones et des délinquantes
à analyser rigoureusement, chaque trimestre, les données sur les
griefs et présente un rapport à ce sujet d’ici la fin de septembre
2003;
3. que le
Service revoie sa décision de rejeter les recommandations formulées
par la juge Arbour sur la responsabilité des hauts fonctionnaires
quant au règlement des griefs ou le renvoi de ceux-ci pour examen
devant une instance externe.
4. En ce qui a
trait particulièrement à la recommandation de la juge Arbour, je
recommande également que le Service, |en consultation avec mon
Bureau et les intervenants compétents de la collectivité, mette sur
pied un projet pilote sur l’examen indépendant des griefs au
troisième palier qui ont une importance à l’échelle nationale ou qui
sont liés à des questions fondamentales de liberté personnelle, de
sécurité ou de conformité à la loi.
Réponse du
SCC
Le SCC a apporté des améliorations à la
procédure de règlement des griefs et entend se concentrer davantage
sur cette question à tous les niveaux de l’organisation. À cette
fin, le SCC va recommencer à publier des bulletins trimestriels, en
septembre 2003, pour faciliter la diffusion de renseignements aux
gestionnaires opérationnels. Ces bulletins présenteront des cas
importants accompagnés d’une analyse qui aidera le personnel et les
délinquants à comprendre comment les situations pourraient être
résolues et prévenues dans l’avenir.
1. Le
SCC est d’accord pour mettre la dernière main à un plan d’action
d’ici le 31 octobre 2003 en vue d’éliminer de façon permanente
l’arriéré des griefs à traiter. Le SCC prévoit mettre ce plan
d’action en vigueur le plus tôt possible par la suite.
2. Le
SCC est d’accord pour que la Direction des initiatives autochtones,
la Direction des services de santé et le Secteur des délinquantes
effectuent une analyse des données relatives aux griefs. Des
rapports statistiques trimestriels sur les griefs seront fournis à
l’automne 2003 à ces secteur et directions.
3. Le
SCC est satisfait de la participation des gestionnaires supérieurs à
la procédure de règlement des griefs, tant du point de vue de
l'imputabilité que de celui des examens par une instance externe.
4.
Compte tenu des efforts supplémentaires que le SCC consacre à cette
question, il ne voit pas la nécessité de donner une orientation
stratégique ou de demander un examen indépendant des griefs au
troisième palier. Le SCC continuera de travailler en étroite
collaboration avec le BEC sur cette question.
JEUNES CONTREVENANTS ET DÉLINQUANTS ÂGÉS
Recommandations
de l’EC
Je recommande :
1. que le
Service utilise l’information obtenue lors de sa réunion de juin et,
en consultation avec des détenus et d’autres interventions
communautaires, présente au Comité de direction, d’ici la fin de
septembre 2003, un plan d’action pour la coordination, avec d’autres
administrations, des placement, du logement et des programmes
offerts aux jeunes contrevenants;
2. que ce plan
d’action donne des résultats mesurables comporte un échéancier et un
cadre d’évaluation appropriés;
3. que le plan
d’action soit fondé sur un examen des politiques et des opérations
du SCC pour assurer la conformité à la Loi
sur le système de justice pénale pour les adolescents;
4. que le
Service envoie l’information qu’il présente aux tribunaux aux termes
de la Loi sur le système de justice pénale
pour les adolescents pour indiquer les effets négatifs observés
sur les jeunes détenus qui purgent leurs peines dans un
pénitencier.
Réponse du
SCC
Jeunes contrevenants
La nouvelle Loi sur
le système de justice pénale pour les adolescents est entrée en
vigueur le 1er avril 2003. Le SCC reconnaît que les jeunes
contrevenants ont des besoins différents de ceux des délinquants
adultes. Bien qu’il n’y ait aucun critère relatif à l’âge ni aucune
autre considération spéciale accordée aux contrevenants de moins de
18 ans dans la LSCMLC, le SCC gère ces délinquants au cas par cas,
en tenant compte de l’âge du délinquant, du risque qu’il présente et
de ses besoins. De plus, le SCC reconnaît qu’il est de sa
responsabilite d'exrcer sur les jeunes contrevenants un contrôle
sûr, sécuritaire et humain pendant qu’ils sont sous sa garde.
1., 2. et
3. Sur la recommandation de l’EC, le SCC a tenu un forum
d’apprentissage les 23 et 24 juin 2003; divers spécialistes fédéraux
et provinciaux travaillant auprès de jeunes contrevenants y ont
participé. On y a discuté des questions suivantes : les jeunes
contrevenants : un groupe présentant un risque et des besoins
particuliers?; la Loi sur le système de
justice pénale pour les adolescents (LSJPA); les programmes et
services de réinsertion sociale pour les jeunes contrevenants dans
le système correctionnel fédéral; les jeunes contrevenants sous
garde en milieu fermé : rapports provinciaux/ territoriaux; les
jeunes contrevenants : point de vue des chercheurs.
Le SCC a l’intention de poursuivre les
discussions amorcées durant ce forum constructif. Par exemple, on
organisera une rencontre avec le ministère de la Justice, le Bureau
de l’EC et d’autres partenaires pour discuter des incidences de la
LSJPA sur les politiques et les procédures du SCC. De même, le SCC
continuera de travailler avec les responsables provinciaux et
territoriaux des services correctionnels sur cette question, y
compris, le cas échéant, en faisant appel ºà des dispositions
d’accords sur l’échange de services
fédéraux-provinciaux-territoriaux.
Lorsque ces discussions seront terminées, le
SCC décidera s’il est nécessaire d’élaborer un plan d’action dans ce
domaine ou si diverses activités indépendantes suffiront. Il importe
de noter, cependant, que le mandat du SCC se limite à
l’administration des peines; par conséquent, le SCC n’est pas
d’accord avec la recommandation d’inclure dans un plan d’action la
question du placement.
De même, les modifications aux lois ne
relèvent pas de la compétence du SCC; ce genre de proposition doit
être adressée au solliciteur général.
4. Le
SCC a récemment mis à jour la trousse d’information, que le
personnel du SCC doit présenter aux tribunaux, en fonction de la
nouvelle Loi sur le système de justice
pénale pour les adolescents. Les représentants du SCC qui
témoignent lors d’une audience de placement transmettent les
informations sur les programmes correctionnels, les dates
d’admissibilité, les établissements fédéraux, etc. Le rôle du SCC
consiste à fournir des renseignements et non pas une opinion sur un cas particulier.
Délinquants âgés
Le SCC apprécie le fait que l’EC reconnaît
le travail qu’il a fait pour répondre aux besoins des délinquants
âgés dans les domaines des soins palliatifs, de la planification du
logement et de la planification des programmes.
CLASSEMENT DES DÉLINQUANTS CONDAMNÉS À PERPÉTUITÉ
Recommandations
de l’EC
1. J’estime que
la politique est contraire à la Loi et recommande qu’elle soit
annulée.
Je recommande
également :
2. que toute
décision prise par un directeur d’établissement pour assujettir un
détenu à la règle ou pour recommander la dérogation à la règle, soit
immédiatement communiquée pour examen à la commissaires adjointe,
Opérations et Programmes correctionnels (CAOPC);
3. qu’on donne
au détenu les raisons complètes justifiant la décision initiale et
l’occasion de présenter des arguments à la CAOPC;
4. que la CAOPC
détermine s’il faut assujettir le détenu à la règle dans les 30
jours suivant la réception des documents concernant la décision
initiale;
5. que le
détenu ait droit de présenter directement à la commissaire un grief
prioritaire concernant la décision de la CAOPC.
Réponse du
SCC
La politique sur le classement des
délinquants condamnés à perpétuité pour meurtre au premier ou au
deuxième degré a été modifiée le 23 février 2001. Tous ces
délinquants doivent purger une peine minimale de deux ans dans un
établissement à sécurité maximale.
1. Le
SCC procède actuellement à une évaluation de la politique; par la
suite, il prendra une décision quant à la pertinence d’y apporter
des changements.
2. Le
SCC révisera sa procédure de règlement des griefs pour que tous les
griefs relatifs aux décisions rendues en vertu de cette politique
soient traités directement au troisième palier, avec la
participation de l’établissement et de la région concernés. Au
troisième palier, le commissaire adjoint, Opérations et programmes
correctionnels (CAOPC) aura à se prononcer sur le grief.
3. Le
SCC remet au délinquant, par écrit, et dans les cinq jours ouvrables
suivant la décision de classement, les motifs à l’appui de la
décision ainsi que toute autre information considérée dans la prise
de décision. En même temps, le délinquant est informé de son droit
de solliciter un redressement par l’entremise du processus de grief
des délinquants.
4. Le
CAOPC doit approuver toute dérogation proposée aux résultats de
l’Échelle de classement par niveau de sécurité (passage de la cote
maximale à la cote moyenne) dans le cas des délinquants purgeant une
peine à perpétuité minimale pour meurtre au premier ou au deuxième
degré. Cette situation se produira seulement dans des circonstances
exceptionnelles.
5.
Comme la procédure sera modifiée (voir le numéro 2), le commissaire
adjoint, Politique, Planification et Coordination, délégué par la
commissaire, examinera le grief au troisième palier, en tenant
compte de la décision du CAOPC, et cette décision sera considérée
comme finale.
SERVICES DE SANTÉ
Commentaires de
l’EC
J’estime qu’un
rapport annuel peut aller au-de là de son objet principal qui est
d’essayer de résoudre des principaux problèmes. Le Rapport peut
également décrire les activités du Bureau qui ne se prêtent pas à
des constatations ou à des recommandations particulières, mais qui
peuvent quand même permettre de comprendre certains problèmes de
délinquants et les difficultés que nous éprouvons à les régler.
À cette fin,
j’ai décidé de mettre à l’essai un nouveau chapitre, qui met
l’accent un « service correctionnel » et examine, dans ce contexte,
les points qui influent sur son succès et sur notre capacité de
régler les problèmes pertinents.
Les Services de
santé constituent un sujet parfait pour cette première initiative.
Peu de directions répondent à des besoins aussi fondamentaux et
tangibles des délinquants tout en essayant de favoriser le bien-être
et la sécurité des détenus, de leur famille, du personnel et du
public. Rares sont les fonctions qui se fondent sur des
considérations aussi fondamentales et souvent contradictoires sur
les plans juridique, politique et opérationnel.
Les différends
sont souvent liés à des contradictions inhérentes à la prestation
des soins dans un milieu axé sur la sécurité. L’examination de
certaines de ces contradictions permettra de mieux comprendre cet
important secteur. L’examen peut aider à aller au-delà des questions
superficielles de rétribution et de réadaptation qui caractérisent
les discussions relatives aux prisons et à préciser certaines
questions de droit assez complexes et de véritables problèmes
humains auxquels sont régulièrement confrontés les délinquants, le
personnel correctionnel et mes employés.
En ce qui a
trait au diagnostic ou au traitement, le Service doit aux termes de
la LSCMLC :
- veiller à ce
que chaque détenu reçoive les soins de santé essentiels et qu’il
ait accès, dans la mesure du possible, aux soins en santé mentale
qui peuvent faciliter sa réadaptation et sa réinsertion
sociale;
- offrir les
soins suivant les normes professionnelles reconnues;
- fournir les
services seulement avec le consentement éclairé du patient (à
moins que celui-ci soit jugé incapable de donner son consentement
conformément aux lois applicables);
- examiner les
besoins en santé mentale du détenu au moment de rendre des
décisions influant sur sa garde ou sa mise en liberté.
De plus, les
professionnels des Services de santé et les hôpitaux du SCC sont
assujettis aux lois provinciales et aux codes professionnels qui
régissent les normes de diagnostic et de soins ainsi que le
fonctionnement des services de soins de santé.
Par ailleurs,
en ce qui concerne la sécurité, les employés des Services de santé
sont des employés ou des agents du SCC. Leurs services doivent être
fournis dans un contexte où des exigences législatives strictes sont
imposées pour la garde et la surveillance des délinquants et où
toutes les relations entre le personnel et les délinquants ne
favorisent pas toujours un milieu qui contribue à un traitement
efficace.
J’ai choisi
trois sujets qui, à mon avis, illustrent la convergence des deux
rôles. J’examinerai certaines des solutions que j’ai proposées et
les obstacles qui empêchent de les réaliser, et je présenterai mon
point de vue à ce sujet.
CONFIDENTIALITÉ
DES RENSEIGNEMENTS D’ORDRE MÉDICAL
Commentaires de
l’EC
Les thèmes qui
se dégagement semblent être les suivants :
1. Il faut
établir une distinction entre les renseignements obtenus aux fins
d’un diagnostic et d’un traitement et ceux qui sont obtenus pour
évaluer le risque (pour prendre une décision en matière de
surveillance ou de mise en liberté). Dans le premier cas, les
renseignements ne devraient pas être divulgués à l’extérieur de
l’équipe des Services de santé. Dans le dernier cas, la divulgation
des renseignements peut être appropriée pour régler des questions en
matière de mise en liberté, de surveillance dans la collectivité ou
d’autres questions liées à la sécurité.
2. Par
ailleurs, lorsqu’on a des raisons de croire qu’un tort pourrait être
causé si des renseignements sont gardés confidentiels, il faut
divulguer ceux-ci même s’il s’agit de renseignements liés au
traitement.
Réponse du
SCC
Quoique ce sujet a été discuté entre le SCC
et l’EC au fil des ans, la question suivante a été récemment
soulevée par l’EC. Toute information recueillie au sujet du
traitement, ou aux fins d'évaluation, devient la propriété du SCC,
et les délinquants sont avisés que cette information est la
propriété du SCC. Quoique le SCC soit d'accord qu'il existe une
variété de types de renseignements médicaux, ils sont tous
recueillis pour le SCC afin de faire avancer la mise en œuvre du
mandat du SCC. Les professionnels de la santé qui œuvre au sein du
SCC sont assujettis à ce mandat et au code de conduite
professionnelle de l'organisme qui les gouverne. Par conséquent, le
clinicien a l’obligation de divulguer entièrement la nature de
l’intervention au début de toute interaction avec le délinquant et
de lui expliquer clairement que l’information sera communiquée aux
autorités pertinentes, de sorte que le délinquant puisse donner un
consentement éclairé quant à sa participation; le clinicien ne doit
communiquer aucun renseignement de nature délicate à une tierce
partie si celle-ci n’a pas un droit sélectif d’accès; En cas de
droit sélectif d’accès, l’information est divulguée à d’autres
parties par le SCC conformément à la Loi
sur la protection des renseignements personnels.
Selon les normes professionnelles nationales
en soins de santé, le professionnel de la santé doit divulguer
l’information obtenue du client, comme dans la collectivité, dans
les cas suivants :
- s’il y a un risque pour la sécurité du
délinquant ou la sécurité d’une autre personne;
- s’il y a une menace plausible pour une
tierce partie identifiable;
- si la loi l’oblige à communiquer
l’information (p. ex. si l’information concerne la violence à
l’égard d’un enfant, ou si elle doit être divulguée devant un
tribunal [obligation de produire]).
Le professionnel de la santé a l’obligation
de divulguer entièrement la nature de l’intervention au début et
d’expliquer clairement les limites de la confidentialité, de sorte
que le délinquant puisse donner un consentement éclairé quant à sa
participation.
Dans son rapport, l'EC soulève de bonnes
questions aux fins de discussion.
Le rapport de
l'EC indique une prise de position sur ces questions :
- Les
renseignements liés à la santé aux fins de l’évaluation du risque
devraient être divulgués seulement lorsque le détenu, avant de
fournir ces renseignements, a clairement été informé de ce qui
sera divulgué et à quelles fins. Toute autre fin serait interdite;
Dans cette situation, le délinquant n’a pas
droit à la confidentialité. Avant de commencer l’évaluation du
risque et d’obtenir le consentement du délinquant, le clinicien doit
l’informer de la nature de l’intervention et consigner par écrit le
fait que cette information lui a été communiquée.
- Tout autre
renseignement lié à la santé qui est fourni ne devrait simplement
pas être divulgué sans le consentement du patient;
Le SCC est d’accord; si l’information sur la
santé n’est pas pertinente pour l’évaluation du risque, elle ne doit
pas être communiquée.
- Les
décisions sur la divulgation devraient être prises par le
personnel des services de santé qui a suivi la formation
nécessaire;
Le professionnel de la santé qui obtient
l’information qui pourrait devoir être communiquée est le mieux
placé pour prendre la décision.
- Le
délinquant en question devrait être autorisé à présenter des
observations avant que soit prise toute décision en matière de
divulgation;
Dans tous les cas, le délinquant aura déjà
été averti (avant qu’il consente à participer) que toute information
obtenue durant l’évaluation/l’intervention pourra être communiquée
aux autorités pertinentes. En ce qui concerne l’information obtenue
durant une évaluation du risque, il est de pratique courante de
permettre au délinquant, avant de soumettre le rapport aux
autorités, d’en prendre connaissance (afin qu’il vérifie s’il
contient des erreurs de fait).
- Il y aurait
des exceptions à ce qui précède s’il y a un risque de danger de
tort immédiat à des personnes identifiables si les renseignements
n’étaient pas divulgués (test adopté par la Cour suprême du
Canada).
La menace du danger de tort immédiat à des
personnes identifiables donnera lieu, sans aucun doute, à la
communication de l’information aux autorités pertinentes.
MALADIES
INFECTIEUSES
Commentaires de
l’EC
Le danger que
courent les détenus ou les employés en contrôlant la mise en œuvre
de mesures de réduction des méfaits. Il faudrait certainement
appuyer le Service dans ses efforts visant à contrôler l’entrée de
substances illégales dans les pénitenciers. Toutefois, on peut
donner un traitement tout en prenant des mesures de sécurité
valables, ce qui constitue un aspect essentiel d’une stratégie de
prestation de services de santé axée sur le traitement. Cela est ici
manifestement le cas.
Réponse du
SCC
Le SCC est d'accord que plus de travail doit
être fait dans ce domaine important, et nous apprécions l'appui de
l'EC dans notre recherche de moyens pouvant accroître la livraison
de ces services.
La drogue représente un problème pour tous
les organismes correctionnels du monde; elle contribue au
comportement criminel et à la propagation des maladies infectieuses.
La consommation de drogue a des répercussions importantes sur la
santé et la sécurité du personnel du SCC, des délinquants et de la
population.
Le SCC s’attaque au problème de
l'introduction de drogue dans les établissements au moyen de
diverses initiatives de répression : fouille discrète des visiteurs
à l’aide de détecteurs de métal, de détecteurs ioniques, de chiens
détecteurs; fouille des cellules, des immeubles, des terrains et des
délinquants. Le SCC discipline aussi ceux qui ont recours à la
violence ou à des menaces de violence pour se procurer de la drogue
à l’intérieur ou à l’extérieur de l’établissement.
L’approche du SCC à l’égard du problème de
la toxicomanie est une approche globale qui comprend la répression,
l’évaluation, la prévention, le traitement et la recherche. On
effectue chaque mois, au hasard, des prises d’échantillons d’urine
afin de déterminer la prévalence de la toxicomanie dans les
établissements et de repérer les délinquants qui consomment des
substances illicites. On soumet tous les délinquants à une
évaluation complète afin de mieux planifier le traitement. Les
programmes de traitement offerts par le SCC comprennent des
programmes de faible intensité, d’intensité moyenne et d’intensité
élevée, et il y a des programmes spécialisés pour les délinquantes
et les délinquants autochtones; de même, on dispose d’unités de
soutien intensif pour aider les délinquants qui veulent vivre une
vie sans drogue. Le Centre de recherche en toxicomanie se consacre à
examiner les facteurs qui contribuent à la toxicomanie et les
problèmes connexes et à concevoir des interventions efficaces.
Le SCC favorise l’approche de la réduction
des méfaits pour la prévention des maladies infectieuses. On a déjà
mis en place un certain nombre d’initiatives : distribution d’eau de
Javel et de condoms, programme d’éducation et d’entraide par les
pairs, programme d’immunisation contre l’hépatite A et B, programme
de sensibilisation à la réception, programme de lutte contre la
toxicomanie.
RECOURS À
L’ISOLEMENT POUR LES SOINS DE SANTÉ MENTALE
Commentaires de
l’EC
Le recours à
l’isolement est régi par les lois provinciales et les normes
professionnelles. Les unités de santé mentale du SCC sont régies par
les mêmes règles. Toutefois, comme elles se trouvent dans des
pénitenciers, elles sont également assujetties à des règles
fédérales, y compris les lois qui régissent l’isolement. La simple
règle pour l’isolement sans consentement ou sans que le patient soit
jugé incapable de donner son consentement constitue une mesure
d’isolement et doit être considérée comme telle.
Réponse du
SCC
Le SCC a élaboré des principes sur
l’isolement pour des fins de traitement et l’isolement
disciplinaire, qui seront bientôt incorporés dans le Guide des
Services de santé.
TOUR D’HORIZON
Commentaires de
l’EC
Il y a un
certain nombre de questions qui font actuellement l’objet de
discussions avec le Service et qui ne sont pas exposées en détail
dans la section « Principales questions en suspens » du Rapport.
Même si notre examen de ces questions n’a pas encore donné lieu à
des constatations et à des recommandations particulières, je crois
que, en raison de leur importance pour la population carcérale, il y
a lieu d’en prendre note.
ISOLEMENT
PRÉVENTIF
Les unités
d’isolement demeurent pleines à capacité ou presque, et le nombre de
cas d’isolement à long terme est encore inutilement élevé. Il faudra
trouver de nouvelles solutions et examiner la façon de mettre plus
efficacement en œuvre la loi et la politique sur l’isolement
préventif afin de régler ce problème.
La question de
l’examen indépendant des placements est un aspect de l’isolement
préventif qui fait depuis longtemps l’objet de discussions. Comme je
l’ai indiqué ailleurs dans le Rapport, les spécialistes sont très
favorables à cette approche. Le Service vient de terminer la mise à
l’essai d’un système « amélioré » dans le
cadre duquel les membres de la collectivité participent aux examens.
Il est maintenant possible d’examiner les projets pilote et
d’entamer une vaste consultation sur les recommandations du
sous-comité parlementaire sur l’arbitrage indépendant des décisions
en matière d’isolement.
Réponse du
SCC
L’évaluation indépendante effectuée par
Conseils et Vérification Canada ainsi que le rapport du SCC sur le
projet pilote du Comité de réexamen amélioré des cas d’isolement
sont actuellement à l’étude. Les prochaines étapes comprendront des
consultations avec le Bureau de l’enquêteur correctionnel,
l’Association du Barreau canadien, les syndicats et d’autres groupes
d’intérêt.
MALADIES
INFECTIEUSES
Commentaires de
l’EC
En ce qui a
trait à l’incidence et à la transmission du VIH/sida et de
l’hépatite C dans nos établisse-ments, je crois qu’une décision
immédiate doit être prise sur la mise en œuvre de mesures de
réduction des méfaits, telles que l’accès à du matériel de tatouage
propre et les échanges de seringues. Bien que le milieu
correctionnel présente des difficultés dans ce domaine, il faut une
stratégie cohérente en matière de drogues pour assurer de façon
raisonnable la santé et la sécurité du personnel et des délinquants.
Réponse du
SCC
Les points soulevés concordent avec
l’approche du SCC à l’égard des soins de santé. Le SCC favorise
l’approche de la réduction des méfaits pour la prévention des
maladies infectieuses. Il a déjà mis en place diverses initiatives :
traitement d’entretien à la méthadone, distribution d’eau de Javel
et de condoms, programme d’éducation et d’entraide par les pairs,
programme d’immunisation contre l’hépatite A et B, programme de
sensibilisation à la réception, programme de lutte contre la
toxicomanie.
Le SCC reconnaît qu’il faudra ajouter
d’autres composantes si l’on veut avoir une stratégie globale pour
la prévention des infections dans les prisons. Il élabore actuellement un plan pour favoriser
les pratiques de tatouage sécuritaires dans les établisse-ments. De
plus, il continue d’évaluer d’autres initiatives éventuelles comme
l’échange de seringues.
SOINS DE SANTÉ
MENTALE
Commentaires de
l’EC
Le Service
procède actuellement à un examen de ses unités régionales de santé
mentale. Il s’agit là d’une étude opportune et importante étant
donné l’incidence des problèmes de santé mentale sur les soins, la
garde et la réadaptation des délinquants.
Réponse du
SCC
Le SCC est d’accord.
ÉVALUATION DES
RENSEIGNEMENTS DE SÉCURITÉ
Commentaires de
l’EC
Cette année, le
Service a finalement publié des directives sur les normes et lignes
directrices en matière de sécurité préventive. La mise en œuvre de
nouvelles politiques nous donne ainsi qu’au Service l’occasion
d’examiner une fonction importante découlant des principes
fondamentaux exposés dans les politiques, soit l’identification,
l’évaluation et l’utilisation des renseignements de sécurité dans
les décisions qui influent sur le niveau de garde et les
possibilités de mise en liberté des délinquants.
Réponse du
SCC
La question de l’usage judicieux des
renseignements de sécurité peut influencer les décisions en matière
de gestion des cas, en particulier celles qui concernent les
transfèrements, la mise en liberté sous condition et le maintien en
incarcération.
Le SCC a l’obligation de veiller à ce que
ces renseignements soient analysés, utilisés de façon appropriée
pour la prise de décisions et suffisamment protégés lorsqu’ils
peuvent avoir une incidence sur la sécurité d’une personne ou d’un
pénitencier ou la tenue d’une enquête.
DÉTECTEURS
IONIQUES
Commentaires de
l’EC
Des questions
ont été soulevées concernant le fonctionnement des instruments qui
décèlent la présence de substances sur la peau et les vêtements des
personnes, et l’exactitude des résultats des examens des détecteurs
ioniques. De plus, on a discuté de l’importance qui devrait être
accordée aux résultats des détecteurs ioniques dans les décisions
concernant l’octroi des visites dans les établissements.
En octobre
2003, il y aura une médiation officielle relative à cette question,
c’est-à-dire l’efficacité de l’équipement, le niveau de son
utilisation et son importance dans la prise de décision sur les
visites. Les participants comprendront notamment du personnel
compétent du Service, les employés de notre Bureau, des
représentants des détenus et des spécialistes juridiques de la
collectivité.
Réponse du
SCC
Le SCC attend avec impatience la discussion
multipartite sur cette question.
ORDINATEURS DES
DÉTENUS
Commentaires de
l’EC
En juin de
cette année, le Service a décidé d’interdire l’achat d’ordinateurs
par les détenus. Étant donné l’incidence de cette décision sur la
population carcérale, nous avons communiqué avec le Service pour
entreprendre un examen de ce changement de politique et des
solutions de rechange possibles.
Réponse du SCC
Le SCC a déterminé que la possession
d’ordinateurs par les détenus représente une menace générale pour la
sécurité du SCC et pourrait mettre en danger la sécurité des
établissements et des personnes. Par conséquent, les détenus ne sont
plus autorisés à acheter des ordinateurs. Toutefois, comme l’usage
des ordinateurs a des effets positifs sur la réinsertion sociale des
délinquants et parce que c’est là une façon de continuer à maintenir
des contacts avec la collectivité, les détenus pourront avoir accès
à des ordinateurs dans un environnement contrôlé. Les ordinateurs
que les détenus pourront utiliser doivent être sécurisés, être
configurés de la même façon et être gérés tout au long de leur cycle
de vie. Le SCC a effectué un inventaire des ordinateurs utilisés
pour les programmes et il établit actuellement l’inventaire des
logiciels et de la configuration, qui sera terminé d’ici l’automne
2003.
La politique du SCC a été approuvée mais,
compte tenu des préoccupations soulevées par certains intervenants,
le SCC prévoit organiser une discussion multipartite sur la
meilleure façon de mettre en œuvre une stratégie qui permette une
utilisation appropriée des ordinateurs par les détenus aux termes de
la nouvelle politique.
ACCÈS À LA
JUSTICE
Commentaires de
l’EC
L’accès des
détenus aux services des avocats constitue un problème grandissant.
Les restrictions s’appliquant à l’aide juridique et à son
financement dans les diverses administrations provinciales et
territoriales auront pour effet de réduire la portée des questions
pour lesquelles les détenus peuvent consulter des avocats et retenir
leurs services ainsi que le nombre d’avocats qui peuvent défendre
des cas de détenus et qui sont disposés à le faire.
L’accès à un
avocat est un droit important de tout citoyen. De plus, il est
extrêmement important dans le contexte correctionnel, où des
questions complexes et importantes se posent souvent. La LSCMLC et
son règlement connexe contiennent un certain nombre de dispositions
qui garantissent l’accès aux services d’un avocat, comme les cas où
les détenus sont mis en isolement ou accusés de graves infractions
disciplinaires. En outre, la loi prévoit des garanties de
communication confidentielle de détenus avec des avocats. Les
détenus ont des droits qu’ils n’ont pas les moyens de faire
respecter.
Nous croyons
qu’il faut mener une vaste consultation auprès des partenaires du
système de justice pénale, y compris des représentants de la
collectivité et des détenus, pour voir à ce que des mécanismes
soient établis pour régler le problème.
Réponse du SCC
Le SCC reconnaît l’importance des services
d’aide juridique pour les délinquants sous responsabilité fédérale
et est conscient que l’accès à l’aide juridique n’est pas égal dans
tout le pays. Nous suggérons que l’EC porte cette question à
l’attention du ministre de la Justice.
ÉTABLISSEMENTS
À SÉCURITÉ MAXIMALE
Commentaires de
l’EC
En mai de cette
année, une équipe de cadres supérieurs du Service a entamé un examen
des établissements à sécurité maximale. Le but de cet examen, est, à
mon avis, d’essayer d’élaborer des interventions qui pourraient être
réalisées par le personnel, tout en respectant les droits de la
personne, pour aider les détenus à mener à bien leur plan
correctionnel visant leur mise en liberté éventuelle.
Les
établissements à sécurité maximale sont depuis longtemps un sujet de
préoccupation à du Bureau. Comme ils mettent l’accent sur le
contrôle des déplacements et des activités des délinquants, ils ont
tendance à entraver les progrès vers la réinsertion sociale et
gèrent souvent leurs opérations d’une façon qui n’est pas conforme
au principe exposé dans la LSCMLC qui consiste à prendre la mesure
de garde la moins restrictive possible suivant les besoins des
détenus. Par conséquent, nous attendons d’obtenir les résultats de
cet examen et de la discussion qui suivra concernant l’incidence de
celui-ci dans les
établissements.
Réponse du
SCC
Dans le cadre de l’examen continu de ses
pratiques, le SCC prend des mesures pour améliorer la sécurité des
établissements correctionnels et augmenter la capacité des
délinquants de suivre leur plan correctionnel. L’introduction des
Stratégies d’interventions correctionnelles intégrées (SICI)
permettra un meilleur équilibre entre l’aide et le contrôle grâce à
des interventions plus ciblées et intégrées. Les SICI sont un
ensemble de mesures visant à répondre aux besoins des délinquants
les plus perturbateurs du SCC. Ces mesures aideront à résoudre les
problèmes de gestion de la population dans les établissements à
sécurité maximale. Elles sont fondées sur les principes du respect
de la dignité humaine et de l’utilisation des mesures nécessaires à
la protection du public, du personnel et des délinquants qui soient
le moins restrictives possible. Ces mesures respectent les principes
énoncés dans la LSCMLC.
Les SICI seront introduites graduellement.
Elles seront d’abord appliquées à l’établissement Millhaven à
l’automne. À la suite d’une évaluation à cet établissement, elles
seront appliquées à l’établissement Kent et à l’établissement de
l’Atlantique durant l’hiver avant d’être appliquées, le cas échéant,
dans tous les établissements à sécurité maximale.
Le SCC est résolu à améliorer constamment
ses opérations et à assurer la sécurité de la population, de son
personnel et des détenus sous sa responsabilité. Toutes ces mesures
font partie d’un processus continu qui vise l’amélioration des
pratiques et des résultats correctionnels.
PROPOSITION DE RÈGLEMENT
Commentaires de
l’EC
Au cours des
sept ans qui ont suivi, un certain nombre de rapports provenant de
différentes sources, y compris les personnes chargées par le SCC de
fournir des conseils d’experts, ont formulé une autre série de
recommandations sur les questions de l’examen externe et de la
responsabilité. Ces recommandations, pour reprendre une phrase tirée
du récent livre du professeur Michael Jackson intitulé Justice Behind the Walls – Human Rights in
Canadian Prisons, visaient à faire en sorte que les
opérations du Service correctionnel du Canada s’inscrivent dans une
culture qui respecte les droits juridiques et constitutionnels.
Jusqu’à
présent, le Service a résisté à cette tendance et maintient, de
façon générale, sa position.
Au cours des
dernières années, le Service s’est efforcé d’améliorer ses propres
mécanismes internes visant à favoriser les droits de la personne et
les droits prévus dans la loi, mais il n’est pas encore disposé à
faire l’objet d’examens par d’autres parties.
À cette fin, le
Bureau produira, d’ici la fin d’octobre 2003, un document de travail
exposant nos vues sur les questions et nos propositions de règlement
que nous proposons. Nous assurerons une large diffusion de ce
document et inviterons le Service et d’autres intervenants du
processus de justice pénale, y compris des organismes
gouvernementaux, des partenaires de la collectivité et des
représentants des délinquants, à présenter par écrit leurs opinions
à ce sujet. Je proposerais ensuite que le Service et mon Bureau
convoquent une vaste conférence au début de 2004 pour essayer de
déterminer les mesures permettant de clore la question.
Réponse du
SCC
Les processus internes de revue du SCC qui
examinent les questions particulières ont été ajustés afin d'inclure
la participation des organismes à l'extérieur du SCC (par exemple,
les enquêtes sur les incidents de sécurité).
La responsabilisation une caractéristique de
la gestion. Lorsque des problèmes surviennent, plusieurs mesures,
pouvant aller de discussions sur les politiques à l'analyse de choix
aux fins de mise en œuvre, doivent être entreprises. Nonobstant ces
mesures organisationnelles, des mesures d'imputabilité, selon les
particularités de la situation, doivent avoir lieu dans le but
d'assurer la formation organisation-nelle et personnelle.
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