La violence dans les relations
lesbiennes Information et ressources
Notre mission est d'aider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et
à améliorer leur état de santé.
Santé Canada
Publication autorisée par le ministre de la Santé
La violence dans les relations lesbiennes : Information et ressources
a été préparé par Laurie Chesley, Donna MacAulay et Janice
Ristock et révisé par Cynthia Stewart.
Also available in English under the title
Abuse in Lesbian Relationships: Information and Resources
Les opinions exprimées dans ce document sont celles des auteures et ne reflètent
pas nécessairement les vues de Santé Canada.
Il est interdit de reproduire ce document à des fins commerciales, mais
sa reproduction à toute autre fin est encouragée, à condition que la source
soit citée.
On peut obtenir, sur demande, la présente publication dans des formats de
substitution.
Pour de plus amples renseignements au sujet de la violence familiale, veuillez
communiquer avec le :
Centre national d'information sur la violence dans la famille
Santé Canada
Agence de santé publique du Canada
Division des questions relatives à la santé
Indice de l'adresse : 1909D1
9e étage, Édifice Jeanne-Mance, Pré Tunney
Ottawa (Ontario) K1A 1B4 Canada
Téléphone : 1-800-267-1291 ou (613) 957-2938
Télécopieur : (613) 941-8930
Téléimprimeur (FaxLink) : 1-888-267-1233 ou (613) 941-7285
ATME : 1-800-561-5643 ou (613) 952-6396
Page d'accueil Internet : http://www.phac-aspc.gc.ca/nc-cn
©Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 1998
Cat. H72-21/153-1998 ISBN 0-662-82691-4
Remerciements des auteures
Notes biographiques
Une bonne partie du présent document est l'aboutissement des travaux de recherche
et de counseling que nous avons effectués au Toronto Counselling Centre For
Lesbians and Gays (qui fait maintenant partie de l'Associations des services
familiaux). Nous tenons à remercier le Centre de son appui à notre projet. Nous
aimerions également remercier la Direction générale de la condition féminine
de l'Ontario et Toronto Lesbian and Gay Appeal d'avoir financé différents aspects
de notre travail. Pendant la préparation de la publication originale, de nombreuses
femmes nous ont fourni de l'information précieuse. Nous tenons à les en remercier.
Nous voulons aussi remercier les membres de la communauté lesbienne qui ont
rempli le questionnaire de notre enquête et partagé avec nous des renseignements
sur des aspects personnels et souvent douloureux de leurs relations. Notre gratitude
va également aux femmes qui ont participé aux groupes que nous avons dirigés
au Centre des survivantes de la violence dans les relations lesbiennes et aux
clientes qui nous ont consultées individuellement. Leur force, leur courage
et leur engagement ont été une source d'inspiration tout au long du projet.
Laurie C. Chesley, M.S.W. (travailleuse sociale hospitalière), C.S.W. (travailleuse
sociale agréée), est travailleuse sociale et consultante à Toronto. À ce titre
et comme psychothérapeute en cabinet privé, elle continue à travailler avec
des femmes sur des questions de violence.
Donna MacAulay, M.S.W. (travailleuse sociale hospitalière), C.S.W. (travailleuse
sociale agréée), est psychothérapeute en cabinet privé, de même que consultante
et superviseure à Toronto. Elle est en train de rédiger un article sur ses expériences
cliniques dans son travail avec les femmes qui ont été victimes d'abus sexuels
en raison de leur lesbianisme.
Janice L. Ristock, Ph.D., est professeure agrégée et coordonnatrice du programme
d'études des femmes à l'Université du Manitoba. Elle continue à faire de la
recherche et à rédiger des travaux au sujet de la violence dans les relations
lesbiennes, en même temps qu'elle travaille avec des organismes de services
sociaux à mettre sur pied des services pour les lesbiennes.
Gay Guide Canada, '98 contient une liste récente des services et des
soutiens qui existent dans les grandes villes du Canada. On peut obtenir ce
guide en s'adressant à Marginal Distribution, pièce 102, 277, rue George, Peterborough,
Ontario, K9J 3G9, en appelant le (705) 745-2326 ou en envoyant une télécopie
au même numéro. L'adresse Web est www.gayguidecanada.com.
Table des matières
Avant-propos.............. 5
Introduction............... 6
Qu'est-ce que le lesbianisme?..... 7
Le contexte social général....... 8
Types de violence............ 9
Prévalence de la violence....... 10
Mythes à propos de la violence .... 11
Si vous êtes victime de violence ... 12
Demander de l'aide .......... 15
Conclusion................ 22
Lectures complémentaires...... 23
Avant-propos
II est maintenant reconnu que la violence contre les femmes est une question
importante du point de vue de la santé. Nous sommes donc heureuses que notre
travail soit distribué par le Centre national d'information sur la violence
dans la famille, afin que la violence dans les relations lesbiennes puisse également
être reconnue comme préoccupation importante en matière de santé dans nos communautés.
Le présent document a d'abord été publié en 1991, sous forme de brochure intitulée
La violence dans les relations lesbiennes : Guide d'information et de ressources.
Nous avions obtenu de la Direction générale de la condition féminine de
l'Ontario une subvention qui nous permettait d'offrir cette brochure gratuitement
par l'intermédiaire du Toronto Counselling Centre for Lesbians and Gays ainsi
que des librairies féminines, des bars et des organismes de services sociaux
de tout l'Ontario.
Depuis la publication originale, d'autres travaux ont été effectués sur la
question de la violence dans les relations lesbiennes. Nous avons inclus de
nombreuses nouvelles références qui reflètent la reconnaissance croissante de
ce problème. Nous avons cependant conservé intact le contenu de notre publication
afin de fournir des lignes de conduite aux lesbiennes, à leurs amis et aux professionnels
qui interviennent à la suite de violence contre les lesbiennes.
Nous nous limitons ici à l'examen de la violence dans les relations de couple,
mais la violence contre les lesbiennes se produit aussi dans d'autres contextes.
Mentionnons, par exemple, les brutalités contre les lesbiennes et le viol de
lesbiennes par des hétérosexuels. Bon nombre des principes que nous avons mentionnés
s'appliquent également à ces contextes, mais d'autres forces seront également
enjeu dans les cas de violence exercée contre les lesbiennes en dehors de leurs
relations de couple.
Introduction
La violence dans les relations lesbiennes est une question que l'on a passée
sous silence jusqu'à récemment. Ce n'est que dernièrement que les femmes ont
commencé à donner un nom aux violences vécues et à en parler. Il est vrai que
la violence en général a été dissimulée jusqu'à tout récemment. Mais d'autres
facteurs ont rendu encore plus difficile pour les lesbiennes le fait de révéler
l'existence de la violence au sein de leurs relations.
En effet, nombre de femmes voient dans leurs relations homosexuelles une solution
de rechange positive aux relations hétérosexuelles. On présume souvent que les
femmes interagissent de façon réceptive et empathique et que, par conséquent,
elles ne peuvent infliger de mauvais traitements. Les mauvais traitements ne
surviendraient alors que dans les relations hétérosexuelles. On peut ajouter
comme autres facteurs les préjugés et stéréotypes entretenus par la société
au sujet des lesbiennes. Dans les milieux lesbiens, on craint qu'un débat ouvert
sur la violence n'ait pour effet de noircir encore plus l'image négative que
l'on se fait de la communauté à l'extérieur.
Le présent ouvrage donne des renseignements généraux sur cette forme de violence.
Il est le fruit de notre travail au Toronto Counselling Centre for Lesbians
and Gays. En qualité de conseillères, nous avons commencé à recevoir de plus
en plus de femmes qui dénonçaient la violence vécue dans le cadre de leurs relations.
Nous avons pensé qu'il était nécessaire de réagir à cette situation, et nous
avons offert
des groupes de soutien aux lesbiennes maltraitées par leur compagne. Nous
avons également perçu la nécessité de réunir davantage d'information sur le
phénomène. Nous avons mené une enquête chez les lesbiennes de Toronto. Nous
avons distribué 550 questionnaires aux femmes qui assistaient à une causerie
prononcée par une lesbienne connue et avons reçu 189 réponses. Nous demandions
aux personnes interrogées si elles avaient déjà subi des mauvais traitements
dans une relation lesbienne, les types de violence auxquels elles avaient été
exposées, les réactions de la communauté, les services auxquels elles avaient
eu recours de même que leurs opinions sur les ressources qui seraient nécessaires
pour comprendre ce problème et y réagir.
Bien que notre recherche soit limitée et que les résultats ne puissent en
être généralisés puisqu'elle porte sur un échantillon non aléatoire et des mesures
déclarées par les membres de l'échantillon, elle fournit certains éclairages
sur la dynamique de la violence contre les lesbiennes. Le présent ouvrage vise
à commenter les résultats obtenus.
Il est destiné aux lesbiennes qui ont vécu des relations marquées par la violence,
à leurs amis et à leur famille, aux organisations lesbiennes et à toutes les
personnes qui travaillent dans le secteur de la violence faite aux femmes. Nous
parlons tantôt des femmes, tantôt des lesbiennes, pour indiquer que les femmes
qui ont une relation de couple avec une autre femme ne se considèrent pas toutes
comme des lesbiennes.
Notre objectif, dans ce travail, est de faire la lumière sur le sujet des
agressions et d'ébaucher des lignes directrices en vue de résoudre le problème.
Notre étude sur la violence dans les relations lesbiennes commence par un aperçu
de la diversité de l'expérience lesbienne et du contexte social du lesbianisme.
6
Qu'est-ce que le lesbianisme?
Les lesbiennes sont des femmes qui ont des relations intimes ou sexuelles
principalement avec d'autres femmes. Au Canada, de 10 % à 15 % environ des femmes
se disent lesbiennes. On compte des lesbiennes dans toutes les races, religions,
classes socio-économiques, professions, regroupements politiques, tranches d'âge,
catégories de capacités physiques ou mentales.
De même, l'apparence physique des lesbiennes est tout à fait diversifiée.
Une lesbienne ne se distingue par aucune caractéristique physique. Son apparence,
tout comme celle des autres femmes, peut refléter ou non les tendances de la
mode, l'âge, la situation économique et les goûts personnels. Il est donc difficile
sinon impossible de formuler des généralisations sur les lesbiennes à titre
collectif.
De nombreux stéréotypes se rattachent aux lesbiennes. Notons les suivants
:
1 ) Les lesbiennes sont d'allure masculine, ont une apparence « garçonne
». Faux. En fait, comme nous le disions, les lesbiennes sont de
tous les types physiques.
2) Les lesbiennes peuvent être classées dans l'une ou l'autre de deux catégories
: elles sont soit « garçonnes » (d'apparence masculine) ou excessivement
« mignonnes » (d'apparence se rapprochant du stéréotype féminin).
Faux. La plupart des lesbiennes n'adoptent pas explicitement de «
rôle » dans leurs
relations. Comme dans la population hétérosexuelle, les partenaires d'une
relation lesbienne peuvent illustrer des rôles multiples.
3) Les lesbiennes sont toutes féministes. Faux. De nombreuses lesbiennes
sont féministes, mais le féminisme est une perspective politique à laquelle
une foule de lesbiennes n'adhèrent pas.
4) Les lesbiennes détestent les hommes. Faux. La femme qui est lesbienne
choisit de participer à une relation primaire avec une autre femme. Les attitudes
à l'égard des hommes varient dans la population lesbienne comme dans la population
hétérosexuelle, mais elles ne sont pas un facteur déterminant de l'identité
lesbienne.
5) Les lesbiennes sont dévergondées. Faux. Les relations lesbiennes
sont variées, tout comme les relations hétérosexuelles. Certains couples sont
monogames, tandis que d'autres ne le sont pas. Certaines relations ne durent
pas, tandis que d'autres sont à long terme.
Voilà quelques-uns seulement des stéréotypes. Ce sont des images erronées
et trompeuses. Ce sont des généralisations qui ne peuvent aucunement s'appliquer
à toutes les lesbiennes. Aucun ensemble de caractéristiques ne définit la diversification
de l'expérience lesbienne.
Cependant, malgré cette diversification, il y a des éléments communs qui peuvent
servir à distinguer les milieux lesbiens de la société hétérosexuelle. Dans
la plupart des centres urbains, il existe des bars, services, clubs et groupes
de lesbiennes où les lesbiennes peuvent se rencontrer et célébrer leur identité
de femmes qui aiment les femmes. Toute communauté lesbienne compte des sous-groupes
dont les membres partagent des intérêts, un patrimoine culturel, des opinions
politiques, des activités et des amitiés. Les lesbiennes se connaissent souvent
grâce aux occasions de rencontres et de contacts que suscite la communauté lesbienne.
À l'instar des hétérosexuelles, les femmes qui sont lesbiennes peuvent être
très différentes du point de vue des antécédents, de l'âge, du mode de vie,
de l'apparence, des expériences sociales, de la culture et des relations.
Le contexte social général
Le contexte général de la vie des lesbiennes doit toujours être pris en compte
quand on essaie de comprendre la violence dans les relations lesbiennes et d'en
traiter de façon générale. La violence chez les lesbiennes peut être liée aux
conditions sociales, telles que la haine envers les femmes (misogynie) et la
crainte des homosexuels (homophobie). Dans notre société, la violence est aussi
en rapport avec d'autres formes de domination, par exemple le racisme et les
préjugés de classe.
Ces structures de domination peuvent fournir le cadre qui permet et favorise
des relations oppressives entre les personnes. Dans notre société, par exemple,
les femmes sont souvent dévalorisées ou perçues comme des objets sexuels ou
des possessions. Les lesbiennes sont souvent en butte à l'ostracisme et à la
discrimination. Elles sont considérées comme des délinquantes sexuelles, qui
menacent la santé morale et sociale de la société patriarcale. Cela peut se
mêler ou s'ajouter à une discrimination raciste et fondée sur des préjugés de
classe à l'égard de certaines lesbiennes. Ces courants idéologiques, renforcements
de l'oppression, sont intériorisés chez nous toutes et tous -lesbiennes, homosexuels
et hétérosexuels. Lors de notre enquête, environ 30 % des répondantes ont donné
l'homophobie et l'isolement comme facteurs qui, à leur avis, nourrissaient la
violence.
La colère, les craintes et la rage peuvent être dirigées à tort contre une
partenaire qui peut représenter ce qui nous a été inculqué d'haïr et
8
de craindre dans notre culture où les points de vue hétérosexistes et mysogynes
sont présents. Les lesbiennes, à l'instar des autres membres de la société,
sont le produit de leur éducation. Elles ont pu être exposées à des modèles
de rôles qui obéissaient à des schèmes de comportement malsains face au conflit
et à la colère. Elles ont pu faire leur apprentissage des relations dans des
familles maltraitantes. Elles ont pu ne pas apprendre comment se comporter dans
une relation intime et affectueuse.
Également, les lesbiennes ont pu apprendre, de leur famille et de la société,
que la violence peut servir d'instrument d'acquisition et de maintien du pouvoir
sur les autres. Certaines lesbiennes peuvent décider de satisfaire leur soif
de pouvoir et de domination dans le cadre de leurs relations intimes. Ainsi,
comme dans l'ensemble de la société, les relations lesbiennes sont marquées
par la hiérarchie et les abus de pouvoir de même que la domination, la possession
et le contrôle. Notre perception de la violence dans les relations lesbiennes
élargit une analyse féministe de la violence en prenant aussi en considération
des facteurs autres que le sexisme et les attitudes patriarcales. Notre analyse
porte principalement sur les inégalités de pouvoir, le désir de contrôler les
autres et les façons dont les personnes choisissent de réagir à ces facteurs
et d'utiliser les occasions d'être violentes.
Types de violence
La « violence » est un schème de comportement selon lequel la
brutalité physique et la coercition affective permettent d'accéder au pouvoir
ou à la domination dans une relation et de se maintenir dans cette position.
Une seule agression suffit pour qu'il y ait sévices ou mauvais traitements.
Voici des exemples de violence et de mauvais traitements :
mauvais traitements physiques : coups, gifles, coups de poing, coups
de pied, étranglement, morsures, brûlures, poussées, coups portés avec des objets
ou des armes; le fait d'enfermer ou de confiner, d'empêcher de dormir ou de
manger, de restreindre la mobilité ou les déplacements d'une partenaire ayant
une ou des incapacités;
mauvais traitements sexuels : relations sexuelles obligées; agressions
sexuelles avec ou sans objets ou armes; voies de fait pour refus de participer
à une activité sexuelle;
mauvais traitements psychologiques ou affectifs : critiques excessives
et à répétition, humiliations et actes de mépris, dont jurons, injures et expressions
de mépris; restriction ou contrôle de l'accès à des amis, à des ressources personnelles
ou sociales; attaques de nature homophobe, raciste ou misogyne (remarques hostiles
et méprisantes au sujet de l'orientation sexuelle de la partenaire, de son patrimoine
culturel ou de son sexe), menaces ou mauvais traitements à l'égard des animaux
de compagnie;
menaces : de blessures adressées à vous, à votre famille ou à vos amis;
menaces touchant la garde d'enfants, le statut juridique, le statut d'immigrante
ou le parrainage; menaces de divulgation de votre identité de lesbienne contre
votre volonté;
exploitation financière : contrôle des finances, vol d'argent, endettement,
entraves sur le plan des études ou de l'emploi;
destruction matérielle : destruction de biens ou d'effets personnels;
harcèlement : le fait de suivre une personne, de se présenter tout
à coup à son lieu de travail ou chez elle, d'appeler fréquemment cette personne,
sa famille, ses amis ou ses collègues ou de leur envoyer souvent du courrier.
Préyalence de la violence
II n'existe pas de statistiques fiables qui indiquent clairement la portée
de ce problème. Des études ont essayé de cerner l'incidence de la violence chez
les lesbiennes, mais ces résultats ne sont pas très cohérents. Les lesbiennes
doivent souvent s'en remettre à des rapports anecdotiques pour bien saisir l'étendue
de la violence dans la communauté lesbienne. Les résultats de notre enquête
indiquent que 66 % (125 des 189 répondantes) avaient entendu parler de lesbiennes
qui avaient été maltraitées par leur compagne.
On note que 37 des 189 répondantes se percevaient comme ayant subi des mauvais
traitements. Il s'agissait, de façon prédominante, de différentes formes de
violence psychologique ou affective. Parmi ces mêmes répondantes, 20 signalaient
l'un ou l'autre type d'agression physique par une partenaire, et quatre femmes
disaient avoir été victimes d'agressions sexuelles dans le couple.
Chez les femmes qui admettaient avoir connu des mauvais traitements dans leurs
relations, 38 % avaient consulté une conseillère pour savoir comment réagir
face à la violence. Cependant, rares étaient celles qui avaient fait appel à
des services traditionnels sur le plan médical, social ou juridique. Par exemple,
aucune des répondantes ne s'était tournée vers les lignes d'écoute téléphonique,
les refuges ou la police. Seules six femmes (16 %) parmi celles qui avaient
reconnu des manifestations de violence dans leurs relations avaient cherché
de l'aide auprès des services médicaux et juridiques. La majorité des répondantes
10
déclaraient que les responsables et intervenants des services sociaux, des
services de santé et de la police devraient être formés afin de pouvoir répondre
à ces problèmes et situations.
La majorité des répondantes de notre enquête étaient des lesbiennes sans handicap
physique, de race blanche et de classe moyenne. Cet échantillon n'est pas représentatif
de la diversité culturelle et socioéconomique que l'on retrouve chez les lesbiennes.
En outre, cet échantillon restreint ne nous fournit pas suffisamment de renseignements
pour que nous puissions formuler des commentaires justes et concluants sur la
violence et les mauvais traitements dans l'ensemble de la population lesbienne.
Notre recherche doit être considérée comme une première exploration de la question.
Mythes à propos de la violence
La violence dans les relations lesbiennes fait l'objet de nombreuses explications
qui sont basées sur des mythes. En général, ces mythes reflètent en les perpétuant
des stéréotypes, des craintes et des préjugés.
Voici quelques-uns des mythes courants :
Les relations lesbiennes ne sont jamais violentes. Faux. Malgré la
présomption que les lesbiennes sont compréhensives et empathiques les unes envers
les autres, la violence existe dans certaines relations.
La violence lesbienne ne se produit que dans des relations où les partenaires
sont respectivement de type « garçonne » et de type « très
féminine » - la « garçonne » étant l'agresseuse et la partenaire
« féminine », la victime. Faux. Outre le fait que la plupart
des lesbiennes n'adoptent pas explicitement le modèle « garçonne-féminine
», les rôles mêmes ne désignent pas laquelle des partenaires a le plus
de pouvoir ou désire dominer l'autre.
La violence entre lesbiennes est réciproque. Les deux partenaires contribuent
également à la violence. Faux.
Cette idée découle de la croyance que les relations lesbiennes constituent
toujours un partenariat à égalité. Les relations violentes comportent le plus
souvent une agresseuse et une victime. L'agresseuse ne se distingue pas par
sa taille, sa grandeur ou son âge. L'obligation de se défendre contre une
11
agression ne fait pas de la partenaire maltraitée l'initiatrice de ces actes
ou une participante à titre égal.
Les relations lesbiennes à caractère violent mettent en jeu des personnes
apolitiques ou des membres de la culture lesbienne des bars. Faux. En fait,
la violence dans les relations lesbiennes n'est pas restreinte à un «
type » particulier de lesbiennes. La violence ne connaît pas de démarcation
de race, de classe, d'âge, d'opinions politiques ou d'intérêts.
Chez les lesbiennes, la violence est causée par l'abus d'alcool et d'autres
drogues, le stress, les mauvais traitements subis pendant l'enfance ou la provocation.
Faux. Même si de tels facteurs peuvent aider à expliquer pourquoi l'agresseuse
agit comme elle le fait, il n'y a pas de rapport simple de cause à effet. L'agresseuse
a le choix. Elle est responsable de son comportement et elle peut le modifier.
Il n'y a pas d'excuse ou de justification pour la violence.
Les sections qui suivent ont pour objet de donner des lignes directrices aux
lesbiennes, à leurs amis, à leur famille et aux professionnels qui interviennent
dans les situations de violence.
Si vous êtes victime de violence
Le cycle de la violence
Lorsqu'un schème de violence apparaît dans leur relation, beaucoup de femmes
ne s'en rendent pas compte. Elles pensent plutôt que les comportements violents
sont des incidents isolés, sans rapport les uns avec les autres. Pourtant, les
manifestations de violence suivent souvent un cycle, de sorte que les épisodes
de violence sont entrecoupés par des périodes de calme et d'harmonie, caractéristiques
des éléments positifs qui ont, au départ, rapproché les deux femmes. Mais le
schème qui s'installe peut devenir prévisible et constituer une source de tensions,
même en dehors des épisodes de violence.
On peut décrire le cycle de la violence de la façon suivante. La tension peut
apparaître dans une relation sous forme, par exemple, de désaccords mineurs.
La tension continue de s'accentuer (pendant des heures, des jours, parfois des
mois) jusqu'à ce qu'une « explosion » se produise. Il y aura alors
une certaine forme d'agression physique, psychologique ou sexuelle. Il peut
s'ensuivre une accalmie. L'agresseuse peut vous offrir des cadeaux ou faire
quelque chose de spécial pour vous. Souvent, elle se montrera désolée de ce
qui s'est produit. Mais, graduellement, cela changera. Les petits incidents
se multiplieront, la tension s'intensifiera et le cycle recommencera. Il se
peut que, toutes les deux, vous vouliez croire chaque fois que les mauvais traitements
ne se reproduiront plus. C'est pourtant habituellement le contraire.
Évidemment, les mauvais traitements n'obéissent pas toujours à un schème ou
à
12
un cycle. Il arrive que des incidents de violence se produisent sans aucun
signe avertisseur ou sans escalade, et sans être suivis d'une période d'accalmie
ni d'expressions de repentir chez l'agresseuse. Dans d'autres cas, la tension
sera présente en permanence. Mais, dans bien des cas et parce que les mauvais
traitements peuvent obéir à un schème, il y a des signes avant-coureurs pouvant
vous indiquer qu'il est temps de prendre des mesures pour vous protéger, dans
la mesure du possible.
Certains indices peuvent vous aider à reconnaître l'approche d'un incident
de violence.
Essayez de vous souvenir des actes de votre partenaire qui ont préludé aux
mauvais traitements dans le passé et tenez-en compte s'ils se représentent.
Par exemple, le type de choses exprimées par votre partenaire, la manière dont
elle les exprime ou dont elle agit à votre égard, ou encore certaines activités
(p. ex. boire) ou certains gestes (claquer la porte ou lancer des objets).
Remarquez vos propres signaux internes, qui vous préviennent du danger. On
peut voir des exemples de ce phénomène dans l'intensification des craintes;
dans la présence de tensions, d'inquiétudes et d'irritabilité; dans le changement
subit de ce que vous dites ou de ce que vous faites, parce que vous avez peur
des réactions de votre partenaire.
Effets des mauvais traitements
Ce que nous savons déjà des effets qu'ont les mauvais traitements sur les
femmes dans le cadre des relations hétérosexuelles aide à prévoir les conséquences
des mauvais traitements infligés à une lesbienne par sa partenaire. En outre,
il faut reconnaître que, chez les lesbiennes, les facteurs de l'homophobie et
de l'oppression intériorisées complexifient les conséquences de la violence.
Il peut en résulter des blessures, entraînant parfois des problèmes de santé
à long terme.
Les sévices sont presque toujours accompagnés de manifestations de mauvais
traitements affectifs (qui se situent au-delà de la nature intrinsèquement violente,
d'un point de vue affectif, de l'acte physique violent). En fait, la violence
peut être surtout ou exclusivement de nature psychologique et affective. Les
réactions d'une femme à la violence peuvent se manifester dans l'immédiat, mais
les suites peuvent aussi persister longtemps après la fin des mauvais traitements.
Les réactions de la victime sont d'abord liées aux réactions des autres et,
également, à la façon dont le milieu en général répond à la divulgation des
mauvais traitements.
Il est parfois difficile de démêler les effets émotifs découlant de la violence
subie et les autres problèmes avec lesquels les femmes peuvent être aux prises.
Voici quelques-uns des effets des mauvais traitements que les femmes signalent
le plus souvent :
Autoaccusation. La plupart des femmes qui sont violentées croient qu'elles
ont causé ces actes et qu'elles peuvent d'une façon ou d'une autre les faire
cesser. La victime peut se sentir coupable de n'avoir pu faire un succès de
la relation.
Anxiété, tension, manque d'énergie, dépression, insomnie, fluctuations
de l'appétit.
Maux et douleurs physiques (maux de tête, par exemple), malaises et autres
difficultés non directement attribuables à des blessures physiques.
Honte. La victime a probablement honte de ce qui s'est produit, sentiment
qui peut l'empêcher de se confier à quiconque.
Piètre estime de soi et manque d'assurance. Les mauvais traitements
entraînent presque toujours chez la victime d'intenses sentiments d'infériorité
et d'indignité. Ces sentiments peuvent s'étendre à d'autres secteurs de sa vie,
en colorant ce qu'elle pense de sa propre valeur et de sa
13
capacité de bien mener sa vie. Certaines lesbiennes ont déjà une image de
soi négative provenant de l'intériorisation des messages sociaux, qui déprécient
et rejettent le lesbianisme. En soi, cela peut empêcher la femme de chercher
de l'aide ou de parler à d'autres des mauvais traitements subis. Elle peut même
en venir à croire que, parce qu'elle est lesbienne, elle mérite en quelque sorte
des actes de violence et n'est pas digne d'être aidée. Ces sentiments viennent
parfois s'ajouter à ceux qu'entretiennent déjà les lesbiennes d'autres groupes
ethniques et les lesbiennes ayant une incapacité.
Sentiments d'impuissance et de désespoir. La victime peut se sentir
de plus en plus démunie si ses efforts pour mettre fin aux mauvais traitements
échouent.
Colère. Elle peut avoir de la difficulté à exprimer sa colère à la
suite des mauvais traitements. Elle peut aussi retourner ces sentiments de colère
contre elle.
Isolement des autres. La femme maltraitée peut s'isoler ou se sentir
isolée de ses amis, de sa famille, des ressources et de la communauté (p. ex.
ethnique, raciale, religieuse ou sociale). Son isolement peut découler des menaces
et de la manipulation de l'agresseuse; de la volonté de garder secrète la nature
de la relation; d'un sentiment de honte à l'égard des mauvais traitements qu'elle
subit.
Crainte que les autres ne reconnaissent pas qu'il s'agit de mauvais traitements.
Certaines femmes ont constaté que, lorsqu'elles parlaient à d'autres des mauvais
traitements subis, la violence était parfois minimisée, excusée ou justifiée.
Cette réaction les laissait dénuées de ressources proches et avec l'impression
d'avoir en elles-mêmes quelque chose de répréhensible.
Crainte d'autres incidents de violence de la part de l'agresseuse.
Autocontrôle et hypervigilance. La
victime peut censurer ou déguiser ses paroles et ses actes pour essayer de
prévenir d'autres mauvais traitements.
Évitement de certaines situations sociales. Si la femme violentée a
mis fin à la relation où elle était victime, elle peut éviter certaines occasions
où elle pourrait rencontrer son ex-partenaire. Elle peut aussi éviter les situations
où elle pourrait voir des amis communs, qui pourraient ne pas se montrer compréhensifs
ou vouloir rester neutres.
Situations d'urgence
Votre sécurité personnelle passe avant tout. Si votre partenaire s'est montrée
violente ou si vous croyez qu'elle peut le devenir, munissez-vous d'un plan
de sauvetage.
La violence ne se manifeste pas forcément par une agression physique directe
sur votre personne. L'agression psychologique peut tout autant faire peur et
être aussi dévastatrice. Votre plan de sauvetage vaut pour ces situations également.
Vous pouvez opter pour l'une ou l'autre de ces mesures ou pour leur ensemble
:
Éloignez-vous des lieux. Rendez-vous au lieu sûr le plus proche et
appelez à l'aide.
Appelez la police (911). L'agression est un délit, et vous pouvez porter
une accusation. Vous pouvez demander à la police de rester et de maintenir la
paix au moment de votre départ ou si vous revenez ultérieurement pour prendre
vos effets.
Faites une valise à l'avance et soyez prête à vous en aller. Ayez sous
la main une petite somme d'argent, des cartes d'identité, des cartes de crédit,
des clés de voiture supplémentaires et des vêtements. Il pourra être préférable
de dissimuler la valise à l'extérieur de la maison ou de la remettre à quelqu'un
en qui vous avez confiance.
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Mémorisez les numéros de téléphone importants.
Ayez en tête un endroit où vous pourrez séjourner.
Communiquez avec la ligne secours pour les femmes agressées de votre région.
Rendez-vous à un refuge pour femmes battues.
Emmenez vos enfants avec vous. Ils ont
besoin de protection. Ils courent peut-être aussi le risque d'être maltraités
par votre partenaire.
Il est important de savoir que, en situation d'urgence, vous n'obtiendrez
peut-être pas une aide qui tienne compte de votre situation particulière ou
de votre orientation sexuelle. Le personnel du service d'urgence peut ne pas
être réceptif à l'égard des lesbiennes ou des femmes en général. Soyez préparée
à cette éventualité.
Demander de l'aide
A. Après la crise initiale, il est important que vous cherchiez d'autres
sources de soutien.
Parlez à quelqu'un de ce qui vous arrive. Vous n'avez aucune raison
de vous condamner à l'isolement. Allez chercher du soutien chez vos amis, chez
les membres de votre famille, auprès d'organismes d'aide aux lesbiennes et aux
homosexuels, auprès des services et des lignes secours pour les femmes agressées.
Certains de vos proches peuvent ne pas savoir comment réagir ou ne pas vouloir
prendre parti en vous appuyant ouvertement. Cherchez à voir quelqu'un qui peut
vous aider. Rappelez-vous qu'il est important pour vous de trouver quelqu'un
de fiable et de sûr à qui parler. Si vous vivez dans une petite agglomération
où les ressources sont rares, il vous faudra peut-être chercher de l'aide en
dehors du circuit habituel.
Renseignez-vous sur les autres ressources que possède votre collectivité,
pour le cas où vous auriez besoin d'y faire appel. Il est possible que vous
ayez un jour besoin des services d'un centre médical, d'une agence de placement,
d'une garderie, d'un centre de jour, par exemple. Il est important de savoir
que ces ressources existent et de quelle façon vous pouvez y avoir accès.
Renseignez-vous sur les droits qui vous sont reconnus par la loi. Il
se peut que vous ayez besoin de la protection de la loi ou de la police. Ces
services peuvent être intimidants; aussi, dans la mesure du
15
possible, faites-vous accompagner d'une autre personne qui vous appuiera.
Si vous n'avez pas les moyens d'engager un avocat, sachez qu'il existe des services
d'aide juridique. Vous pouvez vous informer sur les modalités de l'aide juridique
en vous adressant à une clinique d'aide juridique.
Ayez recours à des services de counseling. Il est important que vous
trouviez une conseillère : a) qui connaisse bien les problèmes des lesbiennes
et ait de l'empathie à leur égard; b) qui possède de l'expérience professionnelle
dans le secteur de la violence faite aux femmes. Cette conseillère peut vous
aider à repérer d'autres ressources dont vous aurez peut-être besoin. Il existe
des guides, que l'on peut se procurer dans la plupart des librairies spécialisées
dans les questions féminines, sur la façon de choisir une conseillère.
Devenez membre d'un groupe de soutien. Le meilleur groupe qui convienne
est un groupe composé de lesbiennes qui ont survécu aux mauvais traitements
dans le cadre d'une relation. Mais ce genre de groupe n'existe peut-être pas
dans votre région. Nous ne savons pas au juste si les groupes d'aide aux femmes
agressées en général se montreraient accueillants à l'égard d'une lesbienne.
L'adhésion à ce genre de groupe doit faire l'objet d'une réflexion approfondie.
Il faudrait que l'animatrice défende sincèrement et de façon active le lesbianisme,
et qu'elle soit disposée à informer les membres du groupe sur le sujet ainsi
que sur les similitudes et les différences entre les problèmes auxquels vous
faites face et ceux auxquels sont confrontées les hétérosexuelles.
Restez active. Dans la mesure du possible, continuez à participer à
des activités et passe-temps personnels afin de briser votre isolement et d'affirmer
votre assurance et votre autonomie.
Souvenez-vous :
Vous n'avez aucune prise sur le comportement de votre partenaire et ne pouvez
pas le changer. Elle doit assumer la responsabilité de ses actes. Personne n'a
le droit de vous maltraiter. Rien ne vous oblige à rester seule face à la violence.
Vous pouvez parler à quelqu'un de ce qui vous arrive.
B. Parents et amis peuvent aider.
Si une femme en butte à de mauvais traitements vous demande de l'aide, voici
des avenues possibles :
Écoutez-la. Laissez-la parler de ce qui s'est produit. Reconnaissez
que personne n'a le droit d'infliger de mauvais traitements à quelqu'un d'autre.
Ne minimisez pas la gravité de ce qui s'est produit et n'invoquez pas d'excuses
pour les mauvais traitements.
Si vous connaissez les deux femmes en cause et avez de bons rapports avec
elles, ne vous préoccupez pas de « prendre parti pour l'une ou pour l'autre
». Ce n'est pas prendre parti que de dispenser de l'aide et du soutien
à votre amie dans sa recherche de ressources.
Respectez le caractère confidentiel de ce qu'elle vous raconte.
Aidez-la à trouver un endroit sûr où séjourner. Sa sécurité est de
première importance. Pendant cette crise, il sera utile que vous demeuriez calme
et que vous l'aidiez à déterminer des options, par exemple un refuge.
Appuyez-la si elle décide d'appeler la police. Aidez-la à repérer d'autres
ressources, par exemple des services de counseling et d'aide juridique.
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Dites-lui clairement jusqu'à quel point vous êtes capable de l'aider et
de quelles façons vous pouvez le faire.
N'abusez pas de sa confiance. Dites-le-lui si vous avez l'intention de faire
quoi que ce soit et, le cas échéant, de quoi il s'agit.
Appuyez ses décisions, même si vous n'êtes pas entièrement d'accord
avec elle, à moins que, bien sûr, ces décisions ne comportent des éléments clairement
dangereux, préjudiciables ou illégaux.
Montrez-lui du respect. Ne vous sentez pas insulté (e) si vos conseils
ne sont pas suivis.
Soyez attentive ou attentif à vos propres sentiments et réactions. Si
vous êtes lesbienne, cette situation peut être difficile à affronter pour vous.
Vous pourrez être davantage portée à expliquer l'incident qu'à admettre que
la violence peut se manifester dans des relations lesbiennes. Si vous n'êtes
pas lesbienne, réfléchissez à vos présomptions. Elles peuvent refléter l'adhésion
à certains mythes quant aux relations lesbiennes.
D'après les conclusions de notre enquête, près du tiers des agresseuses avaient
aussi demandé de l'aide à des amis. Si une personne qui a été violente se
confie à vous :
Dites-lui clairement que les actes de violence et les mauvais traitements
sont inacceptables. Les agresseuses croient souvent qu'il suffit de présenter
des excuses pour résoudre le problème. Ce n'est pas le cas.
Offrez-lui du soutien et encouragez-la à trouver de l'aide et des conseils
en ce qui la concerne personnellement. Elle doit assumer la responsabilité
de changer de comportement.
Aidez-la à trouver une conseillère, un groupe de soutien ou d'autres ressources
communautaires qui travaillent auprès des agresseuses. Il
est possible qu'elle doive régler d'autres problèmes, par exemple l'alcoolisme,
la toxicomanie ou des antécédents de violence familiale. Bien que ces facteurs
ne constituent pas des excuses, des prétextes ou des causes pour les actes de
violence d'une agresseuse, ce sont tout de même des questions dont il faudra
qu'elle s'occupe.
Restez en contact avec elle et dispensez-lui un soutien continu dans sa
recherche d'aide et dans ses efforts pour mettre fin à ses comportements violents.
La communauté peut l'isoler en raison de son comportement, et elle-même
pourrait se retrancher, sans chercher l'aide dont elle a besoin.
C. Si vous êtes portée à la violence
Vos actes de violence expriment toute une gamme d'émotions. Vous pensez peut-être
ne ressentir que de la colère. Ce n'est pas vrai. Vous ressentez probablement
une foule d'émotions intenses, telles que vulnérabilité, anxiété, crainte, confusion
et impuissance. Lorsque vous avez recours à la violence pour gommer vos sentiments
de malaise, c'est pour sentir que vous dominez de nouveau la situation - mais
c'est aux dépens de quelqu'un d'autre. À moins que vous ne preniez conscience
des émotions qui engendrent de la violence chez vous, il est probable que votre
comportement violent se manifestera encore et encore.
Voici quelques-unes des mesures que vous devez prendre si vous voulez vraiment
mettre fin à votre comportement violent :
Assumez la responsabilité de vos actes et soyez prête à en subir les conséquences.
Cessez de blâmer votre partenaire ou d'autres facteurs de votre vie, tels
que l'alcool ou les drogues, le stress lié au travail, les problèmes de la vie
ou votre passé. Votre partenaire n'est pas responsable de ces problèmes. Ce
n'est pas votre partenaire qui vous fait agir de façon
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violente. Vous-même choisissez d'être violente. Vous pouvez aussi apprendre
à être non violente. La réponse, ce n'est pas de faire des excuses et de montrer
du regret. La « réconciliation » n'est une solution que temporairement,
et elle n'empêchera aucunement d'autres épisodes de mauvais traitements. Votre
partenaire ne veut pas être maltraitée, et il est probable qu'elle vous quittera
si vous continuez dans cette voie. Si vous désirez avoir des relations saines,
vous devrez changer pour de bon.
Reconnaissez que vous commettez un délit. L'agression contrevient à
la loi, et vous pouvez en être reconnue coupable. Vous n'avez pas le droit de
maltraiter votre partenaire.
Demandez à une conseillère de vous aider. Vous pouvez changer. Vous
aurez besoin d'aide pour comprendre votre comportement violent et y mettre fin,
ainsi que pour apprendre de nouvelles manières de réagir. Vous devrez confronter
les divers problèmes que vous avez invoqués comme prétextes de votre comportement
et les régler - le fait par exemple de rejeter le blâme sur votre partenaire,
sur l'alcool, sur les drogues ou sur une enfance malheureuse.
Apprenez à vous comporter d'une autre façon. Vous pouvez recourir à
toutes sortes de prétextes pour expliquer et justifier votre violence. Voici
une explication courante : « J'ai perdu la maîtrise ». Aucun motif
et aucun prétexte ne sauraient justifier la violence. La violence est un moyen
dangereux, inspirant la frayeur, que vous utilisez pour vous assurer la maîtrise
d'une situation et dominer votre partenaire. Les mauvais traitements ne se limitent
pas à des coups physiques. Les comportements affectivement cruels et méprisants
à l'égard de votre partenaire sont extrêmement blessants et aussi préjudiciables
que les sévices. Vous pouvez apprendre de nouveaux moyens de composer avec vos
sentiments
et de vous dominer. Voici certaines des mesures initiales que vous pouvez
prendre :
Revenez sur l'incident lorsque vous vous êtes montrée violente. Déterminez
ce qui s'est produit, ce que vous pensiez et ressentiez et ce que vous faisiez
avant de donner libre cours à la violence.
Apprenez à reconnaître les signes ou signaux qui indiquent que vous pouvez
devenir violente. Optez pour des solutions de rechange, comme de vous éloigner
sur-le-champ des lieux, communiquer avec une ligne secours ou une conseillère.
Mettez fin à la relation si nécessaire, pour que cessent les mauvais traitements
dont vous êtes l'auteure.
D. Comment les professionnels peuvent intervenir
II est essentiel que les professionnels et les fournisseurs de soins examinent
leurs propres perceptions et sentiments au sujet des lesbiennes; qu'ils reconnaissent
leurs propres réactions homophobes et les surmontent. Il est primordial d'examiner
de près nos réactions afin de changer celles qui sont dues à l'ignorance et
à des stéréotypes négatifs.
Dans les situations de violence, une des grandes différences entre les lesbiennes
et les hétérosexuels est le poids du contexte politique et social - ce qui comprend
l'existence de l'homophobie et de l'hétérosexisme.
L'homophobie est la crainte et la haine irrationnelles et souvent inconscientes
des lesbiennes et des homosexuels et la peur de se rapprocher d'une personne
du même sexe. Par exemple, on fait preuve d'homophobie si l'on adhère aux mythes
à propos des lesbiennes ou si l'on envisage d'aider une lesbienne sans tenir
compte des aspects positifs de son identité, en s'axant plutôt sur ses côtés
négatifs. L'hétérosexisme se fonde sur les
18
structures et institutions de notre société, qui établissent et perpétuent
l'hétérosexualité comme norme. Comme exemple d'hétéro-sexisme, prenons les questions
des formulaires qui présupposent que toutes et tous sont hétérosexuels, p. ex.
: Quel est votre état matrimonial?
L'homophobie et l'hétérosexisme nous affectent toutes et tous - que nous soyons
lesbiennes, homosexuels ou hétérosexuels, que nous nous trouvions ou non dans
une situation de violence, que nous soyons des amis, fournisseurs de services
sociaux, travailleurs en soins de santé, membres des forces policières, travailleurs
du domaine juridique ou juges.
Lorsque nous travaillons auprès de lesbiennes vivant une relation de violence,
il est important de se souvenir que les nombreuses raisons qu'une femme peut
avoir de demeurer dans une situation de violence sont les mêmes, qu'elle soit
lesbienne ou hétérosexuelle.
La partenaire violente peut être charmante, être d'une grande aide affective,
se montrer attentive, amicale et sociable entre les épisodes de violence. Tout
comme dans les relations hétérosexuelles, il peut y avoir des facteurs d'ordre
financier qui empêchent la victime de partir. Elle peut continuer à se blâmer
des mauvais traitements ou croire que si elle persiste dans ses efforts pour
comprendre et aider l'agresseuse, elle arrivera à faire cesser les mauvais traitements.
Toutefois, une foule d'autres raisons font que les lesbiennes vivant des situations
de violence y demeurent, notamment les problèmes de divulgation et la crainte
de s'attirer des difficultés supplémentaires une fois révélée leur orientation
sexuelle. L'homophobie intériorisée par une lesbienne peut parfois faire beaucoup
de tort à son estime de soi.
On entend par homophobie intériorisée
le fait de croire que les mythes et stéréotypes négatifs à propos de son propre
lesbianisme sont dignes de foi. La crainte de réactions homophobes aussi bien
que l'homophobie intériorisée peuvent isoler les couples lesbiens et imposer
à leurs relations des tensions considérables. La crainte de l'homophobie influe
sur la capacité d'une lesbienne violentée de s'adresser aux services sociaux
et à l'appareil judiciaire. Cette crainte intensifie la peur de la victime de
ne pas être crue, de ne pas recevoir de réactions adéquates aux mauvais traitements
subis et de voir imposer, à elle-même et à sa partenaire, des sanctions du fait
qu'elles sont lesbiennes.
De plus, une lesbienne peut être persuadée que les femmes ne sont pas violentes
et, par conséquent, excuser ou nier les manifestations de violence. Pour la
lesbienne victime de mauvais traitements, quitter sa partenaire ou renoncer
à la relation peut apparaître comme une défaite face au stéréotype négatif selon
lequel les relations lesbiennes sont de nature pathologique ou éphémère.
Voici des lignes directrices et un rappel de certains faits dont il faut
tenir compte lorsque l'on travaille auprès des lesbiennes :
1. Ne supposez pas d'emblée que la femme maltraitée a un homme pour partenaire.
Lors de ses premiers contacts avec vous, la lesbienne peut déguiser le sexe
de l'auteure des mauvais traitements. Elle sera plus susceptible de révéler
que la personne violente est une autre femme une fois que sera engagé le processus
d'aide, particulièrement si vous employez un vocabulaire démontrant que vous
ne tenez pas pour acquis que la personne violente est nécessairement un homme
et que vous ne portez pas de jugement sur son orientation.
19
2. Lors de la divulgation, il est très important que vous adoptiez
une attitude d'acceptation quant à son orientation sexuelle et que vous continuiez
à l'appuyer dans son acceptation d'elle-même comme lesbienne. Une lesbienne
peut se méfier de toute personne qu'elle perçoit comme homophobe. Elle peut
aussi être plus susceptible de chercher de l'aide auprès d'une femme que d'un
homme. Un problème clinique peut survenir au début des consultations : elle
peut faire preuve d'une grande prudence et de méfiance à l'égard des aidantes
en raison des mauvais traitements infligés par sa partenaire.
3. Ayez conscience des principaux mythes qui ont cours à propos
des relations lesbiennes.
4. En priorité, il faut d'abord évaluer les problèmes de sécurité
et aider à établir un plan de protection.
5. Documentez les mauvais traitements et examinez les problèmes
d'ordre médical et légal qui se posent, comme vous le feriez dans le cas de
toute femme agressée.
6. La lesbienne victime de mauvais traitements insistera probablement
sur le caractère confidentiel de son orientation sexuelle. Il lui revient,
à elle et à elle seule, d'en parler à des membres de sa famille, à des fournisseurs
de soins, à ses enfants, à des amis, à des collègues de travail ou à des membres
de son groupe ethnique ou racial. Ce qu'elle choisit de faire doit être respecté
et appuyé. L'assurance que vous respecterez et soutiendrez ses décisions quant
à la divulgation devra lui être répétée. Sachez que :
• elle peut ne pas se sentir capable de demander de l'aide aux membres de
sa famille si elle ne leur a pas révélé son lesbianisme ou si elle en a reçu
des réactions négatives;
• elle peut craindre que les membres de sa famille condamnent son orientation
aussi bien que la relation;
• elle peut également craindre de faire de la peine aux membres de sa famille
en leur révélant son lesbianisme;
• elle peut avoir peur de perdre son emploi si son lesbianisme est révélé
au cours du processus d'intervention en réponse aux mauvais traitements.
La lesbienne aura besoin d'un supplément d'appui et de counseling en ce qui
concerne la divulgation de son orientation sexuelle, afin d'avoir accès à une
maison d'hébergement, aux services policiers et à l'appareil judiciaire. La
plupart des maisons d'hébergement ne sont pas dotées de politiques et de procédures
pouvant garantir la sécurité ou empêcher l'agresseuse de la trouver ou de pouvoir
entrer au foyer. Une fois au courant de la situation, les responsables prendront
toutefois les précautions nécessaires. On n'a pas non plus de garantie que les
responsables de la police ou les travailleurs du domaine juridique réagiront
de façon non homophobe, sans poser de jugement. La défense des droits de cette
personne pourra constituer une part importante de votre travail. Il faut que
vous gardiez à l'esprit certains faits, par exemple :
• elle peut avec raison craindre de perdre la garde de ses enfants ou des
enfants de sa partenaire;
• elle peut craindre la perte de son statut d'immigrante ou de son parrainage;
• s'il s'agit d'une femme d'un autre groupe racial, elle peut craindre des
réactions racistes et discriminatoires.
7. L'autoaccusation, la culpabilité et la honte sont des réactions affectives
courantes chez la femme victime de mauvais traitements dans ses relations.
Ce sont là des sujets qu'il sera primordial d'aborder lors des séances de
counseling. La cliente aura besoin de raconter en détail ce qui lui est arrivé
et d'exprimer la multitude de
20
sentiments qu'elle éprouve à ce sujet. Pour ce faire, elle doit avoir le sentiment
de se trouver dans un milieu sécuritaire et réceptif. Elle a besoin de savoir
qu'elle n'est pas responsable des mauvais traitements subis. Elle voudra arriver
à comprendre sa situation et continuer à prendre des décisions sur ce qu'elle
devra faire.
Il peut être précieux pour cette personne de savoir qu'elle n'est pas la seule
à vivre ce type d'expérience, que d'autres ont subi le même genre de mauvais
traitements. Il lui sera aussi utile de comprendre que les mauvais traitements
sont un moyen pour sa partenaire d'acquérir et de maintenir du pouvoir sur elle
et de la dominer. En filigrane du processus d'aide à la cliente, il y a la nécessité
de l'aider à reprendre confiance en elle et à restaurer son estime de soi, de
façon à ce qu'elle puisse reprendre sa vie en main.
8. Il vous faut savoir que, au sein des communautés lesbiennes,
il peut y avoir une certaine idéalisation des femmes et des relations lesbiennes.
Il est donc possible que l'on y soit réticent à reconnaître la gravité de
la violence dans les relations ou que l'on y ait tendance à la minimiser.
9. L'agression sexuelle et les relations sexuelles forcées ne sont
pas des formes de violence inhabituelles. C'est là un sujet important à
explorer pour les personnes fournissant des soins et à propos duquel la femme
violentée doit être autorisée à parler. Nous avons constaté qu'il est particulièrement
difficile pour les lesbiennes de révéler cette forme de violence, tout comme
il est pénible pour les hétérosexuelles d'en parler. Les personnes dispensant
des soins doivent non seulement être elles-mêmes à l'aise pour explorer cet
aspect des mauvais traitements, mais aussi accepter de revenir sur ces questions
avec la cliente, qui hésitera probablement à l'aborder au début.
10. Il pourra vous être utile de consulter une thérapeute lesbienne
qui connaît à fond le sujet de la violence et des mauvais traitements.
11. Il faut envisager la possibilité d'établir un réseau d'appuis
sociaux. Il peut exister, au sein de la communauté lesbienne, des ressources
pouvant aider la cliente. Il est souhaitable que celle-ci soit aiguillée vers
un groupe de soutien pour lesbiennes qui ont été victimes de mauvais traitements.
À l'heure actuelle, il n'existe pas un grand nombre de groupes de cette nature.
Par conséquent, si une lesbienne demande à faire partie d'un groupe surtout
composé d'hétérosexuelles, il est essentiel que les responsables du groupe facilitent
son intégration. Les responsables doivent être disposées à aider en soulevant
des questions propres au lesbianisme dans le groupe. Les membres du groupe doivent
être informés de façon adéquate sur la question, savoir que la violence se manifeste
dans tous les secteurs de la société, peu importe l'orientation sexuelle, la
race et la classe, et que l'homophobie, tout comme la misogynie, opprime toutes
les femmes. Lorsque vous établirez des réseaux de soutien, vous n'oublierez
pas :
• De vous renseigner sur le lesbianisme ainsi que sur les ressources que la
communauté lesbienne a à offrir et auxquelles votre cliente pourrait avoir accès.
• Que votre cliente peut ne pas se dire lesbienne, mais se voir plutôt comme
amoureuse d'une femme en particulier. Elle peut donc ne pas pouvoir compter
sur certains appuis qu'offre la communauté lesbienne.
• Que l'identification première de certaines femmes d'autres groupes raciaux
ou ethniques sera peut-être d'ordre racial ou ethnique. Leur identification
comme lesbienne peut n'être pas aussi pertinente.
21
• Que les lesbiennes ayant une incapacité ont besoin de plus de soutien parce
qu'elles se disent souvent opprimées et dévaluées en raison du sexisme, de l'hétérosexisme
et de la discrimination fondée sur l'incapacité physique.
12. Si vous faites du counseling de couple auprès de lesbiennes, menez
une entrevue distincte avec chacune des partenaires si vous soupçonnez qu'il
y a de la violence dans leur relation. Une fois que les mauvais traitements
ont été révélés, n'entamez pas de counseling de couple à moins que les mauvais
traitements aient pris fin depuis un certain temps, que l'agresseuse reçoive
de l'aide et que sa partenaire n'ait plus peur d'elle. Autrement, vous risqueriez
de perpétuer les mauvais traitements.
Documentez-vous sur le sujet. Sachez qu'il y a des lesbiennes dans toutes
les strates sociales, peu importe la race, la classe, l'âge et la profession.
Apprenez à connaître les aspects dynamiques du lesbianisme et l'éventail des
services qui existent au sein de la culture lesbienne. Il est essentiel de connaître
les côtés positifs de l'identité et de la « fierté » lesbiennes
si nous voulons éliminer les causes sociales de la violence dans les relations
lesbiennes.
Nous recommandons instamment aux responsables des refuges et maisons d'hébergement,
des lignes secours et des associations professionnelles de se procurer du matériel
éducatif et d'organiser des discussions et des ateliers sur le lesbianisme,
les moyens de désapprendre l'homophobie et l'hétérosexisme. Travaillez à établir
une ambiance où vos collègues lesbiennes et homosexuels pourront être à l'aise
et parler ouvertement de leur orientation. Tout cela contribuera à améliorer
les réactions au problème de la violence dans les relations.
Conclusion
Nous n'avons fait qu'effleurer un problème complexe et profondément enraciné.
Bien que les résultats de nos recherches soient préliminaires, il pourrait s'agir
d'un premier pas vers la compréhension de la violence dans les relations lesbiennes.
Il est important que nous continuions à « dénoncer la violence »
dans les relations lesbiennes. Nous devons aussi poursuivre notre lutte contre
l'hétérosexisme, le racisme et l'homophobie et explorer les effets de l'homophobie
et de la misogynie intériorisées sur les relations lesbiennes.
Plus précisément, les résultats de notre enquête indiquent que de nombreux
services et ressources seront nécessaires si nous voulons réagir adéquatement
à ce problème. Un grand nombre de lesbiennes ont signalé la nécessité de renseigner
la communauté lesbienne de même que de mettre sur pied des services médicaux,
juridiques et sociaux qui s'occupent du problème de la violence dans les relations
lesbiennes.
Des femmes ont également exprimé le besoin de groupes d'entraide et de groupes
de thérapie, pour les victimes d'actes de violence et aussi pour les auteures
d'agressions. Des refuges et foyers sécuritaires pour les lesbiennes sont nécessaires
outre d'autres services spécialisés, tels que des cliniques juridiques et des
centres de counseling bien informés et offrant des moyens de soutien. Dans l'ensemble,
il faudra encore beaucoup d'efforts pour apporter des éléments de solution à
ce problème. Il est peu probable
22
que des services distincts à l'intention des lesbiennes puissent être mis
sur pied d'un bout à l'autre du pays. Il incombe donc aux organismes de services
sociaux existants de réagir à ce problème. Cela peut comprendre l'embauche de
lesbiennes, la création d'un environnement plus sûr pour les lesbiennes -clientes
et employées - et des campagnes d'éducation publique qui reconnaissent la violence
contre les lesbiennes.
Par-dessus tout, les lesbiennes qui sont victimes de mauvais traitements ont
besoin de sécurité et d'appui. Les agresseuses doivent assumer la responsabilité
de leur comportement et chercher de l'aide. Les professionnels et personnes
dispensant des soins doivent admettre l'existence de ce problème et s'assurer
que leurs services répondent bien aux besoins des lesbiennes. Les amis et les
membres des familles doivent se renseigner sur les façons dont ils peuvent apporter
du soutien.
Les mauvais traitements dans les relations lesbiennes font partie du large
éventail des manifestations de violence contre les femmes dans notre société.
Nous devons tous et toutes rompre le silence et reconnaître la violence qui
existe dans les relations lesbiennes. C'est à cette condition que nous pourrons
mettre fin au cycle de la violence.
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