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DOCUMENT DE TRAVAIL
Au-delà de l'aspect criminel :
Rapport sur la pénurie de documents de vulgarisation et d'information juridiques à l'intention des immigrantes maltraitées par leurs maris
Joanne Godin
Mars 1994f
Les opinions qui y sont exprimées sont celles de l'auteure ; elles ne reflètent pas nécessairement celles du Ministère de la justice Canada.
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SOMMAIRE
1.0 INTRODUCTION
C'est le ministère de la Justice du Canada qui a commandé le présent rapport dans le
cadre de son Programme de vulgarisation et d'information juridiques (PVIJ). Par ce programme,
le Ministère s'est donné pour mission de promouvoir, pour toutes les Canadiennes et tous les
Canadiens, l'égalité d'accès à l'information sur les lois et sur le système judiciaire. L'auteure du
rapport se penche sur les besoins en matière d'information juridique des immigrantes maltraitées
par leurs conjoints, soit des membres de la société pour qui, estime-t-on, il ne semble guère
exister de documents de vulgarisation et d'information juridiques (VIJ), qui leur seraient pourtant
précieux. Elle fonde ses constatations sur une analyse de la documentation qui traite des
agressions subies par les épouses, notamment par les immigrantes, ainsi que sur les résultats
d'entrevues téléphoniques réalisées auprès de prestataires de services, de représentants des
gouvernements fédéral et provinciaux et de spécialistes en VIJ d'un peu partout au Canada. Les
recherches ont été effectuées à la fin de 1992 et au début de 1993.
1.1 Groupe de travail sur la VIJ relative à l'agression contre l'épouse
En 1992, Justice Canada a invité des représentants de ministères fédéraux, soit
Emploi et Immigration, Multiculturalisme et Citoyenneté, le Secrétariat d'État ainsi que
Santé et Bien-être social, et d'autres de Condition féminine Canada, à unir leurs efforts en
vue de préparer des documents de VIJ à l'intention des épouses maltraitées. Le Groupe de
travail sur la VIJ ainsi formé, qui a tenu sa première réunion en octobre 1992, s'est donné
pour mission de répondre aux besoins des femmes immigrantes, handicapées et
autochtones. Ses premiers travaux portent sur l'information destinée aux immigrantes.
1.2 Structure du rapport
La première partie du rapport donne un aperçu du mandat du ministère de la
Justice en matière de vulgarisation et d'information juridiques. Suivent un exposé sur la
situation de nombreuses immigrantes maltraitées par leurs conjoints et un inventaire de
leurs besoins d'information juridique, assorti de stratégies visant à y répondre et fondées
sur les constatations tirées d'une analyse de la documentation existante. La deuxième
partie propose les grandes lignes d'une brochure destinée aux immigrantes, qui pourrait
être publiée dans chacune des langues des communautés ethniques comptant beaucoup
d'immigrés de fraîche date. La dernière partie du rapport est une analyse commentée des
documents de vulgarisation et d'information juridiques et d'autres ouvrages sur l'agression
contre l'épouse. L'auteure a axé ce travail sur les ouvrages qui répondent aux
préoccupations des immigrantes, tout en s'efforçant d'englober ceux dont pourraient se
servir avec profit les chercheurs qui élaborent des documents de VIJ pour ce groupe de
femmes.
Mandat de Justice Canada en matière de VIJ
Au nombre des responsabilités du ministère fédéral de la Justice figure celle
d'informer les membres du grand public sur les lois qui les touchent. Dans le document
de planification en matière de VIJ, qu'il a publié en 1990, le Ministère affirme qu'il est
nettement
... tenu d'informer le public des lois dont l'application relève de son
ministre.
En outre, à titre de principal ministère fédéral responsable des questions
juridiques, le ministère de la Justice doit promouvoir l'égalité d'accès à
l'information sur les lois et sur le système de justice en général. (Les italiques sont de l'auteure.)
Le ministère fédéral de la Justice s'acquitte de ce mandat par un programme de
VIJ qui comporte les six volets suivants :
Fonds d'accès à l'information juridique
Le Ministère aide financièrement, dans chaque province et territoire, un
organisme exclusivement voué à la VIJ, que désigne le procureur général ou le ministre
de la Justice de chaque administration. Les deux ordres de gouvernement et les
organismes bénéficiaires déterminent de concert l'utilisation de ce fonds de 1,4 million de
dollars.
Développement de l'information juridique
En 1992-1993, la coordination de la préparation et de la réalisation de documents
de VIJ par le gouvernement fédéral a englobé l'élaboration d'une stratégie sur l'agression
contre l'épouse (point de départ de cette initiative), la rédaction du présent rapport et la
mise sur pied du groupe de travail. De plus, le Ministère a été invité à conseiller
Multiculturalisme et Citoyenneté Canada sur les documents à préparer pour les Néo-Canadiens.
Il collabore en outre avec d'autres ministères à l'étude des questions
intéressant les immigrants, et il prend part à des projets de vulgarisation et d'information
juridiques à leur intention.
Recherche sur la VIJ
Le Ministère entreprend des recherches inductives et des études de
fonctionnement, souvent avec les provinces ou les territoires, ou avec un organisme de
VIJ. Il y a quelque temps, il a examiné diverses initiatives fédérales, dont des activités de
VIJ, la mise en commun de renseignements, la collecte de données et la simplification du
langage. Il a scruté le rôle possible et le fonctionnement du réseau informatisé
d'information sur la VIJ, qui dessert l'ensemble du pays, et des questions connexes. Il a
aussi dirigé des études menées par des groupes de discussion sur les besoins des immigrants et des Néo-Canadiens en matière de VIJ.
Financement des projets de VIJ
En finançant des projets, le Ministère permet aux organismes de VIJ et à d'autres
intervenants d'essayer des méthodes de VIJ, de répondre aux besoins de groupes
particuliers et d'organiser des activités de VIJ sur les questions prioritaires liées à la
justice.
Coordination, planification et élaboration de politiques de VIJ à l'échelle nationale
Le Ministère a institué un réseau national d'organismes
de VIJ, comprenant trois groupes de travail. L'un d'eux, qui s'occupe
de mise en commun de l'information à l'échelle nationale,
a constitué le réseau PLEI Net, de même qu'un système
de collecte de données de VIJ et la banque de données PLEI
Net.
Le Ministère a élaboré le Dossier de la consultation politique sur la VIJ afin de
mener une consultation nationale sur le futur programme en ce domaine. Les
consultations et activités annuelles de planification, tenues dans le réseau de VIJ de
l'ensemble du Canada, ont été bénéfiques à toutes les grandes orientations ministérielles
comportant un volet VIJ.
Centre national de documentation sur les victimes
Le Centre national de documentation sur les victimes (CNDV) est doté d'un
service national de renseignements téléphoniques sans frais sur le système de justice
pénale à l'intention des victimes d'actes criminels. À l'aide de PLEI Net, le CNDV assure
une liaison nationale entre les victimes, les employés des services qui leur sont offerts et
les gouvernements.
1.4 Pourquoi la VIJ sur l'agression contre l'épouse est-elle importante?
Toutes les femmes maltraitées par leurs maris ont besoin de connaître les droits et
les responsabilités que leur confère la loi. Peut-être souhaitent-elles savoir ce qui leur
arriverait si elles appelaient la police, et elles doivent comprendre la terminologie qui est
employée dans les dispositions législatives canadiennes sur les voies de fait, la protection
que leur offre le système judiciaire contre la répétition de ces mauvais traitements et les
incidences d'une séparation aux termes du droit de la famille. Elles peuvent aussi
s'interroger sur la garde des enfants et sur la répartition des biens matrimoniaux, sur le
droit de propriété et les autres droits que leur confère l'union de fait, ainsi que sur la
possibilité, pour la police, de restreindre l'action de leur conjoint.
Toutes celles qui ont subi des mauvais traitements doivent être renseignées sur
divers points connexes à ces questions juridiques, comme les maisons d'hébergement
pour elles-mêmes et leurs enfants, la façon de procéder au moment de quitter le foyer afin
d'assurer leur sécurité, et les possibilités d'expulser le conjoint du domicile.
1.5 Pourquoi la VIJ sur l'agression contre l'épouse est-elle importante pour les
immigrantes?
Outre les renseignements évoqués ci-dessus, les immigrantes ont besoin d'autres
informations juridiques importantes qu'il leur est plus difficile d'obtenir que pour bon
nombre d'autres Canadiennes.
Une immigrante doit examiner beaucoup de questions juridiques importantes
lorsqu'elle décide de quitter un mari agresseur ou de demeurer avec lui. En effet, outre
les dispositions légales sur les voies de fait, le droit de la famille, le divorce et la garde
des enfants, elle peut être amenée à examiner son statut d'immigrante, sa dépendance à
l'égard d'un répondant, son admissibilité à l'aide sociale en cas de rupture avec ce dernier
et la possibilité qu'elle-même ou son mari soit expulsé.
1.5.1 Statut de personne ayant obtenu le droit d'établissement
Une femme qui a obtenu le droit d'établissement est censée être protégée contre
l'expulsion en cas de rupture avec son répondant et ne pas risquer de se voir retirer ce
droit, disposition qu'ignorent beaucoup de femmes. Le mari agresseur peut brandir la
menace que sa femme risque l'expulsion ou la perte de son statut de personne ayant
obtenu le droit d'établissement si Emploi et Immigration Canada (EIC) découvre qu'elle a
rompu avec son répondant ou si elle dénonce son agresseur. Selon le rapport publié en
1992 par le Task Force on Family Violence de la Colombie-Britannique (groupe de
travail de la Colombie-Britannique) :
[TRADUCTION] Les femmes sont plus nombreuses que les
hommes à venir s'établir au Canada à la faveur d'un parrainage.
Celles que maltraitent leur mari et répondant peuvent éviter de
demander de l'aide, craignant à tort de perdre leur statut de
personne ayant obtenu le droit d'établissement.
Pour compliquer les choses, les auteurs des rares documents de VIJ, où l'on décrit
même sommairement le statut juridique des immigrantes victimes d'agressions de la
part de leur conjoint, ont tendance à affirmer catégoriquement que les femmes à qui a été
octroyé le droit d'établissement ne seront pas expulsées si elles rompent leur contrat de
parrainage. Des fonctionnaires ontariens estiment cependant regrettable qu'on trouve
semblables affirmations dans les documents destinés aux immigrantes évoquant des
cas de femmes qui ont été expulsées même si elles avaient le statut de personne ayant
obtenu le droit d'établissement.
1.5.2 Rupture du contrat de parrainage
Les immigrants parrainés peuvent avoir de la difficulté à obtenir de l'aide sociale
en cas de rupture du contrat de parrainage. Le groupe de travail de la Colombie-Britannique
cite, dans son document préliminaire de 1991, un passage tiré d'un projet de
rapport publié l'année précédente par Etherington et al., où l'on peut lire que, dans le cas des femmes victimes d'agression qui veulent faire une demande d'aide sociale,
[TRADUCTION] «les immigrantes parrainées doivent faire la preuve qu'il y a eu rupture
du contrat de parrainage pour obtenir cette aide». Cette obligation peut les inciter à ne
pas présenter de demande ou, du moins, à retarder les prestations. Les femmes sont
parfois même obligées d'obtenir d'EIC une confirmation de la rupture de parrainage.
Dans les entrevues dont ce rapport fait état, des fonctionnaires du Service public
d'éducation et d'information juridiques du Nouveau-Brunswick ont affirmé que les agents
d'immigration devaient confirmer la rupture du contrat de parrainage des femmes pour
qu'elles puissent être admissibles à l'aide sociale. Celles-ci devaient donc fournir à EIC la
preuve des mauvais traitements subis, au moyen d'un rapport de police, par exemple.
Dans un rapport paru en 1990, MacLeod et Shin affirment que, pour EIC, la rupture de
parrainage est une question de fait et ne doit pas être laissée au bon jugement des
fonctionnaires. Dans une analyse documentaire sur les problèmes particuliers des
immigrantes battues, Education Wife Assault (EWA) affirme que [TRADUCTION]
«récemment, on a demandé aux fonctionnaires de l'immigration de considérer les mauvais
traitements comme un motif suffisant de rupture du contrat de parrainage».
EWA affirme aussi que les femmes peuvent présenter une demande spéciale de
résidence permanente s'il y a rupture de leur contrat de parrainage, ce que bon nombre
d'entre elles ignorent. À cet égard, EWA dit que les fonctionnaires de l'immigration ont
une grande latitude pour décider s'il y a rupture du mariage, ce qui prête à des abus, à son
avis.
Il faudrait poursuivre les recherches sur la façon de prouver la rupture du
parrainage, sur les pratiques d'EIC et de l'aide sociale, ainsi que sur les solutions de
rechange qui s'offrent aux femmes qui vivent ces situations, afin qu'on puisse informer les
immigrantes des usages actuels.
1.5.3 Attente du statut de parrainage
Dans une de ses publications, Condition féminine Canada décrit l'usage voulant
que ce soient les hommes qui parrainent habituellement leurs épouses qui désirent entrer
au Canada. Cette description permet de mieux comprendre les problèmes inhérents à ce
long processus qui rend les immigrantes très vulnérables.
[TRADUCTION] La façon habituelle de parrainer un membre de
la famille désireux de s'établir au Canada consiste, pour l'intéressé,
à ne pas quitter son pays d'origine tant que la demande du
répondant n'a pas été approuvée. Par la suite, la personne parrainée
peut venir au Canada à titre de résident permanent.
En pareille situation, l'épouse parrainée demeure au Canada à la
faveur d'un permis ministériel ou d'un visa de visiteur en attendant
l'approbation de sa demande de statut de résident permanent. Cette
attente peut durer deux années, et même plus. Le mari répondant
peut mettre fin à son engagement de parrainage n'importe quand avant que sa femme obtienne définitivement ce statut. Si elle perd
son parrain, l'épouse risque l'expulsion. Il est donc évident que
l'immigrante parrainée est fortement contrainte à ne pas rompre son
union, même si celle-ci lui vaut les pires traitements. En fait, les
travailleurs communautaires et les avocats conseillent souvent aux
épouses battues d'attendre la fin du processus avant d'exercer leurs
recours contre les mauvais traitements subis. La Commission de
l'emploi et de l'immigration du Canada (CEIC) estime à quelque
3 500 le nombre des immigrantes qui sont dans une situation aussi
précaire (les italiques sont de l'auteure).
Dans son rapport, le groupe de travail de la Colombie-Britannique fait état de
cette situation dangereuse, et les employés d'une maison d'hébergement pour
immigrantes, située à Ottawa, disent que c'est là monnaie courante.
1.5.4 Connaissances linguistiques
Il est évident que les Néo-Canadiennes en provenance de pays où ne se parlent ni
l'anglais ni le français auront du mal, dans leur terre d'adoption, à obtenir les services et la
documentation dont elles ont besoin. Même celles qui maîtrisent très bien leur langue
première mettront un bon moment à apprendre suffisamment une nouvelle langue pour
obtenir avec facilité l'aide requise. L'apprentissage d'une deuxième langue étant difficile,
même dans des circonstances idéales, il devient presque impossible dans la situation de
nombreuses immigrantes.
Comme le montre le document susmentionné de Condition féminine, les
règlements canadiens et les conditions d'obtention des prestations offertes aux immigrants
désireux de suivre des cours de français ou d'anglais, langues secondes, rendent la chose
presque impossible pour beaucoup de femmes Les réfugiés parrainés qui suivent des
cours de langue gratuits ont droit à des allocations de formation et de garde d'enfants,
contrairement aux immigrants parrainés qui, comme on le sait, sont des femmes pour la
plupart.
L'importance de ces conditions crève les yeux puisqu'on sait que beaucoup
d'immigrantes doivent travailler le plus souvent dans des emplois mal rémunérés que
l'incapacité de parler le français ou l'anglais n'empêche pas vraiment d'obtenir pour
subvenir aux besoins de leurs familles au Canada. Il leur est impossible de décrocher cet
emploi spécialisé que leurs compétences mettraient peut-être à leur portée.
Les documents rédigés dans la langue première des immigrantes et les services
d'interprétation culturelle figurent parmi les principaux moyens qui leur permettraient de
se débrouiller auprès du système de justice et des services sociaux. Il est fait état de cette
nécessité dans tous les rapports sur les besoins des épouses maltraitées en matière de VIJ.
1.5.5 Information insuffisante
Presque tous ceux qui ont examiné la situation des immigrantes maltraitées par
leurs conjoints réclament plus d'information à leur intention. Voici quelques-unes de
leurs observations :
Service de la famille chinoise du grand Montréal
[TRADUCTION] «Il devrait exister des documents écrits en chinois qui puissent
nous renseigner sur les ressources mises à la disposition des femmes et nous
fournir l'information juridique requise.»MacLeod et Shin
[TRADUCTION] «Les immigrantes et les réfugiées ont surtout besoin d'être
informées de leurs droits et des lois qui ont trait aux mauvais traitements et au
statut d'immigrant.»Service public d'éducation et d'information juridiques du Nouveau-Brunswick
[TRADUCTION] «Les immigrantes victimes d'agressions ont aussi besoin de
renseignements juridiques particuliers. Elles craignent parfois l'expulsion, pour
elles-mêmes ou pour le mari qui les maltraite, si elles se séparent de lui.»Condition féminine Canada
[TRADUCTION] RECOMMANDATION : Des séances d'information et des
documents expliquant les lois canadiennes qui touchent tout particulièrement les
femmes, ainsi que les services destinés à aider les immigrantes à régler certains
problèmes ou questions d'ordre juridique, devraient leur être offerts dans plusieurs
langues, et cela, à leur arrivée au Canada. Cette documentation devrait être mise à
leur disposition dans les milieux de travail, les garderies, les classes d'anglais
langue seconde, les boutiques fréquentées par les allophones, les organismes
communautaires pour immigrants, etc.»Young Women's Christian Association
[TRADUCTION] «Même s'il est de plus en plus probable que les
agressions contre l'épouse seront considérées comme un acte criminel, cela
dépendra beaucoup... de la possibilité qu'auront les femmes autochtones
ou appartenant à des minorités raciales, les immigrantes et les réfugiées,
ainsi que les handicapées, d'être informées de leurs droits légaux.»
Dans leur rapport sur le projet de comparaison des systèmes de justice, que
parrainent Justice Canada et le procureur général de la Colombie-Britannique, les auteurs
ont réclamé à maintes reprises des documents de VIJ à l'intention des communautés
d'immigrés. Ils y décrivent en outre les besoins des Néo-Canadiens d'origine chinoise,
indienne et latinoméricaine en matière d'information sur la violence en milieu familial et sur d'autres questions juridiques.
Tous les auteurs de rapports, de même que les employés des organismes
gouvernementaux et autres qui ont été consultés à l'occasion de cette étude, reconnaissent
la nécessité de traduire la documentation dans la langue des communautés visées. C'est à
l'unanimité qu'ils ont appuyé un programme fédéral de VIJ à l'intention des immigrantes
maltraitées par leurs maris. Une travailleuse communautaire a offert de participer aux
travaux de tout groupe voué à l'élaboration de documents de ce genre; elle a en outre
invité le ministère fédéral de la Justice à déléguer des représentants à la première
représentation d'un film-vidéo sur l'agression contre l'épouse. Les employés de centres
d'hébergement d'Ottawa et de Montréal se sont dits enthousiasmés par la possibilité que
l'information juridique soit mise à la disposition des intéressés. Le gouvernement de
l'Ontario a déploré le manque d'information et applaudi à cette initiative, tout comme
l'Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes appartenant à une
minorité visible du Canada, qui est disposé à diffuser les résultats de ses récentes. Ces
résultats seront bientôt disponibles.
1.6 Au-delà de la loi
Les documents de VIJ destinés aux immigrantes doivent tenir compte de
nombreuses autres préoccupations. Les entrevues menées auprès d'employés de centres
d'hébergement et d'autres organismes de Montréal, d'Ottawa et de Toronto ont permis de
dégager certains points qui illustrent la nécessité d'adapter les documents de VIJ aux
circonstances particulières de femmes provenant de divers pays.
1.6.1 La famille
La primauté de la famille, assortie d'un vif souci pour le bien-être des enfants
qu'on estime généralement mieux protégés au sein de la famille nucléaire et étendue
est une valeur fondamentale de nombreuses cultures. Même si c'est là une question
primordiale pour toute femme, les représentants des communautés grecque et chinoise de
Montréal, de la communauté indo-canadienne de Vancouver et des communautés
philippines de l'ensemble du Canada ont affirmé que cette valeur culturelle,
particulièrement chère aux leurs, peut inciter les femmes à poursuivre une union qui leur
vaut des mauvais traitements.
Les consultations menées par le Service public d'éducation et d'information
juridiques du Nouveau-Brunswick, en vue de rédiger sa brochure pour les immigrantes
maltraitées par leurs maris, lui ont permis de constater que, en raison de cette
préoccupation, il était important de faire valoir aux intéressées qu'il pouvait être plus
néfaste pour les enfants de maintenir de telles unions. De plus, les représentants de cet
organisme ont affirmé que, en cas de risque quelconque pour les enfants, la Société d'aide
à l'enfance est tenue de les retirer aux parents pour assurer leur sécurité.
Bien des gens répugnent à recourir à des «personnes de l'extérieur» pour résoudre
ce qu'ils estiment être des «problèmes familiaux privés». Le film-vidéo No Small Matter illustre cette attitude au sein de la communauté pendjabie de Vancouver. Il montre à la
fois le rôle puissant que la famille étendue peut jouer dans le règlement des cas de
violence et les risques que cela comporte. Les producteurs de ce film font en outre valoir
les aspects légaux de l'agression et mettent en relief la croyance religieuse qui place les
deux sexes sur un pied d'égalité, de même que leur opposition à la violence au foyer.
1.6.2 La communauté
Même s'il est traumatisant pour la femme d'abandonner sa famille, elle et ses
enfants peuvent en subir d'autres contrecoups si les membres de sa communauté ethnique
considèrent son geste comme une dénonciation de leurs valeurs. Par ailleurs, si, pour des
motifs culturels ou linguistiques, elle est privée des services et de l'information dont elle a
besoin, elle peut être forcée de réintégrer cette union qui lui vaut des mauvais traitements
ou être incapable de subvenir à ses propres besoins et à ceux de ses enfants.
Le rejet par la communauté peut être encore plus néfaste si la femme est déportée
dans son pays d'origine et que l'hostilité de ses anciens concitoyens les amène à l'agresser.
1.6.3 La police
Même si la police constitue un rouage du système judiciaire, le rôle qu'elle est
appelée à jouer dans le contexte qui nous occupe est plus complexe. Selon les auteurs de
nombreux rapports, les immigrantes peuvent hésiter à recourir à la police au Canada
parce qu'elles considèrent les policiers de leur pays d'origine comme les représentants
d'un État tyrannique. Elles peuvent penser qu'ils sont sujets à se laisser corrompre, et
donc au service des riches et des puissants, et craindre ainsi leur force répressive et
brutale. Voici quelques passages en ce sens :
- Dans son document, Education Wife Assault cite une étude ontarienne
effectuée en 1985 par Ruitort et Small : [TRADUCTION] «Bon nombre
d'immigrées en sont venues à associer la police à une force brutale qu'il
faut éviter en raison de leur expérience avec les forces policières de leur
pays d'origine.»
- Dans sa fiche signalétique intitulée Wife Assault: The Criminal Justice
System, la Direction générale de la condition féminine de l'Ontario affirme
que [TRADUCTION] «bon nombre de réfugiées et d'immigrantes
craignent la police parce que, dans leur pays d'origine, celle-ci est une
force répressive».
- D'après le rapport de Condition féminine Canada, beaucoup d'immigrantes
ne croient pas que la police puisse les appuyer ou les protéger. Elles
craignent en outre que les tendances racistes des policiers ne les amènent à
brusquer leurs maris.
Le rapport sur le projet de comparaison des systèmes de justice, entrepris par Justice Canada et le procureur général de la Colombie-Britannique, présente cette
question sous un autre jour. Les représentants des minorités ethniques de cette province
hommes et femmes de tous âges, qui formaient des groupes stratifiés et mixtes ont
pris part à des discussions de groupe d'où sont ressorties des impressions diverses sur la
police canadienne. Les participants à ces échanges, tenus pour quelques-uns dans leur
langue première, étaient au Canada depuis plus ou moins longtemps. Ils venaient des
pays suivants : Birmanie, Chine, Hong Kong, Taïwan, Chili, El Salvador, Fidji,
Guatemala, Honduras, Nicaragua et Inde.
Même si les participants de souches indienne et chinoise se sont empressés
d'affirmer que bon nombre de policiers de leurs pays d'origine étaient enclins à se laisser
corrompre et à faire usage de violence physique, ils pensaient que les policiers canadiens
étaient fondamentalement justes et honnêtes. Ce sont surtout des hommes qui ont fait état
d'attitudes négatives. Certaines femmes se sont dites hésitantes à recourir à la police
parce qu'elles refusent de faire appel à quelqu'un d'étranger au cercle familial. De
manière générale, les participants estimaient que la police n'était pas suffisamment sévère
au Canada et pas assez présente dans les rues et au sein des communautés.
Ce sont les participants d'origine latinoméricaine qui ont exprimé la crainte et la
méfiance les plus profondes à l'endroit de la police, assimilant celle du Canada aux corps
policiers de leurs pays d'origine. Ils étaient en outre fortement convaincus que les
policiers sont racistes envers les personnes de même origine qu'eux ainsi, ils
considèrent tous les hommes comme des trafiquants de drogue.
Presque tous les participants des divers groupes ethniques ont dit qu'ils
répugnaient à signaler les délits «mineurs» à la police, avouant ainsi surtout leur crainte et
leur ignorance du système judiciaire. Beaucoup craignaient, en témoignant contre un
criminel, de s'exposer à des représailles; à leur avis, la police ne peut les protéger contre
les actes de vengeance.
L'ensemble des participants ont réclamé, au sujet des lois et du système judiciaire,
une information présentée dans leur langue première.
Les discussions de groupe ont laissé entrevoir l'existence d'un racisme profond.
D'après les participants, la police devrait les traiter autrement, en particulier à cause de
leurs difficultés linguistiques. Ils ont réclamé un accroissement du nombre de policiers
représentant les minorités ethniques et visibles et la sensibilisation de ceux-ci aux
différences culturelles. En ce qui a trait aux agressions dont les épouses font les frais, les
hommes se sont dits d'avis que la police et les lois privilégient les femmes et que les
policiers ne peuvent comprendre les motifs culturels qui les amènent à vouloir régler
leurs affaires en famille.
Pour beaucoup d'employés de maisons d'hébergement et d'autres services
communautaires, les femmes de couleur et nombre d'immigrantes ont peur d'appeler les
policiers, craignant qu'ils ne brutalisent leurs conjoints et que, en définitive, le système
judiciaire ne les traite beaucoup plus sévèrement. Ces questions devraient être abordées
avec discernement dans toute documentation destinée aux immigrantes victimes de voies
de fait.
1.7 Constatations tirées de l'analyse bibliographique
1.7.1 Information essentielle destinée aux femmes
D'après les renseignements obtenus d'organismes de VIJ disséminés dans tout le
Canada, des ministères provinciaux et fédéraux et de diverses autres sources, il y a très
peu de vulgarisation et d'information juridiques pour les immigrantes maltraitées par leurs
conjoints. En fait, le Service de VIJ du Nouveau-Brunswick est le seul organisme qui ait
produit sur la question un document destiné expressément aux immigrantes. On a
entrepris de revoir ce document, actuellement à l'état de projet, en tenant compte des
résultats des consultations menées auprès des minorités ethniques de la province.
De toute évidence, il faudra étoffer beaucoup l'information juridique destinée au
grand public au moyen de documents rédigés dans diverses langues et présentant en
langage simple des renseignements généraux sur l'agression contre l'épouse et sur les
questions d'immigration. Ces documents pourraient se présenter sous forme de dépliants
ou de petites brochures.
1.7.2 Renseignements de base sur le système judiciaire
Tous les immigrants ont besoin de renseignements de base sur les lois et le
système judiciaire du Canada ils pourraient leur être fournis dans une brochure
accompagnée d'un film-vidéo. Même si ce document est axé sur les besoins des
immigrantes, on ne peut négliger l'importance de renseigner aussi les hommes sur ces
questions. Les participants indo-canadiens à l'étude de Justice Canada et du procureur
général de la Colombie-Britannique ont maintes fois insisté sur le fait qu'on ne pouvait
adresser aux femmes et aux hommes deux messages différents : la documentation peut
avoir un effet contraire à celui qui est recherché si les hommes y perçoivent une menace.
De plus, il faut s'assurer que l'information, quelle qu'elle soit, soit destinée à tous. Il faut
éviter toute information destinée exclusivement aux femmes, ce qui risquerait d'éveiller
l'hostilité des hommes.
Il ne devrait pas être préjudiciable aux femmes de communiquer l'information
juridique à la fois à elles et aux hommes. Ceux-ci doivent savoir que, aux termes de la loi
canadienne, l'agression contre l'épouse n'est pas «strictement une affaire de famille» : il
faut leur apprendre que la loi peut être sévère à l'égard des auteurs d'un tel délit. Selon
certains, il pourrait être hasardeux et peut-être même dangereux de révéler aux hommes
que les femmes en attente de parrainage sont vulnérables, mais on peut supposer que
ceux-ci le savent déjà. Le premier venu au Canada a beaucoup plus de chances de
connaître les lois du pays. En tout état de cause, les femmes placées dans une telle
situation doivent savoir que, s'il leur est possible d'attendre, elles devraient consulter un
avocat avant de faire quoi que ce soit.
1.7.3 Alphabétisation
D'autres observations formulées dans le rapport de Justice Canada/Colombie- Britannique sont également utiles : [TRADUCTION] «Il ne faut pas craindre de
renseigner en toute franchise. C'est une information dont les femmes ont besoin... Le
tout doit être rédigé en langage simple, et non juridique, il ne faut pas l'oublier».
Même si nombre d'immigrantes maîtrisent bien leur langue première, certaines
sont de cultures où dominent les traditions orales. Le niveau d'alphabétisation des
hommes et des femmes originaires de pays où tel est le cas peut être faible. Dans les
documents rédigés dans leur langue première, il faut tenir compte de leur capacité sur ce
plan. Tout «jargon juridique» devrait y être évité. Beaucoup de Canadiens ne
comprennent pas grand-chose au système judiciaire. Quant aux immigrants, ils se
heurtent en outre à la difficulté supplémentaire d'avoir affaire à un système qui peut être
très différent de celui qu'ils connaissent déjà.
1.7.4 Films-vidéos
Les films-vidéos peuvent être efficaces pour communiquer l'information à ceux
qui ne savent pas beaucoup lire. No Small Matter et Bitter Love en sont deux exemples
qui dépeignent avec exactitude la réalité de l'agression contre l'épouse et les solutions qui
s'offrent aux femmes membres de minorités ethniques. On ne saurait mieux décrire les
attitudes à l'égard de cet acte criminel, son incidence sur les membres de la famille et le
sérieux de l'intervention de la police. Wife Assault, autre film-vidéo produit par Peg
Campbell, du ministère du Procureur général de la Colombie-Britannique, et par le
Justice Institute of British Columbia, montre comment cette intervention et le recours au
système judiciaire peuvent rehausser l'estime de soi des femmes, et il fait comprendre aux
maris agresseurs que leur conduite n'est pas qu'un simple «problème». Il est également
utile, comme tous les documents vidéos du genre, pour guider les intéressés à travers ce
processus à savoir, dans le cas qui nous occupe, appeler la police, comparaître devant
le tribunal, chercher refuge, etc.
Les films-vidéos comportent toutefois des limites. En effet, étant donné la masse
d'information à transmettre et le fait qu'une bonne partie de celle-ci n'a rien de
spectaculaire, on a tendance à y afficher beaucoup de «têtes coupées». Ces personnages,
pour la plupart des experts ou des chefs de file de communautés, expliquent les lois, les
causes de la montée des mauvais traitements ou les motifs qui incitent les femmes à ne
pas rompre ces unions qui leur valent de tels traitements. Certains d'entre eux imposent
l'attention et communiquent efficacement l'information, mais d'autres ont beaucoup moins
de succès. Dans les films-vidéos mentionnés ci-dessus et dans d'autres, les parties les
moins réussies sont le plus souvent celles où intervient un avocat, un bureaucrate ou un
dirigeant communautaire qui explique la loi, le système ou les principes qui les régissent.
Les employés des centres communautaires ou d'autres services, qui peuvent exposer les
dimensions humaines de la situation c'est-à-dire expliquer le cycle de l'agression en
dépeignant des situations familiales quotidiennes, par exemple sont beaucoup plus
intéressants.
Le degré d'intérêt qu'un film-vidéo peut susciter est important : la compréhension
en dépend. S'il est pris par le personnage qui paraît à l'écran, le spectateur n'en assimile
que mieux le message. La VIJ est inutile si on ne la retient pas.
Les dépliants et brochures peuvent être moins percutants que les films-vidéos et,
en fait, peuvent ne pas susciter suffisamment d'intérêt pour capter entièrement l'attention
du lecteur. Cependant, il est beaucoup plus facile de s'y reporter ultérieurement, qu'à un
film, pour vérifier un point. Si les ressources sont limitées, il faut peser avec soin le prix
et l'utilité des films-vidéos.
1.7.5 Réponse aux besoins communautaires
L'information ne peut répondre aux besoins particuliers de toutes les
communautés d'immigrés. Le ministère fédéral de la Justice et le groupe de travail sur la
VIJ concernant l'agression contre l'épouse doivent définir ce qu'ils entendent par
«immigrantes». Bon nombre de communautés ethniques sont bien enracinées au Canada.
Les employés des Greek Orthodox Family Services de Toronto et du Bouclier d'Athéna
de Montréal affirment que les femmes d'origine grecque n'ont pas besoin d'information
sur les questions d'immigration puisque celle-ci a maintenant cessé. Cependant, la
communauté grecque a besoin, dans sa langue, d'une information qui tienne compte des
opinions traditionnelles sur la famille et le rôle de la femme. Doit-on délaisser cette
communauté parce qu'elle a pris racine au Canada il y a longtemps?
D'après la Direction générale de la condition féminine de l'Ontario, on ne peut
rédiger des documents de portée générale, puis les traduire dans d'autres langues. Des
membres de la communauté africaine torontoise lui ont fait savoir qu'il serait inutile de
traduire ses brochures. Il est futile de penser à faire intervenir la police. La Direction a
donc entrepris de financer la préparation, par des groupes communautaires, de documents
répondant à leurs besoins et rédigés dans les langues premières des intéressés.
Pour le ministère ontarien des Affaires civiques, cependant, l'attribution à contrat,
aux communautés, de la préparation de documents dans leurs langues premières pose un
problème de contrôle de la qualité. Ses représentants craignent en effet que l'information
juridique ne soit mal interprétée au moment du passage dans une autre langue.
Dans son rapport sur la consultation des organismes non gouvernementaux
nationaux, effectuée en 1989 sur la question de la violence familiale, le gouvernement
fédéral fait valoir la nécessité [TRADUCTION] «d'élaborer des programmes de
sensibilisation adaptés à la réalité culturelle et linguistique de chaque communauté et au
niveau d'alphabétisation de ses membres». Il préconise en outre la tenue, dans les médias,
d'une campagne complémentaire aussi massive que celles contre le tabagisme et l'alcool
au volant. Qu'une initiative aussi vaste soit possible ou non, l'importance de réaliser les
documents au sein même des communautés ressort clairement. Les auteurs de ce rapport
recommandent également que les documents d'information efficaces, comme Nouveau
départ de la YMCA, soient traduits et mis à la disposition des membres des minorités
ethniques.
1.7.6 Information destinée aux prestataires de services
La nécessité d'informer les prestataires de services au sujet des besoins et des préoccupations des immigrantes agressées par leurs maris est implicite dans beaucoup des
documents analysés. D'après le Service public d'éducation et d'information juridiques du
Nouveau-Brunswick, [TRADUCTION] «de meilleures sources d'information seraient
précieuses pour les agents d'immigration qui doivent expliquer aux immigrantes victimes
de voies de fait les solutions judiciaires qui s'offrent à elles».
Il existe deux excellentes sources d'information pour les prestataires de services.
Information juridique communautaire de l'Ontario a produit Assaulted Women: A Manual
for Advocates, qui présente une analyse approfondie des questions touchant les femmes
victimes de voies de fait. On y trouve l'analyse la plus complète qui soit des problèmes
auxquels se heurtent les immigrantes. L'information y est complexe, car elle est destinée
aux employés des services juridiques. Elle serait très utile aux chercheurs en ce domaine.
Par ailleurs, Immigrant and Visible Minority Women Against Abuse a préparé Towards
Equal Access: A Handbook for Service Providers, ouvrage fort utile destiné à un public
plus vaste. La langue qui y est employée est plus facile à comprendre et l'on y trouve une
excellente description de la situation des immigrantes maltraitées par leurs maris. Cet
ouvrage traite cependant des questions judiciaires de façon moins approfondie.
Une information touchant les préoccupations culturelles pourrait être utile aux
agents de police, aux employés des maisons d'hébergement, aux prestataires de soins de
santé et à d'autres catégories de personnes. Même si la sensibilisation aux questions
culturelles se fait généralement au moyen d'ateliers, les prestataires de services
gagneraient probablement à disposer d'un document de portée générale décrivant les
facteurs et croyances d'ordre culturel qui peuvent influer sur la démarche des femmes qui
demandent de l'aide ou sur les raisons qui les incitent à s'abstenir de le faire, les solutions
qu'elles peuvent entrevoir et la manière de les informer sans les offusquer. Bon nombre
de professions ont élaboré pour leurs membres des protocoles et des guides qui leur
permettent de traiter avec les femmes maltraitées par leurs maris et avec ceux-ci; elles
pourraient voir d'un bon oeil tout outil supplémentaire destiné à faciliter leur travail.
1.8 Résumé
Il ne fait aucun doute que les prestataires de services, et tout particulièrement les
immigrantes maltraitées par leurs maris, ont besoin de documents de VIJ. Ceux-ci
doivent être rédigés dans la langue première des intéressées et dans un langage simple.
Le ministère fédéral de la Justice et le groupe de travail sur la VIJ touchant l'agression
contre l'épouse pourraient examiner les moyens de répondre à ce besoin, selon les
ressources disponibles et l'importance des consultations possibles auprès des
communautés ethniques et des groupes d'immigrants. Beaucoup favorisent une telle
entreprise et sont disposés à y consacrer temps et énergie. Les rapports contiennent
beaucoup de renseignements, mais il faudra poursuivre les recherches.
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