Rapport de recherche
PAROLES DE FEMMES : LA VALEUR DE LA RECHERCHE COMMUNAUTAIRE SUR LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES
Mary Nelder de Nelder Management Services
et Susan J. Snelling de Social Research Consulting.
Les opinions qui y sont exprimées sont celles de l'auteure ; elles ne reflètent pas nécessairement celles du Ministère de la justice Canada.
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SOMMAIRE
Paroles de femmes : La valeur de la recherche communautaire sur la violence faite aux femmes a examiné le processus de la recherche communautaire employé dans l'Ontario Rural Woman
Abuse Study (ORWAS) [étude ontarienne sur les mauvais traitements infligés aux femmes en
milieu rural], entreprise à l'automne 1997. ORWAS était une initiative du ministère de la Justice
du Canada menée en collaboration avec le Community Abuse Program of Rural Ontario
(CAPRO) [programme communautaire de lutte contre la violence en milieu rural de l'Ontario].
Santé Canada a fourni un soutien financier interministériel pour cette initiative.
Le projet Paroles de femmes : La valeur de la recherche communautaire sur la violence faite aux
femmes a été entamé en janvier 1999 sous le parrainage commun de Justice Canada et de Santé
Canada. Les objectifs du projet étaient les suivants : 1) examiner le processus de recherche
élaboré au moyen de l'étude ORWAS et tirer certaines conclusions au sujet de la valeur de
l'approche communautaire; 2) explorer les répercussions de la participation à une recherche sur
la violence faite aux femmes sur les survivantes, les chercheuses communautaires et les chefs du
projet; 3) étudier les avantages d'une collaboration pour le gouvernement et les collectivités.
Des entrevues téléphoniques ont été effectuées auprès de 21 survivantes, quatre chercheuses
communautaires et trois chefs de projet. Les citations provenant des entrevues sont présentées en
fonction des trois objectifs du projet.
Ristock et Pennell (1996) décrivent une façon d'exécuter une recherche communautaire qu'ils
appellent « la recherche comme moyen de prise en charge ». Cette méthode a servi de cadre
théorique aux objectifs du projet Paroles de femmes. La « recherche comme moyen de prise en
charge » fait participer à la recherche des personnes qu'on ne considère pas normalement comme
ayant des habiletés en recherche afin de donner un autre son de cloche et de présenter divers
points de vue. Le projet ORWAS peut être considéré comme une « recherche comme moyen de
prise en charge » étant donné sa conception démocratique faisant participer des chercheuses
communautaires à tous les aspects de la recherche. En réunissant des habiletés, un niveau de
confiance et un soutien, l'étude ORWAS a jeté les bases d'une action communautaire en
contribuant à la prise en charge des chercheuses communautaires. Les étapes visant à promouvoir
une action communautaire axée sur la violence faite aux femmes sont examinées par rapport à un
cadre fourni par Horvath (1999).
Processus de recherche
Comme l'a révélé l'étude ORWAS, la collaboration peut aider à mieux comprendre les enjeux
tout en offrant un moyen d'effectuer des recherches sur la violence faite aux femmes en milieu
rural d'une manière respectueuse et authentique. Un aspect important de l'approche utilisée dans
cette étude a été le fait que les paroles et les expériences des survivantes ont été au coeur de la
méthode employée, des constatations et des rapports. En étant axée sur les vues des survivantes,
l'étude ORWAS a fait en sorte que ces dernières se sentent respectées pendant toute la démarche.
Dans l'étude ORWAS, les chefs de projet ont attaché une grande importance à l'utilisation d'une
approche communautaire et étaient déterminés à « donner quelque chose en retour » aux
collectivités. En favorisant le choix de chercheuses connaissant bien leur collectivité et en
respectant leurs connaissances, ce processus a souligné l'importance du lieu dans l'analyse de la
violence faite aux femmes. Selon les chercheuses, la méthode communautaire a renforcé le
projet, accru l'importance des constatations et rendu l'expérience plus mémorable pour toutes les
participantes. Selon les chefs de projet, le recours à des membres de la collectivité en tant que
chercheuses a permis de produire des données d'une meilleure qualité et plus poussées que celles
qu'on aurait obtenues en recourant à des chercheuses de l'extérieur.
Répercussions de la participation
En ce qui concerne les répercussions de la participation à une recherche communautaire, les
avantages l'ont clairement emporté sur les désavantages, tant pour les survivantes que pour les
chercheuses. Un grand nombre de personnes ont mentionné une amélioration de leur estime de
soi et dit avoir aimé l'expérience. Elles estimaient que la méthode de recherche qualitative était
respectueuse de l'expérience et des sentiments des survivantes et que les entrevues avaient
permis à ces dernières de raconter leur histoire et d'être écoutées dans un contexte favorable.
Bien que le processus ait suscité des émotions négatives et des symptômes physiques chez les
survivantes, les chercheuses communautaires et les chefs de projet, ces répercussions négatives
ont été compensées par la certitude que cette recherche allait produire quelque chose de
constructif. Personne n'a regretté sa participation à l'étude ORWAS; en fait, toutes les survivantes
ont dit qu'elles n'hésiteraient pas à le refaire si on le leur demandait. Les chercheuses
communautaires estimaient avoir beaucoup retiré de leur participation à la recherche. Elles ont
accru leur connaissance des enjeux liés à la violence faite aux femmes, perfectionné leurs
habiletés en recherche, rencontré des survivantes courageuses et été inspirées par ces dernières.
De plus, elles ont exploré un enjeu important avec d'autres chercheuses communautaires et les
chefs de projet, utilisant ainsi leur temps de façon productive et agréable. Les chefs de projet ont
pour leur part parlé de leur engouement pour un travail si approfondi avec des membres de la
collectivité et des survivantes d'actes de violence.
Avantages du partenariat
Justice Canada s'est associé au Community Abuse Program of Rural Ontario (CAPRO) afin de
mener une recherche communautaire pour l'ORWAS. Ce partenariat est un exemple des
avantages réciproques que peut procurer une association entre le gouvernement et la collectivité.
L'accès aux connaissances et aux ressources humaines se trouvant dans les collectivités (facilité
par CAPRO) a contribué à la profondeur et à la vigueur de la recherche. Les prochaines étapes de
l'intervention communautaire dans le domaine de la violence faite aux femmes pourraient venir
du travail de base accompli par ce partenariat de recherche. L'exemple du projet ORWAS
souligne également le rôle particulier que le gouvernement peut jouer dans l'exécution d'une
recherche de si vaste envergure.
Recommandations
Nous présentons des recommandations à l'intention des chercheurs qui envisagent d'utiliser un
processus de recherche communautaire pour étudier la violence faite aux femmes en s'inspirant
de l'étude de cas provenant du projet ORWAS. Celles qui portent sur le processus de recherche
semblent indiquer la valeur et la validité des méthodes communautaires pour étudier la violence
faite aux femmes. Celles qui ont trait aux répercussions de la recherche révèlent qu'il est possible
et nécessaire d'intégrer la sensibilité à tous les aspects de la recherche dans ce domaine afin de
minimiser les répercussions négatives du processus et même de produire des résultats
constructifs. Quant aux recommandations au sujet du partenariat entre le gouvernement et la
collectivité, elles semblent indiquer des moyens de procurer des avantages nombreux aux
survivantes, aux collectivités, aux organisations communautaires et au gouvernement.
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