Lettre datée du 21 mars 2006 à la productrice exécutive de CTV National
News
À titre de président de la Commission de l'immigration et du
statut de réfugié du Canada (CISR),
je désapprouve le dernier segment de Kathy Tomlinson dans l'émission The
Whistleblower, à savoir qu'on refuse l'asile aux chrétiens coptes.
Le fait même que cette histoire soit diffusée dans le cadre d'une émission
intitulée The Whistleblower est surprenant.
Je crois que le rapport de Mme Tomlinson
manque non seulement d'objectivité, mais qu'il contient un commentaire
qui est fondamentalement en désaccord avec les valeurs essentielles des
Canadiens, car il laisse entendre que des personnes d'une appartenance
religieuse sont incapables de prendre des décisions impartiales au sujet
d'une personne d'un milieu différent.
Plus précisément, le segment de Mme Tomlinson
laisse entendre que les origines personnelles des décideurs de la CISR influent
sur les décisions relatives aux demandes d'asile, ce qui est tout à fait
faux. Chaque demande d'asile est tranchée selon son bien-fondé par un
décideur indépendant bien formé pour faire ce travail. Cela signifie
que chaque demande d'asile n'est tranchée que d'après la preuve présentée
au décideur.
Les décideurs de la CISR (commissaires)
viennent d'une grande diversité de milieux professionnels, culturels
et religieux. Ils présentent une aussi grande diversité que celle de
l'ensemble de la société canadienne.
Les commissaires de la CISR sont
sélectionnés d'après une liste établie par un comité consultatif indépendant
et un jury de sélection. Je soumets la liste des candidats retenus au
ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. Ce processus de sélection
et de renouvellement de mandat indépendant, transparent et fondé sur
le mérite garantit que seuls les candidats hautement qualifiés sont retenus
en vue d'une nomination. Les commissaires reçoivent une formation approfondie
et de qualité supérieure au début de leur mandat, ainsi que de la formation
juridique et interculturelle continue pendant tout leur mandat.
Pour rendre leurs décisions sur les demandes d'asile, les commissaires
sont guidés par les décisions de la Cour fédérale. Voici un extrait de
l'une des décisions relatives à des allégations de préjugés religieux
de la part des commissaires. La Cour a fait la déclaration suivante :
En l'espèce, le demandeur d'asile s'appuie
sur les préjugés religieux même auxquels il espère échapper. Son hypothèse
n'est pas justifiée, et elle n'est pas appuyée par les faits. Il ne
peut pas choisir la religion, si tant est qu'il en ait une, du commissaire
qui se prononce sur son cas. Il a droit à l'égalité de traitement devant
la Commission, ni plus ni moins.
Chaudhry, Mohammad Sadfar c. M.C.I. (C.F.,
IMM-4257-04)
Au Canada, nous ne tenons pas compte de la religion de la personne que
nous embauchons. À la CISR,
nous veillons à ce que tous ceux qui se présentent devant nous aient
une audition équitable devant un décideur compétent. L'idée d'une pratique
répréhensible soulevée dans le segment de Mme Tomlinson
est offensante pour moi et pour tous les décideurs de la CISR.
Je vous prie d'agréer, Madame, mes salutations distinguées.
Jean-Guy Fleury
Président
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